Quelques lycéens ont ainsi créé des groupes Facebook ou des blogs appelant à bloquer leur établissement. "Lycéens, venez bloquer lundi contre la reforme des retraites !", lance Dylan sur le groupe de son lycée. Le groupe des lycéens d'Ille-et-Vilaine, qui compte plus de 2 000 membres, a capitalisé sur le mouvement contre la réforme du lycée en 2009. Et fait circuler des dizaines de photos de la mobilisation.
Les groupes servent aussi à partager les informations de la mobilisation. "J'aimerais simplement savoir quel lycée est bloqué en France pour pouvoir en parler lors de nos blocus, pour signaler que nous ne sommes pas les seuls", explique ainsi un lycéen du Mans sur le groupe du collectif jeunes.
Sur les forums, certains s'inquiètent de ces pratiques : "Ce n'est pas bien car c'est accessible à tout le monde, dont les services de police ou le proviseur du bahut en question", s'inquiète Swann, de Strasbourg.
De fait, l'organisation totalement décentralisée contourne souvent les syndicats lycéens, assez peu implantés dans les établissements. "On utilise bien évidemment les réseaux sociaux pour communiquer, mais ils sont loin d'être nos outils principaux quand il s'agit de lancer un appel à la mobilisation, reconnaît sur France24 Julianne Charton, trésorière de l'Union nationale lycéenne. Ce sont plus souvent des initiatives individuelles ou locales appelant à des blocages qui sont diffusées sur les réseaux sociaux", poursuit-elle.
Ces initiatives individuelles sont surtout le fait d'une bande d'amis, qui mettent à jour leurs statuts Facebook en permanence selon l'état de blocage de leur lycée. "C'est parti des secondes et des premières qui mettaient sur Facebook des pseudos du type 'on bloque le lycée'", raconte un élève de terminale à Avranches, sur le site de L'Etudiant.
Le suivi en continu des blocages et des actions. Plus surprenant, un phénomène similaire est à l'œuvre chez des syndicalistes plus traditionnels. Les rendez-vous de blocages de raffineries ou de dépôts sont souvent donnés par SMS ou par les réseaux sociaux. Les sites alternatifs comme Indymedia, Rebellyon ou encore la Coordination des intermittents et précaires relaient en temps réel les lieux de blocage pour réorienter les militants.
Des réseaux qui ne sont pas ceux des syndicats traditionnels mais qui relaient toutes les initiatives, contre la réforme des retraites ou en soutien aux interpellés dans les manifestations. "C'est bien plus efficace que mon propre syndicat, je suis au courant de toutes les actions quasiment en live, et je peux faire circuler l'info ensuite dans mon lycée", explique Elodie, enseignante en Seine-Saint-Denis.
Les salariés des raffineries ont également pris le pli. L'intersyndicale CGT-CFDT de Total à Grandpuits a mis en place un site sur lequel les internautes peuvent exprimer leur solidarité ou envoyer de l'argent pour les grévistes. "S'il vous reste de l'essence, direction Savenay", lance sur Indymedia des militants qui appellent à soutenir les salariés de Donges après le déblocage du site par la police.
L'Union départementale de la CGT dans les Bouches-du-Rhône, en pointe dans le mouvement, fait sur son site le suivi en direct des actions et appelle les autres secteurs à se joindre aux blocages. "Toutes ces initiatives constituent des lieux de convergences interprofessionnelles nécessaires au développement de la lutte", précise ainsi le syndicat. Les blocages de routes, d'aéroports ou de dépôts pétroliers ont ainsi été renforcés par des salariés venus d'autres secteurs professionnels, qui ont vu l'information circuler sur le Net.
Des conseils face à la police. La répression du mouvement est également suivie de près par ce biais. La vidéo d'un journaliste de Canal+ pris à partie par la police et celle d'un lycéen blessé par un tir de Flash-Ball à Montreuil ont ainsi été vues plusieurs centaines de milliers de fois sur Dailymotion et YouTube.
Lycéens et syndicalistes se font d'ailleurs passer par courriel ou par Facebook le guide du manifestant, écrit en 2005 par le Syndicat de la magistrature, qui a pour objectif de rappeler "les droits et devoirs des citoyens et de la puissance publique" lors des manifestations.