TOUT EST DIT

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dimanche 5 mai 2013

La valse des têtes de Turc

La valse des têtes de Turc

On se demandait si Nicolas Sarkozy était fou. On se demande si François Hollande est nul. La presse et l'opinion publique jouent avec les présidents de la République comme avec des idoles qu'on adore avant de les abattre. Elles font semblant de croire un temps en leur majesté et en leur toute puissance, pour aussitôt après les rouler dans l'opprobre.
Aucun mot n'est alors assez cruel, en une des magazines ou dans les conversations, pour exprimer une déception qui n'attend plus maintenant que quelques semaines avant de déferler. Le prochain président sera sans doute détesté à la seconde même où il sera élu. Nicolas Sarkozy n'était pas fou, seulement trop agité, et François Hollande n'est pas nul, seulement trop coincé.
Le premier n'a pas jugulé la crise. Le second n'en prend pas le chemin. On peut sans doute les critiquer. Mais pour le faire avec cohérence, encore faudrait-il savoir ce qu'on attend d'eux et ce qu'on peut faire pour les aider.
Or, on demande à nos élus de résoudre la quadrature du cercle : augmenter le pouvoir d'achat sans ruiner les entreprises, baisser les impôts sans ruiner l'État, refuser les licenciements sans promouvoir la mobilité, refuser la mondialisation sans disparaître économiquement, réformer sans efforts, changer sans changements, s'adapter sans bouger. Les Français veulent une rigueur sans douleurs, des économies sans renoncements ; plus de justice, mais sans perdre leurs avantages. Ils voudraient devenir allemands sans cesser d'être grecs. La contradiction mène tout droit à l'angoisse et les Français ouvrent alors leur pharmacie pour avaler des anxiolytiques.
Et ils se mettent à détester très fort leur président. Le rendre responsable de tous les maux, c'est la meilleure façon de faire diversion, de cacher qu'on ne sait pas ce qu'on veut et qu'on lui demande tout et son contraire.
Le drame est que nos élites politiques sont complices. Nicolas Sarkozy avait compté sur sa politique de rupture pour faire repartir la machine économique et revenir la croissance ; mais sans prévoir de sacrifices et en bannissant, comme tous les autres avant lui, le mot même de rigueur.
François Hollande consent à demander des efforts, mais seulement aux plus riches, en sachant bien qu'ils seront insuffisants. Il ne décrit pas le chemin difficile du retour à la croissance. Il ne veut pas davantage que son prédécesseur évoquer la rigueur.
Comme lui, il veut éviter l'impopularité dans l'espoir d'être réélu. Mais comment éviter l'impopularité quand les Français veulent à la fois le redressement économique et l'immobilisme ? L'un et l'autre étant incompatibles, les Français auront l'un ou l'autre. Ils seront donc déçus, et le président impopulaire.
Les Français veulent une rigueur sans douleurs, des économies sans renoncements.
Ils voudraient devenir allemands sans cesser d'être grecs.


Les origines du « printemps français »

Les origines du « printemps français »




Pour le peuple et contre l’opinion


Au bout d’un an, François Hollande est déjà à terre et quotidiennement piétiné. De même, on pratiquait sous le quinquennat précédent un anti-sarkozysme d’autant plus excitant qu’il était grégaire. Ce que ces aversions révèlent, c’est l’impatience inconséquente de l’opinion. On voudrait qu’une solution à tous nos maux fût trouvée, et vite. Ce dont témoigne la violence du rejet, c’est le désarroi de cette même opinion. Ceux à qui la violence de cette hostilité profite, c’est aux extrémistes et aux démagogues.
Ceux qui nous gouvernent ont une large part de responsabilité dans la chute de leur cote de popularité. Ils promettent tant pour se faire élire qu’ils ne peuvent que décevoir. Une fois parvenus au pouvoir, ils continuent de vouloir contenter l’humeur changeante de l’opinion. Plus ils parlent de cap à tenir et plus ils sinuent. Alors qu’ils sont si différents comme hommes et comme politiques, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont pratiqué tous les deux l’art du louvoiement.
Le premier avait été élu en promettant des réformes s’appuyant sur la responsabilité individuelle et l’esprit d’entreprise, sur un allégement du poids de l’État et de sa dette. En réalité, la dépense publique et l’endettement de l’État s’aggravèrent durant son quinquennat ; jamais il ne réussit à empêcher la perte de compétitivité de nos entreprises. Pour autant, des réformes courageuses et bénéfiques furent mises en oeuvre, comme celles sur les retraites ou le renforcement du rôle du parlement.
Le second avait promis de rompre avec le monde de la finance, de faire payer les riches pour réduire les déficits publics, de relancer la croissance par la demande, de baisser le chômage. Il commença bien par alourdir le poids de l’impôt (30 milliards en un an), mais avant d’imaginer un choc de compétitivité permettant aux entreprises de réduire leurs contributions de 20 milliards. La finance n’a pas été vraiment attaquée. Le nombre de chômeurs a augmenté de 900 par jour depuis son élection.
Le François Hollande dernière version a favorisé la signature par les partenaires sociaux d’un accord sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi ; il a fait adopter la plupart des mesures du plan Gallois ; il vient de saluer ces entrepreneurs « qui prennent des risques ».
Mais ce Hollande est-il le Hollande définitif, ou corrigera-t-il de nouveau le cap en prenant des décisions qui complairaient à l’aile gauche du Parti socialiste, et l’aideraient à rassembler son camp qui aujourd’hui le lâche ? Alors qu’il est bas dans l’opinion comme jamais un président ne le fut aussi vite.
Ou bien est-il trop impopulaire pour poursuivre dans la voie de réformes de structures qui sont rarement plébiscitées ? François Hollande prendra-t-il le risque de gouverner pour le peuple et contre l’opinion ?

Les origines du « printemps français »

Les origines du « printemps français »


La discussion sur le « mariage pour tous » a fait monter la pression dans un hémicycle devenu fou. Plus profondément, les manifestations contre le projet de loi instituant le mariage entre personnes du même sexe ont mobilisé au-delà des espérances de leurs initiateurs. Et l'on découvre des néo-manifestants s'époumonant et déclinant des slogans de 68. Le pavé est plus souvent battu par la gauche, mais il ne lui appartient pas. Une certaine droite sait descendre dans la rue quand elle pense que l'essentiel est en cause.
Ce qu'elle estime en danger, c'est sa conception de la famille et de la filiation. Même si des relents homophobes existent, ce n'est pas tant l'homosexualité qui est rejetée - en quarante ans, la société est passée de son refus à son acceptation. Ce qui est récusé, c'est le droit pour des parents de même sexe de créer une famille par l'adoption, la gestation pour autrui ou la procréation médicalement assistée.
L'UMP joue son rôle d'opposante, mais elle n'est pas l'âme de ce mouvement. Le coeur de cette vague est à droite, mais d'une droite qui n'est pas née de la dernière République, une droite qui s'inspire « d'un ordre naturel des choses », d'une vision de l'homme comme sujet de Dieu, d'une nation qui n'existe que souveraine et d'une société qui refuse le poids du marché et l'autonomie de l'individu.
Ce « printemps français » - comme il se nomme lui-même - ne rejouera pas le 6 février 1934, quand des ligues factieuses voulaient envahir l'Assemblée nationale ; mais c'est bien vers le Palais Bourbon que ses plus ardents militants souvent dirigent leurs pas. C'est là que le projet de loi est discuté et c'est une raison ; mais c'est aussi le symbole de cet ordre politique voulu par les hommes et qui a la prétention de se substituer à un ordre supérieur.
Les responsables de l'église sont inconfortablement assis entre deux chaises, l'une temporelle, l'autre spirituelle. Ils font face à une contradiction, qui oppose l'indiscutable légitimité politique d'une loi votée par la représentation nationale, et un canon religieux s'inscrivant dans une tradition qui se veut universelle, fondé sur une foi et une expérience qui se veulent d'une essence divine.
Si certains dirigeants de l'UMP, opposés au « mariage pour tous », se font plus discrets que d'autres, c'est qu'ils savent qu'on n'a pas avantage, en France, à réveiller ce vieil antagonisme.
L'intérêt de l'église catholique est de rappeler ses valeurs, pas de s'instituer en contre-pouvoir politique ou de s'installer comme une minorité en voie de marginalisation dans la société.
Elle doit suffisamment croire dans le modèle familial qu'elle défend pour considérer que, malgré « le mariage pour tous », il restera archi-dominant.
Les responsables de l'église sont inconfortablement assis entre deux chaises, l'une temporelle et l'autre spirituelle.


Il y a de sacrés abrutis en Suède (comme ailleurs, bien sûr)!

L'info ne semble pas avoir déjà atteint la France, mais plusieurs journaux italiens en parlent: "Pour les vacances, n'emmenez pas vos gamins en Italie, en Espagne, en Grèce (bref, dans ces pays de pauvres, qui ruinent l'Europe), ça les fait pleurer."  Voilà quel est à peu près le message d'un spot publicitaire diffusé par un parc de loisirs de la région de Goteborg.

Il Messaggiero rapporte qu'un responsable du tourisme de la province de Rimini, Fabio Galli,   s'est fendu d'une lettre au ministre du tourisme pour déplorer l'événement et signaler cette "incivilité".
On pourra se contenter de craindre que le commanditaire de ce spot soit un nationaliste de la pire eau, doublé d'un crétin. Mais le fait que des entrepreneurs se permettent cette sorte d'humour très douteux n'est pas un signe encourageant pour l'Union Européenne, ni la santé morale du monde de 2013.  Il est vrai que les publicitaires suédois ne sont pas toujours très malins. Ainsi une pub d'Ikéa de 2011, mettant en scène des homosexuels, avait suscité des polémiques. Seulement il s'agissait alors d'une affaire suédo-suédoise. Là, on a quelque chose qui concerne (ou devrait concerner) l'Europe toute entière. 

Pourquoi François Hollande a déjà perdu la prochaine guerre franco-allemande

Car pour remporter une guerre, il faut un moral de vainqueur, la "discorde chez l'ennemi", et des alliés. Toutes choses que François Hollande n'a pas.

1 - Gross Pedalo

  
Nous l’avons déjà écrit ici : les vices de conception de l’euro sont nombreux. Il n’est donc nullement question de prendre la défense de cette monnaie mal cuite.

Contrairement à une opinion générale, les pays du Sud sont entrés dans l’euro avec des monnaies surévaluées, ce dont ils n’ont pas trop souffert au départ car l’euro lui-même ne l’était pas vis-à-vis des autres devises. Dès lors qu’à partir de 2002 la monnaie unique européenne s’est envolée face au dollar et au yuan, ce fut la double peine pour les «Sudistes», concurrencés en interne par les Allemands et en externe par tout ce que la planète compte d’entreprises travaillant sans ce handicap compétitif.


De plus, la parité de l’euro se cale sur les performances du plus puissant pays membre, l’Allemagne. Les autres courent vainement derrière le rétablissement de leurs comptes, leurs efforts étant anéantis par la surévaluation de leur monnaie. Il est intéressant de noter que, depuis que le Japon a modifié sa politique de change, les choses commencent à y aller un peu mieux et que l’Angleterre, qui refuse catégoriquement les règles idiotes de l’euro, a réussi depuis peu à endiguer la hausse du chômage qui ravage le continent.

Les partisans de l’euro prétendu fort ne tiennent pourtant aucun compte de ces réalités qui, tous les jours, contredisent leur credo. Remettre en cause leur dogme est donc une oeuvre de salubrité publique.

Hélas, et c’est bien là le drame de la France, les adversaires de l’euro le sont pour de mauvaises raisons. Les critiques mélenchoniennes ne visent qu’à défendre un système étatiste et bureaucratique moribond, une France-CGT à l’archaïsme mortifère. Les critiques lepénistes sont égarées entre une conversion récente à un discours socialisant et la chimère du protectionnisme.

Quant à Mou-Président, qui prétend traiter le cancer français avec de l’aspirine, il continue de tergiverser et d’attendre un miracle. Evidemment, son camp s’impatiente et commence même à paniquer. Ses troupes d’élus locaux clientélistes ont peur de perdre leurs jobs à partir de 2014.

Des tréfonds du parti socialiste monte donc une contestation de l’Allemagne et de sa tyrannique walkyrie, Angela, qui refuse de signer les chèques qu’attendent ceux qui veulent éviter toute réforme et vitupèrent le néo-libéralisme.

Mais la guerre politique qu’Hollande va devoir livrer à l’Allemagne d’ici à la fin de l’année, faute d’affronter son électorat de fonctionnaires et de tailler vraiment dans la bureaucratie, sera perdue d’avance. Que faut-il en effet pour remporter pareil conflit ?

D’abord, un moral de vainqueur et des troupes prêtes à se battre et éventuellement faire des sacrifices. Mais personne ne croit plus en François Hollande, personne ne veut faire le moindre effort pour défendre le système moribond et détesté qu’il préside. Dans quelques mois, il ne pourra sortir de l’Elysée que gardé par des pléthores de CRS.

Il faut ensuite une bonne organisation, de la logistique, des arrières solides. Nous n’avons qu’administration pagailleuse, verbiage et gaspillage, Etat pyramidal, autoritaire et sclérosé. 
Est aussi utile, selon la fameuse expression de De Gaulle, la «discorde chez l’ennemi». C’est ce qu’espérait Hollande, comptant sur les Sociaux-démocrates pour une réédition du coup de poignard dans le dos de 1918, vieux fantasme allemand. Mais, non seulement le SPD a peu de chance de l’emporter contre Merkel à l’automne prochain, mais il prend grand soin de se démarquer du contre-exemple français et ne ferait, quand bien même il gagnerait les élections, que suivre la même politique intransigeante.

Il faut enfin des alliés. Mais la France est isolée en Europe. Allemands et Britanniques pactisent pendant qu’Italiens et Espagnols, criblés de dette, tentent de jouer leur survie égoïste.

Quant à l’argent, nerf de toute guerre, n’en parlons pas puisqu’il n’y en a plus.

Enfin ... Super-Normal aura peut être de la chance. La guerre avec Berlin n’aura sans doute pas lieu car Berlin ne relèvera pas le gant et s’en ira, les Allemands ne voulant pas faire l’effort colossal nécessaire pour sauver un «Sud» dont ils estiment qu’il n’est plus un marché vital. La fin de l’euro rebattrait les cartes. Mais elle s’accompagnerait d’une déflagration financière en France dont il est peu probable que Hollande et ses troupes puissent maîtriser les conséquences.

Une chose est sûre, passées les quelques réformes sociétales qu’il avait encore dans son escarcelle, Hollande n’a désormais plus rien à faire qu’à encaisser les coups qui vont pleuvoir de toutes parts. Quatre ans, Mitterrand que c’est long !


2 - Sanction contre Clément Weill-Raynal : privatisons France Télévisions !


Plutôt que d’essayer d’expliquer aux syndicalistes staliniens qui font la loi chez France-Télévisions que Clément Weill-Raynal devrait être encensé pour avoir brisé l’omerta sur le «mur des cons» et permis aux Français de savoir ce qu’est réellement le Syndicat de la magistrature, il faut traiter le mal à la racine.

Cette administration journalistique pléthorique et sectaire devrait être privatisée et les Français délivrés de l’obligation de lui payer toute redevance télévisuelle. Ce serait un petit premier pas vers l’indispensable baisse des prélèvements obligatoires.

Sans la manne fiscale, France Télévisions retrouvera bien vite le goût du travail d’investigation et des révélations et produirait beaucoup plus d’images «volées» mais ô combien significatives des turpitudes des uns et des autres.




3 - Petit cours d’économie mélenchonnienne pour élèves du secondaire


Les syndicats d’enseignants sont très réservés sur la valorisation dans l’enseignement secondaire de l’esprit d’entreprise, soudain décidée par Hollande. Pour Mélenchon, ancien professeur, les choses sont simples, comme à l’accoutumée : l’école n’a pas à enseigner «la cupidité».

Pour ces indécrottables bureaucrates biberonnés toute leur vie par l’Etat, seule la dépense publique est légitime, seul l’impôt est une source morale de richesse. Comme il faut bien l’asseoir à un moment ou à un autre sur des activités productives mais que celles -ci vont faire défaut, il ne restera plus qu’à s’emparer de l’épargne des riches puis à imprimer de la monnaie quand les caisses seront vides.

 Et, quand la monnaie ne vaudra plus rien, il faudra l’imposer au peuple récalcitrant.

Vous avez bien suivi la leçon ?


4 - Dans la boîte à outils du président


Le jour où «The Phone House» menace de mettre la clé sous la porte et de laisser 900 salariés sur le carreau, notre bricoleur national s’en est allé aux Mureaux pour vanter sa boîte à outils contre le chômage.

Il est d’abord question de réserver 400 des 2 000 postes offerts chez Pôle Emploi à des jeunes des «quartiers». Leur expérience sera précieuse aux chômeurs qui viendront les consulter.

Les emplois d’avenir, pendant ce temps, commencent à recevoir une traduction concrète. D’intéressantes nouvelles nous sont parvenues de Corse à ce sujet. Le mouvement nationaliste d’opposition municipale, Inseme per Bastia, dénonce en effet : « la façon dont un dispositif louable, dans un contexte de fort chômage des jeunes, est complètement détourné de sa finalité et perverti par un système claniste et clientéliste » ; il observe : un «recrutement à l’aveugle, pénalisant pour la collectivité locale, qui embauche, et pour le jeune recruté qui se retrouve dans un emploi sans aucune utilité réelle et sans encadrement ... C’est un système en boucle, où tout est verrouillé, où on demande aux jeunes en contrepartie de la perspective d’une embauche de faire acte d’allégeance.» http://www.corsenetinfos.fr/Inseme-per-Bastia-denonce-l-utilisation-clienteliste-des-emplois-d-avenir_a2920.html

Chaque jour, la France fait des progrès en bricolage.

Peut-on se fier à ces 20 signes qui montreraient que la prochaine Grande Dépression est déjà là en Europe ?

Qu'il s'agisse des taux de chômage désastreux ou des mauvais chiffres des ventes de voitures, les signes avant-coureurs d'une Grande Dépression en Europe se multiplient et laissent présager le pire.


Nous allons bientôt fêter les deux ans du "double dip" de la zone euro puisque suite aux deux scandaleuses hausses de taux opérées par la BCE début 2011 l’ensemble des indicateurs européens a replongé à partir de l’été 2011 (et cela en dépit de la tenue relativement convenable de la macroéconomie dans le reste du monde, et de la grande complaisance des marchés financiers vis-à-vis de la zone euro). Compte tenu du fait que le choc de 2008-2009 n’avait pas encore été amorti (loin s’en faut) en 2011, et compte tenu du fait que 2014 s’annonce tout aussi sordide, on peut dire que la BCE a fabriqué une décennie (au moins) de croissance perdue, avec toutes les conséquences (à ne pas confondre avec les causes, monétaires) possibles, dont nous avons déjà un avant goût : montée du chômage, difficulté à rembourser les dettes privées et publiques, recloisonnement des marchés financiers, troubles sociaux et politiques, en attendant la défragmentation totale de l’ordre monétaire "eurolandais" qui (à politique monétaire constante) ne devrait plus trop tarder (j’espère juste que les acquis du marché unique et de la démocratie ne seront pas tous emportés dans la tourmente, mais j’en suis de moins en moins sur).
Comparativement aux conspirationnistes de zero hedge (NDLR : blog tenu par des salariés et ex-salariés de Wall Street), je ne mettrai pas en avant les mêmes  "20 signes de grande dépression" (quoique leurs points n°2 jusqu’à n°7 soient assez incontournables, en réalité regroupables sous la dénomination "rançon Bundesbank pour la stabilité des prix").
notes : les 20 signes recensés montrant une nouvelle Grande Dépression sont :
1/ Le taux de chômage en France représente désormais 10,6%. Le nombre de personnes sans emploi vient d’atteindre un nouveau un nouveau record historique, avec 3,2 millions de chômeurs.
3/ Le Taux de chômage du Portugal n’était que d’environ 12% en 2011. Aujourd’hui, il est d’environ 17%.
4/ Le taux de chômage en Espagne atteint maintenant le niveau record de 27%. Même les Etats-Unis n’ont jamais connu un tel taux de chômage au cours de la Grande Dépression des années 1930.
5/ Le taux de chômage des jeunes atteint 57,2% en Espagne.
6/ Le taux de chômage en Grèce vient d’atteindre le niveau record de 27,2%.
7/ Le taux de chômage des jeunes en Grèce atteint 59,3%.
8/ Les ventes d’automobiles en France ont chuté de 16% par rapport à l’année dernière durant le mois de mars.
9/ Les ventes d’automobiles en Allemagne ont chuté de 17% par rapport à l’année dernière durant le mois de mars.
10/ En Hollande, l’endettement à la consommation atteint désormais 250% du revenu disponible.
11/ La production industrielle en Italie s’est effondrée de 25% sur les 5 dernières années.
12/ Le nombre de sociétés espagnoles déposant le bilan a augmenté de 45% par rapport à l’année dernière.
13/ Depuis 2007, la valeur des prêts défaillants en Europe a augmenté de 150%.
14/ Les retraits des banques à Chypre pendant le mois de mars ont été le double de ce qu’ils étaient en février, et ce en dépit du fait que les banques ont été fermées pendant la moitié du mois.
15/ On compte 3 millions de propriétés vacantes en Espagne à la suite de l’effondrement du marché immobilier.
16/ Les choses vont tellement mal en Espagne que des immeubles entiers sont envahis de squatters. Ces squatters sont des personnes qui ont perdu leur emploi et qui se sont fait expulser de leur logement, parce qu’ils ne parvenaient plus à payer leurs échéances de crédit. Actuellement, on compte 30.000 personnes sans domicile fixe en Espagne.
18/ Le ratio de la dette sur le PIB atteint désormais 136% en Italie.
19/ Au Royaume Uni, 25% de tous les actifs bancaires sont placés dans des banques qui pratiquent un effet de levier de 40 pour 1.
20/ Le géant bancaire allemand Deutsche Bank est exposé à plus de 55.000 milliards d’euros en produits dérivés. A titre de comparaison, le PIB annuel total de l’Allemagne ne représente « que » 2.700 milliards d’euros.
Pour ma part, les signes qui me scandalisent sont des choses graves que nous aurions évité avec une politique monétaire moins stupidement restrictive depuis 2008, et en un mot avec une BCE moins outrageusement indépendante et opaque (c'est-à-dire irresponsable)
1La chute d’un quart du PIB de la Grèce en moins de 5 ans, et ça continue, ça ressemble à l’Argentine en pire. On ne croyait plus cela possible après l’échec de la Fed au début des années 1930. Surtout dans une économie de services, de retraités et de fonctionnaires (passe encore dans l’économie plus manufacturière, plus libérale et plus rurale, en un mot plus cyclique, du début des années 1930). Et surtout en Europe, avec toute cette solidarité et ce "vivre-ensemblisme". Comment nos élites très soucieuses de l’intérêt général ont-elles pu tolérer un tel désastre, un foyer de contagion ? Comment ont-elles osé reprocher aux Grecs tout un tas de choses alors que la maison brûlait ? Comment ont-elles fait pour diffuser l’idée invraisemblable selon laquelle une dévaluation aurait donné des résultats pires encore ?   
2De très nombreux pays européens sont désormais perfusés par le FMI, de façon à maintenir la sacro-sainte "virginité" de la BCE et pour remplacer des transferts non acceptés par les pays du Nord (il faudra un jour que quelqu’un rappelle aux pseudo-fédéralistes qui pullulent dans nos palais nationaux que le fédéralisme c’est justement ça, des transferts : pas des prêts, pas de la conditionnalité ; des dons, de la solidarité). Je vous demande si vous seriez contents de financer la reconstruction de la Louisiane après un ouragan ou le Michigan après des fermetures d’usines. Bien sur vous ne seriez pas contents, "ils sont assez riches, qu’ils se débrouillent entre eux les ricains."
Alors ça ne vous choque pas que les contribuables américains ou japonais financent le Portugal et bien d’autres pays européens ? Que l’essentiel des efforts du FMI depuis 5 ans soient dirigés pour compléter ou se substituer à une BCE autiste ? Que tout ce que l’on nous avait dit dans les années 90 sur "l’indépendance européenne envers Washington grâce à l’euro" ne soit que du vent ?
3Les guichets ont été bloqués pendant deux semaines à Chypre, et tout a été fait pour engendrer un bank run. Bravo. Désormais un billet en euros n’a plus la même valeur selon qu’il est déposé dans une banque périphérique ou dans une banque du Nord. En plein processus sur la création d’un mécanisme européen de garantie des dépôts et en pleine contraction de la base monétaire suite aux remboursements des LTRO (Long-Term Refinancing Operation, des prêts à faibles taux accordés par la BCE aux banques, il s'agit d'une des principales mesures non conventionnelles adoptées par l'institution de Francfort, ndlr), bravo. Et l’ultimatum de la BCE n’a choqué personne. On se demande d’ailleurs ce qui pourrait choquer désormais en zone euro après la mascarade de l’échange "volontaire" sur la dette en Grèce, après le bluff de Draghi du "whatever it takes" (à ce jour l’OMT est une coquille encore plus vide que le MES et le SMP, c’est dire), et j’en passe car on me demande de faire très court. 
4Les actions "eurolandaises" ont accumulé en moins de 4 ans un retard de plus de 30 points de pourcentage (en monnaie commune) sur leurs homologues américaines. Les Français s’en moquent car l’argument ne sonne pas très "justice sociale", mais il en dit long sur le risque systémique européen, sur les conditions monétaires restrictives qui frappent nos banques (et bientôt notre immobilier), sur les doutes croissants quant à nos perspectives de croissance dans le futur. Tout cela aurait pu être évité si la BCE avait fait comme la Fed, comme la BoE, comme la Riksbank, comme la BNS, et depuis peu comme la BoJ.
Mais la BCE estime manifestement que toutes ces valeurs matérialistes sont surannées et que la décroissance seule nous permettra de remplir nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre. C’est pourquoi elle agite en permanence des concepts foireux comme "aléa moral" ou comme "danger de bulle spéculative" (comme si le CAC 40 était à 6000 points ! Comme si l’immobilier espagnol n’était pas en chute libre !).
5L’objectif d’une inflation proche de 2% par an n’est plus respecté depuis des années. En zone euro l’inflation officielle est désormais à 1,2% en glissement annuel. L’inflation officieuse (dite "core" et retraitée d’un certain nombre de facteurs temporaires et de la TVA en Espagne) est plus basse encore, et je ne parle même pas des biais de mesure. Quant à l’inflation véritable (qui tiendrait compte du prix des actifs), on ne la connait pas mais elle rode autour de 0% par an en moyenne depuis mi-2008 (c'est-à-dire qu’elle est franchement négative dans un bon tiers de la zone). C’est l’agrégat monétaire M3 qui nous le dit. C’est l’élévation du chômage qui nous le dit (faire passer l’inflation réalisée en dessous des anticipations d’inflation occasionne des pertes d’emplois dans un contexte de rigidité à la baisse des salaires). C’est le niveau des taux nominaux qui nous le dit (pour trouver autant d’acheteurs que de vendeurs de Bund 10 ans à 1,2%, il faut que l’inflation soit morte).
La BCE est donc sortie de son mandat, depuis 2008 elle n’aurait pas agi autrement si elle avait visé une inflation à 0% plutôt qu’à 2%. Vous comprenez maintenant pourquoi le désendettement s’annonce pénible et long, pourquoi la courbe du chômage ne s’infléchira pas à coup de contrats de génération avant plus d’une génération, et pourquoi je prévois depuis longtemps la baisse des taux OAT 10 ans en dépit de la gestion calamiteuse de notre pays par la droite et la gauche.
Je ne vais pas arriver aujourd’hui à faire 20 points sur le sujet comme zero hedge, et pourtant 50 me viennent à l’esprit. Les preuves de dépression abondent en zone euro, et il y a un scandale de gouvernance monétaire tous les jours. C’est ce qui arrive toujours avec les politiques de grève de la faim monétaire, à toutes les époques, sur tous les continents : ladebt-deflation, les diversions médiatiques pour ne pas trop y penser, les coups d’État. Les Japonais ont mis 25 ans à comprendre et à mettre en œuvre le changement à partir d’octobre 2012 : domestication du banquier central par un changement du casting, objectif d’inflation à 2% par un doublement de la base monétaire (ce ne sera peut-être pas suffisant mais mieux vaut tard que jamais).
Ce sera plus délicat en zone euro avec 18 gouvernements qui ont des préférences différentes face à une banque centrale sanctuarisée par le Traité, défendue dans son indépendance par l’opinion allemande et par le manque de culture économique de l’opinion française, dopée de moyens de rétorsion gigantesques et animée par un esprit "Bundesbank". Ce sera très dur, très long, très incertain, sans par ailleurs que nous ayons les marges dont le Japon disposait en tout début de période, ni son homogénéité. Il n’est pas encore trop tard pour agir, mais ça sent la "fin de partie" et l’atmosphère inimitable des cimetières d’aristocraties dont parlait Vilfredo Pareto.     

Choc de simplification et hilarantes hallucinations


Le "choc de simplification" souhaité par François Hollande soumis à un électrochoc de réalisme.
"Choc de simplification" : c'était déjà il y a quelques semaines mais quel fou rire mes amis. François Hollande veut redresser la France par un choc de simplification. Un choc de simplification qu'il faut soumettre à un électrochoc de réalisme.
La France a-t-elle besoin de simplification ?
Si la réponse qui semble évidente est oui, je pense qu'il est cependant important de réfléchir au pourquoi cela semble si évident. À froid, quelques symptômes du problème qui nous occupe :
  • Le nombre de règlements/codes/arrêtés/chartes différents : on pourrait attendre d'un citoyen éclairé qu'il connaisse le droit auquel il est censé se soumettre, chose aujourd'hui impossible même pour un professionnel.
  • Le nombre de taxes, impôts, abattements, exonérations, aides, subventions qui sont plus ou moins liés au constat précédent. Ceci est symptomatique car le problème des flux financiers est un problème simple par nature. Ce système se résume pour chaque Français par : "on m'a pris/donné X% (ou X€)", cette phrase n'est même pas une approximation grossière du problème, c'est la seule réalité résultante d'un système redistributif/incitatif/fiscal (le nom importe peu).
  • Le nombre d'instances publiques différentes, il famoso mille feuilles administratif, célèbre de l'Auvergne au Cotentin. État, ministère, région, département, canton, mairie, arrondissement, j'en oublie probablement encore. Toutes ces instances ont des sources de financement à peu près claires, des pouvoirs en matière d'interdiction/réglementation qui atteignent déjà des niveaux de nuisances impressionnants.
Cependant, je pense que le summum est atteint lorsque l'on commence à parler des politiques d'aides ou de subventions. Pour résumer, chaque couche du millefeuille est pourvue d'une crème bien dense de fonctionnaires occupés à gérer une paperasse colossale. Paperasse créée par eux-mêmes dont on se demande si c'est bien elle qui a besoin d'eux ou eux qui ont besoin d'elle. Chaque couche essaye d'être meilleure que la précédente, faisant un usage savant de sucre et de parfum de subventions censés relever le tout ; mais les individus, consommateurs finaux, se retrouvent bien finauds devant un met à la fois très cher et relativement infect. Un repas qui ressemble encore énormément à la merde servie aux touristes dans les mauvais restaurants de Paris. La vision française de la décentralisation a été de créer une armée de micro-États, de démultiplier les frais fixes, sans clairement définir de fonction ; ceci ne manquant pas de produire une valeur ajoutée nulle, voire négative, pour le citoyen. Si je dis négative c'est parce que chaque instance se sent obligée de se justifier d'exister, à la bonne dose de nationalisme, idée que nous voyons partout, il faut ajouter l'abrutissement créé par ces régions, villes et départements en quête d'une identité.
François Hollande est-il la bonne personne pour initier la chose ?
Quand notre ami joufflu vient proposer de changer le monde, il faut prendre un peu de recul quant à l'analyse de la chose. C'est un jovial, socialiste, énarque, persuadé que le monde l'a attendu, lui et les siens, pour commencer à tourner. Il a écumé les postes dans cette industrie du parasitage, et aujourd'hui le voici qui débarque, fleur au fusil, lâchant deux ou trois mots obscurs.
Bien chanceux ou naïfs sont ceux qui peuvent encore croire qu'il va venir sauver le pays d'un grand mal que nous avons tous sous les yeux. Les promesses n'engagent que ceux qui les croient et dans le sens qu'ils y mettent. Je ne suis pas sûr que M. Hollande ait l'humilité de voir la même réalité que moi tout simplement parce que selon celle-ci, le fond du problème c'est un peu son fond de commerce. Par ailleurs, est-il déjà bien conscient qu'il y a un problème ?
C'est que, voyez-vous, je suis persuadé que je rentrerais sans souci dans ses pantalons, mais je vais essayer de rentrer dans ses chaussures, étape plus délicate.
Son entourage est du même milieu que lui ; les plus diversifiés sont, meilleure des hypothèses, journalistes ou cadres dirigeants dans des entreprises publiques françaises (des administrations quoi)... Les contacts de ces gens avec la réalité se résument à des sondages BVA, des statistiques de l'INSEE et à deux poignées de main sur les marchés pendant les campagnes (rencontrer des vieux) et en visite spéciale quand une usine ferme (rencontrer des pauvres).
Disons-le, il est probable que cette vision du politique cynique et éclairé ne dissimule pas des gens aussi clairvoyants que l'on pourrait l'espérer. Théorie du complot mise à part, il ne serait pas non plus impossible qu'ils croient aux inepties qu'ils racontent.
Est-ce simple à mettre en place ?
En admettant que la démarche soit réelle et supportée par la caste politique, il y a deux gains possibles pour l'économie du pays : la diminution des freins à l'économie et la diminution de la charge de l’État. Si nous avions un État simplifié, il est clair qu'à moyen terme cela permettrait à beaucoup d'acteurs de l'économie d'avancer en environnement moins incertain avec des coûts d'actions plus faibles (moins de normes, moins de paperasses, moins de démarches). Ça ok. Mais – et c'est un grand mais – quid de la diminution de la charge de l’État ?
Ce temps disponible dans les administrations publiques, on en fait quoi ? Les règles de bonne gestion diraient de ré-allouer quelques ressources aux missions de l’État en manque de ressource, mais, dans une majorité des cas, il faudrait diminuer la masse des travailleurs administratifs. Et ça, statut bizarre du fonctionnaire oblige, on ne peut pas le faire. Ceci irait complètement à l'envers de la "stratégie" menée par le gouvernement autour de l'emploi, qui vise à horizon 2031 d'avoir plus de fonctionnaires que d'habitants sur le territoire.
Ayant résolu la question "Qu'est-ce que foutent les fonctionnaires ?", émergerait donc cette question trépidante : "Qu'est-ce qu'on fout des fonctionnaires ?" Cette question, je ne suis pas sûr que l'on ait envie d'y répondre dans le monde politique français.
La simplification est-elle souhaitée ?
Vous avez déjà vu ces poissons qui suivent les requins pour consommer les parasites qui gravitent autour d'eux ? Ces poissons existent dans l'économie, ils ont différentes formes. Vous êtes des consommateurs d'un grandshow télé, quand une nouvelle réglementation bancaire visant "à pourfendre le trading haute fréquence", "écraser les abus de la finance", "faire disparaitre les paradis fiscaux" ou encore "sauver Willy" arrive sur vos écrans, il se passe plein de choses.
Premièrement, rassurez-vous, rien ne change, les acteurs ne sont pas vraiment morts. Les banques vont faire joujou dans un autre pays du monde, l'important c'est juste que Navarro ait encore brillamment vaincu le crime. Seulement, il faut le réaliser ce feuilleton, il faut que la fiction tienne un peu, alors on crée de nouvelles normes de contrôle, de la nouvelle paperasse à produire pour prouver qu'il n'y a plus de méchants. Cette paperasse incommensurable est gérée par des gens qui revêtent pour l'occasion le titre de consultants.
Et oui, gérer les problèmes créés de toute pièces par l’État c'est un secteur entier de notre économie. Ça occupe un grand nombre de juristes, de comptables, de RH, de conseillers consultants. Ces gens-là ne sont pas méchants ou malhonnêtes, ils gagnent juste leur vie sur la complexité. Supprimez la complexité, ils précéderont de très loin nos amis les fonctionnaires chez l'ami Paul Emploi.
Il existe aujourd'hui également énormément de professions qui se sont adaptées à cette complexité. Le taxi qui a payé sa licence le prix d'un logement, ne sera pas content de voir la valeur de celle-ci s'envoler. Le boulanger qui a pris un crédit sur 15 ans pour se mettre aux sacrosaintes normes ne sera pas forcément heureux de voir son concurrent s'installer en face de lui pour trois fois rien.
La complexité de l’État est un boulet pour l'économie, pour les entreprises, pour les individus et pour l’État lui-même ; mais aujourd'hui l'économie, les entreprises, les individus et l’État se sont adaptés à cette complexité et sont orientés pour vivre avec cette complexité. La supprimer serait une bonne chose à long terme, mais générerait énormément d'externalités négatives à cout terme, simple constat.
La commission Théodule chargée de la chose est-elle à même d'arriver à ses fins ?
On a dû nommer quelqu'un de très intelligent pour prendre en main le projet et lister les lois inutiles. Mais les lois inutiles au sens strict sont déjà ignorées par tous, elles n'apporteront rien. Pour celles qui sont contreproductives ou moyennement utiles, il y aura à chaque occasion de choix une armée de raisons de maintenir le statu quo et donc l'inefficience du système.
Il serait miraculeux de voir autant de politiques faire preuve de courage en allant à l'encontre de l'intérêt de tant de corporations.

Le bas de laine est troué

L’épargne française sacrifiée par le gouvernement, qui débloque.



Les Français ont du mal à joindre les deux bouts ? Qu’à cela ne tienne : le gouvernement les autorise à casser la tirelire de leurs réserves de participation. La participation a été instituée en 1962 et, depuis cette époque, les salariés des entreprises (de plus de 50 salariés) ont droit à une participation aux bénéfices pour constituer une réserve d’épargne qu’ils doivent en principe laisser au moins cinq ans entre les mains de leur employeur, en exonération d’impôts sur le revenu et de cotisations sociales. Certains événements pouvaient raccourcir ce délai de cinq ans : achat d’un logement, mariage, départ à la retraite, etc. La cagnotte dont bénéficient 4 millions et demi de salariés est aujourd’hui de 7 milliards d’euros.
Au début de ce mois, le gouvernement a autorisé le déblocage de 20.000 euros par période de 6 mois, sans incidence fiscale. Le message est clair : l’épargne n’est pas une bonne chose quand on est en difficulté ! Même message déjà adressé par Nicolas Sarkozy (alors ministre des Finances) en 2004.
Parallèlement, la rémunération du livret A va sans doute baisser cet été d’un demi-point, passant de 1,75 à 1,5 %. On sait que les sommes récoltées par les Caisses d’Épargne (totalement) et les banques (partiellement) sont reversées à la Caisse des Dépôts et Consignations, qui va financer des équipements publics mais aussi sauver des canards boiteux comme Dexia (la banque qui a prêté aux communes insolvables), France Télécom, Véolia et autres fleurons de l’économie mixte. Non seulement les épargnants sont piégés, mais leur épargne s’envole en fumée. Rappelons-le : la CDC brasse quelque 300 milliards d’euros et a perdu 468 millions l’an dernier. C’est « l’euthanasie du rentier » (Keynes).