TOUT EST DIT

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samedi 8 septembre 2012

Trierweiler-Royal: le grand déballage

La chronique de la Ve République prend de plus en plus des airs d’épisode des “Feux de l’amour”… Entre mea culpa et opportunisme mercantile.
"Les affaires privées se règlent en privé", avait argumenté François Hollande, au début de l’été. Quand, à la télé, il avait commenté de la sorte le tweet retentissant par lequel sa compagne, Valérie Trierweiler, avait soutenu le socialiste dissident qui, aux législatives à La Rochelle, affrontait son ex, Ségolène Royal. Le chef de l’Etat n’a pas du tout été entendu, cet été. Pour preuve, une demi-douzaine d’essais ont été publiés dernièrement ou vont l’être prochainement, relatifs à la vie privée du Président. Et le trio Hollande-Trierweiler-Royal n’a guère quitté la Une des newsmagazines.
"Le poison de la jalousie" ("L’Express"), "La guerre des dames" ("Le Nouvel Observateur"), "Le trio infernal" ("Marianne") : ces hebdomadaires n’y sont pas allés de main morte, localisant carrément l’Elysée "au centre d’un triangle des Bermudes politico-amoureux". Certes, l’intrusion de la vie privée dans l’agenda médiatico-politique ne date pas d’hier. Ce vieux tabou journalistique français a définitivement sauté à partir de 2007 : avec un début du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui coïncida avec son divorce. Et, l’an dernier, les "affaires Strauss-Kahn" n’ont que renforcé cette tendance. Il n’empêche, jamais avant cet été 2012 la chronique de la Ve République n’avait à ce point singé "Les Feux de l’amour" : l’ineffable série télé américaine.
"Désormais, cela nous regarde aussi", justifia, fin juillet, "L’Express". Pour qui, depuis l’ère Sarkozy, "les tourments de l’âme sont devenus l’une des clefs de l’histoire officielle". Dans le cas d’espèce de François Hollande, tout comme "on ne pouvait comprendre Nicolas Sarkozy sans mettre son début de mandat en perspective avec sa vie privée" (dixit la journaliste Catherine Nay), on ne pourrait décrypter son successeur en faisant abstraction de sa vie privée.
Car le fameux tweet "a été sa première faute politique. C’est Valérie Trierweiler qui dérape, mais c’est la responsabilité de François Hollande qui est engagée", selon la journaliste Anna Cabana, coauteure d’"Entre deux feux" (éditions du Seuil). Car ce tweet a été "un fait politique majeur : il a fait s’écrouler tout ce que François Hollande avait construit pour son image, sa façon d’être, et sa manière de se présenter à l’électeur", a renchéri, lundi soir, le directeur de "Marianne", Maurice Szafran.
Selon qui, dès lors, journalistiquement, il est parfaitement légitime d’informer le public des tenants et aboutissants de ce gazouillis et, au-delà, de la manière dont le Président gère et a géré sa vie privée. "On ne raconte que ce que le lecteur est en droit de savoir", selon Maurice Szafran. "L’inimitié entre Ségolène Royal et Valérie Trierweiler a pesé sur la vie politique, et a influé sur la présidentielle", d’après le journaliste Sylvain Courage, auteur "L’Ex" (éditions du Moment) : "C’est la réalité; il faut donc la décrire." "La presse française se rapproche des standards anglo-saxons, et c’est une bonne chose", pour son confrère Jean Quatremer. Qui, en évoquant dès 2007 les mœurs de Dominique Strauss-Kahn, fit figure de précurseur de cette évolution.
Cette "ère nouvelle pour la presse" (dixit Pierre Haski, dirigeant du site Web d’info Rue 89), outre qu’elle s’est spectaculairement réaffirmée cet été, s’accompagne, à l’occasion, d’actes de contrition.
"En refusant de montrer les liens réels entre vie privée et vie publique, nous, journalistes, avons longtemps été lâches", s’est flagellé Maurice Szafran, lundi. "Les journalistes n’ont pas fait leur boulot, et moi le premier", a acquiescé l’ex-journaliste (à présent député) Noël Mamère. Ce qu’a nuancé Catherine Nay - qui écrivit beaucoup sur François Mitterrand, mais sans jamais mentionner sa fille cachée, Mazarine Pingeot : "C’était une autre époque; on ne peut pas juger. Aucun éditeur n’aurait accepté de publier un livre qui en parlait : tout le monde avait la trouille de l’Elysée. Et la presse ordinaire ne subissait pas, comme aujourd’hui, l’influence envahissante de la presse people."
Les protagonistes de cette évolution le reconnaissent avec moins d’aisance, mais c’est, à l’évidence, un facteur qui contribue à cette évolution : d’un strict point de vue mercantile, elle est extrêmement rentable, pour les patrons de presse et les éditeurs. Tout comme l’essai "Les Strauss-Kahn" figura parmi les best-sellers de l’été, les newsmagazines qui ont fait leur couverture sur le trio Hollande-Trierweiler-Royal ont chacun battu des records de vente.

La mosquée de St-Etienne désormais propriété du Maroc

Je lis (cf. lien vers source en bas de page) que « la grande mosquée Mohammed VI de Saint-Etienne qui a été inaugurée en grande pompe le 19 juin, vient d’être cédée au ministère des Affaires islamiques du Maroc. Cela signifie que cette mosquée est la propriété de l’État marocain, comme toutes les mosquées du royaume. Cette décision a été entérinée par l’assemblée générale de l’association centre socioculturel marocain de Saint-Etienne. Le Maroc, par l’intermédiaire de son de roi, a largement participé à la construction de cet édifice religieux de 1’400 m². Il en a financé une grande partie. Il faut désormais faire vivre ce lieu qui devrait s’enrichir d’un centre culturel dans les prochains mois. Ce ne sont pas les moyens financiers limités de l’association qui peuvent assurer un fonctionnement normal de cette mosquée ».
Putain ! moi qui rêvais de m'envoyer en l'air dans les avions de l'Etat, me voilà avec Benêt premier et la SNCF !
« Ce transfert va soulager le centre socio culturel marocain, puisque le fonctionnement de la mosquée et du futur centre culturel sera assuré par le ministère marocain des Affaires islamiques. ‘Si cette solution n’avait pas été trouvée nous aurions été dans l’impossibilité de faire fonctionner cette mosquée’, souligne le conseiller du recteur de la mosquée, Aldo Oumouden. Le conseiller du recteur de la mosquée évalue le fonctionnement annuel du site entre 500’000 et 600’000 euros par an. Cette somme sera donc prise en charge par le ministère marocain. Elle permettra de payer les impôts locaux, les frais de chauffage, d’électricité, d’eau et sept salariés dont un imam. Des conférences nationales et internationales seront également organisées ».
« ‘Pour faire vivre correctement la mosquée, il faut de l’argent. C’est ce que nous apporte l’État marocain. Nous voulons arrêter l’amateurisme et travailler de façon professionnelle’, explique Aldo Oumouden. Mais ce nouveau mode de gestion ne fait pas l’unanimité auprès de certains fidèles. Le témoignage écrit que l’un d’eux a fait parvenir à notre rédaction rappelle que ‘la communauté musulmane, toutes nationalités confondues, a contribué au financement de cet édifice à hauteur de 2,4 millions d’euros’. Il s’agit là de dons versés depuis des années par de nombreux fidèles pour la construction de la mosquée. Ce témoin affirme même que ‘quelques membres de la communauté d’origine algérienne commencent à demander le remboursement des dons versés’ » (cf. ci-dessous lien vers source).

Ce que la gauche ne comprend pas chez Ayn Rand

Les critiques d'Ayn Rand, la philosophe et écrivain américaine née en Russie, passent à coté de ce qui importe dans ses idées.

Ayn Rand, l’écrivain originaire de Russie et se disant philosophe qui est décédée il y a trente ans, est de retour dans l’actualité : elle fait partie des auteurs favoris du candidat Républicain à la vice-présidence, Paul Ryan. Au cours de ces dernières années, Ayn Rand, l’individualiste passionnée, la pasionaria du capitalisme a été défendue en tant que championne de la liberté par beaucoup de conservateurs et de libéraux, et dénoncée comme prophète du lucre et du narcissisme par beaucoup à gauche. Pourtant, si ses admirateurs ont tendance à ignorer les manques de sa vision, ses détracteurs la réduisent à une caricature grotesque, et interprètent sa popularité comme une preuve de la bizarrerie de la droite.
Une méprise majeure consiste à croire que Rand vénérait les riches, et considérait la réussite financière comme le but le plus élevé de la vie. En fait, la plupart des nantis parmi ses personnages sont pathétiques, repoussants ou les deux. Des hommes d’affaires engraissés par des affaires pas très nettes ou des avantages octroyés par l’État, des gens de la haute société qui remplissent leur vie avec du luxe. On trouve aussi des personnages issus de la classe ouvrière, pauvres et sympathiques.
Dans « La Source vive », le premier best-seller et le meilleur roman de Rand, le héros, l’architecte Howard Roark, décrit « l’homme dont le seul but est de faire de l’argent » comme une des variantes de « celui qui vit par procuration », qui vit à travers autrui, ne cherchant qu’à impressionner avec sa richesse. Roark lui-même refuse des commandes lucratives plutôt que de sacrifier son intégrité artistique, se retrouvant à un moment sans le sou.
Rand encensait « l’égoïsme », mais pas vraiment dans son sens habituel. (D’une certaine manière, elle employait la tactique polémique aujourd’hui familière consistant à faire d’une insulte adressée à un groupe stigmatisé, ici, les vrais individualistes, une étiquette dont ils peuvent être fiers.) Le rival de Roark, l’arriviste et opportuniste Peter Keating, abandonne à la fois le travail et la femme qu’il aime vraiment pour faire avancer sa carrière. La plupart des gens, explique Rand, condamnerait Keating pour son « égoïsme » ; alors que son vrai problème est son manque d’amour-propre.
Pour Rand, être « égoïste » signifiait assumer d’être soi-même, ne pas sacrifier ses propres désirs ni piétiner les autres. De la même manière, l’opposition de Rand à l’altruisme n’était pas une attaque contre la compassion, mais une critique des doctrines qui subordonnent l’individu à un collectif ; que ce soit l’État, une église, une communauté ou la famille.
L’individualisme de Rand était-il trop radical ? Oui. Son hostilité envers l’idée de toute obligation morale vis-à-vis d’autrui l’a amené à avancer que, si aider un ami dans le besoin est convenable, le faire aux dépens de quelque chose auquel il vous coûte de renoncer est « immoral ». Dans ses fictions, même la charité privée est méprisée en tant que vocation ; il en est de même, en bonne partie, de la famille. Rand ne laissait que peu de place au fait que certains ne s’en tirent pas sans que ce soit de leur faute, ni que beaucoup de réussites individuelles sont rendues possibles par ceux qui nous soutiennent.
Et pourtant, de grandes idées peuvent venir de penseurs dans l’erreur. Les tirades de Rand contre l’altruisme se dirigent souvent contre un homme de paille, mais elle a raison en ce que le réflexe de traiter les buts altruistes comme nobles a aidé le mal ; par exemple, en aveuglant des Occidentaux bien intentionnés face à la monstruosité du communisme. Quand des commentateurs alarmés par l’individualisme à la Rand se gaussent du « mythe » de l’autonomie de l’individu, nous devrions nous souvenir que c’est ce « mythe » qui nous a donné la liberté et les droits de l’Homme, et qui a libéré des énergies créatrices qui ont haussé le bien-être de l’humanité à des niveaux naguère impensables. L’œuvre de Rand offre une puissante défense des fondements moraux de la liberté, et une analyse clairvoyante de la parenté des idéologies anti-liberté, qu’elles soient « progressistes » ou « traditionnalistes ».
Les idées de Rand s’appliquent au plan politique, mais aussi au plan personnel. Pas besoin d’aller aussi loin que Rand pour reconnaître que la valorisation du « sacrifice » et l’accusation d’être « égoïste » peuvent être des armes puissantes pour ceux qui les utilisent, manipulateurs ou despotes familiaux ; ou encore que la dépendance ne mène pas à des relations humaines saines. Pour l’exprimer comme Rand, pour dire « Je t’aime », il faut commencer par savoir dire « Je ». Une critique commune consiste à dire que Rand attire des adolescents qui pensent qu’ils sont auto-suffisants, différents, et voués à un grand destin. Pourtant, le monde serait sans doute plus pauvre, matériellement et spirituellement, sans personne pour porter un peu de cet « esprit de jeunesse », comme l’appelait Rand, dans le monde des adultes.
Les attaques contre Rand se sont aussi concentrées contre sa personne, depuis sa relation extraconjugale désastreuse avec un de ses protégés bien plus jeunes jusqu’à son bref engouement, quand elle avait 23 ans, pour un tueur notoire qu’elle décrivait comme « un garçon exceptionnel » perverti par une société conformiste. C’est répugnant, évidemment ; mais de nombreux autres intellectuels ont eu des vies personnelles sordides, et ont fait passer des meurtriers pour des rebelles.
Rand devrait être vue comme une non-conformiste brillante. Mais il y a des raisons pour lesquelles cette femme a attiré des hordes de disciples, en a influencé bien d’autres, et a impressionné des gens intelligents, depuis le journaliste Mike Wallace au philosophe John Hospers. Ceux qui traitent Rand comme un loup-garou gauchiste seront pris au dépourvu par ses attraits.

Cécile Duflot : amateurisme et incompétence

Cécile Duflot a annoncé une liste de terrains cédés par l’État pour logement social. Bilan : des terrains déjà vendus, qui n'appartiennent pas à l’État, ou qui sont coincés entre des voies de chemin de fer… Le logement social est mal parti !
Cécile Duflot est-elle nulle ? Cette accroche provocatrice est, vous l’avez compris, une allusion au titre du Nouvel Observateur de cette semaine (« Sont ils nuls ? »). Ce qui la motive est l’anecdote suivante, rapportée dans Paris Normandie.
Cécile Duflot a annoncé avec moult tambours et trompettes que l’État mettait à disposition gratuitement ou à vil prix des terrains aux fins de construire des logements sociaux. Et a diffusé une liste de ces terrains. Stupeur du Maire du Havre ! Sur sa commune sont mis à disposition des terrains… qu’il a déjà achetés, et pas à vil prix !

Interpellé, le ministère du logement a eu deux réactions que je trouve pour ma part hilarantes (le Maire du Havre Édouard Philippe aussi, mais après une phase de stupéfaction « chaude »). Première réaction, « c’est de la faute des services de Nicolas Sarkozy » (authentique !). Comme si c’étaient des « politiques » qui avaient préparé un tel dossier. Déjà, c’est reconnaître qu’elle chausse les sabots de son prédécesseur qui avait préparé la mesure, mais en plus elle reconnait qu’elle l’a reprise telle quelle sans même demander à qui que ce soit de la vérifier ! Tout le monde sait que ce genre de travail est assuré par des fonctionnaires qui, parce que fonctionnaires, sont inamovibles et qui doivent aujourd’hui servir le nouveau ministre comme ils servaient le précédent. Ils font ce qu’on leur demande et non ce qu’on ne leur demande pas. Deuxième réaction « hilarante », « Plusieurs mairies nous ont alertés ». Ce n’est pas un cas isolé ! D’ailleurs la liste a disparu du site du ministère…
Si on ajoute à cela que toujours sur Le Havre, un terrain « mis à la disposition du logement social » se situe coincé entre plusieurs voies de chemins de fer et qu’un autre n’est pas propriété de l’État mais de RFF, on ne peut que se dire que cette mesure sent quand même sacrément l’improvisation, l’à-peu-près et l’amateurisme. Dommage, le dossier du logement social eut mérité meilleur traitement.
Autres cas :
  • François de Mazières, maire UMP de Versailles (78), déclare au Parisien que « la caserne Pion, les terrains de Réseau Ferré de France dans le quartier Chantiers [listés parmi les biens à céder dans les Yvelines, NDLR], on les a déjà achetés ».
  • À Draveil (91), l’hôpital a également déjà été cédé, après avoir reçu le feu vert du maire, Georges Tron, dans le but d’y faire construire 120 logements sociaux, affirme l’édile. Imprécision supplémentaire, « la superficie indiquée est incorrecte », explique M. Tron au Parisien : « il y a un zéro de trop, le terrain fait environ 47 000 m2 et pas 470 000 m2 »…
  • À Pontoise (Val-d’Oise), la caserne Bossut, qui figurait elle aussi dans la liste, « a été rachetée par l’agglomération en… 2006 ».
  • À Strasbourg, c’est le terrain du quai Sturm qui a déjà « été acquis par un promoteur ».
  • À Rennes, la deuxième ligne de métro doit être construite à l’emplacement même mentionné dans le document.

Bernard Arnault dément tout exil fiscal en Belgique

La quatrième fortune mondiale a sollicité la double nationalité franco-belge, mais assure rester résident fiscal français.
Le patron français de l'empire du luxe LVMH, Bernard Arnault, a démenti samedi son exil fiscal en Belgique, mais sa démarche de naturalisation dans ce pays a fait l'effet d'une bombe en plein débat sur la taxe à 75 % des très hauts revenus promise par le président François Hollande. Quatrième fortune mondiale et première de France et d'Europe dans le classement du magazine Forbes, le milliardaire a affirmé qu'il avait "sollicité la double nationalité franco-belge" à seule fin de développer ses investissements personnels dans le pays.
"Contrairement aux informations publiées ce jour, Bernard Arnault précise qu'il est et reste résident fiscal français", ont assuré ses services dans un communiqué diffusé après la révélation par le quotidien La Libre Belgique d'une demande de naturalisation déposée à Bruxelles. "L'obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation, ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH et les créations d'emplois qui en sont la conséquence en France", souligne le texte. "Le groupe LVMH embauche, chaque année, plusieurs milliers de personnes en France, et ce, depuis plus de 20 ans", rappelle-t-il, en faisant valoir que le numéro un mondial du luxe "contribue massivement aux exportations françaises".

"Attaches véritables"

Bernard Arnault a déposé sa demande la semaine dernière, selon Georges Dallemagne, le président de la commission des naturalisations de la Chambre des représentants, une des deux chambres du Parlement belge. "Le dossier sera traité comme tous les autres. Il y en a 47 000 sur notre table", a déclaré Georges Dallemagne à La Libre Belgique, en expliquant que les postulants doivent notamment "prouver trois ans de résidence en Belgique" ou a minima "des attaches véritables avec" le royaume. Avant Bernard Arnault, d'autres Français fortunés, comme Johnny Hallyday, se sont heurtés à ces conditions.
Bien que résidant à Paris, Bernard Arnault dispose aussi d'un domicile à Bruxelles, selon La Libre Belgique. Les services du milliardaire ont rappelé pour leur part que "M. Arnault, originaire du nord de la France, a de nombreux liens avec la Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel". "Son groupe privé (Groupe Arnault) a de nombreux investissements en Belgique, et entend les développer. C'est dans cette perspective que monsieur Bernard Arnault a sollicité la double nationalité", ont-ils insisté. La révélation de cette requête risque d'enflammer le débat sur les projets fiscaux du gouvernement français, au moment où le président de la République a réaffirmé son intention de taxer à 75 % les plus hauts revenus.

L'exil de 1981

Soupçonnés de vouloir renier cette promesse-phare de la campagne présidentielle, François Hollande et le gouvernement ont martelé vendredi qu'ils tiendraient tous leurs engagements fiscaux dans le budget 2013. "J'ai pris des engagements et ils seront tenus", a assuré le chef de l'État. Premier à réagir samedi, le PCF a dénoncé une "lâche trahison" du patron de LVMH et appelé à "mettre hors d'état de nuire les dirigeants irresponsables et cupides".
Lors d'un entretien mercredi avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, Bernard Arnault avait réitéré son opposition connue à la taxe sur les hauts revenus. Ce rendez-vous avait été relativisé par les deux parties comme relevant d'un dialogue régulier. Plusieurs spécialistes interrogés par La Libre Belgique rappelaient samedi que la fiscalité est plus avantageuse en Belgique qu'en France pour les grandes fortunes, notamment en raison d'une faible taxation du capital et de l'absence d'impôt sur la fortune (ISF), mais notaient aussi que c'est la résidence qui prime et non la nationalité.
Certains ont évoqué la possibilité que Bernard Arnault souhaite devenir Belge et se débarrasser de la nationalité française pour s'installer ensuite à Monaco. Proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy et libéral revendiqué, M. Arnault possède une fortune estimée à 41 milliards de dollars par Forbes. Après la victoire de la gauche en 1981, il s'était exilé aux États-Unis pendant trois ans.

Le président normal face à la supertaxe 


 Cette affaire de tranche d'impôt à 75 % est certes symptomatique du dilemme posé à François Hollande devant les délicats choix fiscaux qu'il a à faire. Elle l'est aussi de l'impréparation de l'équipe gouvernementale. Elle l'est encore de la difficulté à mettre les promesses en musique et d'installer un rapport de confiance avec le monde de l'entreprise, alors que sa mobilisation est ardemment souhaitée. Selon des fuites, organisées ou pas, la douloureuse pour les ménages aisés serait moins salée que prévu puisque le taux de 75 % pourrait être ramené à 67 % et que seuls les très hauts revenus d'activité ne réservant aucun aléa (sic) seraient pris en compte. Seraient ainsi écartés les artistes, les écrivains, les sportifs dont on découvre avec compassion les risques insoupçonnés du métier, et la population visée se limiterait à un millier de ménages. En somme, le candidat Hollande s'inscrivait dans le symbole d'une mesure de justice à l'efficacité contestée ; le président Hollande dans le registre de la mesurette, marqueur d'une gauche aux joues à peine rosissantes ! Le ministre de l'Économie a démenti qu'elle serait édulcorée. Dont acte. Il a donc démenti son collègue du Budget qui avait évoqué une telle dispense. Une clarification s'impose pour le Président qui subit la litanie des patrons du CAC 40 pour le dissuader de créer cette « mesure Fouquet's ». Un recul enflammerait le procès en immobilisme contre lui et ferait crier à la trahison une aile gauche qui le suspecte d'écouter les privilégiés. Car s'il s'agit d'éviter l'exil d'entrepreneurs talentueux, on reviendrait aux arguments des détracteurs du dispositif, pour l'essentiel la droite…

Le président normal peut-il être à la hauteur de son destin ?

Normalité, exception… jamais la France n’avait autant disserté sur 2 notions pourtant assez quotidiennes. A l’heure de cette rentrée pénible pour l’exécutif, où les ministres se tirent dans les pattes y compris au sein d’un même ministère… A l’heure où le nouveau gouvernement a réussi la gageure de se mettre à dos, en 3 mois, les patrons comme les syndicats… A l’heure où les électeurs commencent à se dire que finalement, le changement, c’était peut être un peu survendu… A l’heure où même la presse, y compris Marianne et le Nouvel Obs, dégaine cartouche sur cartouche contre un pouvoir qui n’en attendait pas tant, en tout cas pas si vite. En fait, cette rentrée 2012 sent la fin de règne à peine 4 mois après l’investiture du nouveau président. Un comble !

Crétin 1er dédicace sur un mensuel de gauche avant gardiste usé.
Alors les éditorialistes, quelque peu amnésiques, rivalisent d’idées, de conseils, d’analyses (et j’apporte discrètement mon écot) pour sortir le nouveau pouvoir de l’ornière : plus de réformes, plus vite, plus à gauche, plus à droite, plus d’Europe, plus de frontières, plus de rigueur, plus de dette… Le citoyen observateur s’y perd un peu. J’ai personnellement la faiblesse de penser que la seule question qui se pose au président, question à laquelle lui seul a la réponse plus ou moins consciente : François Hollande peut-il être à la hauteur de son destin ?
La réponse, objectivement, est évidente: oui, bien sûr. L’homme normal qu’il est peut se hisser à la hauteur des enjeux qui se posent. Son équation personnelle, comme on dit dans les milieux politiques autorisés, fait qu’il doit désormais dépasser ce qu’il a toujours été.
1. Il doit d’abord apprendre à décider, à trancher ; bref à gouverner. Dans les brochures de ventes, on a loué son esprit de synthèse lorsqu’il dirigeait le PS. On a post-rationnalisé en disant que son talent était de ne jamais contredire, ne jamais froisser, ne jamais fermer une option. On l’a dit, cette pratique des courants et contre-courants socialistes ne fonde pas une politique en période de tempête. L’homme consensuel doit se faire violence pour tracer une route, celle non pas de ses amis ou telle coterie, mais celle de son pays. Dans cette entreprise, jusqu’à maintenant, il a failli.
2. Décider, c’est naturellement créer des mécontentements. Surtout chez son électorat, forcément. Mais après tout, ne pas être aimé des gens qui n’ont pas voté pour vous, ça ressemble à une lapalissade démocratique. Mais que faut-il comme courage pour oser aller contre les intérêts corporatistes qui ont fait de vous ce que vous êtes. Pour Hollande, être à la hauteur de son destin passe nécessairement par une part de renoncement à la tactique électorale au profit de la stratégie politique : quel sens donné au pays, quelle place je veux le voir occuper dans l’histoire des Hommes, quel destin commun je dessine, même contre le pays lui-même. Ou contre l’idée que je m’en fais. En ce sens la crise profonde, violente et totale que le pays traverse représente une opportunité. Encore faut-il la lire comme telle.
3. Accepter de s’être trompé, de ne pas avoir perçu immédiatement tous les enjeux, d’avoir sous-estimé telle dimension ou telle autre : tout lui aurait été permis. J’en parle au passé parce qu’il aurait fallu qu’il adopte ce discours de vérité, de transparence et d’humilité très rapidement après son élection. Les français lui en auraient été forcément reconnaissants. D’ailleurs, il aurait été aidé dans cette tâche, humainement compliquée dans l’euphorie de la victoire, nous n’en doutons pas. Mais la Cour des Comptes par exemple lui fournissait le diagnostique et l’Europe la direction. Ne lui restait qu’à tourner le volant et de l’annoncer aux français.
4. Fondamentalement, cette épreuve personnelle de vérité implique sans doute la part de courage la plus profonde de l’homme politique, cette part qui fait les grands hommes : sacrifier son destin personnel à court terme (et donc sa réélection potentielle) sur l’autel d’une certaine idée du destin de la France. Oui, il peut incarner le Gerhard Schröder français, l’homme courageux aux réformes impopulaires mais qui a fait il y a 10 ans de l’économie allemande la réussite d’aujourd’hui. Social démocrate, comme Hollande. Européen, comme Hollande. Courageux, comme Hollande ? Ce dernier peut-il embrasser une ambition aussi immense que celle d’adapter le modèle social le plus avancé qui soit au contexte mondialisé du 21° siècle. Quel défi intellectuel ! L’entrée dans l’Histoire, monsieur Hollande, est à ce prix.
Alors Hollande peut-il être ce président. Peut-il être celui qui réussira cette adaptation aussi nécessaire qu’inéluctable. Car il faut en être persuadé : Soit les français maitrisent encore un peu cette mutation profonde, sous la direction d’un pilote habile autant que visionnaire. Soit ils la subiront, imposée qu’elle sera par Bruxelles. On peut raisonnablement douter qu’il y a chez lui cette capacité à diriger : diriger au sens donner la direction d’abord et emmener le bateau ensuite… On peut en douter parce qu’il a raté au moins 2 excellentes occasions d’incarner ce patron.
La première opportunité : au lendemain des élections législatives, gagnées par son camp. Dans une bienveillante cohérence, les français lui ont donné une majorité législative pour gouverner, sans qu’il dépende d’alliés turbulents tels que les Verts ou le Front de Gauche. Tant mieux. Le durcissement des propositions pré-législatives n’aura pas été vain. Aussi, auréolé d’une victoire nette, il avait tout le loisir de prendre la parole et d’annoncer une vision claire et courageuse : faire en sorte que la France soit encore ce qu’elle est dans quelques années, c’est-à-dire un pays qui compte dans le concert des nations : qui compte diplomatiquement, politiquement, socialement, culturellement. Une nation sûre d’elle-même, qui n’aurait pas peur de l’avenir, qui trouverait dans les dérèglements du monde autant d’occasions de donner du sens à l’Histoire des hommes. Où sont les Voltaire, Tocqueville, Aron… Cet esprit universel a-t-il définitivement disparu sous l’énervement médiatique d’un BHL ?
La seconde opportunité était plus évidente : l’allocution du 14 juillet. Il fallait bien la remettre à l’ordre du jour, Sarkozy l’avait supprimée. Devant la nation réunie, sur fond de drapeau tricolore, dans le bruit des chenilles de nos fiers chars Leclerc descendant triomphalement les Champs Elysées, n’y avait-il pas tous les ingrédients pour une déclaration solennelle d’un chef qui aurait exprimé sa vision, son ambition pour son peuple ? Je ne suis pas le premier supporter de Hollande, loin s’en faut, mais je dois reconnaitre que cela aurait eu de l’allure, un président nouvellement élu annonçant au peuple attentif une phase de sang et de larmes mais qui laisserait la place bientôt à une force retrouvée, un esprit de nouveau conquérant, un des lendemains enfin sereins. Une France fière d’elle-même, de retour dans le tumulte du monde, avec son modèle, ses certitudes, son esprit, sa culture éternelle, avec la certitude que jamais l’histoire de l’humanité ne peut s’écrire sans elle ! Oui, reconnaissons-le volontiers, on se serait dit « Voilà un Homme d’Etat, au niveau des enjeux qui sont les nôtres ».
Malheureusement, au lieu de se hisser au niveau que l’histoire exigeait, il nous a livré une pathétique démonstration d’autorité qui sonnait faux avec un rappel à l’ordre de sa copine : « Je suis pour une pleine distinction entre vie publique et vie privée. (…) Les affaires privées se règlent en privé (…) Je l’ai dit à mes proches ».
On dit d’un candidat qu’il doit « fendre l’armure » pour espérer passer le cap de l’élection présidentielle. Ce qu’on dit moins, c’est qu’un président doit prendre la mesure de son rôle devant l’histoire. Je ne sais pas si François Hollande n’a jamais fendu quoi que ce soit, mais c’est certain qu’il n’est pas encore un Homme d’Etat.

La raison et le mystère 


le fait divers, surtout quand il relève du carnage, est l’occasion pour les émotions de prendre l’ascendant sur ce qui nous reste de raison. Un ancien président l’avait compris qui, après le malheur, se pressait d’apparaître, pariant sur l’impact rassurant d’une figure autoritaire.
Sans doute est-ce pourquoi son successeur se démarque par une grande sobriété de propos. Lui se borne à promettre que « tout sera fait pour retrouver les coupables ». Au fait, pourrait-il en aller autrement ?
Cette réaction de manière accessoire, mais surtout l’ensemble des circonstances du crime de Chevaline concourent à en brouiller la perception, comme si la tragédie ne se suffisait pas à elle-même.
Le déroulement du massacre, les conditions de sa découverte, le contexte social et familial des victimes, le miracle des survivantes, le sort d’un cycliste, jusqu’à la variété des nationalités en jeu : tout s’enchevêtre de façon à ce que les hypothèses les plus folles, les phantasmes les plus divers puissent prospérer.
Passé le moment de sidération, on se demande si un auteur de polar même patenté, face à un tel entrecroisement de mobiles envisageables, n’en viendrait pas à se défier de sa propre imagination. C’est dire, sauf coup de théâtre, la complexité de la mission imputée aux enquêteurs. Et le travail méthodique, de raison donc, à mener.
Le drame le plus vif, le plus brutal, le plus absolu et immédiat tient dans ces morts administrées de manière si sauvage. Mais une douleur plus diffuse, aussi dérangeante, à plus long terme, et collective, serait que n’en ressortent jamais les causes.

La liberté d'expression menacée 

  Elle a bien du chemin à parcourir la liberté d'expression, si elle veut atteindre le monde entier, et aussi bien des obstacles à franchir. En effet, ses porteurs de flambeaux, les journalistes, sont la cible de ceux, et ils sont nombreux, qui veulent l'ombre, l'obscurité, le secret pour porter leurs mauvais coups.

Les choses ne s'arrangent pas. Ainsi 500 journalistes ont été assassinés en dix ans. Cette année, depuis janvier jusqu'à septembre, 78 journalistes ont été tués ; deux fois plus que lors de la même période, en 2011. L'attaque commence généralement par des conseils appuyés de ne pas traiter telle ou telle question. Puis les menaces suivent et s'aggravent : menaces de mort pour le journaliste, puis pour ses amis, puis pour sa famille.
Comment se protéger, alors que les États concernés, la police, la justice ferment la plupart du temps les yeux ? L'Onu, inquiète de ces pratiques et de leurs conséquences pour la démocratie dans le monde, va élaborer un plan de protection. Une conférence internationale sur le sujet aura lieu le 22 novembre à Vienne. Suivra, le 23, une journée mondiale contre l'impunité de ces crimes, qui se répand un peu partout.

L'Onu à la rescousse
 
C'est, bien sûr, en vue de maintenir et de développer la liberté d'expression qu'est décernée, chaque année, la Plume d'Or de la liberté de la presse, par l'Association mondiale des journaux (Wan). Celle-ci regroupe 18 000 publications, 15 000 sites web dans vingt pays. Son congrès vient de rassembler 1 000 participants à Kiev où, du reste, des journalistes ukrainiens persécutés, menacés, empêchés d'exercer leur métier, sont venus protester contre la politique de l'actuel gouvernement ukrainien qui, cependant, imperturbable, autoritaire, persiste dans la prise en main des médias...
Cette année, la Plume d'Or a été décernée à Anabel Hernandez, journaliste mexicaine d'investigation. Elle est indomptable. Elle est prête à affronter tous les dangers, y compris la mort. Les risques sont terribles au Mexique : trente-neuf journalistes y ont été assassinés ; trois ont disparu depuis que le gouvernement, en 2006, a déclaré la guerre aux narcotrafiquants (1). Mais l'impunité des assassins demeure.
Ces attaques viennent s'ajouter aux difficultés que rencontre la presse dans tous les pays, car elle s'appauvrit du fait de l'éparpillement des ressources publicitaires entre les nombreux supports qui naissent chaque année. Du coup, certains médias et même certains journalistes en certains pays n'hésitent pas à se vendre aux firmes publicitaires ou gouvernementales qui les utilisent, non plus pour informer objectivement, mais pour manipuler les opinions en faveur de leurs entreprises gouvernementales ou commerciales sous couvert de véritable information.
Face à ces dérives, à ces menaces, il n'y a qu'une attitude acceptable. S'en tenir absolument à la mission originelle de la presse : informer dans l'indépendance.

Dites « 33 » 


Vous vous souvenez ? Dans le temps, il fallait dire « 33 » au toubib qui n’avait pas encore son stéthoscope. Trente-trois, des « t » et des « r » pour vérifier que l’on ne manquait pas d’air, même si nos bronches n’allaient pas fort.
Dimanche soir sur TF1 le docteur Chazal risque de faire répéter plusieurs fois « 33 » à notre Président. « 33 », comme 33 milliards d’euros… L’enveloppe que François Hollande doit trouver urgemment dans nos poches mais aussi dans la réduction des dépenses, pour tenir sa promesse – rappelée hier devant la cour des comptes – de ramener le déficit public à 3 % du PIB à la fin 2013.
33 milliards ! Pas une mince affaire… Surtout que pour l’instant les réductions de dépenses sont plutôt des augmentations, promesses électorales oblige.
Restent nos poches. Mais le Président a juré hier qu’il n’y aurait pas une hausse des impôts « générale et indifférenciée ». Alors où va-t-il les trouver ses 33 milliards ? Dites « 33 », François, que nous voyions si vous ne manquez pas d’air.

La rentrée ratée du gouvernement

Cotes de confiance en baisse, interrogations au sein même du gouvernement, erreurs stratégiques... François Hollande et Jean-Marc Ayrault sèment le doute.

«Il faut arrêter avec la normalité!» Ce jugement ne vient pas d'un dirigeant de l'UMP en mal de critiques contre François Hollande. Ni même d'un Jean-Luc Mélenchon impatient de prendre sa revanche sur son ancien camarade socialiste. C'est un ministre qui le prononce à la fin de la semaine dernière, afin d'illustrer la nécessité pour le président de la République de changer rapidement de stratégie.
Bon, alors ? T'attends quoi pour remuer ton gros cul ??
Officiellement, les ministres assurent évidemment que le chef de l'État et son premier ministre ont pris la mesure de la gravité de la crise et gèrent parfaitement la délicate séquence de la rentrée. Le discours de François Hollande à Châlons-en-Champagne vendredi dernier n'est-il pas la preuve que l'exécutif a entendu le message des Français et qu'il a su réagir rapidement? «Les hésitations ont été levées à Châlons», veut croire un membre du gouvernement. Peut-être. Mais il ne faut pas les pousser loin dans leurs retranchements pour que certains ministres reconnaissent que la gestion des premiers mois du quinquennat n'a pas été à la hauteur.
«On ne vend pas très bien nos mesures», admet une ministre. «Sur le prix des carburants, nous avons sous-estimé l'impact d'un sujet important pour les gens. Résultat, nous avons perdu la bataille de la communication sur la mise en route de l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, parce qu'on a réagi trop tard sur la hausse du prix de l'essence.» «On s'est planté sur le calendrier et l'annonce de la baisse du prix des carburants», confirme un autre ministre, agacé de constater que, alors que la promesse de campagne se contentait d'un blocage des prix, la mesure du gouvernement impose une baisse! «François Hollande a sous-estimé l'attente à son égard et la demande d'action des Français», estime un troisième. «Après la séquence internationale du début du quinquennat, il a dit qu'il allait maintenant s'occuper des affaires intérieures. Sauf qu'il ne l'a pas fait.»
Pire, aux yeux de certains au PS, il aurait dû profiter des premières semaines pour faire voter une des mesures emblématiques de sa campagne, comme le non-cumul des mandats ou le mariage homosexuel. À défaut de mesures économiques et sociales, la communication du gouvernement aurait trouvé quoi répondre à ceux qui ont brandi des pancartes, vendredi dernier, au passage de François Hollande: «Le changement, c'est pour quand?»«On a écrit une histoire fabuleuse en mai, et là...» constate, dépitée, une ministre qui ne comprend pas comment le capital de sympathie du printemps a pu fondre aussi rapidement à la rentrée. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le président et son gouvernement bénéficient, à défaut d'un état de grâce, au moins d'un répit. Affaiblie par sa double défaite présidentielle et législative, concentrée sur la guerre des chefs qui commence pour la succession de Nicolas Sarkozy à sa présidence, l'UMP n'est pas encore audible. En dehors du Front de gauche, les alliés radicaux et Verts sont au gouvernement et avalent les couleuvres, en râlant, certes, mais en veillant tout de même à conserver leur portefeuille ministériel. Quant aux ténors du PS, ils sont tenus à la solidarité gouvernementale, au moins jusqu'au congrès de Toulouse.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne peuvent donc s'en prendre qu'à eux-mêmes si les Français affichent leur mécontentement de façon aussi brutale. Car le président a commis, dès le début de son quinquennat, trois erreurs qui lui coûtent cher aujourd'hui. La première a été de croire que les Français avaient rejeté Nicolas Sarkozy à la fois en raison de son comportement mais aussi de son action. Si l'anti-sarkozysme a pu fonctionner dans la campagne, c'est parce que le comportement de l'ancien président ne plaisait plus aux Français. Mais ces derniers appréciaient toujours son volontarisme et son action. «Il n'y a qu'un patron sous la Ve République, c'est le président, constate un membre du gouvernement. Le quinquennat, l'époque, les médias, obligent le chef de l'État à agir.» On l'a vu au mois d'août. Le président et le chef du gouvernement ont tous les deux pris quinze jours de vacances. Mais c'est à François Hollande que le reproche a été fait de ne plus être dans l'action. Même quand les deux sont rentrés de vacances et que Jean-Marc Ayrault a multiplié les interventions après le 15 août, cela n'a pas suffi. «La parole du premier ministre ne remplacera jamais celle du président de la République», reconnaît un membre du gouvernement. L'hôte de l'Élysée doit désormais assumer d'être en première ligne.
La deuxième erreur a été de mettre en scène ses «vacances normales». Les Français ne sont plus dupes de ces coups de com'. S'ils se félicitent que le président prenne le train plutôt qu'un avion pour se rendre sur son lieu de vacances, ils savent que ces images n'ont pas été volées et que les photographes et les caméramen ont été convoqués. Ils ne sont pas dupes. La série Hollande en train, puis Hollande à la plage et enfin Hollande faisant ses courses au Lavandou a fini par lasser des Français qui avaient été habitués, pendant cinq ans, à ce que le président, même en vacances, publie des communiqués ou n'hésite pas à les interrompre pour se déplacer ou convoquer des ministres pour une séance de travail. Une stratégie de communication, bien sûr, mais qui montre des politiques au travail.
François Hollande a commis une troisième erreur, stratégique celle-là, quand il n'a pas voulu, avant les vacances, dire la vérité aux Français sur l'ampleur de la crise. «Les premières semaines, on a hésité», reconnaît un ministre. Faut-il dire la vérité aux Français ou gagner du temps? Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault reflète cette hésitation, qui ne tranche pas la question parce qu'à l'Élysée, François Hollande n'a pas choisi. Il consulte, tergiverse, veut gagner du temps pour pouvoir faire voter ses promesses. Il lui a fallu du temps pour trancher et reconnaître, dans son discours de Châlons-en-Champagne, la «gravité exceptionnelle» de la crise.

La chute inattendue dans les sondages

Cette reconnaissance n'arrive-t-elle pas trop tard aux yeux des Français? Ceux-ci ont tiré la sonnette d'alarme au début du mois, en orientant clairement à la baisse la cote de confiance du chef de l'État (- 11 points à 44 % dans le baromètre Ipsos, - 5 points à 50 % dans celui de TNS-Sofres) et celle de son premier ministre (- 9 points à 46 % pour Ipsos et - 3 à 51 % pour TNS-Sofres). Une chute que l'exécutif n'a pas vu venir. Et pour cause: obnubilé par le désir de faire l'inverse de son prédécesseur, François Hollande a décidé de ne plus recourir aux sondages d'opinion dont Nicolas Sarkozy, il est vrai, abusait quelque peu. Résultat, l'Élysée s'est retrouvé aveugle et a été pris de court quand les enquête d'opinion ont été publiées, faute d'avoir pu prendre le pouls de la société française.
Le plus curieux reste qu'un politique aussi avisé que l'ancien premier secrétaire du PS se soit laissé prendre au piège de la rentrée. De 1997 à 2002, quand il était Rue de Solferino, il avait pu voir les difficultés dans lesquelles se débattait Lionel Jospin à Matignon pour imposer son tempo au lendemain de l'université d'été de La Rochelle. Chaque rentrée le voyait se débattre avec les mêmes problèmes: le gouvernement était revenu de vacances et essayait d'imposer ses thèmes, mais en l'absence du Parlement, puisqu'aucune session extraordinaire n'avait été convoquée, impossible d'y arriver. Résultat, les Français s'impatientaient et les médias imposaient leurs thématiques. Alors qu'il avait assuré avoir tiré les leçons de ces rentrées successives ratées, François Hollande s'est laissé surprendre. Ses proches peuvent bien assurer qu'il «avait senti que quelque chose n'allait pas pendant ses vacances», il a attendu la publication des courbes de confiance pour changer de comportement.

La crise et l'impatience des Français

La preuve? Avant de partir en vacances, le président et son premier ministre décident de ne pas convoquer le Parlement en session extraordinaire avant la fin du mois de septembre. Il faut attendre la dernière semaine du mois d'août pour que Hollande demande à Ayrault de convoquer le Parlement en session extraordinaire plus tôt qu'il ne l'avait prévu, le 10 septembre au lieu du 24! Là encore, la volonté de faire l'inverse de ce qu'avait entrepris Nicolas Sarkozy a été plus forte. De 2007 à 2011, l'ancien président de la République avait convoqué une session extraordinaire en septembre, en plus de celle de juillet, pour faire passer d'importantes réformes (RSA en 2008, retraite en 2010) ou plusieurs dizaines de texte en attente.
Pour mettre fin à cette boulimie législative, l'exécutif a donc décidé de se contenter de la session extraordinaire de juillet et de laisser le mois de septembre en jachère. La crise et l'impatience des Français l'ont obligé à réviser ses plans. Autre exemple: face aux critiques, les éléments de langage des ministres étaient simples, tout le monde entonnait le même refrain: le président a été élu pour cinq ans, ce n'est pas en cent jours qu'il doit être jugé. Depuis vendredi, le ton a changé et les arguments aussi. Place désormais à l'urgence en raison de la gravité de la crise. Pour éviter de se retrouver dès sa première rentrée dans une situation politique délicate, François Hollande aurait dû relire cet été les comptes rendus des Conseils des ministres du dernier quinquennat. En janvier 2009, au cours de l'un d'eux, Nicolas Sarkozy avait dit à ses ministres: «On nous promet des difficultés. Il y en aura. Mais, attention, elles n'arrivent jamais d'où l'on croit...» -

Marseille : les tueurs à la kalachnikov n’ont rien à craindre du comité interministériel ! 


Comme un triste symbole à l’image de ce qu’est devenue Marseille, gangrenée par les trafics et le règne des voyous, mercredi, le plafond du bureau du préfet délégué à la sécurité, Alain Gardère, s’est effondré quasiment sur sa tête. Et tous les policiers ont dû évacuer les lieux dare-dare. Un arrêté de « péril imminent » devait être signé.
Il est clair que ce n’est pas une réunion de quelques heures qui va changer quelque chose à une situation marseillaise qui date de dizaines d’années, avec un grand banditisme de banlieue enraciné qui bénéficie d’une tolérance largement enracinée elle aussi.
Le premier point qui frappe dans ces propositions c’est qu’il n’y a aucune réponse forte contre la criminalité. A part la création d’une préfecture de police et le déploiement de 205 policiers supplémentaires (ce qui ne serait pas dérisoire si on leur donnait les moyens et les ordres pour intervenir face à des tueurs armés d’armes de guerre), il n’y a pas de mesures liées à la criminalité. Pas même celle d’appliquer dans « les quartiers » la loi existant déjà ! Le meilleur moyen d’arrêter un criminel c’est quand même une paire de menottes, des policiers qui ont l’ordre de le « loger » et de le « serrer » et des magistrats qui ne le remettent pas dehors l’après-midi même. A aucun moment on ne sent la volonté de ce coup de balai sur les zones tenues en coupe réglées par les gangs.
Aux 19 morts de l’année 2012, aux braquages en plein centre commercial, aux règlements de compte sanglants, aux quartiers entiers régis par la loi des trafiquants de drogue, Jean-Marc Ayrault répond « réforme administrative pour développer l’agglomération » et, tenez-vous bien : « accueil plus précoce à l’école »…
Voilà comment le chef du gouvernement envisage de « sortir Marseille de ses difficultés ». « Une question d’intérêt national », prend-il la peine de préciser.
Déterminé à apporter une « réponse globale » et « pas uniquement sécuritaire » à la situation marseillaise, une réponse socialiste, Ayrault a promis une « nouvelle organisation administrative » et un coup d’accélérateur donné à la pré-scolarisation des moins de trois ans dans les zones prioritaires.
Les programmes de rénovation urbaine vont pour leur part passer au rythme supérieur. Quant au projet d’autoroute L2, qui doit permettre le contournement de la ville mais a pris du retard, il doit être achevé en 2016, a annoncé le Premier ministre. Ça va tout changer !
En admettant que la scolarisation dès 2 ans des bébés des quartiers nord ait le moindre impact sur le destin des dealers (on sait que c’est tout le contraire et qu’en matière d’équilibre et de développement harmonieux, un enfant en bas âge a surtout besoin de sa mère) le moins que l’on puisse dire c’est que c’est un plan qui s’inscrit sur le long terme et dont on n’est pas près de recueillir les fruits qui s’annoncent de toute façon pourris.
« Politique familiale », nous dit-on, mais on sait que les petits guetteurs ont parfois 9, 10 ans et sont donc théoriquement scolarisés depuis longtemps ; les mères quant à elles auront les coudées franches pour jouer d’autres « nourrices » (personne rémunérée dans le trafic de drogue pour garder chez elle la came, les armes ou l’argent pour le compte des trafiquants)…
Marine Le Pen a estimé jeudi matin à propos du comité interministériel sur la criminalité à Marseille que « la France a perdu la guerre contre la drogue » : « La France a perdu la guerre contre la drogue pour une raison simple, c’est qu’elle ne l’a jamais menée, ni sous les gouvernements socialistes, ni sous les gouvernements de droite. »
« Il y a des quartiers entiers qui sont en quelque sorte en autogestion criminelle, c’est-à-dire qui sont sortis du cadre de la loi, sortis du cadre républicain et que les pouvoirs publics ont abandonnés aux mains d’organisations mafieuses », a déclaré la présidente du Front national. « Depuis des années, on dit aux policiers “surtout faites-en le minimum, parce que votre simple présence dans certains quartiers (…) est déjà une provocation et si vous voyez des délits commis en mobylette et en moto, surtout vous n’intervenez pas, parce que si jamais le type tombe ça va créer une émeute” ».
Pour Marine Le Pen, « il y a 5 000 leaders de délinquance ». « Ces 5 000 là, il faut les mettre hors d’état de nuire » pour « que la criminalité et la délinquance baissent de manière tout à fait spectaculaire. « Et ça, ça peut se faire en six mois ». « Les motifs on les a, encore faut-il avoir la volonté », a-t-elle jugé, avant d’évoquer des quartiers où « des gamins de 14 ans gagnent 10 000 euros par mois avec le trafic de drogue ».
« C’est une économie souterraine qui peut rapporter à certains gamins de 16-17 ans jusqu’à 100 000 euros par mois », a précisé de son côté le vice-président du Front national, Florian Philippot.
Seul le Front national a le courage de dire la scandaleuse vérité : à Marseille, le trafic de drogue se fait au vu et au su de la police qui n’a pas le droit d’intervenir, ou le moins possible, et certainement pas en proportion de la véritable guerre déclarée par les trafiquants. C’est une économie parallèle dans des zones sinistrées, par laquelle les pouvoirs publics achètent la « paix ».
Rappellons que les premiers signes forts du gouvernement socialiste envoyés à la criminalité organisée ont été l’annonce de la suppression des peines plancher, la suppression des tribunaux correctionnels pour les adolescents de 16-18 ans, la promesse de vider les prisons et puis tout récemment la création de salles de shoot qui va conduire à la légalisation de la consommation de drogue.
A quoi on peut ajouter aussi que tant que le socialiste Guérini sera président du conseil général, il sera difficile pour les socialistes, dont beaucoup l’ont « couvert », d’aller faire la leçon dans les quartiers, alors que les frères Guérini fricotent allégrement avec le grand banditisme.

Après les annonces de Mario Draghi, on voit la fin de la crise?

Une semaine déterminante, une de plus pour la zone euro... Les décisions mensuelles de la Banque centrale européenne étaient particulièrement attendues et, déjà, il se murmure que le 6 septembre 2012 et les annonces de Mario Draghi concernant le rachat de dette des Etats membres par l'institution monétaire pourraient rester dans l'histoire de la crise de la dette.
Pourtant, s'il y a bien de nouvelles raisons d'espérer, elle est longue encore la route qui conduit la zone euro à la sortie de crise. Franck Guillory, au risque d'être taxé de Cassandre, passe en revue les prochaines étapes... 
Mario Draghi aura mis le temps – suscitant au passage d’immenses doutes sur ses intentions et motivations – mais il a fini par tenir parole… la Banque centrale européenne rachètera bien, de manière illimitée, de la dette des États membres de la zone euro en difficulté sur le marché obligataire. Un « Ouf ! » de soulagement a été poussé à travers l’Europe et il a été entendu, bien au-delà, aux quatre coins du monde…

Sur le principe, la décision de la Banque centrale européenne et de son président va indéniablement dans le bon sens, et c’est pour cela qu’elle est majoritairement saluée – à part peut-être en Allemagne

Pas une solution miraculeuse

Pourtant, si le rachat de dette des pays en difficulté – et on pense en premier lieu à l’Espagne et à l’Italie, mais aussi, bien sûr, à la Grèce – permettra sans doute de réduire la pression que ces pays subissent de la part, notamment, des marchés financiers, et de faire baisser leurs coûts de financement, il ne s’agit, en aucun cas, de la solution miraculeuse. Si le 6 septembre pourrait rester une date importante dans l’histoire de cette crise, il reste de nombreuses embûches sur la voie du rétablissement économique et financier de l’Europe.

Le 12 septembre, l’autre échéance cruciale

Conformément à ce qu’a annoncé Mario Draghi, l’intervention de la BCE sur le marché secondaire de la dette, à travers son nouveau programme de rachat d’obligations – baptisé Outright monetary transactions –, se fera conjointement à celle des États membres sur le marché primaire à travers le MES – Mécanisme européen de stabilité -, nouveau fonds de secours européen appelé à remplacer le FESF –Fonds européen de stabilité financière.
Or, le MES n’existe pas encore. Et, avant de pouvoir être mis en place, il lui faut être adopté par tous les États membres. Dans ce cadre, mercredi 12 septembre est une échéance cruciale puisque la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe doit se prononcer sur sa conformité à la constitution allemande. Que les sages d’outre-Rhin retoquent le mécanisme et tout s’effondre. En effet, on imagine mal le MES fonctionner sans son plus important contributeur – à hauteur de 27,1%.
Selon un sondage YouGov pour l’agence DPA, 54% des Allemands souhaiteraient que la Cour dise « Nein » au MES. Pourtant, les sages ont sans doute conscience de ce qui est en jeu et des conséquences de leur décision. Et puis, l’an dernier, le 7 septembre 2011, n’ont-ils pas validé le FESF, dont le principe était assez proche. À suivre…

Pour être aidé, encore faut-il le demander

Les interventions de la BCE et du MES ne sont pas automatiques, ce ne sont pas les experts de Francfort ou Bruxelles qui, seuls, décident de la nécessité ou pas d’intervenir. Pour être aidé, un État membre doit le demander, et cela pourrait être plus difficile qu’il n’y parait, comme le montre le cas de l’Espagne.
Attaquée de toute part, l’Espagne apparait comme le bénéficiaire n°1 de ce dispositif, taillé a priori sur mesure pour éviter un effondrement et une faillite aux conséquences autrement plus tragiques que ne le serait celle de la plus petite Grèce. Mais Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, hésite à solliciter une aide. D’abord, il s’interroge sur les contreparties qui pourront être exigées en échange de cette intervention de la BCE.
Ensuite, il craint la réaction de son opinion publique, déjà fortement mobilisée contre les mesures successives d’austérité imposées par son gouvernement depuis décembre dernier. Si cette intervention était synonyme d’une mise sous tutelle, elle serait inacceptable pour Madrid, plus que pour n’importe quelle autre capitale. Et puis il y a la fierté nationale…
C’est là qu’est intéressante la suggestion – encore officieuse – de Mario Monti. Le président du Conseil italien envisagerait une sollicitation groupée de Rome et Madrid, quelque part beaucoup moins « déshonorante ». S’il y parvenait, Mario Monti s’imposerait indéniablement comme la révélation politique de l’année sur la scène européenne. Son influence est croissante et il joue un rôle, semble-t-il, pacificateur entre les deux acolytes franco-allemands. Déjà surnommé « Super Mario », l’ancien commissaire européen est, de plus en plus, comparé à Alcide de Gasperi, premier président du Conseil de l’Italie post-Mussolini – de 1945 à 1953 – et un des pères fondateurs de l’Europe…

Le test des opinions publiques

Si Mariano Rajoy n’a rien à craindre – ou presque – de son opinion publique, puisqu’il dispose – sauf circonstances exceptionnelles d’une révolte populaire –d’une majorité stable aux Cortès, le Parlement espagnol, et cela pour encore un peu plus de quatre ans. Idem pour François Hollande, jusqu’en 2017.
Mais ce n’est pas le cas de tous les dirigeants européens. Dès ce mercredi 12 septembre, les Hollandais – je devrais dire pour éviter toute confusion… les Néerlandais – se rendront aux urnes. La campagne a été marquée par l’euroscepticisme et, longtemps, les socialistes – la gauche « dure » - ont été en tête dans les sondages. Pourtant, ces derniers jours, portés par d’excellentes performances télévisées de leur leader, Diederik Samsom, les travaillistes du PvdA, pro-européens, ont regagné du terrain… Dans toutes les hypothèses, l’issue de ce scrutin apparait très incertaine.
Idem l’an prochain, année durant laquelle l’Italie d’abord, au printemps, puis l’Allemagne en automne, connaitront des campagnes législatives. Si l’action de Mario Monti est saluée à travers l’Europe, sa situation sera difficile sur la scène nationale et cela que le Cavaliere Silvio Berlusconi tente – ou pas – une ultime passe d’armes. La situation d’Angela Merkel apparait aussi bien compliquée même, à un an de l’élection, son opposition n’apparait pas en ordre de bataille. On sait désormais en France combien il convient de se méfier des candidats semblant insuffisamment préparés…
Incertitudes politiques, incertitudes économiques… La pente est raide et il est encore long le chemin du redressement en Europe. Pour autant, pourquoi se priver de reconnaitre que les annonces de Mario Draghi donnent, enfin, de belles raisons d’espérer. Ne nous privons pas, c’est gratuit. Merci, monsieur Draghi !