TOUT EST DIT

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samedi 25 septembre 2010

PIRATAGE - Hadopi commence à traquer les internautes suspects

La Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), chargée de la riposte graduée contre le téléchargement illégal, a formulé ses premières demandes d'identification de pirates, a-t-elle annoncé mardi, confirmant une information du site PCInpact. "La Hadopi confirme que la CPD (commission de protection des droits, NDLR) a envoyé ses premières demandes d'identification", a déclaré le secrétaire général de l'organisme, Éric Walter, sans toutefois préciser le nombre de fournisseurs d'accès ayant reçu ces demandes.

La Haute Autorité avait reçu ses premières saisines officielles à la mi-août, en provenance des ayants droit, après une phase de test débutée fin juillet. La Hadopi doit avertir les internautes dans les deux mois qui suivent, si la CPD valide les saisines : les premiers courriels d'avertissement sont donc attendus pour la mi-octobre au plus tard. La demande d'identification des adresses IP* "flashées" par les ayants droit est une première étape, permettant ensuite l'envoi des avertissements aux abonnés et, le cas échéant, leur sanction. Les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), seuls à pouvoir faire le lien entre une adresse IP et l'identité de l'abonné, sont légalement obligés de coopérer.

"La Hadopi s'est péniblement mise en route, elle a mis un an et, au lieu de développer l'offre légale, comme promis, elle passe directement à la machine à claques", a réagi Édouard Barreiro, chargé de mission "nouvelles technologies" au sein de l'UFC-Que Choisir. "Cela nous fait bondir, car on va commencer à sanctionner le consommateur, à l'empêcher d'aller sur Internet pour avoir accès à la culture, et on n'offre rien en échange", a-t-il ajouté. L'association de consommateurs précise avoir préconisé un système de "gestion collective" et une commission qui réunirait "les consommateurs, les sociétés de gestion collective comme l'Adami (société pour l'administration des droits des artistes et musiciens interprètes, NDLR), la Spedidam (société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes, NDLR) et les acteurs de l'industrie du disque".

* L'adresse IP est une série de quatre nombres (du type 123.123.123.123) qui identifie de façon unique une connexion à Internet (et non un internaute).

Nicolas Sarkozy, à quitte ou double

La cause semble entendue : à moins d'un coup de Trafalgar, la réforme des retraites sera adoptée et appliquée malgré quelques manifestations supplémentaires. Nicolas Sarkozy aura gagné ses galons de réformateur, même si les mesures prévues ne règlent que partiellement le problème des retraites, dossier qui devra être remis sur le tapis dans quelques années. Jusqu'au bout, l'Élysée restera vigilant, craignant un dérapage ou un incident qui embrase véritablement le pays. Mais, pour l'instant, le président et ses hommes considèrent que les jeux sont faits.

La vraie question est de savoir quelle conséquence politique sur la candidature de Nicolas Sarkozy la mise en oeuvre de cette réforme impopulaire peut avoir. Si la rue n'obtient pas satisfaction dans les manifs et les grèves, elle pourra bientôt s'exprimer dans les urnes. Cantonales en 2011, puis présidentielle en 2012, peuvent être le réceptacle d'une colère d'un peuple frustré de ne pas avoir été entendu. Certes, si Nicolas Sarkozy avait reculé en rase campagne, il était mort. La droite, qui lui reproche déjà de procéder souvent à des semblants de réformes, ne lui aurait jamais pardonné de caler sur celle-ci. Mais en la réalisant, il ne détient aucune garantie de reconnaissance de la nation. Ceux qui étaient pour la réforme trouveront normal qu'elle ait eu lieu. Et ceux qui étaient contre trouveront une justification supplémentaire à un vote hostile. Tout le problème pour le chef de l'État est qu'il veut retrouver la confiance du peuple modeste qui lui a apporté ses voix en 2007. D'où la politique sécuritaire. Mais les mêmes qui peuvent apprécier une poigne de fer du côté maintien de l'ordre peuvent se révolter contre ce qu'ils considèrent comme une injustice sociale. Sarkozy peut donc perdre d'un côté ce qu'il aura gagné de l'autre. Politique de gribouille ?

Journées d'actions : la stratégie des syndicats fera-t-elle un flop ?

Les syndicats poursuivent le mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Réunis vendredi matin au siège de la CGT, ils ont décidé de deux nouvelles journées d'actions.

La première, le 2 octobre, juste avant l'ouverture des débats sur le projet de loi au Sénat et la seconde, le 12 octobre, afin de maintenir la pression sur les élus. Mais pas de radicalisation des moyens d'action, pas de grève reconductible donc.

Dès jeudi soir, Bernard Thibault assumait cette ligne : "Il nous revient, en tant que syndicats, de trouver des formes qui permettent la participation du plus grand nombre." Alors, contrairement aux précédentes journées d'actions, la prochaine manifestation aura lieu un samedi, comme l'avaient proposé la CFTC et surtout la CFDT. "Cela va nous permettre de toucher un autre public", "surtout après les tentatives de manipulation de l'Élysée, à côté de la plaque sur les manifs", explique Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, en référence à l'écart entre les chiffres de la mobilisation fournis par les syndicats et ceux du Château, 3 millions de manifestants pour les premiers contre 997.000.

Plus de "poussettes" que de "salariés" ?

Mais tous les syndicats ne sont pas convaincus. "On n'a jamais été en faveur d'une manifestation le week-end, où il y aura plus de poussettes que de salariés, mais on a dû faire contre mauvaise fortune bon coeur", reconnaît Bernard Devy, chargé du dossier retraite à FO. Le syndicat dirigé par Jean-Claude Mailly, qui n'a pas signé le communiqué de l'intersyndicale publié à l'issue de la réunion, craint en fait que la manifestation du week-end tourne "à un rejet du président de la République et de son gouvernement" plutôt qu'à une véritable protestation contre le projet de réforme de retraites. Une tendance déjà observée dans les cortèges de jeudi où les banderoles simplement hostiles à Nicolas Sarkozy se sont multipliées. Or, pour lui, le seul moyen de faire plier l'exécutif est d'avoir recours à des arrêts de travail reconductibles. Un point de vue partagé par Jean-Marie Pernot, spécialiste du syndicalisme, cité par l'Agence France-Presse : "Le conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, est plus attentif aux grèves qu'aux manifestations", considère-t-il.

L'intersyndicale fera le point sur l'efficacité des choix effectués le 4 octobre, entre les deux journées de mobilisation. Sera-t-il alors toujours possible de radicaliser les actions au cas où le gouvernement resterait ferme ? "Ce sera difficile", juge Bernard Devy ."On arrive au bout d'une démarche alors qu'on a en face de nous des gens rigides, qui affirment déjà qu'ils n'en bougeront pas". Un scénario qui rappelle celui de 2003 quand les salariés s'étaient lassés après une série de sept journées d'actions en deux mois. À l'époque, le ministre en charge du dossier n'avait pas cédé. Un certain François Fillon qui vient de réaffirmer un "non ferme et tranquille" aux manifestants et grévistes lors des journées parlementaires de l'UMP.


Arrangements en famille

Martine Aubry a souvent répété qu'il n'y aurait pas concurrence entre elle et Dominique Strauss Kahn pour la candidature à la présidentielle. On portait en général cette civilité entre bons camarades au crédit de sa volonté d'apaisement des querelles internes. Mais en affirmant hier sur France Inter qu'il y aurait « entente » et que la primaire au PS serait la confirmation de l'arrangement, Claude Bartolone transgresse la règle établie et admise. Certes, personne ne se faisait guère d'illusion sur les négociations et les combinaisons dans la coulisse de Solférino, mais pas au point d'imaginer que les primaires ne soient qu'une façon de les entériner. Reste à voir comment les militants apprécieront cette mise en berne du drapeau de la rénovation et la remise en cause de leur vote sur le mode de désignation du candidat.

Bavure verbale ou pas, le propos passera pour une volonté du courant majoritaire de contourner le dispositif et de ne pas entrer dans la compétition en toute transparence. Alors que chacun s'accordait à juger que l'intérêt des primaires était dans leur élargissement à la gauche, tout porte à croire que l'on va se retrouver, comme la dernière fois, dans un processus de choix du candidat socialiste par les socialistes. Déjà battu par la populaire Ségolène, DSK a sans doute envie de s'épargner l'épreuve.

D'autant que personne au PS ne prendra le risque d'une défaite qui signerait la mort politique d'une génération. S'il est candidat, Dominique Strauss Kahn, qui rassure les centristes, la droite et les classes aisées, peut espérer un ralliement du parti sans passer par la case « primaires ».

François Hollande, pour avoir pensé que la désignation se ferait sur le projet, se retrouve aujourd'hui dans une situation délicate qui ne lui laisse guère d'autre opportunité que de se rallier à DSK pour rester dans le jeu. Mais il peut aussi tenter de jouer la carte de la popularité et des idées en étant très présent sur le terrain et dans les médias. Avouez que cela ne manquerait pas de sel si, pour des raisons d'opportunité stratégique, François Hollande et Ségolène Royal, qui n'a peut-être pas renoncé à toutes velléités, décidaient de reformer un couple. Politique bien sûr.

Le hold-up de Biarritz

Ils ont chanté sous la pluie de Biarritz. Mais ce n'était pas sur un air sautillant de Michel Legrand, et sans l'absolue légèreté de Gene Kelly. Les flaques laissées par les averses politiques de ces dernières semaines et la mélancolie automnale d'un gouvernement usé ont ôté aux trois acteurs du jour toute envie de sourire. Jean-François Copé, Xavier Bertrand et François Fillon ont transformé les journées parlementaires de l'UMP en une tragi-comédie où les ambitions, les rivalités, les désirs de changement et les envies de continuité se sont télescopés et affrontés avec une férocité à peine dissimulée.
Les trois hommes sont désormais concurrents pour contrôler, d'une façon ou d'une autre, le parti majoritaire. Sans le moindre complexe, le président du groupe a lancé son OPA pour prendre les commandes du mouvement. A la hussarde, s'il le faut. Le député-maire de Meaux construit méthodiquement son parcours vers l'Élysée, horizon 2017, avec un culot très sarkozien. Mais ce chiraquien rallié trop tardivement, presque avec résignation, à la candidature Sarkozy, sait pertinemment que s'il attend qu'on vienne le chercher... il risque d'attendre très longtemps. Avec insolence, il a déjà écarté Matignon de son parcours et ne s'embarrasse guère de politesse pour abattre son jeu.
A l'exception d'un opportunisme sans état d'âme, tout éloigne le tempérament de cet énarque saillant et brillant, de la rondeur toute jésuitique de Xavier Bertrand. L'actuel secrétaire général s'est employé à se fondre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy pour donner au président les gages d'une loyauté dépersonnalisée, expurgée de toute nuance. Il mise sur son effacement de bon disciple portant inlassablement et mécaniquement la bonne parole de l'Élysée quand « l'autre » ne cesse de jouer les enfants terribles pour toucher plus tard les dividendes de sa différence. Le premier tient encore l'appareil. Le second, les parlementaires, qu'il a séduits par son allant... et aussi par sa surenchère sécuritaire. L'un veut « en finir avec la langue de bois » -mais uniquement dans son livre- l'autre la revendique et la pratique avec ce brio lénifiant incomparable qui fait les vrais talents.
Les deux personnages, qui forment désormais un vieux couple politique, entretiennent depuis longtemps une authentique détestation. Aujourd'hui, ils ne peuvent plus la cacher, et leurs petits règlements de comptes entre ennemis intimes a tourné au pugilat par caméras interposées, sidérant les participants à la réunion de famille.
En mettant fin à l'affrontement de ces freluquets, le Premier ministre n'a pas seulement ramené le calme. Il a mis la main sur l'UMP. Un hold-up audacieux, sous les acclamations ! Les deux autres n'ont rien vu venir...

Vitesse et mondialisation

« Nous sommes à la fin d'un monde connu. »

« La société n'existe plus. »

Deux titres chocs. L'un dans la revue Bretons (1), où le philosophe et urbaniste Paul Virilio, auteur du Grand Accélérateur, met en garde contre la tyrannie de l'immédiateté. L'autre dans le journal économique Les Échos (2), où l'on rend compte du dernier livre du sociologue Alain Touraine, Après la crise.

« Le progrès et l'accélération du réel dominent désormais l'accélération de l'histoire », dit Paul Virilio. C'est un fait que nous avons le sentiment d'être entraînés irrésistiblement dans une sorte de course effrénée. Tout se transforme autour de nous : les transports, les communications. Les échanges se font de plus en plus rapides. Cette rapidité empiète sur la réflexion. On suit en courant, en s'adaptant comme on peut, sans trop se demander où va tout cela. L'essentiel, pour chacun, est de rester dans le coup. Cependant, sans qu'on s'en aperçoive, les relations changent de nature. Un mail est à peine reçu qu'il est lu et qu'on expédie la réponse qui donne lieu, en retour, à un autre mail immédiat. Et ainsi de suite... C'est, dit Virilio, « la fin d'un monde qui était un monde rythmique avec des saisons, avec un emploi du temps, avec des liturgies. Ce monde-là se termine ».

De l'opinion publiqueà l'émotion publique

De son côté, Alain Touraine constate que le monde des élites, celui des grandes institutions financières et industrielles, n'appartient plus au territoire national. Grâce à la globalisation, il est désormais du domaine mondial et s'affranchit de la tutelle des États. Les grands acteurs sociaux et les peuples sont dépassés, ne savent plus comment réagir face à cette dénationalisation de l'économie.

On comprend l'étonnement, la sidération des opinions qui tendent à se recroqueviller sur elles-mêmes avec le risque de se réfugier dans l'individualisme, le communautarisme, le sectarisme, la xénophobie engendrés par la peur d'être noyé dans un mouvement qu'on ne domine pas. Il se peut aussi que ces évolutions engendrent une énorme communauté d'émotions qui s'empare des publics. « L'opinion publique pourrait céder sa place à l'émotion publique », comme le craint Paul Virilio. Dans les deux cas,la démocratie se trouve mise en danger.

Faut-il avoir peur de tout cela ? Sans doute vaut-il mieux en être conscient pour s'efforcer de dominer ces évolutions. Mais comment y parvenir, sinon, pour les jeunes, par l'éducation. Ainsi les programmes d'histoire et de géographie sont plus importants que jamais pour que les nouvelles générations sachent qu'elles sont placées sur une trajectoire et qu'elles ne sont pas seulement dans l'instantanéité et dans la délocalisation.

Il y a problème aussi pour les religions. C'est une évidence qui leur impose d'intensifier leurs réflexions spirituelles en vue de réussir à transcender ces chocs et soubresauts.

Enfin, pour tous, c'est la nécessité d'un approfondissement qui permette de retrouver les valeurs essentielles résidant et souvent somnolant au coeur de chacun. Elles s'appellent, par exemple, la liberté associée à la responsabilité, la solidarité qui se traduit en engagement.



(1) Mensuel d'octobre 2010.


(2) Édition du 23 septembre 2010.