TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 28 mai 2009

Sarkozy autorise la fouille des élèves à l'école

Les proviseurs des établissements scolaires seront désormais habilités à faire ouvrir les cartables des élèves afin d'empêcher l'introduction d'armes au sein de l'école, a annoncé jeudi le chef de l'Etat.

Nicolas Sarkozy, qui présentait jeudi ses mesures en matière de sécurité, a prédit de mauvais chiffres pour les mois à venir. Après une hausse de «4% en mars» et «un peu plus de 2% en avril», les chiffres des crimes et délits en mai seront «sans doute difficiles», a-t-il reconnu.

Pour la fouille des cartables. Les personnels de direction des établissements scolaires «recevront une habilitation spécifique qui leur permettra de faire ouvrir les cartables et les sacs» afin d'empêcher l'introduction d'armes par les élèves, a annoncé Nicolas Sarkozy, sans pour autant en préciser les modalités. «Il n'est pas question de tolérer la présence d'armes dans l'enceinte des établissements scolaires», a-t-il rappelé.

Equipes mobiles d'agents. Reprenant une idée du ministre Xavier Darcos, le chef de l'Etat a annoncé la création d'équipes mobiles d'agents pour assister les recteurs d'académie. 184 établissements scolaires devront faire l'objet d'un diagnostic de sécurité pour déterminer au plus vite où sont les besoins.

Portiques de sécurité. Nicolas Sarkozy est resté évasif sur le sujet très controversé de la mise en place de portiques de sécurité à l'entrée de certains établissements, une mesure proposée par le ministre de l'éducation. Après avoir rappelé la liste des récents faits divers survenus dans des collèges et lycées, le chef de l'Etat a simplement déclaré : «Bien sûr qu'il est regrettable d'en arriver là. Mais comment agir autrement dans un tel contexte?»

Durcissement de la répression. Le chef de l'Etat a prévenu : l'intrusion dans un établissement scolaire ne sera plus une infraction, mais un délit. Les violences contre un agent de l'éducation nationale constitueront à l'avenir des circonstances aggravantes, même lorsqu'elles se produisent à l'extérieur de l'établissement.

Opérations «coup de poing» dans les cités. «La priorité, c'est la reconquête des quartiers sensibles», a expliqué le chef de l'Etat. Le gouvernement a donc l'intention de se concentrer dans un premier temps sur 25 quartiers «rongés par la délinquance». 21 d'entres eux sont situés en région parisienne. Nicolas Sarkozy a prévenu : la présence policière y sera renforcée, comme en Seine-Saint-Denis, où 200 fonctionnaires de police en plus seront affectés. «Appartements, cages d'escaliers, caves squattés» : tout sera passé au peigne fin par les policiers, a-t-il averti.

«Frapper les délinquants au portefeuille». Le chef de l'Etat a annoncé que «deux fonctionnaires spécialisés devront être spécialement affectés dans chacun des 25 quartiers les plus sensibles». Leur rôle : «détecter les signes extérieurs de richesse indue afin d'enclencher les mécanismes de répression contre les trafiquants». Ils travailleront en étroite coordination avec la justice et les services de police, a-t-il précisé.

Accroître la vidéo surveillance. Nicolas Sarkozy souhaite également développer la vidéo surveillance, «moyen fondamental de la politique de sécurité», y compris -si nécessaire- dans les établissements scolaires. «10.000 caméras ont été installées avec des financements de l'Etat. La LOPPSI 2 va nous fournir les moyens juridiques de donner une impulsion nouvelle à cette politique».

Un plan pour septembre. Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé qu'il avait demandé au premier ministre de lui présenter «dès septembre un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d'aide aux victimes». «Il faut que nous mettions pleinement en oeuvre la loi sur la prévention de la délinquance», de mars 2007 [dont il était alors l'auteur, en tant que ministre de l'Intérieur, ndlr], a ajouté le chef de l'Etat, estimant que «la prévention de la délinquance a été beaucoup trop négligée ces dernières années».

Une «enfant sauvage» découverte en Sibérie

Livrée à elle-même, la fillette de 5 ans aurait été élevée par des chats et des chiens dans un appartement délabré. Elle s'exprime en aboyant et paraît trois ans de moins que son âge.

La police russe l'a surnommée «Mowgli», comme le personnage du «Livre de la jungle» de Rudyard Kipling. La protection de l'enfance a annoncé mercredi avoir découvert une fillette à l'état quasi sauvage, à Tchita, en Sibérie orientale, à 4.700 kilomètres à l'est de Moscou.

Natacha, 5 ans, a été trouvée prisonnière d'un appartement délabré où vivaient son père et ses grands-parents, qui ne s'en occupaient pas. Leur domicile s'apparente à une décharge, des gamelles s'entassant d'une pièce à l'autre.

Vêtue de haillons, l'enfant n'est jamais sortie de ce taudis, sans chauffage, ni eau courante. Elle «vivait dans des conditions de totale insalubrité. Il y avait une horrible puanteur», a expliqué à la chaîne de télévision, une responsable de la police locale.

Entourée de chiens et de chats, la fillette a très probablement été élevée par ces animaux, dont elle semble avoir copié le comportement. Lorsqu'elle a été découverte, elle «se jetait sur les gens comme un petit chien» et ne communiquait qu'avec «le langage des animaux». Elle comprendrait le russe, mais ne le parlerait que très peu.

La petite fille a depuis été placée dans une institution où elle reçoit une aide médicale et psychiatrique et joue avec d'autres enfants, tout en continuant à avoir un comportement animal. «La fillette ne mange pas avec une cuillère, elle la met de côté et elle lape», raconte une responsable. «Aujourd'hui, quand j'ai quitté la pièce, elle a sauté vers la porte et a commencé à aboyer», ajoute Nina Yemelyanova.

760.000 enfants dans des «conditions socialement dangereuses»

Un autre responsable de l'institution refuse toutefois de voir en elle un «enfant animal». «Ce n'est pas Mowgli», dit-il. «Natacha s'était très bien adaptée, elle marche, ses manifestations comportementales de ‘chiens et de chats' sont épisodiques. Elle montre comment mettre une casserole sur un réchaud et allumer le gaz», ajoute-t-il.

Selon les médecins qui l'ont examinée, l'enfant ne connaît pas de retards graves dans son développement psychique. Physiquement, elle a en revanche l'apparence d'un enfant de deux ans. «D'autres examens médicaux vont être menés mais elle est en bonne santé».

Après la découverte de l'enfant, sa mère de 25 ans, qui vit ailleurs avec un autre enfant a reçu un avertissement et son père de 27 ans, une amende pour négligence parentale. L'homme est apparu hagard, en survêtement, sortant de chez lui pour aller répondre aux questions de la police.

Le cas de Natacha n'est pas isolé. Depuis 2003, une dizaine d'histoires similaires ont été recensées en Russie. Les enfants, maltraités ou délaissés, ne savaient marcher qu'à quatre pattes, mordaient ou miaulaient.

En mars, le président russe Dmitri Medvedev avait appelé à agir d'urgence pour mettre fin aux violences à l'encontre des enfants. Il avait affirmé que 760.000 enfants en Russie vivaient dans des «conditions socialement dangereuses».

"Arrêtez d'emm...les Français!"

Protéger, oui ! Infantiliser, non !
En s’exprimant ainsi, Georges Pompidou pouvait-il imaginer qu’un jour, on en viendrait à stigmatiser le camembert, criminaliser l’automobile ou culpabiliser les familles de plus de deux enfants ?

Cessez d’emm… les Français ! Venant de l’universitaire lettré qu’était Georges Pompidou, la crudité de l’injonction en dit long sur l’ancienneté du problème : de même que trop d’impôts tuent l’impôt, trop de lois tuent la loi. Au moins, cette préoccupation était elle, en 1966, partagée par les plus hautes autorités de l’État, puisqu’en prononçant ces mots, le premier ministre d’alors repoussait plusieurs projets de règlement émanant de ses propres services :en l’espèce,d’un chargé de mission répondant au nom de… Jacques Chirac !


Le moins que l’on puisse dire est qu’une fois entré à l’Élysée, celui-ci n’a pas vraiment suivi le précepte de son mentor et même, l’a contredit en constitutionnalisant le fameux principe de précaution.Mais il a eu assez d’humour pour rapporter l’anecdote, plusieurs décennies plus tard, à son ami Thierry Desjardins, lequel en tira aussitôt profit pour rédiger un essai sur la prolifération législative française (Plon, 2000).
Mais en 2009,ce n’est plus seulement le “tracassin” administratif ou fiscal (comme aurait dit de Gaulle) qui rend difficile – et parfois impossible – la vie des Français, déjà confrontés à la dureté de la crise : c’est l’arsenal dissuasif et coercitif qui,désormais,tend à régir un nombre croissant de domaines jusqu’alors considérés comme relevant de la seule vie privée.

Obliger les fumeurs à ne pas enfumer leurs voisins dans un restaurant ? Le principe est légitime.Mais aller jusqu’à interdire la création de salles,et même d’établissements, explicitement réservées aux amateurs de tabac, puis menacer, maintenant, de supprimer les terrasses en plein air censées les accueillir, où est la logique,sinon dans la volonté de se substituer au libre arbitre de chaque citoyen ?

L’État réprime-t-il pour protéger ou pour… encaisser ?

Punir les (vrais) chauffards et interdire l’alcool au volant, qui s’en plaindrait ? Mais frapper d’une contravention automatique un automobiliste roulant à 51 kilomètres-heure en ville au lieu de 50 – alors qu’en vertu de l’incertitude liée à la fiabilité des compteurs de vitesse, la tolérance est de 5 kilomètres- heure de plus sur autoroute –,n’est-ce pas, pour l’État, s’exposer au reproche de réprimer… pour encaisser ?

Partir en guerre, comme le fait l’Europe de Bruxelles,contre le camembert au lait cru (non pasteurisé, donc contraire au fameux principe de précaution), cela participe-t-il d’une saine prophylaxie ou d’une guerre assumée contre des traditions ancestrales ?

Doublé d’un discours à la fois moralisateur et anxiogène (fumer, boire et conduire vite, cela peut “tuer”, comme peut tuer la listeria), cette montée en puissance de législations sacrifiant au principe du “risque zéro”(comme si la vie en elle-même n’était pas un risque !) apparaît d’autant plus insupportable à beaucoup qu’elle se double d’étranges tolérances.

Fumer sur un quai de gare en plein air peut faire de vous un délinquant ;mais l’article L3421 du code de la santé publique, qui proscrit (à juste titre) l’apologie des stupéfiants,ne figure pas dans les textes de référence du Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui surveille pourtant avec ardeur toute représentation favorable de la cigarette à l’écran !

Dépasser, de quelques kilomètres-heure, une vitesse imposée peut vous faire perdre votre permis (et votre emploi !) si l’infraction est répétée,mais la liste s’allonge chaque jour des commissariats de banlieue attaqués et des policiers molestés,sans que les auteurs de ce qui s’apparente parfois à des actes de guerre soient condamnés à proportion de la gravité de leurs actes… à supposer qu’ils soient arrêtés, et s’ils le sont,non relâchés pour insuffisance de preuves !

Et pendant que les agences officielles expliquent aux citoyens comment ils doivent manger (les fameux cinq fruits par jour), l’Europe autorise la fabrication de chocolat… sans cacao.Mais bourrés d’huile de palme, elle-même riche en acides gras saturés, pourvoyeurs d’hypercholestérolémie, de problèmes cardiovasculaires,d’obésité et même de certains types de cancers.

Toutes choses qui tempèrent la portée de la “maternisation” assurément excessive de la société française, qu’un bon auteur (Mathieu Laine) a récemment stigmatisée dans son livre la Grande Nurserie (JCLattès, 2006). Sans pour autant évacuer la question de fond :que signifie cette tendance générale à la déresponsabilisation des citoyens et qui sert-elle en réalité ?

Pour Mathieu Laine, libéral au sens de Tocqueville, le but recherché (consciemment ou non) est clair : le contrôle insidieux des citoyens par l’État, passé du statut de garant de l’intérêt général (son rôle naturel depuis Athènes et Rome) à celui de directeur de conscience de chaque citoyen ! Un totalitarisme soft en quelque sorte…

Le processus qu’il décrit est implacable : traiter le déviant (le fumeur, par exemple) comme un malade, puis comme un délinquant en puissance dont on encadre puis réprime le comportement par des lois ad hoc…

N’est-ce pas d’abord aux parents de surveiller leurs enfants ?

Et pas seulement de tabac ou d’alcool. Ainsi des possesseurs de piscine, qui doivent ériger des clôtures pour éviter que leurs enfants se noient (tant pis pour les familles qui ont envie de se baigner dans leur jardin sans disposer des moyens afférents !) ; des camps scouts, qui ont l’obligation de conserver plusieurs jours,dans l’hypothèse d’un contrôle de la DDASS, un échantillon de la nourriture servie à leurs enfants (tant pis encore pour les randonneurs qui ne peuvent transporter un réfrigérateur branché sur leur dos !) ;ou encore des chefs d’entreprise pour lesquels il devient périlleux de refuser la candidature d’une personne de couleur ou de plus de cinquante ans, même incompétente… sous peine d’être convaincu de discrimination, et qui sait, de racisme, pour peu que l’éconduit s’avère mauvais plaideur et se décide à saisir la Halde !

Sauf abus manifeste,est-il vraiment du ressort de l’État de se substituer à l’appréciation des particuliers ? N’est-ce pas le rôle des parents de surveiller leurs enfants au bord d’une piscine ou à la plage ? À eux, aussi,de les empêcher de sortir seuls la nuit ? L’Éducation nationale serait-elle la seule capable d’organiser des camps de vacances exempts de risques ? Et les lois existantes réprimant le racisme sont-elles si inopérantes qu’il faille créer une structure exorbitante du droit commun (la Halde), capable de condamner sans procès un comportement présumé dont la seule dénonciation vaut matérialisation ?

Dans les temps ordinaires, pareil déferlement d’interdits et de procédures peut suffire à en exaspérer plus d’un. Mais quand l’angoisse de la paupérisation vient s’ajouter aux contraintes de la récession pour dramatiser le quotidien d’un peuple, il est temps de crier halte au feu !

Sarkozy fait main basse sur la justice

Sarkozy en nouveau Napoléon?

Toujours oiseuse, souvent malveillante, la comparaison entre Nicolas Sarkozy et Napoléon Bonaparte serait-elle, pour une fois, pertinente? En matière de justice, le chantier engagé par l'actuel président n'a de précédent que celui mené par l'Empereur il y a plus de deux cents ans. Il n'y a rien là d'illégitime, car la magistrature est le corps social le plus conservateur et l'institution judiciaire, indispensable au soutènement de la démocratie, en est le pilier le plus vermoulu. Ce que François Mitterrand ni Jacques Chirac n'ont su réaliser doit être tenté. Mais la brutalité de la méthode choque: l'action précède la réflexion, la consultation passe après la décision, le dire prime le faire. Ensuite, une désagréable impression de personnification domine: c'est la réforme du président, par le président, pour le président. Quelques hommes clefs, judicieusement placés, incarnent ce penchant. Au nom du changement, main basse.

Dérange surtout l'idéologie de cette révolution, qui entend placer l'enquête, après suppression du juge d'instruction, sous l'autorité d'un parquet soumis au garde des Sceaux. On ne pourrait mieux définir une justice aux ordres... Il y a, enfin, une volonté suspecte de rendre l'enquête opaque à la curiosité publique, à celle de la presse notamment. Sous prétexte d'efficacité, on cache, on muselle, on étouffe.

Certes, ce projet est loin d'être adopté, et encore plus appliqué. Mais L'Express veut tirer la sonnette d'alarme: derrière le masque de la modernité, quelle justice s'avance-t-elle?

Christophe Barbier


Du Code Napoléon au Code Sarkozy? La justice pénale française s'apprête à vivre un grand chambardement, peut-être le plus important depuis le début du xixe siècle. Le maître d'oeuvre en est le président de la République, Nicolas Sarkozy. Plus qu'une réforme, il veut provoquer une révolution. Si elle aboutit, elle restera sans doute comme l'un des événements forts du quinquennat. Pour les magistrats, confrontés à une autre manière d'enquêter et de juger. Pour les justiciables, auteurs ou victimes de crimes et délits. Comme son lointain prédécesseur l'Empereur, le chef de l'Etat, avocat de formation, compte bien imprimer sa marque sur la justice du pays, au risque de susciter des craintes quant à une éventuelle mainmise du pouvoir exécutif.

Défiance à l'égard des juges

Depuis son installation à l'Elysée, en mai 2007, il n'a pas changé de point de vue. L'ancien ministre de l'Intérieur aime les policiers, mais il a toujours manifesté une certaine défiance à l'égard des juges. Ainsi n'a-t-il jamais hésité, au nom de la fidélité en amitié, à donner des témoignages publics de sympathie à des personnalités sulfureuses aux yeux des magistrats. Le député (UMP) et maire de Levallois, Patrick Balkany, plusieurs fois condamné par le tribunal correctionnel, l'accompagne dans la plupart de ses déplacements officiels. Récemment, Nicolas Sarkozy n'a pas caché non plus son soutien à Jean-Paul Alduy, maire (UMP) de Perpignan, dont l'élection a été annulée en raison d'une fraude. Contrairement à ses prédécesseurs, le chef de l'Etat, garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire selon l'article 64 de la Constitution, a multiplié les plaintes. Ces actions d'un justiciable un peu particulier ont aussi bien visé des tee-shirts parodiques à son effigie que des menaces de mort ou l'ancien directeur central des Renseignements généraux, Yves Bertrand.
De son bureau, le chef de l'Etat a largement inspiré la politique menée par la garde des Sceaux, Rachida Dati. Pendant les derniers mois, en raison de l'affaiblissement de la ministre, le "conseiller justice" du président, Patrick Ouart, a même pris les rênes de la chancellerie. Quel que soit le successeur de Mme Dati, il sera soumis à la volonté de Nicolas Sarkozy sur un sujet qui lui tient à coeur: la réforme. Comme l'explique l'un de ses proches, "même si cela doit prendre deux ans, le président la fera". Pour mener à bien ce chantier, il dispose désormais du rapport du Comité de réflexion sur la justice pénale, qu'il a lui-même mis en place en octobre 2008. Présidé par l'avocat général Philippe Léger, ce groupe de professionnels a lancé une véritable bombe en préconisant la disparition du juge d'instruction.

L'indépendance statutaire menacée

Ce magistrat enquêteur, jadis baptisé par Balzac "l'homme le plus puissant de France", serait remplacé dans sa tâche par un magistrat du parquet. Tous les acteurs du monde judiciaire, y compris des juges d'instruction comme Renaud Van Ruymbeke, ne sont pas hostiles à cette mesure. A condition qu'elle s'accompagne d'une indépendance statutaire des nouveaux responsables de l'enquête. Seulement, voilà: le comité Léger préconise que ce chef d'enquête exclusif continue, comme aujourd'hui, à dépendre hiérarchiquement du ministre de la Justice. "Si le parquet n'est pas indépendant, souligne Renaud Van Ruymbeke, la disparition de l'instruction pourrait être attentatoire à la liberté, surtout dans les affaires les plus sensibles, qui ne représentent que 5% des dossiers, mais concernent les domaines financier, terroriste, de santé publique et de la grande criminalité."

"Même si cela doit prendre deux ans, le président le fera"


Dans ces conditions, on peut se demander quelle sera l'attitude du parquet lorsqu'il entrera en conflit direct avec l'intérêt de l'Etat. Exemple: aurait-il décidé d'engager des enquêtes approfondies contre trois chefs d'Etat africains soupçonnés d'avoir détourné dans leur pays de l'argent public investi en France, comme l'a fait la doyenne des juges d'instruction parisiens? Ou encore, ne peut-on craindre qu'un parquet zélé ne cherche d'abord à plaire au pouvoir en place, quitte à engager des poursuites controversées, comme celles qui viennent de viser, au tribunal de police de Marseille, un enseignant qui s'était exclamé en pleine gare "Sarkozy, je te vois!" afin de contester un contrôle d'identité jugé trop musclé?

Pour répondre aux inquiétudes, le comité Léger prévoit la création d'un juge de l'enquête, qu'il promet de doter de "pouvoirs importants". Ainsi, c'est lui et lui seul qui pourra ordonner une écoute téléphonique d'un suspect. Problème: dans l'ignorance du dossier, pourra-t-il résister à la demande pressante de son collègue du parquet? "L'un des enjeux les plus sensibles du projet Léger réside précisément dans le statut de ce nouveau juge de l'enquête, déclare Me Henri Leclerc, président honoraire de la Ligue des droits de l'homme. Il faut absolument qu'il puisse interdire des actes au parquet ou, au contraire, en exiger."

Le poids du secret professionnel

Ce débat est particulièrement sensible. Un sondage de l'institut CSA, diffusé le 27 mars par La Chaîne parlementaire, indiquait que 71% des Français faisaient confiance au juge d'instruction pour conduire une enquête, alors même que le scandale d'Outreau avait malmené l'image de cette catégorie de magistrats. Un peu plus tard, la Cour européenne des droits de l'homme s'est inquiétée des liens trop étroits entre le parquet et le pouvoir politique en France, qualifiant les membres du ministère public de "fonctionnaires".

Une autre disposition, beaucoup plus discrète, accroît le contrôle sur le déroulement des enquêtes. Si le secret de l'instruction disparaît avec le juge du même nom, l'obligation du secret professionnel demeure. Moins menaçant pour les journalistes, ce dispositif reporte tout le poids d'une éventuelle sanction sur les juges, les avocats ou les policiers en cas de fuites. "Par ce moyen, explique Serge Portelli, vice-président du tribunal de grande instance de Paris, on essaie d'intimider, de faire peur et de provoquer l'autocensure, sur le thème "Je ne peux rien dire, rien montrer, je respecte ma hiérarchie". J'ai la conviction que le président de la République veut nous traiter comme il traite les préfets ou les policiers révoqués après une manifestation de rue."

Pour cette révolution judiciaire, le président s'est entouré d'hommes de confiance. Nicolas Sarkozy s'est d'abord adjoint les services d'un superviseur de la chancellerie, Patrick Ouart. Contre l'avis consultatif du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), il a également désigné des proches à des postes sensibles. L'exemple le plus marquant? Celui de Philippe Courroye, juge d'instruction parisien placé à la tête du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), où sont traitées nombre d'affaires politiques et financières. Sans oublier que la rumeur promet au même Courroye le poste prestigieux de procureur à Paris... Autre proche, le président de la cour d'appel de Paris, Jean-Claude Magendie, qui mène une réforme de sa juridiction, dont l'un des effets pourrait être une spécialisation renforcée des magistrats, et un choix plus "politique" des présidents de cour d'assises et de chambre. De quoi semer le trouble au sein d'une institution d'ordinaire discrète. Au terme d'une audience publique récente, une présidente de chambre annonçant son départ a ainsi déclaré qu'elle était "virée".

"C'est écrit où, la tradition?"

Cette volonté de contrôle s'étend jusqu'au sommet de la justice administrative, ainsi que l'illustre cette anecdote saisie au Conseil d'Etat. Elle met en scène Christian Vigouroux, homme de gauche respecté de ses pairs, qui fut le directeur de cabinet de la socialiste Elisabeth Guigou à la chancellerie. Il y a environ un an, un poste de chef de l'une des six sections du Conseil d'Etat se libère.

Comme le veut l'usage, le vice-président de la haute juridiction administrative propose alors trois candidats au président de la République. Celui-ci a en effet le dernier mot sur les nominations. Depuis 1945, la tradition républicaine veut toutefois qu'il confirme le premier nom porté sur la liste. Celui de Vigouroux occupe cette position, suivi de celui de l'ex-directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, Olivier Schrameck. Surprise: Nicolas Sarkozy les récuse tous les deux! "C'est écrit où, la tradition républicaine? Moi, j'applique la Constitution, qui me donne le droit de nommer qui je veux", aurait ironisé le président. La séparation des pouvoirs, dont le philosophe Montesquieu avait fait l'un des fondements de la démocratie, n'est pas à l'ordre du jour.

Les défis du nouveau président des artisans taxis

Les défis du nouveau président des artisans taxis
Selon une enquête du site Hotels.com, les taxis parisiens offrent des prestations médiocres, loin des standards internationaux. Un challenge à relever pour le nouveau président de la Fnat, Jean-Claude Richard.

Le nouveau patron de la Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat) Jean-Claude Richard, qui succède au bouillonnant Alain Estival, a du pain sur la planche. De nombreux défis s'ouvrent à lui. L'un d'entre eux porte sur la perception des taxis par les utilisateurs. En effet, le jour de son élection - il a obtenu 61% des suffrages de ses pairs -, sort une enquête d'opinion des taxis européens peu favorable aux taxis parisiens. Selon le site Hotels.com, qui a réalisé ce sondage (1), les meilleurs taxis au monde circulent à Londres. Pour la deuxième année consécutive, les «black cab» conservent la première marche du podium. De son côté, Paris peut mieux faire. Les taxis de la capitale française obtiennent des notes médiocres pour tous les critères d'évaluation excepté la propreté. Sur ce critère ils arrivent 7ème ex aequo avec Dublin, Dubaï et Tokyo.

33% des voyageurs européens interrogés par le moteur de recherches hôtelières qui plébiscitent les taxis de la capitale britannique mettent en avant l'amabilité des chauffeurs (16%), la qualité de la conduite et la connaissance de la région (33%). En revanche ils critiquent le coût des courses (21%). A noter que sur ce dernier critère, Paris se positionne à la 3ème place (8%) derrière Copenhague (9%).

Paris, a contrario, apparaît dans le top 10 des taxis sur la plupart des critères d'évaluation. Les voyageurs se plaignent principalement de l'amabilité des chauffeurs (16%) et de la disponibilité des véhicules (10%). Ce n'est pas nouveau, une meilleure gestion du trafic avec par exemple un couloir dédié sur une partie de l'autoroute A1, tente de remédier à la fluidité des taxis en heures de pointe. Toute comme la planification de 4000 taxis supplémentaires parisiens.

Car selon l'enquête, la capitale française devrait se méfier. En effet, selon Alison Couper, Directrice de la Communication pour Hotels.com, «les voyageurs basent souvent leur opinion d'une ville sur la première impression qu'ils en ont eue. Dans de nombreux cas, ce premier contact se fait dans le taxi qui les mène à l'hôtel, lorsqu'ils sortent de l'aéroport ou de la gare».

69% des personnes interrogées ont affirmé privilégier le taxi pour se rendre de l'aéroport à l'hôtel, loin devant la location de voiture (17%), le train (16%) ou encore le bus (14%).

Après Londres, New York se place deuxième, puis Berlin, Madrid et Copenhague ferment le top 5 des villes qui d'après les sondés ont les meilleurs taxis. Même si Paris a entrepris de nombreuses initiatives, notamment aux aéroports, les marges de progrès sont encore grandes pour entrer dans le club des cinq.

(1) Sondage a été réalisé auprès de 1 400 voyageurs de Grande-Bretagne, Irlande, France, Espagne, Allemagne, Norvège, Suède et du Danemark en mai 2009.