Il faudra bien profiter de ce lundi de Pâques car il y a de fortes chances qu’il soit le dernier jour de congé à peu près tranquille avant longtemps. Chacun a bien compris, en effet, que la campagne électorale allait maintenant s’emballer. Désormais tout sera politique, même la météo, promise à la confiscation. Vent, chaleur, tempête, orage… la métaphore climatique est vorace quand elle chasse sur les territoires des acteurs du pouvoir et qu’elle survole les champs de bataille de leurs conquêtes.
Il ne manquerait plus que la sécheresse qui frappe le nord du pays en ce printemps 2011 s’accentue pour que le premier degré rattrape le second sur le thermomètre des passions françaises. L’inquiétude des agriculteurs et le courage dont ils font preuve pour affronter les âpres défis des lois arides du marché ne devraient pas être le moindre des germes d’interrogation sur cette identité française qui balisera le chemin de l’actualité jusqu’au 22 avril 2012.
Puisqu’une partie de la France urbaine passera ce jour de retour de week-end sur les routes, et parfois à faible allure, la contemplation obligatoire du paysage l’invitera à méditer sur ce monde rural devenu négligeable sur les tablettes démographiques mais qui reste le maître des paysages, ces constructions humaines par définition. Comment préserver son rôle irremplaçable ?
Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, l’automobiliste fera donc de la sociologie sans le vouloir. Un peu de philosophie, aussi, sur la jouissance de la vitesse que freine forcément l’installation de radars de plus en plus nombreux et de plus en plus sophistiqués. Faut-il accepter avec sagesse cette bride sur le cou de nos désirs instinctifs qui peuvent aussi véhiculer des dangers mortels ? Et si oui, comment dépasser cet obstacle au plaisir du vertige?
L’habitacle confiné de nos autos est plus aérien qu’on ne le croit. Au volant, on peut s’envoler aussi vers la sphère internationale. L’espace français – heureux soit ce pays vaste et varié qui a la plus faible densité de population de tous les grands pays industriels européens ! – pose la question de sa place dans le monde. Son ouverture géographique sur l’océan Atlantique à l’Ouest, sur tout le continent à l’Est et au Nord, sur la Méditerranée et l’Afrique au sud, est une chance qui lui impose à la fois des réalités et des devoirs. Sujet de bac et cas de conscience…
Ce qui nous amène à rouler vers le sport avec le match France-Italie programmé ce mardi et la rencontre Sarkozy-Berlusconi, qui s’annonce musclée. «Silvio» et «Nicolas», deux «amis», disent-ils, aux tempéraments ressemblants. D’ordinaire, ils s’apprécient. Là, ils sont prêts à se lancer les traités européens à la figure ! L’intérêt de l’un, le transalpin, est d’être généreux avec les immigrés tunisiens, l’intérêt de l’autre est de ne pas l’être. Aïe, de la psycho maintenant ! Ca attendra demain…