TOUT EST DIT

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jeudi 14 mars 2013

Une France Préchaviste

À bien des égards, la France d’aujourd’hui se trouve dans une situation semblable à celle du Venezuela à la veille de l’entrée en jeu d’Hugo Chávez. 
En fin connaisseur des processus révolutionnaires, Léon Trotsky affirma que toute révolution paraît impossible jusqu’à ce qu’elle s’avère inévitable. C’est justement cela qu’on vit en 1998 au Venezuela, lors de l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez par la voie électorale.

Jusqu’alors, le pays vivait dans ce que l’on peut appeler une « démocratie molle ». Les gens y votaient régulièrement, choisissant majoritairement entre les deux partis traditionnels. Se croyant irremplaçable, la classe politique ne se souciait guère de remplir les promesses électorales et de répondre aux attentes de la population. Les inégalités se creusaient, la pauvreté augmentait.
Mais voilà que l’impensable arriva. Hugo Chávez fit irruption sur la scène politique vénézuélienne. Figure histrionique, à la limite du bouffon, il bâtit sa popularité en faisant profiter aux plus démunis d’une partie du revenu pétrolier en même temps que, en bon caudillo latino-américain, il usurpait progressivement tous les pouvoirs.
On connaît la suite. Sa gestion de l’économie aura été calamiteuse pour le moins. Les expropriations improvisées, annoncées au cours de son émission radiophonique dominicale, puis le contrôle contreproductif des prix, l’inflation galopante et le drainage des recettes pétrolières pour bâtir son pouvoir, engraisser ses collaborateurs et soutenir ses alliés à l’extérieur, les frères Castro en premier lieu, auront plombé l’économie vénézuélienne, et ce malgré une hausse de 900% du prix du pétrole au cours des 14 années de son régime.
À bien des égards, la France d’aujourd’hui se trouve dans une situation semblable à celle du Venezuela à la veille de l’entrée en jeu d’Hugo Chávez.
Bien sûr, il s’agit de deux contextes fort différents. Contrairement au Venezuela, la France n’est pas un terrain propice à l’émergence d’un caudillo botté style Hugo Chávez. Puis, contrairement au Venezuela, la France n’a pas de manne pétrolière permettant de financer et de faire tenir longtemps un modèle aussi inefficace que celui que Chávez parvint à instaurer au Venezuela.
Pourtant, à l’instar du Venezuela d’avant Chávez, en France le mécontentement populaire acquiert des dimensions explosives. Et comme au Venezuela, les partis conventionnels ont gaspillé une bonne partie de leur crédibilité auprès de l’opinion. Si bien qu’aucun parti de gouvernement n’a l’autorité morale, pas même la force, et moins encore l’entrain, pour rechercher le soutien du peuple aux mesures économiques qui s’imposent.
Nicolas Sarkozy a certes introduit des réformes, quoique... On ne toucha pas au boulet des 35 heures. Puis on repoussa de deux années seulement l’âge de départ à la retraite, et ce dès 2017, alors que pour redresser les comptes publics il faudrait quelque chose de plus audacieux et de plus rapide. Et on jugea sacrosaint un droit du travail qui, rendant trop onéreux le coût des licenciements, constitue un formidable frein à l’embauche.
Vint ensuite François Hollande avec sa promesse d’un changement de politique. Or, contraintes économiques obligent, et planant sur lui l’épée de Damoclès d’une sanction des marchés financiers, il ne peut que rafistoler la politique de son prédécesseur. Et par ce décalage entre les promesses et les actes, il atteint des niveaux jamais vus d’impopularité.
Tout cela arrive, faut-il le rappeler, après le long nirvana de l’immobilisme que furent les années Chirac, cohabitation comprise. Des années pendant lesquelles aucune réforme, fût-elle minime ou édulcorée, ne vit jamais le jour.
Voilà pourquoi la classe politique française, à gauche comme à droite, est usée, discréditée, s’adonnant à de minables querelles d’égos. Comme celle du Venezuela d’avant Chávez.
Alors il reste l’inconnu. Le saut dans l’abîme. Il reste l’adhésion populaire à un tribun démagogue qui serait prêt à redistribuer sans aucun souci d’efficacité, à s’en foutre des déficits fiscaux et de la réaction des marchés, à imposer des contrôles des prix, des changes et des capitaux. Comme dans le Venezuela de Chávez.
Et de même qu’Hugo Chávez choisit les États-Unis comme bouc émissaire, ainsi le populiste qui prendrait en main le destin de la France aurait le loisir d’utiliser l’Union européenne comme exutoire.
La solution miracle, réussirait-elle à sortir la France de l’ornière ? Que dalle ! Elle mènerait, cette potion magique, au précipice économique, à la perte définitive de compétitivité. Mais en attendant la descente aux enfers, rien de mieux pour un peuple désarçonné, déçu par l’élite politique et aux abois sur le plan économique, que de prendre un petit bain d’utopie. Rêver avant la déglingue finale. Comme au Venezuela.
Il existe une preuve supplémentaire que la situation est propice à une débâcle à la Chávez : des intellectuels européens commencent à y songer avec enthousiasme, à se laisser séduire par l’expérience vénézuélienne. Tel Aragon obnubilé par Staline, ou Philippe Sollers vantant les vertus de Mao Tsetung, c’est aujourd’hui le tour du philosophe italien Gianni Vattimo d’avouer sa « fascination » (rien de moins) pour Chávez [1].
Il faudra peut-être, ou plutôt surement, passer, hélas, par un désastre économique, comme aujourd’hui au Venezuela, ou jadis dans l’Union Soviétique de Staline et de Brejnev, ou dans la Chine de Mao, avant que des formations politiques renouvelées, plus lucides et courageuses, puissent rafraîchir les discours et rallier le peuple autour de politiques de l’offre capables de remettre la France sur les rails de la compétitivité, condition sine qua non pour un progrès économique soutenu et une justice sociale viable.

Les trois nouveaux membres du Conseil constitutionnel ont prêté serment


Nicole Maestracci, Nicole Belloubet et Claire Bazy-Malaurie ont prêté serment jeudi 14 mars dans le salon des ambassadeurs à l'Elysée en présence des autres membres du Conseil constitutionnel excepté les deux anciens chefs de l'Etat, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard-d'Estaing, membres de droit du Conseil. Christiane Taubira, ministre de la justiceClaude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, etJean-Pierre Bel, président du Sénat, étaient également présents.
"Nous avons voulu par nos choix engager une première étape vers la parité qui deviendra possible au Conseil constitutionnel [...] surtout si les anciens présidents ne peuvent plus y siéger pour l'avenir sauf àpenser que les anciens présidents auraient été des anciennes présidentes", a déclaré François Hollande.

La suppression du statut de membres de droit du Conseil constitutionnel à vie des anciens présidents de la République, est un des quatre projets de loi de révision constitutionnelle présentés mercredi au conseil des ministres.

"TOUT MINISTRE DOIT ÊTRE À TEMPS PLEIN"
Le président de la République a également évoqué les autres projets présentés mercredi : la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, où les magistrats seront désormais majoritaires, l'inscription de la démocratie sociale dans la Constitution, la responsabilité civile du président et des ministres devant la justice et le non-cumul entre une fonction de ministre et de responsable d'exécutif local.
"L'interdiction du cumul des mandats pour les ministres sera inscrit dans l'article 23 de la Constitution au nom d'un principe simple c'est que tout ministre doit être à temps plein", a dit François Hollande avant d'ajouter : "Ce sera d'ailleurs vrai pour les parlementaires lors de l'examen d'un prochain projet de loi."
Nicole Maestracci, 62 ans, première présidente de la cour d'appel de Rouen, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars), a été proposée par François Hollande, pour remplacer Pierre Steinmetz.
Nicole Belloubet, 57 ans, ancienne rectrice d'académie, professeure des universités, élue socialiste, a été choisie par le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, en remplacement de Jacqueline de Guillenchmidt.
Claire Bazy-Malaurie, 64 ans, déjà membre depuis trois ans car nommée en remplacement d'un membre décédé, a été reconduite dans ses fonctions par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Sur les neuf membres nommés et renouvelés, trois sont donc désormais des femmes et six des hommes, contre respectivement deux et sept auparavant.

Jean-Louis Tauran, le Français qui a présenté le pape au monde entier

Le cardinal français Jean-Louis Tauran a annoncé au monde entier que le cardinal argentin Bergoglio venait d'être élu pape. Qui est-il ?

Dès les premiers signaux de fumée blanche, une foule compacte s'est massée place Saint-Pierre au Vatican pour découvrir le visage du nouveau souverain pontife. Après une heure d'attente, sous le froid et la pluie, c'est le cardinal français Jean-Louis Tauran qui a levé le mystère. Aux alentours de 20 heures, il est apparu sur le balcon de la basilique Saint-Pierre pour prononcer la fameuse formule "Habemus Papam" ("Nous avons un pape"). Il a ensuite révélé l'identité du successeur de Benoît XVI: le cardinal de Buenos Aires, Jorge Bergoglio, qui se fera désormais appeler François. 
La mission d'annoncer en latin la formule rituelle revient traditionnellement au protodiacre, le plus ancien des cardinaux-diacres. Or c'est Benoît XVI qui a nommé Jean-Louis Tauran à cette fonction, le 21 février 2011. D'après le quotidien La Croix, il lui aurait d'ailleurs dit à cette occasion: "Alors, vous annoncerez le nom de mon successeur?". Ce qui aurait conduit le cardinal Tauran à s'exclamer: "Oh! Par pitié!".  

"Vous savez, du haut de ce balcon, on ne voit que le ciel"

Benoît XVI avait donc raison. Ce mercredi soir, c'est bien ce bordelais discret de 70 ans qui a annoncé la nouvelle à des millions de personnes. Quelques jours avant d'accomplir cette tâche, il confiait, toujours dans La Croix, qu'il était sûr de ne pas ressentir "de stress particulier". Certes, c'était la première fois qu'il lui était donné d'accomplir cette mission. Mais, "vous savez, du haut de ce balcon, on ne voit que le ciel", avait-il expliqué. Ce qui ne l'a pas empêché de paraître malgré tout impressionné au moment de prononcer la formule consacrée.  
Licencié en philosophie et en théologie, docteur en droit canonique, il a été ordonné prêtre à Bordeaux en 1969, à l'âge de 26 ans. Il a ensuite gravi très rapidement tous les échelons de l'Eglise. En 1990, il est nommé secrétaire pour les rapports avec les États, l'équivalent de ministre des affaires étrangères. A 47 ans, il est le plus jeune prélat à prendre la tête de la diplomatie vaticane dans l'histoire récente de l'Église. Polyglotte, il sillonne le monde avec Jean-Paul II, qui le nommera cardinal en 2003, puis avec Benoît XVI.  
En 2007, il prend la tête du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. "Si nous croyons que nous sommes une famille humaine, nous devons nous aimer, pas nous tolérer. Il faut apprendre à se connaître. Nous sommes condamnés au dialogue", expliquait-il au quotidien Sud-Ouest pour décrire sa fonction.  

L'espérance d'Assise

L'espérance d'Assise


C'est un homme qui reconnaît son imperfection, sa faiblesse, devant la tâche immense qu'il va entreprendre dès aujourd'hui. La première chose qu'il fait est de se dire pécheur, de demander le pardon et de le donner à tous ceux qui auraient pu l'offenser ou offenser cette Église dont il prend la tête.
C'est le nouveau pape, mais ce n'est pas le chef glorieux qui s'est présenté, hier, sur la place Saint-Pierre. En récitant la grande prière de l'Église au Père, il se désigne comme le frère de tous les hommes, et donc de ces chrétiens qu'il a désormais charge d'emmener sur les chemins de la fraternité, condition de la paix dans le monde.
Lui qui se trouve responsable de la montée spirituelle d'un milliard deux cents millions d'hommes et de femmes, membres de son Église, ne triomphe pas. Au contraire, il demande le silence d'une foule considérable, assemblée devant lui, qui passe aussitôt de l'acclamation à la prière. C'est plutôt rare à notre époque.
Il s'appelle François, comme celui d'Assise, le poverello, c'est à dire le petit pauvre. Il est jeté tout à coup au milieu du décor séculaire de la vieille institution, mais c'est l'humilité qui est projetée dans cette Cité vers laquelle les yeux du monde entier se tournent dans l'attente et l'espérance de ce qui va advenir.
C'est le pape, mais il ne bénit pas d'abord ces fidèles qui l'acclament. Il demande à ses frères chrétiens de le bénir lui d'abord : du jamais vu...
Frère, se réclamant de l'Évangile, il est au-delà des divisions à l'intérieur de l'Église catholique et des divisions qui séparent ceux qui se réclament du Christ, orthodoxes, protestants de toutes obédiences. Il est au-delà de ce qui sépare ceux qui se réfèrent au Dieu créateur : musulmans, bouddhistes, zoroastriens, membres des religions animistes d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie. Ils furent tous réunis, un jour, par un autre pape pour prier, chacun à sa façon, dans la liberté et la fraternité. Où était-ce donc ? Mais à Assise justement !
Voilà la richesse qui nous est apportée aujourd'hui et qu'il va nous falloir faire fructifier.

Le pape venu du Sud

Le pape venu du Sud


Le suspense n’aura pas duré longtemps. Les cardinaux électeurs, qui avaient paru prendre leur temps durant les congrégations générales pour décider de la date du début du conclave, n’auront eu besoin que de cinq scrutins pour se mettre d’accord et élire le successeur de Benoît XVI, dont la renonciation le 11 février avait ouvert un chapitre inédit dans l’histoire de la papauté. Une élection rapide qui donne au nouveau pape l’assurance d’avoir la pleine confiance de ses frères. Ils ont également déjoué les pronostics, même si la personnalité de Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, n’est certes pas inconnue : son nom était, dit-on, apparu lors du précédent conclave. Ils auront élu un non-Européen, un jésuite, un homme de 77 ans, de santé fragile, simple.
En expliquant les raisons de son retrait, Benoît XVI avait en quelque sorte établi une « feuille de route » pour son successeur. Il serait un homme intellectuellement vigoureux, ayant une expérience pastorale, capable d’organiser et de décider, apte à mener le dialogue avec son temps et avec les autres cultures. Il lui faudra, bien sûr, réorganiser la Curie, le gouvernement central de l’Église éprouvé par l’affaire Vatileaks ; mais surtout donner confiance aux fidèles catholiques inquiets de vivre dans des sociétés de plus en plus indifférentes à Dieu, et permettre à ceux qui ne se reconnaissent pas dans la figure du Christ de trouver dans l’Église catholique une force agissante pour le bien commun des peuples, pour la paix et la justice, la liberté, le respect de la vie…
La succession est lourde. D’autant plus que le pape émérite, à qui François a fait immédiatement référence, sera présent dans l’enceinte du Vatican. Le nouveau pape saura imprimer sa marque particulière. Il ne faudra pas chercher à comparer, à chercher les différences et les ressemblances, ni à spéculer sur la durée du pontificat. Mais lui laisser le temps d’habiter son rôle et sa mission, ce service de l’Église universelle. Sans oublier que l’Église catholique se manifeste au travers de tous ses fidèles, de toutes ses communautés de par le monde. Car ce sont ces croyants qui, avec le pape, portent la responsabilité de faire vivre le message du Christ dans le monde d’aujourd’hui. L’élection d’un Argentin, issu de cette Amérique latine où vit ardemment la foi catholique, en est le signe.

Légiférer par ordonnances pour s'affranchir de la contrainte étatique


Pour ne pas perdre de temps dans son agenda politique décidément serré sur tous les fronts – sauf ceux qui comptent – le président Hollande envisage de gouverner par ordonnances pour s'affranchir du principal obstacle à la croissance : la contrainte étatique.
Le gouvernement refuse de s'attaquer sérieusement au problème de la dépense publique, qui devrait pourtant être son unique priorité pour éviter une crise qui approche à grands pas – la dépense publique pesant sur l'économie d'aujourd'hui par la fiscalité et de demain par la dette – et interfère régulièrement avec le bon fonctionnement de l'économie. Mais son action est avant tout concentrée sur des sujets distrayants pour l'opinion qui ne manquent pas de susciter le débat, au sein des parlementaires comme de la société civile.
Qu'on soit d'accord ou non avec les avis exprimés, la prise de conscience des citoyens du rôle qu'ils peuvent jouer dans la société est une bonne chose. La démocratie n'est pas nécessairement le système le plus respectueux des droits individuels, mais dans le cadre d'un système démocratique, plus les individus sont impliqués dans la décision, mieux c'est. À ce titre, la démocratie indirecte française au sein de laquelle les lois, le périmètre et le budget de l’État sont votées par les représentants des citoyens éloigne la prise de décision des citoyens.
C'est pourtant encore un peu trop démocratique pour François Hollande, qui apprécie peu que ses idées puissent être sujettes à débat. Alors que le Parlement Européen déploie d'une main la censure et de l'autre la propagande, il décide de rendre lui aussi un hommage à la culture communiste en envisageant – assez sérieusement pour que cela soit annoncé par la porte-parole du gouvernement – de légiférer par ordonnances.
C'est avec un mot qui, à lui seul, a le pouvoir de justifier à peu près toutes les mesures liberticides et confiscatoires imaginables que l'idée est introduite : les ordonnances seront limitées à l'urgence. Compte tenu de l'état actuel du pays et des légères difficultés qui s'annoncent, l'urgence pourrait durer un certain temps.
«Le président de la République ne s’interdit pas et ne doit pas s’interdire d’accélérer un certain nombre de dispositifs et de le faire par ordonnances», a insisté le sénateur-maire de Dijon.
Vu sous cet angle, et en faisant abstraction du caractère néfaste de l'intervention étatique et en particulier de celle du gouvernement actuel – abstraction de taille, certes – il peut être bon d'accélérer les dispositifs. Mais la contradiction avec la nécessité d'un cadre juridique stable saute aux yeux.
Bruno Le Roux, président des députés PS, a aussi évoqué le logement. «Très très vite dans une période de crise, dans une période où des dispositifs viennent succéder à des dispositifs, alors que des entreprises sont aujourd’hui touchées, des PME qui sont sur le secteur du bâtiment, il y a besoin de sécuriser l’environnement juridique le plus rapidement possible. Dans ce cas-là, je suis prêt à entendre l’argument d’urgence», a-t-il déclaré dans les couloirs de l’Assemblée.
Il faut donc aujourd'hui accélérer le rythme auquel les dispositifs se succèdent pour mieux sécuriser l'environnement juridique. "Sécuriser l'environnement juridique" n'a sans doute pas la même signification pour les citoyens et pour ceux qui les dirigent. Pour les citoyens et les entreprises, il est nécessaire de disposer d'une lisibilité sur le cadre juridique dans lequel ils évoluent pour prendre des décisions raisonnées à long terme. Pour les hommes politiques, il s'agit avant tout de s'assurer qu'ils auront tout loisir de faire évoluer l'environnement juridique comme bon leur semble.
Invité à dire sur quels sujets le président pourrait prendre une ordonnance, François Rebsamen a répondu : «Sur les secteurs d’activité porteurs d’un sentiment de renaissance de la confiance, de la création d’emploi». Il a cité «le logement, la priorité des priorités», pour lequel il préconise d’abaisser à 5% le taux de TVA sur «la construction de logements locatifs et les travaux de rénovation thermique»
Les secteurs porteurs d'un sentiment de renaissance et de confiance et susceptibles de créer de l'emploi sont peu nombreux en France aujourd'hui, sauf à en croire le gouvernement qui ne manquera pas de favoriser la création d'emplois verts et de multiplier les financements publics à l'économie sociale et solidaire. Le logement, "priorité des priorités" – on aurait pu penser que c'était l'endettement public et le chômage, mais apparemment c'est exagérer leur importance – sera donc le premier champ d'application des ordonnances.
«Pour que les délais qui sont aujourd’hui nécessaires ou les normes qui sont appliquées ne soient pas un frein à la politique de relance notamment pour la construction de logements», a-t-il expliqué. Il a évoqué à la fois le logement social et le logement privé. Alain Vidalies a, par exemple, évoqué «un raccourcissement des délais pour les procédures contentieuses».
Les délais ou les normes peuvent être un frein dans tous les secteurs, mais il ne faudrait pas que l’État subisse les entraves qu'il impose au reste de l'économie.
François Hollande «a pris conscience (...) de blocages importants dans notre société, de délais de prise de décision trop longs, des textes qui prennent énormément de temps de débat au Parlement (...) et donc, il est indispensable de raccourcir ces délais pour plus d’efficacité».
Une conscience nouvelle semble s'éveiller parmi les hommes politiques français. Il existerait, dans la société française, des obstacles à une action efficace, des délais de décision trop longs, des normes trop complexes et tout un ensemble de freins à la croissance, au bon fonctionnement de l'économie et à de saines interactions entre les individus.
L'origine de ces obstacles n'ayant pas encore été identifiée par les hommes politiques, la solution temporaire face à l'urgence de la situation sera d'affranchir l’État de ces obstacles ; mais ce dont on l'affranchit, les lois et la souveraineté du peuple via ses représentants, sont sans doute révélateurs de l'origine de ces problèmes. Un jour,les citoyens gouverneront peut-être leur propre vie – par ordonnances – et s'affranchiront de l'obstacle principal à la liberté et à la prospérité dans tous les domaines où son action est néfaste et illégitime.

Du « Droit à » au « Privilège de »

Tous les droits que nous inventons, qui nous semblent être la concrétisation de nos civilisations modernes, ne sont rien d’autres que des privilèges, non des droits, qui nous viennent du plus primitif fond des âges.

S’il est bien une chose qui poursuit la civilisation humaine depuis son berceau, c’est bien le spectre du statut privilégié. Qu’il soit bien établi entre nous cette distinction : un privilège est obligatoirement issu de la force brute, il n’existe aucun privilège réel qui soit originaire d’un accord mutuellement consenti. Un privilège est, au même titre que le serait le statut de Roi de France, irrévocable, indisponible et transmissible indéfiniment. S’il perd ces caractéristiques, il ne s’agit plus d’un privilège.
Du prétendu privilège de l’argent
Je vais commencer par un sophisme, souvent entendu à notre époque, probablement parce qu’il est plus facile à accepter que la vérité et qu’il caresse nos sentiments envieux : l’argent est un privilège ou conduit à des privilèges.
L’argent, de même que l’accumulation de n’importe quelle ressource matérielle, ne saurait constituer un privilège en lui-même. Honnêtement acquis, l’argent n’assure aucune situation privilégiée. J’entends par honnêtement acquis : qui ne l’ait été par l’action de la force ou de la tromperie, c’est à dire par le vol, l’impôt ou l’escroquerie, quelle que puisse être la grandeur des raisons qui les excuseraient.
L’argent est une énergie, une information brute qui peut ou pas avoir de signification. Mais comme toute énergie, laissée sans activité ou utilisée sans intelligence, elle se dissout inévitablement, se répartissant d’elle-même jusqu’à avoir été équitablement distribuée entre tous, naturellement. L’argent se consume, comme toute information, à un moment donné. La richesse qu’il caractérise en tant qu’information finit par disparaître. Cet état peut-être défini comme une forme d’entropie : un système financier, comme un quelconque système cybernétique, ne peut jamais retrouver un état précédent à l’identique, au sens que celui-ci n’existe qu’une seule fois.
Cette réalité fait de l’argent une information éphémère. La richesse, que caractérise l’argent, doit être continuellement produite et stockée pour lui donner une valeur. On dit alors qu’une société est en croissance lorsqu’elle accumule plus d’énergie qu’elle n’en consomme, l’information argent ne sert qu’à déterminer à quel point nous disposons d’énergie d’avance, pour les projets les plus onéreux en puissance. Mais dans la réalité, chaque jour l’humanité consomme la quasi-intégralité des ressources en circulation à sa disposition. Une croissance d’information n’est jamais indéfiniment accumulative, à un moment donné du futur, l’énergie stockée sera utilisée quelque part, sous peine de se dissoudre avec le temps.
La définition ayant été donnée, il est temps désormais d’en venir à la raison : l’argent ne peut pas donner de privilèges, puisqu’il n’est pas un pouvoir. L’argent est une information, qui détermine une propriété privée sur une quantité d’énergie donnée ; cette énergie est déjà entre les mains de son propriétaire, seule sa forme variera selon l’usage qu’il en sera fait. En aucun cas les ressources financières ne garantissent quoi que ce soit. Disposer de ressources financières assure de disposer d’une propriété sur une quantité donnée de matière, puisque les ressources financières donnent les moyens de lever une quantité déterminée d’énergie humaine et d’esprit humain. À l’exclusive condition qu’il se trouve quelqu’un qui accepte de fournir ces éléments.
Si vous êtes multimillionnaire demain, vous ne pourrez pas lever plus d’énergie que vous n’en possédez réellement. Si vous agissez inconsciemment, vous pouvez tout perdre. Si vous cessez de produire la richesse qui vous permet de disposer de cette information vitale, alors vous épuisez le capital que vous avez accumulé jusqu’à ce qu’il ne vous reste plus rien, ce processus peut-être plus ou moins long, mais il arrivera inévitablement.
En cela, l’argent est disponible (il peut être mis à la disposition de quiconque parvient à créer de la richesse, ce qui lui retire son exclusivité), il est révocable (vous pouvez tout perdre, sans qu’autrui ne soit obligatoirement en jeu), il est transmissible mais pas indéfiniment (vous pouvez transmettre votre richesse, mais celle-ci finira invariablement par se dissoudre, d’autant plus vite si votre héritier est insuffisamment compétent).
En cela l’argent n’est pas en lui-même un privilège donné. Par contre, un privilège peut donner droit à une quantité d’argent donnée, c’est parce que ce cas de figure arrive le plus souvent que ce sophisme est aujourd’hui si répandu. Mais il nous importe de bien comprendre le mal qui ronge notre monde, pour pouvoir le combattre. L’ennemi n’est pas l’argent, en tant qu’information, mais le privilège de la force qui donne à d’autres le pouvoir de contrôler cette information, comme tant d’autres.
Le « droit à » est un privilège déguisé
À notre époque et après une dizaine de millénaires de civilisation, le poison du privilège n’a pas encore été vaincu. Si l’espoir a longtemps existé après la fin de la révolution française, il est aujourd’hui totalement anéanti, puisqu’être privilégié est la seule et unique préoccupation des occidentaux ainsi que de nombreux orientaux. Tous ces droits que nous inventons, qui nous semblent être la concrétisation de nos civilisations modernes, ne sont rien d’autres que des privilèges, non des droits, qui nous viennent du plus primitif fond des âges.
Le droit au logement, n’est pas le droit de disposer d’un logement, qui est sous entendu dans le droit de propriété ; mais le privilège de s’en voir assigné un ou d’être le seul à pouvoir en disposer. Le droit à un revenu minimumn’est pas un droit, qui est aussi sous-entendu dans le droit de propriété ou même dans la plus élémentaire charité fraternelle, mais le privilège d’être doté d’une rente inconditionnelle. Pourtant, la question reste : qui nous dote de toutes ces choses, sinon le pouvoir armé offert par l’État ?
Sous l’ancien régime, le noble disposait d’un droit sur la terre de ses sujets, un privilège qui lui était garanti par la force armée. Les privilèges sont hiérarchisables, certains sont plus enviables que d’autres, mais tous divisent la société en classes. Si bien que ne disposer d’aucuns privilèges n’assure en fait que le statut de Paria. Tous les privilèges sont transmissibles indéfiniment, je peux faire jouir de mes privilèges qui il me chante, tant que cela m’est permis ; certains m’autorisent même à en faire héritage.
Il en est de même de nos « droits à » la sécurité sociale, au logement, à ceci ou à cela. Un privilège est indisponible : il n’est jamais mis à disposition, il ne peut qu’être légué, cédé ou décrété. Quels que soient les efforts que je déploierai, si celui qui dispose d’un privilège ne veut pas me le céder, tout mon mérite et toute ma force ne suffiront pas à l’obtenir. Seul le privilégié le peut : un droit au logement n’est que concédé, il ne peut être obtenu par mérite ; ainsi, il peut être refusé. Le privilège divise la société entre ceux qui ont les privilèges et ceux qui ne les ont pas.
Un privilège est irrévocable, non pas au sens qu’il ne peut être repris, mais qu’il ne peut être détruit par son utilisateur. Si un gouvernement quelconque cède le droit à disposer de telle somme d’argent, le dépenser ne change pas le fait que ce privilège continuera d’exister, d’être transmissible à d’autres bénéficiaires. Ce que chacun fait de son privilège n’a pas le moindre impact sur l’existence de celui-ci en tant que tel : un privilège est irrévocable, sauf par la force du pouvoir consenti par un individu à une autorité, contre une promesse de partage.
Ainsi, deux siècles après la fin de la révolution française, nous voilà tous de retour dans la course aux privilèges. Qu’ils nous garantissent logement, travail, visa, nourriture ou éducation ; tous sont des privilèges, tous peuvent nous êtres retirés selon le bon vouloir d’une autorité armée par le plus grand nombre de ces mêmes bénéficiaires. Finalement, que cette autorité soit élue, nommée ou héréditaire ne change malheureusement rien à ce fait.
Les privilèges comme pouvoir politique
Depuis les premières Cités-États qui bordèrent la méditerranée, tout ne fut qu’une histoire de privilèges acquis ou forgés par les circonstances. Les premières républiques, la démocratie athénienne ou les royaumes antiques ne furent que des institutionnalisations de privilèges qu’il fallait bien s’assurer d’organiser. Afin que deux privilégiés ne se heurtent pas dans un combat sanglant qui embraserait immédiatement tout le système.
La république Romaine fut une république de privilèges, entre les Patriciens et les Plébéiens. Les citoyens Athéniens étaient tous des hommes libres, qui disposaient de privilèges sur le fait de posséder des armes, des terres et des esclaves ; que le gouvernement fût démocratique n’empêcha nullement à ces privilèges de perdurer. Par bien des aspects, la démocratie est le système politique qui est le plus favorable aux situations privilégiées.
La raison en est évidente, pour qui observe attentivement : un privilège est transmissible, peu importe par quelle manière. L’élection est un moyen comme un autre de transmettre un privilège. Or, un privilège est un pouvoir politique immense : si je dispose d’un droit exclusif garanti par la communauté à quelque chose, je peux utiliser ce droit pour obtenir des faveurs de ceux qui ont d’autres privilèges que moi. Je peux corrompre ceux qui ont moins de privilèges pour leur permettre de disposer un peu des miens (la chevalerie est un exemple de ce type de corruption).
Ainsi la démocratie, qui permet la transmission de certains statuts par le consentement de la communauté, est-il un système solide dans le contexte de la transmission de privilèges garantis. C’est encore le cas aujourd’hui, les politiciens, qui disposent de pouvoirs temporaires puissants et de gigantesques privilèges peuvent s’assurer une élection en promettant de transmettre certains de ces privilèges à un grand nombre de personnes.
Toute notre course aux droits n’est rien de plus qu’une course aux privilèges concédés. À mesure que le gouvernement nous cède des privilèges, nous perdons des droits, puisque nous cédons la part d’un droit qui nous protège au profit d’un pouvoir sur autrui. Cette course aux privilèges est une véritable lutte des classes : un conflit entre une partie de population qui court après certains privilèges et une autre qui entend bien les protéger. Ce droit de céder des privilèges n’est rien d’autre que le pouvoir d’échanger des faveurs, dans lequel seuls les gouvernements corrompus et les mafias ont maîtrise.
C’est de ce pouvoir que la révolution française nous promettait la fin ; cette fin n’a jamais eu lieu, ainsi, la révolution n’a fait que remplacer des privilèges par d’autres. Elle aurait pu ne jamais avoir lieu que la différence n’eut pas été plus palpable. Mais rien n’est jamais trop tard : il est encore possible, en France par exemple, de lutter pour l’abolition des privilèges, qui divisent notre monde en classes sociales. Qu’enfin il ne reste plus que nos véritables droits humainsnos droits issus de notre nature d’êtres humains.
C’est à cette unique condition que la Justice, que nous recherchons tant sans jamais la trouver, sera enfin effective en tous les lieux et dans toutes les époques à venir. Mais ayons l’honnêteté de le reconnaître, si nous continuons à avancer sur la voie des privilèges échangeables, le jour où nous deviendrons nous-mêmes des privilèges échangeables, en tant qu’esclaves, ne sera plus très loin.