TOUT EST DIT

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mercredi 29 août 2012

Liberté, égalité, censure !


La France, on l’a dit, file un mauvais coton, du point de vue des libertés de penser et d’expression.
La République est en train de perdre en cela le premier des éléments de son triptyque.
Le débat politique, plus que jamais, pousse à la pensée unique. Celle qui définit, ce que l’on doit penser et ce que l’on peut dire.
Certes, c’est la gauche qui, dès les années soixante, a inventé cette philosophie. Mais la droite y a aussi succombé. Les lois dites mémorielles ne sont rien d’autre que l’expression politique de cette volonté d’imposer la manière de voir et de penser le passé. Or la vérité historique a besoin pour s’imposer, d’historiens. C’est-à-dire d’une remise en cause permanente des vérités établies.
La charge de Monsieur LETCHIMY, mardi dernier à l’Assemblée Nationale, contre la personne de Claude GUEANT, n’est pas seulement tapageuse. Elle est indécente et outrancière. Elle correspond d’abord à la volonté de museler la parole d’un adversaire politique. Mais tant les arguments présentés, les références à l’esclavage faites par l’orateur, que les justifications avancées par les responsables socialistes laissent à penser que le choix même de Monsieur LETCHIMY (homme de couleur) n’est pas fortuit. Il est clair en effet, que de tels propos tenus par Monsieur Jean-Marc AYRAULT Président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, n’eussent pas eu le même impact. En cela, il s’agit, ni plus ni moins d’une manipulation qui n’honore pas leurs auteurs, (ni le manipulé…)
Avant d’aller plus loin, rappelons d’abord la définition du mot civilisation donnée par « Le Larousse » :
  • État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres.
  • Ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et matérielle d’un pays ou d’une société : La civilisation des Incas.
Sur cette base, la simple lecture des propos incriminés, tenus par Claude GUEANT, montre qu’il s’agit bel et bien d’un procès d’intention.
 » Or, il y a des comportements, qui n’ont pas leur place dans notre pays, non pas parce qu’ils sont étrangers, mais parce que nous ne les jugeons pas conformes à notre vision du monde, à celle, en particulier de la dignité de la femme et de l’homme. Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique.
En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation. »
En toute bonne foi, on ne peut juger un homme que sur ce qu’il a dit. Pas sur ce que l’on croit qu’il voulait dire.
Or, il faut être d’une particulière mauvaise foi, pour trouver là-dedans des faits de racisme ou de xénophobie. Mieux encore, en tenant de tels propos, qui correspondent à la réalité du terrain, le « Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des collectivités territoriale et de l’immigration » est parfaitement dans son rôle.
Aux bonnes âmes gauchisantes, toujours prêtes à fustiger tout ce qui n’est pas leur vérité, je voudrais offrir deux citations.
La première émane d’André MALRAUX (que personne n’a jamais accusé de racisme) . Elle est extraite du discours qu’il prononça le 20 juin 1968 au Parc des Expositions :
« Les historiens des civilisations ont découvert que celles-ci se développent comme des plantes. Que l’histoire de l’humanité est une suite de naissances, de jeunesses, de vieillesses et de morts. Que notre civilisation s’élabore comme la civilisation antique ou la civilisation chinoise, et que toutes finissent avec les grandes cités cosmopolites, New York après Byzance et Byzance après Alexandrie ; finissent avec un empire qui couvre le monde connu, en lutte avec ses barbares et son prolétariat. Pour les historiens, nous sommes à la fin de la civilisation occidentale.
Mais ils n’ont pas encore eu le temps de voir – toutes les histoires de la civilisation ont été conçues avant la bombe atomique – qu’entre notre civilisation et celles qui l’ont précédée, il y a trois différences capitales : notre civilisation est la première qui se veuille héritière de toutes les autres : elle est la première qui ne se fonde pas sur une religion ; enfin, elle a inventé les machines. Nous ne sommes pas les Romains plus les machines, nous sommes des Romains transformés par les machines que nous avons inventées, et que les hommes n’avaient jamais inventées avant nous. Construire les pyramides ou les cathédrales, ce n’est ni construire les gratte-ciel ni gouverner l’atome. César se fût entretenu sans peine avec Napoléon, non avec le président Johnson. »
La seconde citation que je soumets à votre réflexion, est tirée d’un livre intitulé «  Vocation de l’Islam ». Il fut écrit par Malek Bennabi, penseur algérien, spécialiste des civilisations du monde musulman, né en 1905 et mort en 1973 :
« La plus grave parmi les paralysies, celle qui détermine dans une certaine mesure les deux autres (sociale et intellectuelle), c’est la paralysie morale. Son origine est connue : « L’islam est une religion parfaite. Voilà une vérité dont personne ne discute. Malheureusement il en découle dans la conscience post-almohadienne une autre proposition : « Nous sommes musulmans donc nous sommes parfaits ». Syllogisme funeste qui sape toute perfectibilité dans l’individu, en neutralisant en lui tout souci de perfectionnement. Jadis Omar ibn al-Khattab faisait régulièrement son examen de conscience et pleurait souvent sur ses « fautes ». Mais il y a longtemps que le monde musulman a cessé de s’inquiéter de possibles cas de conscience. On ne voit plus qui que ce soit s’émouvoir d’une erreur, d’une faute. Parmi les classes dirigeantes règne la plus grande quiétude morale. On ne voit aucun dirigeant faire son mea culpa. C’est ainsi que l’idéal islamique; idéal de vie et de mouvement a sombré dans l’orgueil et particulièrement dans la suffisance du dévot qui croit réaliser la perfection en faisant ses cinq prières quotidiennes sans essayer de s’amender ou de s’améliorer : il est irrémédiablement parfait, Parfait comme la mort et comme le néant. Tout le mécanisme psychologique du progrès de l’individu et de la société se trouve faussé par cette morne de satisfaction de soi. Des êtres immobiles dans leur médiocrité et dans leur perfectible imperfection deviennent ainsi l’élite d’une société morale d’une société où la vérité n’a enfanté qu’un nihilisme.»

Ces outrances qu'autorise l'idéologie antiraciste

L'idéologie antiraciste est une plaie pour la démocratie. Elle détourne les mots et les regards au profit de minorités protégées qui tentent de subvertir la République avec l'appui de faiseurs d'opinion somnolents. Dire d'une civilisation qu'elle n'est pas équivalente à une autre (blog de lundi) n'est pas faire une hiérarchie entre les races, comme le suggère le discours automatique. Le stupéfiant parallèle fait mardi à l'Assemblée par le député martiniquais Serge Letchimy (apparenté PS) entre "le régime nazi", les "camps de concentration" et l'éloge fait par Guéant de la civilisation européenne est l'illustration de cette angoissante bêtise qui assimile la défense de la liberté, de l'égalité et de la fraternité - ces valeurs rappelées par le ministre de l'Intérieur - à un plaidoyer pour Hitler et la Shoah . Le fait que François Hollande refuse de présenter les excuses du PS et que son lieutenant  Michel Sapin dise "comprendre parfaitement", ce mercredi matin sur RFI, l'outrance du parlementaire, rappelle combien la gauche est imprégnée de cet antiracisme qui ne dit rien, par exemple, des nouvelles formes de racisme et d'antisémitisme qui s'observent au sein de certaines communautés protégées : un fait que dénoncent, ce mercredi dans Libération, des "Français juifs et de gauche" qui demandent de raviver "les valeurs d'humanisme, de tolérance et de respect"....

La France saura-t-elle s'extraire de cette prison intellectuelle, qui met scandaleusement les opinions sous surveillance pénale (l'association Riposte Laïque étant la dernière victime en date) et interdit d'aborder les réalités qui dérangent? Le hasard de l'actualité veut que le Conseil de Paris a voté, mardi, l'attribution du nom d'Alexandre Soljenitsyne à une place Porte Maillot (XVI e), en dépit de l'opposition de certains élus de gauche qui veulent voir dans l'écrivain russe un antisémite pour l'un, un homophobe pour l'autre. Soljenitsyne a le mieux décrit, notamment dans L'archipel du Goulag, ce qu'est l'omniprésence du mensonge idéologique et de sa novlangue, mis au service d'une société totalitaire. L'intellectuel libéral, lecteur de Montesquieu et Tocqueville, explique que c'est par refus délibéré de la réalité que se construisent ces mondes faux et oppressifs, détachés des faits, des hommes et du sens commun. Or c'est ce mensonge que porte l'idéologie antiraciste, qui estime que l'Occident ne doit cesser d'expier ses fautes du XX è siècle. Mais ces tragédies ont justement été commises par d'autres idéologies totalitaires, contre lesquelles la civilisation européenne n'a su se prémunir.

Le patronat fait une rentrée offensive sur la fiscalité et la compétitivité

L'université d'été du Medef ouvre pour trois jours ce mercredi avec en point d'orgue en début d'après-midi une intervention très attendue du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le patronat espère renouer le dialogue avec le gouvernement sur le thème de la compétitivité alors que la croissance atone et la montée inexorable du chômage vont obliger François Hollande à sortir du bois.
Créé en octobre 1998 sur les décombres de feu le CNPF, dans une réaction violente du patronat face à la volonté de la majorité de gauche d'alors, la dernière qui ait gouverné la France avant l'élection de François Hollande, d'imposer les 35 heures par la loi, le Medef fait sa rentrée aujourd'hui avec sa traditionnelle université d'été sur un thème évocateur et en apparence fédérateur : "Intégrer" (lire aussi l'article sur le programme ici). Pendant deux jours et demi, comme toujours sur le campus d'Hec à Jouy-en-Josas, les participants vont assister à nombre de débats aux intitulés toujours très ... créatifs, comme « Par delà l'en dedans et l'en dehors », « Figures de l'exil » ou bien « Avec ou sans âme ».
Une dizaine de ministres présents
Ce sera aussi et surtout l'occasion, comme souvent, mais surtout cette année, la première rentrée depuis le retour de la gauche au pouvoir après dix ans d'absence, de prendre le pouls de la situation politique, économique et sociale de la France, et la température des relations, assez fraiches, entre le patronat et le gouvernement. Pas moins de dix ministres seront présents ; dont Jean-Marc Ayrault en vedette américaine pour l'ouverture, une première pour un Premier ministre, mais aussi Michel Sapin, ministre du travail, Pierre Moscovici, celui de l'économie et des finances et même, en dernière minute, Arnaud Montebourg, le bouillant ministre en charge du redressement productif qui s'en était pris vivement en juillet à la famille Peugeot et qui interviendra vendredi en clôture.
La crise change la donne
Cette université d'été n'aura rien à voir avec l'ambiance de pugilat des premières années du Medef, lorsqu'Ernest-Antoine Seillière, son premier président élu, avait mené un rude combat contre Lionel Jospin (pourtant son ancien condisciple de l'Ena) et surtout contre les lois Aubry sur la réduction du temps de travail. Le patronat était alors en guerre ouverte contre le gouvernement, même si en réalité, la plupart des entreprises, surtout les plus grandes, négociaient en coulisses des accords de flexibilisation de l'emploi et des allégements de charges sociales en échange du passage aux 35 heures. Ce n'était pas il y a si longtemps et pourtant, le contraste avec cette période est saisissant. A l'époque, les patrons avaient un ami au gouvernement, en la personne de Dominique Strauss-Kahn. Le brillant ministre de l'économie, des finances et de l'industrie concentrait à lui seul dans un grand Bercy toutes les responsabilités aujourd'hui confiés à quatre ministres du gouvernement Ayrault : Pierre Moscovici (Economie et Finances), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Jérôme Cahuzac (Budget), Nicole Bricq (Commerce extérieur). A l'époque aussi, malgré les apparents désaccords idéologiques entre le patronat et la gauche, les belles performances de l'économie française, compétitive face à l'Allemagne, en excédent commercial et dopée par une croissance mondiale euphorique, arrondissaient les angles. Le patronat avait même accepté sans trop de mauvaise grâce un doublement de la surtaxation de l'impôt sur les sociétés décidé par le gouvernement Juppé pour permettre la qualification de la France pour l'euro.
En cette rentrée 2012, le paysage est radicalement différent. Entamant la dernière année de son deuxième (et selon les statuts actuels dernier) mandat, Laurence Parisot, la présidente du Medef, est dans une toute autre position que son prédécesseur de 1998 qui affichait ouvertement sa volonté de ferrailler avec Lionel Jospin, n'hésitant à pas à le faire huer lors d'assemblées générales à l'ambiance de meeting politique. Pour la présidente du Medef, qui a accordé hier un long entretien au « Monde », il est beaucoup plus difficile de trouver aujourd'hui une prise face à l'insaisissable François Hollande qui pour l'instant gère prudemment l'économie et habilement la situation politique : pas de combat idéologique comme celui des 35 heures à se mettre sous la dent, mais en revanche un climat de crise économique et sociale dans lequel le patronat est contraint de négocier, pied à pied, des avancées sur son grand sujet, celui de la compétitivité. Et donc à ne pas rompre le dialogue social dont Laurence Parisot s'est fait la championne.
C'est que la situation s'est complètement inversée par rapport à il y a quatorze ans : la France a perdu du terrain sur les marchés extérieurs, les entreprises notamment les plus grandes ont délocalisé à tout va pour tenter de conserver leurs marges dans la mondialisation. Et la croissance surtout, a disparu et ne semble pas prêt de revenir de sitôt, dans un environnement très inquiétant quant à l'avenir de la zone euro. La stagnation de l'activité depuis presque un an et l'effondrement des marges des entreprises françaises est la principale source d'inquiétude de la présidente du Medef qui attend de la venue d'une dizaine de ministres lors de l'université d'été un discours plus offensif et plus rassurant de la part du gouvernement.
Le patronat mal aimé
C'est que depuis la campagne électorale, le patronat a le sentiment d'être le mal aimé, le bouc émissaire de la crise, et craint de voir le fossé avec l'opinion se creuser alors que les plans de restructuration se multiplient depuis le printemps dans tous les secteurs : l'automobile, l'aérien, la sidérurgie, mais aussi la banque, les télécoms et désormais la grande distribution avec Carrefour. Alors que la gauche de la gauche pousse François Hollande à choisir une voie beaucoup plus radicale en légiférant sur les licenciements et les cessions d'usines, le Medef est dans une position délicate et attend du gouvernement des signes d'apaisement face à ce que beaucoup de patrons qualifient de climat anti-business. L'alourdissement de l'ISF, sans plafonnement, la taxation des hauts revenus supérieurs à 1 million d'euros à 75%, qui vise directement les chefs d'entreprise alimentent un vent de révolte au sein d'une frange du patronat qui voudrait bien en découdre avec le gouvernement, menace de quitter la France avec leurs comité exécutifs voire de délocaliser les sièges sociaux.
Encourager plutôt que décourager
C'est la raison pour laquelle Laurence Parisot a haussé le ton à la veille de l'Université d'été, mettant le gouvernement en garde contre ses projets fiscaux. Elle attend du gouvernement qu'il soit « dans l'ouverture plutôt que dans la défiance, dans l'attention plutôt que la suspicion, encourageant plutôt que décourageant ». Les mots qui seront prononcés par le Premier ministre ce mercredi seront scrutés à la loupe. En juillet, lors de la conférence sociale, le Medef avait failli claquer la porte parce que sous la pression de la CGT, Jean-Marc Ayrault n'avait pas voulu associer la flexibilité pour l'employeur à la négociation prévue sur la sécurisation de l'emploi à partir de cet automne et pour laquelle le gouvernement doit adresser aux partenaires sociaux un document d'orientation à la mi-septembre. Laurence Parisot attend un tout autre discours et prévient que le Medef ne participera à la négociation qu'à la condition que ses préoccupations soient entendues sur la question sensible des accords compétitivité-emploi. Ceux-ci ont selon Laurence Parisot permis à l'industrie automobile de surmonter la crise de 2008 mieux que cela n'a été le cas en France. Les derniers chiffres du chômage, catastrophiques, viennent plutôt renforcer la position du Medef alors que le gouvernement ne peut compter sur les seuls emplois aidés et les emplois d'avenir pour résoudre le problème.
Cassus belli fiscal
Mais le principal casus belli entre le patronat et la gauche reste le dossier fiscal. Laurence Parisot, consciente qu'une lourde facture arrive avec le budget 2013, historique, demande au gouvernement de faire deux fois plus de baisses de dépenses que de hausses d'impôts. Elle dénonce aussi la volonté du gouvernement d'aligner la fiscalité du travail et du capital qui limiterait l'accès aux capitaux. La taxation à 75% promise par François Hollande ne devra selon elle pas s'appliquer sur les cessions d'entreprise ou de parts d'entreprise. Deuxième cheval de bataille, le projet de supprimer ou de plafonner la déductibilité des intérêts d'emprunts contractés lors d'une acquisition qui selon le Medef pourrait mettre un coup d'arrêt au développement des entreprises notamment les ETI par croissance externe, et semble donc contradictoire avec la volonté de favoriser un Mittelstandt d'entreprises moyennes comme en Allemagne. Enfin, la présidente du Medef s'oppose farouchement à toute intégration des biens professionnels dans l'assiette de l'impôt sur la fortune, comme on en prête l'intention au gouvernement, qui serait selon elle un « hara-kiri » de l'économie française.
Le retour de la CSG sociale
Au-delà de ces sujets techniques, le vrai combat du Medef est bien celui de la compétitivité. Laurence Parisot pense avoir gagné des points pour convaincre le gouvernement de prendre en compte la question du coût du travail même si les modalités d'une baisse des charges restent encore nébuleuses. En attendant les conclusions de la commission confié à Louis Gallois sans doute en octobre, le Medef réitère sa proposition d'un système à « double hélice » permettant à la fois de baisser les charges des entreprises et des salariés en échange d'une hausse légère et de la TVA et de la CSG, avec comme alternative à la TVA, rejetée par la gauche, l'appel à la fiscalité écologique. Cette idée qui s'apparente à la « CSG sociale » défendue par certains économistes proches du gouvernement, comme Elie Cohen, Gilbert Cette ou Philippe Aghion, semble faire son chemin puisque Jean-Marc Ayrault comme Pierre Moscovici ont récemment reconnu qu'elle était au menu des négociations entre partenaires sociaux avec ambition d'aboutir avant le printemps 2013.
Des gages de bonne volonté
Désireuse de négocier et consciente que la période ne se prête pas à une relation conflictuelle dure avec le gouvernement, Laurence Parisot joue donc une partie délicate. Il lui faut à la fois mener le combat notamment fiscal contre les projets les plus à gauche de François Hollande tout en lui donnant des gages de bonne volonté pour l'amener à sortir du bois et à avancer sur les chantiers de réformes structurelles pour lesquels le Medef se bat depuis de longues années. La situation économique et budgétaire très difficile et la crise de l'euro pourrait obliger les deux parties à trouver un terrain d'entente. Ce n'est ni un flirt, ni une lune de miel, mais sans doute la conscience de part et d'autre que les enjeux pour le pays et l'ampleur des difficultés encore à venir plaident pour que chacun fasse un pas dans la direction de l'autre. En acceptant par exemple, ce qu'il avait refusé en juillet provoquant la colère des syndicats, un alignement des régimes complémentaires sur le décret permettant à certains salariés ayant commencé à travailler tôt de partir à 60 ans, le Medef a fait une partie du chemin. Les patrons escompte que ce geste aura pour contrepartie une plus grande écoute du gouvernement à ses inquiétudes sur la fiscalité et la compétitivité.

L’autre campagne 


Il y a loin d’une campagne électorale à un fauteuil présidentiel. La droite l’a appris à ses dépens au printemps. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l’élection du président de l’UMP prend un tour si tarabiscoté, quelque part entre Audiard et John Le Carré.
C’est à qui, des deux grands rivaux, mènera campagne sans passer pour fauteur de dissension, tout en mouchant l’autre, sans en avoir l’air. Plus encore que par détestation cordiale, ce duel entre Jean-François Copé et François Fillon se joue sur la trace politique d’un homme resté cher aux sympathisants : Nicolas Sarkozy. D’où les stratégies byzantines de deux candidats précieux à la droite, mais servant leurs ambitions propres.
D’un côté, Copé mise sur la fidélité à Sarkozy, tout en soulignant qu’il n’en a pas été, lui, le portefaix. De l’autre côté, Fillon se distingue du profil de l’ex-président, tout en revendiquant un vrai bilan à ses côtés. Cette campagne prend dès lors des allures de règlement successoral. Risqué, tant cela peut laisser des traces dans les familles, fussent-elles idéologiques.
Au moins l’UMP peut-elle espérer l’auréole démocratique qu’avait gagnée le parti socialiste dans l’expérimentation des primaires. A priori, la nouvelle majorité de gauche ne paraît pas pressée de redonner dans la consultation militante. Prévue bientôt, la nomination de son futur chef se fera à l’ancienne, sur adoubement par la première secrétaire sortante. Au PS, il ne s’agirait pas d’asseoir des vocations pour la présidentielle de 2017.

L'État, une espèce menacée ! 

Notre société internationale se compose en principe d'États. De là à conclure que ceux-ci sont le cadre naturel d'organisation de la vie sociale, il n'y a qu'un pas... qu'il serait imprudent de franchir ! L'État est une espèce beaucoup plus menacée qu'on ne le croit !
Cette fragilité est évidente dans plusieurs pays d'Afrique et du Proche-Orient qui, à l'image de l'Afghanistan, demeurent des mosaïques d'ethnies et de tribus peu disposées à remettre leurs pouvoirs à une instance lointaine. L'État n'est qu'un lieu de transaction entre chefs tribaux afin de répartir au mieux les ressources qu'il renferme.
Le cas extrême reste, cependant, la Somalie éclatée en trois entités : l'une qui maintient un semblant d'État, l'autre qui impose les rigueurs de la loi islamique, la troisième qui sert de base arrière... aux actes de piraterie. Ce sont ces situations qui ont conduit l'Onu à inventer un nouveau concept : celui « d'État défaillant » !
L'exemple de la Grèce montre que le continent européen n'est pas épargné. Là, ce n'est point le morcellement ethnique, mais le clientélisme politique et la corruption administrative qui entraînent la décomposition de l'État.
L'histoire de l'Occident nous rappelle, en effet, que l'État est une invention originale. Il a fallu l'action des rois pour construire une armée, une justice ainsi qu'une administration dégagées de la tutelle seigneuriale, et, condition décisive, un premier embryon de fiscalité afin de collecter l'impôt et de financer le nouvel ensemble. Or, ce sont ces fonctions que nous appelons encore « régaliennes » que la Grèce n'assume plus et que les émissaires de l'Union européenne, dépêchés au chevet du malade, ont pour mission principale de « réapprendre » à leurs dirigeants.
Il y a d'ailleurs là un plaisant paradoxe. Concernant la construction européenne, il nous invite à dépasser la fausse alternative du « fédéralisme » et du « souverainisme ». L'exemple grec démontre que l'Union européenne a besoin de s'appuyer sur des États en mesure de fonctionner. En même temps, on ne saurait donner tort à l'Allemagne : l'extrême fragilité des États méditerranéens plaide en faveur d'un renforcement des pouvoirs de l'Union.
Plus d'intégration dans le domaine des politiques économiques, fiscales et surtout budgétaires : voilà sans doute le prix à payer pour maintenir à flot des États qui n'ont plus les moyens de résister seuls à la concurrence ravageuse des pays émergents. La survie des États-nations réside étrangement dans plus de fédéralisme !

Baisse des prix des carburants: ce que Moscovici n'a pas dit

Contrairement à ce qu'a annoncé Pierre Moscovici, les prix du carburants ne vont pas baisser d'ici 24 heures. La baisse atteindra rarement 6 centimes et certaines stations-service ne toucheront pas à leurs prix. La seule chose claire dans ce dossier, c'est le message du ministre. Derrière, toutes les modalités restent très floues, voire en trompe l'oeil. « Une baisse allant jusqu'à 6 centimes, partagée entre l'Etat et les distributeurs, d'une durée de trois mois, mise en place d'ici 24 heures » : l'annonce de Pierre Moscovi ce mardi midi à Bercy était simple. Trop simple ?
D'abord la date de mise en œuvre. « Il est impossible d'appliquer ces changements demain, le plus tôt serait après demain. En fait, nous nous engageons sur le 1er septembre, au plus tard », affirme un pétrolier. Les distributeurs veulent s'aligner sur l'application de la baisse des taxes par l'Etat, sans savoir sous quel délai elle va avoir lieu. Total a finalement précisé mardi en fin de journée qu'il allait appliquer cette mesure dès mercredi. A vérifier.
Même baisse pour le diesel et l'essence ?
Outre le délai, Bercy n'a pas précisé non plus les modalités de cette baisse des taxes. Sera-t-elle du même niveau (3 centimes) pour le gasoil et l'essence ? Le gasoil, qui représente 80% des ventes de carburants, est taxé actuellement à hauteur de 47% tandis que les prélèvements pèsent 55% du prix du SP 95. On peut se demander si la baisse sera la même en valeur absolue sur les différents carburants.
L'Etat verra son "effort" compensé
Ce ne sera pas non plus un véritable « effort » de l'Etat. Si l'Etat diminue uniquement la taxe fixe (TICPE) - ce qui reste le scenario le plus probable, en cas de poursuite de l'envolée du brut, l'Etat va continuer à encaisser des recettes supplémentaires provenant de la « TVA sur le produit ». C'est-à-dire 19,6% de chaque centime d'augmentation du carburant hors taxes. Dans cette hypothèse de poursuite de la hausse du brut, le coût de la mesure sera donc inférieur aux 300 millions d'euros annoncés par Pierre Moscovi. Cette somme doit de toute façon être « compensée par un redéploiement budgétaire», a précisé le ministre.
Une  baisse le plus souvent inférieure à 6 centimes
La baisse de 6 centimes sera, finalement, rare. La plupart des distributeurs se sont en effet engagés à moins. 2 centimes pour Total qui compte 2.000 stations-service (3 centimes sur les autoroutes, où les prix sont largement supérieurs de toute façon), « 1 à 3 centimes » pour Leclerc et Système U, sans autre précision, et en ne s'engageant que pour septembre.
Quant aux stations détenues par des indépendants, elles ne baisseront certainement pas leurs prix, ou très peu. "Si nos fournisseurs nous appliquent des baisses nous les appliqueront, pour le reste, sur nos propres marges, il est hors de question qu'on les baisse car elles sont déjà très faibles", a prévenu Christian Roux, président de la Branche nationale des propriétaires-exploitants de stations-service au sein du Conseil national des professions automobiles.
En fait, faute de pouvoir imposer une baisse aux distributeurs, Bercy compte sur le jeu du marché et de la concurrence. Très sensible aux prix pratiqués dans leur zone de chalandise, les distributeurs s'aligneront sur leurs concurrents, si leurs ventes fléchissent. C'est la position implicite d'Esso. « Ne regardons pas les écarts mais les prix », lance un porte-parole de l'enseigne qui refuse de donner une fourchette de baisse prévue. « Nous sommes précurseurs depuis 1999 sur les prix bas avec nos stations automatiques Esso Express. Nous allons continuer à proposer les prix parmi les moins chers du marché ». ajoute-t-il. C'est aussi ce qu'affirme Shell pour ses 80 stations service d'autoroutes, sans autre précision.
Un coût inférieur pour Total qui renonce d'abord à ses bénéfices
Quel effort pour les distributeurs ? Ils clament ne gagner que 1 centime par litre mais s'engagent à baisser les prix de 2 à 3 centimes. Comment ? En vendant à perte ? La grande distribution vend le plus souvent le carburant sans prendre de marge nette, le considérant comme un produit d'appel pour ses grandes surfaces. Elle va, avec cette mesure, perdre de l'argent. Mais ce n'est pas pour autant de la vente à perte, illégale. « Nous allons vendre à prix coûtant c'est-à-dire sans couvrir nos charges de salaires et de structures. C'est effectivement une perte pour nous mais pas ce qu'on appelle juridiquement une vente à perte car nous ne vendrons pas en dessous de notre prix d'achat», explique un représentant d'une enseigne. Leclerc a chiffré à 20 millions d'euros le coût de cette mesure sur un mois pour son réseau.
Les compagnies pétrolières, comme Total, ont des charges d'exploitation souvent plus importantes que la grande distribution et empochent, elles, bel et bien 1 à 1,5 centime net par litre. Elles vont, avec cette mesure, perdre de 1 à 0,5 centime par litre. « En fait, 0,33 centimes par litre après le mécanisme de compensation des impôts », affirme un expert. Pour une enseigne comme Total, qui revendique une part de marché de 16%, la perte sera comprise entre 5 et 10 millions d'euros pour trois mois.

Pour plus de renseignements cliquez ici.

Un député allemand déclare qu'en cas de sortie de la Grèce de la zone euro, les conséquences pourraient dépasser le domaine économique

Le 28 août, Michael Meister, vice-président du groupe parlementaire CDA (Christian Democratic Appeal) à l'assemblée fédérale allemande, a déclaré que les risques et les conséquences dépasseraient le domaine économique si la Grèce quittait la zone euro. La géopolitique du Sud-est de l'Europe serait « influencée négativement », a-t-il dit.
Selon Michael Meister, la Grèce, située dans la péninsule des Balkans, a contribué à l'intégration européenne par son entrée dans l'UE et dans la zone euro. Du point de vue stratégique en terme de géopolitique européenne, il est préférable que la Grèce reste dans l'UE et la zone euro afin de maintenir une certaine stabilité dans le Sud-est de l'Europe.
Lors de sa visite en France et en Allemagne la semaine dernière, le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a demandé plus de temps à la communauté internationale et à la zone euro pour achever ses coupes budgétaires. La presse allemande a d'ailleurs exprimé son mécontentement.

Notes 

M. Peillon, qui fut philosophe avant que d’être ministre de l’Education, propose une solution originale contre l’échec scolaire : ne plus infliger de mauvaises notes aux élèves. Car les petits Français, toujours sous la menace d’un zéro d’infamie, seraient les plus malheureux au monde – à part les petits Japonais. M. Peillon a raison. Les enseignants seront donc interdits de noter en-dessous de 10 sur 20. L’appréciation « Elève dissipé » deviendra « Elève très éveillé ». Et l’éternel et si décourageant « Peut mieux faire » se transformera en « Peut encore mieux faire ». Suggérons aussi le retour des bons points, mais réservés aux cancres – et pourquoi pas des bons d’essence pour leurs parents… Redonnons ainsi le moral aux bambins, et à toute la Nation. Tout sera alors pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme le souhaitait jadis un philosophe – qui ne fut pas ministre.

Demi-mesures gouvernementales 


La gauche vient de revenir au pouvoir, et on voit mal les syndicats mettre en grande difficulté, dès le début de mandat, une majorité qu’ils appelaient plutôt de leurs vœux. Et qui, pour l’instant du moins, n’a pas pris de mesures pouvant heurter les grandes confédérations.
Dans une période où les difficultés s’accumulent pour le gouvernement, voici au moins une raison pour lui de ne pas trop s’inquiéter. Même si la météo sociale est rarement prévisible, on peut imaginer que la rentrée ne sera pas vraiment chaude, au sens où on l’entend habituellement, avec de grandes manifestations à la clef.
Cela ne signifie pas, bien au contraire, que les relations avec les syndicats vont rester sereines. Eux aussi commencent à trépigner alors que la France est en train de franchir la barre des 3 millions de chômeurs après quatorze mois de hausse consécutive.
Pour essayer d’endiguer cette vague toujours montante, une promesse phare de la campagne présidentielle trouve un début de concrétisation, puisque les « emplois d’avenir » sont présentés ce matin en conseil des ministres. Devant une telle dégradation du marché du travail, cette mesure destinée aux jeunes peu qualifiés est lancée au bon moment. Cette population est particulièrement fragile et il est logique de leur venir en aide – c’est même un devoir de solidarité. En 2013, 100 000 d’entre eux pourraient bénéficier de ces contrats, subventionnés aux trois-quarts par l’État pour une durée de 1 à 3 ans.
Mais malgré leur nom plein d’optimisme, ces emplois d’avenir ne résoudront ni les difficultés globales des sans-diplômes ou des trop faiblement diplômés – qui sont quelque 800 000 dans notre pays – ni celles de l’économie française. Et comme leur « ancêtre », les « emplois jeunes » de 1997, ils seront contestés pour leur efficacité à long terme et leur coût.
Vu l’impact sur les finances publiques, le dispositif a d’ailleurs été revu à la baisse, puisque le triple de contrats était initialement prévu. Comme pour les prix de l’essence – 6 centimes de moins, c’est appréciable, mais loin du blocage des prix promis pendant la campagne – le gouvernement devient celui de la « demi-mesure » permanente. Inconfortable chemin sur lequel les embûches peuvent venir de partout, puisque personne ne peut être vraiment satisfait.

Le coup de pompe des effets d'annonce


C'est le genre d'annonce qu'on attend de décrypter avant de savoir si, vraiment, c'est une bonne nouvelle. Les prix des carburants - fuel compris, évidemment - pèsent de manière parfois dramatique dans la baisse de pouvoir d'achat des Français, surtout les plus pauvres. Les records atteints au prix à la pompe comme dans les bénéfices des compagnies pétrolières sont indécents. Cette énergie a beau être la plus polluante, c'est surtout la plus indispensable à la vie quotidienne après l'électricité. Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances, a-t-il cédé à l'effet d'annonce, hier ? Il faut croire. Car on aura du mal à retrouver les six centimes « maximum », et ce ne sera sans doute pas « maintenant », soit ce mercredi, que la baisse sera répercutée. De plus, la hausse de ces derniers mois est telle que la somme de 6 centimes par litre semble un gag de mauvais goût, même si la plaisanterie peut coûter trois cents millions d'euros à l'État. Concrètement, économiser 3 ¤ par plein (maximum), ou 12 ¤ par mois, en roulant beaucoup, ça ne fait bondir de joie personne. C'est de toute façon une mesure « en attendant de trouver mieux » et qui arrive bien tard : François Hollande avait, pendant la campagne, annoncé un gel des prix pendant trois mois, le temps de remettre la fiscalité à plat. Pas étonnant que les cours se soient envolés par anticipation ! Une réaction des marchés qui prouve encore une fois que la finance détient la clé des changements. 
Et qu'il faut peut-être voir un peu plus loin que le bout de sa pompe à essence. 
Dès maintenant.

Hollande est en chute, ce n'est qu'un début

Le chef de l'État dévisse de 11 points, selon le baromètre Ipsos-"Le Point". Et selon Hervé Gattegno, sur RMC, cela ne va pas s'arranger.
La cote de popularité du chef de l'État s'effondre dans le baromètre Ipsos-Le Point de cette semaine. François Hollande perd 11 points : 44 % de bonnes opinions (47 % de mauvaises). C'est un déclin particulièrement rapide, après moins de quatre mois au pouvoir. Et vous n'êtes pas optimiste pour la suite. Votre parti pris : Hollande est en chute, ce n'est qu'un début. Vous en êtes sûr ?

La prévision politique n'est pas une science exacte, mais tous les signaux sont cohérents. D'abord, notons que ce n'est pas sa personne ni son style qui sont désavoués, mais sa politique - sans quoi Jean-Marc Ayrault ne serait pas entraîné dans la chute (- 9). Ensuite, on sait d'expérience que la cote des gouvernants, dans toutes les démocraties, est indexée sur les résultats de l'économie : plus le chômage augmente, plus la croissance ralentit, plus les déficits se creusent, moins les citoyens font confiance à ceux qui sont aux commandes. Vu les derniers chiffres du chômage et de la croissance, François Hollande a du souci à se faire. On peut dire qu'il est sur la mauvaise pente.
Vous voulez dire que François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont victimes de la crise ?
De la crise économique, mais aussi - surtout ? - de la crise de confiance qui touche les politiques. De ce point de vue, on peut dire que François Hollande récolte ce qu'il a semé : la confusion. Sa campagne a été parsemée d'artifices et de faux-fuyants. À présent, le brouillard se dissipe et le paysage est plutôt morne. L'opinion de gauche trouve ses mesures sociales insuffisantes et les expulsions de Roms injustes. Et l'opinion de droite lui reprochera toujours d'alourdir la dépense publique au lieu de faire des économies. C'est une quadrature du cercle. Il faudrait plus que de la rondeur pour la briser.
Mais Angela Merkel et Barack Obama aussi sont impopulaires. Est-ce que tous les dirigeants des grandes démocraties ne sont pas condamnés à déplaire ?
C'est leur destin en temps de crise. Mais la déception est à la mesure de l'attente. Nicolas Sarkozy a provoqué un rejet quand son hyperactivité et sa surexposition sont apparues décalées avec des performances somme toute modestes. En 1995, Jacques Chirac avait dévissé dans les sondages, parce que sa politique était à l'opposé de sa campagne sur la "fracture sociale". La dégringolade de François Hollande s'explique surtout par le spectacle de son inaction - ou même, plus grave, de son incapacité à agir. Il n'a pas bloqué le prix de l'essence. Il n'a pas réformé les banques. Il n'a pas fait plier Mme Merkel. Plus personne ne croit qu'il soit "l'ennemi de la finance". Il le paie.
Est-ce qu'il faut lui reprocher de gouverner d'une façon "raisonnable" ?
Choisir la raison face aux contraintes, c'est le bon sens. Le problème, c'est d'avoir fait croire qu'il aurait raison des contraintes... L'équation de François Hollande, c'est qu'il rassure ceux qui n'ont pas voté pour lui, sans les convaincre ; et qu'il déçoit ceux qu'il avait convaincus, sans les rassurer. Arithmétiquement, ça l'expose forcément à une perte de confiance. D'autant que son électorat est a priori celui qui subit le plus durement la crise et qu'il n'a pas les moyens de les aider beaucoup. François Hollande n'a pas connu d'état de grâce ; une nouvelle dégradation de l'économie peut (déjà) lui donner le coup de grâce. Il lui resterait alors quatre ans pour attendre un miracle. Et nous avec.

Culture française : "Aurélie Filippetti m'inquiète"

Journaliste américain, Donald Morrison a publié, en 2008, un essai fracassant intitulé « Que reste-t-il de la culture française ?». Quel bilan fait-il quatre ans plus tard et que pense-t-il d'Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la culture ? Entretien choc.
Journaliste américain, Donald Morrison a publié, en 2008, un essai fracassant intitulé « Que reste-t-il de la culture française ?». Nombrilisme, perfusion financière, refus de voir les fonds privés soutenir la création, il confirme la marginalisation de la culture française et redoute que le grand retour des socialistes n’assombrisse encore le tableau…
-- Vous avez publié un essai désacralisant le rôle de la culture française voici quatre ans. Quel bilan dressez-vous aujourd’hui ?

En 2008, j’ai écrit que la culture française n’occupe plus le rôle majeur qu’elle a notamment joué durant le XIXe siècle et la première partie du XXe. Aujourd’hui, je ne constate pas de changement majeur même si le fait que votre culture doive gagner en audience planétaire est certainement mieux compris que par le passé.
-- Que pensez-vous de la nouvelle équipe qui vient d’entrer au ministère de la Culture ?
Il est trop tôt pour juger mais votre nouveau ministre de la Culture m’inquiète. Avant d’être nommée à la direction de la rue de Valois, Aurélie Filippetti s’est déclarée allergique aux partenariats entre le public et le privé en matière de culture. Elle a, par exemple, dit que voir le nom d’une société privée en façade lors d’une manifestation culturelle la chagrinait.
Quelle erreur ! L’Europe connaît une crise budgétaire sans précédent et pour sauver sa culture, elle doit au contraire multiplier les partenariats, encourager le mécénat, comme cela se fait partout ailleurs !
-- La culture française vous semble-t-elle trop subventionnée ?
Beaucoup trop ! Vous êtes les recordmen du monde. Aux États-Unis, les subventions publiques représentent une fraction minuscule des sommes allouées à la culture contre une majorité en France où l’on considère, toutes tendances politiques confondues, qu’elles doivent représenter environ 1% du PIB.
Le système français fait vivre 11 000 fonctionnaires et l’État nomme les directeurs de théâtres, d’orchestres, de certains médias audiovisuels, etc. Ce n’est pas son rôle !
L’erreur est de considérer que la culture est un service public. La France devrait faire pour la culture ce qu’elle a fait pour ses universités : lui donner plus d’autonomie, favoriser sa décentralisation.

-- Vous séjournez en Europe depuis longtemps. Quels sont les systèmes de financement de la culture qui vous semblent intéressants à suivre sur le Vieux Continent ?
Le système en vigueur au Royaume-Uni présente des avantages. Les Britanniques ont notamment mis au point un système de loterie performant qui leur permet d’injecter des dizaines de millions de livres dans la culture, sans que cela coûte un sou aux contribuables. Une partie des sommes non redistribuées aux parieurs est affectée à la filière culturelle.
Au final, les fonds d’origine privée et ceux fournis par l’État s’équilibrent à environ 50/50.
Le même système est utilisé par certains États américains, où l’on peut aussi acheter, très cher, des plaques d’immatriculation spécifiques dont le produit est réservé à la culture. Ailleurs en Europe, comme en Allemagne, en Italie, en Espagne ou en Suisse, la baisse des subsides publics est compensée par la recherche systématique de partenariats avec le privé. C’est la bonne solution.
À cette aune, la France et sa culture d’État sont le pire modèle possible.
-- Le déclin de la culture française vous semble-t-il réversible ?
La France cumule plusieurs handicaps : le français n’est plus une langue globale et Paris n’est plus une place de référence pour le marché de l’art.
Ce rôle lui a été ravi par Londres, New York et, de plus en plus, par des villes asiatiques comme Pékin, Shanghai, etc. De plus, la culture française est nombriliste. Elle abonde en œuvres, notamment pour le cinéma ou la littérature, qui n’intéressent personne en dehors de l’hexagone et très peu de monde à l’intérieur.
Pour gagner en reconnaissance globale, les artistes français doivent se frotter au reste du monde et non plus se calfeutrer chez eux, abrités par la ligne Maginot des subsides publics (N'est ce pas Pierre Arditi ?). Comme cela a, par exemple, été le cas après la Première Guerre mondiale ou après la Seconde, la France aurait avantage à accueillir des artistes étrangers pour accroître son rayonnement. Si elle ne le fait pas, elle perdra à tout jamais sa culture de première classe



20 questions-réponses pour comprendre 
la crise de la dette

Fonds européen de stabilité, eurobonds, union bancaire… Après une vingtaine de sommets et bientôt cinq plans 
de sauvetage, il est toujours aussi difficile d’y voir clair 
dans la crise. Tour d’horizon en 20 questions clés. 1. Pourquoi l’Europe est-elle aussi endettée ?
En partie par la faute de ceux-là mêmes qui le lui font payer aujourd’hui durement : les marchés financiers. C’est en effet pour pallier les effets de la crise des subprimes – provoquée par les folles dérives des établissements financiers – que les Etats européens ont lourdement creusé leurs déficits ces dernières années. Personne ne le conteste, injecter des centaines de milliards d’euros d’argent public dans le circuit économique était le seul moyen d’éviter que le continent entier ne sombre dans une grande -dépression. Ces plans de relance massifs, alors que les recettes fiscales avaient tendance à diminuer du fait de la récession, ont d’ailleurs été efficaces. Dès 2010, la plupart des pays européens renouaient avec la croissance, et leurs systèmes bancaires s’en sont tirés sans trop de dommages. Mais l’endettement des Etats a franchi un nouveau cap. Et les plans d’austérité qui ont suivi ont achevé le travail en cassant la croissance, provoquant de ce fait une hausse des déficits publics et donc de la dette. Entre 2007 et 2012, celle de la France a ainsi bondi de 60 à 90% du PIB, et celle de l’Italie, de 104 à 120%. Mais ne nous voilons pas la face. Si la plupart des Etats européens croulent aujourd’hui sous les dettes, c’est aussi qu’ils ont laissé filer leurs dépenses pendant des décennies pour conserver leurs systèmes -sociaux généreux et leurs administrations pléthoriques. On leur en passe aujour-d’hui l’addition.
2. Pourquoi les pays du Sud ont-ils été subitement pris à la gorge ?
Ce n’est pas leur dette proprement dite qui leur a posé problème – tous, y compris la Grèce, étaient assez solides pour l’honorer dans des conditions normales – mais l’explosion des taux d’intérêt (jusqu’à 26% pour la Grèce !) exigés à partir de 2010 par les marchés pour leur avancer de l’argent. Pour l’Italie, par exemple, un seul petit point de hausse représente une facture annuelle de 10 milliards. Les pays concernés sont donc prisonniers d’une absurde spirale infernale : l’envolée des taux accroît leurs difficultés, ce qui affole encore plus les prêteurs et provoque de nouvelles hausses de taux. C’est exactement ce qui se passe en ce moment pour l’Espagne et l’Italie. En somme, il suffirait que la confiance revienne sur les marchés pour régler le problème, en partie du moins. On n’en prend malheureusement pas le chemin.
3. La Grèce et l’Espagne méritent-elles 
leur sort ?
A priori, ces deux pays sont tout aussi fautifs l’un que l’autre : tous les deux ont abusé de la forte baisse des taux d’intérêt consécutive à leur entrée dans la zone euro, en empruntant sans frein. Mais la comparaison s’arrête là. En Espagne, le boom du crédit a certes alimenté une bulle immobilière – c’est précisément son éclatement qui est à l’origine de ses problèmes bancaires actuels – mais le pays a profité de sa forte croissance pour assainir ses comptes publics. En dépit de son emballement récent, sa dette reste d’ailleurs aujourd’hui nettement inférieure à celle de la France (72% contre 90% du PIB). La Grèce est autrement coupable. Non seulement elle a falsifié ses comptes pour intégrer le club de l’euro en 2001, mais elle a laissé filer ses dépenses publiques. «Ce pays n’aurait jamais dû intégrer la zone euro», résume l’économiste Patrick Artus, de Natixis. Reste que les investisseurs européens ont aussi leur part de responsabilité dans cette dérive : s’ils n’avaient pas accepté de prêter pendant des années à des taux très faibles au pays des olives, Athènes n’en serait certainement pas là.
 4. Les attaques spéculatives contre l’Italie 
sont-elles justifiées ?
C'est la plus grande injustice du moment. Après avoir baissé fin 2011 avec l’arrivée de Mario Monti au pouvoir, les taux d’intérêt sur la dette italienne ont de nouveau flambé ces derniers mois. Ils frôlent aujourd’hui les 6%. Echaudés par la déroute de la Grèce, et plus récemment de l’Espagne et de Chypre, les marchés financiers recommencent en effet à paniquer. Il est vrai que le pays s’enlise dans la récession et que le taux d’endettement reste très élevé (122% du PIB, contre 72% seulement en Espagne). Mais Rome a entrepris de courageuses réformes de fond – -notamment de son système de re-
traite – pour assainir ses finances et est parvenu à ramener son déficit public dans des zones tout à fait acceptables, autour de 2% cette année. Hors intérêt de la dette, le pays dégage d’ailleurs un excédent public de 1%. Surtout, l’Italie conserve une économie solide, forte d’un tissu industriel dense et compétitif : elle abrite 240.000 entreprises exportatrices, soit autant que l’Allemagne, et trois fois plus que la France ! On est loin de la situation grecque…
5. Pourquoi les taux français restent-ils faibles ?
On peut dire que nous avons de la chance. Il y a près d’un an, beaucoup d’analystes prédisaient le pire à la France. Or, contre toute attente, les marchés continuent de la traiter avec une douceur exceptionnelle. Bien que sa dette atteigne des niveaux considérables (90% du PIB), et que son déficit courant reste préoccupant (4,5% du PIB cette année si tout va bien), ils acceptent toujours de lui prêter des milliards à des taux historiquement faibles (2% fin août pour les emprunts à dix ans, contre près de 6% pour l’Italie). Pour les analystes, ils s’agit d’un simple effet d’aubaine : l’incertitude est telle en Europe que les investisseurs voient aujourd’hui Paris comme un placement très sûr. Pourvu que ça dure… L’Allemagne, elle, regarde tout ça de haut : fin mai, elle a tranquillement placé ses obligations à deux ans à un taux nul – autrement dit négatif compte tenu de l’inflation.
6. A qui profitent les taux exorbitants payés 
par les pays du Sud ?
Si l’Espagne et l’Italie se saignent pour emprunter de quoi boucler leurs fins de mois, l’argent n’est pas perdu pour tout le monde. Tant que ces pays ne font pas défaut – et il y a tout lieu de penser qu’ils n’en viendront pas à cette éventualité – les prêteurs se mettent du 6% net dans la poche, un taux à faire rêver n’importe quel petit épargnant. Les banquiers et les assureurs du Vieux Continent ne se privent pas pour en profiter. D’autant que, pour les aider à assainir leurs comptes, la Banque centrale européenne a gentiment prêté ces dernières années aux établissements bancaires 1.000 milliards d’euros de liquidités au taux imbattable de 1%. La plupart d’entre eux en ont profité pour acheter quantité d’obligations souveraines. D’après Georges Ugeux, le P-DG de Galileo Global Advisors, le jackpot réalisé par les banques italiennes, qui ont massivement acquis de la dette de leur pays, s’élèverait ainsi à… 10 milliards d’euros. Par contre, les investisseurs privés qui avaient prêté ces dernières années à la Grèce ont fait une bien mauvaise opération. La restructuration de la dette du pays, imposée par le FMI et les Etats européens, leur a fait perdre plus de 100 milliards d’euros. On ne gagne pas à tous les coups.
7. La crise risque-t-elle 
de faire chavirer les banques françaises ? Certes, d’autres établissements étrangers ont subi le même sort. N’empêche, la dégradation de BNP Paribas, du Crédit agricole et de la Société générale par l’agence Moody’s il y a quelques semaines a ravivé les craintes du public. Notre système bancaire pourrait-il être un jour ébranlé comme celui de l’Espagne ? Selon les dernières estimations, les établissements tricolores détiennent une trentaine de milliards d’euros d’obligations italiennes et une trentaine d’autres sur l’Espagne. Quant au Crédit agricole, il est lié à la Grèce via sa filiale Emporiki (qu’il cherche à vendre). Mais nos banques ne sont pas près de s’effondrer pour autant. D’abord elles n’ont pas eu à subir de plein fouet l’éclatement d’une bulle immobilière, comme leurs homologues espagnoles. Selon les spécialistes, leurs créances douteuses dans la pierre ne représenteraient pas plus de 1% de leurs crédits, contre plus de 8% en Espagne. Ensuite, elles se sont en grande partie débarrassées des titres les plus risqués et ont passé -plusieurs milliards de provisions ces dernières années. Si l’on excepte la franco-belge Dexia, qui a perdu plus de 20 milliards d’euros depuis le début de la crise, toutes affichent des niveaux de solvabilité et de liquidité confortables. «Nos banques sont parmi les plus solides d’Europe», rassure Dominique Plihon, professeur à l’université Paris-XIII. Sauf scénario catastrophe – bien improbable – de défauts espagnol et italien, leur clientèle n’a 
pas de souci à se faire.
8. Qu’ont fait les pays européens pour aider leurs voisins en difficulté ?
Dix-neuf sommets ! Depuis le début de la crise de la dette, il y a près de quatre ans, les Etats membres de l’Union se sont réunis pratiquement tous les deux mois pour tenter d’éteindre l’incendie européen. Principal résultat de ces rencontres ? La création d’un Mécanisme européen de stabilité financière (le MESF) et d’un fonds de sauvetage européen (le FESF), dotés d’une capacité d’emprunt respective de 60 et 440 milliards d’euros. C’est grâce à leur intervention que l’Irlande, la Grèce et le Portugal ont pu éviter la faillite. Et ils devraient revenir d’ici peu à la rescousse de l’Espagne et de Chypre. Mais ne nous y trompons pas, les sommes versées ne sont pas données, mais seulement prêtées à des taux préférentiels. «Pour le moment, l’Union européenne n’a pas perdu d’argent», observe l’économiste -Patrick Artus. L’Europe n’a cependant pas consenti ces «largesses» les yeux fermés : en échange, elle a imposé aux pays en difficulté des politiques d’austérité drastiques. Et exigé d’avoir un droit de regard dans la gestion des comptes publics. Comme rien n’est simple en Europe, ces instances temporaires seront remplacées cet été par une vraie institution intergouvernementale, le Mécanisme européen de stabilité (MES), auquel les Etats devront verser un capital de 80 milliards sur cinq ans (16 milliards pour la France).
9. Comment les contrôles sont-ils organisés ?
Pour vérifier la mise en place des politiques d’austérité, la Commission européenne, le FMI et la BCE ont créé la fameuse «troïka». Trois équipes techniques (une vingtaine de personnes au total) ont ainsi été dépêchées en Grèce, pour «aider» le gouvernement à élaborer ses réformes et à refondre sa législation fiscale. C’est en fonction des rapports rendus par ces experts que l’aide est débloquée… ou pas. Le Portugal et l’Irlande ont dû passer sous les mêmes fourches Caudines. Et l’on n’est qu’au début du processus, car la future «union bancaire» prévoit de renforcer cette ingérence.
10. Les Européens -imposent-ils trop de -rigueur aux pays aidés ?
Tous les économistes le répètent depuis des mois : en imposant des cures d’austérité massives comme ils le font en ce moment sous la pression des Allemands, les Européens courent à leur propre perte. Entre la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne et bientôt la France, ce sont au total près de 150 milliards d’économie qui ont en effet été planifiés depuis le début de la crise, dont quasiment la moitié pour la seule Espagne. Or plus d’austérité signifie moins d’activité, donc moins de recettes fiscales, et… plus de dette ! C’est une évidence en Grèce mais aussi en Italie : cette potion n’a fait qu’aggraver la situation. D’où l’idée de redonner un peu d’oxygène au Vieux Continent avec un plan de relance.
11. L’action de la BCE 
a-t-elle été bénéfique ?
Cette institution a joué un rôle clé dans la crise. Comme la Fed aux Etats-Unis, elle a d’abord réduit ses taux d’intérêt, de 4,25 à 0,75%, afin de booster l’activité. Ensuite, on l’a dit, elle a prêté aux établissements bancaires près de 1 000 milliards d’eu-ros à des taux ultrafaibles (1%) pour leur permettre de -reconstituer leurs fonds propres laminés par la crise des subprimes. Enfin, pour faire baisser la pression sur les taux, elle a racheté aux investisseurs qui les avaient souscrites des obligations de pays en difficulté. Près de 190 milliards d’euros ont été engagés de la sorte. L’ennui, c’est que ces mesures sont arrivées tard. Quand la BCE a commencé à racheter des obligations souveraines, la Fed américaine le faisait depuis un an. Ensuite, elle s’est montrée particulièrement pingre : elle a dépensé cinq fois moins que son homologue d’outre-Atlantique ! Surtout, contrairement à ce qui s’est passé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ses achats -publics de titres n’ont pas été monétisés dans la zone euro, par crainte de l’inflation. Cela signifie qu’un montant de liquidités égal au coût de rachat a été retiré du circuit. Or «c’est grâce à l’injection massive de liquidités par leurs Banques centrales que les Etats-Unis et l’Angleterre ont pu éviter une crise de la dette», assure -Romain Rancière, professeur à l’Ecole d’économie de Paris.
12. Les mesures annoncées en juin marquent-elles une réelle avancée ?
A première vue, oui. D’abord parce qu’après des mois d’austérité érigée en quasi-dogme au sein de l’Union, les Etats membres se sont enfin mis d’accord sur un plan de relance de 120 milliards d’euros. Ensuite et surtout parce que l’Italie et l’Espagne ont fini par arracher des mesures qui devraient les soulager financièrement. A commencer par la recapitalisation des banques, qui pourra désormais se faire sans passer par les Etats. Enfin parce que les dirigeants européens se sont entendus pour élargir les possibilités de rachat de dette souveraine sur le marché secondaire (titres déjà émis et souscrits). Jusqu’à présent, seule la BCE pouvait le faire, et encore, dans des conditions extrêmement strictes. Désormais, le Fonds de secours européen – le futur «Mécanisme européen de stabilité» – pourra aussi le faire. C’est une mesure essentielle, car elle devrait permettre d’atténuer la hausse des taux qui plombe les finances publiques espagnoles et italiennes. Mais pour que l’opération soit réellement efficace, il faudrait encore que le Fonds dispose d’assez de moyens, ce qui n’est pas le cas. Certains suggèrent de l’autoriser à emprunter à la BCE, comme les banques, mais pour le moment, les Allemands refusent.
13. Le plan de relance de 120 milliards sera-t-il suffisant pour booster la croissance ?
De prime abord, l’enveloppe du plan de relance annoncé lors du dernier sommet européen paraît plantureuse : elle équivaut à 1% du PIB européen. Mais ces 120 milliards d’euros intègrent 55 milliards de fonds qui étaient déjà sur la table. Et sur les 65 milliards restants, 50 correspondent à une simple capacité d’emprunt. Au total, d’après Natixis, les véritables nouveaux moyens injectés dans l’économie ne devraient pas dépasser… 15 milliards. C’est quatre fois moins que les économies annoncées par nos voisins espagnols et italiens ces derniers mois !
14. Qu’impliquerait -concrètement une union -politique en Europe ?
Les économistes sont unanimes  : sur le long terme, aucune union monétaire ne peut fonctionner sans union budgétaire et politique. Or la mise en place d’un tel système en Europe supposerait un immense bond en avant institutionnel. Il faudrait créer un véritable gouvernement européen, renforcer le pouvoir du Parlement, et sans doute élire un président de l’Union. Ce n’est pas demain la veille. D’abord parce que les Allemands et les Français s’opposent sur le calendrier pour y parvenir : les premiers en font un préalable à tout établissement d’une union budgétaire, les seconds pensent l’inverse… Mais surtout parce que, dans les faits, personne n’est prêt à céder du terrain sur le plan politique.
15. Combien les Européens peuvent-ils encore mettre sur la table ?
Contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, où le rachat d’obligations par la Banque centrale américaine donne des moyens infinis pour intervenir en cas de crise, les possibilités d’intervention de l’Europe sont très limitées. En mettant les choses au mieux, le Mécanisme européen de stabilité (MES) qui sera mis en place cet été disposera d’une capacité de prêt de 500 milliards d’euros, sur la base d’un capital de 80 milliards. Mais en cas d’urgence, seuls ces 80 milliards pourront être immédiatement mobilisés, le reste devant être emprunté sur les marchés. Au regard des besoins potentiels, c’est bien peu : à elle seule, l’Italie va devoir trouver 650 milliards d’ici à 2014 pour combler son ardoise, et l’Espagne 450 milliards, soit un total de… 1.100 milliards. D’où l’urgence de trouver une solution plus adaptée.
16. La sortie de la Grèce signifierait-elle 
la disparition de l’euro ?
La situation est tellement ubuesque en Grèce – l’argent prêté à Athènes sert à payer les intérêts de ses emprunts – que les experts tablent désormais presque tous sur un défaut du pays et un retour à la drachme. «La majorité des investisseurs a acté ce scénario», confirme Patrick Artus. Pour les Grecs, qui cesseraient alors de rembourser leurs dettes, ce serait un ballon d’oxygène à très court terme. Mais ensuite, le prix à payer serait très lourd. D’après UBS, leur PIB pourrait s’effondrer de moitié !
Les Européens y laisseraient aussi pas mal de plumes. Selon la banque DekaBank, le seul coût direct pour les créanciers d’Athènes pourrait atteindre 350 milliards d’euros, dont une cinquantaine pour la France. Le coût indirect – qui se traduirait notamment par une flambée générale des taux d’intérêt, et donc une envolée de la dette – pourrait être encore plus élevé. Quant à l’euro, difficile de dire avec certitude ce qu’il deviendrait. Mais la plupart des analystes estiment qu’il s’en sortirait sans trop de dégâts.
17. Le retour au franc serait-il une catastrophe ?
Un tel scénario – auquel la majorité des économistes ne croit pas, et que les entreprises n’ont pas anticipé – est très peu probable, mais ne peut être totalement exclu. C’est d’ailleurs bien dommage, car la perspective ne serait pas très rose pour nous. Notre «nouvelle» monnaie commencerait par se déprécier d’au moins 20% par rapport au Deutsche Mark et par s’apprécier par rapport à la peseta espagnole et à la lire italienne. Résultat : l’Hexagone gagnerait certes en compétitivité sur son concurrent d’outre-Rhin, mais il en perdrait beaucoup par rapport à ses voisins de l’Europe du Sud. Pas sûr donc que nos entreprises en sortiraient réellement gagnantes… De même, les prix des produits importés se mettraient immédiatement à grimper, notamment ceux du pétrole, ce qui relancerait mécaniquement l’inflation. Quant au financement de notre dette abyssale, il deviendrait plus que problématique. Privée du bouclier de l’euro, la France devrait en effet emprunter à des taux bien plus élevés qu’aujourd’hui sur les marchés. Du coup, d’après l’Institut Montaigne, notre -ardoise franchirait rapidement la barre des 100% du PIB !
18. Combien les Européens ont-ils dépensé pour aider les pays en difficulté ?
Pour le moment, les pays européens ont déboursé un peu plus de 300 milliards d’euros pour aider leurs voisins en difficulté. Mais il faudra bientôt y ajouter 60 milliards pour l’Espagne. 
La bonne nouvelle, c’est que ces sommes sont prêtées et non -données. La mauvaise, c’est qu’en cas de défaut de la Grèce une partie d’entre elles ne seront jamais remboursées. La France pourrait y laisser une trentaine de milliards.
19. L’Europe se dirige-t-elle 
vers une union bancaire ?
Certes, on est encore loin d’une union bancaire. Mais les mesures décidées fin juin au sommet de Bruxelles marquent une première avancée d’importance dans ce domaine. A l’avenir, le Fonds de sauvetage européen pourra en -effet recapitaliser directement les banques – sans passer par les Etats. Cela permettra à ces derniers de ne pas accroître leur endettement au passage, comme le demandait -l’Espagne. Mais en échange de cette -libéralité, les Allemands ont exigé et obtenu la mise en place d’un système de contrôle supranational des établissements financiers. Concrètement, les pays qui recourront au dispositif devront laisser la BCE et les fonctionnaires de Bruxelles ausculter à la loupe l’état de leur système bancaire et leur dicter des recommandations. «Ils pourront leur demander de fermer tel ou tel établissement, ou de réduire les coûts de tel autre», précise Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Cepii. Ce faisant, cette première fissure dans le lien étroit qui unit traditionnellement les Etats et leurs banques pose un réel problème de gouvernance. «Si l’on confère à la BCE un tel pouvoir dans ce domaine, il va aussi falloir lui demander de rendre des comptes devant les institutions -démocratiquement élues», prévient l’économiste Dominique Plihon.
20. Pourquoi l’Allemagne refuse-t-elle la création des eurobonds ?
Tant que je vivrai, il n’y aura pas d’euro-obligations !» La petite phrase lancée fin juin par Angela Merkel ne doit pas faire illusion : en réalité, les Allemands ne sont pas totalement hostiles aux eurobonds. Rappelons-en le principe : plutôt que d’affronter seuls les marchés, les pays de la zone euro lanceraient leurs emprunts en commun, ce qui leur permettrait d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux – autour de 3%, selon Natixis – que ceux aujour-d’hui imposés aux nations d’Europe du Sud. Les titres émis bénéficieraient en effet de la solidité de la signature de l’Allemagne. Pour les pays en difficulté, ce serait une énorme bouffée d’oxygène. Pour les Allemands, par contre, l’opération se solderait par un surcoût de plusieurs milliards d’euros par an, car ils empruntent aujourd’hui à 1,5%. Mais ce qui les -rebute vraiment, c’est qu’à leurs yeux ce système encouragerait les moins rigoureux sur la voie du laxisme. Voilà pourquoi Berlin exige, en préalable à toute avancée, qu’une autorité supranationale se voie confier un droit de regard sur la gestion des différents budgets nationaux. On n’en est pas encore là, mais cela pourrait finir par arriver.





Découvrons le « dialecte rose »

La gauche met en place de nouvelles façons de s’exprimer en France.

Apprêtez-vous donc à modifier votre langage, et n’oubliez pas que « Les mots façonnent les esprits, puis modifient la manière de penser »…!

  • Ne dites plus … « clandestin » mais « candidat à l’immigration » (Figaro)
  • Ne dites plus … « Gitans, rôdeurs, Monte en l’air », mais « gens du voyage » (Tous les médias)
  • Ne dites plus … « clandestin, immigré illégal, ni même sans-papiers », mais « privés de papiers » (La Dépêche)
  • Ne dites plus … « quartier à majorité immigrée » mais « quartier populaire » (Tous les médias)
  • Ne dites plus … « crimes, agressions, violences » mais « actes de délinquance », « incivilités », « bêtises » (Le Parisien) ou « faux-pas » (France 2), et plus récemment  « les inconduites » (CNRS)
  • Ne dites plus … « émeutes » ou « guerre des gangs » mais « incidents » (Partout)
  • Ne dites plus … « immigration » mais « mobilité européenne » (M. Frattini, commissaire européen)
  • Ne dites plus … « bandes » mais « identités de quartier » (LCI.fr)
  • Ne dites plus … « Des bandes d’étrangers » mais « Des jeunes qui se regroupent souvent sur des considérations ethniques »
  • Ne dites plus … « enfants d’immigrés » mais « enfants issus de familles d’éducations éloignées »
  • Ne dites plus … « attraper les voleurs » mais « lutter contre les délits d’appropriation » (Midi Libre)
  • Ne dites plus … « des vauriens font des graffitis » mais des « graffeurs habillent la ville de couleurs »
  • Ne dites plus … « un voyou notoire » mais « un individu défavorablement connu de la justice »
  • Ne dites plus … « mosquée » mais « centre culturel et religieux » (M. Valls)
  • Ne dites plus … « fusillade » mais « bagarre par balles » (TF1)
  • Ne dites plus … « invasion » mais « excès d’immigration » (M. Valls, notre Ministre de l’intérieur)
MAIS SURTOUT… Ne dites plus … :
  • « un Français attaché à son Pays, à sa Culture, à ses Traditions, Fier de son Drapeau et de l’Hymne National » mais dites « un Raciste » …
Bonne journée et bienvenue dans le nouveau monde en rose !

Le fait de la princesse ? 



Dimanche à La Rochelle, lors de son discours de clôture (voir Présent d’hier) Martine Aubry avait dressé une sorte de bilan auto-glorificateur de ses quatre années passées à la tête du PS, semblant indiquer qu’elle s’apprêtait bien à tourner la page. Impression renforcée par la déclaration du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault : « Martine part en laissant un bilan qui fera date dans notre histoire. » Mais la mâtine Martine avait, la veille, ajouté un petit codicille un peu passé inaperçu à son laïus apparemment destiné à prendre congé : « Si tout se passe bien je passerai la main. Mais j’ai encore un petit peu de travail pour m’assurer que le parti est sur de bons rails. » Des rails posés par ses soins et dont elle entend vérifier qu’ils ne seront pas déboulonnés par quelques saboteurs. Si tout se passe bien… Si non quoi ? Elle reste !
Vrai ou faux suspens ? En fait, selon un cacique du PS, Martine Aubry, qui aime souffler le chaud et le froid (cela l’amuse, paraît-il), ne veut pas « officialiser son départ trop tôt (…). Elle veut se laisser le choix de l’héritier qui sera connu au plus tard le 11 septembre à minuit, date de dépôt des motions pour le congrès ». C’est une spécificité typiquement socialiste. Explication : « Depuis la réforme des statuts votés par les militants en juillet 2010, le premier signataire de la motion arrivée en tête au congrès devient le patron du parti. » Une mesure loufoque relevant autant de la bureaucratie soviétique que de la commedia dell’arte. En effet : le texte « voulu par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry, soutenu par tout le gouvernement, étant assuré d’être ultra-majoritaire, c’est mécaniquement le premier signataire de celui-ci qui héritera de la rue de Solferino ». L’heureux élu sera donc celui à qui Martine Aubry daignera passer son stylo en premier.
Alors Harlem Désir ou Jean-Christophe Cambadélis ? (Voir Présent d’hier.) Le premier aurait la préférence de François Hollande. Mais, toujours selon le même connaisseur des arcanes du PS et des états d’âme de ses dirigeants, Martine Aubry nourrirait un petit grief contre Harlem Désir, bien que celui-ci ait été son numéro 2 durant quatre ans. Elle lui reprocherait de « ne pas l’avoir assez bien soutenue pendant les primaires, lorsqu’il assurait l’intérim à la tête du parti socialiste ». En somme, si la gauche a gagné en 2012 tout à la fois l’Elysée puis les législatives, et l’année précédente les sénatoriales, « c’est un peu, beaucoup même, grâce à Mme Aubry ». Mais si cette dernière a perdu assez largement les primaires socialistes, c’est la faute aux autres. La faute à ce premier secrétaire intérimaire inopérant qu’elle soupçonnait d’avoir une bienveillance coupable pour Hollande. La faute aussi à ces milliers d’électeurs de gauche qui n’ont pas voté pour elle… Tous des nazes !
Au bon plaisir de la reine mère
Si elle ne revient pas sur sa décision de partir (elle est assez coutumière des coups de théâtre), Martine Aubry entend donc décider seule du choix de son successeur. Ce bon plaisir agace plus d’un militant. Surtout parmi les jeunes, pas encore au fait de tous les us et coutumes de l’appareil socialiste. « On n’est pas en Angleterre où la reine choisit entre son fils et son petit-fils. » Ou encore, dans la même veine monarchique : « Maintenant, au Parti socialiste, on ne vote plus. On transmet. » Les socialistes seraient-ils devenus royalistes sans Ségolène ? Il y a même de plus méchantes langues qui comparent cette élection, – aux grands électeurs extrêmement réduits (on peut même parler d’une seule grande électrice) – au système de la Corée-du-Nord. Ce qui est évidemment très exagéré. Martine Aubry n’est pas Kim Jong… Tout au plus le coryphée socialiste du Nord de la France.
Cambadélis n’enthousiasme pas totalement non plus Mme Aubry. Mais elle préfère tout de même léguer son héritage à l’un de ces deux-là, plutôt qu’à des proches tellement honnis de François Hollande, comme Stéphane Le Foll et François Rebsamen, qui durant les primaires n’ont pas ménagé la mairesse de Lille. Celle-ci en a gardé quelques bleus à l’âme. Et une rancune tenace. « A la fin des fins, ce sera un adoubement par défaut. On aura celui que la sortante répugne le moins à voir lui succéder. » Le prochain premier secrétaire socialiste ne sera donc pas porté à la tête de son parti par une vague d’enthousiasme. C’est le moins qu’on puisse dire.
Des « amis » trop flagorneurs pour être honnêtes
Si tout se passe bien… Sinon, au moindre signe négatif, elle rempile. C’est la crainte qui tétanise l’entourage du président de la République. « Les hollandais historiques retiennent leur souffle en priant qu’elle partira bel et bien. » Dans cette perspective l’Elysée avait donné comme consigne, pour l’université d’été, de surtout rien faire, rien dire qui puisse heurter ou contrarier la « mère tape-dure ». C’est sous ce sobriquet irrespectueux que certains socialistes, lorsqu’ils sont entre eux, désignent la première secrétaire. D’autres, plus subtils, préférant celui de « la mère (ou l’amère ?) péremptoire ». Donc, même ceux qui, à l’instar de François Hollande, la détestent cordialement, ont été priés de manier l’encensoir sur son passage.
Ces thuriféraires obligés le font parfois avec une ironie grinçante « Je soutiens Martine dans tout ce qu’elle fait », ricanait dimanche à La Rochelle l’un d’eux. Surtout que, jusqu’au 11 septembre, « tout se passe bien », qu’elle fiche le camp comme prévu et du même coup nous fiche enfin la paix… Attention toutefois de ne pas vexer l’extrême susceptibilité de la dame du Nord par des flatteries trop flagorneuses, donc trop manifestement goguenardes. La toujours première secrétaire, qui n’aime pas du tout qu’on se paie sa fiole, serait capable de poser ses valises et de se réinstaller illico à Solferino pour la durée du quinquennat. Un cauchemar pas encore totalement dissipé pour le président de la République et son Premier ministre… Même s’ils essaient de l’exorciser de leur mieux. Ces deux-là danseront de joie, sans doute la gigue écossaise, le 12 au matin. Si tout se passe bien…
Et « Camba » dans tout ça ?
Le candidat Cambadélis compte lui sur ses réseaux d’anciens trotskistes et ses amis strauss-kahniens. Il proclame partout qu’il partage avec Martine Aubry une même « détestation de l’eau tiède ». Une expression qu’il devrait toutefois éviter de trop répéter en ce moment… Chaque fois que Martine Aubry évoquait avec rage et mépris « l’eau tiède », c’était pour y faire apparaître le visage « trop mou » de François Hollande… Aujourd’hui, à l’Elysée, la tiédeur est un plat qui se mange froid… Parfois mitonné aux petits oignons par Valérie Trierweiler. Alors Cambadélis ferait mieux de fermer son robinet.