Les avertissements sont de plus en plus nombreux et de plus en plus pressants : la France ne tiendra pas ses objectifs de croissance. Elle ne parviendra pas, en l’état, à réduire ses déficits ni à contenir sa dépense publique comme elle s’y était engagée.
Les mises en garde se multiplient, et pourtant, rien ne bouge. Certes, Manuel Valls affiche une détermination sans faille, et il faut lui rendre grâce de porter haut ce discours. Mais au-delà des mots et des postures, regard d’acier et menton bien droit, les actes manquent de l’ampleur nécessaire : Bruxelles, la Cour des Comptes, le Haut Conseil des Finances publiques, tous le disent. Et rien ne change. C’est le déni absolu.
Mais qu’attendent-ils, ceux qui prétendent réformer, pour admettre que les deux premières années de François Hollande ont planté le pays, et qu’il est vidé de ses forces comme aucun autre ne l’est en Europe ? Pour comprendre que les efforts actuels sont encore peu de choses au regard de ce qui serait nécessaire pour sortir la France de ces sables mouvants dans lesquels elle s’enfonce ? Pour avouer que la croissance n’atteindra certainement pas ce modeste 1 % auquel le pouvoir s’accroche contre toute évidence ? Et que le chômage continuera à augmenter… Qu’attendent-ils pour sortir du déni ?
Ces mensonges sont graves : ils installent l’opinion publique dans l’idée que la France est déjà au taquet de l’austérité, alors qu’elle ne fait qu’effleurer la rigueur. Ils éloignent tout espoir d’avoir des résultats, ce qui revient à saper toujours plus la confiance dans la politique et ceux qui l’incarnent. Enfin, ils laissent le champ libre à tous les zélateurs d’une « autre politique », celle du moindre effort. Celle qui nous ferait passer du déni à la supercherie.