Combien de temps faudra-t-il au peuple grec pour s’apercevoir de la supercherie ? En d’autres termes, combien de temps Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre grec, mettra-t-il à enterrer ses promesses ? Ces interrogations ne sont pas l’expression d’un cynisme arrogant, mais le simple résultat d’une observation clinique des faits. L’augmentation massive des salaires, la revalorisation brutale des retraites au niveau d’avant la crise, l’exonération d’impôts pour une frange importante de la population modeste, tout cela plus la restauration de très nombreux emplois de fonctionnaires aboutira rapidement à une impasse budgétaire. Quelque 12 milliards d’euros vont être distribués, dont les Grecs n’ont pas le premier centime en caisse… Dans le même temps, l’interdiction des licenciements économiques devrait provoquer une paralysie sociale dans un pays rongé par le chômage.
Au vu de toute cette prodigalité, on peut comprendre la liesse populaire qui a envahi le pays et les sourires triomphants de tous ceux qui, parmi nos hommes et femmes politiques français, rêvent à leur tour de voir la réalité économique se coucher devant la volonté politique : c’est tellement poétique. Cependant, entendre la ritournelle de la victoire de la démocratie contre l’argent ne fait plus rire personne. Les créanciers, déjà échaudés, manqueront de tolérance et plus encore d’humour. Ils rappelleront que, pas plus en Grèce qu’en France, on ne peut vivre durablement au-dessus de ses moyens. Ils souligneront que le pays en est là parce qu’il a maquillé ses comptes, triché sur les chiffres, joué avec ses engagements. C’est avant tout sa responsabilité, pas celle des autres pays, du FMI ou de la BCE qui, à la longue, pourraient se lasser de voir les Grecs recommencer à faire la fête avec l’argent de leurs voisins.