TOUT EST DIT

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jeudi 22 mars 2012

Mélenchon, le "fou furieux" et la haine

En déplacement jeudi à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), Jean-Luc Mélenchon a commenté à chaud la mort de Mohamed Merah. Mais, campagne oblige, il en a profité pour attaquer Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. 

Alors que l'assaut a été donné jeudi matin à Toulouse, à l'issue duquel Mohamed Merah a trouvé le mort, Jean-Luc Mélenchon se trouvait en plein milieu d'une des plus grandes gares de triages européens, à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne. Le déplacement avait pour thématique l'avenir du rail, mais le candidat, plus que jamais en campagne, ne pouvait faire l'impasse sur l'actualité. Jetant un coup d'œil toutes les deux minutes à son téléphone portable, il a réagi avant que les journalistes ne lui aient demandé : "Apparemment, il y a eu des policiers blessés. C'est terrible quand même."
Très vite, il reformule des propos qu'il avait déjà tenu la veille, quand il s'était déplacé à Bobigny (Seine-Saint-Denis) : "Il y a eu une très belle réaction du pays pour ne pas se laisser embarquer par un fou furieux", a-t-il déclaré, saluant tour à tour l'action des policiers et les discours des responsables religieux, le grand rabbin de France Gilles Bernheim et le président du Conseil français du culte musulman Mohammed Moussaoui en tête.

"Analyses de comptoir de bistrots"

Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé de mettre sa campagne en pause "pour un tueur", s'est toutefois refusé à une apologie de l'action du président de la République. Un détail notamment l'a rendu chafouin : le discours qu'a tenu Nicolas Sarkozy devant des enfants après la minute de silence nationale décrétée mardi. "Dire à des petits enfants que ça aurait pu leur arriver, ça a marqué les esprits", a ainsi expliqué le représentant du Front de gauche avant de développer : "Il faut les protéger (…) pour ne pas que la confusion soit dans leurs esprits."
Mais, sans surprise, Marine Le Pen est restée la principale cible de l'ancien socialiste. Selon lui, elle a manqué de "décence" en pointant le fait que Mohamed Merah aurait pu être interpellé plus tôt. "Comme d'habitude Madame Le Pen montre son manque total du sens du bien commun et de la décence, d'abord on doit dire le respect aux policiers et après on va regarder", a encore lancé Jean-Luc Mélenchon. "Peut être qu'il y a des failles", a-t-il fini par lâcher avant de nuancer : "Il ne faut pas se lancer dans les analyses et enquêtes de comptoir de bistrot."

Les usines plutôt que le halal

Au-delà de son manque de prudence, Marine Le Pen est coupable, aux yeux du Front de gauche, d'attiser "la haine" : "Le pari de Madame Le Pen, c'est de changer la campagne. Pour le moment, nous étions dans une campagne profondément engagée sur le terrain social (…) Un sujet sur lequel elle suffoque. Il lui faut donc revenir sur le terrain de la haine."
Une charge explicite qu'il réitère devant les ouvriers du rail, venus l'écouter jeudi dans la gare de triage du Val-de-Marne. "Nous sommes le rempart contre la haine", a-t-il ainsi lancé sur la petite estrade qui surplombait l'audience. Quelques minutes plus tôt et quelques kilomètres plus loin, lors d'une visite d'un poste d'aiguillage, il a eu ce commentaire autrement plus explicite : "On s'est tapé du halal pendant un mois, j'espère qu'on ne va pas parler de ce timbré pendant encore un mois." Jean-Luc Mélenchon semble avoir hâte de passer à autre chose, de parler usines et emploi, colère ouvrière et engagement militant. Il n'est pas sûr que Marine Le Pen partage le même objectif.

Néonazis et islamistes, nos cauchemars jumeaux

Les premiers suspects des tueries de Toulouse et de Montauban ont été trois anciens paras néo-nazis. Le massacre d’Utøya, lui, avait été dans un premier moment attribué au terrorisme islamiste. Les deux faces opposées de l’intolérance au multiculturalisme sont souvent très proches. 

C’est finalement un fou d’Allah qui a émergé de l’enfer de Toulouse. Non pas un parachutiste néo-nazi couvant dans les obscures entrailles de l’histoire de France, mais un soldat de cette intifada quotidienne qui se consume dans les banlieues françaises.
Une guérilla sourde qui prend de l’ampleur de Toulouse à Paris, dans ces "territoires perdus de la République", comme les a baptisés un célèbre pamphlet documenté dénonçant l’antisémitisme ordinaire qui règne dans les écoles de banlieue.
C’est ce mal obscur et particulièrement tenace en France qui réunit les deux pistes explorées par les enquêteurs et l’opinion en ces journées entachées par la folie meurtrière : trois jeunes militaires (d’origine maghrébine) tués de sang-froid, un autre gravement blessé et quatre autres personnes (trois enfants et un homme) poursuivies et abattues comme des bêtes au collège juif Ozar-Hatorah de Toulouse, la ville rose* qui héberge la tombe de Saint Thomas, le plus raisonnable des philosophes chrétiens.

Un autre coupable

On a d’abord pensé que le tueur pouvait être l’un des trois parachutistes radiés du 17e régiment de paras de Montauban en raison de leurs sympathies néonazies. Les journaux ont publié une photo des trois hommes faisant le salut hitlérien, enroulés dans un drapeau orné de la croix gammée.
Des jeunes fanatiques, français, blancs. Ils avaient la biographie-type de l’assassin, celui qui se venge des frères d’armes qui l’ont dénoncé, mais abat trois soldats d’origine maghrébine avant de s’en prendre à des juifs dans une école. Le prototype du militant lepéniste, ce qui ne veut pas dire que tous les électeurs de Jean-Marie Le Pen autrefois et de sa fille Marine [candidate de l’extrême droite à la présidentielle française] aujourd’hui sont des assassins en puissance.
La réalité nous aura désigné un autre coupable, ce Mohamed Merah, Français d’origine algérienne (un "immigré de deuxième génération", selon l’oxymore en usage) qui, à une heure du matin hier, a appelé le standard de la chaîne de télévision France 24 pour dévoiler les raisons d’une telle atrocité à la journaliste de service – Ebba Kalondo, une femme d’origine africaine (nous sommes dans une société multiethnique) à la voix douce et tranquille.
Mohamed Merah a dit être affilié à Al-Qaïda et a déclaré vouloir "venger nos petits frères et nos petites sœurs en Palestine", dénoncer la loi qui interdit le voile intégral pour les femmes musulmanes ainsi que la participation de l’armée française à la guerre en Afghanistan.
Comment est-il possible que deux scénarios aussi différents et même opposés aient pu être envisagés pour expliquer ces deux massacres ? La réponse est que l’un comme l’autre étaient également plausibles. Le terroriste islamiste comme le parachutiste néo-nazi appartiennent aux bas-fonds de la société, deux cauchemars opposés et qui pourtant cohabitent et ne se neutralisent pas l’un l’autre, mais au contraire se renforcent.

Le même court-circuit qu'à Oslo

Le court-circuit qui a été observé à Toulouse s’était déjà produit en juillet dernier à Oslo, lors du massacre perpétré par le fanatique Anders Behring Breivik : huit morts dans l’explosion d’une bombe, 69 morts par balles dans un camp de jeunes sociaux-démocrates.
La première hypothèse fut celle d’un acte perpétré par des terroristes islamistes contre de jeunes occidentaux. Or, le coupable était un Norvégien trentenaire aux cheveux blonds qui se définissait comme un fondamentaliste chrétien et pro-israélien, hostile au multiculturalisme, au marxisme et à l’islamisme. Il avait voulu frapper des jeunes socialistes qu’il tenait pour responsables d’une immigration musulmane massive.
Deux cauchemars différents, donc, mais complémentaires et compatibles au point que la politique a suspendu quelques heures durant une campagne présidentielle particulièrement acharnée. Par respect pour les victimes, certes, conformément à ce savoir-vivre qui en France est enseigné à l’école.
Mais aussi pour attendre d’avoir compris afin de ne pas commettre d’impair. Le ton est ferme, [le président Nicolas] Sarkozy a fait du thème de l’immigration et des étrangers son cheval de bataille pour contrer Marine Le Pen, au point que le Wall Street Journal l’a rebaptisé "Nicolas Le Pen".
Le président promet aux Français une France plus forte et plus fermée. Il n’a pas exclu de suspendre le traité de Schengen sur la libre circulation des personnes entre les pays de l’Union. Une perspective qui a fortement indisposé Angela Merkel, qui ne semble plus d’humeur à participer aux meetings électoraux de "Sarko" ainsi qu’elle l’avait promis.
Voilà le climat qui règne aujourd’hui dans cette France où Mohamed Merah, cellule dormante et solitaire d’Al-Qaïda depuis des années dans le quartier du Mirail de Toulouse, a décidé de passer à l’action. Cela aurait pu être un parachutiste néo-nazi. A la place, c’est le fantôme de Ben Laden. Ce qui n’a bien sûr rien de rassurant.


Combien coûte la mesure Sarkozy sur l'emploi des seniors ?

Avant la "pause" de la campagne, le président-candidat a multiplié les annonces non chiffrées dimanche dernier sur M6, dont une exonération permanente de charges pour l'emploi d'un senior au chômage, potentiellement très coûteuse. L'Institut de l'entreprise, qui évalue l'impact budgétaire des programmes des candidats, a évalué son coût annuel au bout de trois ans entre 500 et 900 millions d'euros pour 35.000 bénéficiaires.
"Je propose pour toute personne de plus de 55 ans actuellement au chômage qui serait embauché avec un CDI ou un CDD d'au moins six mois une exonération à 100%, permanente, de charges sociales",  a déclaré Nicolas Sarkozy, dans l'émission de M6 Capital le 18 mars. Cette exonération de la totalité des charges sociales pour toute embauche d'une personne de plus de 55 ans en CDI ou en contrat à durée déterminée de plus de six mois figurait déjà dans la loi de novembre 2010 sur la réforme des retraites. Mais elle était conçue comme provisoire et les décrets d'application n'ont en fait jamais été publiés. Cette nouvelle proposition vient donc confirmer et amplifier la mesure précédente, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte parole du président-candidat, ayant récemment précisé que l'exonération serait permanente et limitée au plafond de la Sécurité sociale, à savoir 36.372 euros brut.
Effet d'aubaine

Nicolas Sarkozy s'est évidemment bien gardé, comme d'ailleurs pour l'ensemble de son programme qui n'est toujours pas publié, de donner le coût budgétaire de cette mesure, ni son financement. Beaucoup d'économistes ont relevé que cette mesure aurait par définition un effet d'aubaine (la plupart des embauches auraient en effet eu lieu de toutes façons), rendant difficile l'évaluation de son impact et le nombre potentiel de bénéficiaires.
L'Institut de l'entreprise, qui, comme d'autres think tanks, s'emploie à chiffrer le plus précisément possibles les programmes des principaux candidats s'y est néanmoins essayé, en partant d'hypothèses les plus réalistes possible. Pour chiffrer l'impact budgétaire de cette mesure, on peut en effet s'appuyer sur celle  déjà inscrite dans la réforme des retraites et connue sous le nom d' « aide à l'embauche pour les seniors ». Le coût avancé à l'époque était de 50 millions d'euros pour 35.000 bénéficiaires, sachant que l'exonération était totale quand il s'agissait d'un SMIC et était ensuite réduite linéairement jusqu'à 1,6 SMIC. De plus, ce dispositif était limité à un an. "Dans le cas présent, Nicolas Sarkozy parle d'exonération à 100% dans la limite du plafond de la sécurité sociale, cette exonération étant supposée pérenne, ce qui implique un coût bien supérieur", note l'Institut de l'entreprise.
Deux variables
"L'évaluation de cette mesure repose sur deux variables", indique l'Institut. D'abord, le nombre de bénéficiaires : en hypothèse basse, on conserve le volume retenu dans le PLF 2011, soit un stock de 35.000 personnes. Dans la mesure où le stock total mettrait environ trois ans à se constituer (on considère que les seniors concernés ont 58 ans en moyenne, donc une durée dans le stock de quatre ans maximum, jusqu'à l'âge de départ à la retraite. Par ailleurs, il fait aussi tenir compte des CDD qui ramènent cette durée à la baisse) : on aurait donc en rythme de croisière : 3 x 35.000 = 105.000 bénéficiaires. Et deuxièmement, le montant des exonérations de charges sociales. la limite du plafond de la sécurité sociale, évoquée par la porte parole du candidat, n'est pas très explicite. Si l'exonération est totale jusqu'à un salaire brut de 36.372 euros par an (soit 3.031 euros par mois, donc environ 2,2 SMIC) elle pourrait représenter jusqu'à 1.200 euros par mois (40% de charges - après suppression des charges patronales à destination de la branche famille - sur la base de 3.000 euros bruts par mois). Pour une personne au SMIC, l'exonération serait de 200 euros en plus des allègements Fillon. On part ici du principe que la mesure s'adressant aux chômeurs, la plupart des salariés concernés seraient plutôt des salariés relativement proches du SMIC ; en conséquent, on retient une exonération moyenne comprise entre 400 à 700 euros par mois et par bénéficiaire.
Risques d'effets pervers

Sous ces hypothèses, le coût d'une telle mesure peut donc être évalué à un montant allant de 400 x 12 x 35.000 = 168 millions d'euros à 700 x 12 x 35.000 = 294 millions d'euros pour 35.000 bénéficiaires en stock la première année. Dans la mesure où le stock total mettrait environ 3 ans à se constituer on peut estimer le coût final en année pleine trois fois supérieur, soit, selon l'Institut de l'entreprise à une fourchette allant de 504 millions à 882 millions d'euros.
Un coût relativement élevé donc, lié à son caractère permanent, même si l'impact économique de cette mesure serait effectivement de réduire le taux de chômage des seniors, estime l'Institut de l'entreprise. En 2010, la part de chômage des 55-64 ans est de 2,8%, soit 221.564 chômeurs pour un taux de chômage de 6,7%. Le taux d'emploi des plus de 50 ans s'établissait quant à lui la même année à 53,9% contre 81,9% pour les 25-49 ans selon l'Insee. En revanche, il y a un "effet pervers inhérent à la mesure" : l'exonération étant permanente, il peut être tentant pour l'employeur - et neutre pour l'employé senior - de rompre le contrat en cours et d'en contracter un nouveau qui sera éligible à la mesure. "Cela peut être évité en prévoyant, comme c'est déjà le cas pour les dispositifs "zéro charge" destinés aux TPE, une condition de non-licenciement par le même employeur dans les années qui précèdent la conclusion du contrat".
Retrouvez l'ensemble des chiffrages de l'Institut de l'Entreprise sur le site Débat&co.

Germany's secret? The Protestant leisure ethic / Les Allemands ne sont plus accros au travail

De nombreux pays, parmi lesquels le Royaume-Uni, considèrent que les Allemands travaillent dur. Ce mythe appartient pourtant au passé, écrit le Guardian. 

Commençons par la bonne nouvelle : les Anglais ont peut-être enfin tourné la page de la guerre. Selon un sondage publié la semaine dernière,
les Britanniques associeraient de moins en moins les Allemands à de sinistres personnages marchant au pas de l'oie.
S’ils sont encore majoritairement sceptiques quant à l'avenir de l'Union européenne et au rôle de l'Allemagne en son sein, les Anglais semblent désormais avoir un certain faible pour la façon dont les Allemands dirigent leur pays : qu'il s'agisse des responsables politiques, des banques, des écoles ou des hôpitaux, le modèle allemand est généralement mieux perçu que son équivalent anglais.
A vrai dire, l'Allemagne est aujourd'hui le deuxième pays le plus admiré au Royaume-Uni, après la Suède et avant les Etats-Unis. Les Britanniques considèrent désormais les Allemands comme des "travailleurs zélés", ce qui est assez ironique quand on sait que c'est précisément cet acharnement au travail qui les rendait si détestables aux yeux de tous auparavant.

40 jours de repos par an contre 33 chez les Grecs

En 1906, le sociologue Max Scheler mettait en effet le sentiment d'antipathie général vis-à-vis des Allemands sur le compte de leur "pure joie pour le travail lui-même, sans but, sans raison, sans fin". Un autre sociologue, Max Weber, inventa même une formule – "l'éthique protestante du travail"- pour caractériser l'aura quasi religieux du travail dans ce pays.
Aujourd'hui l'Allemagne incarne plus que jamais cet idéal: à compter de ce dimanche, deux de ses plus hauts responsables seront issus de familles protestantes. Angela Merkel est fille d'un pasteur luthérien et le nouveau président de la république fédérale est lui-même pasteur.
Passons maintenant à la mauvaise nouvelle: il semble que les Britanniques se soient débarrassés d'une vision de l'Allemagne périmée depuis un demi-siècle pour la remplacer par un stéréotype encore plus ancien. Les Allemands ne travaillent pas plus que les Anglais. En fait, ils travaillent même de moins en moins.
D'après une étude de 2010 sur le nombre de congés en Europe, l'Allemagne serait en tête avec 40 jours de repos par an, contre seulement 33 chez ces "fainéants" de Grecs. A l'heure du travail flexible et des BlackBerry, il est certes difficile de tenir un décompte exact des heures de travail mais aucune étude récente sur le sujet ne place l'Allemagne avant le Royaume-Uni où les employés de bureau fournissent 43,6 heures de travail par semaine par rapport aux 40,3 heures de la moyenne européenne.
Ce que les médias britanniques n’ont pas soulevé, c'est que l'Allemagne a récemment ouvert un débat national sur le "syndrome du burnout", c'est-à-dire l'épuisement au travail.
Au cours des six dernières années, plusieurs personnalités politiques, responsables ou entraîneurs d'équipes de football ont en effet démissionné de leur poste pour cause de stress excessif. Le mois dernier lors de leur conférence annuelle, même les évêques catholiques du pays se sont plaints de leur trop plein de travail. On se demande ce qu'aurait dit Max Weber de tout cela.

Pourquoi les Anglais continuent-ils à trimer ?

Une récente étude indique que peu de psychiatres parviennent à définir précisément ce syndrome en termes médicaux mais cela n'en fait toutefois pas une névrose spécifiquement germanique. Cela signifie peut-être seulement que l'Allemagne préfigure ce que sera le travail dans ce 21e siècle caractérisé par le Wi-Fi .
Dans une Angleterre qui turbine, lorsque le directeur général de Lloyds, Antonio Horta-Osario, prend six semaines de repos pour épuisement, la presse se moque de sa "mystérieuse maladie".
Il serait néanmoins intéressant de se demander s'il existe vraiment un concept allemand du travail. Dans son histoire du sidérurgiste prussien et marchand d’armes Krupp, Harold James écrit que pour son fondateur, Alfred Krupp, le secret de l'éthique protestante du travail résidait peut-être moins dans l'accumulation des heures que dans le fait de donner du sens à son travail. "L'objectif de tout travail doit être le bien commun, affirmait l'industriel. Alors, le travail devient une bénédiction, une prière".
La récente décision du groupe Volkswagen de déconnecter les BlackBerry de ses employés en dehors du bureau est peut-être le signe que cet idéal vit toujours.
Se pourrait-il que l'amour des Anglais pour le zèle au travail des Allemands en dise plus sur les angoisses des Britanniques que sur la réussite allemande? Si les Allemands travaillent sans excès, en y prenant du plaisir et en parvenant toujours à rester la première puissance économique européenne, pourquoi les Anglais continuent-ils à trimer ainsi?

ARTICLE ORIGINAL 
The Germans have at last won over the British. But the workaholics Britain so admires belong to a distant past
First, the cheery news: the Brits may finally be getting over the war. A YouGov survey published last week hints that the British view of Germany is less and less defined by sinister men in jackboots. Britain may still be overwhelmingly sceptical about the EU and Germany's role in it, but Brits have developed a serious soft spot for the way Germans run their country – their politicians, banks, schools and hospitals all rated more highly than their British equivalents. In fact, Germany is the second most admired country in Britain, ahead of the US and behind only Sweden.
The stand-out adjective the British associate with Germany now is "hard-working": ironic, given that a furious work rate used to be the reason people couldn't stand the place. In 1906 the sociologist Max Scheler explained international antipathy towards his countrymen, with their "pure joy in work itself – without an aim, without reason, without an end". Around the same time, his colleague Max Weber coined the phrase "Protestant work ethic" to highlight the quasi-religious aura surrounding labour in his motherland. Germany now promises to embody that ideal more than ever: as of Sunday its two highest posts are held by people from Protestant households: Angela Merkel is the daughter of a Lutheran pastor; new president Joachim Gauck is a former pastor himself.
So here's the bad news: having ditched a view of Germany that is about 50 years past its sell-by date, Britain appears to have embraced an even older stereotype. Truth is, Germans don't work harder than Brits. If anything, they are increasingly working less.
In a 2010 EU report on holidays, Germany came out top, with 40 days a year – compared with 33 in "work-shy" Greece. In the age of flexible working patterns and ever-flashing BlackBerrys, exact working hours are notoriously hard to pin down, but in no recent survey does Germany come out ahead of Britain, where office workers put in 43.6 a week, while the EU average is 40.3.
Unnoticed by British media, Germany has recently gone through a national debate about Burnout-Syndrom, or work-related exhaustion. Over the past six years, leading politicians, chefs and football coaches have stepped down from their posts due to stress. At their annual conference last month even the country's Catholic bishops complained about work fatigue – you wonder what Weber would have made of it all.
A recent investigation revealed that few psychiatrists could actually define Burnout in medical terms, but that doesn't make it a case of German angst. It may just mean that Germany is more forward-looking when it comes to the meaning of work in the Wi-Fi-ed 21st century. In hamster-wheel Britain, when the Lloyds chief executive, Antonio Horta-Osario, took six weeks off with exhaustion, it was laughed off as a "mystery illness" in the press.
It might be worth considering if there is such a thing as a typical German idea of work after all. Harold James's new history of the Prussian steel- and arms-maker Krupp quotes the company's founder to suggest that the Protestant work ethic may be less about long hours in the office than making work meaningful: "The purpose of work should be the common good," said Alfred Krupp, "then work is a blessing, work is prayer." Volkswagen's recent decision to disable employees' BlackBerrys outside office hours may be a hint that that ideal is not quite dead.
Could it be that the new British love of "hard-working" Germany tells us more about British anxiety than German achievement? If the Germans work a moderate amount, have a good laugh along the way, and still manage to be Europe's most successful economy, why are people in Britain working so bloody hard?

La croisade du prédateur antijuif


Jusqu'alors il était dépeint comme un voisin « normal », on se perdait en conjectures sur son profil psychologique. Désormais, il porte un nom ; on cerne mieux sa personnalité, loin de l'image virtuelle du tueur à scooter. Il a mené sa sauvage expédition avec détermination, s'apprêtait à répéter ses gestes de démence criminelle, ne regrette rien. Mohamed Merah était guidé - aveuglé - par l'idéologie. Qu'il ait éventuellement filmé ses crimes accentue la cruauté dont un soldat d'Al-Qaïda, dont il se réclame, est capable. Son cheminement glace le sang : comment un jeune homme au passé de petit délinquant rejoint-il le djihad pour se sublimer dans la religion, défendre une cause haïssable, et comment devient-il un prédateur ? Eh bien, en fréquentant l'école de l'islamisme radical où l'on délivre une formation des plus tribale, trempe les cerveaux dans le bain du fanatisme, endoctrine, exploite la faiblesse humaine ! Cette tragédie montre que la nébuleuse terroriste demeure une menace permanente. Qu'il faut la combattre sans relâche. Il est vain à cette heure de disserter sur l'influence d'un tel drame sur le contexte politique. Deux symboles unissant la République ont été attaqués, trois enfants juifs et un rabbin assassinés, trois militaires d'origine antillaise et maghrébine exécutés, il convient surtout de dénoncer les discours de haine, repousser les guerres de religion, refuser les amalgames entre islam et fondamentalisme. Rien, pas même cette barbarie, ne doit remettre en cause les valeurs auxquels les Français sont attachés : tolérance, diversité, fermeté exemplaire envers les ennemis de la République.

Jusqu’ici… 


Jusqu’ici, le statut de sortant constituait un lourd handicap pour Nicolas Sarkozy, compte tenu d’un bilan en profond décalage avec les promesses de 2007. Jusqu’ici, c’est-à-dire jusqu’aux drames de Toulouse et Montauban.
Être président de la République en de telles circonstances confère une posture qu’aucun de ses adversaires ne peut lui disputer. C’est au chef de l’État qu’il appartient de s’exprimer au nom de la Nation tout entière, c’est lui qui prend connaissance en temps réel, avant tout autre responsable politique, de l’évolution de l’enquête ; qui a un poids, relatif mais substantiel, sur le cours des événements.
Fédérateur, protecteur, voix de la France et des Français, omniprésent sur les écrans, les ondes et dans la presse écrite. En surplomb par rapport à ses rivaux, même s’il fait mine d’être leur égal durant cette trêve tragique.
Quel contraste avec le Sarkozy candidat, qui cherche avant tout à rassembler son propre camp pour le premier tour de la présidentielle, désireux d’établir un clivage avec la gauche, quitte à empiéter sur les terrains de prédilection d’une droite extrême !
Les concurrents ont décidé ou accepté de suspendre la compétition électorale le temps de cette « tragédie nationale ». Mais l’arrêt sur image n’est qu’une illusion. La course, quoi qu’on en dise, ne s’est pas figée.
Le mouvement repartira bientôt et on ne peut pas prévoir quel impact ce drame aura eu sur les intentions de vote, même si tout porte à croire que la crédibilité personnelle de Nicolas Sarkozy y aura trouvé matière à renforcement. Au moins à court terme, car l’élection est encore loin, dans une époque où tout va vite, très vite. Où un jeune homme – attendons de connaître avec certitude son parcours et sa personnalité – a semé la mort. La peur a régné des jours durant ; des jours seulement, grâce à un travail policier qui a rapidement conduit jusqu’à ce tueur aveuglé par la haine. Le drame marquera notre Histoire, mais ne constituera peut-être qu’une parenthèse au milieu d’une campagne qui va reprendre son cours. Avec, parmi les candidats, un président dont le bilan n’aura pas radicalement changé. Tout reste ouvert pour les 22 avril et 6 mai, dates de la présidentielle. Jusque-là…

Surgi des ténèbres

 Dans le chœur de Saint-Louis des Invalides, une violoniste de la musique de l’armée de terre interprète le Concerto de l’adieu écrit par Georges Delerue pour Pierre Schoendoerffer et son film Diên Biên Phù. Sa famille, ses amis, le gouvernement, les chefs des armées retiennent leur émotion en cet ultime hommage au cinéaste des servitudes et grandeurs militaires.
À la même heure, à Toulouse, d’autres familles, effondrées, sous le choc, en larmes ; des fourgons noirs viennent d’emporter les corps de deux petits garçons et de leur père, et celui d’une petite fille, tous juifs, tous assassinés à la porte de leur école. On était le 19 mars 2012, jour de tragédie. Cinquante ans après un autre 19 mars, jour funeste.
En exergue de son roman le Crabe-Tambour, Pierre Schoendoerffer cite ces lignes de Joseph Conrad : « Bien entendu, vous pouvez être trop sot pour risquer de vous dévoyer, trop borné pour soupçonner même que vous êtes assailli par les puissances des ténèbres. » Le criminel de Toulouse et de Montauban a surgi de l’anonymat des ténèbres pour tuer au grand jour. Il a tiré à bout portant sur quatre parachutistes puis sur quatre enfants et un jeune rabbin. Il a tout calculé. Il n’a laissé aucune place au hasard. Tueur de sang-froid. Cruauté atroce.
Il a profité de la campagne électorale où les médias sont sur le pied de guerre pour commettre ses crimes : le 11, le 15, puis le 19, de quatre jours en quatre jours. Il a cherché le retentissement maximal dans l’opinion publique. Il a d’abord frappé un régiment du génie parachutiste, déjà meurtri en Afghanistan, puis il s’est posté à l’entrée d’une école juive et il a fait feu, à l’arme de poing. Il voulait que le retentissement de son crime fût mondial : il l’est. Il a agi dans une totale impunité, malgré le plan Vigipirate, les écoutes de portables, les caméras vidéo, les empreintes numériques. Pas de revendication, d’exigence, d’appel. Un tueur qui joue avec les nerfs d’une nation – et au-delà d’une nation, avec ceux du monde civilisé.
Le président de la République a choisi le recueillement, et, en suspendant sa campagne, il a suspendu celle de ses concurrents (sauf François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon). Chef de l’État, il a envoyé à Toulouse le ministre de l’Intérieur avec l’élite de ses enquêteurs. Le maillage informatique et policier va-t-il avoir raison du tueur sorti des ténè­bres ? C’est la seule chose qui compte.
Jusqu’à ce mercredi, journée d’obsèques et de prières, après le silence du respect, les candidats promettaient de s’abstenir d’élever la voix. Mais la tentation est grande, irrépressible même, d’aller chercher à ce crime des causes et des racines, pour pouvoir désigner des boucs émissaires politiques. Ils vont creuser dans la société malade, les fractures sociales, les anathèmes, la stigmatisation de tel ou tel, le mal-être et, pourquoi pas ? le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, au mois de juillet 2010, ou les déclarations de Claude Guéant sur les civilisations il y a quelques semaines. François Bayrou y a songé, dit-il. Peut-on profiter d’un tel crime pour faire taire son adversaire politique ? Cela ne mériterait que le mépris et l’indignation.
On aura tout le temps de se livrer à toutes sortes de commentaires sur le profil, les antécédents, les motifs du comportement de ce psychopathe. Mais au préalable, l’urgence c’est de l’arrêter, de l’empêcher de nuire à nouveau, comme tout criminel récidiviste. L’arrêter. Et par tous les moyens. Or, campagne électorale ou pas, il n’y a que deux responsables capables d’atteindre ce résultat en faisant travailler ensemble les enquêteurs de tous les services de police et de renseignement nuit et jour, et ces deux hommes sont le président de la République et le ministre de l’Intérieur. À eux le devoir et la charge.
En s’installant dans son bureau de l’Élysée, le premier jour de son quinquennat, Nicolas Sarkozy posa sur une tablette l’insigne du Raid, l’unité d’élite de la police. Le Raid, parce que ses hommes abattirent, le 15 mai 1993, le criminel “Human Bomb” qui avait investi une maternelle à Neuilly et pris des tout-petits en otages. Ce criminel-là, Nicolas Sarkozy, alors maire de la ville, l’avait eu en face de lui. Il l’avait regardé dans les yeux. Il s’était “construit” dans ce drame. « Pour moi, dira-t-il à Catherine Nay, cette prise d’otages a été un moment capital, décisif : j’ai appris ce qu’est la peur et comment la dominer. Surtout, j’ai ressenti le poids des responsabilités. » De tous ceux qui se présentent aujourd’hui aux Français, il est le seul à pouvoir le dire. Et les autres le savent.

Soulagement 

 La peur d’une nouvelle tuerie était immense. Les menaces planaient au hasard sur les soldats et les juifs. N’importe quel soldat, n’importe quel juif. Qui serait la prochaine victime ? Où ? L’assassin pouvait très bien changer de région. L’efficacité de l’enquête policière a heureusement fait baisser l’anxiété.
Mais sur le fond, rien n’est fini. Au délire haineux du jeune criminel il faut plus que jamais opposer la réaffirmation constante, imperturbable et absolue du principe de laïcité. Le citoyen prime sur le croyant ; la citoyenneté prime sur la profession. Toute discrimination fondée sur la ségrégation (religieuse, sexuelle, professionnelle, etc.) porte atteinte au socle républicain. C’est la laïcité qui permet à chacun d’être chez lui, de parler d’égal à égal au sein de la République ; elle est un sauf-conduit valable pour tous.
L’idéologie préalable à ces assassinats repose sur une vision communautariste de la société. Le soldat ou le juif sont niés dans leur personne, n’étant regardés que comme les représentants interchangeables d’une communauté exécrée. C’est sur de telles bases que prospèrent les exclusions porteuses de racisme.
L’unanimité des plus hauts responsables religieux est rassurante. Les délégués des juifs, des musulmans et des autres confessions s’emploient à calmer le jeu et à raisonner les excités. Leur sagesse est une preuve d’intelligence collective ; elle tourne le dos aux préjugés et montre que, parfois, notre époque est plus civilisée qu’on ne l’imagine. En d’autres siècles, le ressentiment aurait suffi à prêcher la division et la vengeance.
Casser l’engrenage de la détestation réciproque est redevenu prioritaire, ce qui souligne l’ampleur des failles qui peuvent nous engloutir collectivement. S’il y a une urgence en cette intense période électorale, elle est là. La politique, au sens noble du terme, a tout à y gagner.

Amalgame

  Le terrorisme, c’est terriblement simple. C’est un jeu macabre sur nos sentiments les plus humains, les plus primaires : la peur, la haine, avec l’espoir d’une victoire au bout du chaos. Le terrorisme, c’est une provocation à la haine par tous les moyens, et souvent par le massacre des siens. On l’a vécu pendant la guerre d’Algérie, des deux côtés. On l’a vérifié avec Al Qaida, qui au nom de son fanatisme islamique a tué cent fois plus de musulmans que d’autres croyants ou incroyants. C’est aujourd’hui la même folle logique avec Mohammed Merah, qui a d’abord tué des jeunes Français d’origine maghrébine, comme lui, avant d’assassiner des enfants juifs. Il s’est vanté aux policiers d’avoir à lui seul mis « la France à genoux ». Et il aura raison, si nous nous plions à sa logique primaire, si nous pratiquons l’amalgame terroriste de la peur et de la haine. Contre tous les Merah de la terre, restons debout, pensons debout.
Francis Brochet

Soupçon d'entente sur les prix des yaourts

L'Autorité de la concurrence, qui soupçonne une vaste entente dans l'industrie du lait, a ouvert une enquête et mené des perquisitions dans les locaux de huit groupes agroalimentaires, rapportent Les Echos jeudi 22 mars.
Les locaux de huit entreprises, non cotées en Bourse, dont Senoble, Novandie, Lactalis, 3A, les Maîtres Laitiers du Cotentin et Alsace Lait ont été perquisitionnés par les agents de l'Autorité de la concurrence, suite à la dénonciation d'un industriel du secteur, affirme le quotidien.
L'enquête qui porte sur les yaourts et fromages frais vendus sous marques de distributeur, durera au moins un an et risque de se solder par une amende pour les contrevenants, selon Les Echos.
"COLÈRE ET INCOMPRÉHENSION"
"Aucune des entreprises sollicitées par Les Echos n'a souhaité s'exprimer officiellement mais certaines ont exprimé leur colère et leur incompréhension, s'étonnant que l'Etat veuille récupérer de l'argent dans un secteur des MDD [marques de distributeurs] laitières qui en perd", indique le quotidien.
Selon le journal, les fabricants sont soupçonnés de s'être accordés pour ne pas répondre aux appels des enseignes de distribution leur demandant de fabriquer leurs yaourts sous marque de distributeur en raison du prix trop bas.
Récemment, l'Autorité de la concurrence a prononcé plusieurs sanctions à l'encontre de l'industrie agroalimentaire pour des ententes sur les prix. Les principaux producteurs de farine français et allemands ont ainsi été condamnés mi-mars à 242,4 millions d'euros d'amende et mardi les trois principaux fabricants de croquettes pour chiens et chats à 35,3 millions d'euros. Enfin, début mars, l'Autorité de la concurrence a condamné les producteurs d'endives à verser collectivement 3,6 millions d'euros.

Copé invite Hollande à «garder la dignité qui convient»

Le secrétaire général de l'UMP accuse les socialistes, les Verts et Bayrou d'«instrumentaliser» le drame de Toulouse.


- Assiste-t-on à un tournant de la campagne? Jean-François COPÉ.- La campagne n'est pas le sujet. Ce drame renforce notre totale détermination à continuer à lutter par tous les moyens contre la menace terroriste, mais aussi contre toutes les formes de fondamentalisme et d'intégrisme dont, malheureusement, certains au PS et chez les Verts ont si souvent nié la dangerosité.
Nient-ils ce danger par naïveté ou par électoralisme?
Tout le monde reconnaît aujourd'hui que le fondamentalisme est un danger pour la République. Pourquoi le PS et les Verts, jusqu'à récemment, nous ont-ils si souvent reproché de mener le combat contre ceux qui instrumentalisent la religion pour justifier des actes injustifiables?
Que répondez-vous à François Hollande, qui invite «ceux qui ont des responsabilités à maîtriser leur vocabulaire»?
Face à ce drame, j'invite François Hollande et ses alliés Verts à garder la dignité qui convient. Je constate qu'ils poursuivent inlassablement leur campagne sur le chemin de l'ambiguïté permanente. Dans le domaine de la laïcité, ils sont incompréhensibles. Ils ont refusé de voter notre loi d'interdiction de la burqa. En revanche, ils ont stigmatisé le débat - ô combien majeur - que j'ai animé à l'UMP et qui visait à distinguer le libre exercice des cultes, dans le respect des lois de la Répu­blique, et ce qui relève de pratiques intégristes qu'il faut combattre sans re­lâche.
Le thème de la sécurité va-t-il revenir au cœur du débat présidentiel?
La sécurité a toujours été au cœur de ce débat. Il n'y a qu'à Paris qu'on fait semblant de ne pas voir que c'est un souci majeur. Ou au PS, parce que face à un Nicolas Sarkozy pleinement crédible sur son bilan et sur ses propositions, François Hollande n'a jamais fait de la sécurité une priorité de son projet. Le PS vient donner des leçons alors qu'il s'est opposé à la totalité des mesures de sécurité que nous avons votées et mises en œuvre, depuis les peines planchers jusqu'à la rétention de sûreté, en passant par les caméras de surveillance dans les villes!
François Bayrou a-t-il raison de parler de «crise morale»?
J'ai été très choqué par les tentatives pour instrumentaliser cette tragédie, en y amalgamant un supposé climat de tension dont chacun sait qu'il n'a rien à voir avec les actes de ce criminel. L'ennemi, c'est le fondamentalisme intégriste nourri par des influences extérieures à la France, qu'il faut continuer de combattre sans faiblesse comme nous le faisons depuis 2002.
Et que répondez-vous à Marine Le Pen, pour qui le danger fondamentaliste est sous-estimé?
C'est un procès d'intention inaccep­table. Il met en cause le travail remarquable de Claude Guéant et de ses prédécesseurs depuis 2002, ainsi que celui de nos forces de sécurité, et singulièrement de la DCRI et du Raid, qui viennent de démontrer aujourd'hui encore leur efficacité. Marine Le Pen, dont le père s'est opposé à la loi d'interdiction de la burqa, est très mal placée pour critiquer notre lutte inlassable contre le danger fondamentaliste.

500 maires qui signent pour Arthaud, des noms !

Le Conseil Constitutionnel a publié la liste des candidats pour le premier tour de l’élection présidentielle française. Parmi eux trois communistes, dont Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière. 500 maires ont accepté de parrainer le communisme, choquant quand on voit son programme.

 2012. La terre entière est libérée du joug communiste. Toute ? Non ! Certain coins de notre beau pays de France résistent encore et toujours.

Comment imaginer que 500 maires signent en faveur de Nathalie Arthaud, de Lutte Ouvrière ? Lisez plutôt son programme.
Ce pro­gramme s’arti­cule autour de trois idées :
  • pour mettre fin au chômage, il faut imposer au grand patronat l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ; il faut imposer à l’État des embauches dans les services publics déjà existants ou encore à créer, utiles à toute la population ;
  • pour assurer un pouvoir d’achat convenable pour tous, il faut imposer l’augmentation de tous les salaires et de toutes les retraites et pensions. Il faut garantir ce pouvoir d’achat par l’indexation automatique des salaires, retraites et pensions sur le coût de la vie, mesuré par la population travailleuse elle-même ;
  • pour démontrer que tout cela est possible, réaliste, et que la classe capitaliste peut en assurer le financement sans même se retrouver sur la paille, il faut imposer le contrôle des travailleurs sur les entreprises industrielles et bancaires, en commençant par supprimer le secret des affaires.
Quand on pense que Nathalie Arthaud est prof d’économie SES au lycée ! Ça fait peur !
Au fait, si vous êtes chômeur parce que les cours de SES de madame Arthaud ne vous ont servi à rien dans le monde réel, ne vous en faites pas, Lutte Ouvrière a la solution : « il faut que l’État prenne en charge lui-même la cons­truc­tion mas­sive de loge­ments sociaux. Il faut créer un ser­vice public du loge­ment qui se fixe comme objec­tif la cons­truc­tion de 500 000 loge­ments sociaux par an à prix coû­tant et sans géné­rer de profit privé. Ce ne sont pas les tra­vailleurs au chô­mage qui man­quent pour trou­ver très rapi­de­ment des bras sup­plé­men­tai­res sur les chan­tiers ; ni les jeunes diplô­més, archi­tec­tes et ingé­nieurs, à la recher­che d’un emploi »
Vous avez bien lu : c’est tout le monde à la mine ! Certains à droite en ont rêve, avec leurs référendums sur les chômeurs, à Lutte Ouvrière on le fait, et sans passer par la case consultation du peuple.

Question : comment se fait-il que donner sa signature à la fille à papa de Saint Cloud soit « stigmatisant », mais la donner à Nathalie Arthaud soit acceptable ? Lutte Ouvrière est communiste. Ce sont eux qui l’affirment. Ils se réclament donc d’un système meurtrier et criminel contre lequel l’Occident a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour le défaire. Les victimes du communisme devraient saisir les tribunaux français. Et les électeurs devraient réclamer les noms de ceux qui ont signé pour Arthaud, pour qu’on ne puisse pas dire qu’on ne savait pas. Quand au programme de Lutte Ouvrière, que madame Arthaud se rassure. A gauche et à droite, c’est la foire d’empoigne pour proposer des mesures s’en inspirant, de taxe sur le CAC 40 en taxe de 75% sur les riches.
Comme dirait h16, ce pays est fou…tu !

Quel avenir pour l’atlantisme face à la montée en puissance chinoise ?

La montée en puissance de la Chine n’est pas qu’économique, elle est aussi militaire. Cette année, Pékin va augmenter ses dépenses militaires de 11,2%, pour les porter à 80,5 milliards d’euros. Comment l’atlantisme peut-il faire face à ce nouveau défi ?

La Chine s’arme. Après avoir augmenté ses dépenses militaires de 12,7% l’an passé, la hausse devrait s’élever à 11,2% cette année. Selon le  groupe de recherche IHS Jane’s, le budget militaire chinois pourrait doubler d’ici 2015.  « Pékin a été en mesure de consacrer une partie de plus en plus importante de ses ressources vers la défense et n’a pas cessé de développer ses capacités militaires depuis plus de deux décennies ». Cela continuera « à moins qu’il y ait une catastrophe économique », explique Rajiv Biswas, chef économiste d’IHS Jane’s.

Parallèlement, Pékin s’affirme en tant que puissance militaire régionale. La Chine a noué des partenariats stratégiques avec des pays proches (Myanmar, Bangladesh, Pakistan, Sri Lanka) qui lui accordent des facilités navales et a mis l’accent sur la modernisation de sa flotte.
En mars 2010, les autorités chinoises auraient fait savoir à de hauts responsables américains qu’elles considéraient la mer de Chine méridionale comme une question d’intérêt national, au même titre que Taïwan ou le Tibet. Cette situation inquiète plusieurs pays asiatiques. Le Vietnam, les Philippines ou encore Singapour se sont dernièrement rapprochés des Etats-Unis qui multiplient les exercices avec les forces navales japonaise et sud-coréenne.
Les Etats-Unis suivent très attentivement cet expansionnisme militaire chinois. « Nous renforcerons notre présence en Asie-Pacifique » a réaffirmé Barack Obama en janvier dernier. Washington a d’ailleurs implanté une nouvelle base militaire dans le nord de l’Australie et augmenté sa présence militaire sur l’île de Guam. Au niveau économique, les Etats-Unis font tout leur possible afin de protéger leur industrie et ne pas se laisser vampiriser par Pékin. Cependant, force est de constater que de nouveaux rapprochements semblent nécessaires, notamment avec des puissances émergentes.
Face à de tels enjeux, les anciennes alliances militaires telles que l’OTAN semblent bien obsolètes. C’est pourquoi de nombreux observateurs comme Félix Marquardt, fondateur des Dîners de l’Atlantique, plaident pour un renouvellement de l’atlantisme qui permettrait de dépasser le strict cadre de l’OTAN. Pour lui, le Brésil a un rôle clé à jouer pour de nombreuses raisons.
Brasilia partage avec les Etats-Unis et l’Europe les valeurs d’Etat de droit, de libertés individuelles, de libre circulation des hommes, des biens et des idées. De plus, le Brésil est une puissance économique en devenir et devrait devenir la 5e puissance économique mondiale avant 2025. Enfin, ouvrir l’atlantisme à un pays du Sud permettrait de casser l’image de club de vieilles puissances de ce courant politique issu de la guerre froide. Le Brésil a récemment montré sa volonté de développer ses capacités militaires et de renouveler ses alliances militaires et stratégiques notamment en faisant l’acquisition d’avions Rafale.
 » Dans le monde post-américain, le Brésil pourrait être l’un des derniers remparts de l’Atlantique contre l’obsolescence  » annonce Félix Marquardt. En effet, la réponse à la Chine ne saurait se résumer à un renforcement des capacités militaires américaines et une stratégie de « containment ». Il faudra également repenser les vieilles alliances et s’ouvrir davantage aux puissances émergentes. Une alliance entre l’Europe, les Etats-Unis et la future cinquième puissance mondiale montrerait à nos rivaux chinois que les démocraties libérales ne sont pas prêtes de céder au déclin.

Tuerie de Toulouse : ceux qui ont parlé trop vite

Le jour même du drame, François Bayrou accuse Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, tandis que Jean-Luc Mélenchon accuse Marine Le Pen. Chacun des deux veut voir dans le carnage de Toulouse la confirmation du bien-fondé des adversaires qu’il s’est choisi dans la campagne. Bayrou critique ceux qui auraient « montré du doigt » et fait « flamber » les passions. Alors que lui-même réagit impulsivement en accusant indûment l’islamophobie.
Du côté des intellectuels, Dominique Reynié accuse « tout le monde », de Marine Le Pen à Mélenchon. S’érigeant même en criminologue, il déclare sentencieusement : « On ne va pas arrêter tout de suite cet assassin…On ne va pas l’arrêter tout de suite ».
Ayant publié un livre intitulé « Populismes : la pente fatale », Reynié a un coupable tout trouvé. Il incrimine une « rhétorique populiste » qui menace le « vivre-ensemble », car « quand tout le discours s’enflamme, il y a toujours des risques de favoriser le passage à l’acte » d’une « pathologie meurtrière liée à des fantasmes sur l’immigration ».
Le soir même, à l’émission « C dans l’air », confronté à l’emballement fiévreux de celui qui joue au grand vizir visionnaire, le politologue Roland Cayrol ne s’en laisse pas conter et réagit en vieux sheriff centre-gauche de la vieille école : comment peut-on en « arriver à dire que ça pose la question du vivre-ensemble qu’un malade en scooter vienne tirer sur des gosses » !
Le président du CRIF, Richard Prasquier, est du même avis : « L’homme qui a tiré une gosse par les cheveux pour lui loger une balle dans la tête ne l’a pas fait parce qu’il a entendu telle ou telle remarque au sujet de l’abattage rituel ».
Certains intellectuels résistent aux emballements
Clairvoyant lui-aussi, Gilles-William Goldnadel appelle à ne pas instrumentaliser ce drame à des fins idéologiques, rappelant qu’en France, à chaque affaire retentissante, « le sang juif qui a coulé depuis la Deuxième guerre mondiale ne l’a pas été des mains de l’extrême-droite ».
Goldnadel est l’auteur d’un livre intitulé « Réflexion sur la question blanche. Du racisme blanc au racisme anti-blanc ». Il soutient la thèse suivante : la prise de conscience tardive de l’horreur du génocide nazi a provoqué un choc traumatique dans les consciences des jeunes intellectuels européens de la génération du baby-boom. Cette irruption d’une « Shoavision » va conduire les intellectuels à réagir sous la dictée de « l’éclairage shoatique des années 1970 ». Cette commotion les pousse à toujours tout rapporter au scenario génocidaire. C’est un esprit de système d’autant plus intolérant qu’il relève de l’inconscient collectif. Disqualification de soi et dilection pour l’altérité se combinent pour dépeindre le blanc en beauf franchouillard, au mieux un salaud au pire un bourreau.
L’irrationnel s’est emparé de la notion de race, cette catégorie commode devenant une pestiférée. S’ensuivent négation de l’importance de la traite négrière arabo-musulmanne, minimisation des massacres de chrétiens de par le monde et notamment au Darfour, incrimination unilatérale d’une démocratie israélienne pourtant entourée d’hostilité. L’essentialisme qui rend « incondamnable » en raison de l’appartenance à un clan politique est une spécialité française (p. 282). D’aucuns prônent l’indulgence envers l’assassin Bertrand Cantat parce qu’il fut « de tous les combats contre l’extrême-droite ». Dans le monde du cinéma, longtemps rétrograde mais devenu avant-gardiste, règne un « contexte d’unanimisme total et obligatoire ». L’auteur dépeint le mécanisme du bouleversement démographique de la société française. Il fut d’abord présenté comme un fantasme d’extrême-droite ne méritant pas d’être débattu… Une fois devenu indéniable, le débat fut subrepticement déclaré forclos au motif que la France était déjà devenue multiculturelle (p. 182).

La colère de Jean-Luc Mélenchon face à un photographe

Dure journée pour Jean-Luc Mélenchon. De nombreux journalistes étaient présents mercredi 21 mars pour couvrir son déplacement à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) sur le thème de la casse du service public. Une situation de plus en plus difficile à gérer pour une équipe qui découvre une telle affluence.

Avec autant de médias – télé, radio, photo, presse écrite, Internet -, le candidat est véritablement pris d'assaut par les journalistes qui cherchent à capter la moindre de ses paroles. Mercredi, au fil de la journée, des tensions sont apparues entre l’équipe du candidat et les photographes, dont certains peuvent parfois se montrer insistants pour avoir la bonne image, quitte à bousculer un peu ceux qui sont autour.
L’orage a éclaté dans le bus qui ramenait les journalistes et le candidat à Paris, en fin de journée. M. Mélenchon avait en effet décidé d’accorder quelques minutes d’entretien à la presse écrite. Plusieurs journalistes étaient déjà installés à des places à quatre lorsqu’il est venu s’asseoir parmi eux. "C’est émouvant quand même", lâche-t-il à son arrivée, en évoquant les logements insalubres, désormais murés, qu’il vient de visiter.
Il s’aperçoit alors qu’en face de lui se trouve un photographe de Libération, dont l’appareil traîne sur la tablette. M. Mélenchon lui demande de le ranger. Le photographe place l’objectif face à la tablette pour signifier qu’il ne compte pas prendre de photo. Visiblement, cela ne suffit pas à M. Mélenchon. "Si vous me mitraillez, je m'en vais", prévient-t-il avant de lui reparler, sur un ton assez vif, d’un incident qui avait eu lieu dans l’après-midi avec un autre photographe qui aurait bousculé des enfants. "Vous piétinez les enfants !", lance M. Mélenchon avant de d’ajouter : "Vous ne respectez rien !" Le photographe de Libé tente alors de lui expliquer qu’il n’est pour rien dans ce qui s’est passé plus tôt. En vain.
Devant les reproches de M. Mélenchon, qu’il juge injustifiés, le photographe finit par lâcher : "On ne dit pas ‘vous les politiques, vous êtes tous pourris’ !" "Vous me faites la leçon en plus ? Allez dégage !", lui lance M. Mélenchon sous le regard médusé du reste des journalistes. L’eurodéputé se lève alors de son siège pour se diriger vers le fond du bus en ajoutant : "Restez avec vos certitudes corporatistes !" Quelques minutes plus tard, il demande à faire arrêter le bus et descend pour rejoindre sa voiture qui suivait derrière.
Contacté de nouveau en fin de soirée pour évoquer l'altercation, le candidat du Front de gauche a simplement répondu : "Il ne s’est rien passé."