mercredi 16 janvier 2013
Mali: 63% des Français "pour"
Soixante-trois pour cent des Français se sont déclarés favorables à l'intervention militaire française au Mali, contre 33% qui s'y sont dits hostiles, dans une enquête de l'institut Harris Interactive pour le quotidien gratuit 20 Minutes. Selon ce sondage, 25% des personnes interrogées ont répondu qu'elles étaient "tout à fait favorables" à cette intervention, et 38% qu'elles y étaient "plutôt favorables". 23% des sondés ont déclaré y être "plutôt opposés", et 11% "tout à fait opposés".
Selon Harris Interactive, 70% des sympathisants de gauche et 68% de ceux de droite approuvent l'action militaire française au Mali. Ces résultats sont quasi identiques à ceux d'un sondage Ifop publié lundi (63% de pour, 37% de contre). Un sondage BVA publié mardi estimait à 75% la proportion de Français favorables à l'intervention. En outre, 82% estiment que l'initiative de la France va entraîner "des actes terroristes visant la France et les ressortissants français dans d'autres pays". 60% ont répondu "oui, probablement" et 22% "oui, certainement", à cette question.
D'autre part, selon Harris Interactive, 64% des personnes interrogées s'attendent à ce que cette intervention dure "quelques mois". Pour 19%, elle prendra "quelques années" et, pour 14%, quelques semaines. 3% ne se prononcent pas.
MORT DE RIRE,
CES FRANÇAIS NE SONT PAS
AU FRONT, ILS S'EN FOUTENT !!!!
QUEL MÉPRIS.
Mariage homosexuel : quand le lavage de cerveau médiatique débouche sur l'effet inverse de celui qui est recherché
L'intensité du lavage de cerveau sur les ondes traduit toujours le degré de panique des "élites" médiatiques. Concernant le mariage pour tous, rien ne nous aura été épargné.
L'intensité du lavage de cerveau sur les ondes traduit toujours le degré de panique des "élites" médiatiques. Sur le mariage pour tous, rien ne nous aura été épargné : sur Europe 1 vendredi à 7 heures un conseiller municipal parisien vociférant contre Frigide Barjot dont la réponse, inaudible, se perdait dans le brouhaha, puis un prêtre catholique, interviewé pendant dix minutes pour expliquer son engagement en faveur de la réforme. Le soir au 20 heures de TF1, en guise d’illustration du contexte de la manifestation de dimanche, un reportage de dix minutes consacré à la détresse d’adolescents victimes de l’homophobie et de l’intolérance de leurs parents. Samedi soir, l’égérie du mouvement jetée seule dans l’arène de "On n’est pas couché", lynchée par trois contradicteurs furieux et un public bruyamment hostile. Le compte rendu de la manifestation parisienne sur FR3 régional, était de la même veine : reportage centré sur les quelques extrémistes présents, longue interview d’une passante ulcérée. Dans l’ensemble pourtant, le bilan d’un mouvement ayant rassemblé 800 000 personnes semble avoir imposé un net changement de ton aux journaux de 20 heures de dimanche sur TF1 et France 2 qui ne pouvaient que prendre acte du succès des organisateurs.
Une précision quand même : l’argument de la garde des Sceaux selon lequel la question du mariage homosexuel ne se prête pas juridiquement au référendum semble contestable : l’article 11 prévoit bien la possibilité d’organiser un référendum relatif à une question "sociale" et on ne voit pas ce qui s’opposerait à un choix du chef de l’Etat d’organiser une consultation nationale sur un tel sujet qui concerne la vie quotidienne de tous les Français. Alors, pourquoi cette solution, somme toute logique, est-elle écartée par le gouvernement ? La vérité, c’est que le spectre obsédant du référendum de mai 2005 sur la Constitution européenne, gagné par le non avec 54% des voix, domine les esprits : dans les mois qui avaient précédé le scrutin, plus le couvercle de la pensée unique se rabattait sur la presse, les radios et les télévisions, plus le "non" montait dans les sondages.
Un phénomène analogue est en cours, notamment sur la question du droit à l’adoption et à la PMA, si l’on en juge par la courbe des enquêtes d’opinion. La pensée unique, quand elle atteint un tel niveau dans la manipulation, devient inopérante, contre-productive. Le sentiment d’être manipulés pousse les citoyens à rejeter le message qu’on veut leur imposer. Ils n'écoutent plus les ondes "officielles" et s'en remettent à tous les autres canaux d'information ou de réflexion en particulier Internet et leurs réseaux personnels. C'est ce que les élites médiatiques, qui pensent et répètent uniformément la même chose sur tous les sujets possibles, ne comprendront jamais. La mobilisation de la société civile autour "du droit de l'enfant à un père et une mère", qui s’est cristallisée dans la manifestation du 13 janvier, a un caractère massif, venu des entrailles du pays. Imaginons un instant qu'un référendum associant mariage pour tous, droit à l’adoption et à la PMA ait lieu dans les 45 jours : le non l'emporterait probablement avec 54% des voix. Cela fait peu de doute au vu de l'évolution de la courbe des sondages. Telle est la vraie raison du refus de recourir au référendum.
Le social-libéralisme est-il le logiciel de pensée de la gauche hollandaise par conviction ou par défaut ?
Michel Rocard nous livre sa vision de la gauche dans une Europe en crise. Il réaffirme ses convictions sociales-démocrates et analyse les premiers mois de la présidence de François Hollande.
La construction européenne qui devait voir l’émergence d’une Europe sociale et politique a été en grande partie l’œuvre d’hommes de gauche. Aujourd’hui, l’Union européenne traverse une grave crise qui est en partie liée à la dérégulation financière. Quel est la part de responsabilité de la gauche, notamment de la gauche dite réaliste, dans cette situation ?
Michel Rocard : La part de responsabilité de la gauche est presque nulle. La dérégulation financière n'est pas européenne, mais mondiale. Elle commence aux États-Unis et a comme point d'appui principal la Grande-Bretagne. C'est une mode liée à une école de pensée : l'école économique de Chicago qui a produit la doctrine du monétarisme. Cette doctrine enseignait que puisque le marché est auto-régulateur, moins l'État s'en mêle et mieux l'économie se porte. Les dirigeants des pays européens n'y sont pour rien et les sociaux-démocrates encore moins. Nous avons subi les offensives de dérégulations, de déréglementations et de privatisations sans que l'Europe ne les décide vraiment.Tout ce que l'on peut dire c'est qu'elle les a acceptées. C'était un mouvement culturel qui est venu du monde des affaires et de la pensée et qui a rallié la fonction publique, certains sociaux-démocrates compris. Mais qui dit social-démocrate, dit régulateur. Le mot même définit une méfiance devant les principes que je viens de rappeler.
Le petit con et ses crétins. Jacques Delors, dont vous avez été proche politiquement et idéologiquement, a été le président de la Commission européenne le plus influent. Il est à l’origine de l’Acte unique qui consacre la libre circulation des hommes, des biens et des capitaux. La gauche n'a-t-elle pas, malgré tout, une part de responsabilité dans les excès de l’Europe néo-libérale ? S’est-elle convertie au néo-libéralisme ou a-t-elle pâti d’un rapport de force défavorable ?
Je ne vois guère de responsabilité des sociaux-démocrates dans cette affaire, mise à part celle de Tony Blair qui est probablement le social-démocrate qui a donné son accord le plus explicite à la dérégulation. Le monétarisme crée l'entrée dans le chômage durable dans les années 1980 et la réouverture de crises économiques successives dans les années 90. Grâce à Roosevelt et à la séparation des banques d'affaires et de dépôts, nous avions passé 70 ans sans crise financière mondiale. La conséquence de la dérégulation, c'est une crise tous les cinq ans.L'invention est américaine, le ralliement anglais puis mondial à travers des institutions comme la Banque mondiale, l'OMC et le FMI. Aucun des pays scandinaves n'a réellement versé dans cette idéologie, contrairement à l'Italie de Berlusconi ou l'Espagne de José-Maria Aznar. En France, le gaullisme était une idéologie régulatrice et c'est la présidence de Nicolas Sarkozy qui marque une rupture avec cette tradition.La social-démocratie n'a pas pu anticiper les conséquences de la montée de cette idéologie, mais n'a pas été complice. L'Acte unique est le dernier coup d'éclat du capitalisme régulé. Il crée un seul marché, mais ce marché n'est pas encore dérégulé.Il va l'être très progressivement. Aussi bien la France que l'Allemagne arrivent à une dérégulation complète de leur marché quelques années après l'Acte unique lui-même.Dans une interview au Monde, vous en appelez à une Europe keynésienne de la relance. François Hollande a-t-il capitulé sans lutter sur la question du traité budgétaire européen ?
François Hollande a obtenu un petit complément qui est un rappel du fait que l'on a besoin de croissance. La France est gravement endettée tandis que l'Allemagne l'est moins et est meilleure que nous sur le plan industriel. Cette situation comparative donne un espèce de "commandement" à l'Allemagne. Au nom de cet avantage comparatif, l'Allemagne veut imposer ses règles à toute l'Europe. Or, l’Allemagne est allée moins vite que d'autres pour comprendre que nous changions de monde et qu'il fallait retrouver une régulation des marchés.Elle est en train de le comprendre maintenant, car en poussant à des politiques de récession par excès de rigueur dans la diminution de la dépense publique, elle vend moins à ses partenaires européens. Il y a donc désormais une demande nouvelle de régulation qui passera par la négociation d'un nouveau traité européen et par une réflexion sur les limites des politiques de ralentissement des dépenses publiques qui ne doivent pas aller jusqu'à nous conduire à la récession. C'est d'ailleurs ce que disent les plus grands économistes actuels comme le Prix Nobel Joseph Stiglitz.L'Europe est-elle en mal de grands hommes ?
Je ne crois pas. Nous sommes surtout en mal d'une pensée moderne sur l'économie qui abandonne les règles fausses. C'est un mensonge de dire que le marché est auto-équilibrant. La preuve, la crise que nous venons de vivre et l'excès de chômage. Il faut retrouver la force de la régulation qu'on avait durant les Trente glorieuses. Ce qui nous manque, c'est un consensus dans lequel des hommes de talent pourraient exercer leurs compétences. Il faut d'abord commencer par penser autrement.Lutte contre le déficit, pacte de compétitivité, accord de flexibilité, refus de nationaliser Florange : le président de la République semble avoir choisi une orientation sociale libérale assez en décalage avec ce qu'il a prôné pendant sa campagne lorsqu'il disait que le monde de la finance serait son principal adversaire. N'est-ce pas un peu désorientant pour les Français ? Sont-ils en mesure de comprendre quel est le logiciel de pensée du gouvernement aujourd'hui ?
Avant de mettre des noms de doctrine derrière la politique du gouvernement, il faut constater un changement de méthode. Il y a un peu moins de lois et de décisions unilatérales de l'État et beaucoup plus de dialogue. Le pacte de compétitivité a été discuté avec les partenaires sociaux. L'accord qui vient d'être signé n'a pas beaucoup d'effets macro-économiques instantanés car il porte sur les processus, mais c'est d'abord et avant tout un accord ! Dans la France moderne, c'est très important. La doctrine de l'autoritarisme administratif est remplacée par celle du dialogue social. Le résultat est un capitalisme moins dérégulé.On a tout de même du mal à saisir quelle est la vision du monde de François Hollande...
Je vais vous dire quelque chose d'assez dur. La campagne présidentielle de 2012 m'a beaucoup déçu. Ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande n'ont fait une analyse correcte de la crise. Aucun des deux candidats ne nous avait annoncé que nous serions en stagnation longue. François Hollande a pataugé au début, faute de bien comprendre la situation. Aujourd'hui, je crois que le président de la République a pris conscience de cette situation. L'acte de sa prise de conscience a été le pacte de compétitivité. Le deuxième élément, c'est l'accord pour contractualiser et rendre plus acceptable l'effort de chômage partiel lié à un ralentissement économique. Cela n'est pas encore complètement lisible. Mais, il faut se réjouir que nous soyons sortis du mauvais diagnostic. A l'évidence, l'État, aujourd'hui, est en train de chercher une compréhension de cette crise très nouvelle dont les forces ont surpris non seulement les gouvernements, mais aussi tous les professeurs d'économie.Qu’est-ce qui distingue idéologiquement la gauche de la droite ? Paradoxalement, la gauche n’est-elle pas plus libérale que la droite, y compris sur les questions de société comme sur la question du mariage homosexuel sur laquelle elle est parfois accusée de faire le jeu du marché ?
J'affirme très fortement que le monétarisme de la droite n'était pas un libéralisme. Le libéralisme c'est la confiance dans la liberté, laquelle s'exerce à travers le cadre des lois qui la réglementent. La liberté ne tolère ni la fraude, ni les excès. Le monétarisme disait : "ne vous occupez plus de rien, ne faites plus de règles..." Du coup, on a dérégulé dans tous les sens. C'est devenu un crime contre l'humanité : la liberté a été remplacée par la loi de la jungle.Dans ce contexte, le mot libéralisme, qui a été dévoyé, n'a plus de sens. Ce que nous cherchons, ce sont des règles compatibles avec les libertés. Je suis un socialiste libéral. Je privilégie la liberté des acteurs comme préférentielle, comme nécessaire à l'ordre de conduite, mais en sachant que toute liberté exige d'être délimitée par des lois. La gauche est restée beaucoup plus régulatrice et hostile au monétarisme que la droite.En ce qui concerne le mariage pour tous, la France était en train d'arriver à une tolérance mutuelle acceptée avec la loi sur Pacs. Mais les communautés homosexuelles ne s'en sont pas contentées et ont voulu plus en mettant en cause des symboles. Sur ces symboles, le clivage ne se situe plus entre la gauche et la droite, mais entre les "tolérants" et "les intolérants".Comment définiriez-vous la doctrine socialiste ? La gauche a-t-elle encore d’autres horizons que la gestion à court terme ?
Il faudrait un livre entier pour répondre à cette question. La gauche d'essence sociale-démocrate que nous voulons affirme d'abord la nécessité de la liberté comme condition favorable de la vie. On constate, cependant, que toute liberté doit être encadrée par une loi qui la délimite et qui définit le moment ou elle devient toxique pour l'autre. La liberté ne saurait nuire à autrui. A ce titre, la gauche est plus délibérément régulatrice que la droite qui n'est pas encore convaincue de la nécessité de réguler. Regardez la droite allemande ou la droite anglaise, sans parler du Tea Party. Heureusement, la victoire d'Obama remet au pouvoir un homme qui nous ressemble et qui est régulateur.Le programme de Bad Godesberg , qui servit de programme au Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) entre 1959 et 1989, marque une rupture avec les programmes officiels antérieurs du parti. Pour la première fois, le SPD abandonne formellement les idées d'inspiration marxiste et reconnait l'économie de marché. Le PS semble avoir connu une mutation similaire, mais sans l’assumer ni la théoriser. Dans les années 1970, avec la deuxième gauche, vous avez essayé d’acter ce changement de logiciel sans succès. La gauche française a-t-elle finalement raté ce tournant ?
En Allemagne (1959), en Suède (1932) et en Espagne (1979), le mouvement a été soudain et brutal et s'est traduit en actes par des textes votés en Congrès solennellement. Le même processus a été beaucoup plus long en France. La gauche française est restée plus longtemps attachée à l'économie administrée et à la recherche d'une destruction du pouvoir économique de la bourgeoisie. Mais, sur le plan intellectuel, le travail est fait maintenant et est illustré par la cinquième et dernière déclaration de principe du Parti socialiste : un grand texte explicite d'une page daté de 2007. Simplement, au lieu d'être le produit d'une bataille politique violente avec un affrontement visible et datable, ce travail est le résultat d'une longue évolution. L'évolution a été si progressive qu'il n'y a pas eu dans le choix des hommes représentatifs les mêmes mouvements d'identification qu'il y a eu en Suède ou en Allemagne.Il reste dans la gauche française des rémanences de la demande d'économie administrée : "le gouvernement de gauche doit faire plier l'économie à ses ordres !". C'est naturellement idiot, mais c'est une longue tradition culturelle qui est loin d'avoir disparu de France. Le Parti communiste est toujours ainsi. On est démocrate, on ne va pas les tuer... C'est une petite minorité de la gauche d'aujourd'hui. Notre tradition est de respecter cette minorité et d'accepter qu'elle s'exprime. Et de temps en temps qu'elle colore nos propres discours ou les décisions majoritaires du parti.Finalement, la crise qui a balayé de nombreux gouvernements de gauche en Europe n’a-t-elle pas montré que l’idéologie sociale libérale était obsolète ?
Encore une fois, le terme social libéral ne veut rien dire. C'est une expression hypocrite, une alliance de mots volés qui laisse croire délibérément que l'école monétariste de Milton Friedmann était une école libérale. Ce n'était pas le cas. Le libéralisme authentique incorpore l'idée qu'il faut des règles. Le monétarisme à la Milton Friedmann exclu l'idée même de règles. Ne m’embarrassez pas avec le social libéralisme, je ne sais pas ce que c'est et je ne suis pas complice !Le monétarisme a été américain, britannique, japonais et un peu italien et espagnol. Ronald Reagan, les deux présidents Bush, Madame Thatcher, le gouvernement japonais de manière continue pendant quarante ans, Sylvio Berlusconi et José Maria Aznar ont été des monétaristes, pas des libéraux. Vous vous amusez avec les mots pour chercher des conflits applicables en France. Mais cela ne marche pas...En France, le PS ne s'est jamais voulu franchement social-démocrate ou libéral car il gardait l'envie de l'action législative dominante. Le comportement contractuel commence à monter comme on peut le voir avec le pacte de compétitivité ou l'accord sur la réglementation du travail. La crise à l'avantage de montrer que les comportements régulateurs d'une part, et négociateurs d'autre part, sont nécessaires.
Le grand ras-le-bol des défenseurs du mariage des homos
La mobilisation des pro et des anti mariage des homosexuels ne se fait pas seulement dans la rue. Sur internet, le débat se crispe sévèrement depuis quelques semaines. La Manif pour tous du 13 janvier, qui a réuni des centaines de milliers d'opposants à l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, a accentué le fossé entre les deux camps. La parole des "anti" se libérant, certains homosexuels se sentent victimes de propos homophobes et font part de leur ras-le-bol sur internet. Tribunes, posts de blogs, tweets... francetv info a fait un petit tour du web.
"J'ai vu des bourreaux le 13 janvier"
"Oui, je suis descendue dans l'arène. Happée, j’ai foulé la piste, j’ai senti le souffle et la rage des fauves. J'ai vu des gens qui manifestent pour dire non à l'homosexualité sous couvert d'un refus à la filiation." Partisane du projet de loi, cette femme homosexuelle de 30 ans qui témoigne a choisi de s'immiscer dans le cortège du dimanche 13 janvier. Elle a ensuite publié une tribune virulente sur cette expérience sur le site Le Plus. "J’ai vu des bourreaux, ceux qui exécutent sans connaître le procès, ceux qui, par pauvreté d’âme, ou par ralliement à la voix du plus fort, assassinent impunément."
A son image, le ras-le-bol des partisans du mariage pour tous, homosexuels ou pas, se fait sentir. A l'aide d'anaphores, par exemple. "J'ai honte", répète cette internaute sur Facebook, dans une tribune très partagée - et commentée. "J’ai honte. Honte qu’il nous reste si peu d’esprit, si peu de sensibilité, si peu de fraternité. Honte comme un certain 21 avril. Honte. Car rien ne vous donne le droit d’interdire quoi que ce soit qui ne vous nuise pas."
William Réjault, blogueur et scénariste, "né homosexuel", "a envie de fuir" la France, tant le débat le dégoûte. Dans un post de blog, il écrit : "Ma propre insécurité sur laquelle je travaillais tous les jours retrouve le chemin de ma bouche et de mes mots, ma tolérance s’amenuise et j’ai envie de vous cracher dessus, de vous ostraciser, de vous montrer du doigt en me moquant, s'insurge-t-il. Cette loi va passer. Mollement. Mais elle passera. Les traces qu’elle laissera dans ma perception de la France, par contre, ne disparaîtront pas."
"Cela doit cesser"
L'indignation, la colère, mais aussi l'agacement et la lassitude. Plusieurs personnalités publiques ont réagi au débat, faisant parfois part de leur expérience personnelle. La journaliste Marie Labory, qui présente le journal d'Arte de 19h45, se sent obligée de rappeler, dans une tribune publiée dimanche sur le site internet de la chaîne, que"l'homosexualité n'est pas un délit, ni une maladie".
Un jour plus tard, le 14 janvier, l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon racontait dans Le Nouvel Obs comment il avait été, dans les années 70, "traité médicalement. J’ai suivi des traitements hormonaux, même des cures de sommeil,écrit-il. Les médecins pensaient que l’homosexualité était une forme de dépression nerveuse. Et puis j’ai réalisé que je n’avais pas de problème de santé, j’étais homosexuel, voilà tout."
Principale figure médiatique des opposants au mariage des homosexuels, la chroniqueuse mondaine Frigide Barjot a provoqué l'ire du patron du Banana Café, bar gay parisien pro-mariage, dont elle dit pourtant être proche. "Elle use et abuse d’un blouson du Banana Café qu’elle a obtenu il y a une quinzaine d’années, mais cela fait maintenant trois ans qu’elle n’a plus mis les pieds dans notre bar. Et elle n’y est plus la bienvenue. Cela doit cesser", dit-il sur Le Plus.
Sites et court métrage de soutien
Et les esprits s'échauffent. Les opposants au mariage pour tous ont beau assurer qu'ils ne sont pas homophobes, une partie de la communauté gay se sent de plus en plus attaquée, stigmatisée, meurtrie. Des militants ont créé le site Courageontaime, comme un grand cri d'amour destiné à rassurer les homosexuels sur leur place dans la société. Sous une forme différente, ce court métrage de soutien, intitulé Je sais (Tu as raison), affiche la même ambition.
A droite, Roselyne Bachelot n'est plus la seule figure publique à défendre le projet, ou à ne pas s'y opposer. La jeune militante UMP Aurore Bergé a expliqué, dans une tribune publiée elle aussi sur Le Plus, pourquoi elle ira manifester pour le projet de loi le 27 janvier, et ce en dépit des prises de position de son parti : "Je ne vois pas en quoi l’homosexualité empêcherait d’être un bon parent, l’hétérosexualité n’ayant par ailleurs jamais empêché d’en faire de mauvais."
Le 13 janvier, au moins 300 000 personnes sont descendues dans les rues contre le mariage des homosexuels et l'homoparentalité. La Manifestation pour l'égalité du 27 janvier saura-t-elle rassembler autant de monde ? Ce jour-là, les manifestants ne défileront pas seulement pour défendre un projet de loi. Ils adresseront aussi un message de soutien global à toutes les personnes potentiellement concernées par le texte.
L’Europe, une histoire d’illusions perdues
Dans le discours qu'il doit prononcer le 18 janvier, le Premier ministre britannique David Cameron va devoir composer avec l'humeur eurosceptique du Parti conservateur, mais il devrait dire que la Grande-Bretagne doit rester en Europe, plaide le Financial Times.
Le Royaume-Uni a toujours été réticent à l’égard de l’Europe. Depuis son adhésion il y a quarante ans à ce qui était alors la Communauté économique européenne (CEE), son attitude a été marquée par les idées fausses et les occasions manquées.
Les raisons de la difficile relation du Royaume-Uni avec l’Europe sont à chercher dans la culture, la géographie et l’histoire du pays. La Grande-Bretagne est une puissance post-impériale qui entretient des affinités avec d’autres pays anglophones, en particulier les Etats-Unis. L’incompréhension mutuelle entre le Royaume-Uni et l’Europe tient à une divergence fondamentale de vues : tandis que le Royaume-Uni voit sa participation au club européen en termes purement économiques, ses deux cofondateurs, la France et l’Allemagne, envisagent l’Union européenne comme un projet politique bâti sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale.
Créanciers septentrionaux et débiteurs méditerranéens
Ces divergences se sont aggravées avec la crise de la zone euro. Quoique hésitante dans un premier temps, la réaction de l’Europe face à la crise a clairement enterré l’illusion selon laquelle la notion continentale d’une “union toujours plus étroite” serait le produit de quelques esprits bruxellois enfiévrés. Face au risque d’effondrement de l’euro, l’idée d’un gouvernement économique plus intégré a incontestablement progressé dans toutes les capitales européennes, y compris à Londres.
Le second phénomène post-crise, qu’il ait été voulu ou non, est le retour en scène de l’Allemagne comme principal acteur européen. Sa montée en puissance est telle que ses partenaires n’osent pas s’opposer à ses recommandations budgétaires et économiques de peur que la Berliner Republik retire son soutien au sauvetage de la zone euro.
Il en découle donc que en ce qui concerne l’avenir proche, l’UE sera divisée non seulement entre ceux qui font partie du “cœur” de la zone euro et les autres, mais aussi entre le groupe des puissants créanciers septentrionaux dirigés par l’Allemagne et celui des pays méridionaux débiteurs affaiblis composé de Chypre, la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne.
Tel est le contexte géopolitique dans lequel interviendra le discours très attendu de David Cameron sur l’Europe. Son report à plusieurs reprises témoigne de la complexité des questions en jeu.
Adopter une approche réaliste fondée sur l'intérêt national
Le Financial Times a, pour sa part, toujours plaidé en faveur d’une intégration pleine et entière de la Grande-Bretagne dans l’UE, et nous continuons de penser qu’elle est essentielle pour l’intérêt national. Nos raisons vont au-delà d’un calcul purement économique sur les coûts et les bénéfices. Elles concernent la place de la Grande-Bretagne dans le monde. Le fait d’être membre de l’UE permet à la Grande-Bretagne de peser sur le premier marché du monde. Il contribue à préserver le caractère spécial de la relation entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Il amplifie l’influence de la Grande-Bretagne dans un monde où le pouvoir économique a tendance à se déplacer vers l’est.
Les avantages se vérifient bien au-delà des frontières nationales. Grâce au marché unique, les Britanniques peuvent vivre, travailler, voyager et étudier librement à travers l’Europe. L’élargissement de l’UE vers le sud et l’est a consolidé la démocratie en Espagne, au Portugal et en Grèce, et créé une zone de paix et de prospérité dans une Europe centrale et orientale autrefois communiste. Pourtant, l’UE actuelle est extrêmement différente de celle à laquelle le Royaume-Uni a adhéré en 1973, ou même de celle dans laquelle les Britanniques ont décidé de rester en 1975, la dernière fois où on a sollicité leur point de vue par un référendum.
Les réformes que l’UE envisage afin de consolider le projet de monnaie unique, comme l’union bancaire et la mise en place d’un budget spécial pour la zone euro, vont une nouvelle fois faire évoluer l’Union de manière profonde et irrévocable. Ces réformes entraineront l’émergence d’un nouveau cœur, étroitement intégré, auquel le Royaume-Uni pourrait indéfiniment refuser de se joindre, et qui pourrait bien finir par exercer une influence déterminante sur des secteurs de l’UE auxquels les Britanniques accordent la plus grande valeur, tel par exemple le marché unique.
Dans ces conditions, que doit faire M. Cameron, et, ce qui est tout aussi important, que doit-il ne pas faire ? Le Premier ministre doit tout d’abord adopter une approche réaliste fondée sur l’intérêt national. Bien entendu, il doit tenir compte de l’humeur eurosceptique qui se manifeste dans les rangs du Parti conservateur, mais il ne doit pas y céder. Il doit éviter de confondre la protection des droits existants avec le rapatriement futur de certains pouvoirs. Mais surtout, il devra s’exprimer au nom du pays, pas au nom d’un parti.
Par ailleurs, il doit prendre une position de pointe dans l’UE, comme l’avait fait Margaret Thatcher sur les questions du marché unique et de l’élargissement. Le Royaume-Uni est un client difficile, mais c’est aussi un membre apprécié du club européen. Il peut – et doit – se chercher des alliés. Les Britanniques peuvent exercer leur influence pour faire adopter des réformes dynamiques favorables aux affaires comme ils l’ont fait depuis la création du marché unique. La crise financière a affaibli le camp des partisans des affaires, mais il retrouvera sa vigueur, en particulier si l’UE prend des mesures sérieuses pour redresser la faiblesse de sa croissance.
Les Britanniques doivent également insister pour que la Commission européenne joue son rôle d’arbitre indispensable veillant à l’application des règles du marché unique et dirigeant la politique commerciale. Il existe là une possibilité d’alliance naturelle avec l’Allemagne, qui reste fermement opposée à toute mesure qui, au nom du renforcement de la zone euro, saperait le marché unique.
Définir un nouvel engagement britannique
Mais il y a aussi des choses que M. Cameron ne devrait surtout pas faire. Il a insisté sur le fait qu’une plus grande intégration devra se faire en échange d’un desserrement des liens entre la Grande-Bretagne et ses partenaires européens. Son discours pourrait bien tenter de définir les termes du nouvel engagement britannique. Mais il devra veiller à ne pas entretenir de faux espoirs laissant à penser que les autres membres autoriseront le Royaume-Uni à participer au marché unique sans qu’il en accepte les règles et principes fondamentaux. De la même façon, menacer d’opposer un veto aux modifications des traités qui sont essentielles pour la protection de l’euro sera considéré comme du chantage. Il en résulterait probablement une rupture calamiteuse des relations entre l’Europe et nous.
Enfin, M. Cameron ne doit pas laisser les Britanniques se bercer d’illusions. Chercher à obtenir pour le Royaume-Uni un statut semblable à celui de la Norvège ou de la Suisse n’a aucun sens. Ces deux pays doivent accepter les règles du club mais n’ont pas voix au chapitre pour les établir. Une telle position serait intolérable pour le Royaume-Uni. Elle mènera tout droit à la sortie.
L’intérêt national pourrait bien imposer à M. Cameron – ou au prochain gouvernement – qu’il codifie la relation entre le Royaume-Uni et un bloc nouveau emmené par la France et l’Allemagne. La question devrait être soumise à un référendum demandant si nous voulons être “dedans ou dehors”. Mais en attendant que M. Cameron connaisse les termes du nouvel accord sur la zone euro, il devrait clarifier les principes essentiels qui sont en jeu – et garder son calme.
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