Le moral des ménages américains s'est, contre toute attente, détérioré en septembre, son indice tombant à son plus bas niveau depuis plus d'un an en raison notamment des craintes relatives à l'emploi, selon les résultats préliminaires de l'enquête mensuelle Thomson Reuters-Université du Michigan.
L'indice du sentiment des consommateurs ressort à 66,6, son plus bas niveau depuis août 2009, contre 70,0 attendu par les économistes interrogés par Reuters.
Il était à 68,9 en le mois dernier.
L'indice mesurant le jugement des consommateurs sur la situation économique actuelle est ressorti à 78,4 contre 78,3 en juillet et 79,0 attendu.
Les anticipations des consommateurs s'établissent à 59,1, leur plus bas niveau depuis mars 2009, alors que les économistes anticipaient 64,2, après un chiffre de 62,9 atteint en août.
Les anticipations d'inflation à un an sont tombées à 2,2% contre 2,7% en août. Il s'agit de leur plus bas niveau depuis septembre 2009, alors qu'un tiers des personnes interrogées anticipe une inflation nulle voire de la déflation pour l'an prochain.
vendredi 17 septembre 2010
Le moral des ménages américains au plus bas depuis août 2009
Un "Grec de l'étranger" au secours de son pays
La voix est calme, les gestes posés. Pourtant, Georges Papaconstantinou est un homme pressé. Son quotidien, depuis un an qu'il est en poste au ministère des finances grec, laisse peu de place à la rêverie. Il doit jongler avec les chiffres d'un déficit vertigineux, négocier à la Commission européenne et au Fonds monétaire international, préparer la rue à l'austérité tout en courtisant les investisseurs internationaux...
Mais la tâche ne semble pas effaroucher ce francophone, plus technocrate que politique et habitué des rouages bruxellois. Il est l'un de ces "Grecs de l'étranger" - tout comme le premier ministre Georges Papandréou. Formé à la London School of Economics et à la New York University, M. Papaconstantinou a ensuite travaillé pour l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pendant dix ans à Paris. A 48 ans, il a passé plus de la moitié de sa vie hors de son pays.
Il a regagné la Grèce il y a douze ans pour devenir conseiller économique de l'ex-chef de gouvernement Costas Simitis. Eurodéputé en 2009, il fut un temps porte-parole du Pasok quand la droite était au pouvoir. Marié à une écrivaine danoise, il garde, malgré son ingrate mission, une popularité élevée. Peut-être est-ce parce qu'il s'est mis à l'heure de la rigueur en acceptant de baisser son salaire et de troquer sa Mercedes de fonction... contre une Skoda.
Il est des crises salutaires, qui font avancer les dossiers, les débats, la construction européenne. Il en est d'autres dont on ferait volontiers l'économie, tant elles ont pour principal effet de brouiller les cartes, de froisser les sensibilités et de générer des dérapages verbaux tristement révélateurs. Celle qui oppose, depuis quelques jours, Paris et Bruxelles sur la délicate question des Roms fait malheureusement partie de ces dernières.
Consacré initialement à deux enjeux cruciaux pour les mois à venir ¯ la gouvernance économique et la toute naissante diplomatie européenne ¯ le Conseil Européen d'hier aura surtout été dominé ¯ monopolisé regrettaient certains ¯ par les joutes verbales entre la Commission et la France. Selon David Cameron, le déjeuner a donné lieu à quelques échanges « animés », comprendre un peu musclés. Signe de la difficulté de clore l'incident.
Malvenue, cette crise l'est à plus d'un égard. Sans avancer d'un pouce sur une approche européenne de la situation des Roms, le clash franco-bruxellois a tout d'abord isolé la France sur la scène européenne. La presse continentale était, hier, sans concession, voire cinglante comme le pourtant peu gauchiste Financial Times. Seul Silvio Berlusconi a ouvertement soutenu Paris, ayant, il y a deux ans, pratiqué la même politique, sous l'instigation notamment de ses partenaires de la Ligue du Nord, peu regardants en matière de respect des minorités.
Les autres partenaires de la France n'ont pas caché un certain malaise. L'Allemagne et la Grande-Bretagne ne récusent aucunement à Paris le droit de faire régner l'ordre et de démanteler des campements illicites, mais elles pouvaient difficilement cautionner des attaques visant le rôle même de la Commission. Le Luxembourg, la Belgique ou l'Autriche ont fait comprendre leur agacement, face au traditionnel travers français de considérer les « petits » pays comme quantité négligeable et de le dire. Comme une boule de bowling percutant plusieurs quilles, le dossier des Roms vient ainsi de dépasser largement la recherche d'ordre et de consensus électoral visée initialement.
Le dommage est multiple, car ce Sommet européen était censé permettre à Nicolas Sarkozy de présenter ses priorités pour la présidence du G8 et du G20, que la France va assurer à partir de novembre prochain pendant un an. Dans cette perspective, la cohésion européenne était un gage de succès de la présidence française. Elle n'est pas compromise, mais le télescopage de l'affaire des Roms en a brisé l'élan.
Plus généralement, cette crise est aussi malvenue dans le climat plus général de xénophobie rampante, d'élans populistes et de réflexes nationalistes que l'on constate dans plusieurs pays de l'Union. Notamment en Europe centrale. Les plus récentes enquêtes d'opinion et les scrutins électoraux le confirment. La contribution de la France ne paraissait pas vraiment indispensable.
Enfin, au sortir de ce sommet, la complexité du dossier Roms est intacte. D'autres pays continuent à pratiquer, sans le claironner, des expulsions. La Roumanie n'a pas changé d'attitude à l'égard de cette communauté. Tout le monde peut convenir aisément de la nécessité d'une approche européenne pour concilier les exigences d'ordre et le respect des minorités. Cela exige, au moins, une concertation apaisée. Il ne sera pas trop tard lors du prochain sommet. Lorsque les humeurs seront retombées.
Après une conversation téléphonique animée, le matin même, avec le président de la Commission, Nicolas Sarkozy aurait profité du déjeuner qui s'ensuivit pour poursuivre le débat en des termes pugnaces. Même s'il a démenti par la suite tout accrochage avec José Manuel Barroso au sujet des Roms, tout le monde connaît son tempérament. La veille, le Premier ministre avait été envoyé en éclaireur à Bruxelles pour dire à quel point le parallèle avec la Seconde Guerre mondiale, fait par la commissaire Viviane Reding, était insupportable. En réalité, l'Élysée a choisi une stratégie offensive, qualifiant «d'excuses» les propos de Mme Reding (qui a simplement dit regretter les interprétations), puis attaquant les Luxembourgeois, priés de prendre des Roms chez eux, et renvoyant de ce fait la commissaire à ses origines. Or, comme le lui a rappelé le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, les commissaires agissent au nom de l'intérêt général et ne peuvent être réduits à leur nationalité. Mais le chef de l'État ne supporte pas plus Juncker que Barroso, qu'il a jugés inexistants durant la crise financière. Et sa vision nationaliste va à l'encontre du laisser-faire qui prévaut en Europe. N'oublions pas que Nicolas Sarkozy a compris que Jacques Chirac était mort politiquement au lendemain de l'échec du référendum européen qui marquait la fin du rêve d'intégration des pères fondateurs. Si Nicolas Sarkozy a été fort logiquement soutenu par Silvio Berlusconi, le représentant le plus emblématique du populisme en Europe, Angela Merkel s'est contentée de discrètes réserves. Il est vrai que les Allemands expulsent eux aussi des Roms. Au total, malgré les cris d'orfraie des élites européennes, le président français creuse son sillon nationaliste pour couper l'herbe sous le pied de Marine Le Pen.
Hubert Coudurier
Quelle foire d'empoigne hier à Bruxelles, impossible à cacher, même sous la plus nouée des langues de bois diplomatiques ! Avec prise de tête entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso, un président de la Commission pourtant longtemps « favori » de la France en raison de sa « flexibilité » ! Avec les remarques acerbes des Finlandais, avec la mise au point des Autrichiens rappelant à Paris qu'au niveau des institutions européennes, il n'y avait ni grands ni petits pays de l'UE et que le respect des traités s'appliquait à tous. Sans oublier les positions aussi modérées que gênées des autres pays, Allemagne comprise.
La circulaire ministérielle du cabinet Hortefeux désignant nommément la minorité ethnique des Roms a fait plus qu'empoisonner ce Conseil européen initialement consacré à la stabilisation monétaire, au G8 et au G20. Elle a isolé la France, également à cause - dans l'indignation, sans doute - de ses réactions aux propos de Viviane Reding, réactions qui n'ont rien changé sur le fond : la lettre comminatoire de la Commission envisageant des poursuites a été envoyée à Paris, la commissaire n'a pas présenté la moindre excuse, seulement formulé des « regrets » quant aux interprétations de ses dires. Et que le président Sarkozy ait fait allusion à la nationalité luxembourgeoise de Viviane Reding est jugé d'autant plus déplacé que dans ses décisions la Commission est par définition « communautaire », au-delà des États, dans le seul respect des traités liant les 27. Ce que la France a voulu oublier...
Certes, la politique européenne est avant tout, voire exclusivement, de la Realpolitik. Voilà pourquoi, devant les problèmes qui s'amoncellent, ce clash sera vite oublié. Mais pas ses traces. Dans l'Europe élargie, la France a surtout su s'imposer par son poids moral et historique, plus que par ses performances économiques.
Ce crédit politique souffre désormais de sérieuses entames augurant mal de cette influence française. Et cela à cause de réactions précipitées et électoralistes sans rationalisme, sans en prévoir les conséquences. Ainsi, la législation européenne ne s'oppose pas au démantèlement de camps illégaux portant atteinte au droit de propriété et ne répondant pas aux normes sanitaires. Les accords de libre circulation et d'installation chez les 27 laissent (sous conditions) entendre que les citoyens européens migrants doivent disposer d'un travail ou de ressources propres. En ce sens, la France n'est pas en défaut. Mais il y a la manière de faire. Pas en désignant une minorité en bouc émissaire.
Le plus affligeant dans ce charivari est que le vrai problème posé à toute l'Europe, celui de l'intégration des Roms, n'a même pas été abordé. Ce sera pour plus tard, paraît-il. Aux calendes grecques...
c'était à prévoir. A peine dévoilé hier par « Les Echos », le projet d'économies sur les dépenses d'assurance a suscité l'indignation de ceux qui y voient une nouvelle étape dans le désengagement de la Sécurité sociale. Les déremboursements envisagés sont, pour les uns modérés dans leur ampleur, pour les autres justifiés dans leur principe. Le léger coup de rabot consistant à enlever un demi-point aux taux de remboursement de l'assurance-maladie rapportera d'ailleurs si peu que cela conduit à se demander si, pour le risque pris, le mieux ne serait pas d'y aller plus franchement. Quant à la baisse de cinq points du taux de 30 %, elle s'inscrit dans une saine gestion qui conduit la Sécurité sociale, en assureur avisé, à couvrir moins les médicaments les moins efficaces. Nous pouvons le déplorer comme malades, pas comme cotisants.
Il reste que, une fois encore, nous aurons la conviction de voir la couverture maladie se rétrécir. Car depuis une quinzaine d'années, c'est vrai, la prise en charge des « petits soins », des maladies ordinaires, des traitements de confort ne cesse de se dégrader. Le syndrome des jambes lourdes est devenu un luxe pour la Sécurité sociale. Mais ne plus voir que cela, c'est oublier que celle-ci ne mégote jamais dès lors qu'il s'agit de couvrir une pathologie lourde ou un compatriote sans le sou. Comme, pour des raisons médicales et sociales, la population prise en charge à 100 % ne cesse de s'étendre, notre système demeure, globalement, l'un des plus généreux au monde.
Publiés hier, les comptes nationaux de la santé 2009 le montrent bien : depuis 1995, la part prise en charge par le système public est restée remarquablement stable. En dépit des déremboursements, forfaits et franchises, la Sécurité sociale paie toujours plus des trois quarts de nos dépenses de santé. Ce qui en fait l'une des plus généreuses de tout l'OCDE. Après intervention des mutuelles et assureurs, les ménages n'y laissent pas plus de leur poche qu'il y a quinze ans.
Avec 10 milliards d'euros de déficit annuel, l'arme du déremboursement peut être utilisée sans risque de changer le modèle social. A condition de ne pas oublier que c'est la maîtrise des dépenses de santé qui, au premier chef, permet de maintenir un bon niveau de couverture maladie.
Jean-Francis Pecresse
Rien n'est plus doux que de recevoir un chèque de l'État ou de la Sécu. On donne, on paie, on cotise tout au long de l'année en ronchonnant, Français oblige, et puis un jour, ça revient. Enfin, ça dépend… Pour le résumer simplement, en matière de remboursements, mieux vaut être riche que malade. D'un côté l'assurance-maladie rembourse de moins en moins au fil des ans et des plans de redressement, et ça ne va pas s'arranger avec les mesures révélées hier. De l'autre, l'État se montre toujours plus généreux pour les riches bénéficiaires du bouclier fiscal, qui se sont partagés près de 700 millions d'euros. Disons-le autrement : plus on est malade, moins on est remboursé, mais plus on est riche, plus on est remboursé. Sûr que notre Président saura nous expliquer la justice de ces remboursements à géométrie variable. Sinon, ils pourraient bien susciter une levée de boucliers.
Le pays le plus détestable au monde ?
"Êtes-vous français ?", voilà une question dont la réponse suscitait autrefois une certaine fierté. Aujourd'hui, le son de cloche est un peu différent. Si vous n'iriez peut-être pas jusqu'à renier votre patrie pour un peu de tranquillité, cette question vous mettrait presque mal à l'aise. Et il y a de quoi, car être français aujourd'hui plus qu'hier, vient avec un certain fardeau.
Un bagage politique
Ces dernières semaines, le gouvernement a fait fort. A cause de la polémique internationale autour des expulsions de Roms, le président et ses troupes ont fait les gros titres du New York Times, The Guardian ou encore The Economist. La gloire ? Non, la honte ! Vu le nombre d'allusions à Vichy, à la Gestapo ou encore à la petite taille de Nicolas Sarkozy, on se passerait bien de ce genre de publicité. D'ailleurs, même l'ONU et l'Union européenne ont eu leur mot à dire, et celui-ci n'était pas des plus flatteurs. Le Sarkozy bling-bling du début de mandat adoré par les médias internationaux, n'est plus que l'ombre de lui-même, et encore heureusement qu'il y a Carla. "Le basculement s’est fait au moment de l’affaire de l’Epad, en octobre 2009", explique Nancy Ing-Duclos, réalisatrice pour NBC. Le locataire de l'Elysée n'est d'ailleurs pas que raillé, il ferait même peur à certains. Alors que The Economist le représente avec le chapeau de Napoléon, Fidel Castro le traite carrément de "fou". Si on ajoute à cela le scandale Woerth, on est bien loin de la splendeur du temps des Lumières.
Un coq qui a les pieds dans la m…
Pire encore que la politique, le sport ! Même si l'Elysée ne se montre pas brillant, on pensait avoir au moins les athlètes pour sauver l'honneur. Si les nageurs français ont décroché une pluie des médailles aux derniers championnats d'Europe, l'éclaircie tricolore ne fait pas oublier la tempête médiatique lors de la débâcle des Bleus en Afrique du Sud. En plus de perdre tous leurs matchs et de rentrer en France la queue entre les jambes, les footballeurs ont montré une bien mauvaise image de la France suite à la désormais célèbre mutinerie de Knysna. Le fairplay n'était pas non plus de mise quand un Raymond Domenech des mauvais jours à refuser de serrer la main de l'entraîneur sud-africain après le dernier match des Bleus. Et alors qu'on pensait que les athlètes avaient appris leur leçon, le judoka Teddy Riner, dépité d'avoir perdu en finale des championnats du monde, ignore à son tour la main de son adversaire.
Un poids culturel
Pour les observateurs étrangers, les déboires français ne sont après tout que la conséquence de traits de caractères purement tricolores à savoir la mauvaise foi, l'entêtement et l'arrogance. Ce n'est pas pour rien que les touristes français sont toujours désignés comme étant les moins agréables de la planète. Quant aux étrangers se rendant dans notre "beau pays", la France a beau être la première destination touristique au monde, elle n'est pas la plus accueillante. Il n'y qu'à constater cela à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle, élu encore cette année pire aéroport au monde. Si l'accordéon, les bérets, le romantisme, les french kiss et la ratatouille ont leur charme, ce n'est aujourd'hui plus assez pour séduire. La french touch ne transforme plus tout en or. "On attend plus que la bonne cuisine et la belle architecture", prévient ainsi la réalisatrice américaine. Pourquoi ne pas alors s'entraîner à sourire, faire des efforts pour parler une langue étrangère et se remettre un peu en question ? Si les politiques auront du mal à s'y essayer, chacun peut contribuer à son échelle. Il ne faudrait pas que nos "Vive la France" deviennent tous ironiques.
Dans le monde d'avant la crise, 3,2 milliards de personnes avaient un emploi (on parle ici d'un emploi « formel » au sens du BIT) - une croissance de 500 millions en dix ans, dont la moitié en Asie. Le taux de chômage « mondial », longtemps calé sur 6 %, avait commencé à décliner de 2004 à 2007. Puis la crise a cassé ce dynamisme : aujourd'hui, 210 millions de personnes cherchent un emploi, 30 millions de plus qu'en 2007, dont les trois quarts dans les pays dits « avancés ». Les pires résultats ont été enregistrés par l'Espagne, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis, où 7,5 millions d'hommes et de femmes ont perdu leur job sans en retrouver et, fait nouveau dans ce pays où le marché du travail se caractérise par sa flexibilité, la moitié des chômeurs sont sans travail depuis plus de 27 semaines. S'installe dans ces pays un « chômage structurel ».
Réunis à Oslo, le 13 septembre, le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation internationale du travail (OIT) se sont alarmés du fait que « cet énorme coût humain » de la crise puisse durer longtemps. Les politiques budgétaires et monétaires de relance sont parvenues à éviter le pire : l'économie mondiale bénéficie d'une reprise même si celle-ci est encore hésitante. Mais l'emploi tarde à revenir dans la très grande majorité des pays. Les exceptions sont rarissimes : l'Allemagne, où le taux de chômage est inférieur à celui du début de crise, et la Norvège.
Les deux organisations notent que certains gouvernements ont mis en place des subventions de plusieurs types pour accélérer la renaissance de l'emploi. Allemagne, Italie et Japon ont, par exemple, massivement aidé l'emploi partiel pour maintenir les salariés dans leur emploi malgré les chutes d'activité. Mais, au total, nous restons loin du rythme de création de 45 millions d'emplois par an dans le monde d'avant-crise alors que 440 millions de jeunes vont se présenter sur le marché du travail dans la décennie qui vient. Les jeunes, même si la reprise se consolide, risquent d'être les premiers sacrifiés de la crise. Ils souffraient déjà d'un taux de chômage double des adultes, il sont 80 millions sans emploi aujourd'hui et beaucoup n'ont pu se nourrir qu'en acceptant un travail informel.
Si FMI et OIT tirent la sonnette d'alarme d'une reprise sans emploi, c'est dans la crainte que s'installe à l'échelle de la planète un chômage chronique (keynésien), un cercle vicieux dans lequel le sous-emploi bride la demande mondiale, qui réduit la production mondiale, sans qu'on en sorte. Cette crise de sous-emploi qu'ont connue individuellement les pays après la crise de 1929, le monde la connaîtrait dans son ensemble après celle de 2008. D'où l'insistance d'Olivier Blanchard, l'économiste en chef du FMI, pour que les pays qui disposent d'excédents commerciaux (Chine, Allemagne…) relancent plus que les autres pour « équilibrer la demande mondiale ». Mais ils soulignent aussi les tensions possibles dans de nombreux pays qui connaissaient des situations déjà tendues avant la crise. La Chine, par exemple, ne créait que 1 % d'emplois net par an alors qu'elle devait absorber un exode rural très pressant.
Ajoutons la France, qui s'est signalée par de piteux résultats sur le marché du travail depuis trente ans. Alors que le pays dépense des sommes record pour l'emploi - un total de 80 milliards d'euros, selon Jean Pisani-Ferry de Bruegel -, le chômage y est déjà fortement structurel, les jeunes y étaient déjà sacrifiés. Comme l'avait avoué François Mitterrand : « On a tout essayé. » La France a additionné les politiques d'emploi en comptant rarement et en n'évaluant jamais : 35 heures, indemnisations, réforme de Pôle emploi, soutien des activités partielles, formation des chômeurs, programmes publics de création d'emplois, allégements de cotisations sociales sur les bas salaires, primes pour l'emploi, exonérations dans les zones franches, etc. Gauche et droite ont été d'accord depuis trente ans, note Pisani-Ferry, pour utiliser l'argent public plutôt que pour réformer le marché du travail.
A l'heure de l'austérité, des députés veulent sacrifier certaines de ces politiques (exonérations des charges). Ils donnent l'impression qu'on va commencer à décharger la barque avec autant de joies du bricolage qu'on l'a chargée. En France, les faibles perspectives de croissance imposent de se doter d'une politique en faveur des créations d'emploi. Formation professionnelle inadéquate, dualisme des CDD et CDI, structure des prélèvements défavorable à l'embauche : la baisse du chômage dépend de vraies réformes devenues incontournables et urgentes.
Eric Le Boucher
L'intervention, mercredi, de la Banque du Japon pour contrer l'appréciation du yen révèle une absence totale de coopération internationale dans le domaine des taux de change. En dépit des multiples déclarations politiques sur la réalité de la concertation internationale au plus haut niveau, l'action unilatérale japonaise prouve le contraire. Tokyo aurait eu d'ailleurs bien tort de s'en priver, la plupart des gouvernements agissant de la même manière. L'heure de la mobilisation générale au paroxysme de la crise économique et financière semble bel et bien avoir vécu. Au niveau national, les plus hauts responsables politiques ne cachent pas leur amertume. De la « négligence bénigne » pour la valeur du dollar, malgré le sempiternel « un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis » de l'administration américaine, à l'intransigeance chinoise opposée à toute revalorisation rapide de sa monnaie en passant par le Japon désireux d'affaiblir sa devise contre toute logique sans oublier la cacophonie européenne sur le niveau souhaitable de l'euro, chacun défend ses propres intérêts. La valse des monnaies reste plus que jamais d'actualité et le chacun pour soi l'emporte. Seul un risque majeur de déstabilisation générale du système monétaire international serait à même de provoquer une nouvelle mobilisation générale.
Pour l'heure, il n'y a donc plus de pilote dans l'avion. Mais plusieurs. Historiquement, les relations entre grandes monnaies étaient régulièrement évoquées dans le cadre des sommets du G7, que ce soit au niveau des ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale ou des chefs d'Etat. Souvenons-nous des accords du Plaza, en septembre 1985, où les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France décident ensemble de déprécier le cours du dollar américain par rapport au yen et au deutsche Mark. Ou des accords du Louvre, deux ans plus tard, lorsque les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et le Canada opèrent de nouveau pour enrayer, cette fois-ci, la baisse du dollar. La dernière coopération sur les taux de change, plus limitée, viendra de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine pour soutenir l'euro en septembre 2000. Depuis, plus aucune intervention concertée n'a été mise en oeuvre pour corriger les déséquilibres des monnaies. Et pour cause. L'apparition de nouveaux géants économiques, Chine en tête, complique la tâche.
Les dirigeants du G8 ne peuvent plus aujourd'hui décider à eux seuls de gérer le système monétaire international. La crise économique et financière ayant radicalement changé le paysage, le G8 a perdu de ses prérogatives au profit d'un club élargi, le G20. Le sommet des chefs d'Etat du G20 de Pittsburgh en septembre 2009 l'a ainsi officiellement mandaté en tant que « forum prioritaire de la coopération économique internationale ». Sauf que, au sein de ce forum élargi, les questions de change sont abordées du bout des lèvres pour ne pas dire occultées. Certes, le dernier sommet des Vingt à Toronto, en juin dernier, a bien mentionné la problématique des changes. Mais en termes édulcorés. Les leaders se sont seulement engagés à « accroître la flexibilité des changes pour refléter les fondamentaux sous-jacents de l'économie » et ont regretté une « volatilité excessive » et « une variation désordonnée des taux de change », préjudiciables à la stabilité économique et financière. C'est bien peu. Les économistes regrettent que le G20 ne se soit pas plus saisi du problème. Mardi dernier, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), dans un rapport consacré au commerce et au développement, soulignait que « le moment d'une intense coopération internationale sembl[ait] appartenir au passé ». Et d'ajouter que le processus lancé en 2006 par la Chine, les Etats-Unis, la zone euro, le Japon et l'Arabie saoudite pour résorber les déséquilibres commerciaux mondiaux, notamment par un ajustement des taux de change, est un échec. Aucune des politiques qui ont conduit à l'émergence de ces déséquilibres n'a été modifiée. Dans un tel contexte, les chances d'assister à une refonte du système monétaire international et à une intense coopération dans le domaine des taux de change sont minimes. Du moins, tant qu'il n'y aura pas un arbitre reconnu internationalement pour forcer un ou plusieurs pays à revoir sa ou leur stratégie de change et de commerce.
Un renforcement des pouvoirs du G20 et du Fonds monétaire international (FMI) en la matière est donc plus que souhaitable. Il est même possible. Dans les statuts d'origine du FMI, le premier article stipule en effet que les buts du Fonds sont, entre autres, de « faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international » et de « promouvoir la stabilité des changes, [de] maintenir entre les Etats membres des régimes de change ordonnés et [d'] éviter les dépréciations concurrentielles des changes ». Dès lors, pourquoi ne pas redonner au FMI sa légitimité première sous l'oeil du G20 pour éviter tout débordement des taux de change ? Pourquoi ne pas constituer grâce aux réserves des banques centrales du G20 un fonds commun géré par le FMI et qui aurait pour but d'intervenir massivement sur le marché des changes sur une devise dont la valeur s'écarterait de son niveau jugé souhaitable au regard de l'évolution de la balance commerciale du pays émetteur de cette devise ? La logique le voudrait. La pratique en décidera sans doute autrement. Malheureusement.
Richard Hiault
George Osborne : « Vivre aux dépens de l'Etat n'est plus une option possible »
Le chancelier de l'Echiquier britannique, quarante ans, très proche du Premier ministre David Cameron, rend visite à Christine Lagarde. Il explique que le plus gros risque encouru par les économies européennes est le retour du risque de crédit souverain. .
Vous vous apprêtez à diminuer le poids de l'Etat dans l'économie britannique encore plus que Margaret Thatcher ne l'avait fait ? Pourquoi être aussi extrême ?
Parce que le nouveau gouvernement a hérité d'un déficit budgétaire de 11 %, le pire du G20. Le plan annoncé en juin était nécessaire pour restaurer la stabilité et redonner confiance, ici et à l'étranger, dans la capacité de la Grande-Bretagne à honorer ses engagements.
Même les marchés pensent que vous n'étiez pas obligés d'aller si vite…
En fait, il y a eu des signaux qui montraient que les marchés étaient inquiets. Les agences de notation s'interrogeaient sur la qualité de notre signature. Depuis les élections, les taux d'intérêt britanniques ont baissé, alors que des pays comme l'Espagne ont vu les leurs grimper. Nous avons réussi à prendre nos distances avec les pays auxquels nous étions associés auparavant. Et la baisse des taux d'intérêt a eu un effet de stimulation monétaire.
Etes-vous prêts à affronter une période houleuse socialement ?
Le public britannique comprend dans une très large mesure pourquoi nous faisons cela. Pendant une décennie, les dépenses publiques ont échappé à tout contrôle et augmenté de 45 %. Et nous avons fait campagne avec le projet explicite de réduire la dépense publique, tout comme les libéraux démocrates, nos alliés dans la coalition. C'est un élément clef.
Un sondage montrait récemment que le soutien aux coupes dans les dépenses diminuait, y compris chez vos supporters…
Je m'interroge sur les questions de ce sondage… Même des figures importantes de la précédente administration comme Tony Blair ou Peter Mandelson ont reproché à leur propre parti de ne pas prendre ce problème à bras-le-corps.
En quoi votre approche diffère-t-elle du conservatisme de Thatcher ?
La situation a complètement changé. Et nous allons procéder à ces coupes d'une façon juste. Je prendrai l'exemple de deux décisions que Margaret Thatcher n'aurait sans doute pas prises. Nous allons épargner le système national de santé. Et -c'est assez remarquable -, notre budget d'aide au développement international va continuer à augmenter.
Vous venez de déclarer que c'en était désormais fini du « style de vie consistant à rester assis à attendre les subsides publics ». N'est-ce pas un discours trop radical ?
Les dépenses de redistribution représentent un tiers des dépenses de l'Etat. Il n'est pas possible de restaurer les comptes publics sans s'y attaquer. Le système de protection sociale doit récompenser le travail et chercher à résoudre le fait que 5 millions de britanniques vivent d'aides d'Etat. Même quand la conjoncture est bonne. Bien sûr, ceux qui ne peuvent pas travailler, nous les soutiendrons, et même davantage. Mais franchement, pour ceux qui pensent que ce style de vie est un choix possible, cette option est terminée.
Beaucoup de gouvernement ont échoué dans cette tâche…
Oui mais il y a des exceptions : même si je ne dis pas que nous allons répliquer cet exemple, l'administration démocrate de Bill Clinton en est une. Assez souvent les gouvernements qui ont réussi à réduire leurs déficits étaient des gouvernements progressistes de centre gauche comme au Canada ou en Suède. Car une perte du contrôle des finances publiques est ce qui punit le plus les pauvres.
Ne pensez-vous pas qu'il y aura toujours une partie de la population difficile à mettre au travail et qu'il est contre-productif pour une société de cesser de l'aider ?
C'est une attitude défaitiste. Même dans les familles qui ne travaillent pas depuis trois générations, il est possible de rendre le sens de l'ambition. Laissez-moi vous donner un exemple de ce que je tiens pour injuste. Certaines familles en Grande-Bretagne recevaient 100.000 livres par an d'aides au logement ! C'est totalement inacceptable. C'est l'équivalent de l'impôt payé par 16 personnes actives !
Des économistes tout à fait crédibles et de votre propre camp pensent que vous prenez un risque inconsidéré avec l'économie ?
Je rejette cet argument. Imaginez la situation, si j'avais dit : « Je n'ai pas l'intention de changer le budget dont j'ai hérité. » Il y aurait eu une perte de confiance catastrophique au Royaume-Uni. Le plus gros risque pour les économies européennes est le retour du risque de crédit souverain. Nous avons été prudents dans nos prévisions. C'est autour de ce projet que nous pouvons restaurer la stabilité sur laquelle bâtir le redressement de l'économie.
Pourquoi est-il dans l'intérêt de la Grande-Bretagne d'être dans l'Union européenne ?
La Grande-Bretagne bénéficie énormément de sa présence dans l'Union européenne. Le marché unique nous permet de commercer avec tous les pays de cette zone. Nous bénéficions de la stabilité politique que l'Union a apportée à notre continent. Une des plus belles réalisations de l'Union au cours de ma vie a été l'élargissement à l'Est et l'inclusion de pays qui étaient derrière le rideau de fer quand j'ai grandi. Je n'aime pas tout dans l'Union, mais la Grande-Bretagne se doit d'être un membre actif.
Jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour sauver l'euro si un pays de la zone connaissait une crise souveraine grave ?
J'approuve l'accord trouvé par mon prédécesseur Alistair Darling, le jour avant que nous prenions nos fonctions. Il revient d'abord au pays de la zone euro de sauver un de ses membres.
Partagez-vous la vision française selon laquelle l'Allemagne pourrait se permettre de jouer un rôle plus actif dans la croissance européenne ?
Compte tenu de leur longue histoire de défiance vis-à-vis des déficits, les Allemands auraient pu être plus agressifs. Ils ont choisi le bon rythme étant donné leur situation économique.
La France va présider le G20. Quelles sont vos requêtes ?
La présidence française est une excellente opportunité de s'assurer que les réformes du système financier sont bien mises en application. Et que les sujets qui inquiètent la France comme la volatilité des marchés soient examinés correctement. Je sais que Christine sera une présidente efficace des ministres des Finances. D'ailleurs je lui rends visite et cela faisait longtemps qu'un chancelier était venu pour une visite bilatérale avec son homologue français.
Le gouvernement français avait une bonne relation avec l'administration de Gordon Brown. Pensez-vous qu'il y ait une communauté de vues aujourd'hui entre les gouvernements français et britannique ?
La France est un de nos alliés les plus proches. Il y a bien sûr des hauts et des bas dans notre relation mais nous avons beaucoup d'intérêts communs : nous sommes deux économies de la même envergure, avons des armées et des objectifs de politique étrangère similaires. Le nouveau gouvernement a fait de sa relation avec la France une priorité. Très tôt, David Cameron a rendu visite à Nicolas Sarkozy. Nous voulons faire cause commune. En nous mettant d'accord, nous pouvons influencer le cours des choses dans le monde.
Pensez-vous que les gouvernements de centre-droit européens peuvent s'inspirer de votre approche consistant à transférer les pouvoirs de l'Etat central vers les individus, les groupes sociaux, ou les entreprises, ce que vous appelez la « Big Society » ?
Oui, j'espère. Deux choses intéressantes se produisent. La première est que la récession ne s'est pas traduite par un rejet des partis de centre droit attachés à la liberté des marchés. Les gens comprennent que les propositions anticapitalistes opportunistes de la gauche ne sont pas ce dont le monde a besoin. La deuxième est que les partis de centre droit ont compris qu'ils doivent représenter davantage que le libéralisme économique. Le marché et les choix individuels ne résolvent pas tout. Les communautés doivent se mobiliser ; les familles sont des institutions importantes : il y a une « Grande Société ». Tous les problèmes graves ne peuvent pas être résolus en déversant plus d'argent public.
PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS MADELAINE
« sécularisme agressif »
Benoît XVI est entré dans le vif du sujet dès son discours à la reine d’Angleterre, événement marquant de la visite d’État qu’effectue le pape au Royaume-Uni. Ce n’est pas faire offense au climat britannique que de rappeler les nuages qui s’étaient accumulés sur l’horizon de ce déplacement pontifical. Il faut d’ailleurs reconnaître que, désormais, peu de déplacements de Benoît XVI s’annoncent sans polémique !
Les réserves étaient de plusieurs ordres : le coût de la visite et la prise en charge par l’État d’une partie de la facture ; les relations avec l’Église anglicane, compliquées par les tensions au sein même de cette Église ; les prises de position catholiques en matière de mœurs et de bioéthique tout comme l’enseignement social sur l’économie, reçues avec distance dans ce pays libéral – à tous les sens du mot… Sans oublier l’ombre de la pédophilie planant sur toute l’Église. En venant conforter la communauté catholique, dans ses forces et dans ses fragilités, le pape ne pouvait ignorer l’opposition ou l’indifférence d’une bonne partie de la population.
Il ne s’est pas dérobé devant l’obstacle. Sa première intervention lui a permis de rendre hommage à la Grande-Bretagne, à la grandeur de son histoire, à son engagement pour l’abolition de l’esclavage, à sa lutte contre le nazisme, à son rôle en faveur de la paix, à son ouverture à toutes les cultures. Noblesse oblige, a-t-il voulu signifier. Ce glorieux héritage et l’influence du pays bien au-delà de ses frontières (par le biais du Commonwealth et de la langue anglaise) lui confèrent de lourdes responsabilités Ainsi a-t-il, dans une incise, invité les médias anglais à demeurer à la hauteur de leur réputation…
Mais il s’est inquiété – et l’on savait que ce serait une pointe de sa visite – des formes « agressives de sécularisme » menaçant la société britannique. N’hésitant pas à faire le parallèle, quitte à ne pas être suivi dans ses alarmes, avec l’« extrémisme athée du XXe siècle » (nazisme et communisme) qui, en excluant « Dieu, la religion et la vertu de la vie publique », conduit à une « vision tronquée de l’homme et de la société ». Un message en langue anglaise destiné, sans doute, à traverser la Manche.
Dominique Quinio
Clash "violent" entre Sarkozy et Barroso lors du sommet de l'UE
La polémique sur le renvoi des Roms par la France s'est amplifiée à l'occasion du sommet européen de ce jeudi. Occultant un succès commercial d'envergure pour l'Union européenne, qui vient d'approuver un accord de libre-échange ambitieux avec la Corée du Sud.
Lors du sommet réunissant les dirigeants européens à Bruxelles, "il y a eu un échange très violent entre le président de la Commission [José Manuel Barroso] et le président français" sur la question du renvoi des Roms, a indiqué à la presse le Premier ministre bulgare, Boyko Borissov.
Mercredi, la commissaire à la Justice, Viviane Reding, avait, en des termes très durs, dressé un parallèle entre le renvoi des Roms et les déportations de la seconde guerre mondiale, provoquant la colère des responsables français, qui avaient obtenu qu'elle exprime des "regrets" mercredi soir, peu avant le sommet.
Mais ce jeudi, selon l'agence France Presse qui cite plusieurs sources européennes, Nicolas Sarkozy serait revenu sur cet incident, à l'occasion d'une session de travail avant le déjeuner, en déclarant que la Commission avait "blessé la France" par ces propos. En retour, José Manuel Barroso aurait "rappelé, et vigoureusement défendu, l'institution et le rôle de la Commission".
Circulaire administrative "discriminatoire"
Bruxelles reproche également à Paris d'avoir dissimulé une circulaire administrative ciblant expressément les Roms pour les renvois, contrairement à ce qu'elle aurait assuré. Suspectant ces renvois d'être "discriminatoires", la Commission menace de poursuivre Paris en justice pour le non respect de la législation européenne sur la liberté de circulation des citoyens européens.
Les responsables européens ont tenté de trouver une solution d'apaisement à la crise, par le biais d'un projet de déclaration commune sur la nécessité de mieux intégrer les Roms. L'idée a toutefois été abandonnée. Pour l'heure, selon le Premier ministre bulgare, "rien n'a été décidé" sur cette question. Les dirigeants européens chercheront "lors d'un prochain sommet" à mettre au point "une stratégie sur le long terme pour trouver une solution à ce problème", a-t-il déclaré à la presse.
Accord de libre-échange avec Séoul
La polémique a par ailleurs complètement occulté un succès commercial de taille pour l'UE, approuvé ce jeudi. Lors du sommet de Bruxelles, l'UE a en effet donné son feu vert à un accord de libre-échange avec Séoul, en négociation depuis trois ans. L'Italie, qui mettait son veto au projet du fait d'inquiétudes pour son industrie automobile, a levé ce dernier obstacle.
Cet accord commercial bilatéral, le "plus ambitieux jamais atteint" par l'Europe, représente "un pas très important dans l'ouverture des marchés asiatiques pour nos entreprises", a déclaré le ministre des Affaires étrangères belge, Steven Vanackere, dont le pays préside l'Union européenne. Il permettra une forte baisse des tarifs douaniers, et devrait générer de nouveaux échanges de biens et de services qui pourront se monter jusqu'à 19 milliards d'euros pour les exportateurs européens, a estimé la Commission européenne.