3 points de PIB et près de 10 millions d'emplois. C'est ce que coûterait l'application des nouvelles normes aux banques, à en croire l'Institut international de la finance. Mais les menaces du lobby bancaire sont-elles crédibles ?
La mise en place de Bâle III va coûter trois points de PIB à la croissance mondiale au cours des cinq prochaines années. Voilà la menace que l'Institut international de la finance a brandie dans un rapport publié la semaine dernière. A en croire le lobby bancaire, la réforme de l'arsenal réglementaire empêcherait la création de 9,73 millions d'emplois aux Etats-Unis, en Europe et au Japon d'ici à 2015. Rien que ça. Un avertissement redoutable alors que la reprise s'avère décevante, surtout en Europe, où, pour ne rien arranger, le financement de l'économie dépend à 74% du crédit bancaire.
Bâle III, une entrave aux profits des banques
Les banques ne se lassent pas de répéter à quel point ces nouvelles normes seront néfastes pour l'économie. Mais "c'est surtout pour leurs profits et bonus qu'elles seront nocives", rétorque l'économiste Jézabel Couppey-Soubeyran. Car l'un des objectifs de Bâle III est d'augmenter les fonds propres, la crise ayant révélé que de nombreuses banques n'étaient pas assez capitalisées pour pouvoir absorber les pertes subies. Or augmenter les fonds propres réduit mécaniquement le rendement, et donc les profits. Et "comme elles ne peuvent pas dire, «ça va diminuer notre rentabilité et nos retours sur investissement», elles ressortent le sempiternel «ça va diminuer le crédit», explique Felix Salmon sur son blog. "Les banques ont fait les simulations en retenant les scénarios les plus pessimistes pour arriver aux 0,6 point de croissance sacrifiés par an, poursuit Jézabel Couppey-Soubeyran. Cela fait partie du lobbying pour obtenir des assouplissements, au moins dans le calendrier, de l'application des normes." De fait, en dehors du milieu bancaire, les estimations sont moins alarmistes. Nout Wellink, le gouverneur de la Banque centrale néerlandaise et président du Comité de Bâle, estimait début mai que Bâle III devrait coûter entre 0,5 et 1 point de croissance du PIB sur les prochaines années.
Le crédit : variable d'ajustement ?
Faut-il prendre les menaces sur la distribution de crédit au sérieux ? En théorie non. Les nouvelles exigences de fonds propres s'appliquent surtout aux activités de marché et de titrisation, car ce sont ces métiers qui se sont avérés sévèrement sous-capitalisés pendant la crise. C'est donc dans la banque d'investissement qu'il va falloir doubler voire tripler le capital ou se résigner à réduire l'activité. Pas sûr toutefois que les banques acceptent de renoncer aux activités de marché, qui sont les plus rentables. Il est en effet probable qu'elles préfèrent faire du crédit la principale variable d'ajustement. Côté banques, on affirme ne pas avoir le choix: "le renforcement de l'exigence globale en capital revient in fine à relever dans les mêmes proportions les exigences spécifiques appliquées à chaque catégorie d'actifs. II est ainsi de nature à affecter l'ensemble des activités bancaires et à porter atteinte à la capacité des banques à financer l'économie", explique Céline Choulet, économiste à BNP Paribas. Si les nouvelles normes obligent les banques à lever d'ici 2012 jusqu'à 800 milliards de dollars en capital et 3700 milliards de dette, elles risquent donc de répercuter ces coûts sur le crédit, à la fois en terme de baisse de volumes et de renchérissement.
Rationaliser ou rationner le crédit ?
Mais serait-ce vraiment grave si les banques accordaient moins de prêts? Il ne faut pas oublier que la dernière crise résultait précisément d'un emballement du crédit. "Les banques n'étaient pas assez regardantes sur la solvabilité des emprunteurs, rappelle Jézabel Couppey-Soubeyran. Elles prêtaient à tout va puisqu'elles pouvaient se débarrasser du risque via la titrisation." Avec ces nouvelles contraintes, "les banques vont enfin retrouver un de leurs coeurs de métier : la sélection de risques", renchérit l'économiste Dominique Plihon. "Les banques vont parler de rationnement pour faire peur, mais il s'agit plutôt d'une rationalisation, ajoute Jézabel Couppey-Soubeyran. Sans compter que cela aura l'avantage de limiter la hausse des prix de l'immobilier".
En revanche, si les entreprises ont du mal à se financer auprès des banques, ce sera problématique pour la reprise. Et l'argument ne laisse pas indifférent dans le contexte actuel de reprise molle en Europe. "Mais si le volume de crédit est relativement faible actuellement, cela a plus à voir avec une demande fragile de la part des entreprises qu'avec un problème d'offre des banques, poursuit l'économiste. Et quand le crédit repartira, les garde-fous qu'on aura mis en place pour empêcher un emballement excessif seront sains".
lundi 14 juin 2010
Les banques font-elles du chantage à la croissance ?
Le président du Nouveau centre pense aussi à la Présidentielle de 2012
« Le choix se posera entre exister par la seule volonté du Prince, qui par nature est réversible et donc fragile, et celui d'exister par nous-mêmes », a lancé hier à Tours, devant 1 500 militants le président du Nouveau centre Hervé Morin, en défendant le principe d'une candidature centriste en 2012.
« Si nous n'allons pas jusqu'au bout, c'est que nous aurons échoué et j'assumerai alors mes responsabilités, car je n'ai pas l'intention d'être le président d'un parti qui se résumerait à être le décor d'une pièce qui se jouerait sans lui », a-t-il ajouté. Réélu sans surprise hier président du Nouveau Centre avec 93,4 % des suffrages, le ministre de la Défense veut bâtir un projet politique, rassembler les centristes et asseoir sa notoriété dans la perspective d'être candidat en 2012. Et l'homme ne minimise pas les difficultés de sa tâche. Selon un sondage Opinionway publié samedi dans Le Figaro, avec 16 % des suffrages, il n'arrive qu'en 3e position sur les candidats centristes potentiels à la présidentielle. 30% des sondés lui préfèrent le patron du parti radical Jean-Louis Borloo et 29 %, le leader du MoDem François Bayrou. « Proportionnellement à un niveau de notoriété encore en devenir, les résultats d'Hervé Morin dans ce sondage sont excellents », s'est félicité le porte-parole du NC, Maurice Leroy. « Bien évidemment, Hervé Morin est un excellent candidat », a observé la secrétaire d'Etat NC à l'écologie, Valérie Létard. Mais à ses yeux, Jean-Louis Borloo est celui qui « incarne le plus les valeurs humanistes, de cohésion sociale, de l'écologie, celles qui collent au centre ». « Nous connaîtrons des pressions, des doutes, des défections, nous le savons déjà, mais je sais que vous tiendrez bon, que vous résisterez », a lancé M. Morin à la tribune du congrès. Parmi les principaux obstacles, l'hostilité déclarée de Nicolas Sarkozy à l'émergence d'une candidature autonome centriste. Plusieurs membres de sa majorité ont aussi tendu la main au rival d'Hervé Morin, François Bayrou, qui a vu le président à deux reprises.
AZNAVOUR ET SA CHANSON EST TOUJOURS ACTUEL : "JE M'VOYAIS DÉJÀ....."
Le gouvernement présentera mercredi sa réforme des retraites. En attendant, on peut faire un bilan de la préparation de cette campagne des retraites. Une campagne éclair puisque Nicolas Sarkozy a annoncé le principe d’une réforme il y a un an (à Versailles) mais que tout a vraiment commencé il y a deux mois, avec des concertations officielles. Deux mois, cela paraît court pour une évolution des retraites qui engage la vie de millions de personnes mais il y aura d’autres étapes - au Parlement et dans la rue peut-être.
Au fond, le premier point qui frappe est que ce dossier des retraites est à la fois connu - voire hyper balisé - dans les grands principes (pour ou contre les 60 ans ou la hausse de la cotisation des fonctionnaires) et peu documenté dans le détail – en tous cas pour nous, pour l’opinion. Combien de salariés concernés dans cinq ans par le relèvement de l’âge légal de départ à 62 ans ? Mystère. Quelle baisse de la pension s’ils décident de partir quand même ? Mystère. Au-delà des grandes masses des déficits, il y a du flou. Les journalistes ont peut-être été paresseux… Mais le gouvernement et les syndicats (qui gèrent les caisses de retraite) ont aussi des éléments que nous n’avons pas et c’est regrettable.
Sur le fond, le débat a été plutôt convenu, chacun restant droit dans ses bottes, évoluant peu. Finalement, qui a animé le débat ? Dominique Strauss-Kahn disant que l’âge de la retraite ne pourrait pas rester éternellement le même – en porte-à-faux avec la position officielle du PS. François Bayrou, grand opposant de Nicolas Sarkozy, qui a reconnu que sur les retraites il n’y avait pas 36.000 manières différentes de faire. Et François Chérèque, qui a cherché un équilibre : pas question pour lui de soutenir le projet du gouvernement – cela lui a coûté cher en 2003 – mais pas question non plus de se boucher les yeux : l’idée d’un allongement de la durée de la cotisation a été acté au congrès de la semaine dernière. Du côté des pouvoirs publics, on verra mercredi si certains messages ont été entendus.
Les pouvoirs publics ne sont d’ailleurs pas tous sur la même ligne. En tous cas, ils débattent. C’est toujours compliqué de savoir qui pense quoi quand ce n’est pas public. Mais il semble bien que François Fillon souhaite une réforme forte, le Premier ministre ne voulant pas trop de contreparties comme en 2003 et en 2007 – ce qui a coûté cher. Pas question de recommencer une nouvelle réforme dans cinq ans. Il amènerait le passage de l’âge légal à 63 ans, comme Jean-François Copé. A l’Elysée, Nicolas Sarkozy, poussé par son conseiller Raymond Soubie, serait tenté d’être plus prudent (il viserait 62 ans). C’est là qu’a été prise la décision de ne pas toucher pour l’instant aux régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP. Ce débat (un beau débat), sera tranché au plus tard demain soir.
Dernier point de ce premier bilan d’avant- réforme, il est clair que la France est sous surveillance. C’est le plus nouveau et ce n’était pas attendu il y a un an. Les investisseurs, mais aussi l’Allemagne et le Fonds monétaire international regardent de près ce que la France sera prête à faire. C’est une contrainte extérieure et elle s’ajoute à la contrainte intérieure.
Plus encore que le montant record du déficit de la Sécurité sociale prévu en 2010 - 27 milliards d'euros -, c'est la série dans laquelle il s'inscrit qui saisit d'effroi. La rétrospective est atterrante, la perspective est terrifiante ; l'une et l'autre montrent que le « trou de la Sécu » entre désormais dans une quatrième dimension, une zone où il échappe à tout contrôle. Après les déficits des années 1985 à 2000, qui se mesuraient en unités de milliards d'euros, sont venus ceux des années 2000, autour de la dizaine de milliards d'euros. Tel fut en effet l'ordinaire des pertes annuelles entre 2003 et 2008. Avec la crise financière mondiale, qui a fait s'effondrer les recettes salariales et s'envoler les dépenses sociales, l'unité de compte du déficit de la Sécurité sociale est devenue, en 2009 et 2010, la vingtaine de milliards d'euros. Fin de la troisième dimension. Au rythme auquel continuent d'évoluer les prestations et au vu des maigres espoirs de rebond de l'emploi et des salaires, le seuil des 30 milliards d'euros de pertes sera franchi l'an prochain. Car le gouvernement aurait tort de s'en remettre au caractère conjoncturel de la dégradation passée pour en espérer un redressement futur.
A un déficit de crise ne succédera pas un excédent de reprise. Pour trois raisons. D'abord, en majorité assises sur les revenus du travail, les recettes sociales sont moins réactives que les recettes fiscales. Ensuite, à de tels niveaux de déséquilibre, il faudrait un effort de très longue haleine - trop au regard des réalités de la politique. Enfin, après avoir tant vanté dans la crise le « modèle français », l'efficacité d'un amortisseur social célébré jusque dans la presse anglo-saxonne, il est difficile d'expliquer que le précieux coussin est devenu un boulet financier, un accélérateur de dette publique.
Les sommes en jeu peuvent certes paraître secondaires au regard des déficits budgétaires. Mais, à la différence d'un Etat qui peut s'endetter pour investir, une assurance sociale a vocation à couvrir par ses primes les services qu'elle offre. Pas à reporter la facture sur les générations futures à raison de 50 milliards d'euros tous les deux ans. Il y a là plus qu'une anormalité, une amoralité. Payer nos dettes serait la première étape vers une prise de conscience de ce que nous coûte notre glorieux amortisseur social. La deuxième serait de commencer à vraiment colmater les fuites, en acceptant cette idée bien peu française que des réformes puissent faire quelques perdants aujourd'hui pour éviter de l'être tous demain.
Cinquante jours après le début de la pire marée noire de toute l'histoire des Etats-Unis, le président Barack Obama exige que BP se sépare de son PDG et que le géant du pétrole suspende le versement de son dividende pour faire face aux conséquences financières de ce désastre écologique et économique. Une nouvelle jurisprudence du principe « pollueur-payeur » se dessine : en cas de catastrophe, le patron doit partir et l'entreprise renoncer au profit.
Exiger la tête du « boss » n'a rien d'un tabou. Les patrons truqueurs méritent souvent la prison. Ceux qui ont commis des erreurs stratégiques majeurs, la démission. Personne ne le conteste.
Mais le PDG qui n'a pas pu ou su empêcher un accident dramatique qu'il n'a en rien provoqué doit-il aussi être sacrifié ? Sans doute. Car ce n'est pas parce que le patron du XXI e siècle n'est pas forcément coupable qu'il n'est pas au moins responsable des dérives de l'entreprise qu'il dirige. Personne n'attend de lui qu'il « micro-manage » au quotidien une multinationale mais il se doit d'être le garant d'une culture d'entreprise. C'est lui, en engageant sa responsabilité, qui doit inciter ses troupes à limiter la prise de risques, à trouver un équilibre entre la pression concurrentielle à court terme et les exigences du long terme. Daniel Bouton a payé pour Kerviel, Tony Hayward devrait être puni pour Deepwater.
Tout comme son PDG, BP doit également faire face à ses responsabilités. Le fond n'est sur ce point pas contestable. La forme en revanche laisse à désirer. Ce n'est pas parce qu'il est britannique et riche à milliards que BP doit être mis à l'amende. C'est parce qu'il a pollué et qu'il peut assumer le coût de cette pollution. En cédant aux accents populistes et nationalistes, le président américain se trompe de cible et joue contre son camp. Tout autant « british » qu'américain, BP est non seulement l'un des principaux producteurs d'or noir en Amérique mais c'est aussi un géant dont 40 % des actionnaires sont américains. Fragiliser durablement BP, c'est donc affaiblir aussi les Etats-Unis. Enfin, s'attaquer au symbole du dividende, c'est chercher au-delà du management à punir l'actionnaire. La valeur boursière de BP a déjà été pratiquement divisée par deux. L'actionnaire a déjà été suffisamment puni.
Sarkozy et Merkel se rencontrent autour de questions économiques
Au menu: crise grecque, euro et sommet de Bruxelles...
Une semaine après le raté qui a ravivé les doutes sur la santé du couple franco-allemand, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se retrouvent lundi à Berlin pour tenter de rapprocher leurs positions sur la gouvernance économique de l'Europe avant le sommet de Bruxelles.
Grand classique de la geste diplomatique franco-allemande, le rendez-vous de la chancelière et du président avait été programmé le 7 juin pour colmater les brèches apparues entre les deux pays à la faveur de la crise grecque et des menaces sur l'euro. Son report d'une semaine, en dernière minute, avait attisé les inquiétudes.
Officiellement, la rencontre avait été retardée à cause de l'emploi du temps surchargé d'Angela Merkel, très occupée lundi dernier à négocier avec sa majorité un plan d'austérité draconien pour son pays jusqu'en 2014.
«Froideurs et malentendus»
La confusion entretenue dans les deux capitales autour du responsable de cet ajournement - Paris ou Berlin ? - n'a fait qu'alimenter les commentaires sur les "froideurs et les malentendus", selon les mots du quotidien allemand Die Welt (droite), entre les deux dirigeants.
Pour tordre le cou aux rumeurs de divorce, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont publié mercredi une lettre commune demandant à la commission de Bruxelles d'accélérer ses efforts sur la régulation des marchés financiers.
«Il fallait montrer que la France et l'Allemagne travaillent ensemble, a souligné mercredi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Pierre Lellouche. La séparation n'est pas une option».
Concertation franco-allemande
Vendredi, la chancelière est elle-même montée au créneau pour réaffirmer la bonne entente franco-allemande, malgré les agacements suscités en France comme ailleurs en Europe par ses réticences à voler au secours de la Grèce ou à appuyer le plan de soutien de la zone euro.
«Je me suis concertée de façon intensive avec Nicolas Sarkozy pendant la crise de la zone euro, a-t-elle juré au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Toutes les décisions importantes ont été préparées et portées ensemble».
Malgré ces proclamations, le menu de la réunion de Berlin s'annonce lourd tant les positions de la France et de l'Allemagne paraissent éloignées sur la question délicate de la coordination des politiques économiques au sein de l'Union européenne (UE) et de la zone euro.
«Gouvernance économique»
Partisan d'un véritable «gouvernement économique» dans la zone euro, Nicolas Sarkozy défend l'idée de réunions régulières de leurs chefs d'Etat et de gouvernement, avec création d'un secrétariat des 16 pays membres.
«Pour qu'une zone monétaire soit efficace il faut qu'elle soit dotée d'une politique économique coordonnée (et) des instances qui permettent la mise en oeuvre et le respect de ces politiques», a plaidé cette semaine encore le ministre français de l'Economie, Christine Lagarde.
Au nom de l'indépendance de la Banque centrale européenne, Angela Merkel préfère un pilotage économique à 27 et reste très réservée, tout comme le président de l'UE Herman Van Rompuy, sur la création de nouvelles institutions à vocation économique au sein de la zone euro.
Au contraire, la chancelière verrait bien toute l'Europe suivre son pays sur la voie d'une cure d'austérité, dont M. Sarkozy ne manque plus une occasion de dénoncer les risques pour la croissance. Bref, la discussion de lundi soir s'annonce serrée.
Par nature, un divorce échappe à la raison. Ressentiment, ivresse du règlement de comptes, certitude absolue de devoir en finir avec la vie commune... Le sentiment d'exaspération balaie tout sur son passage. A ce moment précis, l'histoire du couple ne compte plus, ni ce qu'il a bâti, ni ce qu'il représente pour la famille à laquelle il appartient, ni l'intérêt des protagonistes. La pulsion de séparation l'emporte sur tout le reste.
L'Europe a armé pacifiquement le Vieux Continent contre les guerres militaires. Elle n'avait pas imaginé qu'une guerre conjugale puisse un jour miner un pilier de ses fondations. Voilà donc la Belgique déchirée par l'inextinguible querelle linguistique entre Flamands et Wallons, tentée par la partition ! Un scénario longtemps impensable et qui, la crise perdurant, apparaît de moins en moins inenvisageable. Dans les esprits en tout cas. La victoire des indépendantistes flamands aux élections d'hier active un cran supplémentaire dans l'engrenage qui inexorablement conduit à la rupture.
Pur fantasme électoral, mais le passage à l'acte serait pure folie. Après tout, depuis l'indépendance du pays en 1830, l'amour entre les deux communautés n'a jamais été fusionnel. Les mots acides de Jacques Brel dans « Les Flamingands » suffisent à prendre la mesure des vieilles rancoeurs et autres petits mépris ordinaires. Le royaume a toujours fait avec. Il a l'expérience des crises et des rabibochages : en 1930, puis dans les années 60, alors que flottait déjà l'envie de se quitter pour de bon, des lois fondamentales avaient trouvé les compromis nécessaires au vivre ensemble. Aujourd'hui, malgré les scènes de ménage répétitives, nombre d'obstacles politiques, techniques et institutionnels rendent quasiment impossible une éventuelle scission. A commencer par Bruxelles, capitale-rempart à la fois mixte et internationale : il faudrait que la Flandre y renonce pour prendre son indépendance. Autrement dit, un suicide !
Non, la Belgique ne risque pas de mourir d'éclatement ce matin. Elle pourrait, en revanche, succomber à petit feu à la paralysie qui la guette si elle ne parvenait pas à trouver la recette d'une nouvelle cohabitation. Les vexations qui accablent les Wallons vivant en Flandre prennent des proportions aussi inquiétantes que surréalistes. Au goût, mesquin, de la revanche contre l'hégémonie passée du français s'est ajoutée la remise en question des transferts de solidarité du Nord, flamand, vers le Sud, wallon, où le chômage est trois fois plus important. Un mur immatériel mais bien réel s'élève peu à peu entre les uns et les autres.
Cette régression, l'Europe ne peut plus en rester passivement spectatrice. Fermer les yeux devant les absurdités égoïstes des dérives régionalistes reviendrait à une capitulation historique.
Parfois, les révolutions sont discrètes. Depuis mars, il est possible pour un justiciable de saisir le Conseil constitutionnel sur une loi ou un article de loi en vigueur, pour demander que soit vérifiée sa conformité avec notre loi fondamentale. C'est l'un des effets de la révision constitutionnelle votée en juillet 2008.
La première « question prioritaire de constitutionnalité » (QPC) a porté sur les textes qui « cristallisaient » les pensions des anciens combattants des ex-colonies françaises. La juridiction suprême a jugé que ces dispositions étaient contraires au principe d'égalité devant la loi. Les pensions devront être recalculées. Ainsi sera mis fin à une injustice flagrante.
D'autres questions sont en cours d'examen, notamment sur le droit à l'indemnisation d'un enfant né handicapé, et sur le sujet très sensible du principe et des modalités de la garde à vue.
Ce qui est en jeu, c'est l'affermissement de l'État de droit dans notre pays. Nous avons le sentiment de vivre dans une démocratie solidement établie. Mais si nous regardons nombre de nos partenaires européens, surtout au nord et à l'est, si nous faisons la comparaison avec les pays anglo-saxons, les Français se distinguent par le fait qu'ils ne font que moyennement confiance à la loi et au législateur.
À la « légalité », ils opposent souvent une forme de légitimité populaire qui est celle de « la rue », qui autoriserait parfois même le recours à la violence. C'est assurément l'héritage de la révolution française, expérience fondatrice de notre existence politique moderne. Le pays semble, du coup, aller de blocages en crises, comme si les procédures légales et démocratiques ne suffisaient pas à assurer le développement normal de la vie en société.
En même temps, notre pays souffre aussi largement d'une inflation législative. Dès que surgit un drame, une crise, on sort un projet de loi, ce qui fait que nombre de textes restent inappliqués, et que des décrets d'application restent dans les tiroirs. Dès lors, la loi devient un outil d'affichage politique, plutôt qu'un instrument de régulation collective. Enfin, on entend, ces derniers temps, dire que la politique doit savoir tordre le bras à la loi, si elle est un obstacle. C'est ce qui a été affirmé lorsque le conseil d'Étata rendu un avis défavorable sur le projet de loi sur le voile intégral...
La mise en oeuvre de la « question de constitutionnalité » peut modifier progressivement notre rapport à la loi et à la Constitution, en montrant qu'il est possible de les prendre au sérieux et au mot. La première décision de la Cour constitutionnelle a mis fin à une injustice dénoncée et reconnue depuis longtemps, mais dont les victimes n'étaient pas en position de faire entendre leur protestation dans la rue. Il en va de même pour les « gardés à vue »...
La QPC offre un accès au droit, à la justice, à ceux qui ne peuvent pas s'organiser en groupe de pression ou de protestation. C'est en soi une oeuvre d'égalité et de justice considérable. Elle va, peu à peu, rendre la loi beaucoup plus crédible, puisqu'elle apparaîtra davantage au service du citoyen et du justiciable. C'est tout à fait considérable. À condition que des hommes politiques ne partent pas en guerre contre le Conseil constitutionnel, en dénonçant « la République des juges ».
Jean-François Bouthors (*)
Le Japon accusé de corrompre des Etats pour leur soutien à la chasse à la baleine
n savait le Japon énergique dans la défense de son droit à chasser la baleine ; selon le Sunday Times du 13 juin, cette énergie dépasserait travail d'argumentation et utiliserait une persuasion plus directe, faite d'argent liquide et de prostituées.
Après avoir enquêté en infiltration, les journalistes de l'édition dominicale du quotidien britannique sont assuré que les représentants d'au moins six pays étaient prêts à mettre aux enchères leur voix dans les votes de la Commission baleinière internationale (IWC). Des révélation qui pourraient embarrasser le Japon alors que débute au Maroc le 21 juin une session de l'IWC qui pourrait remettre en cause le moratoire sur la chasse à la baleine qui a cours depuis vingt-quatre ans.
Face aux dénégations du Japon concernant d'éventuels achats de voix, le Sunday Times produit un verbatim de vidéos sur lesquelles on voit des représentants de pays favorables à la chasse expliquer s'être laissés convaincre par le montant des aides d'Etat en provenance de Tokyo, la distributions d'argent liquide au cours des séances de l'IWC – auxquelles ils avouent également avoir été conviés, logement et voyages payés, par le Japon – et même par la mise à disposition de prostituées lors de visites de délégations officielles au Japon.
1 000 DOLLARS PAR JOUR EN LIQUIDE
Certains montant sont avancés : ainsi, le représentant de la Guinée avance-t-il le montant d'au moins 1 000 dollars en liquide par jour offerts par le Japon au ministre de la pêche pour ses dépenses personnelles pendant toute la durée des rencontres de l'IWC. Quant au représentant de la Tanzanie, il parle de "gentilles filles" mises à disposition du ministre de responsables du secteur de la pêche de son pays lors de séjours tous frais payés au Japon.
Pour obtenir ces information, les journalistes du Sunday Times se sont fait passer pour des proches d'un milliardaire disposé à payer en échange d'une modification du vote de plusieurs pays pro-chasse. Le journal assure que Saint-Christophe-et-Niévès, les îles Marshall, la Communauté de la Grenade, les Kiribati, la Guinée et la Côte d'Ivoire ont accepté d'engager des négociations pour adoptéer une position anti-chasse.