TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 2 août 2010

Comment répondre à Sarkozy ? Le dilemme du PS

Comment répondre à la stratégie sécuritaire de Nicolas Sarkozy ? Le Parti socialiste semble hésiter, lundi 2 août, sur le ton de sa riposte. Comme à chaque sortie du même type de la part du chef de l'Etat, les socialistes peinent à choisir : s'indigner et aller dans le sens des critiques de l'UMP, qui n'a pas manqué de l'accuser "d'angélisme" ? Ou ne rien dire, et subir les railleries de son aile gauche ?
Martine Aubry a mis deux jours à réagir, par un communiqué, aux dernières propositions du chef de l'Etat. La première secrétaire évoque "l'outrance verbale" et "une dérive antirépublicaine" destinée à masquer "les échecs de Nicolas Sarkozy en matière économique et sociale comme en matière de sécurité". Entre temps, d'autres personnalités politiques, de gauche comme de droite, ont critiqué les amalgames faits par le président de la République entre immigration et délinquance.

Mais à peine le communiqué du PS était-il publié que les ténors de l'UMP tiraient à boulets rouges sur la première secrétaire, avec un argumentaire choisi : "Martine Aubry, elle, fait de la non-assistance à personne en danger. Les socialistes veulent rester enfermés dans leur tranquille naïveté, comme au bon vieux temps de Jospin", estime Christian Estrosi, tandis que Xavier Bertrand "trouve terriblement choquant" que le PS "ne trouve rien de nouveau à faire" contre la délinquance.

UN NUMÉRO BIEN RODÉ

Le numéro, dont Nicolas Sarkozy est familier depuis 2002, est bien rodé : provocation verbale destinée à "cliver" dans l'opinion et à susciter la réaction de l'opposition, avant de fustiger l'indignation des socialistes, opposée au "bon sens" populaire. Dans son intervention, Christian Estrosi n'a pas manqué d'expliquer que "fidèle à ses engagements, le président de la République a choisi de s'impliquer personnellement, en utilisant des mots que les Français comprennent".

Jean-Jacques Urvoas, député socialiste du Finistère et "M. Sécurité" au PS, a d'ailleurs souligné, sur son blog, le danger de tomber "dans le panneau de la provocation de Sarkozy". Pour lui, Nicolas Sarkozy cherche "à choquer pour faire oublier son échec". Et le parlementaire de rappeler l'épisode, durant la campagne présidentielle, de l'annonce par le candidat de l'UMP de son intention de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale.

RÉPONSE LÉGALE

"Dès le lendemain, le tollé était unanime. François Hollande avait dénoncé le flirt poussé avec les thèses du FN. Bayrou avait renchéri. [...] Marie-George Buffet avait jugé que "les masques tombaient". [...] Sans compter les cris de la Ligue des droits de l’homme et ceux de SOS Racisme ou du MRAP", écrit Jean-Jacques Urvoas, avant de citer le livre de Ghislaine Otteinheimer, Le Sacre de Nicolas : "Ainsi il se repositionne en candidat anti-système. Il apparaît comme l’homme qui parle vrai, qui bouscule. Il fait d’une pierre deux coups. Un clin d’œil à l’électorat du FN, à tous ceux qui en ont marre de voir la France céder à un communautarisme insidieux." L'auteure concluait en reprenant une phrase de Claude Guéant : "Plus la gauche vocifère, plus on engrange."

Le PS trouvera-t-il la parade ? Il semble se concentrer désormais sur la réponse légale. Jack Lang et Robert Badinter sont intervenus les médias pour répéter que la proposition du chef de l'Etat de retirer la nationalité française à "toute personne d'origine étrangère" coupable d'atteinte volontaire à la vie d'un policier, d'un gendarme ou d'un dépositaire de l'autorité publique était contraire à l'article 1er de la Constitution, qui assure l'égalité entre les citoyens français.

Un argument solide. Et qui n'est sans doute pas étranger au silence quasi total de la droite non-sarkozyste qui, de Jean-Pierre Raffarin à Alain Juppé en passant par les ralliés de "l'ouverture", a préféré ne pas commenter la dernière sortie du chef de l'Etat.

Samuel Laurent


CES PAUVRES SOCIALISTES, DEVANT UNE TELLE CROISSANCE DU DÉNI D'AUTORITÉ, NE SAVENT QUE RÉPONDRE; NE SONT-ILS PAS À L'ORIGINE D'UNE TELLE DÉVIANCE ? LEUR POLITIQUE VIS À VIS DES IMMIGRÉS N'A-T-ELLE PAS FAVORISÉ L'ARRIVÉE EN MASSE D'UNE POPULATION AUJOURD'HUI À LA CHARGE DE LA COMMUNAUTÉ ? MARTINE AUBRY ET SES AMIS DOIVENT AUJOURD'HUI PENSER AUX MÉFAITS DE CETTE POLITIQUE ANGÉLIQUE ET DÉBILE QU'ILS MENÈRENT QUAND ILS ÉTAIENT AU POUVOIR.

Scandale en Angleterre autour de lait "cloné"


Un fermier britannique assure, sous couvert d'anonymat, vendre du lait d'une vache clonée. Mais aussi des embryons de cet animal, destinés à des éleveurs installés au Canada. L'Agence de sécurité des aliments s'en émeut, des associations s'inquiètent de cette possible dérive.
L'homme s'exprime sous couvert d'anonymat. Tout ce que l'on sait de lui, c'est qu'il s'agit d'un éleveur britannique. Dans le journal International Herald Tribune, il a assuré qu'il mélangeait chaque jour le lait de traite d'une vache née d'un bovin cloné à celui du reste de son troupeau. S'il protège son identité, c'est par crainte que les consommateurs refusent d'acheter sa production. Il a également indiqué qu'il vendait des embryons de cet animal à des éleveurs installés au Canada.

S'agit-il d'un premier pas vers l'utilisation commerciale du clonage animal ? La FSA, l'Agence de sécurité des aliments du Royaume-Uni, a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête. Les règles britanniques en la matière sont strictes et ont été rappelées par une porte-parole : "Depuis 2007, l'interprétation par la FSA de la législation est que la viande et les produits générés à partir de clones et de leur progéniture sont considérés comme des aliments nouveaux et qu'ils ont par conséquent besoin d'une autorisation de mise sur le marché". Autorisation dont, bien entendu, le fameux éleveur anonyme ne dispose pas : "En tant qu'autorité britannique chargée d'accepter les demandes concernant les nouveaux aliments, l'Agence n'a reçu aucune demande liée au clonage et aucune autorisation n'a été octroyée".

"Pas de risque alimentaire"

Reste à savoir si la vente de lait et d'embryons d'un animal cloné sera avérée. Mais sur la base de ce seul témoignage pour l'heure invérifiable, industriels de l'agro-alimentaire et défenseurs des animaux ont entamé une nouvelle polémique ayant pour thème le clonage et ses possibles dérives. Peter Stevenson, de l'organisation caritative Compassion dans l'agriculture mondiale, s'est dit "extrêmement inquiet". La FSA "doit agir rapidement pour identifier ce lait et le retirer du commerce. Le clonage des animaux de ferme peut entraîner beaucoup de souffrances", a-t-il relevé, soulignant que le Parlement européen a interdit la vente de viande et de lait produits par des animaux clonés et leur progéniture.

De son côté, l'organisme représentant l'industrie laitière britannique Dairy UK a affirmé que "le lait et la viande d'un descendant de clone ne présentent pas de risque alimentaire". Et de souligner : "L'autorité européenne de sécurité des aliments a conclu qu'il n'y avait pas de différence en matière de sécurité des aliments entre de la viande et du lait d'animaux nés de clones et les produits issus d'animaux élevés de manière conventionnelle".

Nouvelle offensive des régulateurs pour doper la concurrence dans la téléphonie mobile

Dans un rapport rendu à l'Assemblée nationale sur les conséquences de la loi Châtel dans le mobile deux ans après sa mise en application, l'Autorité de régulation des télécoms estime que la concurrence « reste limitée » dans le mobile. « Les dispositions de la loi n'ont été que partiellement appliquées par les opérateurs », considère le régulateur.
L'heure de l'assaut a, semble-t-il, de nouveau sonné. Coup sur coup, en fin de semaine dernière, l'Autorité de la concurrence, puis l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), ont critiqué les opérateurs de téléphonie mobile français pour l'absence de fluidité constatée sur le marché.

A un an et demi de l'arrivée de Free Mobile dans un secteur dominé aujourd'hui par Orange, SFR et Bouygues Telecom, c'est du gendarme des télécoms que l'uppercut est parti vendredi. L'Arcep a rendu au Parlement un rapport sur les deux ans de mise en oeuvre de la loi Châtel. Cette « loi pour le développement de la concurrence au service des consommateurs » comportait deux mesures phare : l'obligation pour les opérateurs, tant fixes que mobiles, de proposer une offre avec une période d'engagement de douze mois selon des modalités commerciales qui ne soient pas beaucoup moins favorables aux consommateurs qu'une offre avec un engagement de 24 mois. Ensuite, la loi donnait la possibilité aux abonnés engagés sur 24 mois, de résilier leur contrat à compter de la fin du 12 e mois en payant 25 % du montant restant dû jusqu'au terme de l'abonnement.

Mais, selon le rapport, « les dispositions de la loi n'ont été que partiellement appliquées par les opérateurs et les modalités de leur mise en oeuvre appellent certaines critiques ».
« Jeu concurrentiel limité »

L'Arcep « constate que le jeu concurrentiel reste limité sur le marché de la téléphonie mobile. De plus en plus de consommateurs souscrivent des contrats post-payés avec des durées d'engagement longues et, à chaque moment, une très grande majorité d'entre eux est en cours d'engagement ». En outre, dans le mobile, le régulateur note que la différence de prix entre les offres sur 12 ou 24 mois est « calculée de façon très peu transparente par les opérateurs » et « est souvent particulièrement élevée ». Ainsi, une offre de SFR pour une personne déjà abonnée à cet opérateur mais qui voudrait surfer sur Internet en 3G sur son mobile coûte 11 euros par mois avec un engagement de 12 mois - soit 121 euros sur un an -mais 5 euros par mois seulement avec un engagement sur 24 mois, ce qui correspond à une facture de 120 euros en deux ans… Ensuite, en ce qui concerne les résiliations, si le client met fin à son contrat avant la fin du 12 e mois, SFR et NRJ Mobile facturent « la totalité des montants restant dus jusqu'au 24e mois ». Autre problème notable, à la fin d'un forfait de 24 mois, dont le tarif mensuel est moins élevé qu'un forfait sur 12 mois, Bouygues Telecom met fin à cette réduction. Ce qui a « pour conséquence d'inciter les consommateurs à se réengager dès l'échéance de leur engagement initial, faute de quoi le montant de leur facture augmenterait », souligne l'Arcep. Enfin, la politique des opérateurs, qui consiste à développer des offres avec des engagements de 24 mois « semble résulter de leur volonté accrue de verrouiller » le marché « en prévision des évolutions futures du marché », c'est-à-dire l'arrivée de Free Mobile début 2012.

Au dernier trimestre 2009, 98 % des clients ont opté pour un forfait et seulement 2 % pour une carte prépayée ! Et, alors que 69 % des abonnés optaient pour un forfait sur 24 mois au dernier trimestre de 2007, ce chiffre est passé à 73 % sur les trois derniers mois de l'an passé. Pour l'Arcep, « le marché tend à se rigidifier ». Comment faire pour inverser la tendance ? C'est là où le bât blesse car il est, semble-t-il, difficile d'aller au-delà des simples incantations. L'Autorité de la concurrence préconise de « favoriser l'émergence d'opérateurs mobiles virtuels réellement autonomes » qui puissent installer leurs infrastructures chez Orange, SFR ou Bouygues Telecom.
Quant à l'Arcep, elle suggère d'obliger les opérateurs à « mentionner sur les factures des abonnés le montant des frais dus en cas de résiliation ».

Détricotage médical

Il y a un an exactement, M me Bachelot faisait adopter au Parlement une grande loi d'organisation du système de santé. La clef de voûte de la réforme reposait sur de nouvelles Agences régionales de santé dotées de puissants moyens de rationalisation de l'offre de soins. Depuis lors, le sentiment domine que plus le temps passe et plus le courage politique initial s'évanouit.

A vrai dire, le coup de mou avait commencé dès l'examen du projet de loi devant le Parlement. Fort du principe martial affirmé par le président de la République selon lequel, pour lutter contre la dispersion des moyens humains et financiers, il ne devait y avoir qu'un seul pilote dans l'avion, le gouvernement avait bâti un projet qui confiait des pouvoirs considérables au directeur de chaque Agence régionale, y compris celui de procéder à des restructurations autoritaires de la carte hospitalière. Sous la pression des élus locaux et des syndicats médicaux, ses compétences avaient été rognées. Or voici qu'au cours des dernières semaines, ce mouvement de détricotage s'est accentué. La ministre de la Santé a d'abord décidé que la disposition de la loi sur la lutte contre les déserts médicaux ne serait tout simplement pas appliquée. Exit, donc la modeste contrainte que la loi instaurait sur les médecins exerçant dans des zones de surdensité, en leur demandant de consacrer un peu de leur temps à une zone voisine en manque de praticiens.

La ministre vient ensuite d'annoncer que le décret prévoyant la fermeture des services chirurgicaux pratiquant moins de 1.500 actes par an était reporté sine die. Cette mesure avait pourtant été présentée comme animée par un souci de sécurité, les petites structures n'ayant pas la pratique suffisante pour faire face à des incidents opératoires. Mais là encore, les pressions locales ont fait reculer le pouvoir. Ce rapport de force entre considérations locales et objectifs nationaux est, certes, une donnée habituelle de la vie démocratique. Mais lorsqu'il conduit à détricoter un pan majeur d'une politique, c'est l'autorité de l'Etat qui est entamée.

Metro relève ses prévisions d'investissements 2010

Metro , le numéro quatre mondial de la grande distribution, a relevé lundi ses prévisions d'investissement en évoquant une amélioration de la confiance dans la reprise économique, alors que la réduction des coûts lui a permis de publier des résultats trimestriels conformes aux attentes malgré des ventes peu dynamiques.
Le groupe allemand a porté son budget d'investissement 2010 à 2,1 milliards d'euros, contre 1,9 milliard jusqu'à présent.
"La tendance à la reprise économique se renforce", a déclaré le président du directoire, Eckhard Cordes, tout en soulignant que "la crise n'est pas encore finie".
"L'augmentation du budget d'investissement est un signe de notre confiance: nous nous concentrons de nouveau davantage sur la croissance et l'expansion, le temps de la prudence est révolu."
Metro, qui exploite plus de 2.100 magasins dans 34 pays en Europe, en Afrique et en Asie, est engagé dans un vaste programme de réduction des coûts et d'amélioration de la productivité nommé "Shape 2012".
Lancé en janvier 2009, ce plan prévoit la suppression de 15.000 emplois et une augmentation de 1,5 milliard d'euros des profits à l'horizon 2012.
Au deuxième trimestre, le bénéfice avant impôt et charges financières (Ebit) hors exceptionnels a progressé de 6% à 334 millions d'euros, un résultat conforme aux attentes des analystes financiers.
Le chiffre d'affaires trimestriel a progressé de 2,4%, à 15,7 milliards.
Ces derniers chiffres traduisent certes une légère accélération de la croissance des ventes après celle de 2,3% du premier trimestre, mais hors effets de change, le chiffre d'affaires n'a progressé que de 0,2% sur avril-juin contre +1% sur janvier-mars, les marchés d'Europe orientale, en particulier, restant difficiles.
Metro confirme ses prévisions pour l'ensemble de l'année, à savoir une hausse sensible de son Ebit courant, sans plus de précision.
En Bourse, l'action Metro a sous-performé l'indice Stoxx 600 de la distribution d'environ 9% depuis le début de l'année. Elle est valorisée environ 14,1 fois le bénéfice attendu, contre 15,1 fois pour Carrefour et 12,1 fois pour Tesco .

Reprise, acte I

La crise ne serait-elle déjà plus qu'un lointain souvenir ? La publication en rafale des résultats des entreprises du CAC 40 a ainsi été bien plus l'occasion de bonnes que de mauvaises surprises. On craignait que nos sociétés soient encore engluées dans la récession, on découvre que les chiffres d'affaires progressent plus rapidement que prévu et que les bénéfices bondissent dans des proportions surprenantes. Dans les comptes, la reprise est déjà là. Et ce, dans de nombreux secteurs : dans le luxe et l'automobile comme dans la banque, trois secteurs pourtant particulièrement frappés par l'explosion de la bulle financière.

Certes, cette amélioration des performances tient d'abord de l'effet d'optique. Les résultats avaient tellement plongé entre 2008 et 2009 qu'une simple amélioration en 2010 peut donner lieu en pourcentage à un impressionnant rebond. Ainsi, même si elles vont nettement mieux, rares sont encore les entreprises à avoir renoué avec des marges ou des volumes d'affaires équivalant à ceux d'avant l'été 2008. Mais l'amélioration n'en reste pas moins réelle car, au-delà de cet effet de base, l'industrie comme les services, qui ont considérablement réduit leurs coûts pendant la crise, bénéficient d'un redémarrage global qui dope les recettes sans guère peser sur des frais de fonctionnement encore largement sous contrôle.

Beaucoup plus tournés vers l'international que les PME, les géants du CAC 40 profitent également de 2 facteurs spécifiques. Primo, la locomotive que représentent les pays émergents a redémarré plus tôt et plus fortement que notre économie domestique. En Chine ou au Brésil, la consommation et les commandes publiques, qui avaient à peine flanché, sont reparties plus que nettement. Secundo, après avoir pénalisé les Européens, les variations des taux de change jouent en leur faveur. La baisse de l'euro stimule les exportations et gonfle les bénéfices.

S'ils ne redoutent plus le pire, les grands groupes n'attendent cependant pas encore forcément le meilleur. Le pire de la crise est sans doute dernière nous, la perspective d'un « double dip » ou d'une conjoncture en forme de W reste bien sûr envisageable, mais c'est plus la perspective d'une trop longue phase de croissance molle dans les pays développés qu'une rechute brutale que redoutent les patrons. Notre économie n'est peut-être plus malade mais est-elle guérie pour autant ? Les inquiétudes sur le front des finances publiques, sur l'évolution de la fiscalité et de la consommation sont autant d'inconnues qui réduisent d'autant la visibilité de managers qui dans le doute continueront à faire preuve de prudence. Et, malheureusement, tant que ces incertitudes ne seront pas levées, ce sont bien l'emploi et les investissements domestiques qui resteront pénalisés. Le premier acte de la reprise est en train de s'achever. L'acte II n'est pas joué.



DAVID BARROUX

Un autre monde ?

“C’était mieux avant”. C’est le genre de remarque qui fait sourire... quand on est jeune. Et puis, les années passent et le passé nous rattrape. Forcément. C’est comme ça qu’on se met parfois à préférer les journaux d’hier à ceux du lendemain. Ces derniers jours, le passé a rattrapé deux fois, au moins, les jeunes des années 80, devenus de vieux trentenaires ou de jeunes quadras. Avec des chansons en guise de madeleines.

Il y a d’abord eu le dossier Plastic Bertrand. Sombre affaire de contrefaçon. Ce n’était pas du plastic, mais du toc. Tout simplement. Ce n’est pas lui qui chantait “Ça plane pour moi”, mais un certain Lou Deprijck. Scandale ? Bof. Difficile de parler de tromperie sur la marchandise, au regard des paroles. Passons. Laissons faire la justice.

Plus important : “Téléphone”. Dans les années 80, “Téléphone” ce n’était pas un portable, mais “LE” groupe de rock français. Un peu nos “Rolling Stones” à nous. L’info ou plutôt la rumeur est que “Téléphone” pourrait se reformer. Presque 25 ans plus tard, Jean-Louis Aubert retrouverait sur scène Bertignac, Kolinka... Corine ? Et cette fois-ci, on a vraiment envie de croire à une tournée en 2012 ou 2013. Pour mémoire, le dernier album écrit par “Téléphone” s’appelait “Un autre monde”. Et au milieu des années 80, ils étaient des milliers de jeunes à reprendre en choeur ce rêve.

25 ans après, les quadras ne sont plus très loin du pouvoir. « Un autre monde ? » Il serait peut-être temps de s’y mettre, non ?

Nationalité en sursis

La « double peine » est de retour, si tant est qu’elle ait véritablement disparu, depuis l’annonce, dans les années 2002-2003, par un ministre de l’intérieur nommé Nicolas Sarkozy, qu’il fallait en finir avec les peines complémentaires infligées à un délinquant étranger : la sanction pénale pouvait alors s’accompagner d’une expulsion vers le pays d’origine. Aujourd’hui, il s’agit, pour le même Nicolas Sarkozy, président de la République, en cas de crime particulièrement grave à l’encontre d’un représentant des forces de l’ordre, de retirer au délinquant d’origine étrangère sa nationalité française.

Que le chaos régnant dans certains quartiers nécessite une réponse ferme, chacun le souhaite. Que dans ces cités, socialement défavorisées, vivent un grand nombre de Français d’origine étrangère est une réalité : la délinquance y recrute donc ses auteurs, comme ses victimes d’ailleurs. Que la nationalité française s’accompagne de droits mais aussi de devoirs et du respect des lois de la République, il est urgent de l’enseigner (cette évidence ne concerne pas seulement les gamins de banlieue !). Mais doit-on sans cesse en rajouter dans les propos belliqueux (« la guerre nationale » promise aux voyous), les mesures répressives, et les projets de loi sécuritaires (le député chargé de la sécurité à l’UMP envisage des peines de prison pour les parents de mineurs délinquants) ? Au risque pour le président de contredire le ministre qu’il fut, doit-on rompre le principe d’égalité entre les justiciables, en ajoutant pour certains une sanction à la sanction ? La nationalité française serait ainsi à double vitesse et la nationalité acquise le serait sous condition. Une nationalité avec sursis, en quelque sorte.

S’offusquant des critiques, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a moqué les « bien-pensants ». Les annonces et les lois (peines planchers, mineurs délinquants, etc.) n’ont pas manqué ces dernières années, et pourtant les signaux alarmants en matière d’insécurité continuent de clignoter. Les « bien-pensants » ont des doutes sur les principes d’une telle politique. Et sur son efficacité, pas seulement électorale.



Dominique Quinio

Les nouvelles ambitions de la Turquie

Ancrer la Turquie à l'Ouest. À Washington comme à Ankara, durant plusieurs décennies, l'objectif était une évidence. Les élites turques, héritières de Kemal Atatürk, le réformateur, et éprises de culture européenne, rêvaient de moderniser leur pays sur le modèle occidental. Les militaires américains tenaient eux aussi, et à tout prix, à garder cet allié décisif en Méditerranée durant toute la guerre froide. Pour des raisons culturelles et politiques, la Turquie aurait très bien pu être tentée par le mouvement des non-alignés qui rejetait la logique des blocs. Il n'en fut rien. Son appartenance à l'Otan était, et reste, un élément clef de la stabilité de cette région du monde.

Quelque chose, pourtant, a changé sur les rives du Bosphore. C'est une Turquie très entreprenante qui évolue, depuis quelques années, sur l'échiquier international. Comme une puissance potentielle qui s'affranchirait progressivement d'un alignement trop contraignant. Comme un acteur qui ne regarderait plus seulement vers l'Ouest pour comprendre et décider de son avenir, mais qui mesure avec une acuité soudaine qu'à la table de jeu des pays qui l'entourent, c'est lui qui peut donner les cartes.

Ainsi, longtemps isolée sur la scène arabe, et arrimée à l'axe stratégique États-Unis/Israël, la Turquie a modifié ses relations avec ses voisins. Sur le dossier iranien, fini l'alignement. Au point de négocier en solo, avec le Brésil, une proposition d'accord avec le « bon ami » Ahmadinejad et de ne pas voter les sanctions à l'Onu. Avec les capitales arabes, finie l'absence de dialogue. La présence des islamistes modérés au pouvoir donne des ailes aux diplomates turcs, au point de leur faire tenter une médiation entre Syriens et Israéliens. Avec Israël, fini l'axe indéfectible qui faisait qu'Ankara offrait son espace aérien aux avions de chasse israéliens. Le business de l'armement continue entre les deux pays, mais les neufs victimes turques de la flottille pour Gaza ont instauré une distance nouvelle entre les deux États. Avant même l'incident, la bénédiction donnée par les Turcs à cette flottille en était déjà une preuve.

Les ambitions de la Turquie s'expriment aussi par la place qu'elle prend dans les républiques turcophones d'Asie centrale, dans la stabilisation de l'Irak, par une position stratégique en mer Noire qui en fait un carrefour crucial pour le commerce des hydrocarbures, et par ses richesses en eau vitales pour tout le Proche Orient. La plupart de ces données ne sont pas nouvelles. Ce qui l'est davantage, c'est la volonté du gouvernement turc, sous la férule du Premier ministre, Tayyip Erdogan, et de son ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, de les jouer différemment. En solo. En fonction, d'abord, des intérêts turcs. Politiques et surtout économiques. Ceux de Washington peuvent attendre.

D'où l'inquiétude américaine. Dopée par une forte croissance, diplomatiquement décomplexée, la Turquie a changé d'attitude, mais pas d'alliés. Nul ne remet en cause le parapluie de l'Otan, et l'adhésion à l'Union européenne reste un objectif explicite de sa diplomatie. La tentation néo-ottomane qu'on lui prête parfois ne correspond donc pas à la réalité. Pas encore. Mais l'Europe, divisée sur l'adhésion, entre l'hostilité de Berlin et de Paris et le soutien (à peu de frais) de Londres, doit sortir de sa posture statique sur ce sujet. En inventant, pourquoi pas, un vrai statut de partenaire (ce dont Moscou aurait aussi besoin d'ailleurs). Sous peine, sinon, de compter les points.

L'excellent week-end de la famille Le Pen


La famille Le Pen vient de passer un excellent week-end politique. A la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait cannibalisé le père, construisant sa conquête du pouvoir sur le siphonnage de ses idées. Et le voilà aujourd'hui qui rend les armes au vieux chef du Front national en validant ses concepts, si longtemps jugés irrespirables, pourtant, par la droite classique. Une reconnaissance inespérée !
Le président de la République et ses amis vont même bien au-delà des utopies du dirigeant de l'extrême droite française. En pratiquant ouvertement l'amalgame entre insécurité et immigration, le chef de l'État a brisé le tabou qui marginalisait Jean-Marie Le Pen depuis vingt-cinq ans. En prévoyant, tout à fait sérieusement, la déchéance de la nationalité française pour les auteurs de crimes et délits d'origine étrangère, il dépasse les rêves les plus fous des frontistes. En laissant Éric Ciotti, homme de main de Christian Estrosi au parlement, envisager de condamner les parents de délinquants mineurs à une condamnation à deux ans ferme pour défaut de suivi, il ose une transgression des principes élémentaires de notre droit que M. Le Pen, fin procédurier, n'avait même pas imaginé...
Nous ne sommes même plus dans la polémique. Même plus dans le débat démocratique avec tout ce qu'il peut comporter, parfois, de calcul et de mauvaise foi. Au cours de ces deux derniers jours, nous avons basculé dans l'outrance et la surenchère. Il n'est plus question de répression, mais d'élection, avec un enjeu : les voix de la droite extrême.
Même si le chef de l'État affirme main sur le cœur qu'il « n'a pas le droit d'y penser », la présidentielle de 2012 a bel et bien commencé.
Sur des bases désolantes. Une espèce de bouillie intellectuelle dans laquelle on n'hésite pas à broyer des valeurs, qui, jusque là, rassemblaient les Français au-delà de leurs choix politiques. L'égalité des citoyens devant la justice, quelle que soit leur origine est remise en question. Une énormité lancée, comme ça, un 31 juillet, avec une incroyable légèreté...
Trop longtemps sous-estimée par la gauche, la sécurité, enjeu majeur, méritait un débat autrement plus adulte. L'ensemble de la classe politique semblait prête à jouer un jeu intelligent. Après huit années de muscle, apparemment inopérantes, orchestrées par M. Sarkozy au ministère de l'Intérieur puis à l'Élysée, la voilà pourtant réduite à des expédients de bazar. Les caricatures vont mécaniquement générer une opposition aussi stérile que primaire et sans doute est-ce le but de la manœuvre... Pendant ce temps, dans les banlieues, les problèmes demeurent et s'aggravent. Désespérant. Sauf pour Marine Le Pen, persuadée, à juste titre, qu'au bout du compte les électeurs « préféreront l'original à la copie », vieil adage paternel...

Olivier Picard

Les troupes néerlandaises quittent l'Afghanistan

Ce sont les premiers à quitter le pays. Quatre ans après leur arrivée, les soldats néerlandais ont passé dimanche le relais aux forces américaines et australiennes pour le contrôle de la province de l'Uruzgan, lançant le début du retrait d'Afghanistan des gros pays pourvoyeurs de troupes.

Les Néerlandais ont transmis le commandement au cours d'une cérémonie à Kamp Holland, dans l'Uruzgan, leur principale base en Afghanistan. "La communauté internationale et l'OTAN aident l'Afghanistan à tenir sur ses propres jambes (...). Les Pays-Bas ont pris leur responsabilité et se sont battus pour la sécurisation et la reconstruction de l'Afghanistan", s'est félicité le ministre néerlandais des affaires étrangères Maxime Verhagen, cité dans un communiqué.
1 950 SOLDATS NÉERLANDAIS

"Les forces néerlandaises se sont distinguées dans l'Uruzgan, et nous rendons hommage à leur sacrifice ainsi qu'à celui de leurs homologues afghans", a déclaré pour sa part le commandant Joel Harper, un porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf). Les Néerlandais seront remplacés par des soldats américains, australiens, slovaques et singapouriens. Après le départ du contingent néerlandais, l'OTAN "maintiendra ses capacités actuelles, notamment concernant les unités de combat, la formation, la reconstruction", selon le commandant Harper.