TOUT EST DIT

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mercredi 10 août 2011

Encore une leçon des Anglais !

Ça chauffe à Londres et dans plusieurs autres grandes villes britanniques, à quelques encablures de lieux très appréciés des touristes français… Ces actes nous parlent en France, notamment après les émeutes des quartiers de 2005 et les étés chauds des années 1980. Pas plus que nous, notre voisin au communautarisme assumé, ne semble finalement avoir réussi à maîtriser ses quartiers difficiles, l'exclusion et la criminalité qu'ils génèrent. Même si la City a résisté hier à la tentation du krach financier, la crise financière mondiale n'est peut-être pas si innocente dans cette soudaine flambée de violences et de pillages qui touche des quartiers défavorisés. Les mesures d'économie drastiques prises par le nouveau gouvernement conservateur britannique ont touché en premier les budgets sociaux, de l'éducation et de la santé. Autant d'argent qui permettait d'atténuer les rigueurs de la crise de l'emploi, qui frappe aussi l'Angleterre. Car les exclus du système sont là-bas aussi, surtout les jeunes et les minorités. Le rappel des limites et des risques des politiques d'austérité touchant d'abord les populations fragiles, est brûlant, particulièrement en cet été où la récession s'annonce, sitôt la crise financière passée. La France devra elle aussi y songer, tant pour préserver son modèle social, certes imparfait, que la paix dans les quartiers, déjà mis à mal par le manque de qualification et d'éducation, y compris familiale, le chômage, l'absence de perspectives mais aussi de moyens pour pallier l'ennui. Le déploiement de policiers en grand nombre ne résout les problèmes qu'un temps... Mais cela, nous, on le sait déjà !

Krach boursier, l'effrayant scénario de 1929

À l'heure où les Bourses mondiales plongent, retour sur les conséquences économiques et sociales de la plus grave crise de l'histoire.
La finance mondiale est dans le rouge. Les places du monde affichent leur fragilité, laissant poindre le risque d'un krach boursier, tel le "lundi noir" d'octobre 1987 ou le "vendredi 13" d'octobre 1989, un scénario qui pourrait bouleverser notre quotidien. La plus grande crise économique de l'histoire, celle d'octobre 1929 aux États-Unis, a déjà fourni son lot d'enseignements et de tragédies. Retour sur l'événement.

La fièvre de la spéculation s'empare des États-Unis. Des millions d'Américains, du banquier au cireur de chaussures, s'endettent pour acheter des actions et tirer profit de l'irrésistible flambée des cours. Or la valeur des titres grimpe beaucoup plus vite que la production des entreprises. Dès octobre, l'optimisme cède à la panique. Les spéculateurs cherchent à revendre à tout prix leurs actions sur le marché. Mais nombre d'entre elles ne trouvent plus d'acheteurs. Ainsi débute la grande dépression. Les cours de la Bourse plongent. Le Dow Jones perd 90 % de sa valeur. Les banques sont désormais touchées.

Bidonvilles

Priss en tenaille entre l'effondrement de la valeur de leurs actifs, les défauts de remboursement de leurs emprunteurs et la réduction de leur activité de crédit, un quart des établissements font faillite. Ceci va engendrer la fermeture de 76 000 entreprises. L'engrenage infernal débute. Les produits ne trouvent plus d'acheteurs. Les habitants sont chassés des logements qu'ils ont achetés à crédit. Très vite, deux millions d'Américains deviennent des sans-abri. Les médecins et les commerçants n'ont plus de clients.

Après la banqueroute et la faillite, le pays est frappé de plein fouet par le chômage. En trois ans, le nombre de demandeurs d'emploi explose, passant de un à quinze millions. Les routes du pays sont littéralement prises d'assaut par la population, à la recherche désespérée de toute sorte de travail. Les banquiers se retrouvent à laver les sols, quand ils ne se défenestrent pas. Ils sont bientôt rejoints pas des milliers de paysans ruinés par la chute de 60 % des prix agricoles. L'Amérique voit naître des centaines de "hoovervilles", sortes de bidonvilles empruntant le nom du président républicain, où tentent de survivre des milliers de chômeurs.

Distribution de soupe populaire

Le gouvernement tente bien de distribuer de la soupe aux familles les plus démunies, mais il ne peut rien contre la multiplication de manifestations de la faim, qu'il réprime sévèrement. Une violence qui touche même les anciens combattants américains, férocement délogés par des soldats en juin 1932 à Washington parce qu'ils réclamaient le versement de leur pension. Faute de moyens financiers, le commerce extérieur des États-Unis s'arrête. Le revenu national chute de moitié pour reculer à 41 milliards d'euros en 1932. La même année, le pays enregistre près de 80 000 faillites. L'élection en 1933 du président démocrate Franklin Roosevelt et l'adoption de son "New Deal" n'y changeront rien.

Les banques américaines possédant de nombreux intérêts en Europe, le rapatriement d'urgence de leurs avoirs, additionné au ralentissement des échanges internationaux, heurte durablement les établissements du Vieux Continent. Très vite, la crise se propage. En France, où les salaires baissent de 25 %, elle est aggravée par les mesures déflationnistes des gouvernements Tardieu et Laval. L'Allemagne est aussi touchée avec un chômage qui atteint les 25 %. Ce chiffre record contribuera à alimenter la colère d'une population séduite par le discours populiste d'Adolf Hitler, qu'elle élira le 30 janvier 1933. La crise perdurera jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

"Les Chinois veulent s'emparer du monde"

L'économiste Antoine Brunet estime que Pékin a provoqué la crise de la dette en Occident en maintenant un yuan sous-évalué.

Antoine Brunet, économiste, président d'AB Marchés et coauteur de La visée hégémonique de la Chine, décrypte les déclarations chinoises après la dégradation de la note souveraine américaine.
Le Point.fr : que pensez-vous des déclarations venues de Chine après la dégradation de la note souveraine américaine ?
Antoine Brunet : Qu'elles viennent du pouvoir lui-même ou des médias officiels, les déclarations disent principalement deux choses. D'abord, qu'il serait temps que les États-Unis se rendent compte qu'ils dépensent beaucoup plus qu'ils ne produisent, ensuite qu'il serait temps qu'ils réduisent leurs dépenses, et en particulier les militaires. C'est totalement paradoxal. Car la Chine contribue depuis maintenant dix ans à la désindustrialisation des États-Unis, mais aussi de l'Europe. Au lieu de produire nous-mêmes, la Chine nous oblige à acheter du made in China grâce à sa monnaie sous-évaluée. Cela se traduit par un déficit budgétaire, mais aussi par un déficit extérieur croissant. Les gouvernements occidentaux essaient alors de maintenir artificiellement l'activité en augmentant la dépense publique et la consommation, comme avec la prime à la casse en France.
N'est-ce pas donner trop d'importance à la Chine dans les problèmes de dette des Occidentaux ?
La Chine n'est pas le petit pays qu'elle a longtemps prétendu être. Le PIB de la Chine a déjà dépassé depuis deux ans l'américain, même si ce n'est pas le chiffrage officiel. L'ONU a reconnu que la production manufacturière chinoise a dépassé celle des États-Unis en 2010. Les travaux publics explosent depuis plusieurs années : la production d'autoroutes, d'aéroports, de ports, de bâtiments est beaucoup plus forte qu'aux États-Unis. La Chine est aussi le premier consommateur d'énergie primaire au monde (charbon, pétrole, électricité...), elle est la première consommatrice de ciment, de cuivre, d'acier... Il est impossible de faire ces constatations et de continuer à croire que le PIB chinois fait la moitié du PIB américain ! En maintenant, année après année, un excédent de 6 % de son PIB, la Chine a donc la capacité de déstabiliser les autres pays de la planète. Cela concerne non seulement les pays occidentaux, mais aussi des pays comme l'Inde et le Brésil, qui n'enregistre un excédent que parce que la Chine le transforme en un émirat. Elle importe du Brésil son soja, son sucre, son pétrole, son minerai, son fer et son bois. Les Brésiliens se plaignent de se voir imposer les importations à coups de yuans faibles.
La Chine ne s'est-elle pas engagée à laisser le yuan se réévaluer ?
Le yuan ne s'est réévalué qu'entre juillet 2005 et 2008 quand le Congrès américain a manifesté des signes clairs d'impatience à l'égard de la Chine. Il a alors progressé de 21 %. Mais cela n'a pas empêché la monnaie chinoise de se déprécier dans le même temps face à l'euro. Depuis la crise de 2008, qui a affaibli politiquement les pays occidentaux, la Chine se permet de ne plus réévaluer du tout. De juillet 2010 à juillet 2011, la hausse, de 6,48 à 6,60 dollars, a été dérisoire.
La Chine n'a-t-elle pas intérêt à laisser sa monnaie s'apprécier pour contrôler son inflation ?
Normalement, oui. Pourquoi la Chine ne le fait-elle pas ? Parce que, ce qui l'intéresse, c'est de déstabiliser les pays occidentaux sur tous les fronts, économique, social, budgétaire. En déstabilisant les finances publiques, elle oblige par exemple les gouvernements à revenir sur un certain nombre de dispositifs sociaux, ce qui va susciter la colère des gens.
Comment expliquer cette volonté ?
Les Chinois veulent s'emparer du monde, ils veulent ravir "l'hégémonie mondiale" des États-Unis. Cela ne concerne pas uniquement l'économie. Les Chinois appliquent la même démarche sur le plan territorial, dans la course aux armements, par les alliances diplomatiques. La Chine vient de faire basculer le Pakistan dans une alliance avec elle, a déclaré que la mer de Chine du Sud lui appartenait. Elle est aussi en pointe sur l'armement. Elle ne cesse de surprendre les Occidentaux par ses nouvelles capacités militaires. Ce qui explique que la Chine demande aux États-Unis une baisse de leurs dépenses militaires. Les États-Unis ont déjà renoncé au projet de station sur la Lune pour des raisons budgétaires, alors que la Chine accélère son projet.
Doit-on craindre que la Chine se débarrasse de ses bons du Trésor américain ?
On a tendance à penser que, comme les États-Unis sont des clients majeurs de la Chine, celle-ci ne peut pas déstabiliser trop fort les économies occidentales. Mais il ne faut pas oublier que la Chine a réussi, principalement ces six dernières années, à se constituer de nouveaux marchés pour ses exportations dans les pays exportateurs de matières premières, comme la Russie, l'Asie centrale, le Moyen-Orient, l'Australie, l'Amérique du Sud, beaucoup de pays africains... La Chine diversifie déjà ses réserves de change. C'est elle qui est derrière la flambée de l'or. Si le métal jaune augmente autant, c'est que les hedge funds ont bien compris que la Chine ne laisserait jamais reculer l'or, pour mieux disqualifier le dollar comme réserve mondiale. La Chine est aussi à l'origine de l'appréciation de la monnaie coréenne, brésilienne, suisse...

Pourquoi les Chinois affirment-ils soutenir la dette européenne en achetant les titres des pays en difficulté ?
Ce sont des pyromanes qui veulent faire croire qu'ils sont des pompiers. Leur plan est de prêter à l'Europe pour s'emparer de ses actifs. Les Chinois savent qu'ils ne seront pas remboursés ou espèrent se rembourser sur les gages qu'ils prendront. Certains disent qu'il faut se servir des liquidités chinoises pour résoudre les problèmes de financement occidentaux. Si on fait cela, dans quelques années, la Chine se sera emparée d'entreprises comme Total Air Liquide ou Generali.
Comment les Occidentaux peuvent-ils réagir ?
La seule solution, c'est d'imposer à la Chine des représailles douanières jusqu'à ce qu'elle cède sur sa politique de change. Au diable, M. Lamy et son OMC. Il faut maintenant renverser le jeu mené par la Chine depuis dix ans. Il faut mettre 100 % de droits de douane sur le made in China.
Cela ne risque-t-il pas de déclencher des représailles massives ?
On aura certes une période de guerre économique, avec deux-trois ans de hausse des prix manufacturés, mais avec la perspective d'une issue positive. L'alternative est de toujours reculer jusqu'à nous retrouver démunis de nos actifs, de notre technologie et inférieurs sur le plan militaire.

Mission de la dernière chance pour la Turquie en Syrie

Le ministre des Affaires étrangères d'Ankara était mardi à Damas pour exiger du président syrien Bachar el-Assad la fin de la répression, qui a déjà fait plus de 2000 morts. 

Faut-il y voir un message du régime syrien au ministre turc des Affaires étrangères? Alors qu'Ahmet Davutoglu se trouvait mardi à Damas pour demander une nouvelle fois à Bachar el-Assad de mettre fin à la répression, l'armée syrienne est entrée dans Binnich, ville proche de la frontière avec la Turquie. Le chef de la diplomatie turque et le président syrien se sont rencontrés pendant six heures. Supervisée par les États-Unis, la visite d'Ahmet Davutolgu a été précédée par un échange verbal musclé entre Damas et Ankara, traduisant une nette dégradation des relations turco-syriennes.
Que le président syrien renvoie «immédiatement ses soldats dans leurs casernes et libère tous les prisonniers»: c'est, en substance, les propos que Hillary Clinton a adressés à son homologue turc dimanche, lors d'un long entretien téléphonique, a résumé Mark Toner, porte-parole du département d'État. «Elle a demandé au ministre des Affaires étrangères de répercuter ses messages au président syrien», a-t-il déclaré.
Avant le départ d'Ahmet Davutoglu, l'augmentation du trafic diplomatique à Ankara a montré l'intérêt que portaient les Américains à cette visite. Le délégué américain aux Affaires moyen-orientales, Fred Hof, se trouvait également à Ankara lundi. Selon les médias, les autorités turques se seraient bien passées de la divulgation de ces deux informations, craignant qu'Ahmet Davutoglu ne soit perçu à Damas comme «l'émissaire des Américains», ce qui réduirait encore ses chances de réussite.

«Un message ferme» 

Le premier ministre turc avait annoncé, samedi, qu'il était à «bout de patience» face au bain de sang syrien et qu'il dépêchait son ministre des Affaires étrangères afin de transmettre «un message ferme» à Damas. Le régime syrien a aussitôt rétorqué, par le biais d'un des conseillers du président, que la «réponse serait encore plus ferme». Il a tenu parole. Mardi, selon l'agence officielle syrienne, Bachar el-Assad a répondu au ministre turc qu'il n'allait «pas fléchir dans la poursuite des groupes terroristes», qualificatif donné aux manifestants par le pouvoir.
Ahmet Davutoglu, artisan de la réconciliation turco-syrienne ces dernières années, et qui s'est rendu des dizaines de fois dans le pays voisin, était habitué à un accueil plus chaleureux. Ce refroidissement très marqué des relations est révélateur de la mauvaise passe que traverse la diplomatie turque, axée sur le concept de «zéro problème» avec les voisins. Le rapprochement avec Damas constituait l'image de marque de cette stratégie chère à Ahmet Davutoglu. Elle a longtemps expliqué, outre la crainte d'une guerre civile à sa porte, la modération des propos de la Turquie face à la répression en Syrie. Ankara n'a toujours pas appelé à la démission de Bachar el-Assad, alors qu'il n'avait pas hésité à réclamer les départs de Hosni Moubarak et de Mouammar Kadhafi.
Mais la recrudescence de la violence contre les civils oblige le gouvernement turc à durcir le ton. La répression ces derniers jours dans la ville de Hama, où l'armée syrienne avait tué plus de 20.000 personnes en 1982 pour mater une révolte des Frères musulmans, explique aussi sa crispation. Ces massacres restent présents dans la mémoire des Turcs religieux, également sunnites. «Quelle conscience pourrait accepter, a dit Recep Tayyip Erdogan, que trente ans après, et pendant le Ramadan, cette ville blessée souffre une nouvelle fois?»

Mesures contre-productives 

Constatant son impuissance au bout de cinq mois d'efforts constants, le gouvernement turc semble sur le point de baisser les bras. «L'Ouest pourrait en arriver à voter des sanctions et nous nous rangerions à ses côtés», a également déclaré le premier ministre. En revanche, il semblait peu probable qu'Ankara prenne des mesures unilatérales. Les autorités turques ont toujours rechigné à mettre en place des sanctions commerciales contre des régimes de la région, en Irak ou en Iran par exemple, les considérant comme contre-productives.
«Le fait est que la Turquie dispose de peu de moyens de pression sur Assad», explique Sami Kohen, éditorialiste au quotidien Milliyet. Un divorce entre Ankara et Damas aurait pour conséquence d'isoler complètement la Syrie, et donc de renforcer l'emprise de Téhéran. Vendredi, Ahmet Davutoglu a confirmé qu'une cargaison d'armes iraniennes à destination de la Syrie avait été interceptée dans l'est de la Turquie.

«Toutes les grandes villes du monde produisent ces désordres»

Sociologue, professeur à la London School of Economics, Tony Travers revient sur les émeutes de Tottenham.

Les violences ont démarré à Tottenham, là où un policier avait été lynché en 1985 après la mort d'une femme noire de 49 ans, cela ne peut être une coïncidence ?
Tony TRAVERS. - Il y a un passé sans aucun doute. La marche de samedi (pour réclamer justice après la mort de Mark Duggan NDLR) a eu lieu à Broadwater Farm, là où les troubles ont commencé dans les années 1980. Mais les choses ont vraiment changé depuis, les autorités locales et la police ont fait beaucoup d'efforts pour améliorer leurs relations avec la population locale, et celles-ci sont bien meilleures aujourd'hui.
Qu'est-ce que ces événements nous apprennent de la société britannique ?
À Londres aujourd'hui, comme il y a plusieurs centaines d'années, il y a des moments de désordres civils et occasionnellement des émeutes. Mais toutes les grandes villes du monde produisent ces mêmes désordres. On ne peut pas dire que la population originaire des Caraïbes soit responsable des troubles. J'ai regardé les reportages à la télévision et j'ai vu beaucoup de Blancs aussi parmi les pilleurs.
Quelles sont les motivations de ces jeunes ? Sont-ils en colère contre la police ou le gouvernement ?
Certains hommes politiques (Ken Livingstone, l'ancien maire de Londres, NDLR) pensent que cette colère est causée par les coupes budgétaires, mais la plupart de ces coupes ne sont pas encore effectives. Cela dit, dans des quartiers comme celui de Tottenham, même après des années de croissance économique à Londres, le taux de chômage reste élevé, particulièrement chez les jeunes. Donc oui, de nombreux jeunes gens sont oisifs et cette oisiveté les incite à mal se comporter.
La police a-t-elle bien réagi lors des incidents ?
On ne donne jamais raison à la police ! C'est vrai qu'elle a admis elle-même être en sous-effectif samedi soir. Mais soit elle emploie la méthode forte et il y a des confrontations, soit elle ne l'emploie pas et cela génère des émeutes. C'est ce qui s'est passé la nuit dernière.
A-t-elle un problème de crédibilité, après le scandale des écoutes qui a permis de découvrir que certains policiers étaient corrompus et vendaient des informations à la presse ?
Cela n'aide pas. Le fait que la police ait eu une mauvaise presse et que le chef de Scotland Yard ait dû démissionner affecte forcément l'attitude des gens dans la rue. Ce serait naïf de penser le contraire.
Peut-on s'attendre à des émeutes comme il y en a eu à Paris en 2005 ?
Les banlieues londoniennes sont très différentes des banlieues de Paris ou de Marseille, elles sont beaucoup plus mixtes. À Londres ce sont des petites rues avec des appartements à terrasses, et non des barres d'immeubles comme en France. Je ne pense pas que l'on va assister à une éruption de violences. Il pourrait y avoir une ou deux nuits supplémentaires d'incident isolés, mais les autorités locales, le gouvernement et la police, soumis à une énorme pression, ont le souci d'y mettre fin.
Comment la police va-t-elle faire ?
La meilleure chose à faire est d'envoyer en masse des policiers à pied, dans les rues. C'est une politique coûteuse, mais quand on envoie des hélicoptères ou des voitures, cela donne une impression de trouble, alors que des policiers à pied, cela donne une impression de contrôle. La police doit être aussi beaucoup plus à la pointe des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou les messageries instantanées de Black­Berry. Ces nouveaux outils permettent de perturber l'ordre public comme ce n'était pas possible avant.

é le 09/08/2011 à 18:22 | © 2011 AFP Pressée de réagir, la zone euro doit composer avec le temps politique

Malgré de nombreux appels à mettre rapidement en place les mesures prises lors du sommet de juillet, la zone euro doit composer avec le temps du politique et les réticences de certains à entériner une nouvelle aide à la Grèce, au risque d'étendre la crise de la dette.
Face aux tensions qu'ont connues très récemment l'Espagne et l'Italie, les responsables politiques sont montés au créneau pour demander du temps aux marchés. Objectif: les faire patienter jusqu'en septembre.

Ce délai est "un prix juste et nécessaire à payer pour vivre en démocratie", avait lancé vendredi le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn.
De son coté, le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos a pressé mardi ses partenaires européens à appliquer rapidement les décisions prises par la zone euro pour le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF).
"Il est particulièrement important d'appliquer rapidement et intégralement les décisions prises lors du sommet du 21 juillet sur le nouveau rôle du FESF (...) dans ce contexte de crise mondiale économique", a indiqué M. Vénizélos dans un communiqué.
En théorie, les Parlements nationaux doivent reprendre leurs travaux à la rentrée et approuver les mesures prises le 21 juillet par les dirigeants de la zone euro. Sauf que dans les faits, les délais divergent d'un pays à un autre.
L'Italie devrait adopter sans passage devant son Parlement les mesures prises lors du sommet de la zone euro. En cas de difficultés, le gouvernement italien pourrait avoir recours à un décret-loi, une procédure rapide.
La France a de son côté annoncé début août une session extraordinaire du Parlement du 6 au 8 septembre pour approuver les mesures visant à endiguer la crise de la dette, dont le renforcement du FESF.
La Belgique attend, elle, l'avis du Conseil d'Etat le 25 août pour valider les modifications du fonds de soutien européen.
En Espagne, les décisions prises le 21 juillet doivent être approuvées en conseil des ministres fin août, avant d'être ratifiées "le plus vite possible" par le Parlement. Ce feu vert parlementaire doit être obtenu le 26 septembre au plus tard, en raison des élections législatives anticipées de novembre.
Malgré ces exceptions, la plupart des pays de la zone euro n'ont pas encore dévoilé leur calendrier ou ont des agendas peu concordants.
En Allemagne, le Bundestag doit voter d'ici fin septembre sur les décisions du 21 juillet et sur la création du mécanisme permanent de soutien, appelé à remplacer le FESF dès mi-2013. La date exacte n'est pas connue.
Le Parlement finlandais ne devrait pas se prononcer avant le mois d'octobre, a confié à l'AFP une source gouvernementale.
Pire: la Slovaquie doit attendre une décision de son Parlement qui ne devrait voter sur ces sujets qu'à la fin de l'année. Un deuxième vote pour entériner le mécanisme permanent de soutien devrait avoir lieu d'ici fin 2012.
Ces différences d'agendas risquent à moyen terme d'inquiéter les marchés financiers, soucieux de voir la zone euro résoudre la crise de la dette.
Un risque élevé de blocages est à attendre également, alors que le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait déjà averti qu'il refusait de "signer un chèque en blanc" pour le rachat d'obligations par le FESF, une des mesures-phare prises le 21 juillet.
En Allemagne, l'adoption des décisions européennes pourrait fort bien déclencher une crise politique intérieure: une partie des députés de la majorité (conservateurs/libéraux) critique depuis des mois la gestion de la crise, sur le thème "l'Allemagne ne doit pas payer pour les erreurs des autres".
Même si le nombre de "non" est difficile à évaluer à l'heure actuelle, la chancelière Angela Merkel ne fera vraisemblablement pas le plein de voix de la majorité lors du vote de septembre.
En Finlande, les risques de tension sont importants même si les mesures devraient être adoptées, selon une source gouvernementale. "Cela est dans l'intérêt de la Finlande", a-t-elle confié à l'AFP.
Enfin, en Slovaquie, la situation risque d'être tendue alors que le gouvernement en place est composé de quatre partis politiques, dont un réputé pour son euroscepticisme. La coalition au pouvoir va devoir compter sur le grand parti d'opposition (socialiste) pour ratifier ces mesures.