TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 24 février 2014

“Outai, la droite, outai ?”

“Outai, la droite, outai ?”


La question n’est plus de savoir si la droite doit être libérale, forte, populaire ou sociale, mais comment elle défend les valeurs qui fédèrent tous les Français.
Le tube de l’artiste belge Stromae intitulé Papaoutai s’est progressivement imposé comme l’hymne de La Manif pour tous, de la même manière que le Choeur des esclaves de Verdi, tiré de Nabucco, l’avait fait lors du combat pour l’école libre. Cette chanson raconte la manière dont le jeune chanteur a été marqué par l’absence de son père. C’est dire si les manifestants de tous âges qui défilaient contre la procréation médicale assistée, la gestation pour autrui et toutes les attaques contre la filiation n’ont pas eu de mal à y trouver la quintessence du message qu’ils souhaitaient faire passer auprès des pouvoirs publics. Avec succès, puisque, même si les Verts et la gauche de la gauche tentent de remonter au créneau, François Hollande ne prendra plus le risque de jouer aux apprentis sorciers sur des sujets de cet ordre.
Ce qu’a montré la manifestation du 2 février, c’est qu’il existait dans le pays une gigantesque “droite hors les murs” qui ne se reconnaît ni dans l’UMP, ni dans le Front national, ni dans d’autres partis plus ou moins significatifs. Cette droite, profondément républicaine, comme en témoigne le calme avec lequel elle a manifesté, respectueuse des institutions, n’est animée que par une seule préoccupation : la défense de valeurs sociétales qui transcendent les clivages partisans. Parmi ces valeurs, il y a bien sûr la famille ; il y a aussi la vie, menacée notamment par les projets en matière d’euthanasie ; il y a la liberté et la responsabilité individuelles ; il y a la défense des plus faibles, qu’ils soient handicapés ou accidentés ; il y a aussi l’opposition claire et nette à un État qui veut gérer nos existences du berceau jusqu’à la tombe en passant par la consommation de sodas, celle de matières grasses, la vitesse des véhicules, désormais inférieure à celle des vélos dans Paris, et surtout l’éducation morale de nos chères têtes blondes.
Le problème, c’est que pour ces 80 % de Français de toutes sortes qui ne se retrouvent plus dans les agissements de François Hollande et de son État PS, il n’y a toujours pas d’opposition en phase avec ce nouveau type de préoccupations. Bien sûr, il y a nombre de ténors à droite qui s’opposent avec talent à la politique de déconstruction menée par les socialistes. Il y a des quantités de parlementaires qui tentent de réfléchir à ce que pourrait être l’après-Hollande. Mais aucun ne semble avoir compris que ce peuple de France qui défile dans tout le pays attend de ses élus, de ses édiles et de ses chefs de parti autre chose que des mesures ponctuelles. La question n’est plus de savoir si la droite doit être mondialiste ou antimondialiste, si elle doit être libérale ou étatiste, forte ou humaniste, populaire ou sociale. La question est de savoir comment elle colle enfin aux préoccupations de ces millions de Français qui veulent voir défendus des valeurs éternelles, des repères transcendantaux et une vision de l’homme, de la femme et des enfants qui ne soient pas que des pions sur un échiquier, mais bien « une histoire sacrée » pour reprendre la si belle expression du poète Patrice de La Tour du Pin.
Comme l’avait très bien dit Tony Blair, premier ministre social-démocrate, en économie
« tout ce qui compte, c’est ce qui marche ». C’est la raison pour laquelle, bien qu’il se soit opposé à Margaret Thatcher, il n’a jamais remis en cause tout ce qu’elle a mis en place afin de libéraliser la Grande-Bretagne. Or même en matière économique, la droite de gouvernement est déjà incapable de s’entendre sur une plateforme, entre ceux qui veulent revenir sur les 35 heures, démanteler l’ISF et repousser la retraite à 65 ans, et ceux qui ne veulent pas ébranler le modèle social si cher à nos compatriotes mais impossible à financer. Quant au Front national, ce n’est pas peu dire que sa défense de la retraite à 60 ans, sa volonté d’augmenter immédiatement de 200 euros les bas salaires et sa revalorisation d’une fonction publique pourtant privilégiée laissent beaucoup de Français plus que sceptiques. Quand ces mêmes partis ne sont pas crédibles sur le plan économique, qu’ils font l’objet d’une défiance croissante de la part de l’opinion et sont absents des grandes batailles sociétales qui — seules — mobilisent les Français, c’est qu’il y a un problème.« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », faisait dire Corneille à Sertorius. La droite n’est plus nulle part, hormis dans la rue pour défendre les valeurs qu’une droite aujourd’hui révolue a été la première à oublier. Voilà pourquoi les Français jusqu’ici invisibles qui commencent à sortir de leur tanière après deux ans de socialisme sectaire, brutal et voué à l’échec, pourraient chanter : “Outai, la droite, outai ? ”

Le tandem Duflot-Placé, incarnation du cynisme décomplexé en politique?

Bien qu'opposés au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les Verts enmenés par le tandem Duflot-Placé ne comptent pas quitter le gouvernement. Pour Thomas Guénolé, ce double discours relève du cynisme pur. 
A la suite des événements de Nantes, Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé sont fragilisés. Cela fait deux ans qu'ils vivent sur un double discours. Peut-on dire qu'ils incarnent une schizophrénie assumée ou même un cynisme décomplexé?
Oui. L'on arrive à cette situation pathétique en quelques étapes. D'abord, le tandem Duflot-Placé prend la tête d'une maison mourante, les Verts de l'après-2007: un leadership dont plus personne ne veut hormis eux, à force d'écroulement électoral. Puis la locomotive Cohn-Bendit/Hulot produit aux européennes de 2009 et aux régionales qui s'ensuivent une percée électorale spectaculaire, jusqu'à tourner autour de 15 % des suffrages exprimés
. Ensuite, sur cette base, une grande distribution de postes et de sièges s'opère, en liaison avec le partenaire dominant socialiste. Ainsi, le tandem Duflot-Placé et ses affidés, ce sont les al-Saoud de la vie politique française: du pétrole est trouvé sous leurs pieds, ils n'y sont pour rien, mais les voilà riches. Par la suite, les mêmes tuent la poule aux œufs d'or, en bloquant par jeux d'appareil la prise de contrôle d'
EELVpar Daniel Cohn-Bendit : ils ont préféré saboter la locomotive mais rester aux commandes, plutôt que voir le parti prendre en puissance mais en perdre le contrôle. Puis, là encore par peur de perdre le contrôle de la boutique, le tandem Duflot-Placé bloque par de nouveaux jeux d'appareil la meilleure candidature présidentielle possible pour EELV, celle de Nicolas Hulot, et pousse celle d'Eva Joly : on retrouvera alors le score catastrophique de Dominique Voynet à la présidentielle de 2007. Enfin, depuis lors, le tandem se comporte en co-gérants de la distribution de places éligibles par le partenaire dominant socialiste.
Vous avez écrit un livre sur le mensonge en politique à paraître le 6 mars: le Petit guide du mensonge en politique. À quelle catégorie de menteurs appartiennent Duflot et Placé?
Le plus souvent, ils utilisent la méthode la plus basique du mensonge en politique, que j'appellerais la «méthode Cahuzac». L'âne est blanc, tout le monde voit que l'âne est blanc, et vous, en regardant le téléspectateur droit dans les yeux par caméra interposée, vous jurez aux Français que l'âne est noir. C'est de cette façon que communique le tandem Duflot-Placé à chaque fois qu'il est pris en flagrant délit en train d'avaler une couleuvre: il nie «droit dans les yeux», même l'évidence.
Fréquemment, la dénégation éhontée vient d'ailleurs après avoir fait une provocation pour rester présents dans le débat public, généralement en ayant attaqué un membre du gouvernement:Cécile Duflot qui attaque Manuel Valls, Jean-Vincent Placé qui attaque Arnaud Montebourg, par exemple. Par ailleurs, Jean-Vincent Placé s'est fait une spécialité de nier avoir menacé qu'EELV quitte la coalition gouvernementale, généralement après s'être assuré un surcroît de places éligibles.
Comment expliquez-vous qu'ils ne parlent jamais d'écologie? Peut-on encore les qualifier d'écologistes?
Je ne dirais pas qu'ils ne parlent jamais d'écologie. Simplement, ils s'en tiennent à quelques sujets très marquants, emblématiques:gaz de schiste, nucléaire, etc. C'est une méthode très courante en politique de nos jours. Pendant la présidentielle de 2012, François Hollande a fait la même chose envers l'aile gauche de l'électorat du PS avec la tranche à 75% d'impôt sur le revenu, et Nicolas Sarkozy a également fait de même
envers l'aile sécuritaire de l'électorat de l'UMP avec la proposition de diviser l'immigration par deux. Cette méthode consiste à agiter un épouvantail, ou à proposer une mesure-choc, uniquement pour garder fidèle tel ou tel électorat.
Pourquoi François Hollande a-t-il encore besoin d'eux?
On peut se poser la question. Quand EELV était une locomotive avec Daniel Cohn-Bendit pour chef de file, son poids électoral rendait rationnel et cohérent pour le PS de donner des places aux écologistes. En revanche, depuis la gifle reçue par la candidature présidentielle d'Eva Joly, et surtout depuis les départs successifs de Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit et Noël Mamère, l'EELV de 2009 est redevenu Les Verts post-2007, c'est-à-dire un astre mort politique au même titre que le Parti Radical de Gauche.
Dans la mesure où Les Verts ne pèsent plus électoralement, il n'y a qu'une explication au comportement de François Hollande: l'obsession de l'unité maximale de la gauche. Cette obsession, bien qu'il ne soit plus rationnel de donner autant de places et de poids aux Verts, peut se comprendre: il ne faut jamais oublier que cet homme est devenu le leader du PS le 21 avril 2002.



Genre

Genre


Un lecteur de Paris veut bien nous demander ce que nous pensons de cette théorie du genre qui enflamme les imaginations et gonfle les défilés. Au risque de le mécontenter, nous lui répondrons que nous n’en pensons rien et que ces calembredaines ne méritent pas tant d’efforts. Là où nous sommes, en humble servant du « saint langage »« honneur des hommes » selon Valéry, seule la logique nous importe, et force nous est de constater que les défileurs antigenre manquent à la fois de logique et de confiance. Car enfin l’utopie du genre a déjà été réalisée (dans les kibboutzim par exemple) avec le bonheur que l’on sait. Il ne faut pas être grand devin pour prédire le même succès aux maternelles scandinaves qui promeuvent le genre neutre. Manque de confiance en la force des choses, laquelle fait régulièrement table rase de toutes les tables rases que tous les rêveurs totalitaires ont tâché de nous imposer depuis deux siècles ; combattre à ce point ces théories insanes, c’est leur accorder une réalité dont elles n’ont pas l’ombre d’un commencement. Contester, c’est prendre un peu trop au sérieux ; discuter c’est approuver en donnant corps à ce que l’on discute. Cette dialectique élémentaire est illustrée par les dibboukim de la Kabbale, ces êtres négatifs qui se nourrissent et se renforcent de tout le mal que l’on pense d’eux. Le contraire de l’idéologie c’est la réalité, ce n’est pas une idéologie contraire. Manque de logique, aussi, que nous reprochons à nos contestataires antigenre : car enfin l’homme nouveau, soit le citoyen public, laïc et obligatoire voulu par Jules Ferry, nos socialistes actuels sont encore à espérer son avènement. C’est peu dire que la tentative a raté, malgré l’immensité des moyens mis en oeuvre depuis plus de cent vingt ans : en toute rigueur, nous devrions tous être “de gauche”, et le problème ne se poserait pas…

Valeurs

Valeurs


Au nom de quoi les valeurs se raient-elles exclusivement de gauche ? C’est à longueur de temps pourtant qu’on me donne des leçons, à tout propos et à propos de tout : guerre, sexualité, revenus, justice, pain au chocolat, drogue… Je serais donc définitivement du mauvais côté, je pense mal : je voudrais élever mes enfants moi-même mais qu’on les éduque à l’école en leur inculquant des fondamentaux basiques. Je suis archaïque car j’ai du bon sens ; le bon sens est de droite, pas l’idéologie.
Les valeurs de gauche consis tent par exemple à conspuer la richesse au détriment d’une générosité spoliatrice avec l’argent des au tres (on avait bien compris que la richesse était une antivaleur, sauf en Bourse !). Je ne comprendrais donc rien aux “valeurs de la République” ? Consistant entre autres à marier tous ceux qui ne se mariaient pas et à ne plus marier les autres (les bourgeois) qui ne sont pas des citoyens à valeur ajoutée !
Mon vocabulaire se déprécie, même si je tente de supprimer certains mots médiatiquement radiés ; je ne comprends pas bien ce que sont les “valeurs de progrès”, d’autant que le progrès est à géométrie variable : voir le principe de précaution ! Tout, pour moi, n’est pas équivalent : il existe des qualités et des défauts, l’effort a un sens, la responsabilité individuelle est un des fondements de la République et la justice consiste à punir les coupables et pas uniquement à leur trouver des excuses ; je comprends mal que l’on me souhaite bon courage quand il y a la queue à la boulangerie, car pour moi le courage est une vraie valeur…

Un pilote dans l’avion

Un pilote dans l’avion


Pendant combien de temps encore la grotesque « comédie du pouvoir » entre le PS et EELV va-t-elle durer ? Il faut vraiment que les Verts aiment les maroquins pour rester dans un gouvernement dont ils ne cessent de dénoncer la politique. Et il faut que l'exécutif soit sacrément dans le besoin (électoral) pour tolérer les manquements des écolos à la solidarité gouvernementale. La manifestation des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les débordements qui l'ont suivie, samedi, s'inscrivent dans cette guérilla politique larvée où les Verts ne cessent de souffler sur les braises en se défendant de vouloir mettre le feu.
Sur ce dernier point, on se gardera bien de céder aux amalgames qui furent si allègrement pratiqués par la gauche pour déconsidérer les manifs « réactionnaires » sur la défense de la famille. On n'assimilera donc pas tous les manifestants pacifiques de samedi aux ultra-gauchistes et anarchistes des « Black Blocs » qui ont saccagé le centre-ville de Nantes. Ce qui n'empêche pas d'interpeller Manuel Valls sur une vigilance républicaine qui fut moins vétilleuse, et moins efficace, ici qu'ailleurs.
D'autant plus que personne n'ignorait les connivences évidentes entre certains écologistes et les occupants altermondialistes présents sur zone depuis les arrêtés préfectoraux de décembre autorisant les travaux préalables de l'aéroport. Il y a donc une bonne part d'hypocrisie dans les proclamations d'innocence des Verts timidement invités par Jean-Marc Ayrault à lever les ambiguïtés.
Le problème est que, depuis des mois, le pouvoir jouait l'enlisement sur ce dossier comme il tergiverse autour des questions environnementales. Dans l'esprit de François Hollande, désormais tourné vers la relance de l'économie, la loi sur la transition énergétique a perdu de son acuité. Le temps n'est plus aux promesses qui faisaient chavirer Cécile Duflot. À François Hollande de le dire clairement et de rompre le charme. Et à Cécile Duflot et ses amis d'en tirer les conséquences. Bien plus que d'un aéroport, il y a grand besoin d'un vrai pilote dans l'avion.

Les failles de la gouvernance Hollande expliquées par le profil psychologique du Président


A en croire le livre "Jusqu'ici tout va mal" de Cécile Amar, les multiples "couacs" gouvernementaux s'expliqueraient par la stratégie personnelle de François Hollande : une pratique solitaire du pouvoir, et une tendance à tester ses idées auprès de son entourage avant de les abandonner sans prévenir.

A en croire votre livre Jusqu'ici tout va mal (éd. Grasset), beaucoup de "couacs" gouvernementaux s'expliqueraient par le comportement même de François Hollande. En quoi son comportement les encourage-t-il ?

Cécile Amar : François Hollande n’encourage pas ce que vous appelez les « couacs » gouvernementaux. Le pouvoir isole et François Hollande a une pratique solitaire du pouvoir, c’est ce que je raconte dans le livre. Il est très sûr de lui et n’a vraiment confiance en personne. C’est sa nature, elle s’accentue à l’Elysée, car il a choisi de ne pas s’entourer de ses proches historiques ou de ses amis. Il « bouscule ses collaborateurs pour mettre de l’ordre dans ses idées » explique Michel Sapin. Hollande avoue parfois « contourner » ses collaborateurs ou ses ministres, il « préfère faire que faire faire ». Et du coup, parfois, les ministres ou les députés parlent, croyant savoir ce que le chef de l’Etat veut et ils se trompent, ou lui a changé d’avis entre temps.
Yves Derai : En formant son gouvernement, j’ai trouvé que François Hollande avait pris les décisions sages en fonction de l’intérêt du pays, faisant des choix qui correspondaient à une réalité politique. Par exemple, Vincent Peillon était son meilleur spécialiste de l’éducation, Aurélie Filippetti sa meilleure spécialiste de la culture et Manuel Valls était le meilleur sur les questions de sécurité. Il a recruté ses ministres comme un vrai chef d’entreprise. En revanche, ce n’est pas le cas au sein de son cabinet à l’Elysée : le problème de management se situe plutôt là. Le cabinet qu’il a choisi est à sa main, acquiesce quoi qu’il fasse : peu de personnes sont véritablement capables de le remettre en question. Or, il avait d’autres options possibles, avec des gens de plus haut niveau, dotés de plus de sens politique, comme le brillant avocat Maître Villemot. Non, il a choisi Emmanuel Macron. Pour piloter son comité stratégique de campagne, il s’était entouré de personnages très politiques : Manuel Valls, Stéphane Le Foll, Aquilino Morelle, Pierre Moscovici... Une fois élu, quand il a formé son cabinet, il n’a presque gardé personne. Pour diriger les affaires de la France, il lui manque des personnalités compétentes en sciences politiques.
Il croit ne pas avoir besoin d’une équipe qui lui donne des conseils et l’oriente. Il ne veut pas être ennuyé dans l’exercice solitaire de son pouvoir. Pourtant, il ne connaissait pas la machine de l’Etat et aurait dû s’entourer de gens qui l’initient à cette machine, comme cela se fait dans la plupart des cabinets de tous les ministères, au sein desquels c’est souvent le directeur de cabinet, qui connait bien l’administration, qui initie le ministre dans les six premiers mois.
Convaincu de ses propres connaissances en politique et en communication, François Hollande a pensé, malheureusement pour lui, qu’il n’avait besoin de personne en la matière. Il se croyait auto-suffisant et voulait décider de tout. Il pensait n’avoir besoin que de conseillers techniques sur des sujets particuliers. On connait le résultat.

Le président de la République testerait des idées auprès de son entourage puis les abandonnerai sans les en informer. Cela explique-t-il les prises de paroles parfois contradictoires de certains membres de la majorité ? A quels exemples précis peut-on penser ?

Cécile Amar : Son mode de fonctionnement par « itérations » comme il le dit dans le livre est parfois difficile à suivre pour ceux qui sont chargés au gouvernement ou dans la majorité d’expliquer sa politique. Quand il demande à ses conseillers « mais qui a parlé ? » alors que c’est lui, forcément c’est difficile à vivre ! François Hollande est fondamentalement un pragmatique, il avance en marchant et veut toujours surprendre. Il évolue donc sans prévenir ceux qui croyaient savoir et qui parlent et se trompent.
Et puis Hollande est secret. Cet été, il envisageait d’utiliser la CSG pour la réforme des retraites, tous les responsables de la majorité se sont donc calés sur cette position. Et puis, il a préféré utiliser les cotisations, mais ne leur a pas dit qu’il avait changé. Ses troupes ont parfois du mal à le suivre. Je raconte aussi que lorsque Cécile Duflot présente en conseil des ministres le projet de loi sur l’encadrement des loyers, promesse de campagne du candidat Hollande, le Président prend ensuite la parole et demande « les agences immobilières sont mécontentes, y a-t-il vraiment eu une concertation ? Et l’encadrement des loyers est-ce vraiment bien ? ».
Yves Derai : Jacques Chirac fonctionnerait déjà comme cela : il rassemblait des gens autour d’une table, faisait des réunions, il écoutait chacun, puis il faisait ce qu’il voulait. Dans le cas de la présidence Hollande, le problème vient plutôt d’une défaillance dans le tandem de l‘exécutif. Jean-Marc Ayrault n’a pas vraiment le pouvoir d’être le chef du gouvernement. En découle un problème de respect et de coordination avec les ministres, qui croient pouvoir n’en faire qu’à leur tête puisque le Premier ministre manque d’autorité. On retrouve un système proche du tandem Nicolas Sarkozy-François Fillon, avec un hyper-président, bien que François Hollande soit plus mou. Il y avait peut-être moins de couacs sous Nicolas Sarkozy car ses collaborateurs craignaient son autorité.
Jean-Marc Ayrault, qui était pourtant réputé pour être autoritaire, est sans cesse court-circuité. Comme François Hollande est quelqu’un qui hésite souvent avant de prendre une décision, on obtient un cocktail détonnant.

François Hollande agit-il ainsi par nature ou par tactique ? A-t-il toujours fonctionné ainsi ? Quels bénéfices en tire-t-il ? Surpassent-ils les inconvénients générés par ces couacs à répétition ?

Cécile Amar : C’est sa nature, sa personnalité. Il est très attaché à sa liberté, de mouvement et de pensée, et sa pratique du pouvoir est de plus en plus personnelle.  Il « engueule » ses conseillers, ses ministres, parce qu’il pense qu’ "à la fin, c’est lui qui paie tout".  Hollande estime qu’il « n’est pas compliqué à comprendre », mais peu ont le mode d’emploi. « Il est secret, cherche toujours à préserver son espace, cherche toujours à laisser jusqu’au bout des options ouvertes » analyse Stéphane Le Foll, qui a dirigé pendant onze ans son cabinet rue de Solférino. Lui savait le comprendre. Mais au gouvernement, à l’Elysée, ou dans la majorité, tous sont loin de décrypter François Hollande, on le voit depuis vingt mois.

François Hollande apparaît finalement comme un président opaque, qui ne se confie jamais vraiment à personne. Est-ce que ce comportement, cette tendance à tout faire remonter à lui, peut perturber le fonctionnement de l'État ?

La Véme République, dénoncée en son temps par François Mitterrand et les socialistes, concentre les pouvoirs et François Hollande s'est coulé dans ce moule. Son exercice du pouvoir est très personnel, solitaire même. C'est le choix qu'il a fait. Il est très secret, cela perturbe parfois ses ministres ou ses conseillers, mais cela fait longtemps que les socialistes ont abandonné tout désir de changer de République.

Dans ce contexte, comment interpréter les rumeurs de remaniements ?

Yves Derai : Ce n’est pas étonnant, lorsqu’il y a de tels problèmes. De plus, la popularité de François Hollande est au plus bas, autour de 20% et celle du Premier ministre est à peine au-dessus. Mais je pense que ce remaniement n’aura pas lieu tout de suite : c’est trop tôt. François Hollande ne formera pas de nouveau gouvernement avant les élections municipales, sachant que la gauche risque de perdre beaucoup dans ces élections, ainsi qu’aux européennes.
Je pense qu’il va user Jean-Marc Ayrault et son gouvernement jusqu’à la corde, attendre les résultats des élections municipales et européennes, puis il remaniera ensuite pour essayer de redonner un second souffle aux deux dernières années du quinquennat.
François Hollande apparaît finalement comme un président opaque, qui ne se confie jamais vraiment à personne. Est-ce que ce comportement, cette tendance à tout faire remonter à lui, peut perturber le fonctionnement de l'État ?

La Véme République, dénoncée en son temps par François Mitterrand et les socialistes, concentre les pouvoirs et François Hollande s'est coulé dans ce moule. Son exercice du pouvoir est très personnel, solitaire même. C'est le choix qu'il a fait. Il est très secret, cela perturbe parfois ses ministres ou ses conseillers, mais cela fait longtemps que les socialistes ont abandonné tout désir de changer de République. 

Pourquoi François Hollande choisit toujours de fausses solutions pour résoudre de vrais problèmes


François Hollande ne réussit pas parce qu'il choisit toujours des fausses solutions pour résoudre des vrais problèmes. Des étudiants en sciences politiques se sont récemment penchés sur la question permanente du Président français lors d’un atelier de travail.
Alors les explications sont multiples. On pense évidemment aux contraintes politiques mais le rôle d’un homme politique justement ce n’est pas de caresser son opinion dans le sens du poil, c’est de la convaincre qu'un autre chemin est possible. On pense aux structures syndicales qui sont habitées par cette culture du conflit et qui ne réussissent pas à accoucher d’un compromis, sans doute mais un certain nombre de conflits sociaux ont trouvé des solutions. Dès lors que l’Etat ne s’en mêlait pas (Renault par exemple). On pense enfin à la pression économique qui stérilise les initiatives, et fige les situations, mais la conjoncture est la même en Allemagne, et les allemands eux s’en sortent.
En France, on frise la caricature, depuis dix-huit mois, alors que les problèmes sont très clairement identifiés, connus, reconnus et partagés par tous les acteurs du monde de l’économie, des affaires, des syndicats et de la politique, on a un président qui réussit cet exploit de prendre ou de faire prendre systématiquement les fausses décisions. On connait le mal, on choisit le mauvais médicament. Et quand on ne choisit pas, on nous sort un bouc émissaire. Nous sommes les champions du monde du bouc émissaire. Ça n’est jamais de notre faute. Les problèmes économiques sont ultra simples. Face à la mutation mondiale, à la concurrence et au progrès technique, nous manquons de compétitivité. Nos entreprises sont trop peu nombreuses, pas assez dynamiques, avec des produits chers et pas forcément tous de bonne qualité. Cette situation-là est partagée par tout le monde y compris publiquement par le président de la République. Alors il y a encore des courants extrémistes qui ont des interprétations différentes, mais ridicules parce qu'incohérentes.
Ce déficit de compétitivité explique que nous n’ayons pas d’activité, pas d’emplois, pas assez de recettes sociales et fiscales, pas d’exportation. Comme on veut maintenir notre niveau de vie nous sommes obligés de nous endetter.L’équation n’est pas très compliquée. Et bien face à ce déficit de compétitivité, le bon sens sous indique qu’il faudrait en retrouver et pour en retrouver, il faut investir, innover, travailler dans des conditions qui soient plus compétitives. Donc, il faut baisser ce qu'on appelle les frais de structures et les frais généraux. A commencer par ceux, générés dans l’Etat.
Eh bien face à ce problème qui est au cœur de nos difficultés et qui n’est ni de droite, ni de gauche, on sort des solutions confuses et contradictoires.
- 1er exemple, on a commencé à relever les impôts pour essayer de réduire l’endettement sans s’apercevoir que les impôts anesthésiaient l’activité, ce qui a par conséquent creusé les déficits.
- 2ème exemple, on a essayé d’initier une politique d’offre et de compétitivité.Très bien, mais sur une trajectoire cohérente dessinées au départ par Louis Gallois, on a mis en place des conditions inapplicables, (il n’y aura pas de contreparties à la baisse des charges parce que ça n’est pas possible). Le résultat, c’est que la mise en place du pacte de responsabilité s’enlise dans des comités, et des commissions à Matignon au point où le premier ministre perd toute autorité.Or, un président sans directeur général qui ferait le boulot, est un dirigeant bien diminué.
- 3ème exemple, la politique du logement. Très simple à régler. Les prix sont trop élevés. Ils sont trop élevés parce qu'il n y a pas assez de logements. Il aurait donc fallu tout faire pour favoriser l’investissement logement, libérer du foncier par exemple. On a fait tout le contraire, Mme Duflot qui voulait s’occuper des mal-logés et de tous ceux qui n’ont pas les moyens de payer un loyer, a mis en place des régulations et des contrôles qui ont bloqué encore davantage le secteur. La loi a été vide de beaucoup de dispositions sous le poids des lobbies. Reste les dispositions qui vont faire fuir les investisseurs. Il y aura moins de logements et plus chers. 
- 4ème exemple, l’ouverture des magasins le dimanche. On a voulu faire plaisir à tout le monde, on a fâché tout le monde. Y compris le conseil d’Etat qui se retrouve accusé très souvent d’avoir mal interprété un décret. 
- 5ème exemple, les taxis. Cette histoire tourne à la farce et provoque la colère.Plutôt que de libéraliser le secteur en multipliant les autorisations et en faisant de fait baisser les prix des licences, on a multiplié les contraintes. Aux dernières nouvelles, le gouvernement n’a pas voulu prendre le risque d’appauvrir les chauffeurs qui avait payés leur plaque très chère. C'est gentil ! Mais il fallait en distribuer, gratuitement à tous ceux qui en avait déjà. Le chauffeur qui avait payé sa plaque 200 000 euros se retrouvait avec disons 4 plaques. Le prix tombait à 50 000 euros, mais comme il en avait quatre, son capital était protégé. Cette opération de libéralisation ne coûtait pas un sou à l’Etat. On a fait tout le contraire, on a renforcé les monopoles et les privilèges. 
- 6ème exemple, la question des inégalités offre un florilège de fausses solutions. S’il y a des pauvres et c’est vrai, mais c’est de la faute des riches. On va donc faire des riches un problème. Alors que c’est l’inverse. Le problème c’est la pauvreté. Pourquoi ? Comment ?  
- 7ème exemple, la question des baisses de dépenses publiques donne lieu à des débats invraisemblables de confusions et d’hypocrisie. Il n'y a que deux solutions pour réduire de façon significative les dépenses publiques et sociales. 
Ou bien, on réduit la rémunération des fonctionnaires (actifs et retraités). Ou bien, on réduit le périmètre de l’Etat et de ses administrations. Le reste, c’est du débat pour énarques inemployés. 

Les exemples sont donc innombrables. Les lois de finances sont pleines de contradictions, la chasse aux exilés fiscaux évite soigneusement le gros gibier, donc elle ne sert à rien. L’amélioration de l’attractivité du site France tel qu'on essaie de la vendre à nos amis étrangers ne servira à rien. La France n’attirera jamais d’usines ou d’ateliers. Mieux vaudrait renforcer la compétitivité pour aller monter des usines dans les pays émergents (C’est là-bas que sont les marchés) et attirer chez nous des laboratoires de recherche et des start’up à haute valeur ajoutée. On pourrait d’ailleurs commencer à attirer et à fidéliser les touristes qui commencent à regarder ailleurs. 

Quand face à des vrais problèmes, le gouvernement est à cours de solutions, y compris des fausses solutions, il nous offre la parade des bouc-émissaires. C’est la faute à l’euro trop fort (bien sûr), aux allemands, à la banque centrale européenne qui ne travaille pas comme la banque centrale américaine (c’est vrai elle ne peut pas faire des subprimes, elle !) aux importations pas assez chères, aux exportations, aux fonctionnaires trop payés, à Bruxelles et ses technocrates, etc. etc.
On  donc un talent très sophistiqué pour éviter la question de nos difficultés. François Hollande fera tout pour convaincre son électorat qu' il faut que chacun range sa chambre et fasse un effort de redressement. Du moins, c’est ce qu'on nous explique. Possible mais peu d’électeurs sont désormais prêt à la suivre.

Cure de désintoxication

Cure de désintoxication

Nous venons de vivre cinq belles journées sur les hauteurs alpines, par moins 5 à10 degrés, dans un hameau perdu, à 2000 mètres d’altitude, avec, faisant office de télévision, d’ordinateur et de radio, un simple poêle à bois. Grand ski dans la journée et le soir, bain de silence à l’exception du murmure des flocons de neige sur les vitres de notre fermette. Il faut se couper du monde de temps en temps, se ressourcer dans la solitude, s’enfuir de la chape de connerie qui submerge la France. J’ai remarqué que la lâcheté et la crétinerie ne s’élèvent que rarement au dessus de 1200 mètres environ et qu’au-delà d’une certaine hauteur, on est à peu près tranquille. Mon ami Henri Guaino a bien raison de dire qu’il ne reconnaît plus son pays. http://unionrepublicaine.fr/henri-guaino-je-ne-reconnais-plus-mon-pays-ma-france/ Le retour à la vie urbaine, hier soir, est brutal, d’une violence inouïe.  Le tribunal de la pensée unique a encore frappé, contre Ivan Rioufol, Elisabeth Levy et Eric Zemmour. http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/02/21/31003-20140221ARTFIG00276-ivan-rioufol-le-commissaire-joffrin-s-est-fait-une-specialite-de-denoncer-les-journalistes-deviants.php. Je trouve cette mode de l’intolérance, du lynchage hystérique envers toute forme de dissidence, voire même de nuance vis-à-vis de l’idéologie dominante, ce refus de l’échange et du débat d’idées, absolument ignobles. Si notre époque était moins cotonneuse, il ne fait aucun doute qu’ils ressortiraient les charrettes, les bourreaux et la guillotine. L’invective, la haine, la violence verbale, les amalgames stupides en guise de procès truqués et de petite Terreur, quand on est à court d’argument, incapable d’aligner deux mots intelligibles et que le sol se dérobe inéluctablement.