TOUT EST DIT

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jeudi 1 septembre 2011

Le gouvernement et les banques ripostent à Christine Lagarde

Les banques allemandes et françaises assurent ce jeudi être suffisamment capitalisées, en réponse aux déclarations de la président du FMI. Ce matin, François Baroin et Valérie Pécresse ont déclaré qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur les banques françaises.
Les déclarations fusent de partout pour éteindre l'incendie déclenché par l'idée d'une recapitalisation des banques européennes évoquée par Christine Lagarde. Mais les valeurs financières continuent de s'afficher en recul.
Les banques allemandes et françaises ont assuré ce jeudi être suffisamment capitalisées en réaction à des informations selon lesquelles le Fonds monétaire international (FMI) juge que le secteur bancaire européen souffre d'un déficit de fonds propres. "Les banques françaises sont bien capitalisées", a également déclaré à l'agence Reuters une porte-parole de la FBF. "Elles ont augmenté leur capitalisation depuis la crise." a-t-elle précisé.
Plus tôt dans la matinée, les banques allemandes ont elles aussi considéré que les craintes du Fonds monétaire international (FMI) concernant un possible manque de fonds propres n'étaient pas justifiées. "Les banques sont bien capitalisées", a dit Michael Kemmer, directeur de la BdB, lors d'une interview au quotidien allemand Die Welt. La BdB représente quelque 210 banques privées dont Commerzbank et Deutsche Bank.
Selon une source européenne, le FMI estime que les banques européennes risquent d'être confrontées à un déficit de fonds propres de 200 milliards d'euros pour affronter la crise de la dette en zone euro et à un ralentissement de la croissance. Samedi dernier, lors des rencontres annuelles de la Réserve fédérale américaine, la directrice du FMI Christine Lagarde avait déjà plaidé pour une recapitalisation "substantielle" des établissements financiers européens.
Soutien du gouvernement
Et de leur côté, François Baroin et Valérie Pécresse, il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur les banques françaises. Lors de l'Université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines), la ministre du Budget Valérie Pécresse a aussi fait savoir que les banques françaises avaient suffisamment de fonds propres. "Je crois qu'il n'y a pas d'inquiétude à se faire pour les banques françaises", a indiqué la ministre, reprenant les propos du ministre de l'Economie, François Baroin, mercredi soir sur France 3.
Recul des valeurs bancaires
"Nous ne comprenons pas comment le FMI en arrive à ces conclusions", a de son côté réagi l'association des banques publiques allemandes VoeB. Les déclarations de Christine Lagarde du week-end dernier provoquent depuis le début de la semaine une levée de boucliers en Europe.
L'Autorité bancaire européenne (EBA) a notamment fait savoir que les banques de l'Union européenne n'avaient pas besoin d'être massivement recapitalisées. Mais, les inquiétudes autour de la crise de la dette publique au sein de la zone euro et de la dégradation du climat économique continuent néanmoins de peser sur les valeurs financières européennes.
L'indice bancaire européen recule jeudi de 0,55% vers 11h15. A Paris, Crédit agricole et BNP Paribas, très exposées aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro, abandonnent respectivement 3,81% et 2,29%. La banque allemande Deutsche Bank cède 2,89%, l'italienne Unicredit -1,38%.

Du poison dans le déjeuner

Il y a des saletés dans le viseur. Comment distinguer l’avenir de la France à l’horizon quand l’objectif est à ce point maculé de taches suspectes ? Une accusation de viol à gauche, de l’argent dans la manche à droite. Pour le citoyen moyen, la photo souvenir de cet été politique est à l’image de la météo de ces vacances : obscure et déprimante.

On voudrait croire, les yeux fermés, aux fermes dénégations de l’Élysée tant les conséquences seraient graves si les faits étaient avérés. Pas facile, en effet, d’imaginer un futur président recevant du liquide de la main d’une (très) riche bienfaitrice et trahissant du même coup la loi stricte qui régit le financement des campagnes électorales.

On voudrait croire, les yeux fermés, qu’il ne s’agit là que d’une manipulation de plus dans un feuilleton qui accumulera encore beaucoup de coups fourrés de toutes sortes d’ici au printemps 2012. Après tout, comme le répètent avec conviction les hussards de l’UMP, voilà des révélations bien tardives, et déjà partiellement démenties, qui ne figurent dans aucun procès-verbal et n’ont d’autre valeur que celle des pages sur lesquelles elles sont imprimées. D’ailleurs, les défenseurs du président s’en rassurent : ce n’est jamais rien qu’un livre…

Pourquoi, alors, cette impression de malaise devant ce nouveau rebondissement ?

Lorsque la déontologie de la presse est mise en cause par un pouvoir au motif que les journalistes, emportés par la gourmandise du sensationnel, relaieraient des rumeurs sans preuve, cette ligne de défense devient immédiatement suspecte. Le Premier ministre ne dispose-t-il pas d’une argumentation plus convaincante, capable de balayer toutes les interrogations ?

La source de la polémique n’est tout de même rien de moins que la parole d’une juge d’instruction éminente, jusque-là respectée pour la rigueur de ses investigations. Serait-elle mue par l’aigreur d’avoir été brutalement dessaisie du dossier que son témoignage, en en recoupant d’autres, en resterait tout de même troublant.

À qui fera-t-on croire que les écuries présidentielles, dont les dépenses de campagne sont si sévèrement contrôlées a posteriori par le Conseil constitutionnel, ne sont pas tentées un jour ou l’autre de tricher avec la règle devenue très contraignante des donations personnelles ? La fraude n’est pas un scénario de fiction qui excite l’imaginaire des reporters. L’expérience montre qu’elle est, au moins, plausible.

Faute de preuves, il est légitime de se poser des questions. Et d’en poser aux personnalités concernées. Il ne s’agit pas de contribuer à diffuser le poison du soupçon, mais de solliciter une vérité qui se dérobe, aussi impénétrable que les déjeuners organisés à l’hôtel particulier des Bettencourt. Et s’il y avait mensonge médiatique ? Eh bien, les poursuites en diffamation sont là pour faire tomber les masques, non ?

Diplomatie française : le ressort libyen

Pour les ambassadeurs, la rentrée de septembre, c'est toujours un nouveau départ. Vers un nouveau poste, pour certains. Vers un nouveau cap pour tous les diplomates, si la politique déterminée par le Président et son ministre des Affaires étrangères l'exige. Or, en cette fin d'été, au menu de la conférence des ambassadeurs, la nouveauté est de rigueur. Elle porte un nom : le Printemps arabe.

En un an, que de changements ! En recevant, hier, les diplomates à l'Élysée, Nicolas Sarkozy a parlé d'une « année exceptionnelle ». La prétendue stabilité qui régissait nos relations avec de nombreux régimes autoritaires arabes a littéralement volé en éclat. Le monde arabe est en mouvement et un pays comme la France, par son histoire, sa culture, ses intérêts et son rôle stratégique dans cet espace, est concerné au premier chef.

On ne peut oublier, à cet égard, combien le réveil des sociétés arabes a pris de court la diplomatie française, notamment en Tunisie. Mais les événements ont connu une telle accélération, la force du mouvement a été telle que les propos tenus en janvier par Michèle Alliot-Marie à l'Assemblée nationale paraissent désormais bien loin. La guerre en Libye et l'autorité et l'estime dont jouit son successeur, Alain Juppé, auprès des diplomates, y sont aussi pour beaucoup.

À Benghazi, ce n'est pas seulement la rébellion libyenne qui a été sauvée par l'intervention internationale fortement voulue par Paris, c'est aussi l'image de la politique de la France dans le monde arabe. Le pari interventionniste de Sarkozy n'était pas sans risque, mais la chute de Kadhafi lui donne raison. Les affinités inavouables des élites françaises avec le régime Ben Ali ; son retournement de position radical vis-à-vis de Kadhafi et, à un degré moindre, le lâchage de Moubarak, qui était le coparrain choyé du lancement de l'Union pour la Méditerranée, il y a trois ans : tout cela n'est pas effacé et restera dans le bilan du quinquennat comme une succession contradictoire. Mais l'enjeu, aujourd'hui, s'est déplacé.

Le renversement des dictateurs, lancé par des révoltes classiques, ouvre une opportunité unique, longtemps inespérée, de voir les pays de la rive Sud de la Méditerranée grandir en démocratie. La France, hors jeu en janvier, ne l'est plus aujourd'hui. Le dossier libyen a, à lui seul, constitué un véritable ressort pour la politique étrangère de Sarkozy, dont il condense les grandes lignes.

Le retour, tout d'abord, d'une politique interventionniste. On en avait eu un avant-goût purement diplomatique lors de la crise géorgienne, en 2008. On l'a constaté lors de la crise ivoirienne au printemps. La Libye confirme cette tendance de la puissance moyenne qu'est la France à intervenir, de façon mesurée du point de vue militaire.

Cette prise d'initiative, dans les trois cas cités, bénéficie d'un fait majeur : le redimensionnement de la puissance américaine, volontairement en retrait depuis l'arrivée d'Obama. Cette attitude a laissé un espace politique que le président français exploite avec d'autant moins d'états d'âme que la pleine réintégration de la France au sein de l'Otan en fait un fervent atlantiste. Toutefois, le ressort libyen ne peut gommer ni les incertitudes de l'après-Kadhafi ni les divisions européennes sur cette affaire. Et l'instinct faire durablement office de vision.

Le dérapage de la dette grecque menace d'annuler les bénéfices du plan de sauvetage européen

La nouvelle commission de contrôle du budget grec tire le signal d'alarme. La dynamique de la dette grecque est désormais "hors de contrôle" et les dérapages par rapport aux objectifs de réduction du déficit, exacerbés par une profonde récession, menacent d'annuler les bénéfices du nouveau plan de sauvetage, constate cet organe composé d'analystes indépendants.
Dans un rapport, rendu public mercredi 31 août, la commission estime qu'"une augmentation importante de la dette, un grand déficit de départ et une profonde récession ont poussé à l'extrême la dynamique de la dette, qui est maintenant hors de contrôle. Ces développements semblent contrebalancer dans une large mesure l'impact positif" du dernier plan de sauvetage de l'Union européenne – qui s'élève à 159 milliards d'euros (230 milliards de dollars) – consenti le mois dernier, ajoute la commission dans son rapport, dont des extraits sont publiés par l'agence semi-étatique Athens News Agency.
Bridée par les coupes budgétaires, l'économie grecque se rétracte à un rythme alarmant. Le ministre des finances, Evangelos Venizelos, a déclaré la semaine dernière que le produit intérieur brut diminuerait vraisemblablement de plus de 4,5 % en 2011, contre 3,5 % prévus initialement. Entre-temps, la dette publique a enflé, pour atteindre 350 milliards d'euros.
La Grèce est actuellement soumise à un audit de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne pour savoir si la sixième tranche du prêt de 110 milliards d'euros consenti à Athènes l'année dernière sera débloquée. Selon certaines informations, les représentants de ces trois organisations, arrivés lundi à Athènes pour procéder à l'audit, auraient constaté des retards dans la mise en œuvre du programme de relance, notamment dans les secteurs qui peuvent susciter de forts mouvements de protestation de la part des syndicats. "Les prochaines semaines, jusqu'au 15-20 octobre, seront cruciales et graves", a déclaré M. Venizelos mercredi à la radio Real FM, dans une interview.
Le déficit public — à l'origine de tous les maux du pays — est devenu insoutenable, à 14,69 milliards d'euros au premier semestre 2011, alors que l'objectif fixé était de 16,68 milliards d'euros pour toute l'année. Pour le combler, les autorités grecques vont augmenter jeudi les taxes sur la nourriture dans les restaurants et les hôtels de dix points, à 23 %. Les restaurateurs ont qualifié cette mesure de ruineuse et certains menacent de ne pas percevoir cette taxe pour ne pas être contraints de fermer. Athènes est également confrontée à une cacophonie en Europe concernant un accord controversé consenti par la Grèce à la Finlande pour lui garantir son financement du deuxième plan de sauvetage. Les dirigeants de la zone euro ont accordé un plan de sauvetage de 109 milliards d'euros en juillet à la Grèce pour éviter la banqueroute au pays. Le secteur privé a aussi avancé 50 milliards d'euros.

La Grèce sous pression de ses créanciers, de l'UE et du FMI

Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a reconnu mercredi que les créanciers du pays, UE et FMI, faisaient pression pour réduire masse salariale et acquis sociaux et accélèrer les réformes structurelles du pays confronté à une interminable récession.
"La Troïka met sur la table très justement la question des réformes structurelles, et des mesures qui ouvrent le marché" à la concurrence, a déclaré le ministre sur la radio Real FM, rendant compte de la mission de contrôle des comptes grecs entamée lundi par la délégation tripartite des Banques centrales et de la Commission européenne et du Fonds monétaire international.
Le ministre a cité parmi les réformes prioritaires à mettre en oeuvre "l'établissement d'une grille salariale dans le secteur public, le marché du travail, l'ouverture des métiers à la concurrence, la fermeture et la restructuration des organismes publics".
Sous pression de ses créanciers, la Grèce légifère à marche forcée sur ces dossiers, mais selon tous les médias, la Troïka s'est plainte des retards pris par le pays dans l'application des réformes votées.
Le trio de hauts fonctionnaires a notamment réclamé la généralisation dans le secteur privé d'accords d'entreprises pour les négociations salariales, au détriment des accords de branche.
Ceci permettrait aux entreprises d'avoir les coudées franches pour régulariser les baisses de salaires qu'elles appliquent déjà à leurs salariés sur des bases individuelles, éventuellement d'en annoncer de nouvelles, et à terme de mesurer à quel point le pays a réellement fait baisser ses coûts de production depuis l'éclatement de la crise de la dette publique.
L'audit de la Troïka conditionne le versement, prévu cet automne, de la sixième tranche d'un premier prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 au pays pour lui éviter la banqueroute, qui doit être suivi d'un deuxième plan d'aide adopté en juillet.
Mais les réformes destinées à renflouer les caisses de l'Etat sont loin d'être acceptées par la population.
Alors qu'un taux de TVA de 23% (au lieu de 13%) doit être appliqué à partir de jeudi à tout le secteur de la restauration en Grèce, suscitant une levée de boucliers du milieu, vital pour l'industrie touristique, M. Vénizélos a aussi mis en avant l'urgence pour le pays de réformer son "tragique et inique" système fiscal, plombé par une fraude généralisée.
Il s'est affirmé prêt à réduire ce taux de TVA à condition que le secteur de la restauration, quelque 210.000 entreprises, accepte une réforme de la perception de cette taxe pour mettre fin à sa "fraude colossale".
De leur côté, les représentants des restaurateurs grecs ont annoncé leur intention de cesser à partir de mercredi de reverser la TVA à l'Etat, dénonçant une mise à genou de leur secteur déjà affecté par la chute du niveau de vie dans le pays. L'augmentation de la TVA dans la restauration est censée rapporter 750 millions annuellement à l'Etat grec.

Le plan de sauvetage européen met la Grèce sous pression

Le ministre des finances grec, Evangélos Venizélos, a jugé mercredi 31 août que les prochaines semaines, jusqu'à mi-octobre, seraient "cruciales" pour la mise en œuvre du plan international de sauvetage de la Grèce surendettée. La mise en œuvre du plan de soutien financier du pays adopté par le sommet européen du 21 juillet "va suivre une évolution délicate d'ici au 15 octobre," a-t-il insisté.
La Grèce compte sur la participation de "quelque 300 banques de 57 pays" au volet de ce plan prévoyant une contribution du secteur privé via un échange des titres de la dette grecque, à hauteur de 54 milliards d'euros sur trois ans, et 135 milliards sur dix ans.
Sur le volet du plan d'aide prévoyant des prêts étatiques de 109 milliards à la Grèce, M. Venizélos s'est targué du soutien de "tout le monde" au sein de la zone euro pour un règlement du casse-tête provoqué par l'exigence de la Finlande d'obtenir des garanties d'Athènes pour verser sa propre contribution.
LA TROÏKA MET LA PRESSION SUR ATHÈNES
Evangélos Venizélos a par ailleurs reconnu mercredi que les créanciers du pays, UE et FMI, faisaient pression pour accélérer les réformes structurelles du pays confronté à une interminable récession.
"La troïka met sur la table très justement la question des réformes structurelles et des mesures qui ouvrent le marché" à la concurrence, a déclaré M. Venizélos à la radio Real FM, rendant compte de la mission de contrôle des comptes grecs entamée lundi par la délégation tripartite du Fonds monétaire international, des banques centrales et de la Commission européenne.
Le ministre a cité parmi les réformes prioritaires à mettre en œuvre "l'établissement d'une grille salariale dans le secteur public, le marché du travail, l'ouverture des métiers à la concurrence, la fermeture et la restructuration des organismes publics".
Sous pression de ses créanciers, la Grèce légifère à marche forcée sur ces dossiers, mais selon tous les médias, la troïka s'est plainte des retards pris par le pays dans l'application des réformes votées.
L'audit de la troïka conditionne le versement, prévu cet automne, de la sixième tranche d'un premier prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 à la Grèce pour lui éviter la banqueroute, qui doit être suivi d'un deuxième plan d'aide adopté en juillet.

Michel Rocard parle vrai

Interrogé au Grand Journal de Canal+, l’ancien Premier ministre Michel Rocard a déclaré : « DSK a visiblement une maladie mentale qui était une difficulté à maîtriser ses pulsions. Il est hors du coup, c’est dommage. » A peine s’était-il exprimé que les défenseurs attitrés de Dominique Strauss-Kahn au sein du PS, notamment Laurent Fabius et Jack Lang, sont tombés à bras raccourcis sur lui, l’accusant quasiment d’avoir perdu la raison. Pourtant, il me semble que Michel Rocard a dit à sa manière deux choses très sensées.

La première, c’est que le comportement de DSK, même suivi d’un non-lieu de la justice américaine, ne peut être traité à la légère et relève d’une forme de pathologie. Ses excuses au Fonds monétaire international ne sont en aucune manière à la hauteur du problème posé par son comportement à New York, minimisé par l’intéressé, qui l’a qualifié de simple « erreur ».

La deuxième vérité de Michel Rocard, c’est que du fait de ses actes, l’ancien favori des socialistes pour l’élection présidentielle est désormais hors course alors même que Michel Rocard et bon nombre de rocardiens du PS l’avaient soutenu dans sa démarche politique. Hors du coup, cela signifie clairement que DSK est disqualifié du processus politique aussi bien pour la primaire que pour l’élection présidentielle et qu’il ne devrait plus briguer un poste ministériel ou une grande fonction de l’Etat, même en cas de victoire de la gauche. Ceux qui envers et contre l’opinion majoritaire des Français s’emploient déjà à une démarche de réhabilitation politique de Dominique Strauss-Kahn et lui prépare une rentrée triomphale à Sarcelles ou ailleurs n’ont vraiment rien compris à ce qui s’est passé et à la tache indélébile que porte désormais l’ancien maître du FMI.

Le schmilblick socialiste

Les journées socialistes de La Rochelle, dans leur partie expression publique comme dans leur partie confidences privées, ont-elles fait avancer le schmilblick entre les cinq candidats aux primaires ? Oui et non.
Les confirmations d’abord : l’avance de François Hollande dans tous les sondages se double d’une véritable percée chez les militants. Il parle et il agit comme un possible prochain président de la République, et sa crédibilité est renforcée par son comportement tactique de candidat non rancunier qui ne répond pas aux attaques des autres.
Martine Aubry n’arrive pas à recoller à la roue du favori et, malgré son courage et ses efforts, elle est à la peine : on sent quelque flottement chez ses partisans et une irritation sourde chez les plus hostiles à M. Hollande.
Ségolène Royal, qui nous étonnera toujours, fait comme si elle avait une chance réelle de gagner, et elle joue le match avec entrain, bonne humeur et imagination créatrice. Exemple : là où les autres socialistes veulent maintenir un enseignant par classe, Mme Royal en propose deux sinon rien ! Et la rumeur qui la fait soutenir François Hollande au deuxième tour des primaires prend de plus en plus de consistance.
Quant à MM. Valls et Montebourg, ils font bien leur job, qui est de préparer avec un peu d’avance les primaires socialistes de 2016.
En revanche, sur les différences de programme entre les uns et les autres, on a fait du surplace à La Rochelle. On sent bien que les 300.000 emplois-jeunes ont du plomb dans l’aile, que la résorption de la dette s’installe de plus en plus dans les têtes de gauche, et que l’idée selon laquelle la croissance ne se décrète pas s’impose aux disciples et petits-enfants de François Mitterrand. Mais comment feront-ils par exemple pour garder une grosse part d’électricité nucléaire tout en s’assurant les suffrages des amis d’Eva Joly et comment feront-ils pour envoyer Dominique Strauss-Kahn en vacances le plus longtemps possible ? Il leur reste quarante jours pour trouver des réponses.

Haro sur le “tourisme de la cuite”

Après les émeutes sur la Costa Brava et plusieurs chutes mortelles de balcons d’hôtels à Majorque, les autorités espagnoles cherchent des moyens de sévir contre le tourisme alcoolique. 

Depuis des décennies, l’Espagne s’est montrée très complaisante vis-à-vis des touristes étrangers qui viennent chaque année consommer des océans d’alcool dans ses stations balnéaires. Ce n’est plus le cas. Sur la Costa Brava, à Lloret de Mar, l’une plus grandes destinations espagnoles de tourisme de masse, la fête est bel et bien finie. Au mois d’août, les forces de l’ordre ont tiré à balles de caoutchouc pour disperser des bandes de fêtards éméchés et déchaînés qui défonçaient des vitrines à coups de pieds et ont incendié une voiture de police.
Deux nuits durant, les affrontements se sont poursuivis jusqu’à 7 heures du matin. Bilan : vingt blessés, dont neuf policiers, et vingt arrestations. Fait révélateur, dans cette ville de 40 000 habitants qui ne compte pas moins de 25 discothèques, 261 bars et accueille près d’un million de touristes par an, tous les émeutiers interpellés étaient des ressortissants étrangers.

Avec les oxy-shots, plus besoin de boire pour se soûler

L’affaire n’est pas nouvelle : en 2004, quand, après des incidents similaires, le ministre de l’Intérieur catalan de l’époque avait inventé l’expression "tourisme de la cuite", les autorités avaient déjà promis un grand coup de propre. Aujourd’hui, après la mort d’un touriste britannique de 15 ans, Andrew Milroy, poignardé devant une boîte de nuit, elles se disent plus déterminées que jamais à sévir : "Nous avons touché le fond dans cette affaire, s’exaspère Roma Codina, maire de Lloret de Mar. Nous allons fermer les bars qui posent le plus de problèmes et interdire la prostitution dans les espaces publics." Pour faire bonne mesure, les heures de fermeture des discothèques seront plus strictement encadrées et la consommation d’alcool des mineurs sévèrement réprimée. La présence policière a par ailleurs été massivement renforcée.
Mais un retour à la normale était à peine amorcé à Lloret de Mar, que les choses dégénéraient ailleurs. Récemment, les autorités des îles Baléares ont mis en garde contre une nouvelle vague de décès dues au "balconing", grand jeu des touristes éméchés qui plongent dans une piscine depuis le balcon de leur chambre d’hôtel. A Ibiza et à Majorque, cette pratique a déjà fait trois morts cette année – deux Britanniques et un Italien, tous trois âgés d’une vingtaine d’années – et plus d’une douzaine de blessés. Les propriétaires d’hôtels de Majorque ont annoncé qu’ils allaient surélever les garde-corps et les cloisons séparant les balcons. Les campagnes de sensibilisation dans les pays d’origine des touristes que réclamaient certains habitants se sont en fait résumées à de simples prospectus expliquant les risques qu’il y avait à se jeter la tête la première d’un balcon.
Il y a peu encore, à Magaluf, il n’y avait même plus besoin de boire pour se soûler : le 25 août, la police a confisqué à tous les bars et discothèques de la ville leurs inhalateurs "oxy-shot", qui vaporisent l’alcool et permettent à l’organisme d’en absorber dix à vingt fois plus vite que sous forme liquide. Ce mode de consommation qui fait fureur à Majorque est désormais interdit. "Les oxy-shots peuvent détruire les poumons, car contrairement à l’alcool liquide métabolisée par le foie, ce mode d’absorption n’offre aucun moyen d’éliminer les toxines", explique José Cabrera, toxicologue.

Des happy hours qui se prolongent jusqu'en fin de matinée

Mais bien entendu, certains savent encore se tenir. "La grande majorité des touristes vient simplement passer de bonnes vacances et s’amuser", concède un Espagnol qui n’a accepté d’être identifié que sous les initiales MLC. Il livre de la bière depuis douze ans à El Arenal et à Magaluf – que les Espagnols appellent les deux grands "ghettos" allemand et britannique de Majorque. "Mais j’ai remarqué que les gros buveurs sont plus jeunes – ils ont entre 15 ou 16 ans –, boivent davantage, et sont plus violents qu’auparavant. Pour moi, il n’est pas question d’aller dans ces ghettos tout seul. J’aurais trop peur. Enfin, du moins dans le ghetto britannique. Les Allemands, passe encore : ils picolent mais se contentent de chanter à tue-tête."
Il est vrai qu’à une heure du matin un samedi soir à Benidorm, sur une place rebaptisée "British Square", l’atmosphère est tout sauf calme. La première chose que l’on remarque est que l’on n’entend pas un mot d’espagnol, pas plus qu’on ne le lit dans la jungle de panneaux et enseignes publicitaires pour des pintes de bière, des pies et des matchs de football. De longues files de fêtards croisent en titubant et en zigzaguant d’immenses troupes de buveurs devant une rangée de bars en plein air, tous affublés de noms à l’anglaise, tels Piccadilly, Carnaby Street ou The Red Lion.
On boit – beaucoup – mais personne n’est encore malade, et je ne vois pas la moindre bagarre ; il y a même quelques familles, dont les gamins de six ou sept ans traînent dans les parages. Lorsque des violences éclatent, à en croire les résidants britanniques, elles sont généralement circonscrites à une zone particulière : "C’est vers le British Square que l’on voit des jeunes gens s’effondrer et vomir", assure Tracy, serveuse au Duke of Wellington, l’un des plus anciens pubs anglais de Benidorm.
Les Européens du Nord sont si demandeurs de vacances alcoolisées à bas prix – des voyagistes proposent des formules d’une semaine tout compris à pas plus de 200€ – que depuis trois ans, la région d’Alicante a perdu une demi-douzaine de ses hôtels cinq étoiles les plus emblématiques. "On voit maintenant des happy hours qui se prolongent jusqu’en fin de matinée", confirme MLC.
A Barcelone, troisième destination européenne des fêtards britanniques, les happy hours sont interdites depuis deux ans. Mais à Benidorm et dans d’autres stations, la guerre des prix a atteint des extrêmes grotesques. Fin août à Benidorm, le cubata de vodka – un cocktail espagnol contenant généralement trois ou quatre doses britanniques – coûtait 4 €, et la pinte (un demi-litre) de bière blonde 1 € "jusqu’au premier but du match de la Ligue".
Or, les Espagnols sont en train de comprendre que ces offres sont une arme à double tranchant. L’alcool à bas prix attire certes davantage de clientèle, mais il se traduit également pas une multiplication des agressions irresponsables et des jeux idiots. Tant que ce cercle vicieux ne sera pas rompu, il risque d’être très difficile d’inverser certaines tendances.

Pour une nouvelle voie allemande

Face à la crise et la révolte de jeunes, il n'y a qu'une solution : plus d'Europe. Une politique qu'Angela Merkel doit avoir le courage d'élever au rang de priorité, aussi importante que l'Ostpolitik des années 1970, estime le sociologue Ulrich Beck. 

La politique européenne de l’Allemagne s’apprête à prendre un tournant aussi important que l’Ostpolitik [le réchauffement des relations avec le bloc soviétique] au début des années 1970. Le mot d’ordre était alors "le changement par le rapprochement", il pourrait être aujourd’hui "davantage de justice par davantage d’Europe".
Dans les deux cas, il s’agit de surmonter une division, entre l’Est et l’Ouest autrefois, entre le Nord et le Sud aujourd’hui. La menace existentielle qui pèse sur l’Europe, posée par la crise financière et la crise de l’euro, a fait reprendre conscience aux Européens qu’ils ne vivaient pas en Allemagne, ou en France, mais en Europe. La jeunesse européenne fait pour la première fois l’expérience de sa "destinée européenne" : mieux formée que jamais et nourrissant de grandes espérances, elle se trouve confrontée au déclin des marchés résultant de la crise économique et des menaces de faillite pesant sur les Etats. Un jeune Européen de moins de 25 ans sur cinq est sans emploi.
Là où ils ont planté leurs villages de tentes et donné de la voix, ces représentants diplômés du précariat réclament davantage de justice sociale – un appel qui a été pacifique, mais néanmoins ferme, en Espagne, au Portugal, mais aussi en Tunisie, en Egypte et en Israël (contrairement à la Grande-Bretagne). L’Europe et sa jeunesse se retrouvent dans la colère engendrée par une classe politique qui sauve les banques à coups de milliards mais galvaude l’avenir de sa jeunesse. Si la crise de l’euro ruine les espoirs de la jeunesse européenne, quel avenir restera-t-il à une Europe vieillissante ?

Vaincre ensemble ou perdre seul

La crise financière aura réussi au moins une chose : à catapulter tout le monde (experts et politiques compris) dans un univers que personne ne comprend plus. Du côté des réactions politiques, deux scénarios extrêmes entrent en concurrence. Un premier scénario hégélien qui offre une occasion historique à la "ruse de la raison" au vu des menaces engendrées par le "capitalisme-risque" mondial. C’est l’impératif cosmopolite : coopérer ou sombrer, vaincre ensemble ou perdre seul.
Dans le même temps, notre incapacité à contrôler les risques financiers (et le réchauffement climatique, et les flux migratoires) permet aussi un scénario calqué sur la pensée de Carl Schmitt, un jeu de pouvoir stratégique qui, avec la normalisation de l’état d’urgence partout dans le monde, ouvre la porte aux politiques ethniques et nationalistes.
Paradoxalement, l’Union européenne est victime de son succès. Un grand nombre d’acquis sont devenus tellement naturels pour les Européens qu’ils ne les remarqueraient probablement que le jour de leur disparition. Il suffit d’imaginer un retour des contrôles aux frontières, la disparition d’une législation commune sur les produits alimentaires, la suppression d’une liberté d’opinion et d’expression fondée sur les mêmes critères dans tous les pays membres (que transgresse aujourd’hui la Hongrie, s’exposant ainsi aux remontrances de l’UE) ; ou d’imaginer que l’on soit à nouveau obligé de changer de l’argent et de mémoriser les taux de change quand on part à Budapest, Copenhague ou Prague, mais aussi Paris, Madrid et Rome. L’Europe est devenue comme une seconde peau, et c’est peut-être pour cela que nous sommes prêts à mettre son existence en jeu sans sourciller.
Il faut que nous regardions la réalité en face et que nous reconnaissions que l’Allemagne partage désormais le destin de l’Europe. Contrairement à la destinée commune imposée à deux rivaux comme les États-Unis et la Chine, le destin commun de l’Europe repose sur un droit commun, une monnaie commune, des frontières communes, mais aussi sur le principe du "plus jamais !" Au lieu de se retourner un passé prestigieux, l’UE veille à ce que le passé ne se répète jamais. Au lieu de se transformer en super-Etat ou en un mécanisme qui, dans le meilleur des cas, représenterait des intérêts nationaux éclairés, l’UE a trouvé une troisième voie. Son rôle premier est celui de chef d’orchestre. Elle facilite les interconnexions entre des engagements et des entités qui incluent des Etats, mais aussi des organisations transnationales et des collectivités municipales et régionales, ainsi que des structures de la société civile.

Angela Merkel et l'euro-nationalisme allemand

Le fonds de sauvetage destiné aux pays du Sud a fait naître une logique de conflit entre les pays prêteurs et les pays emprunteurs. Les pays donateurs sont contraints d’imposer chez eux des programmes d’austérité qui les poussent à exercer des pressions politiques insoutenables sur les pays débiteurs. Résultat, ces derniers ont ainsi l’impression d’être soumis à un diktat de l’UE qui bafoue leur autonomie nationale et leur dignité. Ces deux phénomènes attisent la haine de l’Europe au sein même de l’Europe, car celle-ci apparaît à tous comme un carcan.
Dans cette Europe en crise perpétuelle, le conflit sur les modèles d’avenir pose les questions suivantes : dans quelle mesure le mouvement d’indignation des jeunes dépasse-t-il les frontières nationales et promeut-il la solidarité ? Dans quelle mesure le sentiment d’être laissé-pour-compte conduit-il à une expérience générationnelle et à de nouvelles initiatives politiques ? Quelle attitude les employés, les syndicats, le cœur de la société européenne, adoptent-ils ? Quels grands partis, par exemple en Allemagne, trouveront le courage d’expliquer aux citoyens à quel point l’Europe leur est nécessaire ?
Angela Merkel préfère suivre Hegel et les détours de la raison. Pour prendre la métaphore de la danse, elle fait deux pas en arrière, un pas sur le côté, avant le numéro farcesque de la volte-face éclair, tempéré par un petit pas en avant. Au son d’une musique que ni les Allemands ni les autres Européens ne peuvent ni entendre, ni comprendre. Car là où Helmut Kohl mettait en garde contre une Europe allemande, à laquelle il préférait une Allemagne européenne, Angela Merkel défend un "euro-nationalisme" allemand : l’Europe est censée se relever au contact de la gouvernance à l’allemande et de la politique économique de Berlin.

Repenser l'avenir de l'Europe

Dans un contexte de crise financière, la politique européenne devrait jouer le même rôle que l’Ostpolitik dans l’Allemagne divisée des années 1970 : une politique de rapprochement par-delà les frontières. Pourquoi l’intégration économique des pays débiteurs comme la Grèce et le Portugal fait-elle autant de vagues alors que les milliards injectés dans la réunification sont passés comme une lettre à la poste ? Il ne s’agit pas seulement de payer les pots cassés. Il s’agit de repenser l’avenir de l’Europe et sa place dans le monde.
La création d’euro-obligations ne trahirait pas les intérêts de l’Allemagne. Pourquoi l’Europe ne devrait-elle pas introduire une taxe sur les transactions financières qui ne ferait vraiment de mal à personne, pas même aux banques, mais qui bénéficierait à tous les pays membres en donnant une marge de manœuvre financière à l’Europe sociale et écologique, en garantissant aux travailleurs la sécurité dans toute l’Europe – et répondrait ce faisant aux grandes attentes des jeunes Européens ?
Dans le même temps, le menuet d’Angela Merkel pourrait également créer les conditions d’un futur projet politique associant les sociaux-démocrates et les Verts. Dès que le SPD et les Verts auront fait passer l’idée qu’une Europe sociale ne se résume pas à un esprit mercantile introverti, mais relève plutôt – selon l’argument de Hegel – d’une nécessité historique, le SPD lui-même reprendra du poil de la bête et renouera avec les succès électoraux. A condition cependant qu’il ait le courage de faire de l’Europe sa priorité, comme l’Ostpolitik voilà une bonne quarantaine d’années.

Changer les ampoules, une idée pas très lumineuse

Le 1er septembre, les ampoules de plus de 40 watts disparaissent du marché. Mais qui a élaboré ce changement dans nos vie quotidiennes ? se demande le Dagens Nyheter. Car dans les pays du Cercle polaire, cette mesure est plutôt mal accueillie.
A partir de demain [1er septembre], les ampoules de 60 et 75 watts seront interdites en Suède et dans l’ensemble de l’Union européenne. Leur utilisation ne sera pas interdite, mais ces ampoules ne pourront plus faire l’objet d’une "mise sur le marché", selon le jargon de la bureaucratie.
Rarement décision de l’Union européenne aura eu des conséquences aussi palpables sur le quotidien des citoyens. En Suède comme dans d’autres pays membres proches du Cercle polaire, son impact sera particulièrement ressenti quand les soirées seront encore plus lugubres que d’habitude, éclairées par la lumière blafarde des ampoules à faible consommation d’énergie.
De plus, on est en droit de se demander s’il était judicieux d’ordonner la disparition des ampoules classiques pour commercialiser à la place des ampoules qui consomment moins d’énergie mais qui peuvent contenir du mercure, un élément chimique dangereux ? Nul besoin d’être un expert pour voir que cette décision risque de poser de nouveaux problèmes sur le plan environnemental. On s’étonne donc que ces décisions de première importance soient prises sans aucun débat public. Car le sort des ampoules classiques n’a pas été scellé par les politiques – mais par les fonctionnaires de Bruxelles. Voici comment cela s’est passé.
A la fin de l’été 2003, Margot Wallström, qui était alors commissaire européenne à l’Environnement, a présenté une nouvelle directive sur l’"écoconception". Elle appelait de ses vœux une loi imposant la mise en place d’éclairages moins énergivores dans l’ensemble de l’UE, mais la directive ne divulguait aucun détail. A l’époque, la proposition de Margot Wallström a reçu un accueil plutôt favorable. Après des négociations en conseil des ministres et le vote du Parlement européen, la législation communautaire sur l’écoconception a été adoptée (en 2005) avant d’être transposée dans le droit suédois (en 2008) et le droit des autres pays membres.

Une question d'experts

Jusque-là, les politiques étaient donc parties prenantes et ont donné leur accord. Mais c’est toujours sur les petites choses que cela coince. Quel flux lumineux, quelle puissance et quels seuils l’Union européenne devait-elle fixer pour les ampoules et comment devait-elle organiser l’éventuelle disparition des produits défendus ? Toutes ces questions en apparence techniques mais en réalité hautement politiques ont été confiées à un comité composé de fonctionnaires nationaux, qui s’est réuni à Bruxelles.
Quelques années plus tard, les fonctionnaires sont tombés d’accord. Un règlement (N°244/2009), qui régit dans les moindres détails les normes applicables aux ampoules au sein de l’Union, a été approuvé, avec effet immédiat dans l’ensemble de l’UE. Pendant les négociations à Bruxelles, l’autorité de l’énergie a convoqué une série de réunions, de séminaires et d’auditions.
La prise de décision n'a donc pas été fermée jusqu'au bout. La question des ampoules semble ne concerner que les experts, les entreprises et les groupes de pression. Il n’y a eu aucun débat public qui aurait permis d’évoquer et de soupeser les avantages et les inconvénients de ce changement.
Une multitude de lois ont vu le jour de la sorte en Europe. La "comitologie", qui implique que ce sont les fonctionnaires qui gèrent l’Union, a fait l’objet de vives critiques cette année. Espérons que le processus législatif s’ouvre davantage à l’avenir. Le traité de Lisbonne prévoit certaines évolutions qui vont dans le bon sens – il n’est que temps !
Car après les ampoules, d’autres réglementations sont en attente. Désormais, les aspirateurs, les ventilateurs, les cafetières, les sèche-linges et toute une ribambelle d’autres produits doivent recevoir le label "écoconception" de l’UE.
Si l’on ne veut pas que la flamme de la démocratie vacille à son tour dans l’UE, il faut que les citoyens prennent part aux décisions qui ont une incidence sur leur quotidien et sur l’avenir de l’Union.

L'EUROPE VEUT NOUS ASSOMBRIR LA VIE