TOUT EST DIT

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lundi 9 avril 2012

Les lunettes de Joly, l'effet de Royal sur Hollande, les frontières de Sarkozy 


Quel avenir pour un Président Hollande élu par défaut ?

Selon un sondage CSA publié la semaine passée, 59% des électeurs du candidat socialiste voteraient pour lui avant tout parce qu'ils ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy soit Président de la République. Cette situation, qui rappelle 2002 avec un Jacques Chirac reconduit "par défaut", lui permettrait-elle de construire une présidence solide avec à ses côtés un Jean-Luc Mélenchon paraissant cristalliser l'envie de changement ?

Selon un sondage CSA publié ce jeudi, l'anti-sarkozysme est le principal ressort du vote pro-Hollande. 59% des électeurs qui ont l'intention de voter Hollande le feraient "avant tout" parce qu'ils "ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy soit président de la République". Peut-on donc parler d'un vote par défaut pour le candidat socialiste ?

David Valence : François Hollande n'a pas réussi à susciter d'adhésion à sa personne, à ce qu'il représente, dans l'électorat de gauche. Bref, son "coefficient personnel" est très faible, pour parler comme les spécialistes de communication politique des années 1980. Lors de la primaire, il ne l'a emporté que pour une raison : les sondages l'avaient sacré "meilleur candidat pour battre Nicolas Sarkozy", comme Dominique Strauss-Kahn avant lui. Ceux des électeurs de gauche qui ont préféré François Hollande ont fait un choix purement stratégique, et non un choix d'adhésion à la personne de François Hollande ou à ses propositions.
Depuis son investiture, François Hollande a fait le pari que les recettes qui lui avaient permis de gagner la primaire fonctionneraient pour l'élection présidentielle. Il s'est un peu figé dans une posture de "grand rassembleur" et de "grand réconciliateur", sans trop se risquer à préciser autour de quelles valeurs, de quel projet de société il voulait rassembler les Français, précisément. La seule de ses propositions qui ait été retenue par l'opinion publique est la taxation des très hauts revenus à hauteur de 75%.
Or, qu'on le veuille ou non, les électeurs attendent autre chose d'une campagne présidentielle. Dans ce cadre, il ne suffit plus de dire "je suis le changement" comme François Hollande semble le faire un peu naïvement sur son affiche de campagne, car la question surgit immédiatement : "quel changement ?".
Je crois que l'enjeu de cette présidentielle se situe précisément sur ce terrain : quel sera le candidat qui redonnera des marges de manoeuvre aux processus démocratiques face aux marchés et à la contrainte budgétaire, sans pour autant engager la France dans l'aventure ? Nicolas Sarkozy l'a bien compris, il prend beaucoup de risques en plaidant en faveur d'une forme de protectionnisme européen. François Hollande, lui, semble en être paradoxalement resté à un "moment" où l'antisarkozysme nourrissait de bons sondages pour lui. C'est un peu court aux yeux de beaucoup d'électeurs de gauche, d'où la progression de Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce la première fois qu'un homme est en mesure d'être élu sans susciter l'enthousiasme ?

Fançois Hollande a fait le pari que cette élection ne serait pas comme les autres. En annonçant qu'il voulait être "un président normal", il a cru que les Français, après Nicolas Sarkozy, seraient sevrés d'exceptionnel et n'attendraient plus d'un président qu'il soit "jeté hors de toutes les séries".
Or, depuis le général de Gaulle, tous les présidents de la République successifs ont balancé entre la "proximité" avec les Français et ce petit quelque chose qui fait qu'ils sont devenus président de la République. Ils souhaitaient à la fois être identiques et différents d'un "homme normal". Georges Pompidou se voulait exceptionnel par sa culture, Valérie Giscard-d'Estaing par sa précocité et son intelligence, François Mitterrand par son habileté et son mystère, Jacques Chirac par sa ténacité ou Nicolas Sarkozy par son volontarisme. François Hollande estime que la fonction présidentielle peut ne plus être habitée par l'exceptionnel aujourd'hui, et qu'une complète simplicité est attendue des Français, après le tourbillon Nicolas Sarkozy.
J'observe tout de même qu'à au moins deux reprises, un Président a été réélu par défaut, ou presque : en 1988, François Mitterrand l'a emporté grâce au rejet de Jacques Chirac, alors que son projet était d'une absolue indigence, que la formule du "ni, ni" (ni privatisations, ni nationalisations) résume à merveille sur le terrain économique. La victoire de Jacques Chirac en 2002 n'était pas non plus le résultat d'un vrai vote d'adhésion.

Quelles conséquences une telle victoire peut-elle avoir sur le quinquennat de François Hollande, s'il est élu ?

Le résultat d'un vote par défaut est que son bénéficiaire est fragile politiquement. Les électeurs se détourneront d'autant plus aisément d'un François Hollande président que beaucoup ne l'auront pas vraiment "voulu". Le risque serait grand alors de voir un PS "rongé" sur sa gauche, pendant le quinquennat, par Jean-Luc Mélenchon et ses alliés, et sur sa droite, par l'UMP ou les formations politiques qui lui succéderont.
A plus court terme, si François Hollande est élu, il sera sans doute obligé, en particulier si Jean-Luc Mélenchon fait un bon score, de prendre un Premier ministre plus à gauche que lui. Plus Mélenchon monte dans les sondages, plus les chances de Martine Aubry d'être Premier ministre augmentent.

Y aurait-il également des conséquences sur les élections législatives de juin ?

Un bon résultat à la présidentielle ne se confirme par nécessairement aux législatives. En 2007, François Bayrou avait fait 18,5% à la présidentielle et n'a fait élire que 3 ou 4 députés. En 1988, la large victoire de François Mitterrand à la présidentielle n'a accouché que d'une majorité étriquée aux élections législatives.
Cela dit, la gauche a mathématiquement de bonnes chance de remporter les législatives : elle a beaucoup d'élus locaux, qui font autant de bons candidats pour les législatives. Mais sa victoire serait un paradoxe, car le leadership intellectuel est toujours détenu par la droite aujourd'hui. Rien ne le montre mieux que les sondages sur les propositions de Nicolas Sarkozy : beaucoup recueillent des soutiens très larges, bien au-delà des résultats annoncés pour le président sortant au 1er tour.
Si les sondages ne se trompent pas et si la gauche l'emporte à la présidentielle et aux législatives, alors nous aurons une France de droite qui vote à gauche. Les socialistes et leurs alliés se trouveraient dans la même situation que la droite entre 1993 et 1997 par exemple, quand la gauche dominait encore intellectuellement : mal à l'aise, obligés de faire une politique qu'ils désapprouvent et empêchés de pratiquer la politique qu'ils souhaitent.

COMME QUOI, UN NUL PEUT ÊTRE ÉLU PAR UN PEUPLE STUPIDE.
ET CE, EN DÉPIT DE SON PROPRE INTÉRÊT

Discrétion de rigueur pour les eurocrates

Leur mission : remettre les Grecs sur le chemin de la vertu budgétaire. Leur méthode : bousculer les habitudes et demander des sacrifices. Résultat : les fonctionnaires européens en poste à Athènes sont les boucs émissaires de tous ceux qui en veulent à l’UE. 
D’un côté, une fenêtre ouvre sur les ruines de l’Acropole et les échafaudages de l’équipe archéologique chargée de veiller sur ce creuset de la civilisation européenne.
De l’autre, l’un des deux écrans sur lesquels Yannis Siatras scrute les cours de la bourse affiche, entre deux cotations, la une devenue le symbole des diktats et du mépris communautaires: celle du magazine allemand Focus montrant, à la fin de février 2010, la Vénus de Milo faisant un doigt d’honneur. Sous le titre: "Des escrocs dans la famille de l’UE".

"Allez expliquer après cela que l’Union est à nos côtés", peste Yannis, ex-éditeur financier tenté de se présenter aux prochaines législatives, attendues au début du mois de mai. "Gare aux clichés: ils pourrissent l’atmosphère", nous avait prévenu, à Bruxelles, Kostas Pappas, porte-parole de la représentation permanente de la Grèce.

Le silence comme ligne de défense

Confirmation aux abords de la délégation de la Commission européenne à Athènes, juste derrière le siège du Parlement. De l’autre côté de la rue, des evzones, ces militaires en uniforme traditionnel de partisans aux collants blancs et chaussures cloutées coiffées d’un pompon rouge, procèdent à la relève de la garde devant de rares touristes.
L’un d’entre eux, américano-grec, raille le drapeau bleu étoilé de l’UE. "Ils n’ont pas leur place au pays de Socrate, raille-t-il. Ils servent les banques, sans morale."
Ce type d’accusations n’ébranle plus Panos Carvounis. Distingué, rompu aux critiques, ce quinquagénaire est l’ambassadeur européen en Grèce. "Je vis chez moi. Je vais au cinéma normalement alors que tant de politiciens grecs, décriés, n’osent plus sortir de chez eux. Je suis souvent interpellé, mais jamais vilipendé", raconte-t-il.
A l’inverse, le reste du contingent d’eurocrates installés à Athènes depuis le début de la crise, au printemps 2010, a fait du silence sa ligne de défense.
Une quinzaine d’experts sont aujourd’hui basés dans la capitale grecque au sein de la task force constituée par la Commission pour aider le pays à absorber les fonds communautaires. Une trentaine d’autres travaillent à la délégation de l’UE, et servent de secrétariat à la troïka, l’instance tripartite (Commission européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne) chargée de la mise en œuvre du mémorandum finalement accepté par les dirigeants grecs à la mi-mars 2012.
A ces derniers de superviser le second plan d’aide européen de 130 milliards d’euros pour permettre à Athènes de se financer jusqu’à la fin de 2014. En sus des 110 milliards prêtés par les Vingt-Sept en mai 2010, et des 107 milliards de dettes que les créanciers privés ont accepté d’effacer dans le cadre d’un échange d’obligations qui s’achève le 18 avril.

Des fonctionnaires sous protection policière

Ceux de la task force, dont le nombre sera bientôt doublé, sont là pour assister et débourser. Donc plutôt populaires. Ceux de la troïka surveillent, vérifient, auditent. Des cibles idéales pour tout ce que l’Europe compte d’ennemis: vagues de fonctionnaires licenciés, entrepreneurs asphyxiés par des banques à la dérive, politiciens populistes habiles à exploiter le ressentiment anti-allemand, nationalistes d’extrême droite et anticapitalistes de la gauche radicale…
Leurs modes de vie sont par conséquent aux antipodes. Les premiers parlent à la société civile, rencontrent les partenaires sociaux et s’éparpillent entre appartements privés ou chambres d’hôtels du centre-ville louées au mois. Les seconds font des allers-retours, négocient avec les ministères et occupent, sous protection policière, des suites au Hilton d’Athènes.
Les médias grecs résument ce dispositif à trois noms: ceux de Matthias Mors, Horst Reichenbach et Georgette Lalis, respectivement représentant de la Commission au sein de la troïka, patron de la task force et responsable de celle-ci à Athènes.
Problème: la nationalité allemande des deux premiers nourrit les caricatures, genre "Bismarck chez Socrate". Preuve de ce malaise: la gêne suscitée par le fait que l’expert fiscal envoyé par la Commission soit… un Allemand hellénophone. "Ne le dites pas trop", suggèrent ses collègues, en se félicitant d’avoir, en 2011, déjà récupéré 500 millions d’euros d’impôts impayés.
Georgette Lalis, haut fonctionnaire grecque dépêchée par Bruxelles pour diriger l’équipe de la task force à Athènes, est dès lors le maillon crucial. Cette quinquagénaire affable et directe a ses quartiers au septième étage d’une tour triste du quartier résidentiel de Panormou. Son patron, Horst Reichenbach, se déplace avec un garde du corps. Elle non. Lui manie la langue de bois. Elle non.
Détachée (déjà) par l’UE de 2001 à 2004 à Athènes, elle y dirigea le cadastre grec, labyrinthe de magouilles et cause d’évasion fiscale massive, dont la dantesque remise sur pied est aujourd’hui confiée aux Néerlandais :
"L’Europe bute, en Grèce, sur les problèmes entre l’Etat grec et ses citoyens", explique-t-elle. Un de ses adjoints renchérit: "Personne n’a jamais dit au peuple qu’il devrait payer son brusque enrichissement des années 1990-2000 pendant trois générations. Or nous sommes ceux qui présentons la facture."
L’autre difficulté, pour les eurocrates chargés de faire le ménage financier, est qu’ils héritent d’un lourd passif. Le refus de la Commission européenne d’affronter les Etats membres pour leur demander de "discipliner" la Grèce à partir du déraillement de ses dépenses publiques après les Jeux olympiques de 2004 fait tâche.

Un comportement de politiciens

L’aveuglement d’Eurostat, l’agence statistique de l’UE, face aux tricheries éhontées des Grecs, alimente les théories du complot. Le mutisme du président grec de la Cour européenne de justice à Luxembourg, Vassilios Skouris – un temps pressenti pour prendre la tête de l’actuel gouvernement de coalition à la place de Lucas Papadémos, l’ancien vice-président de la BCE finalement adoubé par l’UE et les grands partis grecs –, accrédite l’idée d’une passivité complice.
Vrai? Achilleas Mitsos slalome. Dans son bel appartement de Kolonaki, le traditionnel quartier chic d’Athènes avant que les nouveaux riches grecs n’émigrent vers les plages, cet ancien directeur général de la Commission à la retraite illustre les non-dits qui ont accompagné la Grèce depuis son entrée dans l’UE en 1981, puis son adoption encore plus controversée de l’euro.
"Tout cela est très compliqué, zigzague notre hôte, dans un français châtié. Il m’arrivait souvent de dire en réunion à Bruxelles qu’il fallait davantage surveiller le pays mais… dans d’autres domaines, la Grèce faisait des progrès incontestables." Omerta communautaire.
Grâce à l’argent reçu de Bruxelles ou emprunté à faibles taux sur les marchés, la "bulle" grecque enrichissait les uns, faisait la carrière des autres. "Nos eurocrates grecs ont été les pires, raille Andreas, un importateur de chaussures. Ils savaient, mais n’ont pas osé. Pire: beaucoup étaient fiers de voir la petite Grèce tourner l’Europe en ridicule. Ils se sont comportés comme des politiciens. Tandis que nos hommes politiques agissaient, eux, comme des escrocs."
Et maintenant? "On rêverait d’un Jacques Delors qui dirait courageusement aux Grecs: ‘Vos frontières sont celles de l’Europe. Vous êtes l’Europe dont beaucoup de vos dirigeants élus sont indignes’", s’énerve un responsable de l’UE. Mais la page Delors est tournée. Et José Manuel Barroso, l’actuel président de la Commission européenne, n’a pas mis les pieds dans la capitale grecque depuis le début de la crise.

BON, ALLER, JEAN MICHEL APATHIE MAINTENANT,
L'ANTIPATHIQUE APATHIE. 




Trois bonnes raisons de ne pas aller voter

En tant que libéral, il est plus facile de trouver des raisons de ne pas aller voter pour cette élection présidentielle que d’aller voter. Voici les principales.

Comme j’avoue honnêtement en avoir assez de lire ou (plus rarement) de m’entendre dire que ne pas aller voter est quelque chose de grave, je présente ici les trois raisons principales en vertu desquelles j’ai pris la décision de ne pas aller voter à la prochaine élection présidentielle. La première raison est sans doute la plus libérale, la suivante encore un petit peu et la dernière plus générale (quoiqu’elles reposent les unes des autres). Comme je me doute que certains ne sont pas d’humeur à entendre des arguments libéraux, je me permets donc de signaler que le plus dur sera aussi le plus vite passé. De plus, j’ai pris soin de mettre en gras le cœur de chaque argument, pour faire gagner un temps à mes lecteurs dont je sais qu’il leur est précieux.

1. Aucun candidat ne propose de solutions libérales.

La crise financière commencée en 2008 aura remis au goût du jour les idées étatistes dans leur ensemble, que ce soit celles de la droite (protectionnisme, nationalisme, interventionnisme, voire racisme) ou celles de la gauche (planisme, socialisme, et dans une moindre mesure communisme et marxisme). À écouter le discours des candidats, l’ultra-libéralisme, la “dérégulation financière”, ou la “course effrénée au profit” ont eu raison de la “solidarité”, et il est temps de mettre en laisse ce beau monde pour qu’il serve non ses intérêts privés, mais ceux de la société en général. C’est beau, mais le mythe d’une finance dérégulée et d’une économie libérale est infondé. Certes, nous sommes bien dans un système capitaliste qu’aucun candidat en dehors de Poutou et Arthaud ne conteste (Mélenchon, lui, a une dent contre la finance et les “ultra-riches” – à peu près trois personnes et demi en France – sans oublier la richesse “issue du capital” par opposition à celle “issue du travail”) ; mais parler d’un système libéral relève au mieux de l’ignorance, au pire du mensonge. Car la doctrine libérale (je parle de doctrine, je pourrais dire philosophie ou idéologie mais quel que soit le terme que j’emploie, je fâcherai quelqu’un) ne défend ni un “capitalisme débridé”, ni l’intervention économique en faveur des patrons, des banques, des fabricants d’automobiles et autres directeurs d’usines, mais bien un capitalisme libéral, qui s’exerce donc dans un contexte bien défini : celui d’une législation qui défend l’individu contre l’agression physique ou la menace de son utilisation (qui est en réalité déjà son utilisation) – un point c’est tout.
En pratique, cela consiste à affirmer le droit naturel (un droit qui précède celui des législateurs, qui n’ont pas le pouvoir de tordre la réalité comme bon leur semble) des individus à disposer de leur propre corps. De cette disposition première découle la possession qu’ils ont de leur travail (usage de leur corps dans le temps) qui leur permet de créer de la richesse en usant des ressources naturelles dans le but de satisfaire ce qu’ils estiment être leurs besoins (qu’ils définissent comme bon leur semble). Par l’échange (dont le lieu virtuel est le marché), ils troquent volontairement telle ou telle création contre une autre, dans le but d’obtenir une situation à leurs yeux meilleure que la précédente. La “course au profit” n’en est donc pas une, puisqu’un joyeux saltimbanque écoresponsable et solidaire pourra troquer le riche héritage de sa famille bourgeoise contre le luth d’un ménestrel itinérant dans le but de vivre de sa musique et de voyager au gré du vent, il n’en demeure pas moins – et contrairement aux idées reçues – qu’il y aura alors eu création de richesse.  Car le ménestrel qui choisit de troquer son luth estimera sa compensation supérieure à sa perte (sans quoi il n’aurait pas été volontaire pour échanger) ; tout autant que notre gentil saltimbanque sera tout ravi de s’être débarrassé de son image de vilain bourgeois pour chantonner sur les bords d’autoroute.
Ce qui serait en revanche une démarche profondément anti-libérale, c’est qu’un autre individu ait estimé que le ménestrel et le saltimbanque seraient tous deux plus heureux de cet échange, et décide alors d’utiliser la force pour le faire advenir en dépit de la volonté des deux autres parties impliquées. Cette attitude de gros bourrin qui se substitue à la volonté des individus responsables de leurs biens légitimement acquis par le travail (car le saltimbanque hérite du fruit du travail de ses parents qui ont, on l’imagine tout du moins, librement consenti à ce que leur enfant dispose de ce fruit à leur mort), c’est celle de l’État : celui de Sarkozy comme celui de Hollande, Le Pen, Mélenchon, Poutou ou même Cheminade (même si Cheminade aurait sûrement envoyé le saltimbanque en orbite profiter des ondes cosmiques positives de Mars ou un truc du genre). Le principal ennemi du libéralisme est donc la violence, celle de la mafia comme celle de l’État, dont la différence tient simplement à la légitimité qu’on accorde à l’un ou à l’autre.
S’en suit logiquement que le libéralisme, en dehors de l’affirmation première selon laquelle chaque individu s’appartient et qu’aucun autre ne peut disposer de son corps, ne se prononce pas sur les questions morales, et laisse donc chacun libre – dans cette stricte limite ! – d’user de ce qui lui appartient pour ce qui lui semblera bon de faire. Il n’est donc pas impossible d’imaginer une société libérale où un groupe de socialistes décide de mettre en commun ses moyens de productions et de vivre selon la célèbre formule “de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins”, à condition, bien sûr, de ne forcer personne à faire de même. Il s’agit donc bien d’une éthique minimale qui permet à tous de vivre selon sa propre loi (littéralement en autonomie) dans la stricte limite du respect du droit qu’a tout autre individu sur lui-même.
Quel rapport avec la choucroute me direz-vous ? C’est simple : tous les candidats sans exception proposent un programme qui défend une vision de l’État comme garant de certaines valeurs morales qu’il convient d’imposer à tous ; comme s’ils disposaient, sans limite aucune, du droit qu’a en réalité chacun sur lui-même. Qu’est-ce qui est juste pour eux ? Que machin soit payé tant et pas plus, ou que bidule n’ait pas le droit de travailler tant qu’il n’a pas de titre de séjour qui doit par ailleurs être difficile à obtenir, ou plus généralement qu’il est bon de voler l’argent des autres pour être généreux avec, ou pour sauver les banques, ou autre. Leur élection promet alors d’imposer cette représentation particulière qu’ils se font de la justice à toute la société, nonobstant le droit naturel qui revient à chaque individu en tant qu’il est un homme. Voilà pourquoi aucun candidat ne défend des idées libérales.

2. L’arnaque du vote blanc

Voter n’est pas l’exercice de sa liberté. Être libre et être responsable, cela va nécessairement de pair (sinon les rochers commettraient des meurtres quand ils n’ont d’autre choix que d’obéir aux lois de la nature lorsqu’ils tombent d’eux-même sur la tête des randonneurs). Voter, au contraire, c’est bien déférer sa responsabilité sur un représentant chargé d’agir en notre nom. Il s’agit bien de confier à plusieurs hommes (au cours des différentes élections) le pouvoir de décider en notre nom et à notre place de ce qui est bon ou mauvais pour la société (car le programme est plus le signe d’une certaine mentalité qu’une ligne directrice rigide à laquelle il convient de se tenir rigoureusement, puisque l’on vote aussi pour que notre représentant prenne la décision qui nous semblera bonne lorsqu’un événement imprévu surviendra – ce en quoi Sarkozy, avec la crise, a déçu), et d’agir pleinement, dans la limite du pouvoir qui leur est conféré, pour faire advenir ce bien.
S’en suit alors la chose suivante : voter, c’est se rendre esclave. Le seul candidat qui aura mon vote sera donc celui qui œuvrera pour faire en sorte que les scrutins suivants soient potentiellement moins liberticides, en limitant les pouvoirs confiés à tous les représentants politiques. Lorsqu’on vote blanc, on participe de cette grande cérémonie rituelle où le gagnant se sent investi de la responsabilité illusoire de librement disposer des droits des autres pour construire la société de ses rêves (et de tous ceux qui ont voté pour lui). Cela parait très théorique et anodin, mais les ramifications sont en réalité très concrètes.
Par exemple, en faisant de la santé une affaire publique (alors qu’il n’y a que la somme des différentes santés individuelles qui reviennent de droit au détenteur du corps auquel chacune appartient respectivement), on en fait une affaire politique (puisque la politique est bien l’art des affaires publiques de la cité – polis en grec), et en confiant les affaires politiques à des représentants, on soumet alors notre santé à leur bon vouloir et à ceux de leurs électeurs. Pas étonnant alors qu’une question privée comme l’est celle de la contraception devienne un problème politique où chacun y va de sa proposition comme s’il disposait des corps tout entiers de l’ensemble de la population française. Idem pour l’usage des drogues, ou de la gestion de l’obésité, etc.

3. Parce que les représentants élus tirent leur légitimité à agir uniquement des citoyens qui ont choisi de s’en remettre au jeu démocratique.

“J’écoute ceux qui manifestent, mais aussi ceux qui ne manifestent pas” disait Dominique de Villepin en 2006 (si ma mémoire est bonne), au moment du CPE. Villepin opposait en réalité la légitimité qui provient du vote à celle qui émane des manifestations ostensibles de la volonté des individus (c’est ce que l’on fait lorsque l’on manifeste : on exprime sa volonté dans le but qu’elle soit entendue). Car les élus ne peuvent agir en notre nom que tant que nous continuons de leur en remettre le droit légitime. Puisqu’ils sont censés nous représenter, agir en notre nom et en notre volonté, toute politique qui s’écarte de ce qui était attendu du vote a tendance à faire perdre la face à son instigateur. La manifestation, elle, est là pour rappeler que tout n’est pas permis sitôt qu’on a ses petites fesses dans un fauteuil de ministre, de député, de président, ou autre.
Comme je l’ai fait comprendre plus haut, le vote blanc n’a jamais rien de contestataire, car en participant tout de même au rituel du vote, on accepte du même geste de s’en remettre à son résultat. Quelle différence y a-t-il alors à ne pas aller voter ? On prive le gagnant de l’élection de la précieuse légitimité du scrutin majoritaire à laquelle il s’agrippe avec la poigne d’un vieux retraité dès que les choses tournent mal. Sarkozy a bien été le premier à affirmer qu’il allait quoiqu’il arrive passer telle ou telle réforme parce qu’il a été élu pour, et que telle ou telle autre ne serait pas au programme de son action parce qu’elle n’était pas présente dans ses éléments de discours avant 2007. Naturellement, ces excuses ne trompent pas tout le monde et il va de soi que même sans légitimité, les représentants ont tendance à faire ce qui leur plaît. Toutefois, l’excuse est un précieux remède aux contestations, puisqu’il est nécessaire pour la contrer de rassembler suffisamment de monde dans la rue pour montrer que non non, la majorité n’est pas de ce côté mais de l’autre. En privant le vainqueur de l’élection de la participation active de la population au rituel d’où il tire sa légitimité, on a plus de chance de l’acculer et de le tenir en laisse. Imaginez un président élu à 54% des voix, mais avec une abstention record à 70%… comment celui-ci pourrait-il prétendre sans ridicule représenter la France à l’international, ou passer des réformes difficiles au nom des Français, quand il ne représente en réalité qu’une infime fraction de ceux-ci ?
On pourra nous objecter que, dans les faits, 70% de votes blancs sera tout aussi efficace voire plus spectaculaire qu’une abstention équivalente. En fait oui, en droit non. Comme je l’ai expliqué plus haut, par le vote blanc on manifeste sa volonté de s’en remettre au résultat du scrutin. Le vote blanc prête donc une légitimité en droit au représentant élu, quoiqu’il la prive d’une légitimité de fait. L’abstention, elle, le prive non seulement de sa légitimité en fait, mais en plus de sa légitimité en droit. Plus aucun recours à l’argument de représentation légitime n’est possible, et son action politique est alors plus délicate à entreprendre.

Patrick Bruel, Yannick Noah et Jamel Debbouze : les gauches de riches se rebellent

Patrick Bruel dénonçait ce matin sur RTL le caractère « spoliateur » de la mesure Hollande destinée à taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros. « Qui a le droit, qui a le droit d’faire ça » hein Patrick ? Dans les Inrockuptibles, Jamel Debbouze qualifiait la mesure de « ridicule », en appelant tout de même à voter pour son leader taximo préféré. Quant à Yannick Noah il est en pleine Saga Juridica, ambiance de la frousse pour ceux qui l’ont qualifié « d’exilé fiscal ».

« Être de gauche, c’est très compliqué » dixit Patrick Bruel, je ne l’invente pas !  Cela résume parfaitement le dilemme qui se pose à nos stars.
De quoi vous perturber durablement les lois de la géométrie et du placement dans l’espace pour le cœur et le portefeuille :  comment créer de la richesse sans se ronger de complexes et de remords franco-franchouillards et continuer à figurer dans le grand palmarès des personnalités préférées… des médias ? Il faut déclamer suffisamment de platitudes dégoulinantes et de bons senti-mange-pas-de-pain sur les inégalité-et-euh, et la pauvreté-et-euh qu’il faut éliminer-et-euh. C’est-à-dire afficher son engagement à gauche, celle qui a forcément le monopole du cœur mais aussi du cul…turel.
Quand on est généreux, on est de gauche voilà tout !
Sauf que lorsque les politocards de gauche vous entendent, qu’ils soient de couleur rose ou bien rouge sang pour les plus communistement nostalgiques, ils ne vous lâchent plus sur la générosité.
Pire que le sparadrap du capitaine Haddock, impossible pour vous de décoller leurs bonnes vieilles idées confiscatoires qui vont transformer la quasi totalité de votre labeur en argent collectif très équitablement redistribué comme le prouvent les formidables expériences vécues par les heureux survivants des pays de l’ex-union soviétique ou plus proches de nous, les damnés du système de sécurité sociale français.
Les socialistes sont réellement les gens les plus obsédés par l’argent, notamment celui des autres. Cela se confirme chaque jour.
Alors hein, de gauche les artistes, mais au niveau du concept seulement et à la carte, de préférence pas celle du parti.
Laissons pour finir la parole à Patrick Bruel pour un ultime cri de révolte fiscale adressé à François Hollande :
Si, ce soir, j’ai pas envie d’ payer tout seul,
Si, ce soir, j’ai pas envie d’ voter pour toi,
Si, ce soir, j’ai pas envie d’ fermer ma gueule,
Si, ce soir, j’ai pas envie d’ me faire taxer la voix,
Taxer la voix, taxer la voix,
Taxer la voix, taxer la voix.

Après le 6 mai, on a toute raison d’être inquiet !

Pas besoin de craindre les chars soviétiques comme en 1981 pour être très inquiet de ce qui se passera après le 6 mai 2012, quelque soit le gagnant.
Je suis littéralement saisi d’effroi dès lors que je m’aventure à imaginer l’après 7 mai 2012. Mille signes de ce qui attend les Français au lendemain de cette date fatale parcourent en tous sens les moindres recoins de l’Hexagone.

En effet, la confusion mentale à l’origine du désordre généralisé, moral, politique, économique, social et plus encore qui s’est emparé de notre pays en voie avancée d’égarement me fait redouter le pire à brève échéance.
Car à constater la déficience intellectuelle affirmée des candidats actuellement en lice, tout spécialement dans le domaine fondamental de l’économie, je me demande sincèrement si la France est encore capable de sursaut.
La société civile est sûrement consciente du drame qui se noue meetings après meetings lesquels, d’ailleurs, ne sont rien d’autre que des cache-sexe destinés à dissimuler l’impuissance des prétendants à maîtriser l’avenir.
Mais je sais aussi que, parfois, lorsque le pays se trouve comme aujourd’hui tout près de sombrer, il peut advenir qu’un homme ou une femme d’exception peuvent tout à coup jaillir de l’ombre et susciter le sursaut libérateur :
“Voici l’État bafoué, la Nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé (…) et par qui ? Hélas ! Hélas ! par des hommes dont c’était le devoir, l’honneur, la raison d’être, de servir et d’obéir”.
À moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, je ne vois guère se dessiner quelque miracle de dernière heure susceptible, par sa seule survenance, de nous épargner les derniers outrages. Oui. Hélas ! Hélas !…

HOLLANDE SORT LE GRAND 
JE

Madame, Monsieur,
Le 22 avril, par votre vote, vous allez décider du destin de notre pays.
La France a besoin de changement.
Le quinquennat qui s'achève est un échec. Les promesses n'ont pas été tenues, le chômage est au plus haut, le pouvoir d'achat au plus bas. L'école et l'hôpital sont abîmés. La précarité s'est étendue, la jeunesse est sacrifiée et surtout la dette n'est pas maîtrisée.
Quelques-uns confisquent la richesse quand le plus grand nombre est appelé aux sacrifices (hausse des taxes et de la TVA).
En Europe, nos dirigeants se sont résignés à l'austérité et ils ont été incapables de dominer la finance.
Le changement que je propose est fondé sur quatre priorités :
- le redressement de notre économie et de nos comptes publics;
- la justice fiscale, sociale et territoriale;
- le rassemblement autours des valeurs de la République.
Je ne veux rien promettre que je ne sois capable de tenir. Je connais nos atouts et j'ai confiance dans notre avenir.

LE CHANGEMENT C'EST LE REDRESSEMENT


> J'agirai pour produire en France : une banque publique d'investissement sera créée pour développer nos entreprises; un livret d'épargne industrie sera lancé pour financer les PME. Je réserverai les aides publiques aux entreprises qui investiront en France, embaucheront ou seront offensives à l'exportation.
> Je modulerai l'impôt sur les sociétés selon la taille des entreprises et selon que le bénéfice est réinvesti ou distribué aux actionnaires. Les procédures seront simplifiées pour les artisans et les commerçants.
> Notre agriculture sera soutenue lors de la révision de la PAC et protégée face au poids de la grande distribution.
> Je ferai construire 2,5 millions de logements. L'État mettra gratuitement ses terrains à la disposition des collectivités locales pour des projets de logements sociaux.
> J'engagerai la transition écologique et énergétique : rénovation thermique d'un million de logements ; promotion des énergies renouvelables ; réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025.
> Je mettrai les banques au service de l'économie : séparation des activités de crédit de celles liées à la spéculation ; rémunération du livret A supérieure à l'inflation ; réduction des frais bancaires ; taxation des transactions financières.
> Je rétablirai les comptes publics : l'équilibre budgétaire sera atteint en 2017. Je reviendrai sur les cadeaux fiscaux accordés aux plus aisés et aux plus grosses entreprises.
> Je réorienterai l'Europe : renégociation du traité d'austérité dans le sens de la croissance et de l'emploi ; lancement de grands projets d'avenir ; politique commerciale contre le dumping fiscal, social, environnemental.

LE CHANGEMENT C'EST LA JUSTICE


> Je protégerai le pouvoir d'achat : allocation de rentrée scolaire immédiatement revalorisée de 25% ; tarifs de base de l'eau, du gaz et de l'électricité ; encadrement des loyers ; baisse du prix des médicaments ; blocage du prix de l'essence et introduction de la TIPP flottante.
> Je réformerai la fiscalité : les revenus du capital seront imposés comme ceux du travail ; les niches fiscales plafonnées à 10 000 euros ; les rémunérations indécentes taxées à 75% au-delà d'un million d'euros par an ; l'impôt sur la fortune sera rétabli.
> Je permettrai à tous d'accéder à la santé : l'hôpital retrouvera son statut de service public, les dépassements d'honoraires seront encadrés et les maisons de santé développées.
> Je négocierai une nouvelle réforme des retraites. Dès l'été, tous ceux qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouveront le droit de partir à 60 ans. La réforme de la dépendance sera enfin engagée.
> Je lutterai contre les discriminations en matière d'embauche et de logement. La lutte contre le racisme et l'antisémitisme sera renforcée ; un "volet handicap" sera introduit dans chaque loi ; l'égalité salariale sera rendue effective entre les femmes et les hommes ; le droit au mariage et à l'adoption sera reconnu pour tous les couples.
> J'agirai pour l'égalité territoriale : dans nos banlieues et dans nos territoires ruraux; les services publics agiront comme un bouclier. En Outre-mer, je lutterai contre la vie chère.

LE CHANGEMENT C'EST LA REUSSITE DE LA JEUNESSE


> Je remettrai l'école au coeur de l'action publique : création de 60 000 postes supplémentaires dans l'éducation ; la formation des enseignants sera rétablie ; l'accueil des enfants de moins de 3 ans sera facilité ; l'accès à la culture dès le plus jeune âge sera développé.
> Je donnerai la priorité à l'emploi C'est l'idée du contrat de génération : tout employeur qui embauchera un jeune en CDI et maintiendra un senior dans l'entreprise ne paiera plus de cotisations sociales sur les deux emplois.
> Je proposerai la création de 150 000 emplois d'avenir pour les jeunes les moins qualifiés.
> Je fixerai un objectif de 100 000 jeunes en service civique.
> Je créerai une allocation d'études et de formation sous condition de ressources.

LE CHANGEMENT C'EST LE RASSEMBLEMENT



> Je ferai respecter les lois de la République partout : la justice sera rendue indépendante et plus rapide ; les principes de la laïcité seront inscrits dans la Constitution ; la lutte contre le terrorisme sera implacable, la tragédie de Montauban et de Toulouse nous le rappelle ; police, gendarmerie et justice verront leurs moyens renforcés (1 000 postes supplémentaires par an); des zones de sécurité prioritaires seront créées là où les violences ont le plus progressé.
> Je veillerai à l'exemplarité de l'État et des élus : baisse de 30% de la rémunération du président de la République et des ministres ; non-cumul des mandats ; gouvernement respectant la parité femme-homme.
> Je donnerai plus d'efficacité à notre démocratie : nouvel acte de décentralisation pour permettre aux élus de décider au plus près de vous, reconnaissance des partenaires sociaux, soutien aux associations.
> Je porterai haut la voix de la France dans le monde en rompant avec les pratiques d'un autre temps avec l'Afrique, en développant les relations avec la rive sud de la Méditerranée et en agissant pour la paix au Proche-Orient. J'engagerai le retrait de nos troupes d'Afghanistan d'ici à la fin 2012. Je maintiendrai une ambition élevée pour notre défense nationale.
> J'accompagnerai nos compatriotes établis hors de France notamment en matière d'enseignement.

Présider la République, c'est réconcilier les Français autour d'une grande espérance. C'est considérer chacune et chacun d'entre nous comme une chance pour la France. C'est promouvoir la justice dans toutes les décisions publiques. Je me suis préparé à cette mission tout au long d'une vie dévouée au bien public comme socialiste, comme homme de gauche et comme républicain exigeant.
C'est conscient de ces exigences que je vous appelle à faire dès le 22 avril, le choix du changement.
François Hollande

LA DÉMAGOGIE EST DANS CES LIGNES

LA PHRASE QUI TROUE LE CUL
C’est moi qui maîtrise la rareté de ma parole politique, pour dire des choses intelligentes quand j’ai besoin de les dire. 
Ségolène Royal

Jean-Luc Mélenchon, révélateur de l'inconsistance de François Hollande

Le leader du Front de gauche grignote ne cesse de progresser dans les sondages et montre en creux les failles de la campagne socialiste.
François Hollande, qui surfait jusque là sur les intérêts de son "capital sondage",  se sentirait-il en difficulté à force de brasser avec une certaine obstination l'indécision, les contradictions et le flou sur ses intentions réelles ?

De toute évidence la campagne du candidat socialiste n'avait jusque là que deux arguments : l'anti-sarkozysme primaire et une confortable avance initiale dans les sondages, dont il ne se privait d’ailleurs pas, avec une certaine arrogance, de tirer des conclusions quelque peu hâtives.

Les Français sont aujourd’hui en train de se rendre compte de la faiblesse immense d'une telle stratégie, qui n’est  qu’esquive volontaire face aux grandes problématiques auxquelles le France est aujourd'hui confrontée. On aurait pu croire que devant cette évidence, le candidat socialiste à l’élection présidentielle se serait en toute logique orienté vers plus de précision, plus de détermination…en un mot vers plus de courage !  Il n’en est rien.

L'obsession du moment au PS ne semble guère être une obsession de la précision, de la décision, de l’honnêteté et du courage. En fait, cette obsession porte un nom : Mélenchon. Les Français ne méritent-ils pas mieux qu’une course ininterrompue derrière Jean-Luc Mélenchon, pour se rapprocher dangereusement de la gauche de la gauche ?

Il faut reconnaitre à Jean-Luc Melenchon un talent certain pour mener sa campagne : il adopte, lui, sans vouloir imiter pâlement une statue du commandeur, un style, une précision et un vrai  caractère qui se distinguent  du "bruit de fond de la mer" soigneusement entretenu par  l’indécis et le trop consensuel François Hollande.

J'ai pour ma part la certitude que les thèses défendues par le candidat du Front de Gauche conduiraient irrémédiablement la France en quelques courtes semaines à une faillite retentissante et irréversible, mais je reconnais à l'homme un mérite. Par contraste, il est le révélateur manifeste d'un François Hollande en véritable perdition idéologique, impuissant et  balotté d’indécision en indécision par des revirements ininterrompus qui lui font perdre toute cohérence.

Loin de se remettre en question sur le fond, François Hollande s'en prend donc à présent indirectement à Mélenchon  dont il redoute la capacité à mettre en lumière, par contraste, son inconsistance, et de son inconstance.

L'intervention ironique et  presque insultante du sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb à l'égard de Jean-Luc Mélenchon, l’assimilant à la mise en œuvre dramatique des idéaux communistes de l’URSS et du Cambodge, procède d’une tactique purement politicienne : elle est  aussi vaine que médiocre et nous démontre que la campagne du candidat PS à l'élection présidentielle  est désormais  assise sur un trépied : l’anti-sakozysme, les sondages, et la marginalisation de Mélenchon. Tout un programme qui permettra assurément à France de faire face aux défits qui l'attendent dans les mois et années à venir : les Français en jugeront prochainement.

Campagne officielle: tous égaux… ou presque

Clips, affiches, professions de foi : le rituel électoral de la dernière quinzaine qui commence aujourd’hui vise à instaurer une égalité entre les dix candidats, jusqu’au 20 avril. En réalité, ils ont largement les moyens de contourner les règles…
Jusqu’au 20 avril, Jacques Cheminade va disposer dans les médias audiovisuels, sur les panneaux électoraux et dans les boîtes aux lettres du même espace d’expression que Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
Les dix candidats se soumettront au cérémonial de clips chronométrés et millimétrés. Leurs militants ou des sociétés rémunérées colleront des affiches formatées qui seront maquillées, taguées, arrachées. Le citoyen recevra « la propagande » déposée dans les préfectures et tellement encadrée qu’il est interdit de confronter ses idées et de comparer son programme avec l’adversaire.

France 2 a bien essayé de briser la routine en invitant les candidats par cinq pour deux émissions Des Paroles et Des Actes. Mais ce sera davantage une succession de monologues que du débat. Ces règles qui amusent beaucoup les Américains, habitués à des campagnes sans limites dans les coûts et les coups que s’adressent les candidats, sont guidées par un souci d’équité de traitement et de moyens. Mais pendant ce temps, sur internet et les réseaux sociaux, les équipes de candidats dépenseront, cogneront, diffuseront sans compter, les militants distribueront les tracts aux contenus libres sur les marchés, et certains afficheront sauvagement sur les transformateurs électriques, les ponts et les murs borgnes : la palme de l’incivilité revient à Mélenchon, devant Marine Le Pen et Poutou.
La question est donc posée : cette campagne officielle est-elle factice ?Le président du CSA Michel Boyon demande de changer la loi afin d’ enrichir le débat politique. Pour le politologue Stéphane Rozès, « Internet a balayé ces règles. Il y a aussi la presse écrite, les meetings. L’envoi des professions de foi en même temps que les bulletins reste indispensable pour l’information de l’électeur qui entre plus tard que les candidats dans la campagne. Mais il a aussi besoin de confrontation pour se forger une opinion. Le débat d’entre deux tours est plus important que ces actes officiels ».
Du point de vue politique, logiquement cette égalité devrait profiter aux petits candidats, marginalisés. « C’est l’effet nouveauté, découverte ou un décalage par rapport aux autres qui donne une notoriété et une sympathie soudaine à un candidat. Pas l’égalité médiatique ou une affiche » estime Stéphane Rozès. Un reportage sur la tournée du facteur Besancenot avait permis en 2002 au postier de feu la LCR de passer de 0,5 % à 4 % d’intentions de vote à J-15 du scrutin. Mais à l’époque, internet montait en puissance et Facebook n’existait pas.
En attendant de revoir la loi pour trouver un équilibre entre ces règles hors du temps et la gabegie de dollars, la diffamation permanente autorisées en Amérique, c’est reparti comme en 1974…


Kitsch républicain 


Grand moment de rigolade pour les uns, de ringardise pour les autres, les clips des candidats vont maintenir pendant 12 jours l’illusion qu’une campagne électorale en France, c’est équitable, bien propre, bien réglementé. Grâce à ces survivances « vintage » de l’ORTF et aux chronos du temps de parole, l’honneur sera sauf pour l’audiovisuel public, l’apparence sera préservée pour l’institution républicaine, abritée sous le label solennel « officiel », destiné à nous faire croire que Cheminade = Sarkozy. Les clips négatifs, les attaques personnelles et les caricatures sur les adversaires prolifèrent sur les réseaux sociaux. Parce que les grands partis ont acheté légalement des listings, les citoyens recevront par SMS ou Facebook des appels au vote samedi 21 et dimanche 22. Mais « officiellement » tout cela n’existe pas dans la campagne.
Même si Jean-Pierre Elkabbach est toujours là, le monde de l’image a changé depuis l’ORTF et internet n’est pas le monde de oui-oui. En refusant d’assouplir la règle, de libérer la parole et le temps de parole pour s’adapter à cet univers nouveau, le législateur agit comme s’il ignorait que la communication compte autant que les idées, les programmes, la stature du candidat. En habillant la campagne de ce kitsch républicain, la classe politique se coupe des jeunes générations qu’elle doit pourtant éduquer et inciter au vote. Moderniser la campagne officielle, c’est devenu un devoir civique.

Toujours plus vite


Comment se fait-il qu'au moment où nous disposons de plus de temps que jamais, nous ayons le sentiment d'en manquer ? D'être toujours sous pression, au prix d'un mal-être général ? Pourtant, la part du temps de travail s'est réduite dans des proportions considérables (180 000 heures en 1850 ; 121 000 en 1900, 50 000 en 2000). La durée moyenne de l'existence s'est allongée significativement (27 ans en 1750, aux alentours de 80 aujourd'hui). Le temps de sommeil a diminué de deux heures depuis le XIXe siècle. La vie domestique est facilitée par des bataillons de robots qui nous assistent... Bref, à l'échelon d'une vie, le temps « libre » a été multiplié par deux ou trois. Nous devrions ne plus savoir qu'en faire. Et c'est l'inverse qui s'observe, y compris chez les retraités !
C'est que, simultanément, notre rythme de vie s'est considérablement accéléré. L'heure fait toujours soixante minutes, mais son contenu a changé. Productivité oblige. Et pas seulement dans le travail. On fait désormais beaucoup plus dans le même temps, comme dans un film en accéléré. L'illustration la plus spectaculaire, ce sont bien sûr les transports : à la fin du XVIIIe siècle, il fallait de huit à douze jours pour traverser la France de Brest à Strasbourg ; il faut désormais sept heures en TGV et une heure et demie en avion. L'informatique a multiplié la vitesse de traitement de l'information par 10 000, 100 000... On ne sait plus très bien. L'unité de mesure de la puissance des super-ordinateurs est désormais le téraflop (un million de milliards d'opérations à la seconde) et l'on va vers le pétaflop (un milliard de milliards d'opérations). La plus petite unité de temps est la yocto-seconde : un milliardième de milliardième de seconde ! L'esprit chavire, mais nos comportements s'alignent sur ce tempo déchaîné. Observons-nous face à l'ordinateur : le moindre intervalle entre le « clic » et son effet, c'est-à-dire entre le désir et sa réalisation, devient insupportable.
Célérité génératrice d'impatience
C'est là que réside la clé du problème : dans cette célérité génératrice d'impatience. Attendre, qui se dit joliment esperar en espagnol et en portugais, ne se conçoit plus. Un futur donné à « espérer » devient supplice. Le temps disponible, vacant, vide, remplit d'effroi. Nous n'avons de cesse de meubler cet espace désert de mille activités qui perdraient de leur valeur à être gratuites : lire, écouter de la musique, marcher, échanger avec des amis, militer dans des associations...
Non, il faut « faire » et payer pour cela. Le crédit n'a pas été inventé pour les chiens. « Vous voulez vous faire plaisir ? Surtout, ne perdez pas une minute. C'est possible tout de suite ! » Un nouveau modèle de tablette ou de smartphone se vend par dizaines de milliers d'exemplaires le jour même de sa sortie. Comme si la vie dépendait de cet outil et de ses dizaines de milliers d'applications. Son succès illustre à quel point la société de consommation nous possède en fabriquant nos désirs, au prétexte de gagner du temps alors que ce gain de temps coûte de plus en plus de... temps. Aliénant et absurde.
Au fond, si la campagne électorale déçoit, n'est-ce pas aussi parce qu'elle passe au large de ce questionnement sur notre style de vie dominant ? Mais, il est vrai, qui serait assez fou pour oser se risquer dans cette voie électoralement peu payante, bien qu'en dépende, à terme, notre survie ?


L'instrumentalisation de l'islam


L'islam devient objet de tous les amalgames en période électorale ou lorsqu'un événement fait ressurgir le « péril islamiste ». Plus encore quand les deux actualités se percutent. Ainsi, depuis l'affaire Merah, a-t-on assisté à des opérations spectaculaires contre de présumés djihadistes (dont la dernière s'est finie par la remise en liberté de tous les interpellés sans qu'aucune charge ne soit retenue). Dans le même temps, le gouvernement frappait d'interdiction d'entrée sur le territoire plusieurs orateurs attendus au rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Et Nicolas Sarkozy mettait en garde publiquement cette fédération conservatrice et proche des Frères musulmans. Une fermeté qui ressemble fort à de l'opportunisme, venant de l'ancien ministre de l'Intérieur qui voulait faire de l'UOIF un interlocuteur privilégié, du temps où il comptait sur les imams pour « pacifier les banlieues ». Et une intransigeance anachronique, alors que l'association est en phase de notabilisation et d'affaiblissement face à des salafistes plus radicaux qu'elle. Les thèses intégristes doivent bien sûr être combattues sans relâche, et l'image d'orateurs parlant devant une salle où hommes et femmes voilées sont séparés a de quoi heurter (en n'oubliant pas que l'église catholique avait, il n'y a pas si longtemps, des exigences assez similaires). Il est facile d'agiter le chiffon rouge - où plutôt vert - mais si Tariq Ramadan est suspect de double langage, ses mots d'hier, appelant les politiques à « unir la France plutôt qu'à la diviser », avaient la force du bon sens. Et les musulmans, comme les autres, ont le droit à l'indifférence. 

NON ET NON, LES EXCÈS DES MUSULMANS TANT DANS LEURS EXTRÊMISMES QUE DANS LEUR COMPORTEMENT SOCIAL, FONT QU'UNE MAJORITÉ DE FRANÇAIS VOMIT CET ABSOLUTISME. 

Russie : une figure de l'opposition interpellée sur la place Rouge

L'opposante russe et militante écologiste Evguenia Tchirikova a été interpellée dimanche 8 avril sur la place Rouge à Moscou et sera jugée lundi pour avoir tenté d'y monter une tente comme "symbole de résistance à un pouvoir illégal", a-t-elle indiqué sur son compte Twitter. "On m'enferme au moins jusqu'à demain, jusqu'au procès", a-t-elle écrit. Mme Tchirikova précise être poursuivie pour ne pas avoir respecté les injonctions de la police, infraction passible de 15 jours de prison.
Mme Tchirikova est l'une des figures de l'hétéroclite coalition d'opposition qui a organisé entre décembre et mars le plus important mouvement de contestation en Russie depuis l'arrivée de M. Poutine au pouvoir en 2000. Ces opposants veulent organiser une nouvelle grande manifestation le 6 mai, à la veille de l'investiture à la présidence de l'ex-officier du KGB. Vladimir Poutine a de son côté accusé à de nombreuses reprises les opposants d'être à la solde des Occidentaux, en particulier des Etats-Unis.
L'homme fort de la Russie, Vladimir Poutine, après quatre ans comme premier ministre, doit faire son retour à la présidence le 7 mai prochain, à la suite de sa victoire à la présidentielle du 4 mars dernier qui était, selon l'opposition, émaillée de fraudes.