Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont demandé, jeudi 15 avril, au président de la Commission européenne d'inclure un mécanisme de taxe carbone aux frontières de l'Europe dans ses propositions attendues en juin sur les "fuites de carbone", dans un courrier conjoint publié par l'Elysée.
"Il nous paraît indispensable que le rapport de la Commission soit l'occasion de préciser sans a priori les conditions dans lesquelles pourrait être mis en place un tel mécanisme d'ajustement aux frontières", écrivent le président français et le président du conseil italien. "Il serait inacceptable que les efforts déjà ambitieux que nous avons consentis au sein de l'Union européenne en vue de réduire nos émissions de gaz à effet de serre (...) soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l'absence ou de l'insuffisance d'action de certains Etats tiers."
Un tel mécanisme "nous permettrait en effet de prévenir le risque de fuite de carbone en incitant les pays tiers à adopter des mesures de réduction de leurs émissions", insistent MM. Sarkozy et Berlusconi.
"Chacun saurait que, s'il refuse de prendre des engagements suffisants dans les secteurs concernés, ses produits se verraient appliquer une compensation équivalente à l'effort prévu dans l'Union européenne, ajoutent les deux dirigeants, ne pas le faire reviendrait à créer une incitation paradoxale à ne pas prendre de tels engagements."
Cette taxe carbone aux frontières permettrait également à l'UE de "rendre son action plus efficace et plus crédible" dans les négociations internationales.
jeudi 15 avril 2010
Sarkozy et Berlusconi plaident pour la taxe carbone aux frontières de l'UE
M. Van Rompuy, poète haïku, "ni extravagant, ni fortement vaniteux, ni extrémiste"
Herman Van Rompuy, le président permanent du Conseil européen, a attiré, jeudi 15 avril dans la matinée, de très nombreux journalistes – dont une forte délégation japonaise – pour la présentation de son recueil de haïkus, dans les salons de la chambre belge des députés. Un lieu où l'ex-président de cette assemblée a passé, a-t-il expliqué, "les plus belles années" de sa vie politique, en 2007 et 2008, alors, étonnamment, que la Belgique connaissait à ce moment-là l'une de ces pires crises politiques.
Le président du Conseil s'est exercé, depuis 2004, aux petits poèmes ludiques sans rimes (trois vers, de respectivement 5, 7 et 5 syllabes) qui font, désormais, sa notoriété.
En octobre 2009, il avait provoqué la surprise en clôturant son discours, à l'occasion d'une "troïka" présidentielle de l'Union, par la lecture d'un haïku énonçant : "Trois vagues déferlent / abordant ensemble au port / le trio est rentré."
De sa visite récente à Washington, où il a brièvement rencontré le président Barack Obama, il est revenu avec un inédit qui ne figure pas dans son recueil de 124 pages : "Absent deux jours / un monde qui a changé / le verger en fleur…"
"UN LANGAGE NON SOPHISTIQUÉ"
Très avare de déclarations et d'apparitions médiatiques – il a refusé toute interview sur son livre – M. Van Rompuy aime, a-t-il expliqué, le haïku parce qu'il lui permet d'en revenir à l'essentiel de la parole "en disant bien des choses en si peu d'espace et dans un langage non sophistiqué".
Cultivant décidément sa différence, il a indiqué que, s'il raffole de ce genre japonais, c'est parce qu'en politique "un poète haïku ne peut être ni extravagant, ni fortement vaniteux, ni extrémiste".
C'est dans son petit recueil qu'il faudrait donc chercher les ressorts de sa personnalité, généralement décrite comme effacée, voire ennuyeuse. Dans un poème comme celui-ci par exemple : "Le silence vit / tant que j'entends les oiseaux / leur chant me calme…"
Jean-Pierre Stroobants
Comment l'éruption d'un volcan paralyse l'espace aérien
L'éruption du Eyjafjallajökull en Islande la semaine dernière a provoqué la diffusion dans l'atmosphère d'énormes nuages de cendres volcaniques. Aujourd'hui, cette pollution s'est déplacée vers l'Europe continentale. Les jet-streams, ces vents forts qui soufflent en haute altitude presque à longueur d'année d'ouest en est, ont, en effet, poussé ces nuages de cendres vers le nord de la Grande-Bretagne, la Norvège et le nord de la Suède. Conséquence, le trafic aérien est sérieusement perturbé . Ce n'est pas tant en raison de la réduction de la visibilité - les avions de ligne volent aux instruments -, mais plutôt parce que les réacteurs ne sont pas prévus pour absorber ces cendres. Outre l'usure des composants (la silice contenue dans les cendres est très dure), il y a surtout un risque d'extinction de la combustion du carburant et d'arrêt du moteur.
Ainsi, le 15 décembre 1989, le Boeing 747 du vol KLM 867 traversa le panache de cendres volcaniques du mont Redoubt alors qu'il se trouvait en approche d'Anchorage en Alaska. Les réacteurs de l'avion ingérèrent de grandes quantités de cendres et cessèrent rapidement de fonctionner. Finalement, au bout de cinq longues minutes et après avoir perdu 4.000 mètres d'altitude, au-dessus des montagnes de Talkeetna, les moteurs repartirent et l'avion se posa normalement. Mais les quatre réacteurs ont dû être changés, ce qui coûta 80 millions de dollars.
Les aéroports londoniens très touchés
L'éruption islandaise récente a généré l'édition d'un Notam (Note to Airmen), un avertissement diffusé aux pilotes du monde entier, qui indique clairement les zones dangereuses et les secteurs interdits. Régulièrement, l'Etna en Italie du Sud ou la Soufrière de Montserrat aux Antilles près de la Guadeloupe se réveillent et perturbent la navigation aérienne. Une grande partie de l'espace aérien d'Europe du Nord sera fermé pendant la journée de jeudi . Les vols long-courriers de toutes les compagnies vers l'Amérique du Nord peuvent aussi être perturbés par des retards causés par l'obligation de contourner la zone de nuages volcaniques. L'Islande, puis le Groenland sont effet sur la route empruntée par les avions commerciaux vers le Canada et les États-Unis.
Ces nuages de cendres peuvent-ils atteindre la France ? S'ils sont toujours alimentés par l'éruption et si des vents de nord-ouest survenaient, le territoire français pourrait être atteint. C'est en tout cas ce qu'envisage des cartes de prévision de la météo islandaise, qui prévient que les rivages normands et bretons pourraient être touchés demain. Les perturbations resteraient mineures s'ils restaient en haute altitude, voilant le soleil et obligeant les avions à voler à basse altitude sous le nuage avant de gagner le niveau de croisière. Les météorologues suivent l'évolution avec précision à partir des cartes des vents établies plusieurs fois par jour.
Éruption volcanique en Islande : l'espace aérien du nord de l'Europe très perturbé
Un énorme nuage de cendres craché par un volcan en pleine éruption en Islande a cloué au sol jeudi une bonne partie des avions dans le nord de l'Europe. De gigantesques colonnes de fumée continuaient de s'échapper jeudi du glacier Eyjafjallajökull, dans le sud de l'Islande, dont l'éruption pourrait se prolonger plusieurs semaines, voire plusieurs mois, selon un expert islandais. "On ne peut pas dire combien de temps (l'éruption) va durer. C'est extrêmement variable, cela peut aller de plusieurs jours à plus d'un an. Mais si l'on en juge par l'intensité de celle-ci, cela pourrait durer longtemps", a expliqué à l'Agence France-Presse Magnus Tumi Gudmunsson, un professeur islandais de géophysique.
Les pertubations du trafic aérien pays par pays.
France
Tous les vols au départ de l'aéroport parisien de Roissy à destination de Londres, de l'Écosse, de Copenhague et d'Oslo sont annulés jeudi depuis midi en raison de l'éruption volcanique en Islande, a annoncé une source aéroportuaire, en ajoutant qu'"une partie des vols pour Stockholm" était également annulée. "Les passagers aériens à destination de ces pays sont priés de se rapprocher de leur compagnie aérienne", conseille la direction générale de l'aviation civile (DGAC), assurant que d'"autres informations suivront dans la journée sur l'évolution du trafic aérien".
Si des nuages de cendres sont toujours alimentés par l'éruption et si des vents de nord-ouest survenaient, l'ensemble du territoire français pourrait être atteint . C'est en tout cas ce qu'envisage une carte de prévision de la météo islandaise, qui prévient que les rivages normands et bretons pourraient être touchés demain.
Belgique
L'aéroport international de Bruxelles a "de fortes chances" de devoir cesser ses opérations en cours de journée jeudi.
Danemark
L'ensemble de l'espace aérien danois sera fermé au trafic à 18 heures (heure française), a annoncé jeudi l'autorité de contrôle aérien Naviair, qui a commencé à fermer l'espace aérien sur la mer du Nord à 9 heures. Les autres régions vont progressivement suivre, jusqu'à la fermeture de Copenhague et de la partie sud-est à 18 heures. Mais "si le vent venait à tourner, nous réviserons notre plan de fermeture", a déclaré à l'AFP Bo Pedersen, porte-parole de Naviair, précisant qu'à "l'heure actuelle, il est impossible de prévoir quand l'espace aérien danois sera partiellement ou totalement rouvert au trafic".
Grande-Bretagne
L'espace aérien britannique est totalement fermé depuis 13 heures (heure française) et "au moins" jusqu'à 19 heures (heure française). Tous les vols seront ainsi suspendus sur l'ensemble des aéroports londoniens, dont Heathrow, premier au monde en termes de trafic international. Cette décision a été prise "conformément à la politique de l'aviation civile internationale", a précisé le National air traffic service (NATS, contrôle aérien).
Environ 1.300 avions décollent ou atterrissent à Heathrow chaque jour, et plus de 400 à Stansted, autre aéroport dans le nord de Londres. Un porte-parole de cet aéroport a averti que le trafic pourrait également être perturbé vendredi "et au-delà". Jeudi en début de matinée, une centaine de vols avaient déjà été annulés à Heathrow, ainsi qu'environ 150 vols à Gatwick, dans le sud de Londres. L'ensemble des aéroports écossais ont été fermés tôt dans la matinée (Aberdeen, Édimbourg et Glasgow) ainsi que ceux de Belfast, en Irlande du Nord. Le trafic avait déjà été fortement réduit aux plates-formes du nord de l'Angleterre (Manchester, Liverpool et Newcastle) ainsi que dans le centre (Birmingham). Les liaisons étaient également perturbées, mais dans une moindre mesure, à Dublin, en République d'Irlande.
Islande
Les vols à destination et en provenance d'Islande étaient maintenus jeudi malgré l'éruption du volcan dans le sud du pays. "Le vent emporte les cendres vers l'est", a déclaré Hjordis Gudmundsdottir, responsable auprès des autorités aéroportuaires islandaises. Le principal aéroport de Keflavik, à l'ouest, "et tous les autres aéroports sont ouverts aujourd'hui. C'est assez incroyable", a-t-il dit.
Norvège
Les premiers vols ont été suspendus dès mercredi soir, l'ensemble du trafic aérien a été interrompu jeudi matin, y compris à Oslo et dans les autres grandes villes, Trondheim et Bergen.
Suède
Le trafic a été interrompu dans la pointe nord du pays, mais les autorités envisagent de fermer d'autres aéroports du centre et des perturbations sont à prévoir ailleurs, notamment à Stockholm, selon un porte-parole de l'autorité suédoise chargée du trafic aérien.
LA GOURDASSE DE LA SEMAINE : ALESSANDRA SUBLET
Le Figaro Magazine elle s'exprime dans la rubrique "DANS LA TÊTE DE..."
Question : Qu'y a-t-il de gauche en vous ?
Réponse : L'ouverture à la culture.
Question : Et de droite ?
Réponse : Le côté bling-bling. Je passe mes vacances à Saint Barth., où vivent mes parents.
Cette petite présentatrice ferait mieux de retourner chez papa et maman cultiver son bling-bling pour en faire de l'intelligence.
Je ne remercie pas Dechavanne de nous avoir trouvé une gourde pareille.
Toulouse:l'électricité grâce aux piétons
Sous un porche du centre-ville de Toulouse, un passage pour piétons s'illumine dès qu'une personne l'emprunte, l'énergie du réverbère étant produite par le piétinement des promeneurs. Une première mondiale qui peut préfigurer l'éclairage public des villes de demain. "Il s'agit d'une démonstration simple mais parlante" prouvant que "les rues piétonnes peuvent devenir de formidables sources d'énergie propre", déclare à l'AFP l'adjoint au maire de Toulouse chargé de la voirie et de l'éclairage, Alexandre Marciel, à l'origine du projet.
En traversant le passage, un piéton peut ainsi produire jusqu'à 50 watts et alimenter sans aucune production de gaz à effet de serre un réverbère et des rampes de led.
"Regarde, ça s'allume", s'exclame Carine à l'adresse de son compagnon qui foule les huit dalles en plexiglas de 65 cm sur 65 cm installées pour quelques semaines.
Chaque pas produit un déplacement vertical de 1 cm de la surface du dispositif. Ce mouvement et les micro vibrations induites par la marche sont ensuite transformés par un générateur en énergie électrique qui alimente l'éclairage.
Ce trottoir de démonstration est conçu par la société néerlandaise Sustainable Dance Club, dont la première réalisation a été une boîte de nuit à Rotterdam, actuellement fermée, où les danseurs produisaient une partie de l'éclairage. L'expérience de Toulouse "montre que le mouvement humain peut éclairer les rues et permet de se projeter dans l'avenir" pour l'éclairage public, note son responsable marketing, Jaap van den Braak, contacté par téléphone. La compagnie, a-t-il indiqué, vise à équiper de cette manière gares, aéroports, centres commerciaux... Parmi les applications possibles, a-t-il ajouté, figure déjà l'alimentation de bornes pour recharger les téléphones mobiles dans un festival de musique.
Pour la mairie de Toulouse, le trottoir fait partie de la réflexion engagée pour réduire le coût de l'éclairage public, souligne M. Marciel. Faire produire de l'électricité par les piétons, "beaucoup l'avaient rêvé mais la démonstration n'avait jamais été faite", se réjouit-il. Toulouse est ainsi la "première ville à démontrer qu'il est possible de recycler de l'activité urbaine en énergie électrique". "C'est une révolution intellectuelle" fait remarquer l'adjoint à la mairie, car "on fait passer les gens d'un regard où les déplacements sont consommateurs d'énergie à un regard où ils pourraient être producteurs d'énergie". "Il ne s'agit pas de faire de l'innovation pour l'innovation, mais de montrer qu'il peut y avoir d'autres sources d'énergie", assure-t-il. Ce projet, selon M. Marciel, ouvre par ailleurs une réflexion sur l'éthique et l'aspect financier liés à un tel système: "la récupération de l'énergie sur l'humain" et "la propriété de cette énergie".
Une ville aura-t-elle ainsi le droit de récupérer de l'énergie "humaine" gratuite et de la revendre à un opérateur comme EDF ? "Il ne s'agit pas de reproduire le principe des galériens", lance-t-il en plaisantant. Après la mise en place de ce trottoir, M. Marciel dit caresser "un rêve", celui d'un "jeu de lumière dans l'espace public sur lequel les enfants pourront se promener et jouer à la marelle, et qui permettra d'éclairer à côté une petite aire de jeu". "En effet, estime-t-il, ce sont les générations futures qui peuvent porter ce projet, qui permettra peut-être d'entrer dans l'ère de la domotique urbaine".
C'est un rite, c'est un cap, c'est un incontournable. Chaque année au moment où pointent les asperges et rosit le lilas, il surgit lui aussi du grand jardin du ministère de l'Éducation nationale. On appelle cela "l'indicateur de résultats des lycées".
Ça sonne mieux que "palmarès", ça fait moins compétition. En apparence, en tout cas. Dans la réalité, le distinguo n'est pas aussi net. Lorsqu'on consulte ce site, c'est fatalement avec des objectifs de performance et de rivalité. Dans une société où tout est comparable et où le label de chaque produit de consommation est tributaire des bancs d'essai, l'univers scolaire ne fait pas exception. On guette sur la toile le "pôle d'excellence", en pestant que ce soit toujours celui des autres.
On clique pour voir comment a évolué le cher bahut de nos seize ans. On rejoue sans grande surprise le match public-privé. On s'étonne parfois de tel ou tel résultat. Mais qu'a-t-il donc de plus, cet externat soudain surcoté ? Et pourquoi le LEP tranquille, au coin de la rue voisine, ne figure-t-il jamais parmi les fortiches ? Et comment se fait-il que ce parfait emblème d'une "zone sensible" s'en tire aussi bien ? C'est que les critères de notation, s'ils sont briseurs de tabous, ne sont pas toujours très simples à comprendre. Entre le "pourcentage de réussite au bac" et la "proportion de diplômés par établissement", entre les "fondamentaux" et la "valeur ajoutée", on y perd facilement son latin. De quoi donner envie de retourner en classe. D'écouter un peu mieux le prof qu'on chahutait et que le souvenir a rendu attendrissant. C'est ça, peut-être au fond, le lycée idéal. Celui où nous avons été insouciants, loin des portiques de sécurité, de Pôle Emploi ou de la question des retraites. Loin, surtout, de cette sacro-sainte mode des "outils d'évaluation" qui a précipité les bonnes vieilles pensions de Pagnol dans l'ère improbable de la "Star Ac" éducative.
Les centristes n'arrêtent plus de se réunir
Ils sont nombreux à vouloir se fédérer autour d'Hervé Morin. Ce dernier, qui tient un conseil national aujourd'hui, se projette, lui aussi, en 2012.
Le centre d'un cercle n'est-il qu'un point ? Depuis l'échec de la liste unique aux régionales, les centristes, que François Fillon rencontrait mardi, se sentent la clé de voûte de la droite. Hervé Morin en tête, qui veut un candidat à la présidentielle, lui si possible. « Le contrat présidentiel, explique le président du Nouveau Centre, ne nous lie pas pour 2012. »
Il anime, ce samedi, un conseil national pour « préparer un projet libéral, humaniste et européen propre à rassembler les centristes » et préparer la naissance d'un nouveau parti « avant l'été ». L'idée est qu'à travers une offre distincte de l'UMP, portée par le Nouveau Centre, l'Union centriste de Nicolas About et l'Alliance centriste de Jean Arthuis, il ratisse au bénéfice de la droite. « Je sais très bien dans quel système d'alliance je suis. »
États généraux avant l'été
À moins que ce nouveau Nouveau Centre ne serve à récupérer les déçus du sarkozysme : « Si l'UMP perd la présidentielle, calcule Hervé Morin, elle éclate. Il y a trop de gens pas heureux dans cette structure. »
D'ici là, il y a du boulot. Avec 13 000 adhérents, 23 députés, 31 sénateurs et 80 élus régionaux, le centre droit est plus un conglomérat d'élus que de militants. Le MoDem n'a plus guère d'élus, mais il capte plus d'électeurs que le Nouveau Centre. Il ne faudra pas sous-estimer la concurrence de François Bayrou, qui attire davantage de voix sur son nom que sur son parti. Ni celle de Dominique de Villepin, qui rôde sur les mêmes terres, avec les mêmes valeurs.
Enfin, les centristes de l'UMP ne sont pas pressés de rallier Hervé Morin. Les Marc-Philippe Daubresse, Pierre Méhaignerie et autre Fabienne Keller annoncent la tenue « avant l'été, d'états généraux » regroupant des élus locaux et nationaux afin de « promouvoir les valeurs humanistes » qui inspireront le « projet présidentiel pour 2012. La première réponse à apporter à nos compatriotes, inquiets pour l'avenir, n'est pas de susciter au sein de la majorité présidentielle de nouveaux candidats pour 2012, mais de poursuivre les efforts indispensables pour réformer notre pays, à condition qu'ils soient répartis de façon plus équitable. »
Tel est bien l'autre problème d'Hervé Morin : le « château » le laissera-t-il se présenter ? « Je n'en ai pas parlé avec le Président », confie l'intéressé. Il est urgent d'attendre.
Michel URVOY.
Au PS, les « cumulards » font de la résistance
Le non-cumul des mandats est plus compliqué à mettre en oeuvre qu'il n'y paraît. Entre les « barons » et les militants, Martine Aubry va devoir choisir.
Souvenez-vous : La Rochelle, septembre 2009, Martine Aubry lance la rénovation du PS. Un mois plus tard, les militants votent à 72 % la fin du cumul entre un mandat local (président ou vice-président) et un fauteuil de parlementaire, ainsi que la parité totale. Une affaire pliée ? Les réactions au rapport Montebourg sur cette réforme prouvent que non.
Inconvénients. Que fait-on des 8 présidents de Région, des 29 présidents de conseil général et de la centaine de maires qui siègent à l'Assemblée et au Sénat ? Que fait-on de tous ceux qui feraient les frais d'une parité systématique, d'une diversité accrue ? Du principe à la réalité, il y a loin. Martine Aubry, qui l'officialisera début juillet, va en entendre parler.
Le non-cumul « est un marqueur de principe qui sera démenti par les faits », entend-on dans les couloirs de Solférino, au siège du PS. « Ceux qu'on appelle les barons, déplore Gérard Collomb, le maire de Lyon, n'ont pas eu leur mot à dire. » Prenant l'exemple d'un grand maire, François Rebsamen, le sénateur-maire de Dijon, ajoute : « On lui demande d'annoncer à l'avance qu'il va démissionner s'il est élu. C'est n'importe quoi ! »
Enfin, à ne présenter que des inconnus aux cantonales de mars 2011 et aux sénatoriales de septembre, le PS risque de rater le contrôle du Sénat, désormais à portée de main. Sans compter que les sénateurs non soumis à renouvellement continueraient, eux, à cumuler...
Avantages. Martine Aubry ne peut pas, sans prendre le risque de se déconsidérer, renier le vote des militants. Le non-cumul, c'est le « marqueur » de sa rénovation. Le levier magique pour bouleverser la sociologie du parti, le rajeunir, offrir des responsabilités aux femmes. Bref, le mettre à l'image de la société.
Arnaud Montebourg, qui a conceptualisé cette petite révolution, ne comprendrait d'ailleurs pas « que l'on fasse un référendum en 2009 pour appliquer une réforme en 2014 et 2017. » Lui-même a annoncé qu'il cédera la présidence de son conseil général pour n'être plus que député.
Compromis. Pour sauver le principe, il faudra le mettre intelligemment en oeuvre. François Rebsamen propose une loi qui imposerait le non-cumul à tous les partis. Ce qui veut dire qu'il faudra du temps.
Michel URVOY.
Il est légitime de s'interroger sur les projections du Conseil d'orientation des retraites (Cor) à l'horizon 2050. On ne saurait, en revanche, s'exonérer d'un constat immédiat : le système français des retraites est en quasi « faillite ». Pratiquer la politique de l'autruche sur un sujet aussi crucial est inconséquent. Personne ne doit désormais en douter : des décisions lourdes et urgentes sont à prendre, des mesures douloureuses et difficiles à assumer. Même s'il faut s'empresser de préciser qu'il faudra, dans leur application, donner du temps au temps, comme ont su faire les Allemands, entre autres.
Quoi qu'il en soit, la réforme des retraites ne sera pas un long fleuve tranquille. Encore moins en France que chez nos voisins qui ont eu, eux, le courage de la mener en temps opportun, en tout cas avant que le choc détonnant vieillissement démographique - crise économique ne provoque les ravages que l'on sait, susceptibles de saper la solidarité nationale si les politiques n'y prennent garde.
La messe n'est pas dite. Sous le couvert d'un discours volontariste, le pouvoir a tendance à donner des signaux contradictoires. C'est entendu, il veut aller au fond des sujets, mais en bousculant curieusement le calendrier. C'est promis, ce sera « la » grande réforme du quinquennat. Mais en se limitant d'entrée aux seuls leviers de l'âge et de la durée des cotisations, son format et sa portée se réduisent déjà singulièrement.
C'est juré, la justice et l'équité seront le fil rouge des décisions, mais l'Élysée ne paraît pas très pressé de mobiliser au-delà des salariés, de nouveaux contributeurs argentés et de nouvelles ressources : revenus patrimoniaux, financiers etc. La crainte d'une réforme a minima n'est finalement pas à écarter, d'autant que le précédent des régimes spéciaux n'est pas si lointain. Là aussi, la réforme était « vendue » comme emblématique. Or, elle est loin d'avoir prouvé sa pertinence.
Si le gouvernement avance sur des oeufs, ce n'est pas seulement à cause du retour en force du PS et de la gauche. De sondage en sondage, les Français confirment un refus obstiné de travailler au-delà de 60 ans. De communiqué en communiqué, les syndicats s'arc-boutent à un rejet déterminé du recul de l'âge légal. Il serait d'ailleurs hasardeux de croire qu'ils puissent lâcher leur totem des 60 ans pour appuyer la réforme gouvernementale. Chacun se souvient du lourd tribut de « fuite » militante payé la CFDT pour son soutien à la réforme Fillon de 2003.
Pour éviter de buter sur le mur politique du symbole de la retraite à 60 ans, le gouvernement sait qu'il doit contourner l'obstacle. Jouer sur le levier de l'allongement des cotisations, mais aussi donner des gages substantiels sur deux fronts : la justice et l'efficacité.
La pénibilité et l'emploi se retrouvent au carrefour de ces problématiques. La pénibilité offre une belle chance de baliser le chemin d'une retraite équitable, à la carte, qu'il faudra bien, de toute façon, ouvrir un jour ou l'autre. Et l'emploi est la première garantie du financement des retraites. Les seniors sont évidemment en première ligne d'un dossier qui mérite mieux que les incantations et les hypocrisies que patronat et syndicats nous servent depuis de longues années. En occultant la question qui fâche : pourquoi finalement tant de salariés aspirent, en France plus qu'ailleurs, à décrocher avant 60 ans ?
Il est drôle, quand on y pense, notre Président. Il n'y a pas si longtemps, il s'énervait tout rouge à Londres en présence d'un journaliste qui l'interrogeait sur les rumeurs concernant sa vie privée : "Je n'ai pas une demi-seconde à perdre avec ces élucubrations". Dont acte et passons à autre chose. Sauf que non. Plus d'un mois après, on patauge encore au cœur du navrant vaudeville républicain. La faute à qui ? Pas à Internet, cette fois. Ni aux tabloïds british. Encore moins à une nouvelle bourde de Pierre Charon, le conseiller de l'Élysée qui avait crié un peu vite au "complot organisé". Non, c'est l'intéressé lui-même qui, au détour d'une question, a remis les pieds dans le plat médiatico-matrimonial. "Tout ce petit clapotis n'a pas d'importance pour nous. Cela fait partie de la vie moderne, d'un système. C'est comme ça, il n'y a pas lieu d'en faire de commentaires". Étrange, tout de même, cette façon d'invoquer la discrétion tout en ranimant soi-même le "buzz". En langage stylistique, on appelle ça parler par prétérition. Et pour ceux qui n'auraient pas compris qu'il ne faut plus évoquer les affaires "insignifiantes", Nicolas Sarkozy a glissé quelques confessions sur son couple illustrant exactement l'inverse : "Nous menons une vie très calme. Nous sommes très proches l'un de l'autre et tout ceci est très exagéré". Ouf, voilà donc la France définitivement rassurée, si tant est que Carla n'ait pas été assez apaisante mercredi dernier à la radio. La France et l'Amérique. Car cette déclaration d'une aussi haute importance n'a pas été proférée chez Jean-Luc Delarue ou chez Mireille Dumas, mais lundi soir à Washington, lors d'une interview à la chaîne CBS. Certes, le chef de l'État n'avait pas traversé l'Atlantique que pour cela. Il avait également un rendez-vous. Oh, un truc de trois fois rien. Un sommet sur la sécurité nucléaire dans le monde. Une question qui ne pèse pas lourd, on en conviendra, face à une préoccupation autrement plus cruciale. Le débat sur la non-prolifération des "clapotis".
Didier Pobel
La réforme des retraites s'annonce aussi pénible pour le Parti socialiste que pour le gouvernement. A vrai dire c'est toute la société politique française, d'un extrême à l'autre, qui a semblé abasourdie, sonnée, et presque pétrifiée, à l'annonce des prévisions du COR à l'horizon 2050. Tout le monde redoutait ces estimations, pourtant, et personne ne s'en est vraiment étonné. Mais une fois écrites noir sur blanc, sans espoir d'erreur, elles produisent un effet psychologique que peinent à masquer les postures très attendues des uns et des autres.
Plus ou moins 100 milliards d'euros annuels, c'est un vertige absolu. Il a déstabilisé jusqu'à un Éric Woerth, comptable pourtant, qui, hier matin à la radio, peinait à en faire le tour... La difficulté à se représenter cette montagne colossale, à la comparer avec des recettes, favorise un certain déni. C'est une valeur tellement irréelle qu'on ne parvient pas à l'appréhender. En affirmant que « le gouvernement cherche à dramatiser », Martine Aubry a joué une carte trop facile, trop pipée, pour la chef de l'opposition qu'elle est. Simpliste, l'argument n'est pas à la hauteur du débat, ni de ses propres réflexions quand elle évoque la nécessité de remettre la retraite dans la perspective de la vieillesse.
A travers la stratégie d'évitement de la première secrétaire se profile un débat par défaut où le parler-vrai risque fort de ne pas avoir sa place. Tourner autour du pot pour éviter soigneusement de considérer l'augmentation de la durée de cotisation comme un levier quasiment inévitable, hélas, c'est être prisonnière à la fois des vieux dogmes et de l'émotion sincère d'une majorité de salariés.
Elle n'a pas été la seule. Un Laurent Fabius, ancien Premier ministre a embrayé sur l'obole supplémentaire des banques comme si, à elle seule, elle pouvait effacer l'ardoise de l'allongement sans précédent de la durée de vie. Les appétits présidentiels sont décidément incompatibles avec la franchise...
Chacun est attaché, avec raison, au principe de la retraite à 60 ans. Mais la solidarité intergénérationelle ne peut plus justifier un discours mécanique sur la protection aveugle et générale de cet acquis. Pour nos retraites comme pour l'environnement, il va bien falloir commencer à penser autrement si nous voulons préserver longtemps le système par répartition.
En stimulant la recherche de solutions nouvelles, la crise peut être un formidable accélérateur de modernité. Mais le monde politique, directement concerné ne veut pas se saisir de cette opportunité. Allons-nous devoir attendre jusqu'après 2012 pour le voir plus libre de ses approches intellectuelles. La retraite le met au pied du mur, l'oblige à parler différemment. La droite est dans son rôle traditionnel. La gauche saura-t-elle dépasser le sien pour offrir d'autres solutions ?
FESSEES - Y'en a qui se perdent
La fessée rendrait les enfants agressifs. C'est en tout cas ce qui ressort de l'étude réalisée par l'université Tulane (Louisiane). Ce châtiment corporel, devenu presque banal en France, aurait en réalité de graves conséquences sur le comportement futur de l'enfant
Quoi de plus efficace qu'une bonne fessée pour punir son garnement ? (AFP) Sur le moment effectivement, la douleur calme et l'enfant cesse bêtises et caprices. Mais à long terme, le châtiment physique ne ferait qu'empirer le comportement agressif de l'enfant, sans réellement le corriger. Difficile d'accepter que l'on s'y prend mal, pourtant, l'étude, sans vouloir culpabiliser les parents, est très claire sur les dégâts causés par cette violence familiale.
La fessée rend agressif
Le principal enseignement de cette étude américaine est que les enfants qui reçoivent une fessée à trois ans ont toutes les chances de devenir agressifs dès l'âge de cinq ans. L'expérience a porté sur un échantillon de 2.461 mères suivi entre 1998 et 2005 dans les vingt plus grosses villes des Etats-Unis. Près de la moitié (45,6%) ont affirmé ne pas avoir corrigé leur enfant d'une fessée au cours du mois précédant. Plus d'un quart (27,9%) l'avaient une ou deux fois et 26,5% d'entre elles l'avaient pratiqué plus de deux fois. Les enfants subissant régulièrement un tel châtiment ont montré davantage de signes d'agressivité dans leur comportement à partir de cinq ans. Des signes que nous connaissons bien : ''Insolence, cris, actes de cruauté et de méchanceté vis à vis des autres''. Catherine Taylor, chercheuse en santé publique à l'Université de Tulane, affirmait que ''certains se battent, exercent des menaces, voire détruisent des choses.'' La solution ne réside donc absolument pas dans le châtiment corporel. Seule la bonne vieille méthode du coin, parfois difficile à faire respecter, il faut bien le reconnaître, est recommandée par la très sérieuse American Academy of Pediatrics. L'enfant a ainsi le temps de réfléchir à son comportement et aux conséquences de ses actes.
Une correction banale en France
Une punition sans fessée, comment est-ce possible ? En France, la fessée est un acte jugé normal par une majorité de la population. On considère qu'une petite tape n'a jamais fait de mal à personne, elle forgerait le caractère, peut-on parfois entendre. Fin 2009, la député UMP et spécialiste de l'enfance, Edwige Antier avait déposé un projet de loi visant à faire interdire la fessée. Un échec puisque 82 % des Français sondés s'étaient déclarés hostiles à une telle loi. Récemment encore, d'après une enquête de l'Union des familles en Europe, 87 % des parents déclaraient avoir déjà donné une fessée, et 62 % la jugeaient ''bien méritée''. Même Dominique Versini, nommée Défenseure des enfants en 2006 (par décret du Président de la République), se dit ''hostile aux fessées à titre personnel'', mais ne voyait ''pas trop l'utilité de légiférer''. Depuis qu'elle a vu ''les trempes'' que recevaient certains enfants à la Réunion ou à Mayotte, Dominique Versini estime cependant qu' ''il n'y a qu'une loi qui peut arrêter ça''. Mme Antier expliquait : ''Il ne s'agit pas d'envoyer les parents en prison ni de les en menacer''. L'interdiction serait inscrite dans le Code civil, et ''l'article serait lu aux parents lors du mariage''. A titre argumentatif, elle ajoutait : ''Quand la Suède a interdit la fessée en 1979, 70% des parents y étaient opposés. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 10%".
La fessée, en plus d'avoir des conséquences sur le comportement futur de l'enfant, est aussi une forme de banalisation de la violence. 18 Etats européens l'ont déjà fait interdire. Les parents à la main leste feraient donc mieux de trouver un autre procédé de correction, car cette tape sans vertu éducative aucune, pourrait bien être amenée à disparaître.
Nos chers penseurs se comporteraient-ils désormais en censeurs ? J'en ai l'impression.
Présidentielle 2012 : quatre « jokers » en réserve pour la droite
La défaite des régionales et l'incapacité pour le moment du chef de l'Etat à reprendre la main ont libéré la parole des élus UMP, qui, à vingt-quatre mois de la présidentielle, se défient de plus en plus de Nicolas Sarkozy. Certains militent même ouvertement pour qu'un autre que lui soit candidat en 2012. Quatre outsiders se détachent.
Il y a quelques jours, le sénateur UMP Alain Lambert a ouvert une brèche : « Nicolas Sarkozy n'est pas en situation de faire gagner nos idées en 2012 », a-t-il asséné, critiquant « les méthodes » du chef de l'Etat « qui nous entraînent tout droit dans l'abîme ». L'ancien ministre du Budget n'est pas isolé : il a dit tout haut ce que nombre de parlementaires UMP susurrent sous couvert d'anonymat depuis la lourde défaite de la droite aux régionales. Aucun élu de la majorité ne croit réellement que Nicolas Sarkozy renoncera à briguer sa réélection. Mais certains se mettent à l'espérer, se tournant vers l'un des quatre « jokers » de la droite.
François Fillon, le recours
Son statut de présidentiable le flatte et l'embarrasse à la fois. Lorsqu'un premier sondage Ipsos paru début mars a fait de François Fillon le candidat à la présidentielle préféré des sympathisants UMP au cas où Nicolas Sarkozy ne se représenterait pas, le Premier ministre a commencé par sourire. Puis, très vite, pour calmer l'irritation du chef de l'Etat, il a cherché à couper court : « C'est de la science-fiction. » François Fillon candidat en 2012 ? L'idée est caressée par des parlementaires UMP qui se défient de plus en plus du style Sarkozy. Et, au Nouveau Centre, on explique que cette candidature-là serait « la seule » rendant inutile la présence d'un centriste au premier tour. Mais, voilà, des quatre « jokers » de la droite, François Fillon est le seul à dépendre - par sa fonction -de Nicolas Sarkozy. S'il a une endurance certaine, le chef du gouvernement ne peut ni ne veut jouer les rebelles. Lorsque le président lui demande de renoncer à participer au journal de 20 heures sur TF1 et à un vote de confiance au Parlement, il s'exécute. La seule différenciation qu'il s'autorise tient à ses plaidoyers répétés pour les réformes et la maîtrise de la dépense publique, car, au fond, le Premier ministre aimerait bien apparaître comme l'aiguillon réformateur du couple exécutif. En 2017, il aura soixante-trois ans, ce qui, même pour certains de ses proches, est jugé un peu vieux pour être candidat. Avant cela, François Fillon a une priorité : réussir sa sortie de Matignon, programmée pour l'automne.
Alain Juppé, l'outsider
Lui se pose ouvertement en recours pour 2012. Ouvertement - ce qui alimente l'hypothèse d'une autre candidature que celle de Nicolas Sarkozy -mais sans franchir le Rubicon : s'il « envisage » d'être candidat à des primaires pour la présidentielle de 2012, c'est seulement dans l'hypothèse où celui qu'il qualifie de « candidat naturel » ne se représenterait pas. « Je me sens un homme libre, aujourd'hui je n'ai de comptes à rendre qu'aux Bordelais. […] Mais je suis dans la majorité présidentielle, je souhaite que [le chef de l'Etat] réussisse », a-t-il expliqué vendredi sur Europe 1. L'ancien Premier ministre, âgé de soixante-quatre ans, qui demande « un effort de solidarité » des « très hauts revenus » dans la réforme des retraites, s'apprête à lancer son propre laboratoire d'idées, baptisé « Les Entretiens de Bordeaux ». Pour peser sur le fond en insistant notamment sur la justice fiscale et sociale. Son problème est qu'il n'apparaît pas aujourd'hui comme le mieux placé dans l'opinion. Selon un sondage Ifop, 65 % des Français et 54 % des sympathisants UMP estiment qu'il ne serait pas « un bon président de la République ». « Pour quelqu'un qui n'est pas très présent dans le débat national, cela constitue une bonne base de départ », a-t-il rétorqué dans « Le Monde » ce week-end, tout en réaffirmant n'avoir « jamais cru à la rupture » sarkozyste.
Jean-François Copé, l'aiguillon
Le chef de file des députés UMP, déjà dans la course pour briguer l'Elysée en 2017, continue de jouer les équilibristes, avec un objectif qu'il a jusqu'ici plutôt bien rempli : être au centre du jeu à droite. Convaincu que Nicolas Sarkozy se représentera en 2012 même s'il est en position difficile, soucieux de ne jamais apparaître comme celui qui pourrait faire perdre son camp (« Nous n'avons pas le droit de prendre le risque de la division »), Jean-François Copé s'est rapproché du chef de l'Etat et promet de faire campagne « à fond » pour sa réélection. Mais, comme il veut se faire entendre et démontrer aux électeurs qu'il a une colonne vertébrale plus forte que ses rivaux, il s'applique à défendre ses convictions. Quitte à faire entendre une voix discordante. C'est ce souci d'imprégner durablement l'opinion publique qui explique sa position sur la burqa, la parité hommes-femmes dans les conseils d'administration, la dette publique ou la publicité dans l'audiovisuel public (qu'il souhaite « plutôt » maintenir dans la journée). Non content d'utiliser son poste à l'Assemblée, où il surfe sur la réforme des institutions, l'ancien ministre du Budget dispose d'une autre tribune qui lui permet d'avancer ses idées et de tisser ses réseaux : son club Génération France. Lui a le temps : il fêtera le mois prochain ses quarante-six ans.
Dominique de Villepin, l'adversaire
Parmi les prétendants à la succession, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac est, à droite, un cas à part. Lui ne prend pas de gants. Lui est un rival déclaré de Nicolas Sarkozy et peut même le faire perdre. A cinquante-six ans, Dominique de Villepin se prépare à la bataille de 2012 en marge de l'UMP, que Nicolas Sarkozy se représente ou pas. Plus remonté que jamais contre le chef de l'Etat depuis le procès Clearstream, il met sur pied sa propre formation politique, qui verra officiellement le jour le 19 juin prochain, au lendemain du 70 e anniversaire de l'appel du général de Gaulle. Il travaille à un projet présidentiel (avec pour slogan « une République solidaire ») et, à défaut de s'être jamais frotté au suffrage universel, se montre « à l'écoute » des Français, avec un talent qu'on ne lui connaissait pas pour serrer des mains et tâter « le cul des vaches ». Depuis l'automne, il multiplie les déplacements sur le terrain, privilégiant pour l'instant banlieues et zones rurales. Vendredi, il était en Haute-Saône, sur les terres du député villepiniste Michel Raison, à l'occasion de l'assemblée générale des Jeunes Agriculteurs du département. Objectif : séduire les électeurs de droite déçus par Nicolas Sarkozy. Il est crédité par l'Ifop de 6 % des intentions de vote.
ELSA FREYSSENET ET PIERRE-ALAIN FURBURY, Les Echos
Les régionales étant passées, la prochaine échéance électorale sera présidentielle. En se rasant ou en ce maquillant le matin, une seule pensée dans la tête de nos politiques : 2012. A gauche, à droite et au centre, tous les chemins semblent mener à l'Elysée. Mais qui succèdera à Nicolas Sarkozy ?
N'en déplaise à l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui affirme que"la crise des Français" doit avoir la priorité sur"la crise politique", la course à la présidentielle est déjà sur toutes les lèvres.
Les opposants de gauche
Le Parti socialiste a décidé de reprendre son système de primaires mais cette fois-ci élargies à tous les partis de gauche satellitaires voulant y participer. Arnaud Montebourg, chargé de la rénovation du parti, a annoncé que le candidat socialiste devrait être connu à la mi-octobre 2011. Au total cinq candidats pourront se présenter aux primaires, s'ils obtiennent le parrainage et passent la"présélection avant l'été". Le concept n'est pas sans rappeler certaines émissions de téléréalité. Taper 1 pour Ségolène Royal, 2 pour Dominique Strauss-Kahn, 3 pour Martine Aubry, … La cote de popularité du président du FMI pourrait créer des surprises, s'il décide toutefois de quitter Washington. Face à la première secrétaire, la présidente du Poitou-Charentes laissera certainement tomber la fra-ter-ni-té et privilégiera la "bravitude" pour retenter sa chance après la défaite de 2007.
Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG), veut faire bande à part et se voit déjà candidat du Front de Gauche, même si les communistes du PCF ne sont pas prêts de le préférer à la plus discrète Marie-George Buffet.
Le centre revient à la charge
Le président du Nouveau Centre, mouvement centriste rattaché à l'UMP, Hervé Morin pense sérieusement à former un nouveau parti indépendant mais plus ou moins sur la même ligne politique que la majorité présidentielle. Ce parti de centre-droit permettrait de recréer un vivier de voix à la droite lors des prochaines élections, ce qui a cruellement manqué lors des dernières régionales. L'ancien ministre centriste souhaite rassembler la"diaspora centriste" aux dépens du MoDem de François Bayrou en pleine crise existentielle.
Les dauphins de la droite
L'ennemi juré Dominique de Villepin a déjà commencé sa tournée présidentielle alors que son parti ne sera officiellement lancé qu'en juin prochain sous le concept de "République solidaire". L'ancien Premier ministre casse son image trop proprette et parcourt les banlieues et le monde rural, alternant poignées de main aux jeunes et tapes sur le cul des vaches. Le chiraquien n'a plus rien à envier à son modèle. Un autre rescapé de la chiraquie, Alain Juppé,"envisage" de se présenter aux primaires de l'UMP si le chef de l'Etat décidait de jeter l'éponge."Je me sens un homme libre, aujourd'hui je n'ai de comptes à rendre qu'aux Bordelais", a précisé l'ancien Premier ministre, que 65% des Français, selon un sondage Ifop, ne verraient pourtant pas comme "un bon président de la République". Jean-François Copé, le patron des députés de la majorité, ne cache pas ses divergences avec le président et ses ambitions présidentielles. A seulement 46 ans, il pourrait cependant patienter jusqu'en 2017 pour se présenter. Le seul qui pourrait faire face au président d'après de récents sondages, reste le Premier ministre, François Fillon, populaire auprès des sympathisants UMP mais pas seulement. Pour les militants de gauche, le choix est vite fait entre un Sarkozy et un Fillon. L'intéressé, embarrassé par cette soudaine popularité, préfère parler de "science-fiction" que de réelle candidature.
Et Nicolas Sarkozy dans tout ça ?
Beaucoup d'élus de droite tiennent le président pour responsable de la débâcle des régionales."Il doit y avoir d'autres candidats que Nicolas Sarkozy", ose même déclarer le sénateur UMP de l'Orne Alain Lambert, qui a un petit faible pour Alain Juppé. La première dame, Carla Bruni-Sarkozy, ne serait pas non plus très enthousiaste à l'idée de passer 5 ans de plus à l'Elysée. Son père, peintre et écrivain, Pal Sarkozy, tient le même discours. Mais qu'en dit celui qui a tellement rêvé d'être président ? Les rumeurs, les sondages négatifs, les mécontentements face à sa politique ont-ils brisé ses ambitions d'un deuxième mandat ? Lors d'une interview accordée récemment à la chaîne américaine CBS, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il déciderait de sa candidature à la présidentielle de 2012"à la fin de l'été ou au début de l'automne 2011". Que les prétendants au trône s'arment de patience, plus que 24 mois à tenir …