mardi 3 juillet 2012
Journée sans journaux : une "prise d'otages"
Sous les yeux ébahis de l'électeur incrédule, le premier round entre rigueur sociale-démocrate et austérité de droite tourne au match nul. La guerre des chiffres sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, voire deux sur trois, met les deux camps à égalité, déduction faite des 65 000 fonctionnaires d'État recrutés sur cinq ans. Par égard pour les smicards, on passera sous silence le coup de pouce qui devait marquer la différence entre une politique de relance et une gestion conservatrice. Au Medef et à la CGPME, on commence à se demander si les uns ne sont pas les clones des autres. En priant pour que la promesse des réductions de cotisations salariales voie effectivement le jour. Reste le taux d'imposition à 75 % pour quelques footballeurs ou stars du ciné, qu'un savant lissage devrait rendre transparent. Et, sans doute, une brassée de taxes. Mais, en la matière, ni la droite, ni la gauche n'a le monopole de l'imagination.
L'indice TCC 2012 (Total Taxes et Cotisations, qui fait la somme des taxes, impôts et cotisations sociales rapportée au chiffre d'affaires des entreprises) est de 9% pour les grosses entreprises contre 12,22% pour les PME. «Plus la taille de l'entreprise est grande, plus elle peut imposer ses marges et rentabiliser son chiffre d'affaires», précise Hervé Estampes, directeur général de Lowendalmasaï France, qui a piloté cette étude réalisée de février à juin à partir des données publiées par plus de 15.000 entreprises. «Bien que plus rentables, les grandes entreprises sont pourtant proportionnellement moins imposées».
Différence par secteur
L'étude montre aussi que la pression fiscale varie selon le segment d'activité. «Dans certains secteurs, comme la chimie ou l'industrie pharmaceutique, les écarts d'Indice TTC sont spectaculaires puisqu'ils peuvent aller de 1 à 10 entre les plus grands groupes et les PME», explique l'étude. D'après le cabinet, l'écart s'explique par «une très forte différence» en matière d'impôt sur les sociétés (IS), mais également, «par une plus grande utilisation des niches fiscales et sociales».Ainsi, les secteurs de la banque, l'énergie, la défense ou l'aéronautique subissent comparativement un poids d'impôt sur les sociétés plus important. L'automobile, l'agroalimentaire ou la distribution, où les marges sont plus faibles, sont globalement moins taxés. «Il faut sans doute y voir une conséquence de la suppression de la taxe professionnelle, ou la mobilisation de différentes options fiscales favorables, comme le report de déficits antérieurs». Enfin les secteurs d'activité dont la rentabilité est variable voire aléatoire, comme la chimie, l'industrie pharmaceutique, les services ou les médias sont «clairement davantage taxés».
Dans ce contexte, le cabinet délivre un conseil aux entreprises: «rester particulièrement vigilantes aux évolutions règlementaires».
Cour des comptes : "C’est de sa faute, M’sieur !"
François Hollande avait demandé un audit à Didier Migaud,
Président de la Cour des Comptes. Le rapport remis le 30 juin va
permettre d'annoncer un train de mesures de rigueur, tout en accablant
"l'imprévoyance" du précédent gouvernement.
Nous nous y attendions, voici qu’arrive la grande explication, la grande justification, l’excuse imparable : « La situation est pire que ce que nous croyions ! »
François Hollande avait demandé à son ami socialiste et Président de la Cour des Comptes Didier Migaud un audit. Il s’agit du Rapport sur la situation des finances publiques
et il est, depuis le 30 juin 2012, sur le bureau du Président de la
République. Peu de surprises et beaucoup de mauvaises nouvelles au menu.
Tout d’abord, il manque entre 7,5 et 8 milliards d’euros pour tenir
l’objectif de réduction du déficit auquel le gouvernement Fillon s’était
engagé et que Moscovici a réaffirmé pour cette année. Déficit de 4,5%
du PIB. Nous verrons plus loin à quoi cela correspond exactement et
comment le gouvernement Ayrault compte s’y prendre. En tous cas, cela
passera par d’importantes hausses d’impôts qui seront annoncées mercredi
au Conseil des ministres et que nous avons déjà eu l’occasion
d’évoquer. Au fil des pages, Didier Migaud, bien obligé, se permet
quelques recommandations sur les économies à faire.
Il faut dire que la situation n’est pas brillante. Commençons par une photographie.
Au premier trimestre de cette année, entre le 1er janvier et le 31 mars, donc, la dette publique de la France a augmenté de 72,4 Mds € ! dont 46,8Mds au titre de l’État.
Ceci nous amène donc au niveau d’endettement suivant :
- 1 381,9 Mds € de dette au titre de l’État
- 236,6 Mds € de dette au titre des administrations de sécurité sociale
- 160,9 Mds € de dette au titre des administrations publiques locales
- 10 Mds € au titre de certains organismes liés à l’administration centrale
D’aucuns vous diront que ces 1 789,4Mds€ ne représentent « que » 89,7% du PIB. C’est oublier, erreur que ne commettent pas les lecteurs avertis de Contrepoints, que la dette se rembourse avec les recettes de la sphère publique et non avec le Chiffre d’Affaires de la France. Ainsi, les 1 381,9 Mds € de dette au titre de l’État représentent plus de six ans de recettes de l’État (219,6 Mds €). Chercher à maintenir le déficit du budget de cette année à 4,5% du PIB, c’est générer 90 Mds € de déficit supplémentaire dont 78 au niveau de l’État.
Cette situation catastrophique ne tient que dans la mesure où Jean-Marc Ayrault réussit à assurer les engagements de la France. Pour ce faire, il manque des recettes dans les caisses de l’État : la TVA rentre mal, ainsi que l’impôt sur les sociétés, dont les estimations sont jugées surévaluées. L’économie est en panne. Le gouvernement aurait calé sa prévision de croissance 2012 sur celle de l’Insee, soit +0,4%. Prévision estimée optimiste par bon nombre d’observateurs y compris la Banque de France. Dans tous les cas, le budget ayant été établi sur des perspectives de +0,5%, des mesures de rigueur et d’économies s’imposent.
Certains éléments du budget de cette année vont servir de prétexte pour justifier les mesures qui se préparent. Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a ainsi découvert au moins 1,5 milliard d’euros de dépenses mal financées par ses prédécesseurs. Par exemple, la prime de Noël pour les allocataires du RSA et diverses mesures de solidarité feraient défaut pour 300 millions d’euros, 200 millions d’euros de baisses de charges promises aux agriculteurs n’auraient pas été provisionnées, ainsi que des bourses aux étudiants, des programmes pour l’hébergement d’urgence, et, de façon plus classique, des dépenses militaires. Même si tout cela ne fait le compte des économies nécessaires, même si d’autres dépenses dues aux promesses électorales sont à prendre en compte et augmentent encore le déficit, l’axe de communication du gouvernement sera celui là. « L’imprévoyance » du gouvernement précédent est la cause des mesures à prendre.
Afin de ne pas être accusé de laxisme, le gouvernement présentera certainement un plan visant à geler les budgets de fonctionnement des ministères, voire à en réduire certains. Jean-Marc Ayrault s’apprête donc à confisquer aux ministres une enveloppe variable selon leur portefeuille. La Défense sera le plus touché.
Mais, comme nous le savons déjà, les principaux « efforts » (élément de langage utilisé par l’exécutif pour parler de rigueur) seront demandés aux contribuables. Nous l’avons déjà évoqué dans d’autres articles : l’ISF sera rétabli dans son régime antérieur, le régime des droits de succession sera durci, une nouvelle taxe s’appliquera aux dividendes. Il semblerait qu’une nouvelle mesure soit en préparation : les bénéficiaires de primes d’intéressement et de participation (7 millions de personnes) verront le forfait social passer de 8% à 20%. Comme nous l’avons déjà évoqué, les augmentations de charges et augmentations fiscales prévues sur les entreprises risquent quant à elles de ne pas permettre un redécollage de l’économie.
Bref, contrairement à ce qu’il avait annoncé, le gouvernement est contraint de prendre des mesures d’économies lourdes concernant le fonctionnement de l’État et des mesures fiscales importantes concernant les contribuables. Et ce d’autant plus que le Président Hollande s’est engagé vis-à-vis de Madame Merkel à faire adopter la règle d’or et à respecter le pacte d’équilibre. C’est à cette condition unique que la dame de Berlin a consenti à un effort sur un éventuel plan de relance européen.
Yannick Noah et Guy Forget : Éloge de la fraude fiscale
Guy Forget et Yannick Noah ont brillamment plaidé la cause
des pauvres riches. Des plaidoiries qui appellent plusieurs remarques.
Des fraudeurs, des corrompus ? Pas du tout, des Français honnêtes,
condamnés à fuir le pays qu’ils ont tant honoré par leurs exploits sur
les courts de tennis. Entendus cette semaine par la Commission d’Enquête
du Sénat, nos deux compères ont avancé des arguments imparables. Guy
Forget a expliqué que la carrière d’un sportif de haut niveau est très
courte ; il gagne beaucoup d’argent mais pendant très peu de temps.
Yannick Noah paye maintenant ses impôts en France parce qu’il chante en
France, où il perçoit 80 % de ses revenus, alors que dans le passé
c’était sur les courts du monde entier qu’il gagnait son argent. L’un et
l’autre sont arbitrairement poursuivis par le fisc français pour
quelques centaines de millions d’euros.
Ces plaidoiries appellent plusieurs remarques :
1° Ces sportifs de haut niveau ont une faible culture économique :
ils ne savent pas que la précaution la plus élémentaire quand on touche
des gains qui sortent de l’ordinaire est de les placer, puis de vivre
ensuite des revenus permanents du patrimoine ainsi constitué. Il est
vrai que vivre de ses rentes est une sale habitude de bourgeois
capitalistes.
2° Ils ont tout de même conscience qu’il existe des paradis fiscaux,
et vivre en Suisse pour y préserver son argent n’a rien de choquant.
Noah a d’ailleurs précisé qu’il ne conseille pas à son fils,
actuellement basketteur aux États-Unis, de payer ses impôts en France.
Voilà donc un authentique socialiste militant converti en ultra-libéral
partisan de la concurrence fiscale.
3° Enfin, et c’est là l’essentiel, le matraquage fiscal des riches
conduit aujourd’hui à distinguer les bons et les mauvais riches. La
« richophobie », dénoncée par Jean Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin (À quoi servent les riches, Lattès éd.) doit
épargner les footballeurs, tennismen, chanteurs, journalistes,
politiciens et autres vedettes. Elle doit être réservée aux
entrepreneurs et à tous ceux qui ont créé quelque bien être pour la
communauté nationale. Ceux-là sont de pauvres riches, ceux-ci sont des
riches scandaleux qui se réfugient dans les paradis fiscaux eux-mêmes
scandaleux.
Évasion ou optimisation fiscale : Yannick Noah le poisson au sénat
Yannick Noah s'est contorsionné devant la commission du sénat avec son compagnon de fortune Guy Forget tout en trahissant un goût pervers pour le fisc-fucking.
Nous nous étions déjà bien amusés avec les premiers tortillements gênés des artistes au coeur rose lorsque François Hollande avait craché du 75% de spoliation en pleine soupe électorale et montré des fiscrocs plus acérés mais moins jaunis que ceux de Mélenchon.
Aujourd'hui, c'est Yannick Noah qui nous régale. L'ex-sportif nouvel artiste s'est contorsionné avec brio le 19 juin devant la commission du sénat avec son compagnon de fortune Guy Forget pour expliquer pourquoi l'amour de la France et de la solidarité nationale n'avait pu les empêcher de s'installer en Suisse.
En tennis les carrières sont courtes. Dix ans au maximum pour les meilleurs. C’est pour cela qu’il est indispensable d’optimiser ses revenus.L'optimisation de revenus et la gestion de carrière. Capitaliser. Rien de bien exceptionnel dans le registre du bon sens. Pauvre Guy Forget, ce sont pourtant des notions tellement inconnues, tellement lointaines, tellement incomprises dans un pays de rebelles d'opérette, prêts à s'agglutiner à Bastille pour crier à en perdre mauvaise haleine contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la création de valeur et de richesse dont ils exigent évidemment de profiter sans honte, encouragés par des armées de pignoufs économiquement inaptes uniquement motivés par l'appât du gain électoral avec indemnités parlementaires juteuses.
Yannick Noah est resté plus minimaliste en faisant de la justification dans les tons pastels :
Avoir un petit matelas de côté permet alors de pouvoir faire vivre sa famille.Tout le débat finalement c'est la taille du matelas selon les standards internationaux : 200 x 200 king size latex made in Swiss en suite confort ou 70 x 190 made in France pour lit de camp rouillé, tâches fiscales éjaculatoires en sus.
Mais dans sa revendication permanente d'appartenance éternelle à la gauche fraternelle (ou le contraire, ça joue aussi, comme disent les Suisses) Yannick Noah se laisse aller à des déclarations qui trahissent un goût pervers pour le fisc-fucking :
Il me semble juste que quelqu’un qui gagne autant d’argent soit amené à partager.Une vision du juste et de la morale bonne à se faire exploser le ciboulot à coup de raquette ou à se pendre sur une chaise d'arbitre avec le filet. Le tout servi par une rhétorique vénéneuse qu'on choppe au contact du politico-démago plus facilement qu'une MST et qui transforme la coercition en douce incitation, voire en douce invitation au paradis de l'argent des autres gratuit pour tous.
Depuis qu'il s'est mis à la chanson, Yannick Noah fait une carrière musicale en France et paye donc des impôts en France sur le fruit de ses
Euro : la preuve des défaillances du constructivisme
En mettant un doigt dans l’euro, les bras ont été entraînés dans
un engrenage constructiviste (union budgétaire, intégration politique,
super-État européen…) qui ressemble plus à une fuite en avant débridée
qu’à une construction raisonnée et maîtrisée.
L’Europe sort-elle renforcée de son dernier sommet salué par tous
comme un succès inattendu ? La zone euro pourra-t-elle continuer à
s’élargir alors qu’elle est menacée dans ses fondations même ? Faisons
un rapide état des lieux de l’Union Européenne (U.E.) - laquelle compte
27 États-membres dont 17 font partie de la zone euro - à l’aune des
critères de Maastricht.
Concernant le déficit public, seuls 4 pays respectent le critère des 3% du PIB. Deux sont même en excédent (Estonie et Suède) tandis que les déficits les plus élevés se trouvent en Irlande (31,3%) et en Grèce (10,6%).
Concernant la dette, 14 États membres affichent un ratio de dette publique supérieur à 60% du PIB parmi lesquels la Grèce (165,3%), l’Italie (120,1%), l'Irlande (108,2%), le Portugal (107,8%), la Belgique (98,0%) et la France (85,8%).
Enfin, les taux d'intérêt sont déterminés par les pays ayant eu l'inflation la plus faible. C’est notamment le cas de l'Irlande. Mais du fait de la crise financière qui a frappé ce pays, ses taux d'intérêt se sont élevés à 9,6% en 2011. Du même coup, la moyenne autorisée par le critère de Maastricht s’est établie à 7,57%, ce qui permet à 24 pays sur 27 de remplir le critère du taux d’intérêt. Les trois pays restants sont la Grèce, la Hongrie et le Portugal. Sans cet effet « Irlande », plus de la moitié des pays n’aurait pas respecté ce critère [1].
Ce que l’on sait moins, c’est que le respect scrupuleux des critères budgétaires (déficit, dette) suppose une croissance économique supérieure à 3% et des taux d’intérêt autour de 2%, des conditions qui n’ont jamais été réunies ces dix dernières années. La monnaie unique a été bâtie sur des hypothèses de croissance très optimistes qui ne se profilent pas à l’horizon. Du coup, alors que l’Euro devait nous prémunir de toutes les dérives – c’était bien l’argument des partisans de Maastricht - dettes et déficits se sont accumulés : la monnaie unique n’a pas été le rempart aux dérives budgétaires.
Cette situation a conduit certains experts à affirmer que l’Europe ne constituait sans doute pas une « zone monétaire optimale », ce qui condamne tout processus d’intégration monétaire à l’échec [2]. Pourquoi donc imposer une monnaie unique au sein d’une zone qui ne remplit pas les conditions de sa réussite ? Peut-être a-t-on considéré que l’intégration monétaire allait transformer une zone a priori hétérogène en un ensemble cohérent ayant a posteriori les caractéristiques d’une « zone monétaire optimale ». Dans cette perspective, la « zone monétaire optimale » devenait non plus la condition mais le résultat du processus d’intégration monétaire.
Encore une fois, tout dépend de la capacité (et donc de la crédibilité) des gouvernements à respecter leurs engagements, notamment en matière budgétaire où ils sont encore souverains. Mais si des gouvernements souverains se montrent incapables de maîtriser leurs finances publiques, alors il reviendra à Bruxelles de contrôler les budgets nationaux. Mise sous tutelle pour les uns ou transfert de souveraineté pour les autres ? C’est en tout cas la position allemande qui ne conçoit pas une intégration monétaire viable sans une union budgétaire approfondie. Autrement dit, soit on abandonne l’euro, soit on abandonne sa souveraineté budgétaire.
Comme aucun gouvernement n’est prêt à prendre la responsabilité de la fin de l’eurozone (considérée comme un processus irréversible), on se dirige inéluctablement vers un approfondissement du processus d’intégration européenne qui prendra nécessairement une dimension politique. Et c’est bien ce qui s’est dessiné jeudi dernier à l’occasion du 19ème sommet européen depuis la crise grecque.
Parallèlement à ces discussions, ce sont les spécificités nationales - voire les fractures ou les divisions - qui s’affirment au sein de la zone euro. Dans ces conditions, difficile d’envisager un élargissement. Certains dirigeants ont alors proposé d’assouplir les critères de Maastricht tout en remettant en cause le statut et les objectifs de la B.C.E. Mais cela reviendrait à relâcher la discipline au cœur du projet d’intégration monétaire en prenant le risque de miner davantage la crédibilité de l’euro, déjà bien compromise par le non-respect des critères de convergence.
De fait, la zone euro souffre aujourd’hui d’une dérive des finances publiques sur fond de crise de la dette, de croissance molle et de chômage croissant qui appellent de profondes réformes. Ces fléaux menacent sa cohésion voire son existence, surtout si les pays non-vertueux parviennent à imposer leurs exigences aux pays les plus vertueux, en réclamant notamment une mutualisation des dettes qui pourrait être la porte ouverte à de nouvelles dettes. Il est vrai qu’au-delà d’un certain niveau d’endettement, ce sont les créanciers qui se retrouvent à la merci des débiteurs [3].
Force est donc de constater que la monnaie unique n’a pas été la baguette magique tant attendue par les rédacteurs du traité de Maastricht, surtout quand les gouvernements ne se sentent plus engagés aujourd’hui par les traités qu’ils se sont empressés de signer hier [4]. Comment croire alors, dans ce contexte, qu’ils seront capables de respecter dans le futur les engagements pris à l’occasion de nouveaux traités (pacte de stabilité, pacte de croissance, règle d’or…) ? En mettant un doigt dans l’euro, les bras ont été entraînés dans un engrenage constructiviste (union budgétaire, intégration politique, super-État européen…) qui ressemble plus à une fuite en avant débridée qu’à une construction raisonnée et maîtrisée.
Au moment où il est de bon ton de s’interroger sur les défaillances des marchés, ce constat pose la question de la solidité et de l’efficacité des régulations économiques que les gouvernements veulent inscrire dans les traités internationaux.
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Sur le web.
Lire aussi : Euro : la preuve des défaillances du constructivisme (1)
- Ce choc « Irlande » illustre le fait que quand un pays vertueux l’est moins, alors des pays non vertueux sont considérés comme vertueux. Ce problème d’ancrage des critères pose la question de la stabilité de la zone euro dans son ensemble. ↩
- La théorie de la « zone monétaire optimale » a été fondée dans les années 60 par l’économiste Robert Mundell, ce qui lui valu le prix Nobel d’économie en 1999. Il est aujourd’hui considéré comme le père spirituel de l’Euro. Voire Mundell R. (trad. de Damien Fréville et Christophe Morel), « Une théorie des zones monétaires optimales », in Revue française d'économie, Volume 18 N°2, 2003, pp. 3-18. ↩
- C’est ainsi que, jeudi dernier, l’Espagne et l’Italie ont menacé de faire exploser l’euro pour obtenir l’aide de leurs partenaires (et faire plier l’Allemagne). Reconnaissons tout de même que les gouvernements italiens et espagnols ont entrepris de profondes réformes visant à s’attaquer aux causes des déficits comme le demandait le gouvernement allemand. ↩
- « Les faits ont donc condamné l'utopie qui prétendait faire converger l'économie des pays de l'euroland et leur gestion politique par la seule union monétaire », Thomas Silberhorn, député CDU au Bundestag, conférence de l’Institut Turgot à l’Assemblée nationale, le 16 novembre 2011. ↩
Les «Amis de Nicolas Sarkozy» peuvent récolter des fonds
L'association lancée en mai dernier par plusieurs sarkozystes se
pare de tous les atouts d'un parti politique, avec une branche chargée
du financement. Simple question pratique, répondent ses membres, qui
nient la création d'une force politique.
Enfin détendu, il laisse à l'autre nabot le soin de foutre la France en l'air |
Avec cette structure, «Les Amis de Nicolas Sarkozy» vont pouvoir récolter des fonds, autre que les cotisations de leurs adhérents. Chaque année, l'association pourra ainsi recevoir des dons de personnes privées, à hauteur de 7500 euros maximum par personne. Ses comptes seront également visés, année après année, par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. C'est l'ancien secrétaire d'État à la Coopération, Alain Joyandet, qui gèrera l'enveloppe financière, tandis que Brice Hortefeux, l'ami de toujours de Nicolas Sarkozy, gardera la main sur l'association chargée d'intervenir dans le débat public.
Une réunion en août à Nice
Toutefois, pour Roger Karoutchi, cette nouvelle structure «n'a pas pour objet d'être une force politique». «La création d'une association de financement va nous permettre de faire fonctionner la machine, si on doit par exemple imprimer des documents à diffuser, explique au Figaro le sénateur UMP, qui précise que cette initiative est faite «en amitié et en affection avec l'ancien président».Mardi, les «Amis de Nicolas Sarkozy» se sont réunis pour la seconde fois à l'Antre Amis, un restaurant situé dans le XVe arrondissement de Paris. C'est là qu'ils avaient officiellement lancé en grande pompe l'association, le 31 mai dernier. Le message de Brice Hortefeux était alors clair: les retrouvailles des sarkozystes sont «amicales et affectives et en aucun cas une initiative ‘politique ni politicienne'». Si les éléments de langage restent les mêmes aujourd'hui, l'association a consolidé ses statuts. Une première grande réunion aura lieu les 23 et 24 août prochain à Nice, la ville du secrétaire général de l'association, Christian Estrosi. «La première journée sera consacrée aux membres fondateurs, qui réfléchiront au programme des mois à venir, et la seconde à tous les militants et Français qui souhaitent apporter leur soutien à l'action menée par Nicolas Sarkozy pendant cinq ans», indique au Figaro le maire de Nice.
Une rencontre qualifiée d'«amicale» par Roger Karoutchi et qui devra définir les grandes thématiques abordées lors de colloques à partir de la rentrée: les cinq ans de Nicolas Sarkozy en matière de fiscalité, de sécurité… La politique étrangère de l'ancien chef d'État devrait être le premier sujet abordé.
Rapport de la cour des Comptes : violente passe d'armes entre le PS et l'UMP
Illustration de l'époque "AntiSarkozyste" qui fut générale entre 2007 et 2012 |
Fausse intégration, vraie désintégration
Quand on défend une certaine idée des Français, on finit par être accusé de racisme
Je ne me rappelle plus quand je suis devenu passible de l’accusation
de racisme, mais je dois me rendre à l’évidence : en observant ce que
notre société dénonce et condamne aujourd’hui comme tel, je réponds aux
critères. Cela n’a pas toujours été le cas.
J’en garde un vague souvenir mais, vers l’âge de 12 ans, j’ai été bouleversé par la lecture de Black Boy,
histoire d’un petit garçon noir grandi aux États-Unis écrite par
Richard Wright, dans laquelle je m’étais plongé un peu par erreur,
confondant l’auteur avec son homonyme, clavier des Pink Floyd. L’un des
premiers romans où je trouvais un frère, une âme proche, l’histoire
d’une solitude, d’un isolement qui avait touché l’adolescent introverti
que j’étais alors. Plus tard, je découvris Chester Himes, dont je lus
quelque temps les enquêtes policières menées par ses deux fameux gros
flics de Harlem, avant de réaliser, avec ses récits plus
autobiographiques, dont S’il braille, lâche-le !, témoignage
poignant d’un racisme vécu, que l’auteur était noir. Je me souviens
encore d’un voyage en Afrique, des pistes du Bénin et du Niger où, tassé
dans un taxi-brousse avec beaucoup plus d’Africains que le minibus
pouvait en contenir, j’étais ballotté et ravi. Enfin, je n’oublie pas
les nombreux compagnons de travail noirs ou arabes croisés sur des
chantiers, le lien tissé sans dire un mot par le labeur partagé,
infiniment plus engageant que celui qui me rapprochait du client ou de
l’architecte, pourtant « frères » de couleur. Étais-je raciste alors ?
Sans doute non. Le suis-je devenu ? À entendre les antiracistes, il
semblerait que oui.