TOUT EST DIT

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mardi 14 janvier 2014

BANCO, PATRON !

BANCO, PATRON !


L e 2 avril dernier, Jérôme Cahuzac avoue ses mensonges et sa fraude fiscale. Un cataclysme pour François Hollande. Ce jour-là, est prévue à l’agenda élyséen la remise de la grande croix de la Légion d’Honneur à l’ancien patron des patrons Yvon Gattaz. Le président décore le récipiendaire en reprenant sa formule : « Le talent de la gestion, c’est la gestion des talents ». En 1981, le choc entre François Mitterrand et ce représentant viril du CNPF fut frontal avant que les deux hommes ne trouvent la voie de la sagesse. Trente-deux ans plus tard, on refait le match, la croissance en moins. Mais en son absence, la confiance peut faire la différence. Dans ses vœux, le chef de l’État vantait son « pacte de responsabilité », Yvon Gattaz a répondu trois fois banco. Hier, il a surenchéri, promettant un million d’emplois dans les cinq ans contre 30 milliards d’allégements de charges. Le pari, audacieux, est lancé dans l’euphorie de son retour du salon des futurs à Las Vegas où il a été bluffé par l’audace de jeunes exposants français. Hier, Airbus a aussi battu tous les records de l’Histoire aéronauti-que avec 5.559 avions en com-mande, 8 ans de travail sur la planche ! Il devient rare ces temps-ci de croiser le « made in France » sur un tel nuage !
En redescendant de sa garçonnière, François Hollande pourrait en profiter pour se montrer à la hauteur du défi.

Les caleçonnades de Hollande

Les caleçonnades de Hollande


Après la quenelle, il fallait un plat léger. Les Français pensaient le président de leur pays en crise accaparé par ses fonctions et ses charges, obnubilé par le sort de la France et des Français, le chômage, les licenciements, les hausses d’impôts, la pauvreté, consacrant toute son énergie et chaque minute à redresser le pays et à corriger ses catastrophiques résultats. Pensez-vous ! Ils apprennent que François Hollande pense tout à fait à autre chose, a suffisamment de temps libre pour se consacrer à sa « love affair » avec une actrice, gérer un vaudeville familial et le gros coup de mou de Valérie Trierweiler qu’il a imposée comme la première dame de France. Cette dernière a été hospitalisée trois jours pour « une chute de tension ». Selon certaines sources, ce serait une surdose de médicaments. On est reparti dans le psychodrame de soap-opera présidentiel. C’était bien la peine de critiquer Sarkozy et d’affirmer qu’il fallait « mener sa vie privée à l’abri des médias ».
Quand on apprend en plus que l’appartement dans lequel le président retrouve Julie Gayet (ne cherchez pas, la filmographie de cette jeune gauchiste contrairement à sa vie privée, est totalement confidentielle) a selon Médiapart, était prêté par un bandit corse (dont la compagne est une amie de Julie Gayet), il y a un certain nombre d’implications qui se posent quand même sur la sécurité du chef de l’Etat lors de ses escapades à scooter. Qu’en dit Manuel Valls ?
Frais de la princesse
Valérie Trierweiler est-elle toujours première dame de France ? Est-il normal qu’elle reste désormais à l’Elysée aux frais du contribuable avec ses quatre collaborateurs affectés à son service pour une rémunération mensuelle de plus de 20 000 euros, sans parler de tous les voyages, séjours, avantages acquis et frais divers, prélevés sur les finances de l’Etat ? De même est-il normal que l’appartement personnel de Hollande et Trierweiler qu’ils n’occupent plus depuis des semaines et pour cause, soit gardé en permanence par deux plantons aux frais de la République ?
Est-ce que les contribuables doivent maintenant entretenir aussi Julie Gayet sur le même pied ? Jusqu’à quand la République doit-elle assurer tous les défraiements de la romance présidentielle comme ces rendez-vous galants encadrés de gardes du corps (qui apportent les croissants au petit-déjeuner selon Closer) rémunérés sur les fonds publics ? Pendant ce temps vous et moi payons la dette du pays…
Si cela peut un peu consoler Valérie, les Français ont un point commun avec elle. Celui d’avoir été cocufiés pendant deux ans. Il y aura du monde à Paris le 26.

Le quinquennat Hollande sous le signe de Feydeau

Le quinquennat Hollande sous le signe de Feydeau


Pour la deuxième fois en dix-huit mois, François Hollande voit sa vie privée bouleverser son action politique. Une situation qu'il semble avoir du mal à gérer. 

A ce rythme-là, le quinquennat de François Hollande va se terminer sur les planches d'un théâtre de boulevard. Avant même d'en avoir bouclé la première moitié, il a déjà donné la réplique dans deux vaudevilles : Madame tweete ! et La Garçonnière.  
Le 12 juin 2012, Valérie Trierweiler affiche, sur Twitter, son soutien à Olivier Falorni, candidat dans la circonscription législative de La Rochelle face à Ségolène Royal investie par le PS. Malgré lui, le chef de l'Etat se trouve entraîné dans un triangle amoureux, qui fera prospérer pendant des semaines un sketch des Guignols de l'info -Hollande en mari tyrannisé par ses ex et actuelle compagne. Le 10 janvier 2013, changement de distribution: autour de François Hollande de pousser Valérie Trierweiler sur la scène d'un Feydeau. Et là, ce sont les médias étrangers qui évoquent "des portes qui claquent comme dans une farce française".  
Ces comédies ne font évidemment pas rire François Hollande. Cette situation où vie publique et privée se télescopent est particulièrement inconfortable pour un président qui se voulait normal. Dans L'Homme sans com' de Denis Pingaud, le chef de l'Etat évoquait la difficulté de sa fonction et l'un de ses paradoxes: "Je suis le président de la République. Ma personnalité ne peut pas transgresser ma responsabilité (...) D'un côté, les Français estiment à juste raison que le chef de l'Etat doit avoir une forme particulière d'expression, de démarche, de mouvement. De l'autre, ils veulent en savoir toujours davantage sur l'homme, sa vie personnelle, qui il est, comment il vit." 

Le silence ou la communication?

A-t-il résolu cette contradiction ? On se le demande. Dans le cas du tweet de Valérie Trierweiler, la stratégie avait été de garder le silence. Le 14 juillet, François Hollande avait lui-même affirmé que"les affaires privées se règlent en privé". Sa compagne s'était expliquée plus longuement trois mois plus tard dans un entretien àOuest-France. Un sondage mené par Harris Interactive pour VSDà ce moment-là soulignait une forte dégradation de l'image de la Première dame (29% de bonnes opinions) mais un Président maintenu à l'écart du vaudeville.  
La publication des photos du Gayetgate dans Closer aurait pu appeler le même silence. Au contraire, François Hollande a pensé qu'il pouvait réagir en tant que citoyen, et non en tant que président, contredisant ce qu'il expliquait lui-même à Denis Pingaud quelques mois plus tôt. Dans un bref communiqué, il en a ainsi appelé au respect de sa vie privée.  
A la suite de cette réaction, deux écoles s'opposent dans la majorité: une minoritaire qui conseille au chef de l'Etat une clarification de la situation avant la conférence de presse de ce mardi et une majoritaire qui préconise de ne rien dire. "Résiste aux journalistes", lui glisse un proche cité par Le Figaro. Mais, un nouveau rebondissement donne une nouvelle direction à l'intrigue.Dimanche, Le Parisien révèle l'hospitalisation de Valérie Trierweiler. L'Elysée confirme la nouvelle. Et la commente parlant d'un "gros coup de blues". Son conseiller Patrice Biancone, explique au Figaro que la compagne de François Hollande "a besoin de repos. L'après, c'est une autre histoire".  

Les Français n'aiment pas "l'affichage de la vie privée"

L'illusion de pouvoir traverser cette tempête en serrant les dents est tombée. La présidence de la République a parlé. Le Président va devoir le faire lui-aussi. Une situation que les Français goûtent peu. Car s'ils sont accrochés au principe du respect de la vie privée -84% des Français jugent que les photos de Closer ne changent rien à leur perception du chef de l'Etat d'après un sondage Ifop pour le JDD- ils ont déjà montré par le passé un agacement quand le Président évoque lui-même sa vie privée.  
En février 2008, Nicolas Sarkozy avait subi une chute de 13 points de sa cote de confiance dans un sondage LH2 pour Libération. En cause, sa politique économique mais aussi ses commentaires sur sa propre histoire d'amour avec Carla Bruni. "L'affichage de la vie privée" était désapprouvée par 76% des Français sondés. Au même moment, l'Ifop estimait que 65% des personnes interrogéesjugeaient que l'image de Nicolas Sarkozy n'avait pas changé (-21 points par rapport au mois précédent)  
Autrement dit, pour limiter les dégâts, mieux vaut s'en tenir au silence, s'abriter derrière le respect de la vie privée et éviter que la situation ne vire au feuilleton. C'est mal parti pour François Hollande.  


Monsieur le président... ? Les questions auxquelles François Hollande devrait répondre pour que sa conférence de presse puisse réellement impulser un nouveau départ pour la France


Le grand rendez-vous politique de ce début d'année se tient aujourd'hui à l'Elysée. Atlantico en profite pour poser les questions qui fâchent (vraiment) sur l'état de la France en cette année 2014. Vie privée, virage social-libéral, pacte de responsabilité, réduction des dépenses publiques et relations franco-allemandes : François Hollande n'y coupera pas.

 Le virage social-libéral annoncé lors des vœux du 31 décembre 

Christophe de Voogd : En quoi ce fameux virage s'accorde-t-il avec les mesures qui ont été votées en cette fin d'année ?
En effet, les mesures prises au niveau budgétaire ainsi que la nouvelle loi sur la création des métropoles permettent de s'interroger sur l'application d'une telle doctrine, tant sur le plan de la "simplification" que sur celui de la responsabilité fiscale en termes de réduction des impôts. Nous avons ainsi déjà eu droit à des promesses de simplification du "mille-feuilles administratif" et pourtant l'Elysée a depuis rajouté des couches sur un système déjà bien complexe. Les décisions prises sur l'année 2014 semblent effectivement, pour l'instant, se trouver à contre-courant de ce qui a été annoncé.
Jérôme Sainte-Marie : Pensez-vous que le fait de mener une politique de l’offre ne vous aliénera pas définitivement le soutien de vos propres électeurs ?
Depuis les vœux aux Français, François Hollande a pris un risque calculé, celui d’assumer publiquement une ligne politique suivie à petits pas depuis son élection. En réalité, la messe fut dite dès l’intervention télévisée du 9 septembre 2012, lorsque François Hollande se donne deux ans pour redresser l’économie du pays avant d’entreprendre les chantiers du changement social.
Une étape symbolique a cependant été franchie le 1er janvier, avec l’annonce d’un cours nouveau.  Dire que l’on souhaite la réduction du poids de l’Etat, donc de la dépense publique, et partant du nombre de fonctionnaires, n’est pas rien lorsque l’on sait que 63 % des salariés du public ont choisi François Hollande le 6 mai 2012. De la même manière, chez ceux qui dépendent peu ou prou de pensions ou aides diverses, l’inclination au vote à gauche est très nette. Ce qui oblige désormais le député Christophe Caresche a déclarer que "le parti socialiste doit mettre de côté son clientélisme électoral".
Des sondages peuvent montrer que les Français approuvent le « pacte de responsabilité » : qui serait contre le renforcement de la compétitivité des entreprises, qui plus est au nom de l’emploi ? Ceci pèsera peu lorsque des coupes franches seront opérées dans les dépenses publiques et qu’un effort accru sera demandé aux salariés. La sanction risque alors de ne pas être prioritairement dans les études d’opinion – un sondage récent montrait que si François Hollande baissait à gauche, il progressait à droite – mais dans les urnes, et ceci dès les prochaines élections municipales. 
Il est difficile aujourd’hui de ne pas songer aux propos du mentor du jeune François Hollande, Jacques Delors, lors de sa renonciation publique à l’idée d’être candidat à l’élection présidentielle, face à Anne Sinclair, le 7 décembre 1994.  Certain que même s’il était élu, il n’aurait pas une majorité pour mettre ses propres solutions à l’œuvre, il préféra se retirer du jeu.  L’actuel Président peut difficilement croire qu’il y a pour sa politique une majorité à gauche, mais a visiblement davantage foi en la liberté donnée par les institutions à celui occupant le pouvoir suprême.
Nicolas Goetzmann : Le virage social libéral, qui peut être assimilé à une politique de l'offre, est il réellement opportun alors même que le contexte macro économique démontre précisément que l'économie souffre essentiellement d'un problème de demande intérieure ? 
La politique économique européenne repose aujourd’hui sur une austérité monétaire combinée à une austérité budgétaire. Le "virage" social libéral semble confirmer cette position pour la France. Et ce, alors même que le "policy mix" le plus efficace repose clairement sur une contraction budgétaire et une relance monétaire (Etats Unis par exemple). Si la relance monétaire n'est pas mise en place, le virage social libéral ne pourra avoir à lui seul que des effets récessifs, comme cela a été le cas en Espagne par exemple.
Christophe De Voogd : Quel est concrètement le soutien politique à cette réorientation économique ?
Nous savons déjà qu'il n'existe pas de majorité au Sénat sur le sujet et il me semble difficile de faire passer un tel projet à l'Assemblée, en particulier auprès de l'aile gauche du Parti Socialiste. On peut ainsi se demander si l'exécutif ne sera pas forcé d'avoir recours aux ordonnances pour "forcer" sa majorité à marcher d'un seul pas. L'affaire ne semble pas en soi injouable puisque le timing politique joue en sa faveur : dans une conjoncture pré-électorale, M. Hollande pourrait ainsi jouer de cette "arme nucléaire" qu'est la dissolution pour dissoudre toute volonté de fronde au sein du PS. En revanche il semble logique qu'au lendemain des élections municipales et régionales, les Verts sortent de la majorité gouvernementale si ce virage social-libéral est confirmé dans les faits.

 Le respect de la vie privée 

Fabrice Epelboin : Vous avez rappelé il y a peu le principe du respect de la vie privée, à juste titre d'ailleurs. Ne faut-il pas s'inquiéter en conséquence de l'intrusion dans la vie privée de millions de Français des services de surveillance policière ?
L’intrusion dans la vie privée présidentielle commise par Closer donne l’occasion de poser sous un jour nouveau la société panoptique que nous concoctent les représentants du peuple.
Il fut un temps où les présidents pouvaient, à loisir, disposer d’une vie privée. Leurs maitresses et frasques demeuraient un secret - souvent connu d’un petit microcosme parisien - et tout le monde considérait que, comme tout citoyen, les politiques avaient droit, eux aussi, au respect de leur vie privée.
Ce temps n’est plus. A l’heure de la loi de programmation militaire - qui légalise la surveillance généralisée des citoyens français, ou de la future loi de finance - qui fiche à loisir tout ce qui touche à la gestion de patrimoine des contribuables, il serait totalement scandaleux que les politiques, premiers responsable de la fin de la vie privée, puissent bénéficier de la moindre intimité. Le citoyen ordinaire, lui, s’est vu, en moins d’une année, totalement dépouillé de toute possibilité de vie privée au regard de l’État. A moins d’instaurer la classe politique comme n’obéissant pas à aux même règles que la plèbe, il va lui falloir assumer les conséquences de l’instauration de la société de la surveillance : la sous-veillance.
La sous-veillance est la réaction - de la part de la société civile - de la surveillance mise en place par un Etat. C’est le pouvoir donné aux populations civile par les nouvelles technologies de surveiller ce que font les détenteurs du pouvoir et d’en dénoncer les moindres écarts, aussi promptement qu’un radar sur une autoroute ou la Hadopi pour un téléchargement. Surveillance et sous-veillance vont de pair, ce sont les deux faces d’une même médaille.
Faites le test : posez la question de la surveillance des population à un politique, il vous répondra par les dérives de Facebook. Comme si, inconsciemment, le politique ainsi pris en faute, accusait le camp d’en face - le citoyen ordinaire, et les méchants yankees.
La fin de la vie privée, décidée à travers de multiples lois par nos politiques, ouvre une ère où plus personne n’aura droit à la moindre vie privée, à commencer par nos politiques. Ce qui relevait des potins au sein d’un petit microcosme parisien s’étalera demain dans la presse, au pire, dans les réseaux sociaux, les circuits hermétiques où circulaient jadis ce type d’information étant désormais ouverts aux quatre vents.
La fin de la vie privée - un contrat de base dans les démocraties de la révolution industrielle, période à laquelle ce concept est apparu, signifie la mort d’une certaine forme de démocratie, mais également d’un certain type de politiques.
Vous pensiez avoir été choqué par le comportement de DSK ? Bientôt, si l’escalade continue, vous allez comprendre pourquoi celui-ci ne prenait même pas la peine de se cacher.
François Hollande, qui s’étonne de ne pas voir sa vie privée respectée, ne devrait-il pas commencer par respecter celle des français ?

 Un nouveau deal franco-allemand pour sauver l'Europe 

Nicolas Goetzmann : Pourquoi la France n'essaye-t-elle même pas de soutenir un plan de relance monétaire comme cela a été entrepris aux Etats Unis ?
D'un point de vue économique, les intérêts franco-allemands deviennent de plus en plus divergents alors que la France perd peu à peu son influence au sein de l'Union.
Depuis l'entrée en fonction de François Hollande, la France a perdu toute capacité d'initiative au plan européen. Le pacte de croissance n'a par exemple jamais vu le jour. Le moteur franco-allemand, essentiel à la construction européenne, est devenu un moteur germano-allemand, ne protégeant que les intérêts des pays du nord.
Christophe De Voogd : Dans l'état actuel d'enlisement politique et économique de l'Europe et de la France, la solution ne réside-t-elle pas  dans un nouvel accord entre Paris et Berlin ?
Cet accord pourrait reposer sur un échange de bonnes volontés, dans lequel la France promettrait d'engager enfin les réformes structurelles (responsabilité budgétaire, assouplissement du marché de l'emploi, mesures de compétitivité) attendues depuis un certain temps en dévoilant un calendrier sérieux et précis de la mise en applications de telles mesures. En échange, l'Allemagne accepterait un assouplissement de la politique monétaire mené par la BCE voire même une modification du Traité européen concernant la discipline budgétaire. Il s'agirait là d'un moyen de sortir par le haut et par l'Europe de l'ornière actuelle. Sachant que des initiatives franco-allemandes ont été annoncées pour le printemps, ce serait une excellente occasion de mettre à l'œuvre ce "new deal" européen.  

 Le pacte de responsabilité et la simplification administrative pour les entreprises 

Denis Payre : M. Hollande, vous avez promis un pacte de responsabilité afin d'alléger les charges des entreprises, comment allez-vous procéder concrètement, et avec quel calendrier ? 
Les dirigeants politiques se sont trop souvent montré légers sur leurs engagements vis-à-vis de l'emploi. Il s'agit d'établir un pacte de confiance. Le dernier sondage du Cevipf montre que pour 59 % des Français, face aux difficultés économiques, il faut que l’État fasse confiance aux entreprises et leur donne plus de liberté. Il ne s'agit plus d'être dans la parole mais dans les actes.

Vous aviez évoqué il y a 10 mois le "choc de simplification". Nous ne pouvons plus attendre car les patrons de TPE, de PME, les artisans ou les commerçants se trouvent pris à la gorge. Tous subissent le poids des normes administratives et de la complexité qui prévaut dans les décisions étatiques.

Vous avez mis en place le CICE qui n'est pas une mauvaise chose mais qui est perçu comme une usine à gaz par les principaux intéressés. Il ne faudra pas retomber dans une complexité qui tue les entreprises et les emplois.

Denis Payre : Alléger les charges c'est bien, mais pour cela il faut baisser la dépense publique pour que ces baisses ne deviennent pas des impôts supplémentaires ou plus de dette pour nos enfants. Quel est votre programme de baisse de charges ?
Pour parvenir à un niveau de prélèvements obligatoires en phase avec la moyenne européenne et ne plus voter un budget déséquilibré chaque année de façon structurelle, il faut trouver 200 Milliards d'économie sur la dépense publique, soit 17 % de son montant global toutes administrations confondues, et non pas 60 milliards comme vous l'évoquiez jusque là. Quel est votre calendrier pour y parvenir?

 

 La gestion de la crise économique 

Nicolas Goetzmann : Alors que les Etats Unis, le Japon et le Royaume-Uni ont révisé leur appréciation de la crise en lui attribuant un caractère monétaire, l'Europe persiste dans une vision budgétaire qui ne produit pas de résultat. Pourquoi ne pas remettre en cause un diagnostic de crise manifestement erroné ?
L’Europe est actuellement le dernier de la classe en termes de croissance et d'emplois. Il est frappant de constater que le diagnostic de crise européen, basé sur des problèmes budgétaires, est totalement isolé. En effet, les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni ont proposé une solution monétaire à cette crise, et les résultats sont probants en faveur de cette doctrine.

 La réduction des dépenses publiques 

Jean-Luc Bœuf : M. Hollande, dans le cadre du pacte de responsabilité, vous avez évoqué 50 milliards d'économies afin d'abaisser les charges sur les entreprises. Etant donné l'état actuel des finances publiques, comment comptez-vous opérer une telle mesure ?
Commençons par une interrogation en forme d'un court problème de feu le certificat d'études : "Imaginons une baignoire qui se remplit d'environ 400 litres par heure et qui se vide d'un peu plus de 300 litres dans le même laps de temps. Au bout de combien de temps la baignoire va-t-elle déborder ?" Il suffit de remplacer les litres par des milliards d'euros et les heures par les ans et nous avons la situation budgétaire de la France. Bien évidemment, la réponse va dépendre de la taille de la baignoire dira un esprit pragmatique !
Naturellement, à un moment donné, tout ceci va finir par provoquer une véritable inondation répondra un (autre) esprit pratique. Bien évidemment, l'Europe ne nous laissera pas tomber vont s'écrier d'autres commentateurs, selon la théorie en vogue dans l'économie que les anglais résument par "too big to fail". Dans ces conditions, il s'agit moins d'aligner les chiffres ronds et le nombre d'années que de regarder en face le mur budgétaire qui est devant la France. Ce mur budgétaire est composé essentiellement de trois éléments : premièrement, de la rémunération des agents publics de l'Etat, qu'ils soient en activité ou en retraite (plus de 80 milliards d'euros) ; deuxièmement des concours de l'Etat aux collectivités territoriales (en fonction de la comptabilisation retenue, on avoisine les 100 milliards d'euros) et, troisièmement de la charge de la dette (les intérêts) pour plus de 40 milliards d'euros. Cumulés, ces trois éléments représentent donc plus de 220 milliards d'euros par an, pour un peu plus de 300 milliards d'euros de recettes. Et encore, sans compter le capital de la dette.
Ce n'est qu'à partir du moment où l'on a posé ces grands chiffres que l'on peut examiner les 50 milliards d'euros dont a parlé le chef de l'Etat. Tout d'abord, il convient de s'interroger sur la période retenue, qui est 2017. Selon la façon dont on comptabilise, il s'agira de trouver ces 50 milliards d'euros sur 2, 3 ou 4 années, en revenant au vieux problème des intervalles : - deux ans si l'on considère que le budget 2014 est adopté et que le budget 2017 sera préparé dans la perspective de l'élection présidentielle, c'est-à-dire soucieux d'effets d'annonce flatteurs pour le contribuable ; - trois ans si l'on estime que le budget 2014 peut être resserré en cours d'année ; - quatre ans si le gouvernement veut étaler l'effort dans le temps.
Dit autrement, l'effort revient à trouver de 12,5 à 25 milliards par an. Et c'est là que ce chiffre risque de n'être que de l'effet d'annonce ! Ou alors, le gouvernement serait-il prêt à simultanément baisser les salaires de ses propres agents publics, ne pas accepter de payer une partie de la hausse (possible) des taux d'intérêt et de réduire encore plus qu'il ne l'a fait les dotations aux collectivités locales.
Jean-Luc Bœuf : Par ailleurs comment faire participer les collectivités locales à la baisse des dépenses publiques ?
Cumulés, les budgets des collectivités locales représentent plus de 220 milliards d'euros en 2014, soit près de 11% du Produit intérieur brut (PIB). Derrière ce chiffre d'ensemble se trouvent les 26 régions, 101 départements, plus de 2.600 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre (dont les communautés urbaines, communautés d'agglomération et communautés de communes) et près de 37.000 communes. Aucun gouvernement, depuis la loi Marcellin de 1971 sur la fusion autoritaire des communes n'a réussi à diminuer le nombre et letype de collectivités locales. Depuis plus de 40 ans, les réformes se traduisent toujours par la création d'un type de structure. La dernière en date est la métropole. Ce qui peut changer la donne est l'approche financière. En effet, tant que l'intercommunalité était encouragée par des incitations financières, les structures se créaient somme toute assez facilement.  Depuis quelques années, une approche différente prévaut.
Rappelons que le budget des collectivités locales a la forme d'un camembert à trois parts, composé des dotations de l'Etat, de la fiscalité et de l'emprunt. La donne a changé à la fin des années 2000. Jusqu'à cette date, les budgets étaient construits à partir des dépenses  : "je veux réaliser pour 100 d'actions et jecalcule la fiscalité dont j'ai besoin, sachant que les dotations augmentent régulièrement chaque année et que l'accès à l'emprunt procure aisément les recettes complémentaires." Aujourd'hui, la fiscalité est davantage encadrée ; les dotations diminuent (légèrement) et l'accès au marché de l'emprunt n'est pas automatiquement garanti. Cet effort (non pas volontaire mais subi par les collectivités) va devoir se poursuivre par les dépenses des collectivités, en investissement et en fonctionnement. En investissement, il s'agirait de réduire les cofinancements sur les projets. En fonctionnement, la piste d'économie passe par la maîtrise des dépenses de personnel et par le peignage très fin de toutes les actions conduites par les collectivités afin de mettre fin aux doublons (de compétences, de postes, de subventions), et notamment au sein du bloc communal. C'est tout l'enjeu du prochain mandat municipal et intercommunal.

 La déflation en Europe 

Nicolas Goetzmann : Souhaitez-vous, ou non, une nouvelle politique de la Banque Centrale Européenne ?
Depuis 1983, la France est entrée dans l'ère de la désinflation compétitive; "le tournant de la rigueur" qui a ensuite été sacralisé par la BCE. Cette politique perdure depuis 30 ans et a été soutenue par l'ensemble des gouvernements depuis lors. Que pensez-vous de la poursuite d'une politique de désinflation alors même que c'est la déflation qui menace le pays ?
Le tournant de la rigueur a été utile à la France dans sa lutte contre la grande inflation qui frappait le pays au début des années 80. Mais cette politique ne correspond plus au mal qui frappe le pays. Car il a été totalement oublié de doter le pays des mécanismes permettant de lutter contre la déflation, ce qui est l'exact opposé des conditions économiques des années 80. La France est en train de geler, et nous n'avons qu'un réfrigérateur à notre disposition pour nous protéger.

La leçon de Roosevelt à Hollande

La leçon de Roosevelt à Hollande


Voilà un livre que François Hollande devrait lire de toute urgence : il rassemble, avec une excellente préface introductive de Denis Griesmar, les fameuses causeries au coin du feu (Fireside Chats) du président Franklin Delano Roosevelt. Elles s'étendent de 1933, date de sa première entrée en fonctions, à 1944, année du Débarquement en Normandie, mais aussi de sa quatrième élection présidentielle victorieuse, quelques mois avant sa mort d'une crise cardiaque. Ainsi, durant onze années consécutives, le président Roosevelt s'est-il adressé directement par la radio à ses compatriotes, plusieurs fois par an, à chaque moment qu'il jugeait décisif. Ces interventions radiophoniques nous fascinent doublement : d'une part, parce qu'elles correspondent chronologiquement à cette crise des années 30 qui présente tant de points communs avec la situation actuelle ; d'autre part, et peut-être surtout, par l'extrême originalité et nouveauté de la méthode de communication présidentielle inventée par le président Roosevelt en pleine tempête.
Sur le plan politique, ce qui frappe avant tout, c'est l'extraordinaire énergie que ne cesse de déployer Roosevelt - de quoi nous inspirer quelque nostalgie - et la marge impressionnante d'actions qu'il parvient à dégager - de quoi provoquer une envie mélancolique chez François Hollande. Durant ces années Roosevelt, face à la dépression économique, à la catastrophe bancaire, à la misère de millions d'Américains, à la terrible sécheresse qui ruine les agriculteurs, puis à l'approche de la guerre et à l'agression traîtresse des Japonais, le président américain fait face et innove, n'hésitant ni à fermer provisoirement les banques pour éviter l'effondrement du système financier ni à transgresser tous les canons libéraux pour mener une politique résolument dirigiste. Il agit sur les prix, lance des grands travaux, vole au secours des fermiers, relance l'activité par des déficits budgétaires énormes, multiplie les investissements publics, impose des augmentations de salaire. De quoi épouvanter la plupart des économistes actuels. Il est vrai qu'à l'époque les gouvernements avaient les coudées beaucoup plus franches qu'actuellement et que, si Roosevelt a littéralement ranimé l'économie américaine, son New Deal battait sérieusement de l'aile à l'approche de la guerre, qui l'a peut-être sauvé. La décennie Roosevelt n'en ressemble pas moins à une épopée du volontarisme.
Elle n'a été possible que grâce au lien unique que Franklin Delano Roosevelt a su créer avec le peuple américain. C'est là que ses causeries au coin du feu ont joué un rôle majeur. À cette époque, encore plus anxiogène qu'aujourd'hui, la presse était essentiellement locale, la télévision était dans les limbes. Le seul président américain à avoir été élu quatre fois a eu le coup de génie de comprendre que la radio lui offrait la possibilité de s'adresser directement au peuple américain tout entier, mais aussi, par la même occasion, à chaque foyer en particulier, donc de mettre sur pied une sorte de dialogue inégal mais sacralisé entre le chef de l'État et les citoyens. Ses causeries, suffisamment rares pour rester des moments solennels, mais suffisamment simples pour être comprises par la grande masse du peuple, ont connu un véritable triomphe. Le président Roosevelt en soignait méticuleusement la forme, s'exprimant d'une voix claire sur un ton naturel, prenant à témoin ses interlocuteurs, multipliant les arguments de bon sens et les exemples accessibles. En retour, il recevait des millions de lettres et de témoignages. Il avait inventé, au plus fort d'une tempête historique, un mode d'expression original, familier et cependant débordant d'énergie, d'initiatives, et vibrant d'optimisme, aux antipodes des éructations hallucinées de Hitler. Ainsi a-t-il rétabli la confiance après le désastre bancaire, rendu l'espoir aux chômeurs, aux fermiers ruinés, aux petits propriétaires étranglés. Ainsi a-t-il, après des années d'isolationnisme lorsqu'il était concentré sur la seule Amérique, su entraîner peu à peu son peuple réticent et meurtri par la crise vers un engagement croissant dans la guerre, économiquement, financièrement, puis militairement après Pearl Harbor.
C'est aussi une leçon ou un exemple pour les gouvernants d'aujourd'hui. Face à la crise économique et sociale, face à l'ébranlement des valeurs, face à un pessimisme destructeur et au travail de sape des déclinistes de tout poil, la question du lien entre le président et les citoyens ne peut plus se poser de façon ordinaire. Il faut savoir imaginer un type de communication radicalement différent, comme l'a fait Roosevelt, et d'autant plus que l'information continue et les réseaux sociaux imposent des règles inédites. Cela implique, certes - c'est un préalable -, franchise, cohérence et fermeté. Cela ne peut se passer de premiers résultats tangibles, mais cela transite obligatoirement par une stratégie de communication inventive, novatrice, sérieuse et ambitieuse. À la Roosevelt.
Causeries au coin du feu. 1933-1944, de Franklin Delano Roosevelt. Traduit de l'américain et préfacé par Denis Griesmar (Bartillat, 420 p., 24 euros).

c'est Hollande qui a confondu vie publique et vie privée !

c'est Hollande qui a confondu vie publique et vie privée !


Le président en appelle au respect de sa vie privée comme un pompier pyromane vient éteindre l'incendie qu'il a lui-même allumé, analyse Philippe Tesson.

Que les hommes politiques, au premier rang desquels le président de la République, aient droit au respect de leur vie privée, ainsi quele revendiquait François Hollande dans le communiqué qu'il faisait publier vendredi dernier, c'est évident. "Comme tout citoyen", ajoutait-il. C'est déjà un peu moins évident. C'est en tout cas un sujet de débat. Le président de la République n'est pas un citoyen comme les autres. La curiosité qu'inspirent les grands de ce monde ne date pas d'aujourd'hui, Louis XIV ne nous démentira pas, Saint-Simon non plus. Les hommes d'État exemplaires n'ont jamais détesté qu'on vantât leurs vertus. Alors pourquoi ferait-on silence sur les faiblesses de ceux qui sont moins sages, surtout lorsqu'elles sont vénielles, comme une libido un peu intempérante, est-ce un crime ?
Et puis tout se sait aujourd'hui, même ce qui est caché. Va-t-on interdire les réseaux sociaux, cette plaie insupportable dont l'usage est apparemment devenu indispensable à l'humanité tout entière ? Il y a belle lurette que la vie privée des hommes politiques est compromise. L'intérêt qu'on lui porte ne part pas forcément d'un mauvais sentiment. Les présidents de la République appartiennent à tout le monde. Ils sont de la famille. Ils le disent assez. On en connaît même un qui se prétend un homme normal. Un ami, quoi, un copain. On est en République, non ? Ils nous mettent à l'aise. On les aime bien, on aime bien savoir qui ils sont, d'où ils viennent, comment ils se portent, s'ils font de la bicyclette ou de la cuisine. Alors de là à s'intéresser à des caractéristiques plus intimes, il n'y a qu'un pas qui évidemment mène à une sorte de voyeurisme, mais c'était fatal, même si ce dérapage, et il faut l'avouer, n'est pas très délicat. Telle est la rançon de la familiarité.

Affaiblissement de son image

C'est pourquoi François Hollande aurait dû, dans son communiqué, soumettre le respect de la vie privée des hommes publics à une condition : c'est qu'ils ne l'exhibent pas inconsidérément et qu'ils la gèrent intelligemment. Or on conviendra que s'il n'a pas vraiment exhibé la sienne, contrairement à certains autres, il l'a gérée comme un idiot normal plus que comme un homme d'État soucieux de son rang, de sa fonction et de son devoir. Ce n'est pas là un jugement que nous portons sur son cursus sentimental, nous n'en aurons pas l'indiscrétion, c'est un constat que nous faisons sur l'étrange manière qu'il a de provoquer un imbroglio politique dès que sa vie amoureuse connaît un soubresaut. Ce fut d'abord le douloureux épisode de sa rupture avec Ségolène Royal, avec laquelle il était en compétition politique. Ce fut ensuite, au début du quinquennat, l'apparition publique d'une concubine dont les écarts de caractère provoquèrent dans l'opinion quelques interrogations de nature politique. Et c'est aujourd'hui une rocambolesque aventure galante qui pose des questions politiques : celle de sa désinvolture, celle de sa sécurité, celle de son intelligence et celle de l'affaiblissement de son image au moment où il a plus que jamais besoin de la restaurer. On n'entre pas ici dans l'intimité de sa vie privée, on constate simplement qu'il est par sa maladresse l'auteur d'une confusion entre sa vie privée et sa vie publique.
Cette confusion est infiniment regrettable. D'abord, elle provoque la risée de la plupart de nos "amis" étrangers. Chacun d'eux devrait pourtant balayer devant sa porte. Mais ainsi va le monde. Elle crée un malaise dans l'opinion française. Les sondages attestent d'une certaine indulgence dans le jugement populaire. Il est pourtant douteux que les caprices libertins du président contribuent à restaurer son crédit. Et enfin, les échéances qui l'attendent : demain une rencontre avec la presse, puis une visite à Obama, ensuite un voyage au Vatican, enfin une épineuse et décisive négociation avec le patronat, cela exige une disponibilité d'esprit, un sang-froid, une autorité, toutes qualités forcément mises à mal par les séquelles de ses fredaines qui donnent de lui une image d'inconséquence et de légèreté.
On repense au couplet "Moi, président de la République" qu'il avait décliné face à Sarkozy lors de la campagne. Cette arrogance ! Nous n'avons, depuis, cessé de le dire : ce n'était que hâblerie.


Le billet de Michel Schifres

Hep, taxi


On exagère beaucoup la grève des taxis. Impossible hier, dit-on, de trouver une voiture. C’est faux : ce n’était pas plus difficile que les autres jours. De même, beaucoup mettent en cause leur manque d’amabilité. Cette critique aussi est de mauvaise foi. Si le client s’excuse d’être là, laisse au conducteur le choix de l’itinéraire et a quelques mots agréables pour le chien de la place avant droite, tout se passe bien. Il doit encore écouter les débats braillards de la radio, répondre aux avis du chauffeur sur l’actualité, notamment footballistique, et se taire lorsque le pilote téléphonera. Enfin, il donnera un bon pourboire qui n’entraînera d’ailleurs aucun mot. Lui en revanche n’oubliera pas de remercier le taxi de consentir à faire un travail aussi ingrat.

A la recherche d’une crédibilité perdue

A la recherche d’une crédibilité perdue
L’inversion de la courbe du chômage ? Manquée.
La baisse des dépenses publiques ? Ebauchée.
La grande remise à plat de la fiscalité ? Dégonflée.
Le pouvoir d’achat ? Dévalué.
La compétitivité ? Dégradée.
La transition énergétique ? Repoussée.
L’école préservée et les rythmes scolaires réformés ? Planté.
Le logement relancé ? Abandonné.
Le couple franco-allemand ? Etiolé.
Le rôle international de la France et la note du pays ? Déclassés.
Le gouvernement rassemblé, la majorité ordonnée, les couacs évités ? Raté.
La séparation vie privée- vie publique du président ? Piétinée.
La France apaisée ? Rêvée.
La confiance de l’opinion ? Effondrée.
En moins de deux ans, François Hollande est revenu sur la plupart de ses promesses de campagne ou a perdu la quasi-totalité de ses paris. Déjà sanctionné par les Français pour son action publique comme aucun de ses prédécesseurs ne l’avait été, le voici tourné en dérision pour son comportement privé et ses jeux de la rue du Cirque. Certes, la situation économique générale est difficile et la langueur de l’Europe pèse lourd. Mais à part sur le Mali, il se dégage du parcours présidentiel depuis vingt mois un tel sentiment d’indécision, d’atermoiements, un tel refus apparent d’assumer une politique tranchée et claire qu’on ne peut s’étonner de l’effondrement de la crédibilité du chef de l’Etat.
Or sans crédibilité pas de confiance. Et sans confiance, pas de relance : pas de consommation des ménages, d’investissement des entreprises, d’embauches des patrons. Sans confiance, pas de majorité rassemblée, encore moins d’opinion rassurée et mobilisée. Rudes défis pour une seule conférence de presse.

La fin des présidents?

Le vingt-quatrième sera-t-il le dernier (au moins au sens contemporain)? Pour le général de Gaulle, créateur de la présidence de la République souveraine de la Ve République, le président devait être le "guide de la France",  le "chef de la Nation", le monarque républicain, un modèle, un exemple pour les citoyens. Aujourd’hui, l’institution incarne tout le contraire, le carriérisme débridé, le nombrilisme, l’impuissance et l’aveuglement. La présidence gaullienne était faite pour les grands hommes de l’histoire, pas pour des politiciens. Dans un monde médiocre qui est le nôtre, le piège de l’Elysée est inévitable. Il pousse de petites gens à se prendre pour le roi, à oublier l’intérêt général et se focaliser sur leur ego pendant 5 ans,  à l’abri de toute sanction et mise en jeu de leur responsabilité, à et préparer une réélection qui les pousse à céder à la démagogie et à renoncer à travailler en profondeur pour le bien du pays. Cette vraie/fausse monarchie dégénérée, décadente, conduit le pays à l’abîme. Parmi les politiciens candidats à la succession, les Valls, le Pen, Copé, Fillon, Borloo aucun ne me paraît, sur le plan de la volonté, de la vertu, du niveau intellectuel, de la lucidité, à la hauteur de l’idéal gaullien. Que feraient-ils une fois à l’Elysée? Il ne suffit pas d’être élu en bombant le torse! Sont-ils seulement assez intelligents pour le comprendre? Eh bien, sans doute pas mieux que l’actuel, peut-être pire; et leur disgrâce, leur chute dans l’impopularité, voire même dans le ridicule, tout aussi vertigineuse…   Notre époque moyenne ne se prête pas au culte de la personnalité.  Tu voulais le prestige, la renommée, ton nom dans les livres d’histoire? Tu auras la honte et le ridicule! S’il est un message à redécouvrir, c’est celui des grands républicains du passé, Gambetta, Ferry, Clemenceau, Poincaré, qui se méfiaient de l’illusion mortelle du "pouvoir personnel", inscrit dans la durée et hors contrôle. Soyons sérieux, s’il est dans l’avenir une petite chance de redresser le pays, une petite, sera celle, non pas d’un roitelet de 5 ans, mais celle d’un grand premier ministre, du style Poincaré, Mendès France, Pinay, de Gaulle (1958), ou Raymond Barre, désintéressé par les ors du pouvoir, avec la responsabilité partagée d’une majorité, son appui et sous son contrôle, pour une durée indéterminée. Je peux me tromper mais j’en suis de plus en plus convaincu.

Atteintes à la vie privée : pourquoi François Hollande et la classe politique devraient autant se préoccuper de Closer que de celles qui affectent de plus en plus l'ensemble des Français


La classe politique a unanimement condamné l'intrusion dans la vie privée du président de la République. Mais entre les affaires d'écoutes de la NSA, des services secrets français et la création d'un fichier des contrats d'assurance-vie, la vie privée des Français, elle, n'est à l'abri de rien.

- L’année 2013 a notamment été marquée par le scandale, entre autres, des « grandes oreilles de la NSA ». Des mesures ont-elles prises depuis pour renforcer la protection de la vie privée en France, et si oui lesquelles ? Sinon, comment l’expliquer ?

Fabrice Epelboin : Non seulement aucune mesure n’a été prise en faveur de la vie privée depuis les révélations d’Edward Snowden sur la NSA, mais la situation de la protection de la vie privée s’est très largement dégradée. Il y a un peu plus d’un mois, l’Assemblée nationale, grâce aux voix socialistes et à la bienveillance du groupe communiste, a passé - au sein de la loi de programmation militaire - un article permettant à l’exécutif d’obtenir une totale transparence de la vie de tous les citoyens. Il n’existe plus, à proprement parler, de vie privée en France.
Pour comprendre ce déclin de la vie privée des Français fait dans la foulée des révélations sur la NSA, il faut prendre en compte les accords Lustre, révélés par la presse allemande sur les bases de documents fournis par Edward Snowden, qui montrent que la France collabore activement avec la NSA et les services anglais depuis 2010, et échangent régulièrement des informations issus de leurs systèmes de surveillance respectifs.
Le “coup” de Closer qui révèle ce que la plupart des rédactions parisienne savaient depuis 6 mois - au point de faire des “private joke” à l’antenne de Canal+ un mois plus tôt - tombe donc a pic. On sait que le magazine était en possession de ces informations touchant à la vie privée du président depuis six mois, mais ils ont attendu le moment propice pour les publier. Le faire peu de temps après que les politiques aient supprimé tout droit à une vie privée en France pousse ces politiques à un réflexe de classe bien compréhensible par ailleurs - qui a envie de voir sa vie privée violée ? -, mais qui les isole encore un peu plus du grand public et les montre en train d’affirmer un droit dont ils viennent de priver les citoyens.

La dimension législative - vie privée du citoyen vis à vis de l’État et droit à l’image - est évidemment plus complexe, mais nul doute que beaucoup de citoyens verront là une énième différence de traitement entre politique et citoyen ordinaire : selon que vous soyez riche et puissant… L’affaire de la non levée de l’immunité parlementaire de Serge Dassault renforce encore un peu plus cette perception très négative de la classe politique par le citoyen ordinaire.
Même s’il est permis de douter de l’intention initiale de Closer, ils ont fait là un acte journalistique, il appartient au corps journalistique de rebondir dessus pour lancer un véritable débat sur la surveillance et son impact sur la démocratie - j’ai peu d’espoir cependant. A ce jour, aucun débat n’existe sur la compatibilité entre une surveillance de plus en plus forte des citoyens et la persistance d’un sentiment de démocratie au sein de la population, indispensable au ‘vivre ensemble’.
Michel Nesterenko : La présence de l'informatique, à tous les niveaux et dans tous les rouages de la vie sociale, fragilise à l'extrême toute protection de la vie privée. La NSA et les mafias sont en chasse tous azimuts pour collecter nos informations les plus sensibles, y compris le dossier médical, les dernières pour en faire le commerce. Pour les mafias il s'agit d'un très grand marché qui s'ouvre à eux avec des risques judiciaires pratiquement nuls. Les Français comme les autres Européens et Américains sont des cibles de choix.
Aux USA, la préoccupation des entreprises va crescendo et elles durcissent les défenses des réseaux informatiques. Les politiques outre-atlantique comme les politiques français sont en sommeil. Les entreprises françaises préfèrent ne pas savoir, aucune loi ne les y obligeant.
Dans le domaine de la vie politique, les élus étaient bien contents du battage médiatique électoral et du gain de productivité d'utilisation des réseaux sociaux sur internet, pour un coût quasi nul. Mais une fois élu, c'est circulez, il n'y a rien à voir, laissez nous fonctionner dans l'opacité. Les élus comme tous les citoyens sont confrontés à une évolution sociétal inéluctable, qui dévoilera toujours plus les activités de la sphère privée.

La vie privée est-elle en France une liberté menacée ? Entreprises, Etat, services secrets : qui sont ceux qui la menacent le plus et dans quelle mesure cela est-il nécessaire ?

Michel Nesterenko : La vie privée en France succombe à la collecte d'informations des entreprises et aux attaques et piratages de l'État sous couvert du secret défense ou du secret policier et judiciaire, et des services secrets français et services étrangers parfois aidés par les services français. Il est certain que la collecte d'information par la police et la gendarmerie dans le cas bien ciblé d'enquêtes criminelles est indispensable au bon fonctionnement de la société. Mais, le secret qui entoure certaines enquêtes à connotation politique ouvre la porte à tous les scandales. Dans un futur très proche et inéluctable, ce seront les piratages et chantages des mafias qui prendront le devant de la scène.
Fabrice Epelboin : La vie privée n’est pas à proprement parler une liberté, par ailleurs,l’article 20 de la loi de programmation militaire nie toute possibilité de vie privée pour le citoyen ordinaire vis à vis de l’État. Les entreprises telles que Google, Amazon et consort vivent, elles, en tout ou partie de l’exploitation de données privées, mais contrairement à l’État, on peut tout à fait se passer de leurs services et décider de les boycotter. A ce titre, je les perçois comme bien moins dangereuses pour la démocratie que la surveillance de masse mise en place dans des pays comme la France ou les États-Unis.

Un fichier des assurances-vie a été inclus à la loi de finance rectificative 2013. Celui-ci en plus de lister les contrats souscrits par les citoyens au-dessus d’une certaine somme, comprendra toutes les informations personnelles du détenteur. Faut-il s’inquiéter d’une telle mesure ? Qu’implique-t-elle pour les libertés individuelles ?

Fabrice Epelboin : Il est très difficile d’anticiper les conséquences que pourront avoir tel ou tel aspect du fichage des citoyens sur les libertés fondamentale et la démocratie. Il existe par ailleurs plusieurs centaines de listes référençant des citoyens français, celle des assurances-vies n’en est qu’une parmi d’autres.
Pour comprendre en quoi les conséquences sont difficiles à anticiper, faisons un peu d’histoire : en 1930, le gouvernement hollandais, qui finançait les lieux de culte, a réalisé un recensement de sa population qui incluait les pratiques religieuses, avec une intention tout à fait pacifique. Pour faire cela, ils ont utilisé un ancêtre de la base de donnée et de l’informatique : la mécanographie. Dix ans plus tard, l’armée du IIIe Reich entrait en Hollande, se saisissait des fichiers et s’en servait pour arrêter et déporter la population juive du pays. C’est un exemple classique et déjà ancien qui permet de montrer comment un usage peut être facilement détourné. On peut aisément le transcrire dans le monde courant.
Un peu de politique fiction permet dès lors de saisir l’ampleur du problème : en 2013, le gouvernement socialiste faisait passer une loi permettant à l’exécutif de surveiller la totalité des Français, sans supervision de la justice et sans le moindre garde-fou. Imaginons qu’en 2017, Marine Le Pen, à la suite d’une série de scandales affaiblissant considérablement les partis de gouvernement (on ne sait jamais, ça peut arriver), se retrouve à la tête de l’Etat. Pensez-vous qu’il lui serait difficile d’utiliser cette loi pour décimer tous ses adversaires politiques en trouvant dans leur vie privée une multitude de scandales qui feraient les choux gras de la presse à scandale ?
Pensez vous que si nous n’assistions qu’à une alternance vers une droite "dure" en 2017, nous serions à l’abri d’une telle dérive ? Pensez-vous que le Parti socialiste actuellement au pouvoir ai tiré les leçon de l’affaire des écoutes de l’Élysée qui date pourtant de plusieurs décennie ? Non, nous n’avons pas tiré la moindre leçon du passé, nous avons ouvert une boite de Pandore qu’il nous sera impossible de refermer, et qui aura des conséquences très lourdes.
Michel Nesterenko : La grande question du croisement des banque de données représente la plus grande menace en ce qui concerne les dérives anti-démocratique. Dans ce domaine, l'État possède un avantage écrasant et incontestable. Les entreprises et les mafias peineront toujours a accéder à ce niveau de qualité de l'information, sauf à pirater les réseaux gouvernementaux, ce qui est déjà le cas aux USA. La NSA et le FBI procèdent déjà à un croisement d'un nombre incalculable de banques de données, dans le seul but de coincer les petits criminels. Les terroristes eux sont pratiquement invisibles car ils ont appris, dés le début, à se prémunir contre de telles invasions.
Le problème avec un croisement tout azimut, secret et incontrôlé, des informations privées réside dans l'interprétation, souvent hors contexte, d'informations imprécises et d'apparence contradictoires. En fin de compte ont peut prouver tout et son contraire comme avec les statistiques.

Quels sont aujourd’hui les moyens de lutte pour la protection privée en France ? La CNIL peut-elle assurer seule cette mission ?

Michel Nesterenko : La CNIL est un effort institutionnel français très louable et tout a fait approprié. Mais sans autorité, moyens financiers et informatiques, pour diligenter des enquêtes avec le pouvoir judiciaire, l’efficacité sera rarement au rendez-vous. Certaines des plus grandes entreprises françaises ont recoupé des informations confidentielles collectées de diverses sources, sans déclaration à la CNIL, cela depuis longtemps déjà. Pour une entreprise globalisée rien n'est plus facile en se jouant des frontières. On peut douter de l'autorité de la CNIL de mettre en cause certaines administrations de l'État. Quid de la transmission des données à la NSA ou aux services britanniques pour obtenir en retour le résultat du croisement des données ?
La vraie solution est de former les adolescents par des cours appropriés dans les écoles, lycées et collèges. L'État a trouvé les moyens pour mettre les ordinateurs dans la majorité des salles de classe. Maintenant, il faut définir le curriculum du bon utilisateur tant dans le domaine de la sécurité que celui de la protection de la sphère privée.
Fabrice Epelboin : La CNIL n’est pas au dessus de la loi, et la loi est très claire : il n’existe aucun droit à la vie privée pour les citoyen français, qui sont tous désormais sous surveillance, et ce - depuis peu - de façon parfaitement légale. Il reste quelques lois, telles que le droit à l’image, qui peuvent encore protéger les citoyens de certaines dérives, mais qui ne protègent pas la vie privée en tant que telle.
La seule et unique façon de la protéger repose sur les capacité technique de chacun d’entre nous de le faire, c’est désormais le seul recours. Il appartient à chacun d’entre nous de comprendre comment nous dispersons des données personnelles, de limiter leur dispersion, et de prendre toutes les précautions nécessaire quand vous réaliser des actions dont vous souhaitez qu’elles restent de l’ordre du privée. Face à cette nouvelle donne, nous allons voir apparaitre une classe particulière de citoyens, qui comprennent et maitrisent ces enjeux technologiques, et qui seront les seuls à pouvoir disposer à l’avenir d’une vie privée.

Dans quelle mesure les citoyens se sentent-ils vraiment concernés par la protection de leur privée ? Encourage-t-il, consciemment ou inconsciemment, ce basculement de la société par leur usage d’internet et des réseaux sociaux ? Peut-on seulement faire machine arrière ?

Fabrice Epelboin : Les dernières études d’opinion montrent que moins d’un tiers des citoyens français est préoccupé par la disparition de la vie privée. On peut expliquer cela par des spécificités culturelles - les Allemands sont bien plus sensibles sur ce sujet, la Stasi est encore dans les mémoires - mais je pense que le fond du problème est illettrisme technologique en France. Les Français ne sont pas conscient de ce qui est en train de se passer, et n’ont pas les connaissances nécessaires pour anticiper les conséquences à moyen et long terme de la disparition de la vie privée numérique. L’éducation civique a quasiment disparu - on n’enseigne pas, par exemple, que le contrat de base démocratique repose sur l’isoloir, et la parfaite confidentialité de l’action citoyenne qui s’y déroule - et que la vie privée est devenue la base de la démocratie depuis la révolution industrielle.
Il n’est pas possible de faire marche arrière, en tout cas pas dans le système politique dans lequel nous sommes installés. La légitimité sans cesse décroissante des politiques les pousse fort naturellement à préparer un “après”, à mettre en place les briques d’une société de la surveillance où les politiques seront en conflit ouvert avec les populations, ce qui est le propre de tout régime autoritaire, et qui devrait, avec de telles technologies de surveillance, pouvoir se faire avec un minimum de violence.
On pourrait soupçonner l’agitation actuelle comme une manœuvre de diversion destinée à créer de façon plus ou moins artificielle des lignes de fractures au sein de la population, mais il faudrait prêter une intention tactique à Manuel Valls. Je serais très enclin à le faire mais ce serait un procès d’intention, et il ne faudrait pas écarter l’hypothèse de la bêtise et d’un ministre qui ne comprend pas les conséquences sur le virtuel de ce qu’il fait dans l’espace public. Ceci dit, si Valls souhaitait déclencher des émeutes généralisées en France de façon à justifier d’une censure totale de l’internet et d’une surveillance accrue, il ne ferait pas mieux. Gageons que c’est un homme intelligent, fort bien conseillé, et qu’il sais ce qu’il fait. Ou pas.
Michel Nesterenko : Les citoyens et consommateurs américains commencent à peine à se sentir concernés car les effets commencent à se faire sentir par l'utilisation criminelle des données privée. En France, la prise de conscience n'est pas au rendez-vous pour l'instant. Les ados eux sont complètement insouciants en se faisant plaisir avec des informations osées ou grivoises postées sur un mur électronique visible par toute la planète. Ces informations hélas ne pourront jamais être effacées. Plusieurs années plus tard, le chef du personnel, lors d'un entretien d'embauche, pourra voir le jeune futur cadre, sur l'écran de l'ordinateur du bureau, dans le costume d'Adam ou d'Eve. La machine arrière passe par une formation continue au niveau de l'école en commençant très tôt.

L’Amérique est sous le choc du piratage de plus de 100 millions de cartes de crédits. La France est-elle soumise aux mêmes risques ?

Michel Nesterenko : Nous sommes au seuil d'une nouvelle ère. Le phénomène du piratage date d'une dizaine d'années. Les cartes de crédit comme VISA, Master Card, Amex, Diners et autres payent, depuis des années, une taxe mafieuse de plus de 10%. Personne n'a bougé ni les entreprises qui payent, ni la police à qui les politiques n'ont pas donné les moyens de traque et d'arrestation efficaces. Le problème est aggravé par la nature globalisée du phénomène, certains pays refusant de coopérer efficacement. Le taux de cette taxe mafieuse est en train de décoller avoisinant les 20% dans certains cas. Le seuil de tolérance est atteint. 
La réaction institutionnelle et politique américaine ne saurait tarder. En France, la prise de conscience est encore à la traîne.
Fabrice Epelboin : Bien sûr, la France peut parfaitement être touchée par une affaire similaire. Le fait que seuls des citoyens américains aient été touchés dans cette affaire est dû au fait que le magasin qui s’est fait piller soit américain. En 2011, quand le Sony Playstation Network s’est fait pirater, des millions de numéros de carte de crédit - dont beaucoup de françaises - se sont retrouvés dans la nature.
Il convient cependant d’insister sur le fait qu’il n’y a pas pour les consommateurs beaucoup de risques. Au pire, des désagréments. Votre carte de crédit vous est vendue avec une assurance obligatoire qui inclue ce genre de chose, et si quelqu’un utilise votre carte pour un achat, vous serez assuré. Heureusement d’ailleurs, car la dernière génération de cartes de crédit RFID - identifiables par un petit logo similaire à celui attribué au Wifi - émet à distance tout un tas d’information personnelles qu’un hacker peut parfaitement récupérer. Mais rassurez-vous, en cas d’abus par un criminel de ces informations personnelles, votre assurance vous couvrira. En cas d’abus par un État, c’est une autre affaire par contre, et pour ce qui est d’une entreprise, c’est moins évident.Techniquement, si vous avez dans votre poche une telle carte de crédit, récupérer vos dix derniers achats à distance est parfaitement réalisable. On peut ainsi imaginer de la publicité ciblée en affichage - dans le métro, par exemple, ou en magasin, ou des traquer les consommateurs en magasin, et analyser leur parcours à des fins marketing. C’est assez simple a réaliser techniquement, et d’un point de vue conceptuel, c’est très proche du tracking des utilisateurs sur un site e-commerce. Certes, c’est une atteinte à votre vie privée, une de plus...