Bilan –provisoire– de ces dix jours de conflit à la SNCF : une grève dure pour une réforme ferroviaire molle. Le ministre des Transports a tenu, lui qui présentait sans rire sa loi comme « une avancée contre le libéralisme débridé ». Les syndicats les plus radicalisés ont tenu et obtenu le caractère « indissociable et solidaire » de leur société.
Mais les Français ? Circulez ! Dindons à plumer plus que clients à ménager, ils n’ont eu droit qu’à assister, en otages résignés, à cette caricature de crise à la française. Les contribuables ? Circulez et payez… La SNCF reste sous perfusion financière – plus de 12 milliards d’euros de dotations et autres subventions publiques par an, dont 3,3 milliards pour le régime des retraites. Et malgré ce soutien abusif, sa dette (notre dette) demeure explosive. Les entrepreneurs ? Circulez et perdez… Minée par le statut exorbitant de ses agents, la productivité du mastodonte, et d’abord de son fret, érode la compétitivité tout entière du site France.
L’avenir même de l’entreprise enfin ? Circulez et oubliez… Avec Keolis, Systra ou Geodis, la SNCF décroche des contrats à l’international mais croit pouvoir verrouiller son marché intérieur, comme si ce deux poids deux mesures au nez de Bruxelles pouvait perdurer…
Au final, tout cela fait cher, très cher la préservation des avantages de la « famille cheminote ». Dans la douleur, les Français ont – enfin ! – compris que plus de dettes signifiait plus d’impôts. Combien de temps encore pour prendre conscience que moins de rentes équivaut à plus d’emplois ? Et que pour se sauver, la SNCF ne doit pas se préserver de la concurrence, mais y plonger ?
Rémi Godeau