TOUT EST DIT

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mercredi 28 août 2013

Ayrault et les retraites : lâcheté politique ou habileté tactique ?


Les éditorialistes sont divisés après les annonces du Premier ministre sur la réforme des retraites. Revue de presse.

Avis contrastés après l'annonce de la réforme des retraites par Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre est tour-à-tour accusé de "manque de courage politique" par certains éditorialistes, tour-à-tour salué comme un "démineur" par d'autres.

Dans "Le Figaro", Gaëtan de Capele estime que "faute de courage politique, cette réforme se résume donc, comme on le craignait, à un renvoi de l'allongement de la durée de cotisation aux calendes grecques et à une nouvelle hausse des prélèvements.(...) le gouvernement a choisi - c'est une manie - de ponctionner encore la fiche de salaire des Français et d'alourdir encore un peu les charges des entreprises", déplore-t-il.
De son côté, Henry Lauret dans "Le Télégramme" juge que "mécaniquement opportuniste, politiquement habile, la réforme des retraites siglée Ayrault renforce le chef d'une majorité viscéralement chamailleuse qui y trouvera sans doute quelque apaisement momentané." Et de saluer le savoir faire de Jean-Marc Ayrault : "le démineur de Matignon ne doit pas être mécontent de son tour de passe-passe."
Dans "La Croix", Dominique Quinio note que "le gouvernement a choisi la prudence et de ne pas s'attaquer aux dossiers les plus polémiques." "La situation économique, malgré les quelques signes de reprise de la croissance, aurait tout à perdre d'un grave désordre social", reconnaît-elle.

"La der des der" ?

S'il croit que "dans ses "arbitrages", Jean-Marc Ayrault a manifestement voulu contenter un peu tout le monde", Hervé Favre ("La Voix du Nord") suppose qu'"en abattant son jeu dès hier soir, Jean-Marc Ayrault a aussi cherché à désamorcer la mobilisation syndicale avant la journée d'action prévue le 10 septembre.'
Raymond Couraud de "L'Alsace" a bien noté que le Premier ministre précisait "qu'il faudra bien de temps à autre 'remettre le dossier en chantier'. " "C'est de bonne guerre. Tous les gouvernements l'ont fait, à la manière de nos anciens qui juraient que la guerre de 14 serait 'la der des der'", avoue-t-il.
"Cela revient presque à un succès politique, dans la mesure où la CFDT et le patronat ont été enrôlés dans une forme de coalition des pragmatismes.(...)", calcule Philippe Waucampt dans "Le Républicain Lorrain".
"Contrairement à ce qu'a affirmé Jean-Marc Ayrault, cette réforme n'est pas juste, puisqu'elle ne réduit pas les inégalités de départ entre régimes, mais elle est habile", assure Jacques Camus ("La Montagne Centre Presse").
"En tout cas, le front social, qu'on imaginait 'explosif' avec un dossier comme celui des retraites, vient d'être momentanément désamorcé. On dira qu'il est sans doute plus difficile de négocier avec Al-Assad qu'avec Gattaz, Mailly. Ou même Mélenchon. Quoique..." ironise Jean-Claude Souléry de "La Dépêche du Midi".

Le Front national turlupine l’UMPS

Le Front national turlupine l’UMPS


A l’université d’été du PS (voir hier dans Présent) le Premier ministre s’est efforcé, nous dit-on, de serrer les rangs pour 2014. Mais, au PS, beaucoup d’élus serrent tout autre chose, en redoutant la sanction des prochaines élections de mars et de juin 2014. Une sanction qui pourrait prendre la forme d’une gamelle retentissante dans les urnes. Et un visage politique : celui, tant honni, du Front national. Un Front massif à 25 % ? C’est une possibilité que laissent entrevoir certains sondages… A La Rochelle, après les beuglements de Manuel Valls, Harlem Désir et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault sont, eux aussi, passés à l’offensive contre le parti de la droite nationale, décrétant même une « croisade républicaine contre la droite et l’extrême droite ». Des croisés d’un nouveau genre, qui comptent dans leur camp 83 % de Français musulmans.

Les orateurs socialistes ont donc déclenché un tir groupé contre le Front national, mais en se contentant de fulminer injures et condamnations à la cantonade plutôt que d’argumenter. Harlem Désir a, certes, battu tambour pour annoncer la mobilisation anti-Front et proclamer que le PS allait mener contre ce dernier une « bataille culturelle et idéologique » et « un combat des valeurs ». En se gardant bien, toutefois, d’entamer la moindre réfutation des propositions de la droite nationale, que ce soit sur l’immigration, la sécurité, la préférence nationale, le droit du sang plutôt que le droit du sol, la sortie de l’euro, le rétablissement des frontières (voire de la peine de mort), l’islamisation de notre pays ou l’introduction, dans le grand chambardement économique de la mondialisation, d’une dose raisonnable de protectionnisme. Surtout, pas un mot sur les « idées » du Front, que l’on se contente de diaboliser de loin. Ces idées, que le PS considère comme pestiférées, recueillent aujourd’hui de plus en plus l’adhésion de la part des Français. Et la gauche, tétanisée, semble craindre, en les évoquant, même pour les combattre, de les faire progresser encore davantage. D’où ces invectives lancées sur le Front national comme autant de tentatives d’exorcisme.

Ayrault toujours dans le rêve

Revenons un instant, juste un instant, sur le discours de clôture de ces journées d’été du PS prononcé dimanche par Jean-Marc Ayrault. Le Premier  ministre  n’a pas lésiné sur le lyrisme prophétique, annonçant que son gouvernement agissait pour « prolonger le rêve français » et « préparer un monde nouveau ». Rien de moins… On pense à François Mitterrand lorsque celui-ci était le leader de l’opposition de gauche. Au mot d’ordre marxiste « changer le monde », le chef du PS y avait ajouté celui, plus rimbaldien, de « changer la vie ». Mais nous étions dans les années 70 et la gauche française n’était pas encore tout à fait sortie du songe marxiste-léniniste des lendemains qui chantent. Pour trouver ceux-ci, en sol dièse mineur, les socialistes se sont récemment projetés en 2025. De retour de ce bref voyage dans le futur, le Premier ministre se propose donc de « prolonger le rêve français », que François Hollande promettait lui de « réenchanter ». Si ce rêve est celui de l’Etat-providence, né sous les Trente Glorieuses, la formule plus modeste du Premier ministre ressemblerait plutôt à la supplique de Mme Du Barry : encore une minute, M. le bourreau… Hélas ! le couperet des réalités tombe.

L’UMP en ordre dispersé

L’UMP, tout comme le PS, craint que le parti de Marine Le Pen ne lui plante également, lors des prochaines élections, quelques belles cornes sur le front. Un à un, les leaders du mouvement en état de torpeur font ou s’apprêtent à faire leur rentrée. Mais en ordre dispersé. Le 18 août, Laurent Wauquiez faisait une sorte de lever de rideau en effectuant l’ascension du Mont Mézenc, entouré de ses supporters et d’une cohorte de photographes. Une pâle imitation (pas très heureuse, ni très réussie) de François Mitterrand escaladant avec ses fidèles la roche de Solutré. Pour Wauquiez, ce sera le Mont Mézenc.
Dimanche 25 août, tandis que les socialos péroraient à La Rochelle, Jean-François Copé prenait la parole à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) pour exposer « son projet pour la France ». Aujourd’hui, mercredi, c’est au tour de François Fillon d’entrer en piste à Rouez-en-Champagne (Sarthe) pour « une journée de réflexion et d’échanges ». Et, clou de cette rentrée UMP, l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, présidée par Brice Hortefeux, se réunira à Arcachon les 1er et 2 septembre. Où l’on pointera les présents et les absents.
Chacun de ces leaders n’ayant en tête que 2017 et cherchant à se dézinguer les uns les autres. Sans parler d’autres francs-tireurs comme Xavier Bertrand, Bruno Lemaire ou Valérie Pécresse. NKM, occupée à en découdre à Paris avec Anne Hidalgo, semble être l’une des rares personnalités nationales de l’UMP à s’impliquer dans les municipales de mars prochain. Les autres têtes pensantes ne pensant qu’à l’élection présidentielle.

Le retour de Copé

Jean-François Copé, déconsidéré aux yeux de beaucoup de militants et surtout d’électeurs UMP lors de l’élection interne de l’automne dernier, avait fortement dégringolé dans les sondages. Il en avait tiré les conséquences. Renonçant à son ambition présidentielle, il s’était mis dans la roue de Nicolas Sarkozy. Mais aujourd’hui, Copé semble de nouveau vouloir s’émanciper et retrouver rang parmi les présidentiables. Tout en continuant d’affirmer, pour le moment, qu’il s’effacerait devant une éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy. « Je suis loyal, mais j’assumerai toujours une totale liberté de dire ce que je pense pour notre pays. » D’ailleurs, qu’il soit ou non en lice pour l’Elysée Copé, qui a décidément retrouvé du poil de la bête, prévient : « Celui qui pense que l’on peut gagner une présidentielle sans bénéficier de l’appui d’un grand parti se trompe. (…) Il est même très utile d’avoir le soutien du président de l’UMP. » A bon entendeur, salut ! Copé se pense incontournable…
Dans Le Monde daté de mardi, Alexandre Lemarié commente cette prise de distance mesurée de M. «  Loyal » par rapport à l’ex-président de la République. « Vexé du manque de considération de Nicolas Sarkozy à son égard, Jean-François Copé ne veut plus apparaître comme un simple vassal. » Et le signe le plus flagrant de cette indépendance retrouvée, c’est évidemment le « feu vert » que, le 17 août dernier, le président de l’UMP a donné « au principe d’un bilan du précédent quinquennat ». Une initiative, plaide officiellement l’avocat Copé auprès des amis de l’ancien chef de l’Etat, visant « à empêcher François Fillon et Laurent Wauquier de mener un inventaire à charge ». Mais les sarkozistes y voient également une manœuvre « destinée à renvoyer Sarkozy au passé, quand le président de l’UMP se projette vers l’avenir ». Un passé dans lequel, du même coup, il renvoie Fillon. Une façon pour lui de ringardiser subtilement ses deux concurrents.
Dimanche, à Châteaurenard, Copé a d’ailleurs rodé quelques thèmes qu’il entend développer autour d’un terme générique :réhabiliter la liberté : « La liberté d’entreprendre et de travailler », « la liberté d’expression » entravée par « le politiquement correct » et « la liberté d’aller et venir sans crainte de l’insécurité ». Flairant l’air du temps, le candidat Copé entend poursuivre son discours « droite décomplexée ».
Mais, avant l’élection présidentielle, demeurent tout de même quelques obstacles à sauter. Copé, qui en est bien conscient, expliquait dans Le Figaro magazine : « Ceux qui pensent qu’on pourra gagner 2017 sans reconquérir les territoires perdus se trompent complètement. »
C’est juste. Mais cette reconquête ne se fera pas sans des accords électoraux, tacites ou implicites, avec le Front national. Or Copé, comme l’ensemble des ténors de l’UMP, garde toutes ses inhibitions à l’égard du parti de Marine Le Pen. « Pas d’alliance possible avec celui-ci » continue de répéter celui qui, il y a un an, à l’Assemblée nationale, avait refusé de serrer la main de Marion Maréchal-Le Pen… Des alliances pourtant réclamées par de plus en plus d’électeurs de l’UMP. Le FN turlupine la droite libérale tout autant que la gauche… sinon plus !

Réforme des retraites : pouvait-on faire pire ?


La réforme des retraites annoncée par Jean-Marc Ayrault vient doucher les maigres espoirs qu'on pouvait avoir en ce gouvernement.
Je n'attendais pas de François Hollande qu'il soit un bon président, qui mène les réformes de libération des énergies dont la France a besoin. Mais, au moins, j'espérais qu'il fasse les réformes affectant les clientèles politiques "de droite" que dix ans de gouvernement UMP avait épargnées. Dans le cas de la réformes des retraites, cela voulait dire ne pas faire porter l'intégralité de l'ajustement sur les jeunes, votant plutôt à gauche, mais mettre aussi à contribution les retraités, votant largement à droite et bénéficiant d'avantages choquants :
Pour faire court, on pouvait espérer d'un président socialiste qu'il essaie de rétablir un peu d'égalité et d'équité, pour plus de justice sociale. Au vu des principaux éléments présentés hier par Jean-Marc Ayrault, la réforme des retraites qui se prépare va anéantir ces modestes espoirs. La présidence de François Hollande nous livre en effet une nouvelle réforme pour rien, qui ne règle pas les vrais problèmes, rajoute des coûts supplémentaires certains et fait payer encore et toujours les mêmes. Tour d'horizon.
Le principal élément consiste en l'allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein. Au lieu de mettre en œuvre cette réforme au plus vite pour qu'elle s'applique à tous de manière équitable, Jean-Marc Ayrault choisit de l'étaler jusqu'en 2035, frappant de facto tout particulièrement les jeunes. Une fois de plus, de quoi nourrir l'impératif de révolte de la jeunesse, qui paie plus de taxes pour obtenir moins.
À l'inverse, pour augmenter les prélèvements, c'est tout de suite et sans modération aucune, alors que le coût du travail exorbitant condamne les Français à un chômage massif endémique. La réforme des retraites prévoit +0,6% de cotisations sociales, qui viendront amputer directement votre pouvoir d'achat et, partant, la croissance économique française. Seul (petit) point positif, l'inégalité de cotisations entre fonctionnaires et salariés du privé n'est pas amplifiée, tout le monde devrait être mis à contribution. L'écart, important, reste mais n'augmentera pas.
Enfin, loin de réduire les dépenses, le gouvernement s'est plutôt engagé à en faire de nouvelles, encore financées par des taxes : le compte pénibilité devrait coûter, selon les estimations officielles, 500 millions € par an, financés par de nouvelles cotisations sociales. Voilà qui devrait aider l'emploi à repartir...
Sans surprise, si avec cette réforme, le gouvernement compte "économiser" 7,3 milliards d'euros en 2020 pour le régime général (salariés du privé), la très grosse majorité de l'effort viendra donc de cotisations supplémentaires (4,4 milliards, 60%), certaines, tandis que les économies, encore hypothétiques, n'arriveront pas avant 2020, quand l'âge de la retraite augmentera. Le tout, sans réussir à ramener le régime à l'équilibre puisqu'il serait encore en déficit de 300 millions € en 2020, pour ne trouver l'équilibre qu'en 2040.
Le message en filigrane est clair pour les jeunes : si vous voulez une retraite, mettez de l'argent de côté...

La Syrie, à son tour…

La Syrie, à son tour…


L’intervention militaire des États-Unis en Syrie ne fait plus guère de doute. Après l’utilisation d’armes chimiques par le tyran de Damas, Barack Obama ne se sent pas de rester les bras croisés. Le voilà qui enfile sa tenue de combat. Et c’est reparti pour un tour…
La main sur la Bible, l’Amérique ne peut pas laisser Bachar al-Assad violer les conventions internationales.
Ironie du calendrier, les archives du conflit Irak-Iran publiées hier révèlent que l’oncle Sam a fermé les yeux sur les pratiques de Saddam Hussein à l’époque, les mêmes que celles de Bachar aujourd’hui.
Autres temps, autres mœurs…
Avant le premier coup de canon, les communicants sont à la manœuvre. L’opération se limitera à des “frappes rapides et brutales” jurent les experts. Vite fait bien fait. Sans bobo pour les troupes engagées. Ni pour les civils grâce aux frappes chirurgicales. Air connu…
Et pour que l’Amérique ne passe pas encore pour le gendarme du monde, l’Angleterre et la France entrent dans la danse. Bref, le scénario paraît bien rôdé comme en Afghanistan ou en Libye. Ce qui n’a rien de rassurant…

Retraite : "ce n'est qu'une réforme a minima", juge le représentant de la CFE-CGC source Capital.fr


Allongement de la durée de cotisation après 2020, majoration de pension pour les parents de 3 enfants... "Des réformes inadaptées", juge Serge Lavagna, en charge du dossier protection sociale à la CFE-CGC, qui passe en revue les annonces gouvernementales, non sans un brin de fatalisme. "La refonte totale de notre système des retraites vers un régime pérenne attendra encore le prochain quinquennat", déplore-t-il.

Capital.fr : Vous avez participé à toutes les négociations sur les retraites, au nom de la CFE-CGC. Ces tours de table se sont-ils, selon vous, avérés efficaces ?
Serge Lavagna : On peut saluer la méthode. A chaque fois, nous avons rencontré Marisol Touraine, Jean-Marc Ayrault et des conseillers de leur cabinet pour leur présenter nos propositions. Le problème, c'est que le gouvernement ne nous apportait aucune piste de travail pour réfléchir conjointement.  La réforme des régimes de la fonction publique et des régimes spéciaux n'est pas à l'ordre du jour. De toute façon, le planning était bien trop serré. Il était impossible de recevoir le rapport Moreau le 14 juin pour aboutir à un projet de loi ambitieux dès le mois de septembre. Depuis 10 ans, c'est la quatrième réforme, après celles de 2003, 2008, 2010. Toutes se sont contentées de résoudre les problèmes de financement à court terme. Comme à chaque fois, la réforme de fond attendra le quinquennat suivant.
Capital.fr : Quelles mesures ne sont pas à la hauteur des enjeux ?
Serge Lavagna : Allonger la durée de cotisation à partir de 2020 s'inscrit dans la droite ligne de la réforme Fillon. Ni plus ni moins. Actuellement, la durée de cotisation est calculée tous les ans pour chaque génération en fonction de l'espérance de vie. Ainsi ceux nés en 1956 et 1957 doivent avoir cotisé 166 trimestres, soit 41,5 ans pour toucher une pension à taux plein. Ceux nés en 1958 devront vraisemblablement cotiser 167 trimestres. Jean-Marc Ayrault propose d'augmenter la durée d'assurance d'un trimestre tous les 3 ans à partir de 2020 pour offrir plus de lisibilité aux futurs pensionnés sur leur durée d'activité. Cette mesure ne sera d'aucun effet pour trouver les 20 milliards nécessaires pour combler le déficit des régimes de retraite à l'horizon 2020. Nous proposions de moduler le nombre de trimestres de cotisation nécessaires pour toucher une pension à taux plein selon l'âge de départ effectif à la retraite. C'est en effet une fumisterie de dire aux jeunes nés après 1975 qu'ils pourront cesser leur activité à 62 ans. En réalité, la plupart ont fait des études, ont plus ou moins tardé pour entrer dans la vie active, et beaucoup devront travailler jusqu'à 67 voire 70 ans.
Capital.fr : L'une des propositions phare de la CFE-CGC était justement de prendre en compte les années d'études dans le calcul des retraites. Qu'a retenu le gouvernement ?
Serge Lavagna : Dans sa déclaration, Jean-Marc Ayrault a confirmé que les jeunes en apprentissage ou en alternance auront leurs trimestres validés. Pour les autres, le Premier ministre propose à ce stade le rachat d’une année d’étude avec une aide forfaitaire de 1.000 euros par trimestre, soit une aide de 4.000 euros pour une année. Cette opportunité ne serait possible que durant les cinq premières années du parcours professionnel. Ce premier geste est donc tout à fait insuffisant pour un gouvernement qui souhaite faire des jeunes sa priorité ! La CFE-CGC demande la possibilité de racheter 4 trimestres pour les diplômés jusqu’à bac+3, et 8 trimestres pour les diplômés au-delà avec une aide forfaitaire de 1.000 euros par trimestre racheté ouvert, et ce, pendant les 10 premières années du parcours professionnel. Toutes les personnes diplômées depuis 2004 seraient ainsi concernées. Le paiement pourrait être étalé sur 5 ou 10 ans, afin de faciliter le financement.
Capital.fr : Le gouvernement réfléchissait aussi à réformer les avantages familiaux.
Serge Lavagna : Actuellement, il faut avoir travaillé 200 heures payées au Smic pour valider un trimestre à la CNAV. L'une des pistes étudiées serait d'abaisser ce seuil à 150 heures, afin de ne plus défavoriser les femmes qui travaillent plus souvent à temps partiel. Pour les familles nombreuses, la majoration de pension de 10% disparaîtra en 2020 pour laisser place à une prime forfaitaire. Reste à définir les modalités de calcul. Si ce forfait est donné dès le premier enfant, ce dispositif risque de se résumer à un saupoudrage insignifiant de quelques dizaines d'euros par mois, et ne s'appliquera, de toute façon, qu'à compter de 2020.Dans tous les cas il est à craindre qu'une fois de plus les classes moyennes ,déjà touchées par la baisse du quotient familial,soient les victimes de l'opération.

Avec Taubira, la prison pour personne !


Christiane Taubira est une femme de convictions. Et on ne le lui reprochera pas. Naguère, elle a milité pour l’indépendance de la Guyane. Cette fibre rebelle, elle l’a toujours gardée en elle. Pendant les émeutes de 2009 en Guadeloupe, elle a, presque naturellement, pris le parti du chef syndicaliste indépendantiste Élie Domota.
C’est donc en toute connaissance de cause et, il faut bien le dire, non sans audace, que François Hollande lui a confié les sceaux de la République à son arrivée à l’Élysée. C’est à cette femme, pourtant peu prédestinée à cette fonction, de faire aujourd’hui respecter l’ordre républicain. Une incongruité.
Le chef de l’État ne peut que tirer les conséquences de son inconséquence. En nommant Christiane Taubira au ministère de la Justice, il devait s’attendre à des initiatives provocantes de sa part. Après le mariage pour tous, c’est la prison pour personne, qui est au cœur de la réforme pénale qu’elle propose.
Alors que la délinquance explose, que de tragiques faits divers mettant en scène de jeunes voyous au casier judiciaire long comme le bras se multiplient, qu’une forte majorité de Français jugent la justice pas assez sévère, la garde des Sceaux veut abolir la prison pour les peines inférieures ou égales à cinq ans. Pour des condamnations sanctionnant de simples vols à l’étalage, mais aussi des atteintes aux personnes ou agressions sexuelles. Cherchez l’erreur !
Bien sûr, notre système carcéral, dont le budget a pourtant doublé en dix ans, est loin d’être parfait. Il souffre de surpopulation, il n’empêche pas la récidive, il est souvent inadapté aux profils des détenus qu’il reçoit. Mais la liberté, même surveillée, l’expérience le montre, n’est pas une meilleure réponse.
François Hollande le sait. En choisissant Christiane Taubira, il a, fidèle à son habitude, joué la politique des petits arrangements entre « amis », des équilibres précaires au sein de sa majorité. À présent, face aux réalités, on lui demande, même dans son camp, de penser d’abord à la préservation de l’ordre public. À quelques mois des municipales, il serait bien inspiré d’oublier les peines de probation. Sous peine d’encourir lui-même une très large désapprobation.

La confiance ne se décrète pas, elle se construit


Le pouvoir peut appeler autant qu'il le veut à la confiance, ce n'est pas ainsi qu'elle se construit.
La France traverse un moment où s’est développée une méfiance généralisée non seulement à l’égard de ses représentants dont les Français ne croient plus en la parole, mais également à l’égard de tous ceux qui prétendent s’exprimer en leur lieu et place : les syndicats, les acteurs économiques, les élites. Le désenchantement a succédé aux illusions qui leur ont été vendues et qu’ils se sont empressés d’acheter. Cette perte de confiance a des conséquences fâcheuses. Elle gangrène tout et sape le moral des citoyens qui perdent toute raison d’espérer dans des lendemains meilleurs. Or, sans confiance, point de salut.
Deux exemples, tirés de l’actualité française et internationale qui en regorge, sont caractéristiques des comportements qui minent à coup sûr la confiance dans toutes les relations interpersonnelles.
A peine John Kerry avait-il réussi, après plus de deux années de blocage, à convaincre Israéliens et Palestiniens de revenir à la table des négociations, que le gouvernement d’Israël autorisait la construction de plus de 1 000 logements à Jérusalem Est.
Contre les avis de tous les experts et observateurs économiques reconnus, le gouvernement français a persisté, pendant des mois, à affirmer que la croissance en 2013 serait de 0,8 % avant d’admettre, face à l’implacable réalité des chiffres,  un taux de 0,1 voire même de moins 0,1 %.
Dès lors, faut-il être surpris que la confiance, dans les Politiques en particulier et les relations en général, soit si difficile à instaurer?

Pourquoi certains font-ils confiance a priori et d’autres pas ?

Tout le monde sait que la vie au quotidien implique d’être en permanence en relation avec les autres. Cependant, chacun est conscient de vivre dans un monde fait d’incertitudes. Et donc, faire confiance met dans un état de vulnérabilité et de dépendance.
Si face à cela nous jouons la sécurité à fond en cherchant à éviter tout risque possible, c’est à dire en échangeant peu d’informations avec nos vis-à-vis, en leur accordant peu de crédit et, au final, en effectuant peu de transactions avec eux, il y a de fortes chances que nous rations de nombreuses opportunités.
Or, faire confiance aux autres, est conditionné en premier par la nécessité d’avoir confiance en soi. Ceci suppose d’avoir eu la chance de l’acquérir jeune avec ses parents. C’est grâce à eux que se développe ce que les psychologues appellent le « self esteem » qui joue également un rôle majeur dans les choix amoureux.

Comment mesurer si votre interlocuteur est digne ou pas de votre confiance ?

Pour autant, il ne s’agit pas de faire une confiance aveugle. Un excès de confiance peut être interprété comme le signe d’une certaine naïveté et encourager l’autre à mal se conduire. Que diriez vous d’une banque qui afficherait : « Ici nous faisons confiance, nous accordons des prêts sans demander aucune garantie » ? Ce serait le dépôt de bilan assuré. Il convient, dès lors, d’éviter de confondre faire confiance a priori et être crédule.
Pour cela, il est souhaitable de réexaminer en permanence le niveau de confiance que vous accordez à vos interlocuteurs en le fondant, non sur des considérations morales, mais sur la mesure des risques encourus.
Une technique très simple consiste à poser à l’autre des questions dont vous connaissez déjà les réponses. Cette méthode ne vous donnera pas une garantie absolue de son honnêteté, mais vous saurez ainsi très vite s’il cherche ou pas à vous duper. Si ses réponses sont fausses ou s’il élude sans justification vos questions, vous saurez alors à quoi vous en tenir et vous pourrez décider si oui ou non vous voulez poursuivre la discussion.
Pour autant, il convient d’éviter la méfiance injustifiée. La déception par rapport à l’attitude de l’autre ne doit pas se transformer en méfiance tant que l’on n’a pas analysé les motifs qui ont conduit l’autre à ce changement. Même si l’autre a la réputation d’être fiable, il y a toujours des imprévus qui peuvent provoquer un revirement d’attitude et le pousser à agir d’une manière contraire à ses engagements.

Comment inspirer confiance à autrui ?

La confiance est à la base de tout. Et, dans le cadre des relations suivies, la confiance se construit dans la durée. Il est donc indispensable que vos interlocuteurs vous perçoivent comme une personne fiable et digne de confiance. La clé est de développer, grâce à des comportements éthiques, une réputation d’intégrité dans votre milieu professionnel et privé car celle-ci vous précède avant une transaction ou une négociation.
J’ai le souvenir de ce DRH qui devait négocier avec les instances représentatives du personnel l’organisation et la mise en place d’une démarche de prévention du risque d’incendie et de la sécurité sur les postes de travail. Il n’existait aucun précédent sur lequel il pouvait s’appuyer.
La méfiance des élus à s’engager sur les pistes évoquées a pu être levée grâce à la réputation qu’il avait acquise – rappelée d’ailleurs par l’un des leurs impliqué, trois ans auparavant, dans une autre négociation difficile où ce DRH a démontré être un homme de parole qui respectait ses engagements – . Ceci a permis de mettre en place un système novateur concernant les risques d’incendie qui a pu, après une période négociée d’essai de six mois, être généralisé à l’ensemble des sites de cette entreprise.
Tenir ses promesses et respecter les engagements pris, être franc et ne pas mentir délibérément, ne pas recourir à la tromperie ou la mauvaise foi pour obtenir un avantage, éviter les demandes ou les offres extrêmes, prendre les devants et alerter l’autre s’il y a un problème imprévu, consulter toujours avant de décider, éviter les conduites imprévisibles et déconcertantes, parler le langage de l’autre sont autant de clés pour gagner la confiance d’autrui.
Toutefois, instaurer un climat de confiance, condition nécessaire à une bonne relation de travail, ne suffit pas. Une confiance doit être fondée. Pour cela, elle doit reposer sur des bases solides et la soumettre en permanence à un examen critique. Ne l’oublions pas, l’autre peut utiliser la confiance pour vous empêcher d’évaluer si les termes d’un accord qu’il vous propose sont équilibrés.
La tactique de « Tu ne me fais pas confiance », en vous enfermant dans un dilemme dont les deux possibilités vous sont défavorables, peut être un vrai piège à éviter. En effet, soit vous cherchez à creuser davantage et vous vous montrez méfiant, soit par peur de perturber la relation, vous acceptez sans vérifier au risque de vous faire avoir. La seule issue pour en sortir est de répondre : « Ce n’est pas une question de confiance » ou « Puisqu’il n’y a aucun problème, que perdez-vous à le mettre par écrit ».

Comment réussir à coup sûr à saper la confiance ?

Bâtir la confiance est un travail de longue haleine. Mais il suffit d’un rien, d’un léger manquement pour installer durablement la méfiance et éveiller chez l’autre les soupçons à votre encontre.
Faire de fausses promesses, induire en erreur, mentir délibérément, avoir un comportement imprévisible, tenir des propos irréfléchis vous donne la garantie que votre crédibilité est à jamais endommagée. Rappelons combien le « Je vous le dit droit dans les yeux… » de Jérôme Cahuzac a endommagé l’image des politiques et que toutes les mesures sur la transparence qui ont suivi ont tout simplement été vécues comme des leurres par les citoyens.

Pour conclure : cessez d’être complices

Si chacun d’entre nous refusait d’être complice des promesses intenables et si chacun d’entre nous était assez mûr et adulte pour supporter un langage de vérité aussi pénible soit-il à entendre, ceci pousserait peut être nos responsables politiques à être plus conséquents et plus honnêtes. Si nous voulons qu’ils arrêtent de « nous prendre pour des cons », il faut cesser de prendre tout ce qu’ils nous disent pour de l’argent comptant .
Non, la confiance ne se décrète pas ; oui, elle se construit. Il s’agit, toutefois, d’un chantier de longue haleine. Si les entreprises savent depuis longtemps qu’il s’agit d’une condition sine qua none pour développer des relations d’affaires dans la durée avec leurs partenaires, les politiques, quant à eux, peuvent toujours parier sur le fait que les français ont démontré par le passé qu’il leur arrive souvent d’avoir la mémoire courte.

Ayrault accusé de "manque de courage" par la presse


L'annonce de la réforme des retraites par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a été accueillie froidement par certains titres de presse, tandis que d'autres saluent son habileté politique.

Les éditorialistes ont donné des avis contrastés sur le projet de réforme des retraites du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Certains l'accusent de manque de "courage politique" tandis que d'autres le saluent comme "démineur"

Gaëtan de Capele dans Le Figaro estime que "faute de courage politique, cette réforme se résume donc, comme on le craignait, à un renvoi de l'allongement de la durée de cotisation aux calendes grecques et à une nouvelle hausse des prélèvements.(...) le gouvernement a choisi - c'est une manie - de ponctionner encore la fiche de salaire des Français et d'alourdir encore un peu les charges des entreprises", déplore-t-il.

Le choix de "la prudence"

De son côté, Henry Lauret dans Le Télégramme juge que " mécaniquement opportuniste, politiquement habile, la réforme des retraites siglée Ayrault renforce le chef d'une majorité viscéralement chamailleuse qui y trouvera sans doute quelque apaisement momentané." Et de saluer le savoir faire de Jean-Marc Ayrault : "le démineur de Matignon ne doit pas être mécontent de son tour de passe-passe."
Le démineur de Matignon ne doit pas être mécontent de son tour de passe-passeHenry Lauret dans Le Télégramme
Dans La Croix, Dominique Quinio note que "le gouvernement a choisi la prudence et de ne pas s'attaquer aux dossiers les plus polémiques.""La situation économique, malgré les quelques signes de reprise de la croissance, aurait tout à perdre d'un grave désordre social", reconnaît-elle.

S'il croit que "dans ses "arbitrages", Jean-Marc Ayrault a manifestement voulu contenter un peu tout le monde", Hervé Favre(La Voix du Nord) suppose qu'"en abattant son jeu dès hier soir, Jean-Marc Ayrault a aussi cherché à désamorcer la mobilisation syndicale avant la journée d'action prévue le 10 septembre.'

Une annonce habile?

Raymond Couraud de L'Alsace a bien noté que le Premier ministre précisait "qu'il faudra bien de temps à autre 'remettre le dossier en chantier'. " "C'est de bonne guerre. Tous les gouvernements l'ont fait, à la manière de nos anciens qui juraient que la guerre de 14 serait "la der des der", avoue-t-il.

"Cela revient presque à un succès politique, dans la mesure où la CFDT et le patronat ont été enrôlés dans une forme de coalition des pragmatismes. (...)", calcule Philippe Waucampt dans Le Républicain Lorrain. "Contrairement à ce qu'a affirmé Jean-Marc Ayrault, cette réforme n'est pas juste, puisqu'elle ne réduit pas les inégalités de départ entre régimes, mais elle est habile", assure Jacques Camus (La Montagne Centre Presse).

"En tout cas, le front social, qu'on imaginait "explosif" avec un dossier comme celui des retraites, vient d'être momentanément désamorcé. On dira qu'il est sans doute plus difficile de négocier avec Al-Assad qu'avec Gattaz, Mailly. Ou même Mélenchon. Quoique..." ironise Jean-Claude Souléry de La Dépêche du Midi.

    Ayrault veut prolonger le cauchemar français


    La rentrée aidant, les ministres, pleins d’une vigueur retrouvée, se lancent à l’assaut des médias avec des brouettes pleines de réformes. Et s’il y a bien un domaine dans lequel les Français attendent des réformes, c’est bien celui de leur sécurité sociale que le monde entier leur envie mais refuse bizarrement de copier.
    Et il est temps, effectivement, de se pencher sur le sujet. On le sait, la précédente majorité n’a pas vraiment fait d’étincelles, les vilains. Les déficits de toutes les branches de la Sécu se sont accumulés depuis pas mal d’années et l’actuel gouvernement doit donc impérativement étudier les moyens de remettre tout ça d’équerre, d’autant qu’ils n’ont pas trouvé le temps, l’année passée, de se pencher sur le sujet tant l’actualité fut chaude : il fallait absolument et avant tout s’assurer que le mariage homosexuel serait voté avant de procéder plus avant à une refonte de l’assurance maladie ou du système des retraites.
    Et puis, maintenant est le bon moment : d’une part, certains traitres à la patrie se sont rendus compte qu’ils pouvaient quitter la Sécurité sociale (oui, toute la Sécu, maladie, chômage, retraite), et en font part à tout le monde de façon assez bruyante. D’autre part, d’autres traitres à la patrie minent le système en refusant de payer la rançon leur écot à cette noble institution, avec un mouvement (celui des Tondus) qui prend de l’ampleur. Agir est donc important pour le gouvernement tant pour museler ces protestataires ronchons que pour assurer un avenir au système, ou, au moins, le faire tenir quelques années de plus.
    Et pour le faire tenir, rien de tel qu’un peu de rafistolage, artistiquement étalé sur plusieurs années. Si l’on doit réformer, on va faire ça en douceur, sans rien toucher de douloureux. Le pays, on le rappelle, est maintenant trop sensible pour accepter la moindre bosse, le moindre piquant, la plus petite aspérité. Et c’est donc habillés de combinaisons moulantes en épais velours rose qu’on imagine nos minustre se relayer pour nous expliquer ce qu’ils ne vont surtout pas faire pour que la réforme se passe dans de bonnes conditions.
    Pour l’assurance maladie, le sujet n’est pas sur la table et devra attendre. Pour la retraite, en revanche, on va donner des gages au marché et à l’Union Européenne en expliquant qu’on planche dessus, à fond à fond à fond. C’est donc Jean-Marc Ayrault, onctueusement glissé dans son pyjama rose d’une douceur Cajoline à toute épreuve, qui nous l’explique : oui, on va réformer la retraite, mais non, ne vous inquiétez pas, il n’y aura aucun changement sur l’âge légal de départ. Et bien sûr, puisqu’on ne touche pas à ça, il va falloir moduler un petit chouilla (à la hausse, bien entendu) ce qui veut dire, essentiellement, augmenter ce qu’on paye en CSG ou augmenter ce qu’on paye en cotisations. Comme d’habitude en France, lorsqu’on dit que la retraite va augmenter, c’est qu’on parle de son coût.
    Et rassurez-vous : tout ceci n’est qu’un commencement. En réalité, il ne s’agit que de la première étape comme Jean-Marc l’a expliqué dans son discours à la Rochelle, à l’université des taies du PS (qui, comme chacun sait, enveloppent les oreillers qui serviront ensuite à endormir les Français). Pour lui, la deuxième étape de leur « action » commence. La première étape, qui aura permis d’atteindre les 11% de chômeurs, aura vu les impôts, taxes, cotisations exploser à des niveaux records, cette première étape est à présent terminée. La seconde va pouvoir commencer.
    En quoi consiste-t-elle ? Essentiellement, il s’agira de, je cite parce que c’est mignon comme une polésie de CP à la fête des pères, « prolonger le rêve français ». S’agit-il de ce rêve éveillé qui enrobe d’une gangue de déni compact les dirigeants du pays, les têtes pensantes de tous les grands partis français ? Ou le rêve français est-il cette illusion dans lesquels baignent nos élites qui croient dur comme fer que la France reste ce phare moderne dans l’océan des turpitudes internationales ? Ou s’agit-il de cette longue succession de chiffres économiques calamiteux, de fermetures de sites industriels, de délocalisations fiscales, de fuite des cerveaux, d’augmentation des prélèvements et des vexations fiscales tous azimuts ?
    De quel rêve français parle-t-il ? De celui où le nombre de cambriolage augmentependant que la Garde des Sots propose des réaménagements de peines à tire-larigot ? De celui où le pays est sous-équipée en IRM alors que ses habitants sont parmi ceux qui dépensent le plus pour leur santé ? Ce rêve français du Chômage Pour Tous ? Ou cet autre rêve français où devenir propriétaire revient à jouer à la roulette Russe contre l’État, ou devenir entrepreneur (auto ou pas) revient à signer sa faillite personnelle à plus ou moins court terme ?
    On ne saura pas. Mais une chose est sûre :
    « Pour le redressement du pays, il faut absolument continuer sur la voie qui a été prise par la gauche. »
    Tout va donc continuer comme cela a commencé. Il n’y aura pas de disparition des régimes spéciaux. Il n’y aura pas d’alignement rapide et définitif des retraites du public sur celles du privé. Il n’y aura pas d’équité, de justice, ni, bien sûr, de liberté. Heureusement que l’histoire passée (qui nous indique qu’on va vers la catastrophe) n’est pas la tasse de thé des responsables politiques. Voilà qui est fort rassurant.
    Ce qui l’est moins, c’est que ces inévitables augmentations de cotisations et/ou de CSG (notez le « et », l’augmentation simultanée des deux n’est pas impossible) impacteront forcément le pouvoir d’achat — ou ce qu’il en reste — des Français. Or, la timide excuse qu’on fait actuellement passer pour une croissance risquerait d’en souffrir, ce qui inquiète un peu le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, qui s’en est ouvert publiquement. Pour lui, les hausses d’impôts ont atteint un seuilfatidique. Pire : l’ennuyeux commissaire ajoute que « la discipline budgétaire doit passer par une baisse des dépenses publiques et non par de nouveaux impôts », ce qui est, on peut le dire, intolérable ! D’ailleurs, les lecteurs habituels du Monde ne s’y sont pas trompés qu’ils conviennent sans détour que cet Olli Rehn se mêle de ce qui ne le regarde pas, et puis non d’abord, les hausses d’impôts ne font même pas mal, et puis on fait ce qu’on veut en France même qu’on va augmenter la CSG et les cotisations et c’est tout et puis tout va bien se passer et le petit Olli il va fermer sa grande g. non mais des fois.
    Bref .
    On connaît, tous, le problème. Les retraites sont de plus en plus misérables, le système est à bout de souffle, et les bricolages marginaux de nos clowns à roulettes ne parviendront pas à rétablir un système digne de confiance. Les futur cotisants fuient. Les cotisants actuels fuient ou ne cotisent plus. Les politiciens fuient leurs responsabilités. Les privilégiés refusent tout ajustement.
    On connaît, tous, la solution. On sait qu’il faut redonner à chacun le choix complet de son niveau et de sa durée de cotisation, et rendre à chacun la responsabilité d’organiser sa propre retraite, de la façon que chacun l’entend. Mais cette solution est trop éloignée du dogme socialiste où tout le monde doit venir en aide à tout le monde et personne ne doit jamais faire le moindre effort. Cette solution, pourtant utilisée avec succès dans tant de pays, sera soigneusement évitée.
    Dès lors, on connaît, tous, le résultat.
    Ce pays est foutu.