TOUT EST DIT

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lundi 1 juillet 2013

L’omerta

L’omerta


Les sujets "régaliens" qui se rattachent au respect de la loi et de l’ordre public étaient au premier plan de l’actualité pendant les années « Sarkozy », de 2002 à 2012. Des chiffres précis étaient systématiquement publiés chaque mois, les bons comme les mauvais, donnant lieu à d’abondants commentaires de presse. Les questions de sécurité et de maîtrise de l’immigration dominaient la vie publique et le travail gouvernemental dont elles constituaient l’une des priorités absolues. Aujourd’hui, comme dans les années 1997 à 2002, elles font de nouveau l’objet d’une sorte d’omerta, de silence absolu, de la part des autorités, des partis politiques, des relais d’opinion. Le système politico-médiatique les ignore et cela semble arranger tout le monde. Or, aucune société ne règle ses problèmes en fermant les yeux et en taisant les réalités. Ces enjeux demeurent des préoccupations fondamentales pour les Français dans leur vie quotidienne et leur vision de l’avenir. L’omerta ne fait qu’exacerber les passions, les angoisses et l’exaspération qui fermentent dans l’inconscient collectif, favoriser les mensonges et la démagogie des extrêmes selon lesquels tout pourrait se régler d’un coup de baguette magique. Un jour ou l’autre, sous une forme ou sous une autre, cette bombe va sans doute exploser à la figure de la classe dirigeante.

Fillon-Sarkozy : le match commence


L'ancien président et le député de Paris ne se parlent plus que par l'intermédiaire de leurs entourages. Enquête sur une rivalité.
"Je suis toujours affûté!" Dans ses bureaux de la rue de Miromesnil, Nicolas Sarkozy reçoit ce jour-là en short et en baskets. Rien ne semble entamer sa sérénité. Ni la mise en examen de Bernard Tapie. Ni le vote des militants UMP qui s'apprêtent à inscrire dans les statuts du parti le principe des primaires.
Reconverti en conférencier international - il était à Londres vendredi pour le compte de la Deutsch Bank -, l'ancien président jure qu'il est débordé. Son carnet de bal est complet jusqu'à la fin de l'année : des déplacements sur tous les continents et des rendez-vous à Paris dans ses bureaux parisiens où il reçoit, par grappes, députés, sénateurs et candidats aux municipales. Mercredi, il a même accueilli, pour la première fois, une dizaine de membres de l'association de ses amis, sélectionnés par Nadine Morano. Officiellement, il ne prépare pas son retour. Il se dit "très heureux" dans sa nouvelle vie, loin de la politique, et n'a pas l'intention de rompre son vœu de silence avant "au moins un an".
Il savoure les sondages de plus en plus encourageants et observe - avec gourmandise - la dégringolade de François Hollande. Selon lui, la France est au bord du chaos. Jamais, répète-t-il devant ses visiteurs, le pays n'a été aussi tendu. Pour l'heure, seule la rivalité avec Fillon le contrarie. En fonction de l'interlocuteur qu'il a en face de lui, il pousse plus ou moins le curseur des critiques contre son ex-Premier ministre. Le langage est parfois fleuri dans la bouche de celui qui reste un animal politique. "Fillon traite Copé de mafieux puis déjeune avec lui. Faudrait savoir !", confie-t-il à un proche. "François crispe la droite", dit-il à un autre. "Au fond, François veut que je revienne. Ça doit être psychologique", ironise-t-il devant un autre. L'ex-président n'a pas digéré les critiques de François Fillon dans le documentaire de Franz-Olivier Giesbert, diffusé sur France 3 le 8 mai.

"Sarkozy, c'est comme certaines nuits d'amour : t'as pas forcément envie de recommencer"

S'il dément l'écriture d'un livre, Sarkozy se prépare sans le dire. Les choses se mettraient en place de façon "inéluctable" répète-t-il à ses visiteurs sans les éclairer sur la ligne politique de son come-back. À ceux qui lui reprochent sa proximité avec Patrick Buisson, il réplique qu'il n'a jamais eu de gourou. Mais assume préférer recevoir les "conseils" de Patrick Buisson que ceux de Roselyne Bachelot.
Avec Fillon, la rupture est consommée, les deux hommes ne se sont plus vus depuis la fin du mois d'avril. Aucun des deux non plus n'a pris la peine de décrocher son téléphone. Mais les coups partent, d'un camp comme de l'autre. "Le pays tout entier n'est pas en train d'attendre Sarkozy comme le messie", lance Fillon. De son côté, le fidèle ami de Sarkozy, Brice Hortefeux s'amuse de "la promenade de Fillon", comme si la précampagne du député de Paris n'était qu'une manière de chauffer la salle. L'ancien ministre n'a toujours pas digéré la sortie du député de Paris "sur la différence d'approche irréconciliable" sur le FN entre les deux hommes : "Fillon n'a jamais rien fait contre le FN. Nicolas Sarkozy a failli le faire disparaître", s'exclame-t-il. Patrick Balkany raconte, lui, avoir téléphoné à l'ex de l'Élysée après le passage de Fillon sur France 2 : "J'ai dit à Nicolas que j'étais le dernier spectateur devant la télé et encore, c'est parce que je m'étais endormi". Un autre sarkozyste poursuit : "J'ai du mal à imaginer François Fillon avoir le courage de défier Nicolas Sarkozy en vrai." À ces amabilités, un ancien ministre filloniste répond : "En même temps, Sarkozy, c'est comme certaines nuits d'amour : t'as pas forcément envie de recommencer."
En attendant, l'agacement de Sarkozy est sans doute l'un des meilleurs carburants d'un ex-Premier ministre qui peine souvent à montrer "son envie" de France. "Oui, même si tout cela était prévu et prévisible, ce qu'il entend venant de la rue de Miromesnil est un moteur", confirme le député Pierre Lellouche.

Fillon en déplacement au Liban la semaine prochain

Poussé, Fillon multiplie donc les petites provocations. Évoque cette semaine, dans une interview à La Montagne, "notre quinquennat", en parlant de Sarkozy et de lui. Et développe dans sa précampagne le thème du "progrès". "C'était notre idée", a-t-on bondi dans l'entourage de l'ex-président. "Si cette question le passionnait tellement, pourquoi Nicolas Sarkozy n'en a-t-il pas fait le thème central de sa dernière campagne présidentielle?", réplique-t-on côté Fillon où l'on reconnaît avoir décidé "d'accélérer sur le sujet". "Faut se méfier du Sarthois teigneux", s'amuse un filloniste.
Un "Sarthois teigneux" qui s’organise. Son nouveau site internet doit être prêt en début de semaine. D’ici la fin de l’été, tous les responsables départementaux de son écurie, Force républicaine, auront été nommés. Il va aussi lancer des ateliers thématiques, sur une durée déterminée, coordonnés par une équipe de bénévoles pour préparer son programme pour les primaires de 2016. "Ils seront composés de politiques, mais aussi de représentants de la société civile", explique le député Jérôme Chartier. Les amis de Nicolas Sarkozy s’organisent aussi. Ils se retrouveront à la fin de l’été sur le bassin d’Arcachon.
En parallèle, Fillon, qui semble décidé à tenter d’attirer toutes les lumières sur lui, multiplie les déplacements. Il a prévu de se rendre au Liban, à partir de jeudi, pour quatre jours. Un voyage aux allures de visite d’État, puisque Fillon rencontrera sur place toutes les autorités de ce pays francophone. Avant, il aura tenu, mardi, un meeting dans les Hauts-de-Seine. Pas de quoi apaiser les esprits. Cet été, l’ex de Matignon a programmé des vacances françaises, dans son manoir de Beaucé, avec au programme l’écriture d’un livre. Avant sa rentrée politique, prévue elle aussi dans la Sarthe. Le duel à distance s’installe. Jeudi, un militant UMP visiblement peu au fait de ce match a benoîtement tendu une pochette du dernier disque de Carla Bruni à François Fillon : "Vous voudrez bien lui demander une dédicace pour ma femme, monsieur le Premier ministre?" L’ancien "collaborateur" a souri.

Frédéric Mitterrand : «Les socialistes n'ont pas de vision culturelle»


Une année après la nomination d'Aurélie Filipetti rue de Valois, son prédecesseur s'exprime sur une politique culturelle qu'il juge dogmatique.
Le récent limogeage du directeur du Centre national du livre (CNL), Jean-François Colosimo ; le remplacement, à la tête du Centre national du cinéma (CNC), d'Eric Garandeau par Frédérique Bredin, ainsi que la démission «forcée» d'Olivier de Bernon, ancien directeur du musée Guimet, ont choqué Frédéric Mitterrand. Certes, personne n'est propriétaire de son poste et les têtes ont souvent valsé après un changement de majorité - y compris sous Frédéric Mitterrand.

Mais ce dernier estime que «trop c'est trop». Déjà, Aurélie Filippetti avait changé plusieurs directeurs du ministère, ainsi que le secrétaire général. Sans compter la valse à la tête des Centres d'art dramatique, à commencer par Jean-Marie Besset à Montpellier, remercié après son premier mandat, ce qui est une première dans le monde du théâtre subventionné.
LE FIGARO - Vous avez été silencieux pendant un an et soudain…. C'est le débarquement de Jean-Marie Besset, directeur du Centre dramatique national de Montpellier, qui vous fait sortir du bois?
FREDERIC MITTERRAND - Trop c'est trop. Jean-Marie Besset est le détonateur… Mais il n'y a pas que lui. J'ai le sentiment d'une grille dogmatique. Qu'un ministre change son cabinet relève du cours normal des choses, il n'y a rien à redire à cela. Changer les grands directeurs d'administration, c'est déjà plus aléatoire. Normalement, la continuité républicaine devrait jouer.
Moi, je ne travaillais presque qu'avec des gens de gauche, dont certains étaient d'ailleurs loyaux à mon égard. J'étais impartial. Ce n'est plus le cas rue de Valois.
Il y a quelque chose de systématique dans les remplacements, ce qui n'est pas bien. Olivier de Bernon, directeur du musée Guimet, a été viré sans manière, alors que c'est une personne remarquable et que le musée a besoin d'une réorganisation. Jean-François Colosimo, du Centre national du livre (CNL) a été mis dehors alors qu'il a un bon bilan et qu'il était loyal envers son ministre. Eric Garandeau, du Centre national du cinéma (CNC) était compétent. Il a été écarté après deux ans parce qu'il était l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy: son éviction est purement politique. Ce n'est plus la lutte des classes, c'est de la féodalité.
Le premier geste des socialistes, à la Culture, a été d'annoncer un plan d'économies. C'était peut être nécessaire, non?
La maison de l'Histoire de France était un projet politique et j'ai compris, sans l'accepter, pourquoi Aurélie Filippetti y avait mis fin. Mais le Centre national de la musique sur lequel il y avait un large consensus? Je ne comprends, ni n'accepte, ce geste. Quant à Hadopi, on sait bien que le volet pédagogique a fonctionné. Il faudra bien une instance de régulation.
Qu'on le veuille ou non, le ministre de la Culture n'est pas le ministre de la Sécurité sociale, mais celui des artistes. Alors oui, il y a une crise économique mondiale. Mais que pèse le budget de la Culture? A peine 1 % du budget de l'État. François Hollande voulait ré-enchanter la France, et il coupe dans les subventions. Le fond du problème, c'est qu'il ne s'intéresse pas à la Culture, ce n'est pas dans son ADN. Nous avons des technocrates dogmatiques au pouvoir.
Il faudrait pourtant proposer des choses, prendre un pari sur l'avenir, lutter contre le défaitisme ambiant. Je m'étais battu pour la Philharmonie de Paris car je sais, qu'un jour, nous serons fiers d'avoir cette salle de musique, capable d'attirer à nouveau les plus grands chefs d'orchestre. On peut toujours trouver de l'argent ailleurs, notamment du côté des mécènes, s'il en manque. Encore ne faudrait-il ne pas rejeter les entreprises et ne pas mépriser les riches.
Lorsqu'Aurélie Filippetti a été nommée, vous sembliez la soutenir. Pourquoi la critiquer aujourd'hui?
Je la connaissais un peu, j'aimais ses romans, surtout le premier ( Les Derniers Jours de la classe ouvrière ndlr). Lors de la passation de pouvoir, je l'avais aidée. Mais un an après, elle fait montre d'une approche totalement dogmatique de la Culture. La démocratisation, c'est le serpent de mer du ministère, cela tient de l'incantation. On ne va pas forcer les gens à aller au musée comme cela, les choses sont plus complexes. Aurélie Filippetti veut développer l'éducation artistique à école, alors que cela ne dépend pas d'elle, mais de son homologue à l'Éducation nationale, Vincent Peillon. Les enseignants ne veulent s'occuper des arts à l'école. Et tant qu'on n'ouvrira pas une véritable filière pour eux, cela ne marchera pas.
Pourtant, le monde de la Culture reste à gauche. Je vais vous faire une confidence: j'étais toujours bien accueilli par les élus communistes, ce qui n'était pas forcément le cas avec tous les socialistes. Seule Martine Aubry, qui a tout changé à Lille, a du souffle.
Dans le fond, les socialistes sont dans le déni démocratique. Ils décident de manière arbitraire. Regardez ce que Bertrand Delanoë a fait de la place de la République, ou des voies sur berge, à Paris. Ses projets ne tiennent pas compte du passé et de l'histoire du lieu. Les socialistes n'ont tout simplement pas de vision culturelle
Quelles sont vos relations avec Nicolas Sarkozy?
Je ne l'ai revu qu'une fois. Cette dernière année, je me suis tenu à l'écart de lui, comme du reste et des autres, d'ailleurs. C'était très violent d'être ministre, et je n'étais pas du sérail, ce qui a été à la fois ma force et ma faiblesse. Les hommes politiques sont à part. Ils ont un autre ADN.
Comment percevez-vous le climat politique actuel?
Ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est la possible émergence d'un terrorisme d'extrême droite. Je redoute un Anders Breivik français. Le mariage pour tous a été mal géré par la gauche, mais aussi par l'UMP. Tout cela a réveillé les démons. On a assisté à des délires homophobes et le sujet est devenu clivant. Dans cinq ans, on ne parlera plus de ce sujet. Entre temps, Marine Le Pen a réussi à dé-diaboliser la Front national et la droite est divisée. Une partie de la droite n'a pas compris que la France est devenue diverse.
Vous sentez-vous orphelin politiquement
J'aspire au retour d'une droite pompidolienne, attentive et modérée. C'est celle de François Fillon. Avec Hubert Védrine et d'autres, il fait partie de ces gens qui peuvent diriger notre pays avec sagesse.