TOUT EST DIT

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mercredi 21 janvier 2009

Ségolène Royal: "L'équipe d'Obama nous a copiés!"

Elle ne voit pas pourquoi elle "n'assumerait pas : oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés". C'était au temps où elle était candidate à la présidence et où Barack Obama envisageait seulement de réussir à l'être. Il a envoyé une équipe à Paris étudier son site Désir d'avenir. "Chez nous ils ont enregistré les idées de 'gagnant-gagnant', de 'citoyen-expert'" Ensuite, M. Obama a adapté sa "démocratie participative" à la mode américaine, "fort différente de l'européenne". Aux Etats-Unis, tout n'est que "communautés" – ethniques, religieuses, culturelles, urbaines, même les quartiers d'habitations s'intitulent "communities". En Europe, on parlerait de collectivités, de mouvements, d'associations, de réseaux. Mais l'idée, dit-elle, lundi 19 janvier, à Washington, est la même : refonder la manière de faire de la politique, la relation entre les élites et le peuple.

Ségolène Royal est à Washington parce qu'elle a "le sens de l'histoire". Et surtout, ce moment-là, elle avait "envie de le sentir autrement que devant un écran de télévision". Soudain, on lui apporte une enveloppe. A l'intérieur, le ticket bénit. Elle ne sera ni au premier rang, ni même au vingtième. Mais elle aura été là, à 200 mètres du lieu ou Barack aura prononcé les mots d'acceptation qui en auront fait le 44e président des Etats-Unis. Elle pourra dire "j'y étais" et se moque bien des commentaires aigres-doux qu'elle pourra susciter, à gauche ou à droite, en France.

QUI RENCONTRE-T-ELLE ? ON EN SAURA PEU

Elle en est certaine, elle aura assisté à un "moment essentiel à l'échelle du siècle", à un "basculement vers le futur". Ce ne sont pas ses propres mots, dit-elle, mais ceux qui reviennent dans la bouche de tous ses interlocuteurs américains, "gens de la rue et élites". Car elle est là aussi pour travailler. Qui rencontre-t-elle ? On en saura peu. Elle n'est pas là pour parler d'elle-même ni de politique française, mais de Barack Obama. "On doit tous s'interroger : cette audace américaine doit irradier l'ensemble du monde." En réalité, en évoquant le nouveau président américain, en filigrane, elle parle d'elle.

Cette "conception nouvelle du leadership", c'est celle qu'elle aspire à imposer de son côté. Parce que "plus on écoute les gens, plus on anticipe, plus l'autorité s'affermit. Obama a théorisé cette vision". Pour preuve, clame-t-elle, il n'a pas mis fin au mouvement qu'il a généré une fois son élection acquise. Au contraire, durant les dix semaines de transition, il a ouvert le débat sur sur son site à toutes les suggestions, toutes les initiatives, "et personne n'a dit : il ne sait pas ce qu'il veut faire". Dans nos sociétés en crise, l'instauration d'"un flux relationnel continu entre le peuple, les experts et celui qui décide" ouvre la voie vers la sortie de l'impasse dans laquelle se meurt la politique. Et c'est encore plus vrai dans les phases de grandes difficultés, où seule, ajoute-t-elle, la "pédagogie de la décision" peut faire accepter les sacrifices.

La crise, elle en est convaincue, n'est pas qu'économique, mais "morale, sociale, politique et institutionnelle". Ce qui la séduit le plus, en Obama, c'est sa capacité à mobiliser dans la ferveur et, conjointement, son appel constant à la responsabilité de chacun. Sa manière d'inventer un nouveau vivre-ensemble, dit-elle. Le verbe n'est peut-être pas aussi brillant que chez le nouveau président américain, mais l'aspiration est là. C'est dans "la même démarche" qu'elle se rendra, fin janvier, au Forum social mondial de Belem (Brésil). M. Obama n'y a pas encore annoncé sa participation.