TOUT EST DIT

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lundi 31 janvier 2011

À la tunisienne ?


Le dictateur égyptien pensait maîtriser la colère populaire en bloquant l'internet et en brouillant la téléphonie mobile. Quelle erreur d'appréciation sur la profondeur du mécontentement ! Non seulement il n'a pas contenu le mouvement mais il a dû instaurer le couvre-feu et faire appel à l'armée pour épauler la police. Et la mort d'au moins un jeune rend l'échec encore plus cinglant. La question est posée aujourd'hui de savoir jusqu'où le pouvoir est capable d'aller dans la violence pour se sauver. Certes le régime égyptien n'est guère comparable à la dictature de Ben Ali, mais même si les mécanismes de contrôle policiers sont beaucoup plus efficaces, le scénario à la tunisienne apparaissait hier comme possible sur les bords du Nil.


Cristallisés le jour de la prière, et c'est un fait nouveau, les slogans du rassemblement anti-Moubarak se sont transformés en émeutes et en guérilla de rues malgré l'état d'urgence décrété en 1981. Les appels des Frères musulmans ont sans doute provoqué la brutale réaction de l'armée, totalement opposée à l'arrivée des islamistes. Lesquels islamistes ne veulent d'ailleurs pas du pouvoir dans ce contexte, convaincus qu'ils sont que l'armée ne trahira pas Moubarak. Même si la perspective de voir le fils, Gamal, dont elle ne veut pas, succéder à son père pourrait influer sur ses positions et l'inciter à imposer au vieil autocrate un successeur issu de ses rangs.


Les tiédeurs américaines pourront-elles résister longtemps aux morts sur les trottoirs égyptiens ? Obama peut-il renier son discours du Caire et son plaidoyer du printemps 2009 pour la liberté ? Sans doute pas et ses recommandations à pousser les feux des réformes vont, au fil des répressions, devenir des critiques appuyées.


Le président des États-Unis ne voudra pas continuer à s'accommoder de cet allié embarrassant au risque d'écorner ses ambitions de résolution des conflits dans la région. Les circonvolutions du discours de la veille, qui traduisaient la complexité des enjeux et l'embarras des Américains, se changeaient dans les appels de la soirée en vives préoccupations et en appels au respect des droits fondamentaux du peuple. L'appui sans équivoque à la démocratie ne devrait pas tarder.

L'Amérique lâche Moubarak

Coup de tonnerre diplomatique dimanche soir. Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, a réclamé une véritable transition démocratique en Egypte.

C'est un cap décisif qui a été franchi dimanche soir dans la crise égyptienne par la diplomatie américaine. Alors que les manifestants défiaient à nouveau le couvre-feu au Caire, à Washington, s'exprimant sur l'antenne de CBS, Hillary Clinton, chef du département d'état, a sonné la charge contre Hosni Moubarak, réclamant « une transition en bon ordre vers une démocratie véritable ».

Le ton était particulièrement ferme et les mots prononcés dénués d'ambiguités.
« Nous demandons au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir, de tout faire pour faciliter ce genre de transition. Nous voulons des élections démocratiques, et que le peuple égyptien ait une chance de dessiner un nouvel avenir ».
Au même moment, la maison blanche faisait savoir que le président des Etats-Unis, Barak Obama, avait été en contact téléphonique avec plusieurs chefs d'état ou dirigeants concernés, notamment ceux d'Israël, de Turquie, d'Arabie Saoudite ou encore de Grande-Bretagne, pour leur expliquer les intentions américaines et leur demander leur aide afin qu'une « la transition démocratique ait lieu en bon ordre ».
Les Etats-Unis ont donc engagé un virage historique qui ne peut que renforcer la détermination des manifestants exigeant le départ d'Hosni Moubarak. « L'alliance stratégique avec le pays n'est pas remise en cause, explique officieusement un diplomate américain, mais nous voulons la fin d'un régime bafouant les exigences de démocratie et de liberté d'un peuple, et que l'effusion de sang et les violences cessent ».

Virage amorcé vendredi dernier

Le virage a sans doute été amorcé vendredi dernier, alors que les émeutes faisaient rage au Caire, et que se trouvait à Washington le chef d'état-major de l'armée égyptienne, le général Sami Anan, accompagné d'une importante délégation militaire. C'est à ce moment que les contacts entre le chef d'état-major et ses principaux généraux au Caire ont débouché sur un forcing politique, obligeant Hosni Moubarak à nommer un vice-président à même de le remplacer en cas d'empêchement ou d'abandon de l'exercice de ses fonctions. Le consensus s'est porté sur Omar Souleimane, ancien militaire, chef des services de renseignements égyptiens, très apprécié par ses homologues de la CIA, fin diplomate, impliqué directement dans le difficile processus de paix israëlo-palestinien, et disposant de réseaux solides dans tout le monde arabe mais aussi en occident. Omar Souleimane a su aussi par le passé montrer qu'il pouvait être impitoyable quand il s'est agi de mener la lutte contre les frères musulmans. Depuis qu'il a prêté serment en tant que vice-président, et ruiné le rêve d'Hosni Moubarak de voir son fils Gammal lui succéder, Omar Souleimane est techniquement et constitutionnellement apte à prendre les rênes de l'Egypte.
Selon plusieurs sources diplomatiques arabes et occidentales, il pourrait former avec le très « présentable » opposant Mohamed el Barradeï, ancien président de l'agence de l'énergie atomique, revenu en Egypte pour devenir un des leaders d'une contestation qu'il veut pacifique, un gouvernement de transition et de consensus, dans l'attente d'élections libres et démocratiques.

L'armée continue à se déployer

Mais ce scénario relève encore de la pure fiction. Car Hosni Moubarak, bien qu'il soit « dos au mur »,  semble faire la sourdre oreille. On a pu le voir dimanche après-midi au centre de commandement de l'armée aux cotés de son vice-président, puis à la télévision nationale, affirmer, comme si de rien n'était, qu'il avait donné l'ordre à son Premier ministre de prendre des mesures économiques pour développer l'emploi et faire baisser les prix des produits de consommation.
C'est donc l'armée égyptienne, dans cette confusion ambiante, qui détient la clé de l'avenir de l'Egypte. Une armée qui n'a cessé toute la journée de dimanche de continuer à se déployer massivement dans tout le pays. Des avions de chasse et des hélicoptères ont survolé à basse altitude le Caire, et des chars d'assauts ont continué à se positionner à tous les endroits stratégiques. Une démonstration de force difficilement interprétable, puisque l'armée n'a fait usage de sa puissance de feu. Les hommes de troupes se sont concentrés sur la localisation et l'arrestation des pillards. Quant aux chars déployés dans les principales villes où sévit la contestation populaire, ils sont pris d'assaut par les manifestants qui s'en servent pour déployer leur banderoles, ou crier leur slogan favori: « Moubarak, dégage ! ».
Si la diplomatie américaine s'est donc clairement prononcée pour le changement démocratique, rien n'est joué à l'heure actuelle, tant que les généraux égyptiens n'ont pas fait clairement leur choix. Un choix qui sera décisif quand au sort de la révolte populaire et à l'avenir du pays.
 OBAMA EST UN LÂCHE, IL MÈNE UNE POLITIQUE À VUE, TROUILLARDE,  IL N'A RIEN A FAIRE AUX COMMANDES DE CETTE NATION, ON ATTEND DES ÉTATS UNIS QU'ILS AIENT DES COUILLES, OBAMA EST UN EUNUQUE.

Carla Bruni-Sarkozy n'est plus de gauche

Carla Bruni vient d'affirmer ne plus vraiment se sentir de gauche. Tiens, tiens, après bientôt trois ans de mariage, la chanteuse se sent peut-être plus proche de l'UMP.

 Carla Bruni, estampillée artiste de gauche, avait déjà fait douter ses plus vervents fans de gauche lors de son mariage avec Nicolas Sarkozy. Cette fois, la chanteuse enfonce le clou dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. « Je ne me sens plus vraiment de gauche » lâche-t-elle, tout en rassurant sur le fait qu'elle ne compte pas s'engager en politique. « Je ne vais pas faire campagne, surtout quand mon mari n'est pas encore en campagne (...) Mais je serai évidemment derrière lui, s'il se lance ». Et pourtant, elle jouit d'une belle côte de popularité comme le montre un sondage réalisé dans France-Soir la semaine dernière, où l'on apprenait que 66% des Français se disaient satisfaits de son rôle de première dame. Ouf ! Après mannequin, chanteuse et première dame de France, Carla Bruni ne deviendra donc pas préfète.

« J'ai fait partie d'une communauté d'artistes. On était bobo, on était de gauche mais, à ce moment-là, je votais en Italie. Je n'ai jamais voté pour la gauche en France, et je vais vous dire, ce n'est pas maintenant que je vais m'y mettre. Je ne me sens plus vraiment de gauche » explique-t-elle. En cause : l'affaire Roman Polanski. Poursuivi pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, le réalisateur avait reçu le soutien du ministre Frédéric Mitterrand avant qu'on reproche à ce dernier d'avoir fait l'apologie du tourisme sexuel dans un de ses livres.
Et Carla Bruni-Sarkozy de préciser : « Il y a eu certains faits, certains commentaires, notamment suite à la suite de l'affaire Polanski-Mitterrand. J'ai entendu des responsables socialistes dire la même chose que ceux du Front National. Ça m'a vraiment choquée ».

ELLE N'A JAMAIS ÉTÉ DE GAUCHE, ELLE A TOUJOURS NAGÉ DANS LE FRIC (le fric péjoratif, version gaucho, lui.) MAIS C'EST AVANT TOUT UNE ARISTOCRATE.

Démocratie arabe contre l’Occident ?

En un mois, la « révolution du jasmin » est venue à bout d’un régime autoritaire corrompu et a mis l’ensemble du monde arabe en ébullition. Sommés de s’excuser pour leur « complicité » passée avec les despotes, nos dirigeants européens soutiennent timidement les opposants arabes qui promettent de balayer les dictatures en place. Ils savent d’expérience que les révolutions sont souvent récupérées par les extrêmes et qu’il faut rester prudent. Certes on doit se réjouir si des élections libres sont envisageables en Tunisie et même en Egypte ou ailleurs. Mais porteront-elles des démocrates au pouvoir ? Qu’il s’agisse d’Hitler en 1933, de l’islamiste Mahmoud Ahmadinejad en Iran ou de son ami révolutionnaire rouge Hugo Chavez au Venezuela, l’histoire montre que des peuples peuvent élire des dictateurs pires que les précédents. Constat géostratégique élémentaire, les dirigeants arabes actuellement menacés ou destitués par des oppositions démocratiques ou majoritaires, donc légitimes, sont tous pro-occidentaux et anti-islamistes : Ben Ali en Tunisie ; Hariri au Liban, destitué par le Hezbollah chiite pro-iranien ; Moubarak en Egypte, visé par les Frères musulmans et leur allié el-Baradei, démocrate mais pro-iranien ; le roi de Jordanie, face aux Frères musulmans et aux radicaux palestiniens qui forment 60 % de la population. Notons que l’Egypte et la Jordanie sont les seuls Etats arabes à avoir signé des accords avec Israël, que les révolutionnaires rêvent de rompre. En fait, le nouveau monde arabe en gestation pourrait devenir à la fois plus « démocratique », plus anti-occidental et bien plus anti-israélien si la loi du nombre et des urnes l’emportait. Et les extrêmes n’ont pas dit leur dernier mot…

ÉGYPTE - Omar Souleimane, le sauveur de Moubarak ?

Général et chef du renseignement, le nouveau vice-président égyptien bénéficie de l'entière confiance du raïs.

Au Caire, le siège des renseignements généraux est non loin du palais présidentiel. Chaque jour, son directeur Omar Souleimane parcourt les quelques mètres qui séparent les deux bâtiments pour fournir comptes rendus et analyses à Hosni Moubarak. Il sait se rendre indispensable, jusqu'à effacer les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Sa fidélité et son dévouement lui ont d'ailleurs valu d'être nommé samedi vice-président d'Égypte, fonction jamais exercée sous l'ère Moubarak, au pouvoir depuis octobre 1981.
En désignant Omar Souleimane, âgé de 75 ans, le raïs a voulu s'offrir une assurance. S'il était dans l'incapacité de diriger le pays, le vice-président prendrait les commandes du pays. Depuis quelques années déjà, le nom de Souleimane circule pour succéder à Moubarak. C'est que le chef du renseignement égyptien est l'homme fort du pays.

Amitiés américaines
Issu de la bourgeoisie, Souleimane a réalisé une carrière militaire fulgurante qui l'a conduit au grade de général. Il a rejoint, par la suite, le renseignement militaire au poste de directeur adjoint. Longiligne, mince, très élégant, les moustaches bien taillées et des sourcils épais qui abritent des yeux scrutateurs, Souleimane se révèle un homme de dossiers et d'analyses, à la main de fer. Divers séjours aux États-Unis lui assurent de fidèles amis à la CIA et des contacts utiles.
Son ascension, il la doit à Moubarak qui lui confie, en 1991, la direction des services des renseignements généraux. Mais ce sont des événements dramatiques qui scelleront définitivement l'amitié entre les deux hommes. Le 21 juin 1995, Souleimane sauve la vie du président lors d'un sommet à Addis Abeba, en Éthiopie, au moment où des tireurs d'élite de Gamaat al-Islamiya tirent sur le cortège officiel. Au cours de l'été 1997, le chef du renseignement réclame un renforcement de la police près des sites touristiques. Le ministre de l'Intérieur ne donne pas suite. Le 17 octobre de la même année, l'attentat de Louxor fait 62 victimes. Souleimane avait bien senti le danger : Moubarak lui accorde toute sa confiance.

Changer l'Égypte
Le raïs n'a de cesse d'élargir les prérogatives de son fidèle. À compter de 2001, il lui confie des dossiers délicats, à commencer par celui de la Palestine.
Aujourd'hui, Moubarak fait appel à Souleimane tandis que la fureur populaire s'abat sur l'Égypte. Le tout nouveau vice-président a pour mission de rétablir le calme à travers le pays. Il doit également entreprendre avec le nouveau gouvernement les réformes réclamées par les manifestants. S'il lui est impossible, en quelques jours, de mettre fin au problème du chômage ou à celui de la misère, il pourrait élargir le champ de la démocratie en modifiant certains textes constitutionnels. Cela rétablirait l'égalité entre tous les citoyens. Ce serait une nouvelle Égypte.

L'iPhone, ça sert aussi à faire la guerre


Il existe de nombreuses applications à destination de l'armée, plus particulièrement des tireurs d'élite.
Le capitaine de l'US Army Jonathan J. Springer, actuellement en cours de déploiement pour la troisième fois en Afghanistan, devrait bientôt mettre en vente sur le site marchand d'Apple iTunes l'application Tactical Nav, destinée aux militaires en opération. Conçu à titre personnel par l'officier, avec l'aide de programmeurs, Tactical Nav doit permettre aux soldats de se localiser précisément sur une carte d'état-major, de dresser des cartographies, de photographier des points remarquables sur le champ de bataille, d'en déterminer et d'en transmettre les coordonnées aux unités de soutien (artillerie, soutien médical, etc.).


Dans les interviews qu'il a données récemment sur le terrain à la presse américaine, l'officier ne dit pas comment il va régler les problèmes qui ne manqueront pas de se poser avec un terminal dont on ne peut pas changer les batteries alors qu'elles se déchargent rapidement en cas d'utilisation intense. Ajoutées à sa fragilité dont on voit mal comment elle s'accommoderait des rigueurs du terrain, ces caractéristiques de l'iPhone font qu'il sera encore longtemps davantage utilisé par les soldats comme un moyen personnel que comme un outil réellement opérationnel.


Tireurs d'élite


Néanmoins, plusieurs applications spécifiquement conçues pour les militaires tournent déjà sur iPhone ou iPod, notamment celles destinées aux tireurs d'élite. Ces derniers doivent prendre en considération, au moment du tir, des éléments aussi divers que la température, la pression atmosphérique, la vitesse du vent, etc. Des applications spécialisées, conçues au départ pour des jeux vidéo, ont été ajustées aux conditions opérationnelles et sont proposées avec des supports d'adaptation aux armes et aux munitions utilisées par les snipers. Ainsi Bullet Flight, que chacun peut acheter sur iTunes, dans une version "light" ou dans sa variante Level M "militaire", la plus complète. Le site précise que la nouvelle version compte 299 nouvelles munitions et trois nouvelles armes de guerre...


Dans ce domaine, l'application de référence des tireurs d'élite demeure iSnipe, qui utilise les données techniques fournies par 2.200 fabricants de munitions et s'achète sur iTunes pour 5,99 dollars. Fin 2009, la puissante firme américaine d'armement Raytheon avait annoncé son intention de sortir sa propre application iPhone pour les combattants. Le projet avait été appelé One Force Tracker, et la firme affirmait alors que le gouvernement américain recherchait des équipements consommant peu d'énergie, avec un fonctionnement simple et capables de présenter une situation opérationnelle en temps réel. Le projet n'a plus fait parler de lui depuis, ce qui ne veut sans doute pas dire qu'il a été oublié !

La dette des Etats-Unis sous haute pression

Le président républicain de la chambre des représentants, John Boehner, met en garde contre un éventuel défaut sur la dette américaine non seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour toute la planète.

Le président républicain de la chambre des représentants, John Boehner, a déclaré dimanche que les Etats-Unis devaient continuer d'honorer leurs obligations en matière de financement de la dette publique sous peine de déclencher un cataclysme financier mondial.
Alors que le pays s'apprête à dépasser sa limite légale d'endettement, 14.300 milliards de dollars, certains membres du Parti républicain ont suggéré qu'aucun autre emprunt ne devrait être autorisé en l'absence de nouvelles coupes dans les dépenses publiques.
Prié de dire quelles seraient les conséquences d'un non-relèvement de la limite de l'endettement des Etats-Unis, il a répondu: "ce serait un désastre, pas seulement pour notre pays, mais pour l'économie du monde entier.
"Souvenez que le jour des élections, le peuple américain a dit, nous voulons des coupes dans les dépenses et nous voulons des créations d'emploi. Vous ne pouvez pas créer d'emploi si vous faites défaut sur votre dette."
Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a prévenu que faute d'une décision du Congrès, seul capable de relever la limite de l'endettement américain, il ne pourrait plus emprunter à partir d'une date comprise entre le 31 mars et le 16 mai.
A partir de cette date, le pays pourrait faire défaut sur certains prêts.
Les républicains souhaitent que des discussions bipartisanes soient organisées pour régler la question de l'endettement à long terme des Etats-Unis qui ne fera qu'empirer en raison du vieillissement de la population américaine et des coûts sociaux induits par ce phénomène.

Taxe Tobin : Christine Lagarde évoque dans La Tribune la piste d'une taxe sur les transactions de changes

Cette idée de "taxe Tobin", jadis apanage de la gauche radicale, a été reprise par certains gouvernements, notamment en France, après la crise financière mais sa mise en oeuvre reste très incertaine.

La taxe sur les échanges financiers internationaux proposée par la France pourrait porter sur les transactions de change, suggère la ministre de l'Economie Christine Lagarde dans un entretien publiée ce lundi dans La Tribune.
Cette idée de "taxe Tobin", jadis apanage de la gauche radicale, a été reprise par certains gouvernements, notamment en France, après la crise financière mais sa mise en oeuvre reste très incertaine.
Priée de dire quelle forme la taxe pourrait prendre, Christine Lagarde répond qu'elle pourrait porter sur un type de transactions qui consiste à spéculer sur les variations de taux de change entre les devises.
"La transaction sur les changes, c'est ce qu'il y a de plus identifiable et de plus traçable. Son taux n'est pas défini", dit-elle.
Il faudra dégager 100 milliards de dollars par an de nouvelles recettes pour respecter les engagements pris par la communauté internationale pour financer l'aide au développement, rappelle-t-elle.
La perspective reste cependant floue, a reconnu la ministre, car les oppositions sont fortes, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. "Nous commençons seulement le travail d'explications et de convictions. Il faut admettre que nombre de pays sont aujourd'hui rétifs. C'est un travail que nous entamons avec les Allemands", explique la ministre.
Christine Lagarde indique aussi que la France entend agir pour favoriser l'émergence d'un débat sur les taux de change entre monnaies, en visant implicitement la Chine, dont le yuan est accusé d'être sous-évalué.
"Il est indispensable que le commerce mondial puisse se développer dans des conditions non faussées par une concurrence monétaire déloyale", dit-elle.
Elle parle de la création d'une "instance appropriée" pour débattre du problème en y faisant participer la Chine, en citant la possibilité d'un sous-groupe du G20.
Une autre possibilité est de regrouper les pays qui fournissent au Fonds monétaire international les monnaies composent les Droits de tirage spéciaux (DTS), un instrument de réserve international, et d'y intégrer le yuan.
"Cela pourrait inciter les Chinois à s'orienter vers la convertibilité du yuan", dit-elle.
Priée de dire si elle est optimiste pour la présidence française du G20, la ministre se montre prudente en rappelant que cette instance ne constitue pas une institution susceptible de prendre des décisions contraignantes.
"Rappelez-vous ce qu'est le G20: ce n'est pas un organisme décisionnel, mais une instance de concertation, de proposition, et d'élaboration de principes", dit-elle.

Egypte: un nouveau gouvernement est formé

Pour le 7e jour de la mobilisation en Egypte, les manifestants demandent le départ de Hosni Moubarak. Suivez heure par heure cette nouvelle journée de contestation.

 
14h48 Les six journalistes d'Al Jazeera English ont été libérés.  
14h40 Une vidéo commence en ce début d'après-midi à créer le "buzz" sur la Toile. On y voit une jeune égyptienne demander au chef d'Etat Moubarak de quitter le pouvoir, et de laisser la population voter pour un nouveau président.

14h35 Selon plusieurs internautes sur Facebook, il n'y aurait plus de pétrole dans de nombreuses stations d'essence, sur la route qui relie le Caire à Alexandrie. 
14h29 Coupé pour tenter de contrecarrer la mobilisation anti-Moubarak, Internet reste inaccessible en Egypte mais des solutions s'improvisent depuis l'étranger, où de petits fournisseurs d'accès et des groupes d'activistes mettent à disposition leurs réseaux bas débit. Afin de neutraliser un outil-clé pour l'opposition, les réseaux des quatre principaux opérateurs égyptiens sont inaccessibles depuis jeudi soir, une première mondiale par son ampleur dans l'histoire du web. 
Plusieurs petits fournisseurs d'accès ainsi que des groupes d'activistes étrangers ont ainsi mis à disposition des Egyptiens des réseaux bas débit: c'est le cas du français FDN, le plus vieux fournisseur d'accès internet en France, qui a le statut d'association loi 1901. Concrètement, il suffit de composer depuis l'Egypte le numéro +33172890150 puis d'entrer les identifiant et code d'accès "toto" pour se connecter à FDN. 
14h21 Selon des informations du Guardian, concernant la formation d'un nouveau gouvernement, le président Moubarak a reconduit à son poste de ministre de la Défense le maréchal Hussein Tantaoui, ainsi que son ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit. 
14h13 Six journalistes d'Al-Jazeera English arrêtés au Caire.  
14h09La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé lundi le régime du président Hosni Moubarak en Egypte à engager "immédiatement" un dialogue avec l'opposition pour permettre de vraies réformes et répondre aux attentes de la rue. 
13h50 Le trafic ferroviaire arrêté à la veille d'une marche géante.  
13h46 Un nouveau gouvernement a été formé. Selon un décret d'Hosni Moubarak, le ministre de l'Intérieur Habib el-Adli est remplacé par un général de l'armée Mahmoud Wagdy. 
13h10Le canal de Suez, axe stratégique du commerce mondial, fonctionne "à pleine capacité", ont rapporté lundi les médias officiels, citant un responsable du canal. "Il n'a pas été affecté par les évènements actuels", selon cette source.  
Le canal de Suez, qui relie Port Saïd, sur la Méditerranée, à Suez, sur la mer Rouge, est contrôlé par l'Egypte. Environ un million de barils y transitent par jour, selon des analystes, et il constitue un des principaux passages pour le transport pétrolier entre le Moyen-Orient et l'Europe.  
"Si la crise égyptienne entraînait le blocage de passages comme le canal de Suez, il y a un risque de pénurie réelle" de brut pour le marché mondial, a prévenu lundi le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans des propos rapportés par l'agence Dow Jones Newswires.
12h47 Selon le centre juridique Hisham Moubarak, douze manifestants, dont un membre du Mouvement Kifaya pour le Changement, ont été arrêtés, puis interrogés par les militaires. "Nous ne pouvons toujours pas confirmer les charges retenus contre eux. Mais le plus probable est qu'ils ont été arrêtés pour avoir enfreint le couvre-feu sur la place Tahrir," a déclaré au Daily News Egypt Ahmed Seif Al-Islam, chef du centre Hisham Moubarak. 
12h39 Ils se serrent les uns contre les autres, sourient aux automobilistes et font semblant de ne pas voir leurs camions calcinés tout près de là: les policiers égyptiens étaient de retour dans les rues du Caire ce lundi matin.  
Ces derniers avaient, pour une raison que personne n'explique officiellement, mystérieusement disparu au cours des deux derniers jours, laissant la ville en proie aux pillards, aux détenus échappés des prisons et aux groupes d'autodéfense aux pieds des immeubles. Ce dimanche, les autorités ont annoncé le redéploiement des hommes en béret et pull-over noir dans tout le pays. 
12h37 Les Européens ont appelé ce lundi à des réformes démocratiques en Egypte. A leur arrivée à une réunion à Bruxelles, plusieurs ministres européens des Affaires étrangères ont appelé le président égyptien Hosni Moubarak à céder aux appels de la rue en faveur de plus de démocratie, sans aller cependant jusqu'à réclamer son départ.  
"Nous ne pouvons pas exporter des révolutions", a souligné le Luxembourgeois Jean Asselborn. Mais, que ce soit en Egypte ou en Tunisie, l'Union européenne peut apporter au moins une aide matérielle à l'organisation d'élections "libres et qui puissent donner la chance d'un nouveau départ dans ces pays", a-t-il déclaré. 
12h29 Selon des informations d'Al Jazeera, les banques d'Egypte seraient encore fermées ce lundi, après trois jours consécutifs.  
12h21 Le président Moubarak nomme au poste de ministre de l'Intérieur, un général de l'armée Mahmoud Wagdy. 
12h09 L'armée, contre toute attente, commence à ériger des barricades sur la place Tahrir, où près de 100 000 personnes étaient rassemblées ce lundi matin, selon des informations d'Al Jazeera. Jusqu'à présent, on s'attendait à ce que l'armée rejoigne les rangs des manifestants d'un instant à l'autre. Son rôle est de plus en plus ambigü. 
12h04L'Opep craint une "pénurie réelle" sur le marché mondial du pétrole. L'aggravation de la situation en Egypte pourraît ainsi entraîner le blocage de routes pétrolières stratégiques, comme le canal de Suez. Mais l'organisation est prête à accroître sa production si tel était le cas, a indiqué ce lundi son secrétaire général Abdallah Salem El-Badri. 
Face à ses craintes de pénurie, les médias officiels égyptiens ont certifié que le canal de Suez, axe stratégique du commerce mondial, fonctionnait ce vendredi "à pleine capacité". 
11h58 La correspondante du Guardian, Harriet Sherwood, rapporte que la police semble moins présente dans les rues de la capitale, relayée par l'armée à la demande du président Moubarak. 
De plus, selon ses informations, le couvre-feu devrait être renforcé, et avancé cet après-midi pour prendre effet à partir de 15h. 

11h54 Selon un des correspondants de la chaine Al Jazeera, environ 1 000 personnes se sont rassemblées pour une manifestation dans le quartier de Shubra au Caire, à environ 2 kms de la place Tahrir. 
11h14 Dans une interview au Wall Street Journal, le président syrien Bachar al-Assad a délcaré: "Les manifestations en Tunisie et en Egypte ouvrent la voie à une nouvelle ère dans le monde arabe", reprenant ainsi les propos de l'opposant au régime Moubarak, Mohamed El-Baradei. Le président syrien a toutefois affirmé que son pays n'était pas à l'abri d'une éventuelle contagion
11h11Le président Hosni Moubarak a nommé ce lundi un nouveau chef des services des renseignements, le général Mourad Mowafi, ancien gouverneur du Sinaï-Nord. Il remplace l'influent Omar Souleimane, promu samedi au titre de vice-président, une fonction qui avait été abolie il y a 30 ans. 
10h59 La tension monte place Tahrir, où des milliers de manifestants se sont rejoints depuis le début de la matinée. Selon l'envoyée spéciale du journal Le Parisien sur place, "les tirs se multiplient", et la foule se dirige désormais vers le métro Saddat d'où semblent provenir les tirs. Des hélicopters survolent le square à basse altitude. 
10h52 Après que plusieurs pays aient appelé à éviter de voyager en Egypte, ou à procéder dès que possible à des rapatriements, des scènes de "chaos" ont été obersvées à l'aéroport du Caire, la capitale du pays. 
10h34 Selon la chaine Al Jazeera, les Etats-Unis auraient demandé à ses ressortissants de quitter le territoire égyptien, en raison des troubles qui touchent de plus en plus intensément le pays depuis le début de la semaine. 
10h25 La présence de l'armée est forte ce vendredi dans le centre du Caire. Selon le correspondant de la chaine américaine CNN, Ivan Watson, les relations entre l'armée et les manifestants semblent apaisées. Des militaires ont été vus donnant du pain aux manifestants les plus pauvres.  
10h07Une partie des Etats-Unis n'a ce vendredi pas accès à la chaine arabe Al-Jazeera. Cette panne, ou cet acte qualifié de censure par le Huffington Post, a donc provoqué une forte hausse du trafic sur le web, les Américains se redirigeant vers le streaming live de la chaine arabe sur Internet.

9h53 Ce lundi en milieu de matinée, plus d'un millier de personnes étaient rassemblées sur la place Tahrir (place de la Libération). Certains dormaient mais beaucoup d'autres criaient leur détermination à rester tant que le président Hosni Moubarak n'aura pas quitté le pouvoir. La place était toujours cernée de chars et des militaires contrôlaient les identités des manifestants sans toutefois empêcher leur passage.  
Des membres de comités populaires vérifiaient également qu'aucun policier en civil ne s'infiltre parmi les manifestants. "Nous recherchons des fauteurs de troubles de la police, ils veulent entrer et briser notre unité", a indiqué un membre d'un comité populaire sous couvert d'anonymat. Non loin de là, des soldats frottaient furieusement leurs chars couverts de graffitis anti-Moubarak, sous le regard de leurs supérieurs. 
Ce lundi, l'attention se concentre sur l'atttitude de l'armée vis-à-vis des manifestants. Sur des banderoles, on pouvait lire ce dimanche: "L'armée doit maintenant choisir entre l'Egypte ou Moubarak".  
9h38 La Turquie a rapatrié ces deux derniers jours plus de 1400 de ses ressortissants en Egypte, mobilisant plusieurs avions, a annoncé ce lundi le président de l'office des situations d'urgence Mehmet Ersoy.  
De son côté, le groupe français France Telecom a également rapatrié ses expatriés et leurs familles d'Egypte, soit une vingtaine de personnes, a indiqué lundi à l'AFP une porte-parole du groupe.  
Enfin, l'Australie va affréter un vol spécial pour évacuer ses citoyens d'Egypte et a appelé lundi le gouvernement égyptien à respecter "les désirs légitimes" de sa population pour le changement. 
9h30 Israël a fait parvenir un message confidentiel aux Etats-Unis et à des pays européens leur demandant de soutenir la stabilité du régime égyptien d'Hosni Moubarak en butte à une vague de contestation, a indiqué lundi le quotidien Haaretz. Dans ce message, les responsables israéliens soulignent qu'il est de "l'intérêt de l'occident" et de "l'ensemble du Moyen Orient de maintenir la stabilité du régime en Egypte", a ajouté journal.

"Il faut en conséquence freiner les critiques publiques à l'encontre du président Hosni Moubarak", a souligné ce message envoyé à la fin de la semaine, selon le journal. La radio militaire, qui a repris cette information, a estimé que cette initiative constitue une critique à l'encontre des Etats-Unis et des pays européens qui ne soutiennent plus le régime du président Moubarak. 
8h46 L'agence de notation Moody's Investors Service a dégradé ce lundi d'un cran la note de l'Egypte, désormais ramenée à "Ba2", et pourrait l'abaisser encore à moyen terme, puisque la perspective d'évolution de cette note est désormais jugée "négative". 

8h38 L'opposant et prix Nobel de la Paix Mohamed El-Baradei, désigné ce dimanche par l'opposition pour "négocier" avec le régime, est allé au-devant des manifestants au Caire en promettant "une ère nouvelle". Il a appelé ce lundi à une grève générale, suivi mardi d'une "marche d'un million de personnes". 
8h21 Dans son allocation télévisée de dimanche soir, le président Moubarak a aussi accusé le mouvement des Frères musulmans "d'inflitrer" les manifestations: "Elles ont été infiltrées par un groupe de personnes qui utilisent la religion, et qui ne prend pas en considération les droits constitutionnels et des valeurs des citoyens." 
8h15 Le président égyptien Hosni Moubarak a chargé son nouveau Premier ministre Ahmad Chafic de promouvoir la démocratie en dialoguant avec l'opposition et de rétablir la confiance dans l'économie du pays, dans une déclaration diffusée ce dimanche, tard à la télévision d'Etat. "Avant tout, j'insiste sur l'importance d'entreprendre complètement et urgemment de nouvelles mesures, durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives par le dialogue avec toutes les parties", a-t-il déclaré.  
 M. Moubarak a également enjoint à son Premier ministre désigné, dans sa déclaration lue à la télévision, de "rétablir la confiance dans notre économie" et "lutter de manière décisive contre toutes les formes de corruption". 
8h La mobilisation a une semaine ce lundi et ne semble pas se dégonfler en Egypte. Malgré le couvre-feu dans les grandes villes et une répression qui a fait au moins 125 morts, la rue continue de demander le départ du président en poste depuis trente ans, Hosni Moubarak. 







Au Caire, les Français craignent pour leur sécurité

Tandis que Washington prend ses distances avec Hosni Moubarak, les sociétés françaises Lafarge et le Crédit Agricole rapatrient des salariés et leur famille. Alors que leur entreprise est à l'arrêt, d'autres expatriés préfèrent attendre. Sur place, certains diplomates craignent une reprise en main par l'armée. Témoignages.

La tension reste très vive en Egypte. Barack Obama semble commencer à lâcher Hosni Moubarak en appelant "à une transition en bon ordre vers un gouvernement qui soit sensible aux aspirations du peuple égyptien". Tout dépend maintenant de l'attitude des militaires.
Le groupe Lafarge a annoncé dimanche soir avoir "organisé le retour d'une trentaine d'expatriés basés au Caire  et de leurs familles, représentant une centaine de personnes. Cette décision a été prise par prudence, par attention aux familles et pour tenir compte du caractère international de certains activités basées au Caire." Le géant français du ciment précise toutefois que "cette décision est temporaire. Elle concerne moins de la moitié des expatriés de Lafarge au Caire et une proportion très faible du management de Lafarge en Egypte. Cette décision n'a pas d'impact sur les opérations de Lafarge dans le pays".
Mais elle témoigne tout de même d'une certaine inquiétude des firmes tricolores basées en Egypte à l'heure où les manifestations contre le régime d'Hosni Moubarak continuent, dans la foulée de celles en Tunisie qui ont entraîné la chute du régime dictatorial de Ben Ali. Reportage.
Au Caire, dans la luxueuse zone résidentielle de Maadi, la cour du lycée français fait office de quartier général. Plus d'une centaine de Français sont là, les traits tirés après une nuit d'angoisse. Depuis mardi dernier, la capitale égyptienne est le théâtre de manifestations, et d'affrontement brutaux. Samedi soir, la situation a dégénéré. Malgré un couvre-feu décrété par les autorités, la nuit a été particulièrement violente.
Dans le centre ville, sur le front des manifestations, plusieurs personnes ont été tuées et des centaines blessées. En périphérie, les quartiers huppés, où se concentrent les étrangers, ont été assaillis par les pillards. Plusieurs magasins ont été vidés et leurs vitrines éventrées.
Rentrer en France
«J'ai entendu des bruits toute la nuit, mais je n'ai rien vu. Heureusement, les « bawabs » (les concierges) et les hommes du quartier ont assuré la sécurité. Ils ont barricadé la rue et ont patrouillé, armés de bâtons et de barres métalliques », raconte Sophie Gazel, habitante de Maadi. « Internet est toujours coupé, le téléphone fonctionne mal. Chacun reste chez soi, sans savoir ce qu'il se passe. C'est très angoissant », poursuit cette maman de trois enfants.
Elle hésite à entrer en France, d'autant que ses activités ont cessé. Sophie Gazel travaille pour Orasqualia, une société égypto-espagnole, spécialisée dans la construction d'usines de traitement des eaux. « De toute façon, la construction est arrêtée et les ouvriers ne viennent plus », regrette-t-elle, alors qu'au loin des tirs d'armes à feu fusent dans le ciel.
Séjours annulés
Responsable local de Vantage Travel, un tour-opérateur américain, Bruno Wiley, s'arrache les cheveux. « J'ai 80 touristes à faire sortir d'Egypte. Je ne peux même pas aller les voir à l'aéroport, la route n'est pas sécurisée. Les séjours prévus dans les prochaines semaines ont tous été annulés », précise-t-il. « Evidemment, ces événements remettent en question la présence de ma société en Egypte. Tout est allé si vite. Je ne pouvais imaginer cela. Je ne sais pas quoi faire ».
Contrairement à d'autres pays, la France n'envisage pour l'instant aucune évacuation massive. La chancellerie qualifie la situation en Egypte « d'insurrectionnelle et volatile ». Mais le groupe de matériaux de construction Lafarge a décidé dimanche d'évacuer d'Egypte l'ensemble de ses expatriés ainsi que leurs familles tandis que le Crédit Agricole organisait le retour des familles de ses employés.
Comme beaucoup de Français, Bruno Wiley a quatre billets d'avions pour partir avec sa famille dans les jours qui viennent, si jamais les violences gagnent en intensité. Plusieurs compagnies aériennes occidentales, dont Air France, ont adapté leurs heures de vol au couvre feu et envoient des appareils gros porteur pour rapatrier les étrangers.
"L'insécurité est provoquée"
Des experts craignent que la situation s'envenime encore plus. Politologue au CNRS, détaché dans la capitale égyptienne, Marc Lavergne, juge que «le régime joue la carte du pourrissement de la situation. C'est lui qui lâche la bride à certains membres de la police pour semer la panique chez les citoyens. L'insécurité est provoquée pour donner l'impression à la communauté internationale qu'un pouvoir fort est nécessaire en Egypte », dénonce le chercheur.
Personne ne sait vraiment ce qui va se passer. « Si Moubarak s'est choisi un vice-président et un Premier ministre issus de l'armée, c'est qu'il a été contraint de le faire par l'armée. Ces deux personnes étant issues du sérail militaire, on semble se diriger vers un régime militaire en termes de sécurité », prévient un diplomate en poste au Caire, résumant le sentiment dans les chancelleries européennes.

Moody's dégrade la note souveraine de l'Egypte

L'agence de notation Moody's a abaissé ce lundi la note souveraine de l'Egypte d'un cran et pourrait la dégrader à nouveau.

Moody' s a annoncé ce lundi avoir dégradé, de Ba1 à Ba2, la note souveraine du pays. Cette dernière a été également placée sous surveillance négative, ce qui signifie que l'agence pourrait l'abaisser à nouveau.
Des milliers de personnes ont une nouvelle fois bravé dimanche le couvre-feu instauré dans l'ensemble du pays pour réclamer le départ du chef de l'Etat au pouvoir depuis trente ans.
La tension très vive en Egypte inquiète. Barack Obama ne semble plus soutenir Hosni  Moubarak, le groupe Lafarge ainsi que le Crédit Agricole rapatrient des centaines de personnes et certains pays demandent à leurs citoyens en vacances de quitter le pays.
SI LES AGENCES  DE NOTATION N'EXISTAIENT PAS, IL NE FAUDRAIT PAS LES INVENTER !!!!

Marks and Spencer revient en France

Dix ans après avoir fermé ses dix-huit magasins en France, l'enseigne britannique y signera son "come back" sur les Champs-Elysées fin 2011.

Marc Bolland s'apprête à réparer la grande erreur stratégique de Luc Van de Velde. Le patron de Marks & Spencer s'apprête à signer le retour de l'enseigne britannique en France. En 2001, le patron belge de l'enseigne britannique, ancien de chez Carrefour, avait brutalement décidé la fermeture de ses 18 magasins français. Quelques années plus tard, en 2007, Stuart Rose, le grand redresseur de l'icône de la distribution britannique, avait qualifié ce départ "d'erreur".
Marks & Spencer a choisi de revenir dans l'Hexagone par la grande porte. Il s'installera sur les Champs-Elysées, au numéro 100, à la place du magasin Esprit, selon nos informations. Marks & Spencer n'a pas souhaité commenter cette information. Elle a toutefois déjà informé les salariés Esprit. Car l'enseigne britannique reprendra l'ensemble des salariés de l'enseigne de sportswear. "Nous l'avons appris la semaine dernière. Nous sommes très déçus. Nous nous sentons floués", indique un salarié de l'enseigne.
Le retour de Marks & Spencer intervient après un retour en grâce. Ses ventes ont progressé de 4% au troisième trimestre de l'exercice 2010-2011. Son retour en France ne manquera pas de faire jaser.
Le 29 mars 2001, c'est par e-mail que Luc Van de Velde avait annoncé la fermeture de ses magasins. Plus de 1.500 employés étaient concernés en France. Une tempête politique s'était alors abattue sur l'enseigne britannique qui envisageait tout simplement de fermer ses magasins et licencier ses salariés. A l'automne, elle avait finalement accepté in extremis l'offre de reprise des Galeries Lafayette. L'enseigne de grands magasins occupe aujourd'hui l'ancien vaisseau-amiral de Marks & Spencer du boulevard Hausmann.
"Le retour de Marks & Spencer aujourd'hui démontre l'inepsie de la décision prise alors. Son retrait a été un gâchis humain, économique et immobilier. Car le groupe avait acquis, en pleine propriété, un patrimoine immobilier de premier ordre", juge un ancien cadre de l'enseigne britannique.
Reste à savoir ce que Marks & Spencer compte entreprendre en France. Son magasin des Champs-Elysées sera-t-il exploité comme une vitrine touristique de l'enseigne partie à l'assaut de la Chine et de l'Inde ? Ou une tête de pont pour un nouveau réseau de vente en France ?

Magazines: le groupe Lagardère a reçu de Hearst une offre ferme de 651millios d'euros

Le groupe Lagardère a annoncé lundi dans un communiqué avoir reçu de l'américain Hearst une offre ferme de 651 millions d'euros en numéraire pour la reprise de ses activités d'édition de magazines à l'international, dont les déclinaisons étrangères de Elle.

L'Europe peut-elle encore gagner la guerre des monnaies ?

Pour doper leurs exportations et relancer leur économie, certains pays, comme les Etats-Unis, la Chine, le Japon, le Royaume-Uni et nombre de pays émergents, sont prêts à tout pour faire baisser leur devise. Au risque d’aggraver le désordre planétaire. 

Aux Etats-Unis, certains élus rêvent de faire marcher les Chinois à la baguette. Agacés par la concurrence de Pékin, les représentants ont adopté en octobre dernier un texte surnommé en coulisse la «loi antiyuan». Objectif : autoriser Obama à taxer lourdement les télés, jouets et autres babioles venues de Chine, si cette dernière continue de manipuler sa monnaie. Selon eux, la sous-évaluation du yuan serait en effet largement responsable du déclin de l’industrie américaine et elle ferait obstacle à la reprise. «S’il le faut, nous leur fermerons nos frontières», menacent les républicains les plus zélés.
Nom d’un canard laqué ! Si ce n’est pas une déclaration de guerre, ça y ressemble. Et c’est loin d’être la seule : depuis un an, Thaïlandais et Coréens critiquent eux aussi vertement la Chine, Brésiliens et Indiens reprochent aux Etats-Unis d’inonder le monde de dollars, l’Europe et Singapour désapprouvent les émissions massives de billets par les Japonais… «On n’avait pas vu un tel capharnaum monétaire depuis les années 1930», s’inquiète Gaël Giraud, de l’Ecole d’économie de Paris. «C’est une nouvelle menace pour la stabilité du système financier», concède Patrick Artus, de Natixis. «Rien ne pourrait être pire pour l’économie mondiale», a renchéri le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors du dernier G20. N’en jetez plus !
Certes, le bidouillage de devises est aussi vieux que le commerce. Mais la nouveauté, c’est qu’aujourd’hui presque tout le monde s’y adonne en même temps, et avec un objectif semblable : faire baisser la monnaie. Avoir une devise faible présente en effet de sérieux avantages. En réduisant le prix des produits fabriqués chez soi face à leurs concurrents étrangers, elle dope les exportations. Tentant. En particulier pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où la consommation des ménages, laminée par la crise, est à plat pour les trois ou quatre années à venir… «Ces deux Etats ont épuisé l’arme des plans de relance et leurs taux directeurs sont déjà près de zéro, analyse Anton Brender, chez Dexia. Le taux de change est donc la seule cartouche qu’il leur reste pour relancer leur économie.» Mais ce n’est pas vraiment du goût des nations émergentes. Depuis deux décennies, leur croissance est en effet tirée par le dynamisme des exportations : elles aussi veulent à tout prix conserver une devise faible. «Leur consommation intérieure n’est pas encore assez musclée pour prendre le relais», précise Jean-Jacques Ohana, spécialiste des risques de marché.

L’ennui, c’est que tout le monde ne pourra pas décrocher le saint Graal. Car, c’est mécanique, dans le système actuel de taux de change flottant, pour qu’une monnaie se déprécie, il faut qu’une ou plusieurs autres s’apprécient d’autant. «C’est le principe des vases communicants», rappelle Patrick Artus. La bataille des monnaies va donc faire des victimes. Et l’Europe pourrait bien, nous le verrons, être la principale d’entre elles Les premiers à s’être lancés dans ce petit jeu sont les Etats-Unis. Constatant que l’économie du pays peinait à rebondir, la Banque centrale américaine (Fed) a annoncé l’été dernier qu’elle allait racheter 600 milliards de dollars de bons du Trésor américain. Pour les payer, elle a, comme pendant la crise, imprimé de nouveaux billets, aussitôt déversés dans le système financier. Avec succès : cette injection massive de dollars a immédiatement fait baisser la valeur de ce dernier face aux autres devises. Entre juin et octobre, son taux de change effectif – c’est-à-dire face à la moyenne des monnaies de ses partenaires – a ainsi dégringolé de 10%.
Mais ce tsunami de billets verts n’a pas du tout plu aux Chinois. Depuis plus de vingt ans, le pays d’Obama et l’empire du Milieu sont en effet liés par un pacte infernal. Les Américains importent massivement des produits chinois à bas prix, en partie achetés à crédit. Les Chinois, qui épargnent plus qu’ils ne consomment, accumulent en contrepartie des montagnes de dollars, qui atterrissent dans les coffres de la Banque centrale chinoise (la BPC). Aujourd’hui, elle en détient près de 2 650 milliards, l’équivalent de la moitié du PIB du pays. Et elle en utilise une partie pour acheter des bons du Trésor américain. Grâce à cela, le gouvernement d’Obama peut continuer de s’endetter sans difficulté pour soutenir son économie. «C’est la cigale et la fourmi qui se tiennent par la barbichette», sourit l’économiste Michel Lelart.
Ça ne fait pas vraiment rire les fourmis chinoises, qui se retrouvent prises au piège. Une dépréciation du dollar face au yuan serait en effet catastrophique pour leur pays. D’abord parce qu’elle ferait perdre de sa valeur à la montagne de dollars accumulée par la BPC. Mais surtout parce qu’avec un yuan plus cher les produits chinois seraient moins compétitifs pour les consommateurs occidentaux, qui seraient alors tentés de leur préférer les frigos et télés des autres pays d’Asie… «Pour la Chine, ce serait intolérable, prévient Michel Lelart. Elle a trop besoin du moteur des exportations pour fournir du travail à ses millions de paysans qui débarquent chaque année dans ses villes.»
Voilà pourquoi Pékin s’acharne à maintenir une parité à peu près fixe avec la monnaie d’Obama. Pour y arriver, la BPC rachète massivement des dollars chaque fois que la Fed en réimprime, histoire de maintenir l’offre de billets verts constante face au yuan. Rien qu’en octobre dernier elle a ainsi ingurgité 100 milliards de dollars. «Si elle stoppait ses achats, la devise américaine s’effondrerait et le yuan s’apprécierait de 20%», note Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales.

Hélas ! Les autres pays émergents n’ont pas les moyens de jouer au petit jeu du «qui suit le dollar» : leurs Banques centrales n’ont pas les moyens de racheter assez de billets. D’autant qu’ils doivent faire face à une autre phénomène : l’afflux massif de capitaux sur leurs Bourses et marchés financiers. «Comme ces pays ont une croissance et des taux d’intérêt plus élevés que l’Europe ou les Etats-Unis, les investisseurs s’y ruent pour placer leurs billes», décrypte Patrick Artus. En 2010, les dragons asiatiques et l’Amérique latine ont ainsi reçu plus de 825 milliards de dollars de capitaux, contre 581 en 2009. Un déferlement qui renforce la demande de monnaies locales et, donc, accélère encore leur flambée face au dollar. Depuis mars 2009, le real brésilien et le bath thaï­landais ont grimpé ainsi de plus de 30%, le won coréen de 28%, la roupie indienne de 20%…
A long terme, sans doute, ces pays ont-ils intérêt à ce que leurs monnaies s’apprécient. «Des devises fortes aident les Etats en pleine croissance à maîtriser leur inflation et à renforcer leur industrie», rappelle Anton Brender, de Dexia. Le problème, c’est qu’elles grimpent bien trop vite, déstabilisant au passage les Bourses et les marchés locaux, et rendant encore plus tranchante la concurrence de l’empire du Milieu. «Mes puces sont 20% plus chères que les chinoises : je vais bientôt devoir licencier !», s’angoisse ainsi Manuel de Almeida, patron d’un fabricant informatique de São Paulo, au Brésil.
Qu’il se rassure : les gouvernements émergents n’ont pas l’intention de se laisser faire. A défaut d’acheter des dollars à tour de bras, la plupart ont adopté des mesures afin de freiner l’afflux de capitaux : le Brésil taxe à hauteur de 6% les achats d’obligations venus d’ailleurs ; l’Inde interdit aux spéculateurs étrangers de détenir des portefeuilles d’actions sur son territoire ; l’Indonésie les contraint à garder leurs obligations d’Etat au moins un mois avant de les revendre, et le Vietnam à laisser leurs capitaux un an sur place avant de les rapatrier…
Les pays développés ne sont pas non plus épargnés par le déferlement de dollars. A commencer par le Japon : rien qu’entre juin et septembre dernier, son yen a flambé de 10%. Comme l’économie nippone semble un peu plus solide que celles de la zone euro et des Etats-Unis, nombre d’investisseurs s’y réfugient. Pour limiter les dégâts, la Banque centrale japonaise fait donc, elle aussi, marcher la planche à billets. En septembre dernier, elle a imprimé 1 600 milliards de yens, qui lui ont permis de racheter 20 milliards de dollars. Grâce à cela, la devise nippone a reculé de 3%.
Et la zone euro, dans tout ça ? Eh bien, rien. Alors que toutes les Banques centrales des grands pays agissent tant bien que mal sur les taux de change, la BCE, elle, se l’interdit. «Son unique mission est de veiller à la stabilité des prix», rappelle Romain Rancière, de l’Ecole d’économie de Paris. Ça tombe bien, car les pays membres seraient probablement incapables de se mettre d’accord sur le niveau optimal de l’euro. L’Allemagne a plutôt intérêt à ce que la monnaie unique soit forte : comme son industrie est spécialisée dans le haut de gamme, ses exportations sont peu sensibles à la concurrence internationale et à la variation des changes.
La France, spécialisée dans le moyen de gamme, préférerait un euro faible. Selon l’OFCE, une hausse durable de 10% de la monnaie unique nous coûte de 0,5 à 1 point de croissance la première année. «Dès que l’euro dépasse 1,40 dollar, nos clients à l’international nous zappent pour acheter en Europe de l’Est ou en Asie», résume Jean-Jacques Ohana, patron de Michelia, cabinet spécialiste des risques de marché. Même si nos ventes hors zone euro ne représentent que 40% du total, cela suffit pour pénaliser notre économie. Et c’est encore pire pour les Piigs, Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne. Par chance, la monnaie unique est repartie à la baisse ces dernières semaines. En théorie, pourtant, l’impression à gros débit de dollars par la Fed devrait la faire flamber face au billet vert, comme dans les pays émergents ou au Japon. «C’est la tendance de fond, à moyen et long terme», confirme Laurence Boone, économiste chez Barclays Capital.
Mais, depuis un an, elle est régulièrement contrariée par des hoquets conjoncturels. A chaque nouvelle crise de panique sur la dette de l’un des Piigs, les investisseurs inquiets revendent en effet en masse leurs actifs en euros sur les marchés, ce qui fait baisser la monnaie unique. Et le mal est aggravé par les spéculateurs qui parient des milliards sur la baisse de la monnaie unique, en pratiquant la vente à découvert ou en se gavant de CDS.
Voilà pourquoi, après avoir frôlé 1,50 dollar en décembre 2009, l’euro a plongé à 1,20 lors de la crise grecque, avant de remonter à 1,40 lorsque la Fed a relancé la planche à billets, puis de rechuter à 1,30 lors du sauvetage irlandais… «Tant qu’elle sera ballottée entre ces forces contradictoires, notre devise restera très volatile», regrette Laurence Boone.
Pour le business, il n’y a rien de pire. Le yo-yo de l’euro gèle en effet la stratégie des entreprises et sème la pagaille dans leur trésorerie. Vincent Rouffiange, directeur commercial d’Amplitude Systèmes, ne dira pas le contraire. Quand la monnaie européenne dépasse 1,40 dollar, comme en 2009, son entreprise perd ses marges sur les machines à lasers qu’il vend aux hôpitaux américains. «Mi-2009, nous étions sur le point de délocaliser une usine aux Etats-Unis pour baisser nos coûts de production, explique-t-il. Mais soudain, l’euro s’est remis à baisser !» Du coup, lui et son patron ne savent plus trop quoi faire.
Sommes-nous donc condamnés à regarder notre propre devise osciller sur les montagnes russes sans rien faire ? Heureusement pas. Même s’ils ne sont pas d’accord sur le niveau de l’euro, les Etats membres pourraient commencer par autoriser la BCE à intervenir pour éviter les trop gros pics, comme son homologue nippone. «Il suffirait de modifier un peu le traité de Maastricht», explique Jean-Jacques Ohana. Mais cela ne fonctionnerait que si, dans le même temps, les gouvernements affirmaient une fois pour toutes qu’ils étaient solidaires. Et que la BCE garantissait la dette de chacun d’entre eux. «Tant que les marchés auront l’impression que la France et, surtout, l’Allemagne envisagent de lâcher les maillons faibles, la spéculation continuera», regrette Jean-Hervé Lorenzi, du Cercle des économistes.
Autre piste : renforcer la régulation du système monétaire mondial. Nicolas Sarkozy a promis que le G20, qu’il va présider pendant un an, proposera bientôt des mesures. Les deux options aujourd’hui les plus sérieuses sont le développement des DTS (lire encadré page 16), la pseudo-monnaie du FMI, et surtout la création d’une taxe sur les achats et ventes de monnaies à très court terme, afin de décourager les spéculateurs.
Mais le désordre monétaire ne pourra pas vraiment se résorber tant que le pays des baguettes continuera de financer l’immense déficit commercial des Etats-Unis. «Les Chinois y travaillent dur, indique Jean-Jacques Ohana. Le jour où ils auront trouvé un moyen de se débarrasser de leurs dollars, l’économie américaine pourrait bien s’effondrer.» Aïe…

FAIRE DE LA POLITIQUE, C'EST NON

Même si 68 % des Français pensent que Carla Bruni-Sarkozy représente bien la France à l’étranger (d’après un sondage Ifop publié par France Soir), ce n’est  pour autant que notre première dame va se lancer dans le monde de la politique. Elle a d’ailleurs été plus que claire à ce propos dans une interview au Parisien : "Faire de la politique, c’est non".

Alors que les préparatifs commencent en vue des Présidentielles de 2012, Le Parisien est allé interviewer Carla Bruni-Sarkozy pour savoir si elle ambitionnait de suivre les traces de son époux, Nicolas Sarkozy, et de s’impliquer plus en politique. Mais visiblement, notre Carlita semble se satisfaire de son rôle de première dame.

"Pour moi, la politique reste un monde difficile... Je trouve ça très courageux, je suis admirative des gens qui en font, mais c’est comme la boxe. Je n’ai pas les os, je n’ai pas les dents. La politique, ce n’est pas mon métier, c’est parfois violent. Représenter la France à l’étranger, travailler pour les gens de ce pays, oui. C’est un honneur, cela me rend vraiment fière. Faire de la politique, c’est non et ce sera toujours non", a-t-elle ainsi expliqué au journal.

Plus que la politique, la chanteuse souhaite plutôt user de son poids pour défendre des causes humanitaires. Ambassadrice du Fonds mondial contre le sida, Carla Bruni-Sarkozy travaille actuellement sur un projet pour lutter contre l’illettrisme, qui "touche 3 millions de personne en France" : "J’aurai l’occasion de réunir plusieurs associations du secteur à Paris, en avril. Je suis partante pour faire de plus en plus de choses côté humanitaire. Ça me plaît beaucoup".

Avant de conclure à propos des prochaines présidentielles et de la position de son mari : "Je ne vais pas faire campagne, surtout quand mon mari n’est pas encore en campagne. Franchement, c’est à lui de choisir ce qu’il veut faire pour 2012. Mais je serai évidemment derrière lui, s’il se lance".

Christine Lagarde : "Le G20 français vise moins de volatilité et plus de croissance"

Quels seront les propositions françaises du G20 ? Où en est le chantier de l'intégration économique européenne et la réforme fiscale en préparation en France ? A toutes ces questions, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, répond ce lundi dans un entretien à La Tribune dont voici la version intégrale.

A Davos, la France a présenté ses objectifs pour la présidence du G20. On est loin du "nouveau Bretton Woods" que le chef de l'état avait annoncé il y a un an. Pourquoi a t-on revu revu les objectifs à la baisse ?
L'ambition est identique, mais elle est teintée du réalisme résultant des travaux déjà entrepris. L' ambition vise le long terme, le réalisme, le court terme. L'objectif est double. Parvenir à moins de volatilité, et éviter aux grands pays émergents d'être déstabilisés par les arrivées massives de capitaux, qui restent utiles à leur développement. Au final, nous visons à assurer une croissance solide, équilibrée, durable, et créatrice d'emplois. Pour cela, il est indispensable que le commerce mondial puisse se développer dans des conditions non faussées par une concurrence monétaire déloyale.
Comment cette réforme du système monétaire international va t-elle se préparer ?
D'abord en créant une instance appropriée pour débattre des taux de change, à laquelle évidemment participeraient les Chinois. On peut imaginer un sous-groupe au sein du G20. Autre possibilité, regrouper les pays dont les devises composent le Droit de tirage spécial, l'instrument monétaire de réserve international. Encore faudrait-il qu'on élargisse le panier de monnaies sur lequel est basé le DTS, pour y intégrer le yuan chinois. Cela pourrait inciter les Chinois à s'orienter vers la convertibilité du yuan. Parallèlement, nous devons opter pour un code de conduite permettant de réguler, tempérer et contrôle les mouvements de capitaux. C'est un point qui ressort très fortement des discussions informelles de Davos.
La France sera t-elle en mesure d'afficher des résultats concrets pour le sommet G20 de Cannes, en novembre prochain ?
Rappelez-vous ce qu'est le G20 : ce n'est pas un organisme décisionnel, mais une instance de concertation, de proposition, et d'élaboration de principes. Le G20 est une machine à former du consensus, qui débouche sur des principes. Chacun des dirigeants rentre ensuite dans son pays et décline les principes au plan national, sous la forme de règlements, de directives, de lois...
L'une des étapes sera le séminaire programmé en mars en Chine sur les monnaies, qu'en attendez-vous ?
Ce qui me parait très important, c'est que sur ce thème comme sur celui des matières premières, on arrive à rassembler les points de vue, à dégager des consensus. Le séminaire sur le système monétaire international rassemblera les experts les plus qualifiés, gouverneurs de banque centrale, ministres concernés, anciens responsables monétaires, universitaires et académiques, pour confronter leurs vues. Nombre d'entre eux ont commencé à fournir des pistes de réflexion. Cette réunion inclura bien sûr sur les universitaires et les acteurs chinois, concernés au premier chef, d'autant qu'ils n'appartiennent pas au groupe sur les taux de change du G7, qu'ils ne sont pas dans le panier du G7, alors que la question du rythme de la réévaluation du yuan est un des points de débat entre eux et les Américains et qu'ils détiennent des milliers de milliards de dollars de réserves
La France veut préparer son projet de taxe sur les transactions financières avec un groupe de pays pionniers. A quels pays pensez-vous ?
Nous commençons seulement le travail d'explications et de convictions... Il faut admettre que nombre de pays sont aujourd'hui très rétifs. C'est un travail que nous entamons avec les Allemands. Et nous sommes prêts à accepter des idées pour soutenir le développement. Le comité sur les financements innovants a par exemple réfléchi sur les taxes sur les containers, les nouvelles routes aériennes ou maritimes, il y a des propositions pour augmenter la taxation sur les produits d'addiction comme le tabac...
C'est-à-dire que vous envisagez déjà l'éventualité qu'il n'y ait pas de groupe pilote ?
Non, le président a été clair, il a dit qu'il y aurait un groupe, une coalition des pionniers. Maintenant, il ne faut pas qu'on soit seuls au monde !
Quelle forme prendrait cette taxe ?
Celle d'une transaction sur les changes, car c'est ce qu'il y a de plus identifiable et de plus traçable. Son taux n'est pas défini. Mais nous savons qu'il faudra à partir de 2020 dégager près de 100 milliards de dollars par an de nouvelles recettes pour respecter les engagements pris à Copenhague sur l'aide au développement.
Comment ont été perçues à Davos vos propositions pour mettre fin à la volatilité du prix des matières premières ?
J'ai été très surprise de l'accueil favorable réservé à ce sujet, qui est un point clé pour le développement. Nous proposons d'abord de travailler sur les marchés physiques des matières premières, en améliorant les infrastructures de stockage régional et de transport. En Inde, 30% des récoltes pourrissent sur place parce qu'il n'y a pas de moyens pour les acheminer. A cela peuvent s'ajouter des mécanismes assurantiels, des prévisions météo plus fiables, etc... En outre, il y a le travail sur les marchés financiers, pour éviter les abus de marché. A ce sujet, il faut faire le départ entre les mouvements de marché normaux, déterminés par le rapport entre l'offre et la demande, et la spéculation
La spéculation est-elle la vraie raison de la volatilité des cours de matières premières ?
Il y a beaucoup de travaux qui ont été engagés sur le marché du pétrole. Bien souvent des facteurs fondamentaux jouent dans un marché de faible élasticité. Des études faites à Londres arrivent à la conclusion : la spéculation joue un rôle, sans qu'elle soit le seul facteur. Ces études montrent aussi que les investisseurs de long terme, eux, jouent un rôle contra-cyclique sur le marché des matières premières. Ils vendent quand ça monte et rachètent quand ça baisse. Du coup, ça a un effet contra-cyclique, qui est favorable.
La crise de la zone euro semble s'apaiser. Mais les Allemands réclament plus que jamais la mise en place de sanctions quasi automatiques pour les membres qui contreviendraient à la rigueur. La France soutient-elle cette demande ?
Oui, absolument, et sans réserve. En cas de comportement déviant répété de la part d'un état, la sanction tombera automatiquement, sauf si il y a une majorité qualifiée pour estimer qu'un pays était légitime à ne pas respecter ces engagements.
Quelles seront les prochaines étapes de la convergence franco-allemande ?
En matière de politique économique, nous sommes tombés d'accord pour ne pas nous limiter à la correction et la sanction des déséquilibres budgétaires ou relatifs à la compétitivité, mais à faire de la prévention, en discutant entre nous. C'est une nouvelle étape de l'intégration de la zone euro
La chancelière a donné un exemple très précis de convergence souhaitable : l'âge de la retraite. On va vers un âge de la retraite unique en Europe ?
Nous avons entamé un large rapprochement, c'est indéniable. On ne peut se donner des objectifs communs de politique économique sans aborder des questions de fiscalité - nous avons commencé à faire - ou sans aborder le financement des entreprises, l'offre de travail... Quant à penser qu'on va aligner tous les âges de la retraite en Europe sur la dernière réforme espagnole, qui remonte à vendredi, on n'en est pas là ! Et il ne faut pas oublier que l'âge légal n'est que l'un des paramètres.
A Davos, la chancelière Angela Merkel a mis l'accent sur les négociations commerciales de Doha. On sent la France moins pressée de conclure...
Premièrement, ces questions de commerce international sont de compétence communautaire et relèvent du commissaire en charge du portefeuille à Bruxelles. Deuxièmement, la difficulté aujourd'hui en termes d'OMC et du cycle de Doha n'est pas en Europe mais dans la partie d'équilibristes qui se joue entre les Etats-Unis et l'Inde tout particulièrement. Enfin, le président de la république est convaincu que le cycle ne peut se terminer sans décision des politiques. La mécanique actuelle de l'organisation mondiale du commerce, qui lie tous les sujets avec un "tout ou rien", c'est l'échec assuré.
Maintenez-vous votre prévision de croissance pour la France à 2,5% pour 2012 ?
Je n'ai pas de projets de révision. On en reste à 2,5%, et nous verrons comment se déroule l'année 2011. Idem pour 2011 où, à ce stade, je ne vois aucune raison d'amender notre prévision de 2%. Rappelez-vous ce qu'on disait il y a un an sur la prévision de croissance de la France: en définitive, la croissance pour 2010 sera proche de 1,6% soit supérieure à la prévision de la Loi de Finances initiale et pour 2011, l'objectif est à notre portée comme le montre l'amélioration des enquêtes de conjoncture.
En France, le débat sur la fiscalité du patrimoine est lancé, certains redoutent la construction d'une nouvelle "usine à gaz"...
Le processus doit tenir compte à la fois des propositions des parlementaires, des objectifs que l'on poursuit et ne doit pas coûter à l'Etat. Je suis quant à moi favorable à quelque chose de simple, et donc d'assez radical.

Egypte : le reportage de l'envoyé spécial de TF1/LCI




Le commentaire politique de Christophe Barbier



L’armée, dernier rempart

Hosni Moubarak est devenu insupportable au peuple égyptien. Il devrait l’être aussi aux Occidentaux, qui ne perdent pas une occasion de vanter la démocratie et les droits de l’Homme, deux notions mises à mal depuis des décennies en Égypte. Les Américains et les Anglais ont envahi l’Irak pour « libérer » le pays d’un dictateur qui avait beaucoup de points communs avec Moubarak… sauf un, essentiel : Saddam Hussein n’était plus un allié.

Moubarak, lui, a docilement appliqué depuis son arrivée au pouvoir, en 1981, la politique prônée à Washington, parachevant, bien avant la chute du mur de Berlin, le renversement d’alliances effectué par Sadate. Il a été récompensé par des subventions généreuses. Aujourd’hui, il est devenu encombrant. Mais comment le lâcher sans ouvrir la voie à l’islamisme et sans détruire le fragile équilibre qui maintient, bon an mal an, un semblant de calme au Proche-Orient ? C’est toute la question.

Les Américains rêvent d’une transition « douce », dans laquelle le départ de Moubarak s’accompagnerait de la fin des violences, sans remise en cause fondamentale du régime, ou du moins, de sa politique étrangère. Les Égyptiens ne sont visiblement pas d’accord : ils exigent, comme les Tunisiens, le départ de tous les hommes en place. C’est risqué sur le plan intérieur, car les Frères musulmans intégristes sont la force la mieux organisée du pays. C’est encore plus risqué sur le plan extérieur. Washington et Tel Aviv ne peuvent pas tolérer que Le Caire bascule dans le camp de l’Iran.

Contrairement à la révolution tunisienne, le mouvement égyptien dispose d’un porte-parole reconnu sur le plan international. Mohamed ElBaradei est l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, détenteur, à ce titre, du Prix Nobel de la Paix. Pour les Occidentaux, ce serait un nouveau « raïs » très présentable.

ElBaradei a promis hier une « ère nouvelle ». On n’en est pas encore là. En nommant vice-président et Premier ministre deux hauts gradés militaires, Moubarak a mis son sort et celui de l’Égypte entre les mains de l’armée : c’est vers elle que se tournent les regards. En Tunisie, elle a joué un rôle primordial dans la chute de Ben Ali. En Égypte, elle est le dernier rempart du régime. Si ce rempart cède, ce sera l’inconnu.

Le piège du Nil

L’Égypte est devenu un piège pour l’Amérique. Si Washington abandonne Moubarak du jour au lendemain, ce sera un saut dans l’inconnu. Mais plus il tardera à le lâcher et plus ses chances de rester l’allié tutélaire de la plus peuplé des nations arabes seront hypothéquées.

Depuis samedi, Barack Obama et Hillary Clinton tentent bien de promouvoir une option médiane en incitant le raïs à faire des efforts démocratiques mais cette stratégie a rapidement atteint ses limites. Si les choses tournent mal pour le pouvoir, les États-Unis, malgré toutes leurs admonestations, seront jugées complices du régime honni. L’avertissement de Mohammed ElBaradei -soutenu par les très opportunistes Frères musulmans- qui a critiqué la tiédeur de la réaction de la Maison Blanche, résume à lui seul toute la pression qui pèse sur les épaules du président américain.

En évoquant, pour la première fois, «une transition en bon ordre», le département d’État a franchi une frontière qu’il ne voulait pas atteindre si tôt. Mais avait-il le choix d’attendre quand, au Caire, les manifestants montrent clairement que les «aménagements» décidés par le président égyptien pour remanier son équipe n’ont convaincu personne? Barack Obama a jugé que non. Le président américain va délibérément conserver deux fers au feu le plus longtemps possible tout en souhaitant qu’un vent de liberté se renforce sur le pays.

En réclamant une «transition», la chef de la diplomatie américaine donne le sentiment d’ouvrir délibérément et officiellement la succession de M.Moubarak. Elle n’aurait pu mieux lui indiquer la sortie au profit d’un successeur qu’elle voudrait aussi modéré que rassurant et, au fond, dans la lignée de l’actuel président. Les casseroles en moins.

En face, Hosni Moubarak fait la sourde oreille. Son refus de se plier aux injonctions de l’Amérique mais aussi d’écouter celles du trio européen montre qu’il est prêt à prendre beaucoup de risques pour se maintenir au pouvoir. Un scénario catastrophe pour l’avenir politique du pays, pour sa stabilité politique et pour la paix avec Israël. Rien ne dit qu’il pourra être évité: ce ne serait pas la première fois qu’un ancien militaire s’accrochant à son pouvoir jetterait son pays dans la guerre civile ou l’obscurantisme religieux faute d’avoir réagi à temps. En maniant volontiers l’intimidation la plus grossière, le clan Moubarak montre qu’il ne reculera devant rien... Mauvais signe.

Le président Obama, lui, joue gros dans ce dossier dont dépend aussi l’avenir du Proche-Orient. Le voilà condamné à être extrêmement prudent... et à se préparer à réagir au quart de tour. Le moindre retard à l’allumage serait pris, en effet, comme un mépris pour l’auguste révolution du papyrus. La crédibilité des États-Unis en serait abîmée pour longtemps.


Un barbu rentrant d’exil

Il est arrivé hier à l’aéroport de Tunis, où l’attendaient ses supporters enthousiastes. Sa seule déclaration, bras tendus vers le ciel, fut un vibrant “Allah Akbar !”. Dieu est grand, et le monde si petit. Après vingt ans d’un retrait forcé à Londres, Rached Ghannouchi regagne sa terre natale. Condamné à perpétuité par le président Ben Ali, il ne risque plus rien désormais. Le fondateur du parti islamiste “Ennahda” profite de la liberté retrouvée.

À 69 ans, l’homme se veut ouvert, généreux. Un barbu rentrant d’exil n’apporte pas forcément l’Inquisition dans ses bagages. Certes, jadis, au fil de prêches enflammés, celui-ci prônait la destruction des “légions d’Israël”. Et surtout, sans charrier, l’avènement de la “charia”. L’application de la loi coranique, à ses yeux, allait purifier une société pervertie par les mœurs occidentales. Proche des Frères musulmans égyptiens, il tenait alors l’antique religion pour une politique moderne.

Mais que les femmes et les laïcs de Tunisie se rassurent. Le vieux leader a changé d’opinion, se montre modéré jusqu’au bout des ongles. Converti à la démocratie, il prie pour les élections et la tolérance. Doux comme un agneau, le cheikh !

Nombre de ses compatriotes, pourtant, ne le croient qu’à moitié. Ils appellent à une vigilance accrue “contre la tentation de l’obscurantisme”. Après tout, quittant Neauphle-le-Château, Khomeiny aussi inspirait confiance. Puis, installé à Téhéran, on l’a vu agir en ayatollah…

Hosni Moubarak

Le président de la République d'Egypte a échappé par le passé à six attentats, mais il risque de lui être plus difficile encore de ressortir indemne de l'actuelle explosion de colère de ses concitoyens. L'usure du temps n'est pas sans conséquence pour le raïs, quatre-vingt-deux ans, arrivé au pouvoir à l'époque où François Mitterrand entrait à l'Elysée. Cet ex-pilote militaire, devenu ministre de la Défense à la veille de la guerre de 1973 contre Israël, réclame régulièrement l'onction du suffrage universel depuis qu'il a pris les commandes du pays après l'assassinat d'Anouar el-Sadate, à l'occasion duquel il fut lui-même blessé. Il a recueilli un écrasant 88,5 % des voix lors du dernier plébiscite, il y a cinq ans. C'est moins toutefois à une popularité inconditionnelle parmi ses concitoyens que le chef du Parti national démocratique doit sa longévité politique qu'au soutien indéfectible de l'armée. Fort de cet appui, le fils d'un petit fonctionnaire de Kafr el-Meselha, un village du delta du Nil qui donna avant lui quatre ministres à l'Egypte, a pu tenir jusqu'à ces derniers jours son pays d'une main de fer. Son âge et le cancer de l'estomac dont, selon la rumeur, il est atteint, avaient néanmoins incité ce père de deux garçons à préparer son cadet, Gamal, à prendre la relève. Mais le peu d'atomes crochus entre l'héritier et les militaires tout comme l'hostilité de la rue risquent désormais de contraindre le « Pharaon » à réviser ses plans dynastiques.

Moubarak en sursis

Un peuple qui défie le couvre-feu. Un dirigeant isolé dans son palais. Une armée érigée en arbitre. L'Égypte vit, depuis six jours, sous l'effet du syndrome tunisien. Des millions d'Égyptiens espèrent qu'aux mêmes protestations suivront les mêmes conséquences : le départ du Président.


La comparaison, pourtant, s'arrête là. Car Hosni Moubarak, pour l'heure, reste en place. Tenir, espérer voir le mouvement s'essouffler, compter sur l'armée. Depuis vendredi, c'est la stratégie du président égyptien. Une stratégie qui rend la situation au Caire particulièrement tendue, au point que plusieurs pays, et non des moindres comme les États-Unis et la Turquie, organisent déjà le rapatriement de leurs ressortissants.

Cette stratégie, Moubarak l'a déployée, pour l'heure, en trois temps. Par un geste politique, avec la nomination d'un nouveau gouvernement et surtout d'un vice-président, en la personne d'Omar Souleimane. L'homme est une personnalité de premier plan, colonne vertébrale du renseignement égyptien et connaisseur de tous les dossiers brûlants de la région, qui ne manquent pas. Il est respecté par l'armée, par tout le monde arabe, par Israël, par l'allié américain. Par la rue, même. Sa fonction nouvelle le désigne presque comme un successeur, puisque Moubarak était le vice-président de Sadate. Ce geste, toutefois, ne répond pas à l'attente de la population, qui continue de scander l'imprononçable il y a encore dix jours : « Moubarak dégage ! ».

Deuxième geste, retirer de la rue la police, l'instrument du régime. Ce n'est pas une faveur faite au peuple, mais un calcul très retors, puisque l'insécurité et les pillages ont contraint, dès samedi, des millions de Cairotes à s'auto-défendre. Sans moi le chaos. Pourrissement. Désordre. Reprise en main. Le schéma est classique, même si des milliers de manifestants étaient encore dans les rues hier soir.

Enfin, l'armée a été déployée, livrant aux caméras du monde entier un message ambivalent. Son rôle central est reconnu de tous, mais jusqu'où ira sa fidélité au Raïs ? Les scènes de fraternisation devraient être un signal d'apaisement. Or, l'usage de balles réelles et le décompte des victimes indiquent clairement qu'au sommet, la volonté de réprimer la révolte est intacte. Tout comme les coupures du service Internet et l'interdiction d'Al-Jazira.

Reste, et elle est centrale pour l'Égypte, la dimension internationale de ce qui se joue, en ce moment même, au Caire. Premier état à avoir signé la paix avec Israël (dont il est frontalier), voix dominante du monde arabe, pilier politique et militaire de la stratégie américaine dans la région, l'Égypte ne peut être déstabilisée sans que cela n'ait des répercussions considérables. L'Iran souffle sur le feu de la colère populaire, après avoir réprimé celle des Iraniens. Israël retient son souffle, trop conscient de l'incendie qui menace Gaza si l'armée égyptienne perdait le contrôle. Washington, enfin, tente de se dépêtrer de ses propres ambiguïtés.

Dans le cas tunisien, contrairement à Paris, les Américains ont clairement encouragé la demande de démocratie. Dans le cas égyptien, ils redoutent les conséquences d'une crise incontrôlable. Le soutien verbal aux aspirations démocrates est aussi timide que les pressions sur Moubarak. Après Ben Ali, un deuxième départ furtif minerait toutes les alliances occidentales dans la région. C'est la branche à laquelle Moubarak se raccroche. Si la rue le lui permet.