TOUT EST DIT

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mercredi 14 novembre 2012

Le discours et la méthode

Le discours et la méthode


Tout était calé au millimètre. Choix économiques, politique sociale, diplomatie, questions de société… François Hollande savait que c'est sa maîtrise des sujets qui serait scrutée. Ici pas de « Valérie et moi », du sérieux, rien que du sérieux, du réglé sur papier musique. Et surtout un énorme travail de préparation qui lui a permis d'être un pédagogue précis et bien dans ses options. On n'improvise pas quand il s'agit d'expliquer le cap que l'on veut tenir pour la France et justifier la stratégie pour le tenir ferme. Décidément les premières conférences de presse présidentielles sont vouées à avoir un avant et un après. On se souvient de la copie brouillonne de Nicolas Sarkozy, on se souviendra de celle, méticuleuse et sans aspérité, d'un François Hollande avançant avec sérénité dans les ornières de la conjoncture.
Pas de slogan, pas d'envolée, un propos rigoureux et clair, avec ici ou là ces pointes d'humour qui détendent l'ambiance. Le contre-pied systématique de la politique de Nicolas Sarkozy ne pouvait être qu'une tactique éphémère, tout comme la « normalité » présidentielle ne pouvait être un concept de communication face au bulldozer de la droite.
Le président de la République revendique la durée et fixe, avec un courage certain, les critères sur lesquels il veut être jugé quand sonnera pour lui l'heure de « rendre des comptes ». Plus Schröder que Mitterrand, le chef de l'État s'est exposé sur son ambition d'inverser la courbe du chômage et de rétablir la confiance. Les annonces ayant été habilement faites ces derniers jours, François Hollande n'avait plus qu'à se consacrer au discours et à la méthode. Et tant qu'il y était, François Hollande, retrouvant les accents du Bourget, a mis en route la social-démocratie. Un beau parapluie pour Jean-Marc Ayrault qui a sans doute noté la formule du chef, « Si tout a été dit tout n'a pas été tenté ».
La vraie réussite de l'exercice d'hier est, sans doute possible, d'avoir démonté le procès en indécision, en amateurisme et même parfois en illégitimité qui, ces dernières semaines, courrait les couvertures en papier glacé et en mal de promotion bon marché. Le patron c'est Hollande, plus personne, ou presque, n'en doutait hier soir en quittant l'Élysée. 

Cherchez les pointillés !

Cherchez les pointillés ! 
Il y croit encore

François Hollande a été choisi lundi par un jury de journalistes pour recevoir le « prix de la gentillesse ». Cadeau empoisonné ! Il fait perfidement penser au « prix de bonne camaraderie » que la tradition scolaire accorde à l’élève qui ne brille ni en calcul ni en dictée. La détestable situation de la France, sur fond de chômage et de récession, souligne ce tableau sans gloire. Moment périlleux quand, sous couvert d’une conférence de presse, il s’agit de remonter le moral de la Nation. Mais c’était compter sans l’expérience rhétorique du président.
Le brio dont il a fait preuve hier ferait presque oublier la multiplicité des obstacles. Son habileté a été de ne pas les nier. Mais au lieu d’en faire une énumération pessimiste, il les a transformés en défis. Admirable discours ! Le poids de la dette publique et la perte de compétitivité ne sont plus des boulets à traîner, mais des cibles à inverser. Retroussons-nous les manches, cela ira déjà mieux. On se serait cru devant Obama il y a quatre ans. Yes, we can !
La gauche a trop longtemps barboté dans le déni de la crise, tout juste imputable à « la mauvaise gestion de la droite », pour ne pas saluer la lucidité de ce tournant. Miracle du rapport Gallois : il détermine une mutation doctrinale en même temps qu’il dessine une méthode pour sortir du bourbier. S’il y a un mentor du moment, c’est bien lui, Gallois, secondé par le compère Jospin -avec pour conséquence de faire du gouvernement plus un exécutant que le copilote de l’exécutif.
Solennel sans céder à l’emphase (qui est son péché mignon), digne, déterminé, le chef de l’Etat a fait une très honorable prestation. Mais elle ne fait pas oublier le non-dit, les pointillés, en l’occurrence la grande prudence quant au calendrier économique. Comme si la fameuse « inversion de la courbe du chômage » était moins proche qu’en juillet dernier ! C’est inquiétant. Car si le président est plus évasif aujourd’hui qu’en début de mandat, c’est que la force de conviction déployée hier relève davantage d’une explication de texte volontariste que de la prédiction crédible.
« La solidarité plutôt que l’austérité sans fin », propose François Hollande. 
Excellent ! Bravo ! 
Mais dans les prochains temps, pour le dire sans ambages, on va en baver.


Il se vérifie chaque jour qui passe la remarque de royal à propos de hollande, je la cite " personne ne se souvient qu'il ait fait quelque chose en trente ans de vie politique "!!
Que ce soit comme secrétaire du ps où comme président de la république, on en est là !!
Que l'on puisse se contenter de réciter ce qui ne va pas et ne rien faire de concret et valable sorti de l'habileté du déguisement des mots, pour tenter de faire repartir l'économie et l'industrie de notre pays illustre le tragique d'avoir mis à la tête du pays un mou sans volonté d'action autre que d'être comme les présidents de la 4éme république,

François Hollande recule sur le droit de vote des étrangers

Recul temporaire ou enterrement en catimini ? Interrogé à deux reprises, mardi 13 novembre, sur sa promesse de mettre en place le droit de vote des étrangers aux élections locales, le président de la République a semblé reculer par rapport à son engagement de campagne. 
Il a soumis l'application de cette promesse à la "recherche d'une majorité" au Parlement. Cette réforme nécessite de modifier l'article 3 de la Constitution : or la gauche ne dispose pas de la majorité des trois cinquièmes des députés et sénateurs, nécessaire à toute révision constitutionnelle.

La majorité devra convaincre 51 parlementaires centristes ou UMP, ce qui semble particulièrement difficile, l'UMP ayant lancé une campagne nationale contre cette réforme.
"Le gouvernement peut préparer le texte, mais ne le déposera que si la perspective de son adoption est assurée, a expliqué le président de la République. J'ai dit au gouvernement, aux responsables de groupes [parlementaires] de travailler pour constituer cette majorité. Quand cette majorité sera envisagée, je prendrai mes responsabilités. Mais pas avant. [...] Présenter un texte avec le risque de diviser les Français pour au bout du compte ne pas le faire passer : je m'y refuse."
Une autre option serait de faire adopter cette mesure par référendum. Le président de la République ne l'envisage pas non plus pour l'instant. "Si nous n'aboutissons pas par la voie parlementaire, je verrai dans quel état est la société pour éventuellement aller dans cette direction, a commenté François Hollande avant d'assurer : Mais aujourd'hui, ce n'est pas mon intention." "Je ne désespère pas. Je sais qu'il y a à l'Assemblée et au Sénat des membres classés au centre ou à droite prêts" à voter pour le droit de vote des étrangers.
Cette promesse, non tenue par François Mitterrand, avait été reprise par le candidat Hollande dans ses 60 engagements. Ceci après l'adoption en décembre 2011 d'un projet de loi au Sénat tout juste passé à gauche.
En septembre, après l'appel de 77 députés socialistes pour le droit de vote des étrangers, le gouvernement avait pourtant réaffirmé qu'il tiendrait cette promesse du candidat Hollande – et plus généralement de la gauche depuis trente ans. Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle a immédiatement réagi sur Twitter, accusant François Hollande de ne pas tenir sa promesse.

Conférence de presse de François Hollande : et s'il n'y avait que 2 questions à lui poser

François Hollande donnera aujourd'hui la première conférence de presse de son mandat. Quelles sont les deux questions que vous lui poseriez et pourquoi ?


Carole Barjon : Bruno Le Roux a évoqué l'idée d'un référendum pour faire adopter la limitation du cumul des mandats. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a-t-il eu raison d'évoquer une consultation populaire? Songez-vous à organiser un référendum sur cette question ?
Je suis nul, mais je le sais
Je pose cette question car on constate bien qu'il y a une énorme résistance de la part de pas mal d'élus du PS. Alors que la gauche a tous les pouvoirs (exécutif, législatif, régional, etc.), le président du groupe PS pourrait tout simplement faire passer une loi, mais il en vient à évoquer l'idée d'un référendum. C'est symbolique de la grande résistance des élus socialistes vis-à-vis due la limitation du cumul, et un référendum est peut être la seule solution pour faire passer la mesure, j'ai donc envie d'avoir l'avis de François Hollande sur la question.
Vous avez évoqué la gravité de la crise à la fin du mois d'août. Est-ce parce que vous avez découvert la gravité de cette dernière à cette période ? Si oui, pouvez-vous expliquer aux Français pourquoi la crise s'est aggravée à ce point en deux mois ? Si non, pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt ?
C'est sous-jacent à la question : a-t-on trop ignoré la crise ?
Josée Pochat : Ma première question serait la suivante : Vous avez ratifié le traité européen après avoir pourtant promis sa renégociation, vous imposez un choc fiscal sans précédent qui touchera bien évidemment plus d'un contribuable sur dix, vous acceptez l'idée d'augmenter la TVA et de commencer à reconnaître même timidement le problème de la compétitivité française... assumez-vous le virage économique du quinquennat ?

Cette conférence de presse est un rendez-vous majeur de ce début de quinquennat, quelques jours après la sortie du fameux rapport Gallois. Il faut rappeler que le début de son mandat n'a pas été bon. Le président s'est contenté de surfer sur le rejet de l’hyper présidence de Sarkozy, comme s'il suffisait de surfer sur l'antisarkozysme pour que les Français soient comblés. Cela ne fonctionne évidemment pas, et on le voit bien aujourd'hui. Marianne l'a très bien illustré en titrant à la une « Hollande, secoue toi il y a le feu ». Cette conférence de presse est l'occasion idéale pour effacer le flottement de ces six premiers mois et utiliser ce rendez-vous avec les Français pour choisir entre communication et courage, entre déni de réalité et discours de vérité.

Ma deuxième question n'est pas très éloignée de la première car je pense que c'est le nerf de la guerre : Vous battez des records d'impopularité non pas pour avoir pris des mesures douloureuses mais pour n'avoir rien fait à part cultiver l'image d'un président normal. Aujourd'hui, ne croyez-vous pas que les Français ne souhaitent pas un président normal mais un président qui regarde la crise en face et leur tient un langage de vérité ?

On en revient finalement à cette idée de crise économique, qui est le seul vrai sujet majeur qui concerne les Français. Dans une période qui est hors norme, on ne peut se contenter de s'afficher tout sourire en président normal. Le rôle du chef de l'état est de gérer au mieux la pénurie. Les Français sont plus lucides que l'on veut bien le croire et ce sont certainement les politiques qui manquent de courage pour regarder le pays en face et dire la vérité quant à la nécessité de travailler plus et de dépenser moins si on ne veut pas continuer à s'enfoncer lentement mais surement dans le déclin.
Thomas Legrand : Je lui poserais tout d’abord la question suivante : « Fort de votre expérience des six derniers mois, ne regrettez-vous pas d’avoir utilisé les termes « jamais » et « toujours » en ce qui concerne la TVA ? »
Ma deuxième question découle de la première. Je lui demanderais s’il a quelque chose de particulier à nous dire concernant l’objectif de déficit de 3% de l’année prochaine… Il y aura une autre conférence de presse dans 6 mois, peut-il nous assurer que ces 3% seront respectés ?
Les hommes politiques ont besoin de sortir de cette exigence d’affirmation constante. Ce n’est pas parce qu’il faut fixer un cap qu’il faut forcément annoncer des chiffres exacts de croissance, de déficit et de chômage. Il faut arrêter de nous prendre pour des gamins ! On sait que le doute existe et les hommes politiques doivent savoir l’exprimer sans nous insécuriser. C’est également à nous, électeurs, de cesser de réclamer des certitudes.
Moins les hommes politiques semblent avoir de pouvoir, plus ils font preuve de volontarisme, sont péremptoires et utilisent à outrance le « jamais » et « toujours ». C’est d’ailleurs une faute qu’avait également commise Nicolas Sarkozy. L’ex président avait déclaré qu’il n’abandonnerait jamais le bouclier fiscal, c’est évidemment ce qu’il a fait… Plus les hommes sont volontaristes, plus le risque est grand que cela leur revienne à la figure. C’est vraiment de nature à décevoir les électeurs et au-delà de son camp politique, cela détruit clairement la crédibilité politique.
André Bercoff : Voici les deux questions que je souhaiterais poser à François Hollande :
Vous avez répété depuis janvier dernier dans tous les médias que vous étiez contre la TVA que vous aviez qualifiée d'inopportune, d'injuste, d'anti-sociale et autres compliments. Votre premier Ministre a en rajouté une pelletée. Aujourd'hui, changement de cap, la TVA redevient fréquentable et même appliquée. Y a-t-il donc une TVA de gauche et une TVA de droite ? Et pouvez-vous nous dire la différence entre elles ?

François Mitterrand a appris, moins de deux ans après son élection, à gérer le capitalisme avec le succès que l'on sait, mais sans jamais formuler un quelconque changement de doctrine. Il eut l'intelligence artistique de gouverner à droite tout en lançant quelques os à ronger à la gauche (trente-cinq heures, retraite à soixante ans, etc.). Au bout de six mois, Monsieur le Président, vous revenez, contraint et forcé mais non sans courage, sur bon nombre de vos promesses de campagne. Irez-vous enfin jusqu'au parcours du combattant de Schroeder en Allemagne, au risque de la défaite dans cinq ans ? Aurez-vous aussi l'audace sémantique de définir ce que signifie le socialisme aujourd'hui ? Ou continuerez-vous d'écouter les sanglots longs des violons de l'extrême gauche et des écolos, tout en prêtant à l'oreille, à l'Elysée, à vos brillants conseillers frais émoulus des banques Rothschild ou Lazard ?

Hollande face à la presse pour reconquérir l'opinion et rassurer l'Europ

Six mois presque jour pour jour après son investiture, François Hollande affronte pour la première fois mardi l'épreuve d'une grande conférence de presse à l'Elysée avec une double exigence: reconquérir l'opinion mais aussi rassurer l'Europe.
Malmené par la presse et dans les sondages, le président fera face pendant près de deux heures à quelque 400 journalistes français et étrangers réunis dans la salle des fêtes de l'Elysée où se tiennent depuis de Gaulle la plupart de ces grands messes politico-médiatiques. Il entamera ce rendez-vous par une adresse liminaire d'une vingtaine de minutes aux Français.
Mais au-delà de la presse, le chef de l'Etat devra répondre aux appels pressants de Bruxelles, de l'Allemagne et des princiales organisations économiques internationales, telles l'OCDE ou le FMI. Toutes sont impatientes de voir la France s'engager résolument sur le chemin des réformes structurelles (flexibilité du marché du travail, réduction des dépenses publiques...).
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault sera ainsi jeudi à Berlin pour tenter de rassurer la chancelière allemande Angela Merkel et lui dire que le gouvernement "prend au sérieux la compétitivité de la France", selon son entourage.
Berlin craint ouvertement désormais un décrochage économique de la deuxième économie européenne qui entraînerait par le fond l'ensemble de la zone euro.
François Hollande a donné la semaine dernière des premiers gages à ses partenaires européens avec un "pacte" de compétitivité qui a surpris par son ampleur.
Même s'il se défend d'avoir pris le premier tournant de son quinquennat, il a effectué un revirement spectaculaire, décidant d'actionner le levier de la TVA, cet impôt pourtant honni de la gauche.
Après une première phase marquée par l'application à la lettre de son programme (rétablissement partiel de la retraite à 60 ans, emplois d'avenir, suppression de la TVA sociale... ), l'heure du réalisme économique semble avoir sonné.
Une réorientation à risque vis-à-vis de son électorat alors que les sondages restent à un niveau préoccupant avec, selon BVA, Ipsos et LH2, 41 à 44% d'opinions favorables seulement.
Cette conférence de presse devrait aussi consacrer le style Hollande. Le président "normal" doit devenir "président avec un grand P", prendre "la hauteur nécessaire" et "gagner un peu en solennité et en dramatisation", a estimé l'un de ses fidèles, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Signe d'une nouvelle "normalité", François Hollande s'est finalement résolu à tenir sa conférence de presse à l'Elysée après avoir promis au cours de sa campagne dans un lieu moins imposant "où chacun sera finalement chez lui". L'Elysée, fait valoir un proche, "c'est le lieu de la décision, de tous les Français, la normalité n'empêche pas la solennité".
Le président est attendu de pied ferme par son aile gauche. "On va voir comment François Hollande va expliquer que ce qui n'a pas marché ailleurs --en Grèce, en Espagne, au Portugal-- va marcher ici !", a déjà ironisé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).
Dans les rangs écologistes, la participation au gouvernement a fait débat avec les déclarations de leur chef de file au Sénat Jean-Vincent Placé s'interrogeant à haute voix sur ce que EELV faisait encore dans l'équipe Ayrault.
Selon l'entourage du président, François Hollande "a beaucoup travaillé sur sa déclaration liminaire avec le secrétaire général de l'Elysée Pierre-René Lemas et son conseiller politique Aquilino Morelle" et "a demandé des notes à ses principaux collaborateurs sur les sujets d'actualité".
Il n'a toutefois pas visionné de conférences de presse de ses prédécesseurs, comme certains médias l'affirmaient, a-t-on assuré.
Mais à l'heure dite, souligne un autre proche, "il sera seul devant les Français".
Sans plus attendre, Jean-François Copé (UMP) a déjà tiré à boulets rouges sur le président qui doit selon lui faire son "autocritique face à tous les mensonges qu'il a pu faire aux Français pendant sa campagne". Le président est dans "le reniement permanent", a fustigé pour sa part Luc Chatel, ancien ministre UMP de l'Education.

Je m’oppose donc je suis

Il paraît que l’opposition va avoir un nouveau leader parce que l’UMP va élire son Président dimanche. Rien n’est moins sûr. En fait l’opposition est déjà ailleurs car elle est déjà partout.
Aujourd’hui, l’exercice de l’opposition n’est plus limité à la cour de récréation des partis politiques, représentants du peuple et s’exprimant en son nom. Surtout lorsque la crise demeure, lorsque les solutions nouvelles peinent à émerger et à faire démonstration, lorsque l’opposition politique revendiquée sort elle-même de l’exercice du pouvoir. Alors l’opposition s’élargit, elle devient polymorphe, omniprésente, multi vectorielle.
Personne n’a le monopole de l’opposition, ni l’UMP ni un autre. L’opposition aujourd’hui est celle de l’opinion qui s’exprime de façon critique dans les sondages d’opinion (auxquels sont très attentifs en coulisses ceux qui en minorent l’importance en public), celle de la presse qui affiche, et même revendique, son libre arbitre (sans doute aussi parce que la critique est plus vendeuse et plus « noble » que l’acquiescement), celle des associations comme Greenpeace qui boycotte les débats sur l’énergie sous prétexte que le jury d’experts est piloté par Anne Lauvergeon, celle des entrepreneurs qui se forment, plus ou moins spontanément, en escadrille pigeonnesque le temps d’influencer un projet de loi de finances, celle de blogueurs et twitteurs qui entretiennent du « gouvernement bashing » en permanence et du « ministre bashing » à la première occasion, celle d’un Hugo Desnoyer, boucher, qui jette un os dans la mare de l’emploi, expliquant à quel point il est difficile de recruter, celle finalement de chacun d’entre nous, devenus transistors émetteurs-récepteurs du jeu démocratique, tantôt journaliste, tantôt humoriste, tantôt expert, qui a des avis sur tout… et surtout des avis bien sûrs comme disait vous savez qui.
Le jeu s’est ouvert pour une bonne raison également, celle du brainstorming participatif général. Face à l’impasse des solutions politico-économiques, face au déficit de crédibilité et d’autorité des élites dirigeantes et pensantes (plus souvent bien pensantes que pensantes), parce qu’à défaut d’un développement durable nous sommes en récession durable, chacun est amené à proposer, à suggérer, à se sentir légitime à le faire, car peut-être pas plus bête. Nous sommes tous premiers ministres.
Là où nous pouvons voir anarchie, nous pouvons aussi voir créativité débridée et volontaire. Le peuple représenté saisit lui-même le mégaphone. Devenu lui-même média il est son porte-voix. Mais ce résultat est aussi conjoncturel : chacun, à force de prendre conscience de sa responsabilité individuelle, de son être-partie prenante, comprend, à force de pédagogie reçue, que s’il est lui-même une partie du problème, il est aussi peut-être une partie de la solution. Cela passe parfois par la prétention d’« avoir » la solution, mais de plus en plus par l’idée d’« être » la solution, que la solution c’est moi. Avec pourtant toujours cette attente schizophrénique, donc douloureuse, qui consiste, encore, à s’en remettre à l’autre, à attendre de l’autre, de l’autorité, qu’elle gère les problèmes, tout en étant persuadé qu’elle n’y suffira pas.
Le temps de la crise est donc peut-être un ennemi contre-intuitif du politique, qui l’entraine dans un cercle vicieux : la crise auto-persuade le politique qu’il doit en faire plus encore, ce temps le pousse à se croire encore plus indispensable, lorsqu’au contraire la crise - les crises - devrait inciter le politique à se concentrer sur ses responsabilités régaliennes, disons son cœur de métier, et à se délaisser le plus possible du reste. 
Plus la crise s’intensifie et se complexifie, plus le politique doit faire l’effort de réduire son poids et sa présence. Finalement « le courage » politique ne serait pas de prendre telle ou telle décision, mais de se rendre moins indispensable. L’objectif alors n’est pas de faire, de légiférer, ou de taxer pour exister, mais de manager, d’exhorter les uns et les autres à prendre leur part, tout en laissant la place et l’espace pour le faire.

Pourquoi l'Allemagne trouve la politique française préoccupante

Selon plusieurs sources, l'Allemagne voit d'un mauvais oeil le dérapage budgétaire français et l'absence de réforme du marché du travail dans notre pays.
Sept mois après la dénonciation du "déni français" par The Economist, le débat sur la France et les réformes resurgit. Mais cette-fois ci, ce sont les Allemands qui s'inquiètent, pas les Anglais. Selon l'agence Reuters, le ministre des finances W. Schäuble aurait demandé aux experts allemands de plancher sur un rapport contenant des pistes de réformes pour la France. L'hebdomadaire allemand Die Zeit, à l'origine de l'information, expliquait que les "sages" devaient trouver des solutions pour aider la France à retrouver le chemin de la croissance et à réduire ses déficits. Côté allemand, l'information a été démentie. Côté français, Moscovici a tenu à dissiper tout malentendu. Selon lui, "les choses vont bien entre la France et l'Allemagne". Mais le journal Libération confirmait lundi le malaise créé en Allemagne par la dégradation de la situation économique de la France.
Alors info ou intox ? A regarder de près, la situation de France n'est pas si catastrophique. Certes, la croissance reste désespérément nulle de ce côté-ci du Rhin. Cependant, c'est toujours mieux que la récession traversée par les pays d'Europe du Sud. En 2013, celle-ci devrait encore frapper l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Grèce, au risque d'alimenter une grogne sociale déjà importante. La France, elle, limitera les dégâts et verra son PIB stagner. Notre pays bénéficie, en outre, de la bienveillance des marchés et des agences de notations, au même titre que l'Allemagne et les Etats-Unis. Preuve, elle emprunte, pour certaines maturités courtes, à des taux d'intérêt négatifs!
Dans ces conditions, pourquoi les Allemands s'inquièteraient-ils ? Il y a sans doute deux raisons à cela. La première est purement économique. Nous sommes le premier partenaire commercial de l'Allemagne. Du coup, si notre demande stagne, les exportations de notre voisin souffrent. Mais la deuxième raison est idéologique. Depuis l'élection de François Hollande, notre pays s'éloigne, l'air de rien, des standards allemands et notamment de la voie tracée par le chancelier Gerhard Schröder. Celui-ci a d'ailleurs été le premier à allumer les feux de la défiance en affirmant, la semaine dernière, que "les promesses de campagne du président français vont se briser sur la réalité économique". "La France va vraiment avoir des problèmes si le refinancement de sa dette se complique", avait ajouté l'ancien leader social-démocrate.
Lars Feld, l'un des membres du comité des sages allemands le confirme : "les inquiétudes s'accumulent en raison du manque d'action du gouvernement français sur la réforme du marché du travail". "Il faut à la France une réforme du marché du travail, c'est le pays de la zone euro qui travaille moins d'année en année". Et l'expert d'en rajouter : le principal problème en ce moment, ce n'est plus la Grèce, l'Espagne ou la l'Italie, c'est devenu la France parce qu'elle n'a rien entrepris de nature à rétablir sa compétitivité, au contraire, elle va dans l'autre direction.
N'est pas Gerhard Schröder qui veutCe n'est pas la première fois que ce constat cinglant surgit en Allemagne. En avril dernier, juste avant les élections présidentielles françaises, les économistes de la banque Berenberg écrivaient : les deux questions clé pour l'Europe restent les mêmes : "La France va-t-elle enfin se réformer?" et "La crise va-t-elle contaminer l'Espagne et l'Italie ?". "Grâce à une démographie plus favorable (un taux de fécondité de 2 contre 1,3 en Allemagne), la France pourrait dépasser aisément l'Allemagne à condition qu'elle réforme son marché du travail, sa fiscalité et son système éducatif ", assuraient-ils.
Sauf que, sur ce dossier, la France freine des quatre fers. Et pour cause. Les réformes de l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, même si elles ont fini par payer, ont été extrêmement douloureuses. Certes, la réforme en profondeur du marché du travail a contribué à remettre sur pied l'économie allemande, considérée au début des années 2000, comme le pays malade de l'Europe. Mais le renouveau de l'économie allemande s'était aussi traduit par une stagnation sans précédent des salaires et une remontée de la précarité, incarnée par les fameux jobs à 1 euro. François Hollande ne prendra pas le risque de s'engager dans cette voie, même si cela finit par rendre les marchés nerveux.
Des choix budgétaires discutables Deuxième pomme de discorde entre les deux pays, les finances publiques. Officiellement, "le gouvernement allemand est confiant sur le fait que la France respectera les exigences du Pacte de stabilité et de croissance". Mais officieusement, les allemands s'inquiètent de plus en plus du dérapage français. Selon les prévisions d'automne de la Commission européenne, notre pays ne sera pas en mesure de tenir son objectif de réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013. Bruxelles prévoit un dérapage à 3,5% l'année prochaine. Dérapage qui devrait se reproduire en 2014 malgré une accélération de la croissance à 1,2%.
Au-delà de ce dérapage, qui nécessitera de renégocier avec Bruxelles les objectifs français sous l'oeil méfiant des marchés, l'Allemagne s'interroge aussi sur la méthode choisie par Bercy pour réduire le déficit. Alors que le rapport Gallois conseillait un choc de compétitivité d'au moins 30 milliards basé sur des allègements de charges importants, Bercy a finalement choisi un crédit d'impôt de 20 milliard étalé sur cinq ans. De fait, le gouvernement français ne s'attaque pas de manière directe au rétablissement des marges des entreprises, qui sont tombées à leur plus bas niveau des 25 dernières années, et au redressement de la compétitivité. En matière de coût du travail et de capacité à exporter, l'Allemagne garde clairement l'avantage. Le problème, c'est qu'elle ne peut pas tirer, à elle seule, l'ensemble de la zone euro.