dimanche 10 juin 2012
11e circonscription du Pas-de-Calais : Jean-Luc Mélenchon dénonce de nouveaux faux tracts
La fin de cette campagne à haute tension, sur le 11e du
Pas-de-Calais, en arrive à un point paroxystique à trois jours du
premier tour. Depuis hier, trois nouveaux tracts usurpant l'identité de
Jean-Luc Mélenchon ont été diffusés qui, explique-t-on au sein de
l'équipe de campagne du candidat du Front de gauche « feront chacun
l'objet d'une plainte. Celui distribué ce matin est mensonger et
diffamatoire... »
Parmi ceux-ci, on retrouve sur les réseaux sociaux un tract
particulièrement choquant sur lequel le candidat FDG est grimé en Adolf
Hitler. Un document qui reprend le format et les couleurs de la fameuse
carte postale qui avait empoisonné la précédente semaine de campagne.
Hier matin, au nom de Marine Le Pen, le conseiller régional FN Bruno
Bilde niait toute implication dans cette nouvelle vague de faux tracts :
« Franchement, n'importe qui aurait pu les faire, y compris le Front de
gauche d'ailleurs. En tout cas, je suis formel, nous n'y sommes pour
rien ! »
Pour contrer Merkel, Hollande resserre les liens avec le SPD allemand
Le chef de l'Etat va recevoir trois
dirigeant du parti social démocrate allemand, qui, comme lui, veulent
inclure des mesure de relance dans le traité budgétaire européen
Trois dirigeants du
principal parti d'opposition allemand, les sociaux-démocrates (SPD),
vont rencontrer le président français François Hollande mercredi à
l'Elysée, a indiqué cette formation dimanche, confirmant des
informations de presse. Il s'agit de discuter avec François Hollande
"comment nous pouvons ensemble faire en sorte d'avoir plus de croissance
et d'emploi en Europe", a déclaré à l'hebdomadaire allemand Bild am
Sonntag le président du SPD, Sigmar Gabriel, qui sera accompagné du
président du groupe parlementaire, Frank-Walter Steinmeier, et de
l'ex-ministre des Finances, Peer Steinbrück. Les sociaux-démocrates
avaient apporté leur soutien à la candidature de M. Hollande pendant la
campagne présidentielle, tandis que la chancelière Angela Merkel avait
marqué sa préférence pour Nicolas Sarkozy, conservateur comme elle. Elle
avait refusé de recevoir François Hollande avant son élection.
Pas de ratification en Allemagne sans approbation du SPD
A l'instar du président français, le SPD veut compléter le traité budgétaire européen par des mesures de relance de la croissance. Le gouvernement de la chancelière Merkel est dépendant des voix des sociaux-démocrates pour faire ratifier par le parlement allemand le traité budgétaire car elle a besoin d'une majorité des deux tiers. Idéalement, Angela Merkel voudrait le voir avaliser avant la pause estivale parlementaire, c'est-à-dire avant le 6 juillet. Le 30 mai, l'ex-chancelier allemand social-démocrate Gerhard Schröder avait estimé dans la presse française que si le SPD s'abstenait de "copier le programme" du nouveau président français François Hollande, il aurait une "chance" de gagner les législatives en Allemagne à l'automne 2013. Les sociaux-démocrates n'ont pas encore déterminé qui des trois caciques, Gabriel, Steinmeier ou Steinbrück, sera le prochain candidat à la chancellerie.
Pas de ratification en Allemagne sans approbation du SPD
A l'instar du président français, le SPD veut compléter le traité budgétaire européen par des mesures de relance de la croissance. Le gouvernement de la chancelière Merkel est dépendant des voix des sociaux-démocrates pour faire ratifier par le parlement allemand le traité budgétaire car elle a besoin d'une majorité des deux tiers. Idéalement, Angela Merkel voudrait le voir avaliser avant la pause estivale parlementaire, c'est-à-dire avant le 6 juillet. Le 30 mai, l'ex-chancelier allemand social-démocrate Gerhard Schröder avait estimé dans la presse française que si le SPD s'abstenait de "copier le programme" du nouveau président français François Hollande, il aurait une "chance" de gagner les législatives en Allemagne à l'automne 2013. Les sociaux-démocrates n'ont pas encore déterminé qui des trois caciques, Gabriel, Steinmeier ou Steinbrück, sera le prochain candidat à la chancellerie.
CE QUE N'A PAS COMPRIS HOLLANDE, C'EST QUE LE SPD EST FAVORABLE À L'AUSTÉRITÉ.
Une élection de choix
Domination ou cohabitation ? Ainsi se résume l’enjeu des
législatives, élections pour cinq ans de nos 577 députés, dont le
premier tour se déroule aujourd’hui, le second dans une semaine.
Si
les Français confirment leur vote de la présidentielle, le Parti
socialiste, seul ou avec l’appui de ses partenaires, disposera en France
de tous les grands leviers institutionnels : toutes les Régions
métropolitaines hormis l’Alsace, 60 % des départements et, bien entendu,
l’exécutif. De plus, pour la première fois dans l’histoire de la V e République, la gauche détiendra la majorité au sein des deux chambres du Parlement, Sénat et Assemblée nationale.Si, à l’inverse, les électeurs choisissent la droite, le pays retrouvera une situation de cohabitation qu’il a déjà connue, certes. Mais ce bug politique s’était produit à la fin des deux mandats de François Mitterrand (1986-1988 et 1993-1995) ou après deux ans de présidence de Jacques Chirac (1997-2002). Sous le régime du septennat, de surcroît. En ce printemps, le vote contradictoire surviendrait à la même saison et démentirait un vieil adage de la science politique – science inexacte il est vrai – selon lequel, à courte échéance, « le suffrage universel ne se déjuge pas ».
Dans les deux cas – paysage électoral tout en rose ou concubinage forcé entre PS et UMP – le pays se trouvera donc dans une configuration originale par la grâce d’un mode de scrutin… dont les mois sont comptés. En effet, la prochaine échéance, en 2017, devrait avoir lieu avec une dose de proportionnelle, puisque le principe en est défendu aujourd’hui sur l’ensemble de l’échiquier politique. Le mode actuel est ultra-favorable aux deux partis les plus puissants ; les autres formations, même avec un très bon score ne peuvent compter que sur un nombre infime d’élus. La loi est dure pour elles, mais elle va changer.
Ce rendez-vous des législatives revêt aussi une dimension locale qui accroît encore son intérêt. Le bulletin déposé dans l’urne peut parfois privilégier la dimension humaine par rapport à l’étiquette politique.
Choix national, choix de proximité, choix inédit, choix
dont les règles vont être modifiées : dans un tel contexte, voter
devrait aller de soi.
Les Polonais pas encore à l’euro
Ils sont vexés, les Polonais. Avec l’Euro de football, ils
voulaient montrer au continent leur titre de champion d’Europe de la
croissance (+4%), leurs jolis stades, leur jeune démocratie enfin bien
installée, leurs villes hérissées de grues dressant vers le ciel des
bâtiments modernes qui dégrisent le paysage urbain. L’Europe allait
enfin savoir que la Pologne n’était plus le pays des plombiers low-cost,
des complexes sidérurgiques sinistrés et des ex-syndicalistes
reconvertis dans un national-libéralisme post-soviétique.
Et voilà que l’Ukraine, le copropriétaire du tournoi de football, gâche l’opération de com polonaise en enfermant la belle Ioulia Timotchenko, icône de la révolution orange, et en déshonorant les droits de l’Homme et la dignité de la femme avec son programme « un supporter une prostituée ». Et voilà que l’équipe nationale est privée d’une victoire en ouverture du tournoi par la Grèce, ce parangon des vices budgétaires et footballistiques en Europe.
La Pologne, c’est le pays modèle du moment, la destination à la mode, l’endroit où il fait bon investir, qu’il est de bon ton de vanter dans les chambres de commerce. Le soleil en moins, cette embellie polonaise rappelle furieusement la gloire de l’Espagne olympique des années 1990 dont on célébrait la croissance, les performances économiques et sportives, les équilibres budgétaires et l’entrée dans l’euro. On a vu cette semaine ce qu’il est advenu du miracle espagnol. Dans la foulée de l’euro de foot, la Pologne se voyait aussi intégrer le club de l’euro. Les instances de l’Europe l’ont ramenée à la raison et l’idée est repoussée... aux calendes grecques.
Et voilà que l’Ukraine, le copropriétaire du tournoi de football, gâche l’opération de com polonaise en enfermant la belle Ioulia Timotchenko, icône de la révolution orange, et en déshonorant les droits de l’Homme et la dignité de la femme avec son programme « un supporter une prostituée ». Et voilà que l’équipe nationale est privée d’une victoire en ouverture du tournoi par la Grèce, ce parangon des vices budgétaires et footballistiques en Europe.
La Pologne, c’est le pays modèle du moment, la destination à la mode, l’endroit où il fait bon investir, qu’il est de bon ton de vanter dans les chambres de commerce. Le soleil en moins, cette embellie polonaise rappelle furieusement la gloire de l’Espagne olympique des années 1990 dont on célébrait la croissance, les performances économiques et sportives, les équilibres budgétaires et l’entrée dans l’euro. On a vu cette semaine ce qu’il est advenu du miracle espagnol. Dans la foulée de l’euro de foot, la Pologne se voyait aussi intégrer le club de l’euro. Les instances de l’Europe l’ont ramenée à la raison et l’idée est repoussée... aux calendes grecques.
Cent milliards d'euros au soleil
Il n'est désormais plus question de se demander si l'Espagne va faire appel à l'aide européenne. Et si hier, les annonces évoquant un prêt pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, visaient à dédramatiser le plus possible la mesure, il n'en reste pas moins qu'un quatrième pays de la zone euro ne peut faire autrement qu'afficher sa faiblesse. La volonté farouche du gouvernement de Madrid de tenter de s'en sortir seul a atteint ses limites. Tout comme son système bancaire. Cette fois, contrairement à la Grèce ou au Portugal, la crise ne vient pas d'une gestion trop « laxiste » de la dette publique, mais des conséquences de la bulle immobilière des années 2000, spéculation qui a plombé les établissements bancaires d'actifs douteux. Comme un parfum de retour aux origines de la crise initiale des subprimes américaines d'il y a quatre ans... Et, une fois encore, il va falloir « sauver les banques » afin d'éviter un krach plus dévastateur encore... La solidarité entre états de l'Union est donc indispensable. Car un embrasement de la quatrième puissance de la zone euro pourrait cette fois provoquer une vraie crise systémique dont aucun pays ne ressortirait indemne. Mais, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, avec une Allemagne les pieds sur le frein et une commission de Bruxelles hors du coup - sinon pour admonester la France en exigeant d'elle une politique plus libérale - le système européen continue de vaciller. Au-delà des mesures d'urgence immédiates, c'est bien un destin politique commun qu'il faudra parvenir à bâtir. Et celui-ci ne pourra se faire sans les peuples.
Il n'est désormais plus question de se demander si l'Espagne va faire appel à l'aide européenne. Et si hier, les annonces évoquant un prêt pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, visaient à dédramatiser le plus possible la mesure, il n'en reste pas moins qu'un quatrième pays de la zone euro ne peut faire autrement qu'afficher sa faiblesse. La volonté farouche du gouvernement de Madrid de tenter de s'en sortir seul a atteint ses limites. Tout comme son système bancaire. Cette fois, contrairement à la Grèce ou au Portugal, la crise ne vient pas d'une gestion trop « laxiste » de la dette publique, mais des conséquences de la bulle immobilière des années 2000, spéculation qui a plombé les établissements bancaires d'actifs douteux. Comme un parfum de retour aux origines de la crise initiale des subprimes américaines d'il y a quatre ans... Et, une fois encore, il va falloir « sauver les banques » afin d'éviter un krach plus dévastateur encore... La solidarité entre états de l'Union est donc indispensable. Car un embrasement de la quatrième puissance de la zone euro pourrait cette fois provoquer une vraie crise systémique dont aucun pays ne ressortirait indemne. Mais, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, avec une Allemagne les pieds sur le frein et une commission de Bruxelles hors du coup - sinon pour admonester la France en exigeant d'elle une politique plus libérale - le système européen continue de vaciller. Au-delà des mesures d'urgence immédiates, c'est bien un destin politique commun qu'il faudra parvenir à bâtir. Et celui-ci ne pourra se faire sans les peuples.
Devant le Palais Bourbon
Les législatives peuvent-elles réserver des surprises ? Un mois après la présidentielle, on imagine mal un changement brutal d'inclinaison de l'électorat. En revanche, l'incertitude demeure sur la volonté des électeurs de donner au seul parti socialiste une majorité absolue à l'Assemblée nationale ou de l'obliger à composer avec chaque formation de gauche ayant appelé à voter François Hollande le 6 mai. Il n'est pas exclu que les citoyens souhaitent aussi une opposition forte pour faire entendre la voix de ceux qui, en particulier, s'inquiètent des conséquences économiques des choix sociaux affichés par le nouveau pouvoir. Aucun sujet de fond n'a vraiment été abordé au cours de cette campagne. Le PS a tout misé sur l'effet Hollande appuyé par des décisions symboliques concernant les retraites, la prime de rentrée et la confirmation de réformes à venir plutôt à l'horizon 2013.
L'UMP secouée par l'échec de Nicolas Sarkozy a tout fait pour limiter les dégâts et éviter d'être laminée. Entre la conquête d'une majorité et la recherche d'une position de choix pour conduire une opposition dynamique, les sujets qui fâchent et les différends entre responsables ont été minorés. Dès le 18 juin, le scénario sera autre et des décisions sur le fond vont devoir être prises. Tenter de satisfaire tout le monde avec des mesurettes séduisantes à l'effet limité n'a qu'un temps. Aussi le rapport des forces à l'intérieur de la nouvelle majorité comptera beaucoup pour orienter et donner de la densité au changement. Le président de la République et le Premier ministre auront-ils les mains totalement libres pour agir ou devront-ils composer en permanence pour assurer le vote des lois ? Là est la clé, d'autant que l'utilisation limitée de l'article 49-3 ne permet plus de s'affranchir des humeurs parlementaires en cascades.
Les législatives peuvent-elles réserver des surprises ? Un mois après la présidentielle, on imagine mal un changement brutal d'inclinaison de l'électorat. En revanche, l'incertitude demeure sur la volonté des électeurs de donner au seul parti socialiste une majorité absolue à l'Assemblée nationale ou de l'obliger à composer avec chaque formation de gauche ayant appelé à voter François Hollande le 6 mai. Il n'est pas exclu que les citoyens souhaitent aussi une opposition forte pour faire entendre la voix de ceux qui, en particulier, s'inquiètent des conséquences économiques des choix sociaux affichés par le nouveau pouvoir. Aucun sujet de fond n'a vraiment été abordé au cours de cette campagne. Le PS a tout misé sur l'effet Hollande appuyé par des décisions symboliques concernant les retraites, la prime de rentrée et la confirmation de réformes à venir plutôt à l'horizon 2013.
L'UMP secouée par l'échec de Nicolas Sarkozy a tout fait pour limiter les dégâts et éviter d'être laminée. Entre la conquête d'une majorité et la recherche d'une position de choix pour conduire une opposition dynamique, les sujets qui fâchent et les différends entre responsables ont été minorés. Dès le 18 juin, le scénario sera autre et des décisions sur le fond vont devoir être prises. Tenter de satisfaire tout le monde avec des mesurettes séduisantes à l'effet limité n'a qu'un temps. Aussi le rapport des forces à l'intérieur de la nouvelle majorité comptera beaucoup pour orienter et donner de la densité au changement. Le président de la République et le Premier ministre auront-ils les mains totalement libres pour agir ou devront-ils composer en permanence pour assurer le vote des lois ? Là est la clé, d'autant que l'utilisation limitée de l'article 49-3 ne permet plus de s'affranchir des humeurs parlementaires en cascades.
Le chef de l'État a peut-être déjà mangé son
pain blanc.
Eurozone crisis: United States of Europe may be the only way to save euro
With France and Germany at odds, and events moving quickly, a strategy for fiscal and political union is being drawn up
It is a measure of the speed at which the politics of the euro crisis is changing. Only a fortnight ago all the attention was being lavished on France's new president, François Hollande, being sworn in in Paris as Monsieur Growth and rushing off on his first assignment to challenge Europe's Frau Austerity, Chancellor Angela Merkel.
"We need new solutions. Everything's on the table," Hollande pledged, meaning he would force Merkel to remove the noseclip and consider things that give off a foul odour in Berlin, foremost among them eurobonds – Germany solving the crisis at a stroke by agreeing to underwrite the debt of Spain, Greece, Italy and all the rest. Fat chance.
By Saturday the growth versus austerity contest had receded as Merkel turned the tables on Hollande.
It was her turn to declare there should be no taboos in grappling with the hard options facing Europe's leaders as they wait to see what will happen in Greece and Spain, and plot their next moves at what is shaping up to be a momentous summit at the end of the month.
Merkel appeared to be calling not only Hollande's but France's bluff. By announcing there could be no censorship of the eurozone to-do list, she meant tabling radical, federalist steps involving gradual loss of national sovereignty over budgetary, fiscal, social, pensions, and labour market policies with the aim of forging a new European political union over five to 10 years.
The USE – United States of Europe – is back. For the eurozone, at least. Such "political union", surrendering fundamental powers to Brussels, Luxembourg and Strasbourg, has always been several steps too far for the French to consider.
But Berlin is signalling that if it is to carry the can for what it sees as the failures of others there will need to be incremental but major integrationist moves towards a banking, fiscal, and ultimately political union in the eurozone.
It is a divisive and contested notion which Merkel did not always favour. In the heat of the crisis, however, she now appears to see no alternative.
The next three weeks will bring frantic activity to this end as a quartet of senior EU fixers race from capital to capital sounding out the scope of the possible.
Herman Van Rompuy, president of the European council, Mario Draghi, head of the European Central Bank, Jean-Claude Juncker, Luxembourg leader and longstanding head of the eurogroup of single currency countries, and José Manuel Barroso, chief of the European commission, are to deliver a eurozone integration plan to an EU summit on 28-29 June.
All four are committed European federalists.
Before the summit there is a fateful Greek election and French parliamentary polls, while time appears to be running out for the Spanish banking sector. The finance minister in Madrid, Luis de Guindos, says that the fate of the euro will be decided over these weeks in Spain and Italy.
The quantum leap in integration being mulled will not save Greece, rescue Spain's banks, sort out Italy, or fix the euro crisis in the short term.
The leaders may even run out of time, exhausting the reserves of brinkmanship and last-minute calls that have characterised the "crisis management" of the past 30 months.
But they hope that by unveiling a medium-term strategy for a fiscal and political union in the eurozone they will convince the financial markets of their resolve to save the euro, that the currency is irreversible, and that the heat will be off.
The impact of "the project" will be immense, if it takes off.
Logically, you would need a new European treaty. That will be tortuous. You would probably need a new German constitution, which may prove a step too far.
The current perennially cited "democratic deficit" in how the EU is run would widen exponentially without a radical overhaul of the electoral underpinning of eurozone government. What would be the point in voting for a government in, say, Slovenia, when in a eurozone political union the tax, spending, pensions, or labour policies are decided in Brussels?
A much more entrenched two-speed Europe would emerge, with key decision-taking centred in the eurozone and not in an EU of 27 or 28.
The gap between Britain and core Europe might become unbridgeable, generating only mutual rancour and ultimately ending the UK's unhappy EU dalliance, although the "political union" is precisely what David Cameron and George Osborne are recommending as the "remorseless logic" of sharing a currency.
In the third year of muddling through, the choices facing Europe's leaders are getting starker – the death of the euro or the birth of a new European federation.
Si l’Allemagne doit payer pour la crise de la zone euro, ce
sera sans doute au prix de la création d’une union politique et
budgétaire. Les projets sont d’ores et déjà à l’étude à l’approche d'un
sommet européen qui s'annonce crucial, les 28 et 29 juin prochains.
"We need new solutions. Everything's on the table," Hollande pledged, meaning he would force Merkel to remove the noseclip and consider things that give off a foul odour in Berlin, foremost among them eurobonds – Germany solving the crisis at a stroke by agreeing to underwrite the debt of Spain, Greece, Italy and all the rest. Fat chance.
By Saturday the growth versus austerity contest had receded as Merkel turned the tables on Hollande.
It was her turn to declare there should be no taboos in grappling with the hard options facing Europe's leaders as they wait to see what will happen in Greece and Spain, and plot their next moves at what is shaping up to be a momentous summit at the end of the month.
Merkel appeared to be calling not only Hollande's but France's bluff. By announcing there could be no censorship of the eurozone to-do list, she meant tabling radical, federalist steps involving gradual loss of national sovereignty over budgetary, fiscal, social, pensions, and labour market policies with the aim of forging a new European political union over five to 10 years.
The USE – United States of Europe – is back. For the eurozone, at least. Such "political union", surrendering fundamental powers to Brussels, Luxembourg and Strasbourg, has always been several steps too far for the French to consider.
But Berlin is signalling that if it is to carry the can for what it sees as the failures of others there will need to be incremental but major integrationist moves towards a banking, fiscal, and ultimately political union in the eurozone.
It is a divisive and contested notion which Merkel did not always favour. In the heat of the crisis, however, she now appears to see no alternative.
The next three weeks will bring frantic activity to this end as a quartet of senior EU fixers race from capital to capital sounding out the scope of the possible.
Herman Van Rompuy, president of the European council, Mario Draghi, head of the European Central Bank, Jean-Claude Juncker, Luxembourg leader and longstanding head of the eurogroup of single currency countries, and José Manuel Barroso, chief of the European commission, are to deliver a eurozone integration plan to an EU summit on 28-29 June.
All four are committed European federalists.
Before the summit there is a fateful Greek election and French parliamentary polls, while time appears to be running out for the Spanish banking sector. The finance minister in Madrid, Luis de Guindos, says that the fate of the euro will be decided over these weeks in Spain and Italy.
The quantum leap in integration being mulled will not save Greece, rescue Spain's banks, sort out Italy, or fix the euro crisis in the short term.
The leaders may even run out of time, exhausting the reserves of brinkmanship and last-minute calls that have characterised the "crisis management" of the past 30 months.
But they hope that by unveiling a medium-term strategy for a fiscal and political union in the eurozone they will convince the financial markets of their resolve to save the euro, that the currency is irreversible, and that the heat will be off.
The impact of "the project" will be immense, if it takes off.
Logically, you would need a new European treaty. That will be tortuous. You would probably need a new German constitution, which may prove a step too far.
The current perennially cited "democratic deficit" in how the EU is run would widen exponentially without a radical overhaul of the electoral underpinning of eurozone government. What would be the point in voting for a government in, say, Slovenia, when in a eurozone political union the tax, spending, pensions, or labour policies are decided in Brussels?
A much more entrenched two-speed Europe would emerge, with key decision-taking centred in the eurozone and not in an EU of 27 or 28.
The gap between Britain and core Europe might become unbridgeable, generating only mutual rancour and ultimately ending the UK's unhappy EU dalliance, although the "political union" is precisely what David Cameron and George Osborne are recommending as the "remorseless logic" of sharing a currency.
In the third year of muddling through, the choices facing Europe's leaders are getting starker – the death of the euro or the birth of a new European federation.
Et voilà les Etats-Unis d’Europe !
Voilà de quoi se faire une idée de la vitesse à laquelle la
situation politique évolue dans la crise de l’euro : il y a seulement
quinze jours, tous les regards étaient tournés vers le nouveau président
français, François Hollande, investi à Paris sous l’étiquette de
Monsieur Croissance. Lequel s’est empressé de partir pour sa première
mission : défier la Mère Fouettarde de l’Europe, la chancelière Angela
Merkel.
"Il faut trouver de nouvelles solutions. Tout est sur la table", a promis François Hollande, signifiant ainsi qu’il obligerait Angela Merkel à retirer la pince à linge qu’elle a sur le nez pour examiner des projets qui dégagent pour Berlin une odeur nauséabonde, au premier rang desquels la création d’euro-obligations – l’Allemagne résoudrait ainsi la crise en deux coups de cuillère à pot en acceptant de garantir les dettes de l’Espagne, de la Grèce, de l’Italie et de tous les autres. L’espoir fait vivre.
Angela Merkel a donné l’impression de mettre au pied du mur non seulement François Hollande, mais la France entière. En annonçant qu’il n’y aurait aucune censure au sujet de la liste des changements qui attendent la zone euro, elle faisait allusion à des mesures fédéralistes draconiennes prévoyant des pertes progressives de souveraineté nationale sur les politiques budgétaires, fiscales, sociales, les retraites et le marché du travail, dans le but de donner naissance à une nouvelle union politique européenne d'ici cinq à dix ans.
Les EUE – Etats-Unis d’Europe – sont de retour. Pour la zone euro, tout au moins. Ce type d’"union politique", qui implique de céder des pouvoirs essentiels de l’Etat à Bruxelles, au Luxembourg et à Strasbourg, est toujours apparu aux yeux des Français comme un objectif trop éloigné pour qu’ils l’envisagent.
Mais Berlin laisse entendre que, s’il doit payer les pots cassés pour ce qu’il considère comme les défaillances des autres, il va falloir se rapprocher de manière progressive mais néanmoins franche d’une union bancaire, budgétaire et au bout du compte politique au sein de la zone euro. C’est là un projet clivant et controversé qui n’a pas toujours eu les faveurs d’Angela Merkel. Mais au plus fort de la crise, elle semble désormais n’avoir pas d’autre option.
Les trois semaines à venir verront une grande effervescence autour du projet, puisqu’un quatuor de mécanos de l’Europe se rendra de capitale en capitale afin de sonder le champ des possibles. Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg et chef de longue date de l’Eurogroupe (composé des membres de la zone euro), et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, doivent présenter un projet d’intégration de la zone euro lors du sommet des 28 et 29 juin. Tous les quatre sont des fédéralistes convaincus.
Le bond de géant vers l’intégration, à l’étude aujourd’hui, ne suffira ni à sauver la Grèce, ni à renflouer les banques espagnoles. Il ne remettra pas non plus d’ordre en Italie, ni ne réglera la crise de l’euro à court terme. Le temps pourrait même venir à manquer pour des dirigeants européens qui arrivent au bout de leur politique de la corde raide et lancent des appels de dernière minute, caractéristiques de la "gestion" de la crise ces trente derniers mois.
En dévoilant cette stratégie de mise en place d'une union budgétaire et politique dans la zone euro, ils espèrent convaincre les marchés financiers de leur détermination à sauver la monnaie unique. Mais aussi que ce "coup de chaud" ne durera pas éternellement et que l'adoption de l'euro est irréversible.
Les répercussions du projet, s'il voit le jour, seront immenses. Logiquement, un nouveau traité européen devra être rédigé. Ce qui ne serait pas une mince affaire. Il faudrait alors une nouvelle constitution allemande – ce serait sans doute aller un peu loin.
Le "déficit de démocratie" dont souffre la gouvernance de l’Union européenne se creuserait de manière exponentielle sans un remaniement draconien du mode de désignation des élus dans la zone euro. A quoi bon élire un gouvernement, par exemple en Slovénie, si, au sein d’une "union politique de la zone euro", les décisions politiques concernant la fiscalité, le budget, les retraites et le marché du travail sont prises à Bruxelles ? Une Europe à deux vitesses émergerait et les décisions clés seraient tranchées dans la zone euro et non dans une Europe à 27 ou 28.
Le fossé qui sépare la Grande-Bretagne du cœur de l’Europe deviendrait alors impossible à combler, ce qui aurait engendrerait des rancœurs mutuelles et mettrait fin à la relation sans enthousiasme du Royaume-Uni avec l'UE, même si l’"union politique" qualifiée de "suite logique" du partage d’une même monnaie, est précisément ce que recommandent David Cameron et George Osborne.
Après trois années de gestion laborieuse de la crise, les choix auxquels sont confrontés les dirigeants européens se radicalisent : c’est soit la mort de l’euro, soit la naissance d’une nouvelle fédération européenne.
"Il faut trouver de nouvelles solutions. Tout est sur la table", a promis François Hollande, signifiant ainsi qu’il obligerait Angela Merkel à retirer la pince à linge qu’elle a sur le nez pour examiner des projets qui dégagent pour Berlin une odeur nauséabonde, au premier rang desquels la création d’euro-obligations – l’Allemagne résoudrait ainsi la crise en deux coups de cuillère à pot en acceptant de garantir les dettes de l’Espagne, de la Grèce, de l’Italie et de tous les autres. L’espoir fait vivre.
Mesures fédéralistes draconiennes
Samedi dernier, le duel croissance contre austérité avait déjà perdu de sa virulence, Angela Merkel ayant choisi d’inverser les rôles avec François Hollande. C’était à son tour de déclarer qu’il n’y aurait pas de tabous dans l’examen des choix épineux auxquels sont confrontés les dirigeants européens tandis qu’ils attendent de connaître le sort de la Grèce et de l’Espagne, et qu'ils préparent ce qui s’annonce comme un sommet capital à la fin du mois.Angela Merkel a donné l’impression de mettre au pied du mur non seulement François Hollande, mais la France entière. En annonçant qu’il n’y aurait aucune censure au sujet de la liste des changements qui attendent la zone euro, elle faisait allusion à des mesures fédéralistes draconiennes prévoyant des pertes progressives de souveraineté nationale sur les politiques budgétaires, fiscales, sociales, les retraites et le marché du travail, dans le but de donner naissance à une nouvelle union politique européenne d'ici cinq à dix ans.
Les EUE – Etats-Unis d’Europe – sont de retour. Pour la zone euro, tout au moins. Ce type d’"union politique", qui implique de céder des pouvoirs essentiels de l’Etat à Bruxelles, au Luxembourg et à Strasbourg, est toujours apparu aux yeux des Français comme un objectif trop éloigné pour qu’ils l’envisagent.
Mais Berlin laisse entendre que, s’il doit payer les pots cassés pour ce qu’il considère comme les défaillances des autres, il va falloir se rapprocher de manière progressive mais néanmoins franche d’une union bancaire, budgétaire et au bout du compte politique au sein de la zone euro. C’est là un projet clivant et controversé qui n’a pas toujours eu les faveurs d’Angela Merkel. Mais au plus fort de la crise, elle semble désormais n’avoir pas d’autre option.
Les trois semaines à venir verront une grande effervescence autour du projet, puisqu’un quatuor de mécanos de l’Europe se rendra de capitale en capitale afin de sonder le champ des possibles. Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg et chef de longue date de l’Eurogroupe (composé des membres de la zone euro), et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, doivent présenter un projet d’intégration de la zone euro lors du sommet des 28 et 29 juin. Tous les quatre sont des fédéralistes convaincus.
Politique de la corde raide
Le sommet sera précédé d’élections fatidiques en Grèce [17 juin] et d’un scrutin législatif en France [10 et 17 juin], alors que le secteur bancaire espagnol semble manquer de temps. Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, déclare que le sort de l’euro se jouera dans les semaines à venir en Espagne et en Italie.Le bond de géant vers l’intégration, à l’étude aujourd’hui, ne suffira ni à sauver la Grèce, ni à renflouer les banques espagnoles. Il ne remettra pas non plus d’ordre en Italie, ni ne réglera la crise de l’euro à court terme. Le temps pourrait même venir à manquer pour des dirigeants européens qui arrivent au bout de leur politique de la corde raide et lancent des appels de dernière minute, caractéristiques de la "gestion" de la crise ces trente derniers mois.
En dévoilant cette stratégie de mise en place d'une union budgétaire et politique dans la zone euro, ils espèrent convaincre les marchés financiers de leur détermination à sauver la monnaie unique. Mais aussi que ce "coup de chaud" ne durera pas éternellement et que l'adoption de l'euro est irréversible.
Les répercussions du projet, s'il voit le jour, seront immenses. Logiquement, un nouveau traité européen devra être rédigé. Ce qui ne serait pas une mince affaire. Il faudrait alors une nouvelle constitution allemande – ce serait sans doute aller un peu loin.
Le "déficit de démocratie" dont souffre la gouvernance de l’Union européenne se creuserait de manière exponentielle sans un remaniement draconien du mode de désignation des élus dans la zone euro. A quoi bon élire un gouvernement, par exemple en Slovénie, si, au sein d’une "union politique de la zone euro", les décisions politiques concernant la fiscalité, le budget, les retraites et le marché du travail sont prises à Bruxelles ? Une Europe à deux vitesses émergerait et les décisions clés seraient tranchées dans la zone euro et non dans une Europe à 27 ou 28.
Le fossé qui sépare la Grande-Bretagne du cœur de l’Europe deviendrait alors impossible à combler, ce qui aurait engendrerait des rancœurs mutuelles et mettrait fin à la relation sans enthousiasme du Royaume-Uni avec l'UE, même si l’"union politique" qualifiée de "suite logique" du partage d’une même monnaie, est précisément ce que recommandent David Cameron et George Osborne.
Après trois années de gestion laborieuse de la crise, les choix auxquels sont confrontés les dirigeants européens se radicalisent : c’est soit la mort de l’euro, soit la naissance d’une nouvelle fédération européenne.
L’union politique, plus facile à dire qu’à faire
Angela Merkel voudrait aller vers plus de fédéralisme et
évoque une Europe à deux vitesses. Mais cela pose des difficultés
juridiques jusqu’en Allemagne et creuse le fossé avec François Hollande.
La chancelière allemande veut donner plus de pouvoir à Bruxelles. Le 7 juin, à la télévision allemande, Angela Merkel a affirmé qu’une union monétaire devrait s’accompagner d’une union politique “donnant plus de possibilités de contrôle à l’Europe”.
La chancelière allemande veut donner plus de pouvoir à Bruxelles. Le 7 juin, à la télévision allemande, Angela Merkel a affirmé qu’une union monétaire devrait s’accompagner d’une union politique “donnant plus de possibilités de contrôle à l’Europe”.
Dans ce cas, titre le Financial Times Deutschland, “l’aigle fédéral perdra des plumes”. Le quotidien économique prévient en effet que
Le transfert de compétences est une opération extrêmement difficile. Du point de vue de la politique étrangère, son prix est la division de l’UE dans une Europe à deux vitesses. Merkel en est consciente, mais cela ne la dérange plus.
Sur le plan juridique, la seule solution est un traité interétatique à l’image du pacte budgétaire, affirme le Financial Times Deutschland.
Plus précisément, c’est du pacte budgétaire que part l’Europe à deux
vitesses et qu’on pourrait élargir à une union fiscale voire politique.
Seul hic : si un tel accord est simple à conclure, les Etats auront
besoin des voix de pays réticents comme le Royaume-Uni ou la Slovaquie
pour utiliser les institutions européennes – Commission, Parlement et
Cour de justice. Autre obstacle de taille, la Cour constitutionnelle
allemande :
C’est au seul juge de décider de la limite [dans laquelle un transfert de compétences est possible]. Pour une véritable union politique, il faudra passer par un référendum sur une nouvelle Loi fondamentale [la Constitution allemande]. L’évolution vers l’union politique se fera probablement de manière insidieuse par une coopération entre tous les partis politiques.
A Paris, Le Figaro constate que la défiance s’installe entre François Hollande et Angela Merkel. Dans son éditorial, le quotidien conservateur ne manque pas de souligner que
la chancelière allemande, que l’on disait à l’Elysée “isolée”, n’a pas attendu les législatives [françaises, les 10 et 17 juin] pour remettre à sa place son nouvel interlocuteur. L’appel insistant du président français en faveur d’une mutualisation des dettes européennes vient de s’attirer une réplique attendue : le fédéralisme budgétaire qu’il appelle de ses voeux n’ira pas sans fédéralisme politique. [...] Il va devoir expliquer aux Français que la crise de la zone euro oblige à d’importants transferts de souveraineté.
Mais, regrette le quotidien dans un autre commentaire, le président français se retranche dans un “assourdissant
silence. Privilégiant les solutions de court terme, il ne pouvait
qu’être embarrassé par un débat sur l’union politique”.
Pour François Hollande, la situation est particulièrement inconfortable. [...] L’éventualité d’une nouvelle réforme du pacte budgétaire, et de sa ratification, présente à ses yeux une réelle difficulté. [Il] doit tenir compte du club des “nonistes”, dont deux représentants ont été nommés au Quai d’Orsay. [...] La balle a été lancée par la chancelière dans le camp français, François Hollande devra, tôt ou tard, la saisir.
Le grand “complot fédéraliste”
Ces dernières semaines, le fiasco de la formule “renflouements +
austérité” adoptée jusqu’ici pour traiter la crise de l’euro a fait
émerger une certitude de plus en plus souvent partagée : le seul moyen
de maintenir sur pied une union monétaire boiteuse est de la doter des
jambes qu'elle n’a pas – à cause, entre autres, des refus des
électeurs, comme lors du rejet du projet initial de Constitution
européenne lors du référendum de 2005 en France et aux Pays-Bas –
c’est-à-dire d’une union budgétaire et bancaire. Pour la gouverner, on
ne pourrait pas faire l’économie d’une forme plus ou moins aboutie
d’union politique. Les Etats-Unis d’Europe, qui, jusque-là,
appartenaient à la légende, deviendraient alors réalité.
Parallèlement, aussi bien sur les blogs que sur des sources plus autorisées, ont commencé à circuler des théories du complot
qui disent en substance ceci : si l’austérité et la crainte d’un
effondrement d’un pan majeur de l’économie du continent sont nécessaires
pour venir à bout de la résistance des électorats nationaux et sauter
ainsi le pas décisif dans un processus qui traîne depuis près de 60
ans, est-il possible que les élites européennes aient consciemment “géré la crise” de
la zone euro en la laissant s’aggraver pendant près de 4 ans avant de
commencer à récolter les fruits de la panique, au son d’une formule
tristement célèbre, TINA – “There is no alternative”, il n’y a pas d’alternative ?
L’historien britannique Niall Ferguson en est convaincu : “Je crois que les artisans de l’union monétaire savaient déjà que leur modèle [qui était imparfait et ne prévoyait pas de clause de retrait] déboucherait sur une crise et que la crise déboucherait sur une solution fédéraliste”, déclarait-il récemment dans une interview au Sunday Times citée par Il Foglio. “C’était le seul moyen d’arriver au fédéralisme”.
La théorie du “choc nécessaire” est un grand classique de
la contre-culture, depuis les soupçons entourant l’attaque de Pearl
Harbor jusqu'à ceux concernant les attentats du 11 Septembre, et elle a
fait l’objet de plusieurs best-sellers, dont récemment La stratégie du choc
de Naomi Klein, tout en bénéficiant aussi de soutiens autorisés et
au-dessus de tous soupçons, comme Jean Monnet. Dans les années 1950,
devant les turbulences engendrées par le processus de la construction
européenne, son père le plus vénéré avait prononcé un aphorisme resté
célèbre : “Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise” (Jean Monnet, Mémoires,
Fayard). Des paroles qui, à la lumière des événements en cours, se
teintent d’une funèbre clairvoyance. Monnet était le chef de file des
technocrates européens, et son utopie administrative allait vite devoir
se confronter aux limites imposées par la politique. Aujourd’hui,
l’heure des technocrates semble avoir sonné à nouveau et Monnet pourrait
bien avoir sa revanche.
Seules les générations d’historiens à venir seront en mesure
d’établir la part de vérité dans ces théories. Toutefois, même en
admettant l’existence d’un tel dessein, ses instigateurs devraient
encore surmonter un écueil de taille : la résistance des Allemands, à
ce jour relativement épargnée par les souffrances du reste de la zone
euro. Il est possible que, si la crise venait à s’aggraver au point
même de menacer l’économie la plus robuste du continent, les remparts
qu’ils ont érigés autour de leurs chères économies s’effriteraient
suffisamment pour les convaincre d’avaler la pilule d’une “union de transfert”. Auquel cas il n’y aurait vraiment pas de quoi sabler le champagne, dans les nouveaux Etats-Unis d’Europe.
Faire vivre la démocratie
Deux anniversaires ont été célébrés cette semaine. L'un et l'autre
avaient un point commun, ce que l'on appelle le courage et
l'indépendance.
C'était d'abord le soixantième anniversaire du couronnement de la reine Elizabeth d'Angleterre. Femme forte, s'il en est, qui a su résister à bien des épreuves, d'abord celle de la guerre qu'elle traversa courageusement en prenant part aux opérations de secours lors des bombardements aériens, mais aussi en supportant les autres difficultés qui surgirent dans l'après-guerre : celles du ravitaillement d'un pays exsangue, celles de la reconstruction puis, plus grave encore, celles issues de la coupure de l'Europe, de la menace à l'Est.
Certes, en tant que souveraine, elle n'était pas directement impliquée dans les décisions de ses gouvernements successifs, mais elle les assumait en s'efforçant de sauvegarder la cohésion et l'unité de son peuple. Ce long règne aura vu des bouleversements considérables dans tous les domaines, mais la Reine est toujours là, admirable dans sa sérénité, au-dessus de la mêlée, assurant la pérennité de la démocratie.
Le deuxième anniversaire était celui du Débarquement du 6 juin 1944, une épopée invraisemblable qui aurait pu se terminer en fiasco terrible, une entreprise considérable dont le président de la République a rappelé les tenants et aboutissants. C'était au Mémorial de Caen, haut lieu où l'on peut méditer sur les raisons et les buts du conflit des années 1940. Il s'agissait alors d'un combat qui dépassait de loin les oppositions traditionnelles entre nations européennes. L'enjeu était ni plus ni moins que la disparition ou la survie de la démocratie dans nos pays. Tel est le message du Mémorial.
L'émergence d'une conscience européenne
Or, le président de la République l'a rappelé : « La barbarie a été possible au XXe siècle. Elle peut revenir au XXIe... Seule l'émergence d'une conscience européenne commune nous prémunira contre le retour de la haine, du nationalisme, de l'extrémisme, du populisme... Il s'agit de savoir d'où l'Europe vient et où elle doit aller. »
C'est bien de cela que dépend l'avenir de la démocratie et de la paix. C'est cela que nous devons avoir à l'esprit au moment de décider de voter ou de s'abstenir demain. On voit où est notre devoir qui est aussi une forme d'engagement plus simple, moins radical que celui des combattants d'autrefois. Mais au regard de leur sacrifice, nous ne pouvons nous mettre hors-jeu comme si nous étions devenus indifférents à cette démocratie pour laquelle ils ont souffert, pour laquelle beaucoup d'entre eux sont morts.
Cela nous impose de ne pas laisser décliner cette manière si précieuse de vivre ensemble. L'histoire nous a montré combien l'absence de cette forme de société est douloureuse et combien il est difficile ensuite de la restaurer. Voter, c'est construire la démocratie.
C'était d'abord le soixantième anniversaire du couronnement de la reine Elizabeth d'Angleterre. Femme forte, s'il en est, qui a su résister à bien des épreuves, d'abord celle de la guerre qu'elle traversa courageusement en prenant part aux opérations de secours lors des bombardements aériens, mais aussi en supportant les autres difficultés qui surgirent dans l'après-guerre : celles du ravitaillement d'un pays exsangue, celles de la reconstruction puis, plus grave encore, celles issues de la coupure de l'Europe, de la menace à l'Est.
Certes, en tant que souveraine, elle n'était pas directement impliquée dans les décisions de ses gouvernements successifs, mais elle les assumait en s'efforçant de sauvegarder la cohésion et l'unité de son peuple. Ce long règne aura vu des bouleversements considérables dans tous les domaines, mais la Reine est toujours là, admirable dans sa sérénité, au-dessus de la mêlée, assurant la pérennité de la démocratie.
Le deuxième anniversaire était celui du Débarquement du 6 juin 1944, une épopée invraisemblable qui aurait pu se terminer en fiasco terrible, une entreprise considérable dont le président de la République a rappelé les tenants et aboutissants. C'était au Mémorial de Caen, haut lieu où l'on peut méditer sur les raisons et les buts du conflit des années 1940. Il s'agissait alors d'un combat qui dépassait de loin les oppositions traditionnelles entre nations européennes. L'enjeu était ni plus ni moins que la disparition ou la survie de la démocratie dans nos pays. Tel est le message du Mémorial.
L'émergence d'une conscience européenne
Or, le président de la République l'a rappelé : « La barbarie a été possible au XXe siècle. Elle peut revenir au XXIe... Seule l'émergence d'une conscience européenne commune nous prémunira contre le retour de la haine, du nationalisme, de l'extrémisme, du populisme... Il s'agit de savoir d'où l'Europe vient et où elle doit aller. »
C'est bien de cela que dépend l'avenir de la démocratie et de la paix. C'est cela que nous devons avoir à l'esprit au moment de décider de voter ou de s'abstenir demain. On voit où est notre devoir qui est aussi une forme d'engagement plus simple, moins radical que celui des combattants d'autrefois. Mais au regard de leur sacrifice, nous ne pouvons nous mettre hors-jeu comme si nous étions devenus indifférents à cette démocratie pour laquelle ils ont souffert, pour laquelle beaucoup d'entre eux sont morts.
Cela nous impose de ne pas laisser décliner cette manière si précieuse de vivre ensemble. L'histoire nous a montré combien l'absence de cette forme de société est douloureuse et combien il est difficile ensuite de la restaurer. Voter, c'est construire la démocratie.
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