TOUT EST DIT

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vendredi 15 mars 2013

Carla Bruni prend-elle Hollande pour un «pingouin» ?

Dans son prochain album, l'ex-première dame de France consacre une chanson à un «pingouin». Certains y voient une attaque plus ou moins dissimulée envers le président de la République.

François Hollande, un «pingouin»? RTL pose la question vendredi matin en citant des passages précis de l'une des chansons tirées du nouvel album de Carla Bruni-SarkozyLittle French Songs, dont la sortie est prévue le 1er avril. Il faut reconnaître que certains extraits laissent perplexe.
«Il prend son petit air souverain, mais j'le connais moi, l'pingouin, n'a pas de manière de châtelain... Hé le pingouin! Si un jour tu recroises mon chemin, je t'apprendrai, le pingouin, je t'apprendrai à me faire le baise-main», claironne l'épouse de Nicolas Sarkozy sur ce titre. Ces paroles résonnent comme une «certaine passation de pouvoir mal digérée», rappelle la radio, en référence au fait que François Hollande n'a pas raccompagné le président sortant jusqu'à sa voiture, le 15 mai 2012.

«T'as l'air tout seul dans ton jardin»

«Ni laid ni beau, l'pingouin, ni haut ni bas, ni froid ni chaud, l'pingouin, ni oui ni non...» Quelques vers seulement, qui pourraient en révéler davantage sur l'identité de ce «pingouin». Car, «Monsieur ni oui, ni non», est l'un des surnoms octroyés au chef de l'État. RTL pousse même l'analyse encore plus loin: la phrase «Tiens l'pingouin, t'as l'air tout seul dans ton jardin», ne ferait-elle pas référence à la photo officielle?
Interviewée sur ladite-chanson dans Le Nouvel Observateur de cette semaine, Carla Bruni dit s'adresser aux «malappris, ces gens désagréables, qui restent mystérieux pour moi. Quand on me parle mal, comme je suis à la fois courtoise et timide, je reste interdite. La courtoisie est une grâce, je ne trouve pas d'excuse à ceux qui n'en ont pas. Certains pensent que je parle des journalistes: c'est faux...»
Alors, François Hollande, un «pingouin», ou pas? La chanteuse «aurait fait des confidences plus précises à des amis», avance la journaliste de RTL.

Les syndicats voyous


Violences sociales. Ils ruinent l’économie, cassent l’outil de travail, minent le dialogue social… et le gouvernement les amnistie. Enquête sur ces nouveaux intouchables.
Les pneus s’embrasent. Une asphyxiante colonne de fumée noire s’élève jusqu’aux visages casqués de policiers impuissants. Leurs boucliers ne les protègent plus. Ils encaissent les coups, scrutés par des caméras de télévision. Face à des émeutiers vêtus de tee-shirts rouges barrés par l’inscription “Goodyear patrons voyous !”, les policiers subissent une violence déchaînée. Nous sommes le 7 mars, à Rueil-Malmaison. Dix-neuf policiers seront blessés. Comme le 29 janvier, à Namur (Belgique), où les salariés de l’usine ArcelorMittal avaient blessé cinq policiers. Comme le 6 février, quand des salariés des sites européens d’ArcelorMittal avaient convergé vers le Parlement européen. Dans le cortège, la préfecture du Bas-Rhin dénombrait « quelques éléments particulièrement violents et déterminés à blesser et à casser ». Bilan : douze gendarmes et policiers blessés. Illustration de la violence que font régner certains syndicalistes.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a beau évoquer les risques« d’implosion ou d’explosion sociale » que font courir les syndicats, quel pire signal pouvait adresser le gouvernement aux professionnels de la casse que d’adopter une proposition de loi d’amnistie des faits commis à l’occasion des mouvements sociaux ? « C’est une catastropheun non-sens », déplore Jean- Luc Chauvin, président de l’UPE 13 (Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône). Une “prime à la casse” que cette proposition de loi “pousse-au-crime”, dont la principale conséquence est de renverser le monopole de la violence légitime théorisé par Max Weber… Les effets n’ont pas tardé :« Ce n’est pas un hasard, poursuit Jean-Luc Chauvin. Un policier blessé, ça peut être un accident. Dix-neuf, c’est d’un autre ressort. »
Un tel déferlement de violence ne saurait avoir lieu sans la complaisance de certains “appuis”. À commencer par celui des politiques, par lâcheté ou par calcul, évoquant des “échauffourées” au lieu de combats urbains, insistant sur la “colère”, la “détresse”, le “désarroi” ou le “désespoir” des casseurs, appelant au “dialogue” pour éviter l’“affrontement”… Les médias aussi ont leur part de responsabilité. En avril 2009, les salariés de Continental saccagent la sous-préfecture de Compiègne. Mais les caméras d’une grande chaîne de télévision arrivent trop tard pour saisir l’événement. La scène sera… “rejouée” par les “Conti” pour passer au 20 heures !
« On ne peut pas casser l’outil de travail », prévient pourtant Manuel Valls, rebaptisé « bon petit soldat du capital » par le NPA de Besancenot et Poutou, qui ont appelé à voter… Hollande au second tour de la présidentielle en 2012. Autre cri d’alarme, au vitriol cette fois, venu d’outre-Atlantique : Maurice Taylor, président-directeur général de Titan International, invite les salariés de Goodyear Amiens à « traîner la CGT en justice » (lire page 18).
Car c’est au moins autant leur violence que les conséquences de leur action sur notre économie qui discréditent aujourd’hui les syndicats. Des sites entiers sont paralysés par la surenchère que se livreraient les centrales syndicales, sur fond de concurrence entre la CGT, qui craint d’être débordée sur le terrain des actions, et les autres formations (Sud, FO…). En novembre 2012, une poignée de salariés guidés par des syndicalistes CGT s’opposent au projet d’investissement de 70 millions du chimiste Arkema dans son usine de Pierre-Bénite (Rhône). La somme sera investie dans d’autres sites, en Chine et aux États- Unis. L’usine est pourtant menacée de fermeture. Les exemples de Sea- France, du port de Marseille, dont la compétitivité est assassinée par la CGT (lire page 17), sont à cet égard révélateurs, comme celui de la Société nationale maritime Corse-Méditerranée. En 2009, les marins CGT mènent un conflit de 47 jours qui coûtera 8 millions d’euros à la société, qui enregistrait déjà 15 millions d’euros de perte d’exploitation…
Comme l’a relevé Valeurs ac tuelles la semaine dernière (lire notre encadré ci-dessous), la proposition de loi d’amnistie sociale concerne aussi les débordements financiers des syndicats. Encouragés par l’absence de contrôle — les comités d’entreprise sont, en France, les seules entités à n’avoir pas d’obligation de publication et de certification de leurs comptes, mais doivent simplement établir un “compte-rendu” —, ceux-ci seraient légion, réprimandés par la Cour des comptes (lire aussi page 16)« En France, l’argent est un sujet tabou, relève Nicolas Perruchot, ancien dé puté centriste, auteur d’un rapport sur le financement des organisations syndicales. Mais c’est pire lorsque cela concerne les syndicats… » C’est, ainsi, le comité d’entreprise des cheminots de la Région Paca qui finance l’opération “Un bateau pour Gaza” visant, selon, la CGT, à « dénoncer et briser le siège israélien contre Gaza »
Jamais le politique n’a osé remettre en cause la représentativité des organisations syndicales. L’opinion y est pourtant prête : selon un sondage Ifop-Observatoire de la fiscalité-le Cri du contribuable réalisé en 2011, 76 % des Français jugent que les syndicats français ne représentent pas correctement l’ensemble des salariés. Et 49 % pensent qu’ils doivent être financés uniquement par les cotisations de leurs adhérents. Revendiquant 5,5 millions d’adhérents au sortir de la Seconde Guerre mondiale ( lire page 54, l’article de François d’Orcival sur l’histoire de la CGT), la principale centrale syndicale en comptait moins de 700 000 en 2010. Le nombre de cotisations réelles est en baisse et les syndicats vivent sous perfusion des aides publiques (lire ci-contre notre article sur le rapport Perruchot). Les élus syndicaux sont, en France, au nombre de 650 000, à comparer aux 36 000 maires de commune…
En défilant le 5 mars avec Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche à Paris contre le projet de loi sur l’emploi, qui traduit l’accord passé entre syndicats et patronat, la CGT, FO et FSU ont prouvé qu’ils n’étaient que des opposants stériles. Mais les concessions accordées par l’exécutif, de l’amnistie sociale au projet de constitutionnaliser le dialogue social, promesse de campagne de Hollande, ne font que renforcer l’impression que le calcul politique guide l’action du gouvernement. En souhaitant donner un « signe d’apaisement » avec l’amnistie, ce dernier a choisi de flatter les électeurs mélenchonistes. Mais il encourage les syndicats les plus violents, discréditant ainsi la voie empruntée jadis par FO, au jourd’hui par la CFDT, du syndicalisme réformiste. Un message clair. Qui encourage les casseurs.

Les pays européens en récession… et ceux qui risquent d'y plonger

Sur les 27 membres de l'Union européenne, 9 ont déjà sombré dans la récession. Et bien d'autres pourraient suivre. Découvrez, pays par pays, la situation économique du vieux continent grâce notre carte interactive.

L'économie de l'Union européenne vire au rouge. En 2012, son Produit intérieur brut s'est replié de 0,3%. Soit une deuxième contraction en seulement quatre ans, après la chute de 4,2% de l'activité accusée en 2009. 

Les pays d'Europe du Sud, particulièrement affectés par la crise de la dette, sont logiquement les plus en difficulté. La Grèce, l'Italie, l'Espagne ou encore le Portugal ont tous vu leur PIB reculer au cours des deux derniers trimestres, et sont donc en récession. Certains Etats réputés pour être mieux protégés, comme les Pays-Bas, ont aussi rejoint le club. 

D'autres poids lourds européens pourraient leur emboiter le pas. Avec une contraction du PIB de 0,3% au quatrième trimestre, et des indicateurs économiques déprimés depuis le début de l'année, la France est toute particulièrement menacée. L'Allemagne, où l'activité a glissé de 0,6% entre octobre et décembre, ou encore le Royaume-Uni (-0,3% au quatrième trimestre) pourraient aussi basculer. 

Evidemment, cette situation a des conséquences dramatiques sur l'emploi. Le taux de chômage au sein des 27 a atteint un nouveau record en février, à 10,8%, et même 23,6% pour les jeunes. Cela complique aussi l'objectif d'assainissement des finances publiques, comme on peut le voir en France, où le gouvernement table désormais sur un déficit égal à 3,7% du PIB d'ici la fin de cette année, contre 3% visé initialement. 
Et le marasme risque de perdurer. Les économistes s'attendent, certes, à une légère reprise de l'activité au second semestre. Mais l'Union européenne ne devrait afficher qu'une très légère croissance sur l'ensemble de l'année (+0,1% selon la Commission). Surtout, 8 pays resteront probablement en récession. Le plongeon du PIB devrait même atteindre 4,4% en Grèce, 3,5% à Chypre et 2% en Slovénie… 

 

Passez la souris sur le nom d'un pays pour faire apparaître la variation du PIB au cours des deux derniers trimestres et la prévision pour 2013. Ceux qui sont déjà en récession s'affichent en rouge, ceux qui risquent d'y plonger, en orange, et ceux toujours en croissance, en vert. 

La France peut-elle être entraînée dans la spirale d'un déclin économique européen ?


Selon un article du Guardian, le Royaume-Uni serait actuellement en plein déclin économique. Ceci serait dû à une production insuffisante pour relancer l'économie et à un défaut d'innovation. Qu'en est-il de la France ?

 Absence de stratégie productive et d'infrastructures, déficit d'innovation : une tribune publiée le 8 mars dans le Guardian accrédite l'idée d'un réel déclin économique britannique. Une idée qui n'est pas nouvelle mais la situation britannique est-elle aujourd'hui particulièrement préoccupante ? Quels indicateurs en attestent concrètement ?

Philippe Moreau Desfarges : Il est vrai que l'on remarque plusieurs signes préoccupants dans l'économie britannique. A long-terme, le handicap le plus grave est clairement, comme vous l'avez mentionné, son déficit d'infrastructures. L'autre problème de taille est évidemment la concentration des richesses et des activités sur la CIty, choix qui n'est pas aussi absurde que l'on peut souvent le décrire mais qui s'avére coûteux dans un contexte de crise économique. Le Royaume-Uni, quel qu'en soit son opinion, appartient à l'Europe de fait et son déclin vient s'inscrire dans le déclin général du Vieux Continent. 
Pierre-François Gouiffès : Il me semble important de regarder ce processus sur longue période. Après un XIXème siècle exceptionnel dans tous les domaines (économique, militaire et diplomatique), le Royaume-Uni connaît tout au long du XXème siècle un déclin relatif quasi continu - notamment par rapport aux Etats-Unis, au Japon, à l’Allemagne et à la France - s’éloignant chaque jour un peu plus de son statut initial de « top dog ».
La situation change après les années Thatcher et jusqu’à la crise de 2008 : 3,2% de croissance annuelle de 1997 à 2007, grâce notamment à l’industrie financière (5% de la valeur ajoutée, 1 millions d’emplois, excédent extérieur supérieur à 1,6% du PIB en 2005).Il apparaît toutefois après coup que ce taux de croissance a été dopé par le déficit public, la hausse de l’immobilier et de la consommation alimentés par le crédit.
2009 est donc une année de choc brutal avec une baisse de PIB de 4% jamais compensée depuis. Les recettes des années 1990 sont mortes, et l’économie se trouvent dans une très grande difficulté marquée par deux tendances angoissantes citées par leGuardian : une « régression » économique liée à la baisse de la productivité, une incapacité à générer des excédents commerciaux quelle que soit la valeur de la monnaie.

Y'a t-il des points communs aux faiblesses britanniques françaises  ? L'Hexagone est-il aussi menacée de déclin ? 

Philippe Moreau Desfarges : Bien qu'ils aient optés pour des stratégies très différentes, la situation des deux pays est comparable, et ce de manière très nette sur au moins deux points :
Tout d'abord le déclin industriel, qui s'est opérée dès le début des années 60 en Grande-Bretagne (environ vingt ans avant la France, NDLR). Si vous analysez l'évolution de secteurs-témoins comme l'industrie anglaise et son équivalente française, on remarque que malgré des choix différents, la situation à l'arrivée est plus ou moins la même. Idem pour les défis à relever.
 Enfin le fait que le poids de l'Etat-providence pèse sur le potentiel économique. Contrairement aux idées reçues sur le libéralisme britannique, le pays a construit au fil du temps un welfare state substantiel qu'il a conservé aujourd'hui. Même Madame Thatcher,connue pour être prête à tout bouleverser, aura quitté le pouvoir sans avoir touché au fameux National Health Service. Comme en France, il s'agit d'un système de santé qui est un lourd facteur de charges économiques, donc de handicap relatif dans la compétition mondiale, la question des déficits publics devenant peu à peu un problème structurel. 
Il y a donc effectivement deux situations de déclin, mais la Grande-Bretagne a aussi fait des choix spécifiques. En optant pour une stratégie d'internationalisation des entreprises, le pays à certes perdu les champions nationaux qui nous sont si chers de ce côté de La Manche, mais a réussi a sauver des niches de l'économie. Aujourd'hui en 2013, il se trouve que le Royaume-Uni ne s'en sort pas merveilleusement, mais que sa situation est dans les faits meilleure que celle de la France.
Pierre-François Gouiffès : De 1890 à 1990 le taux de croissance français a été systématiquement supérieur à celui du Royaume-Uni, jusqu’à deux points de plus pendant les Trente glorieuses. La situation s’est inversée dans les années 1990 en faveur du Royaume-Uni mais sur des bases dont on peut désormais douter du caractère répliquable à l’avenir.
Mais aujourd’hui la France et le Royaume-Uni sont tous les deux dans des situations très difficiles, avec quelques points communs (contribution négative du commerce extérieur à la croissance, perte du AAA) –mais aussi des différences majeures, avec la participation de la France à la zone euro. La très délicate situation britannique prouve d’ailleurs que la récupération par la France de sa souveraineté monétaire - prônée par certains - semble loin d’être la baguette magique permettant de régler tous les problèmes économiques.

La productivité et la capacité d'innovation sont deux problèmes cruciaux de l'économie britannique, qu'en est-il chez nous ?

Philippe Moreau Desfarges : Oui. Ce sont encore deux problèmes à la fois similaires et différents. Les britanniques ont décidés assez tôt de confier l'innovation au secteur privé, qui n'a pas toujours réussi à assumer pleinement son rôle et s'est très vite tourné vers la finance lorsqu'il a perdu sa dynamique originelle. En dépit de ces difficultés le pays a réussi à conserver un savoir-faire, y compris dans l'automobile. Somme toute le Royaume-Uni souffre des insuffisances du secteur privé tandis que la France souffre des insuffisances du secteur étatique.

Est-ce qu’on peut parler d’un déclin commercial et diplomatique ?

Philippe Moreau Desfarges : Oui. Le Royaume-Uni a toujours considéré que sa grandeur, sa force c’était d’échapper à l’Europe, de se déseuropéaniser. Le grand symbole de cela ça a été l’Empire britannique. Mais tout cela est terminé. Le Royaume-Uni inexorablement est revenu vers l’Europe. C’est une forme pas de déclin mais de repli diplomatique et commercial.  C’est vrai que l'ancienne première puissance mondiale n’a plus ce rayonnement d’antan. Cela dit, elle garde un atout non négligeable : la langue anglaise.  Cet atout, que les Français ne veulent pas voir, est formidable pour les Britanniques. C’est le latin d’autrefois, la langue universelle. La langue anglaise les met logiquement très à l’aise dans la mondialisation, ce qui facilite les opportunités.
Pierre-François Gouiffès : Il y a clairement un déclin commercial pour les deux pays mais dans des configurations différentes.
Le Royaume-Uni est depuis longtemps dans une situation de déficit structurel de la balance courante, supérieur quasiment tout le temps à 2% du PIB, un peu à l’instar des Etats-Unis. Le drame actuel relevé par le Guardian est la persistance de ce déficit en dépit d’une dépréciation majeure de la livre !
Le schéma pour la France est un peu différent : la France est passée en une dizaine d’années d’un excédent de la balance courante à un déficit significatif du fait d’une réduction extrêmement rapide de ses parts de marché à l’exportation sur tous les marchés (Union Européenne, OCDE, monde).

Finalement est-il possible d’en sortir et comment ? Est-ce qu’on est dans quelque chose de conjoncturel à savoir une tendance lourde de déclin ou est-ce passager ?

Philippe Moreau Desfarges : On est dans une tendance lourde dans la mesure où le Royaume-Uni et tous les pays européens ont un même défi : comment vont-ils s’adapter à la mondialisation ? Etant entendu qu’ils comprennent bien qu’ils sont des vieux pays, avec des structures lourdes, il faut qu’ils parient sur des stratégies de niche. Il faut qu’ils soient présents sur des marchés bien précis. On voit bien que tous les pays européens sont devant ce problème fondamental de réadaptation à la mondialisation. Est-ce un déclin ou pas ? Tout dépendra de leur capacité à s’adapter. 
Hélas nous n’avons pas le choix. Nous sommes obligés, du fait de nos structures, d’établir des stratégies dans des domaines à haute valeur ajoutée. Il faut donc que l’on sorte des produits de masse pour peu cher. De ce point de vue l’automobile européenne comme industrie de masse, c’est fini. Le Royaume-Uni, malgré ses échecs, n’est pas si mauvais que cela. Le drame du Royaume-Uni c’est qu’il n’est pas aussi libéral qu’il ne devrait l’être.  Un exemple, le Royaume-Uni avait pour tradition d’être un pays ouvert au migrant, il est en train de se fermer, ce qui est très critiqué. Mais s’il y a déclin du Royaume-Uni c’est seulement à l’échelle européenne. Mais aussi le Royaume-Uni a déjà tous les atouts aujourd’hui : des compétences financières considérables et une sorte de résilience, de ténacité face à la crise.
Pierre-François Gouiffès : Le pire n’est jamais certain même si l’Occident - le monde OCDE dans son ensemble - est aujourd’hui face à un challenge inédit depuis plus de deux siècles de la part des grands émergents en phase de rattrapage économique rapide.
Dans l’Occident, on voit toutefois apparaître une importante différenciation de situation entre plusieurs types de pays : les pays qui souffrent beaucoup et qui sont d’ailleurs les plus nombreux (Europe du Sud, Royaume-Uni, France),  les pays qui s’en sortent beaucoup mieux (grosso modo l’Europe du Nord au sens large), les Etats-Unis étant dans une situation spécifique notamment du fait de la taille de leur économie et du rôle mondial du dollar.
La situation parfois brillante des pays d’Europe du Nord en termes de croissance et de performance commerciale montre qu’il est possible de s’intégrer dans la mondialisation sans remettre en cause les fondements de son modèle social. La bonne question est de savoir si cela est possible à tout le monde.

L’heure de la retraite

L’heure de la retraite


La vraie réforme de la retraite aura-t-elle lieu ? Après des années de déni de réalité et de démagogie, notre modèle par répartition arrive en fin de vie. Un moment crucial s'annonce. Il va mettre à l'épreuve la capacité du gouvernement à réformer vraiment dans la justice et l'aptitude des Français à afficher un esprit de solidarité intergénérationnel. C'est que l'aspiration des jeunes à une retraite décente est tout aussi légitime que le souci des retraités de disposer du fruit de leur vie de labeur. L'accord a minima obtenu sur le régime des retraites complémentaires préfigure les difficultés à venir.
Parce qu'évidemment, le compromis sur le financement des caisses des cadres et des salariés du privé (dont le déficit ne sera que très partiellement comblé) n'est qu'une mise en bouche. C'est tellement vrai que Jean-Marc Ayrault a tenu à souligner « l'esprit de responsabilité » des partenaires sociaux pour mieux préparer la suite. À savoir, la réforme du régime général sur laquelle planche actuellement la Commission pour l'avenir des retraites.
La solution retenue pour les complémentaires ne suffira pas. Désindexer les pensions par rapport à l'inflation et augmenter les cotisations des entreprises et des salariés mécontentera tout le monde en amputant le pouvoir d'achat, sans régler le problème au fond. Le temps des palliatifs est terminé. On voit mal comment pourra être évité un recul de l'âge légal de départ à la retraite et un allongement de la durée de cotisations.
Mais le courage demandé par François Hollande aux Français devra aussi s'appliquer au pouvoir, étrangement muet sur les régimes spéciaux, sur celui des fonctionnaires et sur les très avantageuses retraites des parlementaires. Ce n'est pas la dénonciation de ces injustices qui alimente le populisme mais le refus d'y remédier. Une remise à plat de l'ensemble du système s'impose. Les majorités successives n'ont que trop repoussé l'heure de vérité… pour la retraite.

SOS retraites, bis repetita

SOS retraites, bis repetita


L'histoire se répète sans surprise. Alors que les partenaires sociaux négociaient, pied à pied, hier, pour trouver un accord sur le renflouement des caisses complémentaires, impossible de faire l'autruche face aux déficits à venir. Si rien n'est fait, le « trou » des régimes de retraite se creusera de 20 milliards d'euros en 2020. Moins de trois ans après la réforme Fillon adoptée dans la douleur, l'alerte rouge est déclenchée.

La droite pensait avoir écopé en portant progressivement l'âge de départ à 62 ans et l'âge d'une pension à taux plein à 67 ans. Mais le bateau prend toujours l'eau. Résultat : il n'y aura pas assez d'argent dans les caissons de survie pour joindre les deux bouts au-delà de 2018, même après avoir « dévalisé » le fonds de réserve.
Nécessité faisant loi, la gauche va donc, à son tour, devoir s'attaquer à ce gros chantier pour éviter l'effondrement général du système. S'atteler à une réforme pour le long terme ? Mardi, le président Hollande a plaidé pour « des choix courageux » avant la fin de l'année. Avec le PS, l'homme « normal » avait combattu, avec force, le report de l'âge légal, version Sarkozy.
Aujourd'hui, une équipe d'experts peaufine dans le détail une feuille de route qui sera dévoilée en juin. Pour ramener le système à l'équilibre, elle privilégierait l'allongement de la durée de cotisation. La bonne direction. Les socialistes, après avoir parfois opéré sur le sujet un virage à 180 degrés, finissent aussi par l'admettre : repousser l'âge de départ est inéluctable. Le consensus l'emporterait-il, enfin, sur la politique politicienne ?
Une très bonne nouvelle
Le bon sens amène à penser, par ailleurs, que les autres leviers envisagés seront à manier avec plus de discernement. La hausse des cotisations nuirait à la compétitivité dans un pays qui croule déjà sous les prélèvements sociaux. La baisse des pensions serait politiquement dure à tenir alors que les Français, à en croire un dernier sondage, estiment avoir déjà beaucoup donné.
Le pire à leurs yeux sera-t-il forcément l'ennemi du bien ? Une certitude. Les nouvelles mesures de financement supposeront des efforts de tous. Des efforts à répartir justement. En tenant compte de la pénibilité au travail, des carrières morcelées ou longues. En abordant la question des régimes spéciaux au travers d'un débat de fond...
Les relations entre les partenaires sociaux, historiquement basées sur la culture du conflit, se tendront-elles alors que le poids de la fiscalité et le froid de la rigueur accentuent, dans l'opinion, le ressenti d'un gros malaise ?
Sans se détourner de leurs priorités ¯ on pense d'abord au combat pour l'emploi ¯, l'Élysée et Matignon ont, là, une occasion de fixer un vrai cap. De démontrer leur crédibilité (écornée par ailleurs) quant à leur capacité à réformer réellement sans se satisfaire de simples replâtrages.
Les retraites, enjeu capital, représentent un dossier sensible pour les Français. Un pan inaliénable du pacte social de solidarité entre les générations, bâti sur la relance de l'après-guerre. Reste que la société se doit d'affronter la réalité du XXIe siècle en face, quitte à remettre, sur la table, les questions qui fâchent. Le tout, ne l'oublions pas, sur fond d'une espérance de vie en forte croissance passée de 70 à 81,4 ans, en France, en cinq décennies. Une très bonne nouvelle, non ?

Ordonnances : pour qui, pourquoi, comment ?

Le bon docteur Hollande souhaite utiliser la procédure des ordonnances. Sauf à y voir une médecine politique expéditive, l’ordonnance répond surtout à une définition constitutionnelle.

François Hollande en visite dans le laboratoire de pansements Urgo à Chevigny-Saint-Sauveur près de Dijon le 12 mars 2013. Eric Feferberg Reuters 


 Concrètement ? L’ordonnance (article 38 de la Constitution) est une décision réglementaire qui prend force de loi une fois ratifiée par le Parlement. Elle s’applique à différents domaines de la vie politique, y compris ceux normalement soumis à la loi. Elle peut aussi bien concerner la transcription en France de décisions européennes, que l’adaptation des normes en matière de logement. 
C’est le Parlement qui habilite le gouvernement à légiférer par ordonnance en définissant les domaines et la durée de son application. 
Le Président les signe, sauf s’il refuse : souvenons-nous de 1995 où François Mitterrand s’était opposé à trois ordonnances Chirac de privatisation de 65 groupes industriels. 
Ce que dit la Constitution ? L’article 38 stipule que « le Gouvernement peut, pour l’exécution de son programme, demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. 
Les ordonnances sont prises en Conseil des Ministres après avis du Conseil d’État. Elles entrent en vigueur dès leur publication mais deviennent caduques si le projet de loi de ratification n’est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi d’habilitation. 
Elles ne peuvent être ratifiées que de manière expresse. À l’expiration du délai mentionné, les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans les matières qui sont du domaine législatif. »

La relance du logement, une priorité pour François Hollande qui pourrait être accélerée par ordonnance. Photo Philippe Wojazer Reuters

Pourquoi ? Le gouvernement veut aller vite. Gêné par l’encombrement de l’ordre du jour parlementaire, par l’impopularité de certaines mesures et par un souci d’efficacité face à la crise, François Hollande entend ainsi montrer sa détermination à faire bouger les choses dans l’espoir de respecter le timing de son quinquennat. En particulier, il voudrait aller vite dans la relance du logement, secteur au bord d’une crise majeure, ou dans la levée de normes urbanistiques qui coûtent des milliards aux collectivités locales.
Quels risques ? L’ordonnance porte généralement sur des sujets techniques. Par exemple quand il s’était agi, en 2000, de formuler en euros des prestations libellées jusqu’alors en francs. Mais on passe vite de la technique au politique. D’où les hurlements du FN (« On aura de toute façon de mauvaises ordonnances comme on avait de mauvaises lois. »), de l’UMP (« Une procédure saugrenue et grotesque qui court-circuite le travail parlementaire. ») ou des chevènementistes (« Une drôle de façon de revaloriser le Parlement »). En fait, il s’agirait surtout d’accélérer les procédures en matière d’urbanisme et de construction, secteur en crise dont la relance peut recréer de l’emploi.

Traitement de l'hypertension artérielle essentielle : point d'information de l'ANSM


Le 13 mars 2013, l'ANSM a publié un point d'information sur les médicaments anti-hypertenseurs agissant sur le système rénine-angiotensine (SRA) dans lequel elle préconise, dans la prise en charge de l'HTA essentielle, de prescrire en première intention plutôt un IEC qu'un ARA II, et de réserver les ARA II aux patients présentant une tous sous IEC.
S'appuyant sur les résultats d'une méta-analyse récente (1) remettant en cause l'efficacité du "double blocage" du système rénine-angiotensine, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) rappelle, dans un point d'information publié le 13 mars 2013, que les associations entre IEC ou ARA II avec l'aliskirène, ou entre IEC et ARA II, sont dangereuses.

IEC ou ARA II + aliskirène ou IEC + ARA II : danger !
Selon cette étude, l'association IEC + ARA II n'apporte pas de bénéfice par rapport à la monothérapie sur la mortalité totale.
En outre, les résultats de l'analyse par sous-groupes montrent une surmortalité dans le groupe des patients sans insuffisance cardiaque traités par cette association.
Des risques de complications liés au double blocage s’ajoutent à cette absence de bénéfice avec une augmentation de 66 % du risque d’hypotension, de 55 % du risque d’hyperkaliémie, de 41 % du risque d’insuffisance rénale et de 27% du risque d’arrêt de traitement.
 
Déjà en 2012, l'EMA (Agence européenne du médicament), s'appuyant sur les résultats de l'étude ALTITUDE (2) ayant conduit à son arrêt, avait décidé de : 
  • contre-indiquer l'association aliskirène + IEC et aliskirène + ARA II chez les patients diabétiques de type 2 ou insuffisants rénaux, 
  • déconseiller ces associations chez les autres patients.
 
Privilégier les IEC en première intention
L'ANSM fait par ailleurs référence aux résultats de deux autres méta-analyses récentes, comparant les IEC aux ARA II, dans l'HTA essentielle pour l'une (3) et sur la mortalité totale chez des patients sans insuffisance cardiaque pour l'autre (4). 
Les résultats de ces analyses en faveur d'un effet bénéfique des IEC sur la mortalité totale ne semblent pas pouvoir bénéficier aux ARA II .
Ils confortent donc les recommandations de bon usage de la HAS en vigueur (octobre 2008, mises à jour septembre 2010), préconisant de prescrire un IEC, plutôt qu'un ARA II, en première ligne dans l'HTA essentielle et de réserver les ARA II pour les patients hypertendus présentant une toux sous IEC.

Pour mémoire :
Trois classes thérapeutiques agissant sur le système rénine-angiotensine sont actuellement disponibles en France :
  • les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC), indiqués dans le traitement de l'hypertension artérielle (HTA) essentielle et dans l'insuffisance cardiaque,
  • les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II ou sartans), indiqués dans le traitement de l'HTA essentielle et dans l'insuffisance cardiaque,
  • les inhibiteurs directs de la rénine (aliskirène), indiqués uniquement dans le traitement de l'HTA essentielle.

Sources et ressources complémentaires :
(2) Essai conduit dans 39 pays chez des patients diabétiques de type 2, présentant une altération de la fonction rénale et au moins un facteur de risque cardiovasculaire, traités par aliskirène ou placebo.
(3) Van Vark et coll. Angiotensin-converting enzyme inhibitors reduce mortality in hypertension : a meta-analysis of randomized clinical trials of renin–angiotensin–aldosterone system inhibitors involving 158 998 patients. Eur Heart J 2012 (fichier PDF) et Ruschittzka F et Taddei S. Eur Heart J 2012.
(4) Savarese G. et coll. 
A meta-analysis reporting effects of angiotensin-converting enzyme inhibitors and angiotensin receptor blockers in patients without heart failure. J Am Coll Cardiol. 2013 Jan 15;61(2):131-42abstract sur le site du National Center for Biotechnology Information (NCBI)