vendredi 20 janvier 2012
Les bobos contre le peuple
Bourgeois et bohème, c’est un oxymore. La contradiction est en effet caractéristique de ce groupe social, qui cultive à la fois les qualités bourgeoises de la vie quotidienne et les spécificités d’une pensée fantaisiste, artiste, se voulant sans préjugés. Il faut voir comment s’arrangent les contraires. Et pourquoi ils se cherchent.
Le bobo est un révolté contre le système et les systèmes. En général un soixante-huitard, et à ce titre “en lutte contre”. Cependant, depuis Mai 68, il a fait du chemin et, comme il appartenait à l’élite douée, il a réussi, a occupé des places élevées, a vécu confortablement. C’est donc quelqu’un qui a mérité une vie moelleuse, voire luxueuse, tout en tenant à longueur d’année dans la main le pétard pour fustiger la société qui l’abrite.
Cette contradiction produit des personnalités bien particulières. Il y a là une discordance radicale entre la vie et la pensée : une vie bourgeoise et une pensée révolutionnaire, en tout cas en permanence révulsée, indignée, scandalisée par la société même dans la quelle s’établit cette vie bourgeoise, rangée, organisée, cossue. On va dire qu’aucun d’entre nous n’applique totalement ses idées à soi-même : il est si facile de parler et si difficile de faire… bien entendu !
Mais ici nous avons un groupe social pour lequel cette distorsion entre le discours et l’acte apparaît comme une sorte de vocation et de profession. Lorsque nous sommes pris en flagrant délit de contradiction intérieure, nous en sommes penauds et tentons vite de nous remettre en accord avec nous-mêmes, ne serait-ce que pour redevenir crédibles. Mais le bobo n’a pas de ces scrupules. Il estime que lui est pour ainsi dire programmé pour parler, discourir et surtout donner des leçons aux autres. Car il a un magistère, une autorité doctrinale et morale qui lui a été conférée parce qu’il possède la vérité – et cela est un reste de l’époque idéologique disparue. Évidemment il ne professe plus les dogmes idéologiques, mais la morale qui leur tient aujourd’hui lieu d’ersatz. Et comme cette morale est assez radicale dans sa compassion et son égalitarisme dégoulinants, la contradiction entre les paroles et la vie apparaît vite abyssale. Le bobo est celui qui, par esprit social, vilipende les hauts revenus, mais se fait adjuger dès qu’il le peut un salaire exorbitant ; qui noircit avec indignation l’héritage bourgeois mais, dès qu’il se trouve en situation d’hériter, s’arrange pour recueillir la meilleure part au détriment de sa fratrie ; qui réclame à cor et à cri l’égalité à l’école et, par la guerre souterraine des passe-droits, obtient que son enfant intègre les meilleurs établissements… Le héros du film les Invasions barbares, qui avait défendu toute sa vie la misère de l’hôpital public et qui réclamait des traitements de faveur dès qu’il se retrouvait hospitalisé, était un bobo typique.
Comme le bobo habite dans les beaux quartiers et fait ses achats dans des épiceries chic, il peut se permettre sans frais de soutenir qu’il n’y a rien de mieux que Leader Price, que les banlieues pourries sont très agréables à vivre et que la mixité sociale n’est un problème que pour les racistes du Front national.
Le groupe bobo est à la fois très restreint et très influent. Il représente une partie importante de notre élite. On peut l’expliquer par l’évolution propre aux systèmes idéologiques. Ceux-ci sont caractérisés par leur existence seulement théorique : ils se déploient dans le discours et ne se réalisent pas dans les faits. C’est ainsi que nos soixantehuitards supposent que leur morale, républicaine ou socialiste, représente pour eux un magistère doctrinal et rien de plus. L’idée de la nécessité du témoignage, tellement essentielle dans une éthique classique portée par le respect de la réalité, n’a aucun sens ici. Les anciens idéologues ignorent ce qu’est le témoignage, puisque leur discours ne s’est jamais réalisé nulle part. Ils ignorent ce que signifie s’engager soimême dans l’acte qui correspond au discours, puisqu’ils ont toujours vécu dans un monde chimérique où l’on attendait seulement que le verbe engendre la réalité, se prenant en quelque sorte pour Dieu le Père. Nous nous trouvons devant les glorieux restes d’une époque révolue. Et le côté bohème, en ce qu’il a de charmant, de fantaisiste et de gai (il est beaucoup plus facile d’être fantaisiste quand on est riche), permet d’atténuer et même d’effacer toutes les turpitudes des an ciennes idéologies – comme lorsqu’on nomme la der nière pensée marxiste une “pensée artiste” : quel don pour ennoblir l’indignité ! Finalement, de la pensée 68 il ne reste qu’une gigantesque habileté communicationnelle : la capacité de se faire encore passer pour des gens bien.
On s’aperçoit pourtant, et pas seulement dans cet exemple mais partout, que c’est toujours la vie qui l’emporte sur la pensée. Lorsqu’on fait le contraire de ce que l’on dit, ce dire est un feu follet, une pantalonnade, une nigauderie, en tout cas quelque chose que nul ne peut prendre au sérieux. C’est pourquoi le peuple citoyen, auquel on ne peut pas faire avaler n’importe quoi, a tendance à ne plus croire ces discours de Tartuffe. C’est pourquoi la gauche a perdu le peuple. Chantal Delsol, de l’Institut
Libellés :
Chantal Delsol,
de l’Institut "valeur actuelle"
Le socialisme “rationnel”
Sous la menace des “perspectives négatives” des agences de notation, sous le regard inquisiteur de la chancelière allemande et de la Banque centrale européenne, que pourraient faire les socialistes s’ils arrivaient au pouvoir ? Augmenter les impôts et faire fuir les patrimoines ? Certes, mais cela a des limites.
Sans marge de manœuvre, que feraient-ils ? De l’idéologie pour sauver les apparences – mais avec des conséquences qui, elles, seraient bien concrètes.
Paris est un bon exemple. La capitale est depuis dix ans le théâtre d’une gestion conduite par une majorité de socialistes et de Verts. Ceux-ci ont recruté un gros paquet de fonctionnaires, augmenté les taxes locales, mais pour autant cela n’a pas été la “guerre”. En revanche, ils sont en train d’organiser le chaos dans la circulation – en donnant libre cours à l’idéologie. Avant la quasi-fermeture des voies sur berges (qu’ils veulent offrir aux piétons), ils commencent, encore un symbole, par la place de la République.
Nos confrères du Nouvel Observateur ont interrogé la semaine dernière le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Celui-ci leur a livré sa « philosophie ». Laquelle commence par cette affirmation : « Il n’est pas rationnel de posséder une voiture dans la ville du XXIe siècle. » Et comme ce n’est pas “rationnel”, le maire va « diminuer l’espace qui lui est consacré » et continuer ainsi « avec le même volontarisme ». C’est-à-dire par la contrainte. Qu’est-ce que la voiture ? Le confort et la liberté d’aller et venir, à son gré, à sa guise. La voiture individuelle n’existait pas dans les régimes collectivistes ; à leur disparition, les peuples libérés se sont jetés sur les voitures, le produit phare de l’économie de marché et du capitalisme. À la campagne comme à la ville, dans des agglomérations de 15 ou 30 millions d’habitants, et même au prix d’embouteillages monstres. Où qu’il soit, l’individu ne veut rien d’autre que profiter de toute la liberté qu’il a pu conquérir. Mais pour un écolo-socialiste, la voiture, c’est l’ennemi, c’est “polluant”. M. Delanoë habille cela en prétendant que ce n’est pas “rationnel” ; au nom de quoi peut-il dire ce qui serait “rationnel” et ce qui ne le serait pas ? En quoi son jugement serait-il plus légitime qu’un autre ? En vertu de sa majorité au Conseil de Paris ? Mais la démocratie consiste aussi à respecter les droits de la minorité. Ou bien nous ne sommes plus en régime de liberté.
Pour démontrer que le fait de posséder une voiture à Paris n’est pas “rationnel”, le maire fournit un argument : « C’est trop coûteux » (5 000 euros par an). Là encore, qui peut fixer le montant de ce qui est coûteux et de ce qui ne l’est pas ? Le budget du téléphone, d’Internet, des loisirs, est-il trop coûteux ? Chacun est encore libre, selon ses besoins, ses désirs, ses moyens, de faire son choix, d’arbitrer, même et surtout si ce choix n’est pas jugé raisonnable par un autre.
Car, suivez bien la “philosophie” de M. Delanoë : après avoir affirmé que le choix de la voiture n’était pas “rationnel”, qu’il était trop “coûteux”, le maire de Paris va, suivant la même logique, dicter votre comportement. Voici comment : « Si vous habitez le XXe arrondissement, dit-il, et que vous descendez au BHV [le grand magasin], je préfère que vous le fassiez en transport en commun – c’est plus écologique. » Il ne dit pas : si vous habitez le VIIIe, le XVIIe ou le XVIe arrondissement (où l’on circule encore) – mais le XXe : un quartier resté populaire. Très intéressant ce réflexe, car c’est en effet toujours sur les classes moyennes et populaires que pèse le socialisme “rationnel”. C’est l’est de Paris, le Paris populaire, qui a été le premier congestionné par les projets de la Mairie, où l’on a barricadé les boulevards pour les interdire à la circulation et dissuader les gens d’avoir une voiture. Aux plus modestes, le transport collectif ; les autres pourront toujours prendre un taxi. Ça, c’est “rationnel” !
Futur candidat dans le VIIe arrondissement de Paris, François Fillon vient de se rendre compte que ses électeurs allaient subir le chaos provoqué par la fermeture des voies sur berges (pour faire du sport et des activités de loisirs) ; il aurait pu se préoccuper aussi, comme premier ministre, de ces quartiers populaires que les socialistes et les Verts asphyxient à Paris depuis des années pour les remplacer par leurs électeurs immigrés ou “bobos”. Les choix du maire de Paris ne sont qu’une illustration de ce que le PS fait partout où il le peut, et cela explique aussi pourquoi le socialisme “rationnel” (on disait “scientifique” au siècle dernier) fait fuir les classes populaires chez Marine Le Pen.
En 1931, Moody's conduisait déjà la Grèce au chaos
Dans le commentaire d'un article sur les agences de notation, une mariannaute rappelle l'épisode historique qui a vu l'agence Moody's dégrader la note de la Grèce, générant des troubles sociaux et politiques dans le pays avant l'arrivée au pouvoir du général Metaxas, fasciné par les régimes fascistes. Moody's exprimera ses regrets, annoncera la fin de la notation des dettes publiques avant de ressortir son funeste carnet de notes en 1975.
« Lorsque Moody's a dégradé la Grèce en 1930, une sévère politique d'austérité a été mise en place et a abouti,bien entendu , à une dictature militaire, au point que Moodys a l'époque s'est excusée et a promis de ne plus noter les dettes « souveraines ». Depuis,on a eu la paix ! sauf que la commission européenne en mars 2010 a permis de nouveau à ces agences qui se contentaient de noter les entreprises,...de noter absolument TOUT, sous entendu : les dettes souveraines. Ces agences sont payées à la commande par des banques ou par des fonds de pension étrangers intéressés aux rendements à 2 chiffres. Depuis, PSA, mal notée, a décidé de délocaliser. Depuis,les taux d'intérêt de la Grèce sont passés à 18%, voire 25% à certains moments, ce qui a eu le « mérite » de multiplier la dette d'origine par 4 !!! » écrit Jocelyne Rivoallan en commentaire d'un article de la blogueuse Aliocha intitulé: « AAA: on veut bien s'indigner mais on a pas tout compris »
C’est l’économiste Jean-Marc Daniel, qui, le plus récemment, est venu rappeler cet épisode historique méconnu.
En 1909, John Moody, journaliste financier reconverti, crée la notation stricto sensu : sa société jauge les risques en s'appuyant sur une grille de notes, qui permet de résumer les risques pris par le créancier. S & P suit en 1916 et Fitch en 1924. La notation des Etats débute, elle, dès 1918...
Au début des années 1930, le Trésor américain reproche aux agences de notation de n’avoir pas vu venir les faillites en chaîne des banques et la crise boursière de l'automne 1929. Elles entreprennent dès lors d‘élargir leur champ de compétence à la dette des états. Pendant la Grande Dépression, de nombreux pays européens n'ont pu faire face à leur dette : l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie. Mais les agences de notation ont alors essentiellement dans leur collimateur des pays latino-américains, victimes de la chute des cours des matières premières. Les agences baissent la note du Brésil et de la Bolivie, qui fera défaut en janvier 1931.
A Washington, on reproche alors « aux agences de se concentrer sur la zone américaine et d’ignorer l’Europe » écrit Jean-Marc Daniel. Le doigt sur la couture du pantalon, les agences se penchent sur l’état du vieux continent. Moody’s « repère l’homme malade de l’Europe ». C’est la Grèce qui aura « le triste privilège d’avoir été, dans l’Europe des années 30, la cible régulière des agences de notation, alors dans leur « adolescence ».
Etiqueté libéral de gauche, le premier Ministre Venizélos, un avocat Crétois considéré comme le fondateur de la Grèce moderne. Accusé par l’opposition monarchiste de ruiner l’Etat, il dit distinguer « la bonne dette qui prépare l’avenir de la mauvaise dette qui sert à payer les fonctionnaires ».
Pas assez convaincant pour Moody’s qui dégrade la Grèce. Les taux d’intérêts augmentent. C’est l’escalade. Les exportations de produits agricoles, principales sources de revenu, diminuent. L'autre grande source de capitaux, les envois d'argent des Grecs émigrés, se tarit. Enfin, les prix flambent en Grèce. Venizélos essaie, dans un premier temps, de rester optimiste. Le 25 avril 1931, il supprime la liberté des changes et impose un cours forcé de la drachme. Le 1er mars 1932, il arrête les remboursements des emprunts contractés auprès de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Italie. Les critiques de l'opposition sont de plus en plus virulentes. Pour sauver sa majorité à la chambre lors de législatives qui s'annoncent, Venizélos décide de remettre en place la proportionnelle, qu'il avait critiquée en 1928 en disant qu'elle avait conduit le pays à l'anarchie. Il va aussi jusqu'à limiter la liberté de la presse pour modérer les attaques. Accusé de tendances dictatoriales, son parti est battu. Le retour au pouvoir des monarchistes s’amorce en 1935 avant le coup d’état du général Plastiras. Après une période de désordre, le Roi nommera le général Metaxas ministre de la guerre. S’inspirant des formes autoritaires du régime fasciste italien de Mussolini, il interdit les partis politiques. Il fait arrêter les opposants : près de 15,000 Grecs sont arrêtés et torturés durant les cinq ans de la dictature de Metaxás. Il déclara les grèves illégales et instaura la censure.
Constatant l’étendue des dégâts politiques, Moody’s exprimera ses regrets s’engageant à ne plus noter les dettes publiques des états.
Après guerre, les affaires des agences reprennent, même si elles arrêtent de noter les Etats, qui ne se financent plus guère sur les marchés. La polémique reprend en 1968, quand le maire de New York, furieux de voir sa ville dégradée, fustige S & P et met en cause la faiblesse de ses ressources humaines. Les agences répliquent en changeant de modèle économique : elles adoptent celui d' "emprunteur-payeur" - l'emprunteur paie désormais l'agence pour l'évaluer -, afin d'affiner leurs analyses. Mais à partir de 1975, le marché des obligations d'Etat repart. Les agences ressortent leurs carnets de notes pour évaluer les Etats, et à susciter la critique. Ainsi, elles ont accordé aux pays d'Amérique du Sud de très bonnes notes au début des années 1980, avant que ceux-ci n'enchaînent les faillites. Paradoxalement, bien que toutes ces « Sœur Anne » de la finance n’auront rien vu venir de la crise de 2008, multipliant les scandales, aggravant la situation des états mis au piquet, la référence aux notes dans les législations financières n'a jamais été aussi importante. Retour vers le futur.
Face à l'"UMPS", Bayrou veut incarner la "transgression raisonnable"
Dunkerque (Nord), envoyé spécial - François Bayrou en a fait l'une de ses maximes : "Je ne découpe pas les Français en tranches !" Manière d'affirmer qu'il ne fait pas de la politique comme du marketing, en multipliant les discours catégoriels.
Il n'empêche. Le candidat du MoDem à l'élection présidentielle, chantre du "produire en France", a identifié un public à conquérir. Ceux qui "veulent renverser la table", comme il aime à dire, qui désirent "turbuler le système", qui veulent en finir avec le système "UMPS" – une expression qu'utilise souvent Marine Le Pen, comme naguère son père Jean-Marie. Les personnes tentées, en somme, par une "transgression raisonnable", comme l'explique Robert Rochefort, vice-président du parti centriste, face à la "transgression diabolique" qu'incarnerait le Front national.HUITS COMMANDEMENTS
Sur la scène du palais des congrès de la ville, M. Bayrou s'est voulu le porte-voix d'un "peuple" appelé à la "résistance". Aux "citoyens", il a livré ses huit commandements : "A l'enlisement, nous allons résister ; à l'appauvrissement, nous allons résister ; à la fuite des activités, nous allons résister ; aux compromissions, nous allons résister ; aux privilèges excessifs et indus, nous allons résister ; à l'illettrisme, nous allons résister ; à l'argent roi, nous allons résister ; à l'affaiblissement de l'Europe, nous allons résister."
Au MoDem, avant ce rendez-vous, on prévenait : "Il répondra à ceux qui l'accusent de populisme." C'est désormais chose faite. "Qu'on forme à partir du mot 'peuple' un qualificatif qui est une injure, c'est révélateur de la manière dont ceux qui se croient les élites regardent ceux qu'ils croient être le peuple", a lancé M.Bayrou.
Le candidat centriste, citant Edmond Rostand, s'est posé en défenseur des "petits, [des] obscurs, [des] sans-grade". "Ce gouffre entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter, le diriger, ce gouffre, c'est sous les pieds de la France qu'il est ouvert. Et c'est la République qui risque d'y tomber", a-t-il tonné.
"Ce que le peuple attend, c'est qu'on le prenne à la bonne hauteur", a poursuivi M. Bayrou. Renvoyant dos à dos le PS et l'UMP, coresponsables, selon lui, de la crise, il s'est fait l'avocat d'une espèce de populisme par le haut. "Sortir de l'euro, c'est plonger les Français dans la misère. Un pays qui doit acquitter les intérêts d'une dette immense, libellée dans une monnaie forte, et qui doit la payer en monnaie faible, ce pays-là sera obligé de se saigner aux quatre veines", a-t-il déclaré, ciblant Mme LePen.
ARGUMENTAIRE DU FN
Au FN, le "cas" Bayrou est désormais pris au sérieux. Un argumentaire contre le candidat centriste a été élaboré. Il consiste à rappeler que M. Bayrou fut, en son temps, un ministre dudit "système" qu'il prétend combattre et qu'il porte les idées européennes qu'accable Mme Le Pen.
La poussée du Béarnais inquiète aussi dans les rangs du PS et de l'UMP. Mercredi, François Hollande a sommé ses troupes de partir à la charge. En attaquant M. Bayrou sur le mystère persistant de l'alliance qu'il entend passer, à droite ou à gauche. Le président du MoDem a répondu, jeudi, en empruntant des mots de François Mitterrand en 1981 : "Prenez-vous les Français pour suffisamment inconstants pour m'élire en mai et me refuser en juin la majorité qui me permettra de remplir les engagements que j'aurai pris avec eux ?"
M. Bayrou sait que, pour parfaire sa crédibilité, lutter contre l'image de solitude que lui renvoient ceux qu'il appelle les "PPP, pour partis provisoirement principaux", il lui faudra afficher de nouveaux soutiens, en plus des récents retours d'ex-compagnons de feu l'UDF, tel Philippe Douste-Blazy.
CONVERSION
Vendredi 27 janvier, M. Bayrou ira à Annecy, pour mettre en scène la conversion de Jean-Luc Rigaut, le maire (Nouveau Centre), et de son adjoint écologiste, Thierry Billet. Ce dernier permet de ne pas afficher des soutiens venant exclusivement du centre droit. "Il peut donner des idées à d'autres écologistes", veut croire Yann Wehrling, le porte-parole du MoDem, ancien secrétaire national des Verts.
Un risque auquel on ne veut croire, en dépit des difficultés d'Eva Joly, dans les rangs d'Europe Ecologie-Les Verts. Où l'on rappelle que M. Billet a été exclu du parti en 2008… pour avoir frayé avec les centristes.
Hollande veut supprimer et remplacer la Hadopi
Séduire le monde de la culture tout en annonçant la suppression de la loi Hadopi sur le téléchargement illégal : cette performance, François Hollande l'a réalisée, jeudi 19 janvier, à l'occasion des Biennales internationales du spectacle (BIS), à Nantes. Devant quelque deux mille professionnels rassemblés dans le grand amphithéâtre de la Cité des congrès, le candidat a livré son premier discours de politique artistique et culturelle. Pas de propositions révolutionnaires, pas de promesses budgétaires envoûtantes, pas même d'analyse véritablement innovante. Mais le savant dosage de sérieux et de sourire, de petits mots pour chacun et de "grande ambition nationale" pour tous que la salle visiblement attendait. "Le charme Hollande, quand il fonctionne", résumait un collaborateur, soulagé.
Il faut dire que la partie n'était pas gagnée. Certes, le monde culturel penche traditionnellement à gauche. Les coupes dans les crédits de l'Etat - surtout en régions - ont achevé de rendre le gouvernement impopulaire. La veille, Georges-François Hirsch, directeur de la création au ministère de la culture, s'était fait copieusement huer dans cette même salle. Mais François Hollande n'est pas la gauche, ni même le PS. Pendant les primaires, le milieu avait largement soutenu Martine Aubry. Spectatrice de théâtre assidue, la maire de Lille avait fait un tabac en juillet, au Festival d'Avignon, en proposant une augmentation du budget de la culture de 50 %. Le même jour, M. Hollande se débattait face à un auditoire clairsemé. Et depuis, silence radio. "Entre-temps, il a bossé", se félicitait jeudi, sur son stand, Greg Germain, le patron du off d'Avignon.Le milieu doutait de sa conviction ? "Pour moi, la culture doit être au coeur de tout projet politique, pas seulement un élément du programme. C'est ce qui doit animer la démarche d'un candidat sûrement, d'un président certainement." Un principe que d'autres avant lui, y compris à droite, ont maintes fois affirmé. De même, lorsque M. Hollande a assuré qu'il fallait parler de culture "même pendant la crise, surtout pendant la crise", on n'était pas loin des propos tenus par Nicolas Sarkozy, qui voyait dans la culture "une réponse à la crise". Rien d'étonnant, d'ailleurs, puisque "la tradition dans notre pays voulait que la culture dépasse les clivages droite-gauche".
Et le candidat de citer André Malraux, "mais aussi Edmond Michelet, Jacques Duhamel", de "grands ministres" issus du camp adverse. "Mais, avec le désengagement actuel de l'Etat, nous assistons à une rupture brutale." Manière de lancer sa charge contre la politique culturelle du président Sarkozy : "Enseignements artistiques négligés, pratiques amateurs délaissées, fiasco du Conseil de la création artistique, Hadopi sujet d'affrontements incessants, subventions partout en baisse, réseau culturel à l'étranger sévèrement atteint..."
Reste alors l'essentiel : présenter "non pas des propositions culturelles mais un projet pour la France". En commençant par affirmer que "les collectivités locales ne peuvent se substituer à une politique nationale". Pour ce faire, il promet que "le budget sera sanctuarisé". Puis il expose ses priorités. En tête, il place "l'éducation artistique". Chaque président, chaque ministre de la culture n'entonne-t-il pas le même refrain ? Alors il détaille et propose un "plan national" appuyé par "une instance interministérielle, rattachée au premier ministre, avec un budget propre". Pour le spectacle vivant, il s'engage à élaborer une "loi d'orientation" avec des objectifs, un financement, des partenaires. Le Centre national de la musique, voulu par le gouvernement actuel afin d'élargir les ressources de la filière ? "Je reprendrai le chantier pour en faire un outil au service de la diversité culturelle et étendu à l'ensemble du spectacle vivant." Il n'oublie pas non plus de parler du statut des intermittents du spectacle et de la nécessité de "lutter contre la précarité" des créateurs.
Un parcours sans fautes, mais qui se terminait par une dernière difficulté, et un point qui divise : "la question lancinante et légitime de la révolution numérique". Internet "ne doit pas être considéré comme une menace, mais comme un levier de diffusion du savoir", assène-t-il. Dans le même temps, "il faut que la création obtienne la rémunération à laquelle elle a droit". "La loi Hadopi a voulu pénaliser les pratiques. Pour quel résultat ?", s'interroge-t-il. "Cette loi a-t-elle rapporté un sou à la création ? En revanche, elle continue d'être un sujet d'affrontement entre le monde de la création et le public."
Pour "régler autant qu'il est possible cette question de manière consensuelle", François Hollande s'engage donc à "faire voter une loi qui signera l'acte 2 de l'exception culturelle française". Il l'appuie sur deux principes : "développer l'offre culturelle légale" et "imposer à tous les acteurs de l'économie numérique une contribution au financement de la création", en commençant par "ceux qui en profitent le plus directement, les fournisseurs d'accès et les fabricants de matériel". A l'industrie phonographique, il assure que "la lutte contre la contrefaçon commerciale sera maintenue". Aux cinéastes qui viennent de signer une tribune dans le JDD, il jure qu'il fera "respecter le droit d'auteur et la chronologie des médias".
A la sortie, le public jadis soupçonneux semble conquis. Dans les allées de la Cité des congrès, que le candidat parcourt, l'accueil est chaleureux. Des directeurs de salles musicales privées (Prodis) aux patrons de lieux subventionnés (Syndéac), du Syndicat des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) à l'Association des réalisateurs et producteurs de cinéma (ARP), des festivals de chanson francophone au Réseau des musiques actuelles de Paris, chacun trouve matière à se réjouir. Sur le stand de la Fédurok (lieux de musique actuelle amplifiée), Sébastien Cornu, son président, regrette que le candidat ait "servi tout le monde, sans faire de choix convaincant, mais il est bien passé".
Seul visage crispé, celui d'Aurélie Filippetti. La responsable du pôle culture de la campagne a plaidé depuis des semaines pour que François Hollande se prononce pour "l'abrogation" de la loi Hadopi : il n'a pas prononcé le mot. Plus tard, en conférence de presse, le candidat, interrogé, n'hésite pas : "La loi sera supprimée et remplacée." Derrière François Hollande, Aurélie Filippetti retient un sourire mais libère ses cheveux.
IL SAUTE SUR TOUT CE QUI BOUGE L'AHURI ! IL VEUT TOUT RENÉGOCIER TOUT REPRENDRE, TOUT REFAIRE....MAIS QU'EST-IL CAPABLE DE FAIRE DE NEUF ????
La Grèce proche d'un accord avec ses créanciers
L'instance de représentation des banques créancières d'Athènes affirme avoir eu des discussions fructueuses. Même optimisme du côté du premier ministre grec. Les discussions reprennent aujourd'hui.
L'optimisme est de mise à Athènes. Un accord sur la restructuration de la dette pourrait être trouvé aujourd'hui permettant à la Grèce d'effacer 100 milliards d'euros avec ses créanciers privés. L'Institut de la finance internationale (IIF), l'instance de représentation des banques créancières du pays qui négocie actuellement avec le gouvernement grec a affirmé hier soir que les discussions avancent et qu'elles reprendront aujourd'hui. Les représentants de l'institution, l'Américain Charles Dallara, directeur général de l'IIF, et le Français Jean Lemierre (BNP Paribas) «ont eu des discussions fructueuses aujourd'hui à Athènes avec le premier ministre Lucas Papademos et le ministre des Finances Evangélos Vénizélos» affirme l'institution. «On enregistre des progrès, et les discussions reprendront demain», ajoute le texte.
Des propos qui font échos à ceux tenus un peu plus tôt dans la journée par le premier ministre grec qui avait déclaré que les discussions entre la Grèce et ses créanciers privés se déroulaient dans un «climat très positif». Et mercredi les autorités grecques avaient jugé qu'un accord était possible «avant la fin de la semaine».
Tout l'objet des discussions actuelles est de définir les conditions de l'annulation d'une partie de la dette grecque. Dans le cadre de l'accord européen, les banques avaient accepté une décote d'au moins 50 % des obligations d'État actuelles qu'elles possédaient et de souscrire à de nouvelles obligations d'une maturité de 20 à 30 ans. Mais les créanciers souhaitent obtenir un taux de rendement des nouveaux titres à 5 % alors qu'Athènes ne peut dépasser les 4,5 % de taux d'intérêt. Ce désaccord avait justement provoqué une interruption des négociations la semaine dernière. Reste à savoir si un compromis va être trouvé ce jour. Les investisseurs semblent en tout cas y croire: hier le titre Société Générale s'et envolé de 13%, celui de Crédit Agricole de 9,2% et BNP Paribas de 8,2%.
Des propos qui font échos à ceux tenus un peu plus tôt dans la journée par le premier ministre grec qui avait déclaré que les discussions entre la Grèce et ses créanciers privés se déroulaient dans un «climat très positif». Et mercredi les autorités grecques avaient jugé qu'un accord était possible «avant la fin de la semaine».
Tout l'objet des discussions actuelles est de définir les conditions de l'annulation d'une partie de la dette grecque. Dans le cadre de l'accord européen, les banques avaient accepté une décote d'au moins 50 % des obligations d'État actuelles qu'elles possédaient et de souscrire à de nouvelles obligations d'une maturité de 20 à 30 ans. Mais les créanciers souhaitent obtenir un taux de rendement des nouveaux titres à 5 % alors qu'Athènes ne peut dépasser les 4,5 % de taux d'intérêt. Ce désaccord avait justement provoqué une interruption des négociations la semaine dernière. Reste à savoir si un compromis va être trouvé ce jour. Les investisseurs semblent en tout cas y croire: hier le titre Société Générale s'et envolé de 13%, celui de Crédit Agricole de 9,2% et BNP Paribas de 8,2%.
Kit
Il faut décidément que notre Président s’occupe de tout: du chômage en France, de la crise en Europe, des malheurs du monde - et maintenant, de notre bonheur conjugal. Mais c’est le lot des personnes heureuses en ménage, de souhaiter aider les autres à l’être également. Il a donc chargé une sous-ministre ainsi brutalement sortie de l’anonymat, Claude Greff, de nous concocter un «kit de préparation au mariage», contre les divorces. On ne sait si notre Président-manager a fixé à Madame Greff un objectif chiffré. On ne sait pas, non plus, si les impétrants bénéficieront des conseils personnels de notre Président, homme d’expérience avec ses deux divorces et ses trois mariages. Mais on lui suggère déjà d’offrir le kit à Madame Joly et Monsieur Hollande, qu’on a vus hier échanger de fougueux baisers sur un quai de gare. Quoique... Ceux-là, notre Président aimerait plutôt les voir divorcer.
Il faut décidément que notre Président s’occupe de tout: du chômage en France, de la crise en Europe, des malheurs du monde - et maintenant, de notre bonheur conjugal. Mais c’est le lot des personnes heureuses en ménage, de souhaiter aider les autres à l’être également. Il a donc chargé une sous-ministre ainsi brutalement sortie de l’anonymat, Claude Greff, de nous concocter un «kit de préparation au mariage», contre les divorces. On ne sait si notre Président-manager a fixé à Madame Greff un objectif chiffré. On ne sait pas, non plus, si les impétrants bénéficieront des conseils personnels de notre Président, homme d’expérience avec ses deux divorces et ses trois mariages. Mais on lui suggère déjà d’offrir le kit à Madame Joly et Monsieur Hollande, qu’on a vus hier échanger de fougueux baisers sur un quai de gare. Quoique... Ceux-là, notre Président aimerait plutôt les voir divorcer.
Pour le meilleur et sans le pire ?
Il est de bon ton de dire que le mariage va mal. On a tort. Oui, sur le papier, le nombre de célébrations (241 000 en 2011) est en baisse régulière depuis dix ans mais si on y regarde de près, c’est un excellent résultat. Longtemps monopolistique, l’exigeant engagement conjugal résiste plutôt bien à la montée en flèche d’un jeune et plus léger concurrent qui a surgi dans son pré carré. Contre toute attente, le PACS (190 000 signatures l’an dernier !) ne l’a pas tué. Ultra-majoritairement hétérosexuel - alors qu’il avait été pensé pour les unions gays et lesbiennes - il est même, de plus en plus souvent, une espèce d’antichambre qui prépare au conjungo... Les deux modèles rivaux sont pratiquement devenus des alliés et la famille, sous toutes ses formes, s’en porte bien si on en juge par l’excellente fécondité des Françaises. Le problème, si on peut dire, c’est le divorce (134 000), en progrès constant. C’est son... succès qui pousse aujourd’hui le gouvernement à lancer «un kit de préparation au mariage civil». Le diagnostic de la secrétaire d’État chargée de la Famille, Claude Greff, est simple. En substance, si les gens divorcent autant, c’est parce qu’ils ont unis leurs destins n’importe comment, dans des conditions improbables, et sans vraiment réfléchir aux implications de leur statut. Qui mesure réellement les devoirs et les contraintes juridiques ultérieures que supposent les trois articles du code civil trop souvent expédiés à la mairie comme s’il ne s’agissait que de folklore ? C’est souvent au moment de la séparation - c’est exact aussi - que les époux s’aperçoivent que ce qu’ils avaient signé n’était pas «qu’un simple bout de parchemin».
L’initiative charitable de l’anonyme sous-ministre n’en est pas moins naïve. Le mariage n’est pas une décision rationnelle dont la réussite tiendrait à une solide information initiale. C’est un acte inconscient - au sens positif du mot - une petite folie qui obéit désormais à l’amour et non plus à l’intérêt ou au calcul, comme au XIX e siècle. Une preuve ? Au temps de l’éphémère, les mariés vous parlent tous d’éternité, y compris ceux qu’une première, voire une seconde expérience, a échaudés... Et tant pis si ensuite, victime du périlleux voyage de la vie à deux, leurs chemins se séparent. Au moins, ils y ont cru ! Alors vouloir encadrer cet élan gratuit jusqu’à l’aveuglement - même avec les meilleures intentions du monde - c’est vouloir discipliner l’indisciplinable. Et réintroduire l’État dans l’intimité du couple... qui s’en était affranchi. Non merci.
Un choc politique plus qu'économique
Une semaine après la dégradation de la France par une agence de notation financière, on observe que le choc est plus politique qu'économique.
En effet, l'État français n'a eu aucune difficulté, cette semaine, à placer des emprunts sur les marchés pour financer ses dettes ; il a même pu le faire à des taux d'intérêts plus avantageux.
Certes, cela ne préjuge pas de ce qui peut se passer dans les semaines et les mois à venir. La France reste lourdement endettée et si les taux n'ont pas augmenté ces jours-ci, c'est aussi parce qu'ils l'avaient fait dans les semaines précédentes par un phénomène d'anticipation très classique. Nous continuons d'emprunter deux fois plus cher que l'Allemagne. Il ne faut donc pas pavoiser.
Le véritable choc de cette dégradation est plus politique qu'économique. À trois mois de l'élection présidentielle, cela ne peut pas ne pas affaiblir la position du président sortant. Même si celui-ci a pu se dégager quelque peu de cette menace dans son discours, fort adroit, jeudi devant les forces économiques invitées à l'écouter à Lyon.
Nicolas Sarkozy avait trop investi, précédemment, dans le maintien de la notation « trois A » pour ne pas subir les effets de sa suppression, fut-ce par une seule grande agence sur les trois qui existent.
La deuxième conséquence de politique intérieure est d'imposer à son principal adversaire, François Hollande, un recentrage de son discours programmatique ; ce qui l'arrange peut-être, surtout s'il doit être l'élu. Le candidat socialiste peut faire valoir que, dans de telles circonstances, tout n'est pas possible maintenant.
La nouvelle donne favorise aussi François Bayrou qui avait fait, depuis longtemps, de la réduction de la dette publique une priorité.
Une Europe fragilisée
Autre conséquence politique, la fragilisation supplémentaire de l'Europe. En effet, la dégradation de la France nous sépare un peu plus de l'Allemagne qui, elle, garde sa meilleure note. Plus encore, les autres pays dégradés par plusieurs agences, notamment l'Italie et l'Espagne, s'éloignent davantage des meilleurs, y compris de nous.
Tout cela désorganise la zone euro au moment où elle aurait besoin de se resserrer. Certes, des discussions sont en cours pour concrétiser, dans un accord intergouvernemental, les décisions prises en décembre. Mais l'accouchement paraît douloureux.
Il faudra certainement aller plus loin dans la solidarité européenne. Or les pays leaders en la matière ont tous, aujourd'hui, un boulet dans les jambes : la France va voter ; l'Allemagne souffre d'une majorité divisée ; l'Italie traîne la dette la plus lourde du continent.
Le seul avantage politique de la situation présente est que, par sa gravité même, elle peut autoriser des leaders convaincus à dépasser les intérêts individuels et à faire partager par les peuples des initiatives inédites, invendables par temps calme.
Car il ne suffit pas d'avoir raison. Il faut être capable de persuader des populations naturellement absorbées par leurs soucis quotidiens, que des innovations historiques sont les seuls moyens pour surmonter ces soucis, à l'horizon de dix ou quinze ans.
Nous avons moins besoin de « AAA » que d'entraîneurs d'hommes. Convaincus et convaincants.
François Bayrou, l'homme du moment
François Bayrou est incontestablement l'homme du moment dans cette campagne présidentielle. L'homme qui monte. La question est de savoir jusqu'où… Cela peut n'être qu'une nouvelle bulle médiatique, née de la circulation circulaire de l'info, avant de retomber au profit d'un autre. Mais cela peut aussi être une tendance plus profonde. Le candidat centriste ne manque pas de légitimité sur les thèmes dominants de cette élection 2012, lui qui en 2007 faisait déjà de la rigueur financière et de la dette publique des questions centrales. De plus, il se renforce de nouveau des faiblesses de ses adversaires - Nicolas Sarkozy concentre toujours autant de rejet et François Hollande est moins en phase de « ségolinisation » que de « jospinisation » : son prédécesseur à la tête du PS s'imaginait en 2002 tout de suite au second tour, lui donne le sentiment de se voir déjà à Élysée. Et à l'inverse des candidats plus radicaux d'extrême droite (Marine Le Pen) et de la gauche de la gauche (Jean-Luc Mélenchon), Bayrou peut espérer grignoter des voix à gauche de la droite et à droite de la gauche. Cela risque de ne pas être suffisant, sans l'effondrement d'un des favoris. Il lui faudra surtout clarifier son positionnement. S'il paraît plus compatible avec François Hollande, ces derniers soutiens déclarés (Christine Boutin, etc.) l'ancrent au centre droit… qu'il n'a sans doute jamais cessé d'occuper, par son positionnement économiquement libéral. C'est là qu'il a ses chances de s'imposer face au candidat de l'UMP. Mais il lui faudra rompre avec son vieux rêve de dépasser les vieux clivages de la Ve République.
La Grèce a repris la négociation sur sa dette avec les banques créancières
La Grèce a repris mercredi les négociations pour un effacement partiel de sa dette, qui doivent se poursuivre jeudi, en vue d'un accord possible avant la fin de la semaine avec ses banquiers, qui relâcherait quelque peu la pression sur la zone euro.
Au bout de deux heures et demi de réunion mercredi soir au bureau du Premier ministre, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos a annoncé devant les députés que les discussions avec les créanciers avaient "repris" et qu'elles allaient "continuer" jeudi.
Il s'exprimait dans le cadre d'un débat sur un projet de loi en cours.
Les deux négociateurs côté créanciers privés, Charles Dallara et Jean Lemierre, ont également publié un bref communiqué indiquant que les discussions avaient "repris" et qu'elles allaient se poursuivre jeudi.
Malgré l'optimisme affiché des autorités grecques sur les chances d'aboutir à un accord "avant la fin de la semaine", les marchés restent inquiets, échaudés par le précédent vendredi de l'interruption des discussions.
Faute d'accord, Athènes est sous la menace d'un défaut de paiement désordonné en mars, qui menacerait l'existence à terme de la zone euro. Sans accord avec ses créanciers, le pays ne pourra en effet pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars.
M. Papademos a réaffirmé son optimisme dans un entretien avec l'International Herald Tribune publié mercredi matin. "La conclusion d'un accord est très proche", a-t-il affirmé.
La Grèce négocie sur deux fronts. Elle espère obtenir de la part de ses créanciers privés (banques, sociétés d'assurance, fonds spéculatifs...) un effacement d'au moins 50% de la dette qu'ils détiennent, soit 100 milliards d'euros, et un échange de titres, avec une maturité allant jusqu'à 30 ans.
Mais quasi simultanément, la Grèce doit aussi convaincre l'UE, le FMI et la BCE de débloquer un deuxième prêt de 130 milliards d'euros, dont le principe a été décidé en octobre.
Les deux opérations étant liées et interdépendantes, la négociation d'Athènes avec ses créanciers privés, premier domino du jeu, relève plutôt d'une négociation internationale de grande envergure, impliquant aussi bien le FMI que les pays de la zone euro.
Deux négociateurs grecs ont d'ailleurs rencontré mardi à Washington un haut responsable du Trésor américain et ont participé à des réunions techniques au siège du FMI. Ils étaient attendus à Athènes mercredi soir.
Face aux conjectures des marchés et médias sur les perspectives d'un défaut de paiement de la Grèce, un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE), José Manuel Gonzalez-Paramo, a quoiqu'il en soit estimé mercredi qu'un défaut grec n'était "pas nécessaire", "pas désirable" et "peu probable".
Sur le dossier désendettement, la Grèce reconnaît qu'une participation de 100% de ses créanciers privés est "hautement improbable", a indiqué dans l'après-midi une source gouvernementale.
"Il y a une possibilité que nous ayons recours à une loi si la participation n'est pas assez élevée", a-t-elle ajouté, en référence au mécanisme de Clause d'action collective (CAC) permettant de contraindre les créanciers rétifs à suivre le mouvement.
Vendredi dernier, les discussions avaient buté sur un désaccord entre les parties sur le taux d'intérêt que devra verser la Grèce sur les nouvelles obligations qui seront émises.
Mercredi, une source bancaire a indiqué à Paris que les banques françaises, qui ont déjà provisionné 60% de leur exposition sur la valeur de leurs titres d'Etat grecs allaient devoir provisionner d'avantage, laissant ainsi entrevoir que la décote finalement subie par les créanciers privés sera supérieure à 60%, ainsi que le souhaitait Athènes, soutenue par l'Allemagne et le FMI.
Les Bourses européennes ont fini en ordre dispersé mercredi, les investisseurs se réjouissant d'un soutien accru du FMI à l'économie mais restant prudents face à des données macroéconomiques mitigées.
Le FMI a indiqué vouloir disposer d'au moins 500 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à la crise de la zone euro et ses retombées sur l'économie mondiale.
Mais les Etats-Unis ont fermement manifesté mercredi leur refus de remettre au pot. "Nous avons dit à nos partenaires internationaux que nous n'avions aucune intention de demander des ressources supplémentaires pour le FMI", a indiqué à l'AFP une porte-parole du Trésor, Kara Alaimo.
Il s'exprimait dans le cadre d'un débat sur un projet de loi en cours.
Les deux négociateurs côté créanciers privés, Charles Dallara et Jean Lemierre, ont également publié un bref communiqué indiquant que les discussions avaient "repris" et qu'elles allaient se poursuivre jeudi.
Malgré l'optimisme affiché des autorités grecques sur les chances d'aboutir à un accord "avant la fin de la semaine", les marchés restent inquiets, échaudés par le précédent vendredi de l'interruption des discussions.
Faute d'accord, Athènes est sous la menace d'un défaut de paiement désordonné en mars, qui menacerait l'existence à terme de la zone euro. Sans accord avec ses créanciers, le pays ne pourra en effet pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars.
M. Papademos a réaffirmé son optimisme dans un entretien avec l'International Herald Tribune publié mercredi matin. "La conclusion d'un accord est très proche", a-t-il affirmé.
La Grèce négocie sur deux fronts. Elle espère obtenir de la part de ses créanciers privés (banques, sociétés d'assurance, fonds spéculatifs...) un effacement d'au moins 50% de la dette qu'ils détiennent, soit 100 milliards d'euros, et un échange de titres, avec une maturité allant jusqu'à 30 ans.
Mais quasi simultanément, la Grèce doit aussi convaincre l'UE, le FMI et la BCE de débloquer un deuxième prêt de 130 milliards d'euros, dont le principe a été décidé en octobre.
Les deux opérations étant liées et interdépendantes, la négociation d'Athènes avec ses créanciers privés, premier domino du jeu, relève plutôt d'une négociation internationale de grande envergure, impliquant aussi bien le FMI que les pays de la zone euro.
Deux négociateurs grecs ont d'ailleurs rencontré mardi à Washington un haut responsable du Trésor américain et ont participé à des réunions techniques au siège du FMI. Ils étaient attendus à Athènes mercredi soir.
Face aux conjectures des marchés et médias sur les perspectives d'un défaut de paiement de la Grèce, un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE), José Manuel Gonzalez-Paramo, a quoiqu'il en soit estimé mercredi qu'un défaut grec n'était "pas nécessaire", "pas désirable" et "peu probable".
Sur le dossier désendettement, la Grèce reconnaît qu'une participation de 100% de ses créanciers privés est "hautement improbable", a indiqué dans l'après-midi une source gouvernementale.
"Il y a une possibilité que nous ayons recours à une loi si la participation n'est pas assez élevée", a-t-elle ajouté, en référence au mécanisme de Clause d'action collective (CAC) permettant de contraindre les créanciers rétifs à suivre le mouvement.
Vendredi dernier, les discussions avaient buté sur un désaccord entre les parties sur le taux d'intérêt que devra verser la Grèce sur les nouvelles obligations qui seront émises.
Mercredi, une source bancaire a indiqué à Paris que les banques françaises, qui ont déjà provisionné 60% de leur exposition sur la valeur de leurs titres d'Etat grecs allaient devoir provisionner d'avantage, laissant ainsi entrevoir que la décote finalement subie par les créanciers privés sera supérieure à 60%, ainsi que le souhaitait Athènes, soutenue par l'Allemagne et le FMI.
Les Bourses européennes ont fini en ordre dispersé mercredi, les investisseurs se réjouissant d'un soutien accru du FMI à l'économie mais restant prudents face à des données macroéconomiques mitigées.
Le FMI a indiqué vouloir disposer d'au moins 500 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à la crise de la zone euro et ses retombées sur l'économie mondiale.
Mais les Etats-Unis ont fermement manifesté mercredi leur refus de remettre au pot. "Nous avons dit à nos partenaires internationaux que nous n'avions aucune intention de demander des ressources supplémentaires pour le FMI", a indiqué à l'AFP une porte-parole du Trésor, Kara Alaimo.
Présidentielle : Bayrou fait peur à Hollande
François Bayrou tenait jeudi soir son premier meeting de campagne à Dunkerque, ''la ville la plus au nord du territoire'', souligne-t-il. Plébiscité par les sondages, le candidat du MoDem effraie désormais la gauche.
En se positionnant comme le candidat « anti-système », François Bayrou ratisse large... au point d'inquiéter la gauche. Après avoir tendu la main au leader du MoDem en novembre, François Hollande a brusquement changé de ton cette semaine. « Le candidat socialiste a demandé à ses troupes de cibler le "troisième homme" de 2007, en précisant les angles d'attaque à employer pour l'affaiblir », selon LeMonde.fr, qui cite un participant du conseil politique organisé mercredi par Hollande.
Le député de Corrèze aurait minutieusement brieffé les membres de son équipe de campagne, en leur demandant d'appuyer sur quelques points sensibles de la candidature centriste: le projet d'instaurer une hausse de la TVA de l'ordre de 2 points, l'absence de clarté sur d'éventuels alliés politiques, et le risque d'un retour aux combinaisons partisanes de la IVe République.
Ayrault applique la consigne
Sans attendre, le conseiller spécial de François Hollande Jean-Marc Ayrault a appliqué la consigne à la lettre le jour même. « La situation de la France est tellement sérieuse et grave qu'on a besoin de solutions claires et courageuses. François Bayrou (...), c'est un peu le champion de la confusion. On ne sait pas ce qu'il propose. C'est un prince de l'équivoque », a déclaré mercredi soir le chef de file des députés PS, sans oublier de brandir la menace d'un « retour à la IVe République ».
Henri Emmanuelli, député des Landes, a pris le relais jeudi en se désolidarisant du député béarnais. « En Aquitaine, tout le monde sait que François Bayrou est à droite. Il a toujours mené ses batailles aux côtés de l'UMP (…). Bayrou n'est là que pour préparer le second tour de Sarkozy », assure l'élu landais dans les colonnes du Monde. Un virage à 90 degrés pour le PS: jusqu'ici, le candidat socialiste avait soigneusement évité de fermer la porte à une alliance avec le centre. « En 2012, Bayrou ne sera pas dans le ni-ni au second tour », pronostiquait le député de Corrèze en septembre 2010. « Il faut maintenir possible son basculement vers la gauche ».
''Hollande a déçu''
Pour l'instant, pas de « basculement » en vue : François Bayrou se contente de surfer sur la déception suscitée par ses adversaires. « Il peut séduire les électeurs de centre-gauche parce qu'il leur semble mieux placé que Hollande pour battre Sarkozy », explique Stéphane Rozès, président du cabinet de conseil Cap et enseignant à Sciences-Po et HEC. « François Hollande a déçu parce qu'il semble totalement phagocyté par le PS depuis son investiture aux primaires », poursuit le politologue. « Il a perdu le lien direct avec les Français, contrairement à François Bayrou, qui se place dans une posture très gaullienne ».
Pour Stéphane Rozès, l'avenir du PS dépend désormais du premier grand meeting de campagne organisé dimanche au Bourget (Seine-Saint-Denis). « On verra à ce moment là si François Hollande parvient à renouer avec le pays. Sinon, Bayrou va continuer à monter. Il peut vraiment faire bouger les lignes de la présidentielle ».
Mélenchon veut kärcheriser Marine
Qui a dit : « un jour j’aimerais bien écrire un roman d’amour » ? Selon vous ? Giscard, Villepin, Bayrou, DSK ?
Pas du tout, c’est Jean-Luc Mélenchon, dans Gala. Et de développer, lyrique : « Ce dérèglement m’intéresse, cette part d’humanité la plus humaine qu’on a en soi. La façon dont on se projette sur l’autre. Les questions de fusion et d’identité dans l’amour sont passionnantes. »
Ce n’est pas sur ce ton en tout cas qu’il s’adresse à Marine Le Pen, sauf si, comme le dit le lieu commun, l’amour est proche de la haine. Le candidat du Front de gauche a lancé mercredi une « opération de nettoyage » contre le Front national « par rapport à sa prétendue présence dans les milieux ouvriers et employés ». Il a qualifié entre autres sa présidente de « semi-démente ». Pourquoi « semi » ?
Très irrité par sa prestation à Montbéliard auprès des ouvriers de PSA-Sochaux menacés par plusieurs centaines de suppressions d’emploi et par son succès dans les milieux populaires, Mélenchon a lancé une sorte de manifeste contre le FN, à l’usage des prolétaires de toutes les régions :
« Gaulois de toutes les couleurs, ne vous abandonnez pas au parti de la haine. Ne vous laissez pas diviser d’après votre religion, votre couleur de peau ou la région de vos ancêtres. (…) Cette madame Le Pen qui n’a aucune espèce d’imagination, passe son temps à faires des emprunts forcés pour dire : “Je parle comme Mélenchon. Voyez mes ailes, je suis un oiseau. Et de temps à autre, je suis xénophobe, voyez mes pattes, je suis un rat”. Cela nous fait une chauve-souris. »
Le candidat à la présidentielle veut « tenter de reconquérir les cœurs et les esprits là où ils se sont égarés ». Attention, « voilà que le diable ne sent plus le soufre ». Aux autres, les électeurs indécrottables du FN, « ceux qui sont infestés pour toujours », il a tenu à dire « ce que nous pensons de leur bêtise ». Il n’a pas dit, cet ancien trotskyste de l’organisation communiste internationaliste, ce qu’il prévoyait de faire pour les « désinfester ». Les déporter au goulag ?
A Montbéliard devant les grilles de PSA-Sochaux, la batwoman Marine avait choisi de répondre au sommet social de l’Elysée en tractant devant le site historique du groupe automobile où des centaines d’ouvriers vont se retrouver au chômage :
« Pendant que les responsables de l’effondrement se congratulent dans les sommets, je suis aux côtés des travailleurs dans la vallée de larmes. »
A Montbéliard le Front national s’est retrouvé au second tour dans les deux cantons où l’on a voté en 2011, obtenant 37 % (Montbéliard-est) et 40 % (Montbéliard-Ouest) dans ses duels contre l’UMP ou le PS.
Sur place, un comité d’accueil mélenchonnesque l’attendait. Froid mordant, ciel bleu, ton vif. Des militants du Front de gauche lui lancent :
— Nous ne voulons pas de votre préférence nationale !
— L’immigration pèse à la baisse sur les salaires, rétorque Marine Le Pen sans se démonter.
Vincent Adami, du Front de gauche, poursuit les hostilités :
— On vous voit tous les cinq ans, au moment des élections. Vous étiez où pendant les retraites ?
— Je ne peux pas venir dans vos manifestations parce que vos amis me tapent dessus quand j’y vais, répond-elle du tac au tac.
Quand Marine Le Pen conseille au militant de Mélenchon de ne pas « parler au nom des ouvriers », Adami s’énerve :
— Ce n’est pas à une héritière de me dire ça. J’habite pas dans un manoir moi…
— Mon grand-père était marin-pêcheur, mon père est parti de rien, c’est ça la méritocratie, réplique-t-elle.
Dans les rangs de ceux qui accompagnaient Marine Le Pen, on a pu aussi entendre quelques revigorants « Communistes : 200 millions de morts ». Il n’y a guère plus qu’au FN que l’on ose rappeler ce genre de vérité, l’UMPS respectant à ce sujet un mensonge idéologique officiel commun.
La Grèce suspendue à un accord avec ses banques, la zone euro parle discipline
La Grèce est restée suspendue jeudi à la conclusion d'un accord de désendettement avec ses banques, menant la "bataille finale" pour sa survie financière, après une journée de répit dans le reste de la zone euro qui tente de muscler sa discipline budgétaire avant le sommet du 30.
Les discussions entre le gouvernement grec et ses créanciers privés en vue d'une restructuration de la dette grecque "progressent" et continueront vendredi, a indiqué jeudi soir l'Institut de la finance internationale (IIF), qui négocie au nom des banques en vue d'un effacement d'une partie des créances d'Athènes.
Les négociateurs de l'IIF se sont prévalus de "discussions fructueuses" dans un communiqué diffusé après leur départ du Palais du gouvernement, où ils ont rencontré pendant plus de deux heures et demi le Premier ministre grec, Lucas Papademos et son ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.
Auparavant, M. Papadémos avait lui aussi jugé le climat "très positif", dans une allocution sur la chaîne nationale Net, en précisant avoir reçu le soutien des chefs des trois partis de la coalition gouvernementale pour mener à bien cette négociation vitale pour le pays.
"Maintenant est venu le moment critique de la bataille finale", avait déclaré pour sa part le ministre des Finances aux députés, avant de rejoindre les autres négociateurs.
De fait, la Grèce est engagée dans une course contre la montre en menant de front une double négociation internationale pour tenter d'éviter une faillite en mars.
Elle tente d'une part d'alléger sa vieille dette auprès des banques et bailleurs de fonds privés, et d'autre part d'assurer sa survie en négociant avec la troïka de ses créanciers institutionnels UE-FMI-BCE le versement d'un deuxième prêt. En échange, elle doit s'engager sur des réformes structurelles qui seront discutées vendredi pour assainir les finances publiques du pays et lui permettre de retrouver une autonomie financière à terme.
Sans accord avec ses créanciers privés et publics, le pays ne pourra pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars, ce qui constituerait un défaut de paiement désordonné du pays, dont les effets menacent l'ensemble de la zone euro et au-delà.
Côté créanciers privés (banques, fonds d'investissements, hedge-funds, assureurs), Athènes cherche à les convaincre d'accepter volontairement de réduire de 100 milliards d'euros le montant de leur créance.
Vendredi dernier, les discussions avaient buté sur un désaccord entre les parties sur le taux d'intérêt que devra verser la Grèce sur les nouvelles obligations qui seront émises.
Les autorités grecques n'ont cessé de réaffirmer leur optimisme, jugeant mercredi soir qu'un accord était possible "avant la fin de la semaine".
Aucune information n'a filtré jeudi soir sur l'état d'avancement des discussions. Néanmoins, les détails sur le taux d'intérêt ainsi que l'ampleur exacte des pertes que devront supporter les banques, continuaient de faire l'objet de toutes les spéculations.
En cas d'accord, le gouvernement doit démarrer vendredi matin les discussions avec la troïka pour la convaincre de débloquer l'aide de 130 milliards d'euros d'aide promise fin octobre par les Européens à Bruxelles.
Madrid est parvenu à emprunter beaucoup plus que le montant espéré, et à des taux réduits sur l'échéance à dix ans, la plus sensible pour les marchés. Et Paris a emprunté confortablement près de 9,5 milliards d'euros, avec des taux également en baisse.
Ces emprunts avaient valeur de test, moins d'une semaine après l'abaissement par l'agence de notation Standard and Poor's des notes de neuf pays de la zone euro.
Cet abaissement en série avait fait craindre une hausse du coût des emprunts de ces Etats sur le marché de la dette, et une nouvelle dégradation de la crise qui mine la zone euro depuis décembre 2009.
L'agence de notation a expliqué sa décision en jugeant notamment que la gouvernance en Europe n'est pas à la hauteur de la grave crise qu'elle traverse.
Ce qui a mobilisé les énergies à Bruxelles pour faire avancer le projet de ratification du pacte budgétaire renforçant la discipline en zone euro, qui doit être finalisé pour le sommet européen du 30 janvier.
Selon un projet obtenu par l'AFP jeudi soir, la zone euro a convenu de lier ses aides futures à la ratification du nouveau pacte budgétaire qui prévoit notamment l'instauration d'une règle d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et des sanctions quasi-automatiques contre les Etats laxistes.
En liant la ratification du pacte budgétaire et l'accès aux aides du fonds permanent de stabilité (MES) les Européens semblent avoir accédé à une demande de l'Allemagne qui dit avoir besoin de ces conditions pour faire accepter à son opinion la solidarité financière avec les pays fragiles comme la Grèce.
Le projet de texte prévoit aussi que la Cour européenne de justice pourra imposer des sanctions financières chiffrées si elle juge qu'un Etat n'a pas correctement mis en place la règle d'or.
La Chancelière Angela Merkel a reçu jeudi ses homologues portugais, suèdois et autrichien pour évoquer le sujet.
Les négociateurs de l'IIF se sont prévalus de "discussions fructueuses" dans un communiqué diffusé après leur départ du Palais du gouvernement, où ils ont rencontré pendant plus de deux heures et demi le Premier ministre grec, Lucas Papademos et son ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.
Auparavant, M. Papadémos avait lui aussi jugé le climat "très positif", dans une allocution sur la chaîne nationale Net, en précisant avoir reçu le soutien des chefs des trois partis de la coalition gouvernementale pour mener à bien cette négociation vitale pour le pays.
"Maintenant est venu le moment critique de la bataille finale", avait déclaré pour sa part le ministre des Finances aux députés, avant de rejoindre les autres négociateurs.
De fait, la Grèce est engagée dans une course contre la montre en menant de front une double négociation internationale pour tenter d'éviter une faillite en mars.
Elle tente d'une part d'alléger sa vieille dette auprès des banques et bailleurs de fonds privés, et d'autre part d'assurer sa survie en négociant avec la troïka de ses créanciers institutionnels UE-FMI-BCE le versement d'un deuxième prêt. En échange, elle doit s'engager sur des réformes structurelles qui seront discutées vendredi pour assainir les finances publiques du pays et lui permettre de retrouver une autonomie financière à terme.
Sans accord avec ses créanciers privés et publics, le pays ne pourra pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars, ce qui constituerait un défaut de paiement désordonné du pays, dont les effets menacent l'ensemble de la zone euro et au-delà.
Côté créanciers privés (banques, fonds d'investissements, hedge-funds, assureurs), Athènes cherche à les convaincre d'accepter volontairement de réduire de 100 milliards d'euros le montant de leur créance.
Vendredi dernier, les discussions avaient buté sur un désaccord entre les parties sur le taux d'intérêt que devra verser la Grèce sur les nouvelles obligations qui seront émises.
Les autorités grecques n'ont cessé de réaffirmer leur optimisme, jugeant mercredi soir qu'un accord était possible "avant la fin de la semaine".
Aucune information n'a filtré jeudi soir sur l'état d'avancement des discussions. Néanmoins, les détails sur le taux d'intérêt ainsi que l'ampleur exacte des pertes que devront supporter les banques, continuaient de faire l'objet de toutes les spéculations.
En cas d'accord, le gouvernement doit démarrer vendredi matin les discussions avec la troïka pour la convaincre de débloquer l'aide de 130 milliards d'euros d'aide promise fin octobre par les Européens à Bruxelles.
Le conseil d'administration du FMI a donné son autorisation mercredi soir pour l'ouverture de discussions sur ce sujet.
Hors de Grèce, dans le reste de la zone euro, la journée de jeudi a marqué un moment de répit, après un test important réussi par la France et l'Espagne sur les marchés.Madrid est parvenu à emprunter beaucoup plus que le montant espéré, et à des taux réduits sur l'échéance à dix ans, la plus sensible pour les marchés. Et Paris a emprunté confortablement près de 9,5 milliards d'euros, avec des taux également en baisse.
Ces emprunts avaient valeur de test, moins d'une semaine après l'abaissement par l'agence de notation Standard and Poor's des notes de neuf pays de la zone euro.
Cet abaissement en série avait fait craindre une hausse du coût des emprunts de ces Etats sur le marché de la dette, et une nouvelle dégradation de la crise qui mine la zone euro depuis décembre 2009.
L'agence de notation a expliqué sa décision en jugeant notamment que la gouvernance en Europe n'est pas à la hauteur de la grave crise qu'elle traverse.
Ce qui a mobilisé les énergies à Bruxelles pour faire avancer le projet de ratification du pacte budgétaire renforçant la discipline en zone euro, qui doit être finalisé pour le sommet européen du 30 janvier.
Selon un projet obtenu par l'AFP jeudi soir, la zone euro a convenu de lier ses aides futures à la ratification du nouveau pacte budgétaire qui prévoit notamment l'instauration d'une règle d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et des sanctions quasi-automatiques contre les Etats laxistes.
En liant la ratification du pacte budgétaire et l'accès aux aides du fonds permanent de stabilité (MES) les Européens semblent avoir accédé à une demande de l'Allemagne qui dit avoir besoin de ces conditions pour faire accepter à son opinion la solidarité financière avec les pays fragiles comme la Grèce.
Le projet de texte prévoit aussi que la Cour européenne de justice pourra imposer des sanctions financières chiffrées si elle juge qu'un Etat n'a pas correctement mis en place la règle d'or.
La Chancelière Angela Merkel a reçu jeudi ses homologues portugais, suèdois et autrichien pour évoquer le sujet.
La justice américaine ferme le site de téléchargement Megaupload
La justice américaine a fermé jeudi 19 janvier 18 sites Web, dont les services très populaires Megaupload (téléchargement direct) et Megavideo (streaming) dans le cadre d'une vaste procédure judiciaire. Le FBI a annoncé la mise en examen de sept personnes liées au réseau de sites Web "Mega", accusés de conspiration en vue de violer le droit d'auteur et de blanchiment d'argent. Les sept hommes risquent jusqu'à vingt ans de prison.
ARRESTATION DU CRÉATEUR DE MEGAUPLOAD
Le FBI a également saisi 50 millions de dollars appartenant aux administrateurs présumés du réseau Mega, en majorité des ressortissants allemands. Créé par le mystérieux Kim Schmitz, dit "Kim Dotcom", un informaticien allemand, Megaupload fait partie des 100 sites les plus fréquentés au monde, selon la plupart des classements. M. Schmitz a été arrêté ce jeudi en Nouvelle-Zélande avec deux autres personnes, a annoncé le ministère de la justice américain.
"LA VASTE MAJORITÉ DU TRAFIC DE NOS SITES EST LÉGAL"
Megaupload comme Megavideo hébergent de nombreux fichiers de films ou de musique protégés par le droit d'auteur. Ses administrateurs se présentent comme gérant un simple site d'hébergement, qui supprime les contenus illégaux sur simple demande, mais pour le FBI – et une grande partie de l'industrie du disque et du film – Megaupload et Megavideo sont conçus pour favoriser le téléchargement illégal. Juste avant son blocage, Megaupload avait affiché le message suivant : "La vaste majorité du trafic de nos sites est légal, et nous sommes là pour durer. Si l'industrie du divertissement veut tirer parti de notre popularité, nous serions ravis de discuter avec eux."Le blocage de ces sites intervient au lendemain d'une vaste mobilisation de sites Internet américains contre deux projets de loi, "PIPA" et "SOPA", qui prévoient de faciliter le blocage de sites Web pour protéger le droit d'auteur, sans intervention de la justice.
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