TOUT EST DIT

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samedi 11 février 2012

Guéant, "une petite frappe" (Mamère)

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant est "le ventriloque" de Nicolas Sarkozy et est "au mieux une petite frappe" mais "pas un nazi", a estimé le député Vert Noël Mamère dans un entretien diffusé aujourd'hui sur Sciences Po TV, télévision des élèves de Sciences Po Paris. Interrogé sur les propos de Claude Guéant sur les civilisations, Noël Mamère a répondu: "Je trouve ça tellement obscène politiquement. Ces gens- là ne sont pas des ignorants, ce sont donc des gens malhonnêtes." "Je propose à M. Guéant -qui n'est en fait que le ventriloque de M. Sarkozy - de vider du Louvre et de tous nos musées tout ce qui appartient à ces sous-civilisations. On n'a qu'à renvoyer toutes les statues d'Egypte, qui pratiquait l'esclavage", a-t-il ironisé.
"Ces gens sont des petites crapules, ce sont des petites crapuleries politiciennes", a encore considéré le député-maire de Bègles (Gironde), pour lequel "sombrer dans un contre-sens historique, anthropologique, biologique n'a qu'un seul but: aller draguer et braconner sur les terres du Front national".

Affirmant que "toutes les civilisations, comme les deux faces de Janus, ont des bons côtés comme des côtés sombres", M. Mamère a déclaré que le député apparenté PS Serge Letchimy a eu "raison" et "n'a fait qu'un constat objectif" sur la civilisation occidentale à l'Assemblée où il a provoqué un violent incident de séance en évoquant les camps de concentration et le régime nazi. "Il n'a pas traité M. Guéant de nazi, il a dit que lorsqu'on s'aventure sur le terrain fangeux de l'amalgame entre régimes politiques et civilisations et que l'on fait des différences de nature et non pas de degré l'on se trompe (...). Au mieux, M. Guéant, c'est une petite frappe, mais ce n'est pas un nazi", a conclu le député.

Hollande pour la PMA à tous les couples

François Hollande, s’il est élu, ouvrira la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, "aussi bien les homosexuelles, les Pacsées, que les femmes célibataires engagées dans un couple", a annoncé aujourd'hui à Paris la députée George Pau-Langevin.
A l'occasion d’un débat organisé par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), Mme Pau-Langevin a précisé que le candidat socialiste à l'Elysée "proposera un élargissement des conditions permettant d'accéder à la PMA". "Que les gens soient mariés, pas mariés, hétéros ou homos, pour nous ce n'est pas ça qui compte, mais on souhaite qu'il y ait un projet parental organisé, quelque chose de stable", a-t-elle dit.

Interrogée sur la possibilité d'accès à la PMA d'une femme seule, la députée PS de Paris a cité, par exemple, le cas d'une personne qui voudrait être inséminée après la mort de son conjoint: "La réponse serait non, nous voulons que l'accueil de cet enfant se fasse dans un couple". Jusqu'à présent, la PMA, c'est-à-dire l’insémination artificielle et la fécondation in vitro, sont réservées aux couples hétérosexuels qui ne peuvent pas avoir d'enfants

Le PS muscle sa riposte aux propos de Nicolas Sarkozy

François Hollande reproche au chef de l'État «de s'en prendre aux plus fragiles». L'ex-premier ministre socialiste Laurent Fabius accuse dans le même temps le président de la République «de rameuter l'extrême-droite».

Le candidat PS à la présidentielle, François Hollande, a vivement réagi samedi à la proposition de Nicolas Sarkozy d'organiser un référendum sur les obligations des chômeurs. «Il n'est jamais utile pour un président sortant qui est en échec de s'en prendre aux plus fragiles», a-t-il lancé au début d'une visite sur le thème du sport à Créteil, considérant que «ce n'est pas ceux qui sont les victimes qui doivent aujourd'hui être les responsables». Pour le député de Corrèze, «s'il y a eu échec, c'est parce qu'au sommet de l'État, il n'y a pas eu la volonté, il n'y a pas eu la capacité, il n'y a pas eu la réussite».
Alors qu'il était interrogé sur un virage à droite du président de la République avec ses propositions déclinées dans Le Figaro Magazine , François Hollande a rétorqué: «Moi, je vais vers les Français, aujourd'hui je suis avec le mouvement sportif». Et «il y a une grande règle dans le sport: ne jamais se retourner, surtout quand on est en tête, et ne jamais regarder ce que font les autres». «Donc c'est suivre son chemin, être dans son couloir, tenir bon sur sa ligne et ne pas se laisser détourner ou dévier», a ajouté le candidat PS à l'Elysée.

«Une entrée en campagne à droite toute» selon Moscovici

Aux journalistes qui lui faisaient remarquer qu'il avait davantage axé sa campagne sur l'économie et le social alors que le président sortant faisait des propositions sur les valeurs, le candidat socialiste a ironisé: «pour faire une bonne économie, il faut avoir de bonnes valeurs et de bonnes valeurs, ce ne sont pas forcément celles de la Bourse».
Dans un entretien au Journal du Dimanche , le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, a estimé que le président sortait, par son interview au Figaro Magazine, «de l'hypocrisie dans laquelle il s'était enferré». «C'est une entrée en campagne à droite toute», a-t-il jugé, faisant le rapprochement entre cette stratégie et celle de George Bush fils en 2004.
Il insiste par ailleurs lourdement sur le bilan «plus que négatif» du président sortant. «La République est affaiblie», assène-t-il, en accusant Sarkozy de «jouer la diversion» en faisant «dévier le débat présidentiel». «La capacité à sortir la France de la crise dans la justice», telle est «la question essentielle» sur laquelle les candidats devront convaincre les électeurs selon lui.
Quant à la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, «elle va profondément changer la campagne». «Il faisait campagne masqué et retenait ses coups. Il va jouer des peurs et des émotions. Nous ne mésestimons pas le choc qui nous attend. (...) Pour Nicolas Sarkozy, le pouvoir est tout. Il fera tout et n'importe quoi pour le garder», prévoit-il.

Nicolas Sarkozy «divise», François Hollande «rassemble»

Parallèlement, dans un entretien au Monde , l'ancien premier ministre Laurent Fabius a quant à lui assuré que Nicolas Sarkozy «suscit(ait) des clivages entre les Français afin de rameuter l'extrême-droite». Les annonces du président sortant, en particulier sur le chômage et l'immigration, «confirment qu'il veut masquer l'étendue de ses échecs par l'édification de clivages artificiels», appuie-t-il. «Mais, au-delà des slogans et des phrases qui claquent, c'est très court et très à droite. On ne prépare pas l'avenir d'un grand pays en ciblant les immigrés et en stigmatisant les chômeurs. Au point d'aboutir à ce paradoxe saisissant: c'est le président sortant qui divise et le candidat entrant qui rassemble.».
Pour Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy «est pris en tenailles avec son bilan - un million de chômeurs en plus, 600 milliards supplémentaires d'endettement, un déficit commercial sans précédent et un quinquennat d'injustices». «Ou bien il propose des idées nouvelles - autres que l'augmentation calamiteuse de la TVA et la démolition du contrat de travail -, et il devra alors expliquer pourquoi il ne les a pas appliquées avant. Ou bien il persiste, et toute personne raisonnable lui demandera pourquoi les résultats futurs pourraient être meilleurs que passés», grince-t-il.
«Le matin en se levant, peu de Français s'interrogent sur le tribunal compétent pour décider les expulsions d'étrangers. Ils veulent plus simplement des réponses à leurs questions quotidiennes et un horizon pour sortir de la crise», poursuit encore l'ex-premier ministre. Et d'ajouter: «Notre candidat se situe sur ce terrain-là. Il porte les vraies valeurs de la République: liberté, égalité, fraternité, laïcité».

Michelle Obama et le droit à la colère

Washington, correspondante - Michelle Obama a-t-elle le droit d'être agacée ? Frustrée ? En colère ? La simple mention, dans un livre sur le couple présidentiel américain, que la First Lady a parfois des mouvements d'humeur a lancé un débat qui a fait ressortir les stéréotypes sur les femmes en général et les Afro-Américaines en particulier. 
Le livre de Jodi Kantor, journaliste au New York Times, The Obamas (Little, Brown), sorti en janvier, et auquel le couple présidentiel a refusé de collaborer, dépeint Michelle comme une femme qui essaie de résister à la normalisation de la fonction de First Lady. Au début, elle caresse même l'idée de rester à Chicago, en attendant que ses enfants finissent l'année scolaire. A la Maison Blanche, elle cherche sa place, sachant - ou croyant - que tout le monde guette ses erreurs.

Mais c'est elle aussi qui essaie de maintenir une certaine fidélité aux idéaux. Elle s'insurge contre les conseillers qui la tiennent à l'écart, alors qu'ils laissent s'étioler l'aura de son mari. Elle se fâche avec Rahm Emanuel, le directeur de cabinet, qui propose de laisser tomber la réforme de la santé, trop difficile à imposer. Elle inspire une certaine crainte, ne serait-ce que par son esprit caustique. Il arrive au président, "perpétuellement coupable de tout ce qu'elle a abandonné pour lui", d'essayer d'apaiser son épouse avec un dîner à New York, affirme Jodi Kantor.
"ANGRY BLACK WOMAN"
Compte tenu du stress que génère la position, le portrait est plutôt flatteur. Mais Michelle Obama a réagi sur la défensive, reprochant à la presse de ne retenir que les conflits de personnes et de lui donner un rôle de dragon. "C'est une image que les gens ont essayé de me coller depuis le jour où Barack a annoncé sa candidature, a-t-elle confié à la chaîne CBS. Celle d'une femme noire en colère."
"Angry black woman" : le terme était lâché. Une caricature à laquelle s'expose tout tempérament entier. "Encore une fois, quelque chose que les femmes ne peuvent jamais être : en colère", a résumé l'éditorialiste Kathleen Parker dans le Washington Post. A ceci près que, cette fois, Michelle Obama elle-même avait anticipé la critique, signe s'il en est de la complexité de l'intériorisation des clichés. Il est vrai que, pendant la campagne électorale, elle avait déjà dû faire face aux critiques des conservateurs sur ce thème. Parce qu'elle avait à l'époque relativisé sa fierté patriotique.
L'épisode a généré un débat sur la situation des femmes noires sous l'ère Michelle Obama. Transformées et en même temps toujours célibataires (à 70 %). Pour Melissa Harris-Perry, professeur de sciences politiques à l'université de Tulane en Louisiane et auteur de Sister Citizen : Shame, Stereotypes and Black Women in America (Yale University Press, 2011), les Afro-Américaines continuent d'être enfermées dans des représentations figées : forte femme, lascive ou en colère. Elles ne sont "pas reconnues" par la société, mais pas non plus par elles-mêmes. Les femmes déclarent que leur priorité est leur carrière (68 % contre 48 % pour les Blanches), héritage selon elles du lourd passé enduré par les femmes au travail.
Michelle Obama leur a donné une incarnation. Neuf Afro-Américaines sur dix estiment qu'elle comprend leurs problèmes et partage leurs valeurs contre cinq sur dix dans le cas des femmes blanches. "Elle est incroyablement ordinaire, jusque dans son côté unique. Elle a la peau marron et les formes d'une Noire. Elle a les cheveux typiques d'une fille noire. Elle est là, comme une soeur, explique Melissa Harris-Perry. Ce qu'elle nous donne, c'est la possibilité d'imaginer l'Amérique à travers nous-mêmes." Colère comprise.

AUX ABOIS, Bayrou lance un appel aux "humanistes" contre Sarkozy

Le candidat centriste François Bayrou a appelé samedi 11 février les "humanistes" de toutes obédiences à refuser les propos de Nicolas Sarkozy au Figaro magazine en leur demandant de faire taire "les intérêts politiques, de camp ou de parti" pour défendre "l'essentiel".

"J'affirme qu'aucun des hommes et des femmes du centre, ou qui ont eu les convictions du centre, même s'ils sont passés à l'UMP, ne peut accepter cela. J'affirme que la droite républicaine française, pas plus que la gauche, ne peuvent l'accepter", a expliqué François Bayrou citant l'héritage de Jacques Chaban-Delmas et du général de Gaulle.
"Le moment est venu de lancer un appel : je le dis à tous ceux, au centre, dans la majorité ou dans l'opposition, je dis à tous les Français qui ont une certaine idée de la France, qui sont des républicains et qui sont des humanistes, qu'il y a des choses qu'on n'a pas le droit de laisser prendre. Il est un moment où la politique s'arrête, les intérêts politiques, les intérêts de camp ou de parti, et où commence la défense de l'essentiel. La défense d'un monde qu'on veut transmettre aux enfants", a-t-il conclu
"VALEURS CONTRE VALEURS"
Un peu plus tôt, en ouverture d'un forum consacré au "contrat social", M. Bayrou a expliqué que l'élection serait une opposition "valeurs contre valeurs" et qu'il s'agissait d'un "choix de civilisation".

"Les déclarations faites par Nicolas Sarkozy montrent l'axe de sa campagne" et "les mots qu'il a employés me paraissent révélateurs d'une orientation qui n'est pas la nôtre, en particulier, le mot valeur, a expliqué François Bayrou. Ce mot donne tout son sens à cette journée, parce qu'en effet, c'est valeurs contre valeurs."
Pour le leader centriste, les déclarations de Nicolas Sarkozy" dessinent une campagne électorale qui est en réalité celle de la division des français, du choix d'un certain nombre de cibles proposées à l'exaspération collectives". "Et cela, a-t-il dit, ne peut être à nos yeux qu'un immense affaiblissement pour un peuple, une société, une nation comme la nôtre".
"LA SOLIDARITÉ AU CŒUR DU PROJET HUMANISTE"
"Notre projet de société, que je crois en phase avec le projet de société historique et républicain de la France, porte un nom simple : il s'appelle humanisme", a-t-il expliqué en appelant à le défendre "contre des stratégies qui le fragilisent et le ruinent". "Au coeur du projet humaniste", il y a "la solidarité", a-t-il poursuivi. "Cette solidarité qui fait qu'un peuple, une société, une nation ne sont pas formés de personnes étrangères les unes aux autres, chacune s'occupant de son propre avenir, mais qu'il y a entre nous des liens qui font que nul n'est abandonné, singulièrement pas les plus faibles, nul n'est oublié, singulièrement pas celui qui a des difficultés, nul n'est laissé de côté, singulièrement pas les plus fragiles", a-t-il expliqué.

"Ces valeurs correspondent à l'idée que chaque être humain est en soi un absolu. Il peut être malade, paralysé, sans capacité de production, génial, formidablement entreprenant... Il n'y a pas de différence, pas de balance où l'on pèse celui qui sert et celui qui ne sert pas. On ne peut soutenir l'un et abandonner l'autre. Et c'est cela notre choix", a-t-il lancé.

La machine à remonter le temps 

Faut-il désespérer de la politique ? 

Posée de cette façon, abrupte, la question semble apporter de l’eau à la rivière antiparlementariste déjà grise de colères et gonflée de tant de frustrations. Faudrait-il donc la taire pour ne pas donner de la voix à l’extrême ? Que nous reste-t-il alors, pour adjurer les compétiteurs de la présidentielle d’adapter enfin leurs stratégies, leurs comportements et leurs mots à la France mutante dont ils semblent aujourd’hui presque étrangers à force d’y vivre en lisière. Tout change autour d’eux, à une vitesse vertigineuse parfois. Tout s’écroule aussi, et le « nouveau monde » qu’ils célèbrent, pourtant, à longueur de discours accélère sa gestation au rythme de transformations visibles à l’œil nu. Mais chez ces agités immobiles, chevaliers du futur se contentant de caracoler dans leur pré carré, rien ne bouge. Ou si peu. Comme dans ces publicités où les héros restent insolemment indifférents au cataclysme qui se produit en arrière plan, cette campagne électorale parvient à rester miraculeusement hors du temps. Au point que les observateurs se lassent d’observer ce qu’ils vivent comme un jour sans fin. Grâce à la machine à remonter le temps de l’homme de l’Élysée, nous sommes donc revenus cinq ans plus tôt. On dénonce le poison (supposé) de l’immigration par des ingrédients détournés, et le « cancer » de l’assistanat est montré du doigt sous une appellation plus aimable, mais en Wauquiez-collé. La gauche peine à définir les efforts à venir autrement qu’en termes impressionnistes. Marine Le Pen fait du Jean-Marie Le Pen, le cru Bayrou 2012 ressemble comme deux gouttes de Jurançon au cru 2007, quand la campagne d’Eva Joly, elle, ne ressemble à rien. Les acteurs (et actrices) sont très en retard sur leur public qui connaît l’histoire par cœur. La France d’aujourd’hui vaut mieux, beaucoup mieux que le visage sinistré par les peurs qu’on lui inflige. Elle attend, parfois sans en avoir conscience, qu’on lui parle de l’essentiel et qu’on l’aide à le décrypter. Les nouveaux équilibres d’une société métissée, le bon dosage des libertés publiques, les contradictions de l’écologie, la place du travail quand l’emploi est rare ou chèrement payé, les rythmes inédits du pays de l’art de vivre, la redéfinition du dialogue social : toutes ces interrogations pourraient servir à dessiner le devenir d’une nation. À réveiller le désir de construire plutôt qu’à s’adonner au traditionnel jeu de massacre si prévisible parce qu’il appartient au passé.

Total s'excuse d'afficher des profits 

En remplissant le réservoir de son véhicule, ce matin, on devrait s'excuser d'être complices de cette nébuleuse qui fait bondir les bénéfices des groupes pétroliers en même temps qu'elle racle nos fonds de porte-monnaie. Curieuse, la façon qu'a eue Christophe de Margerie, PDG du groupe Total, de s'excuser lui aussi d'approcher les bénéfices records de sa multinationale. « C'est pas d'notre faute », dit-il en substance. « Les cours du pétrole se sont envolés en 2011, en plus les concurrents ont fait mieux, et puis on paie un tas d'impôts, cette année… » Mince, on devrait se réjouir qu'un groupe Made à peu près in France fasse vivre 35 000 personnes dans l'Hexagone et soit en mesure d'investir pour assurer son avenir. Au lieu de ça, on polémique et on se dit que toute cette fortune serait mieux gardée dans la poche des salariés ou des automobilistes. « Il faut qu'on explique qu'il est dommage qu'on n'en ait pas fait davantage ! » a quand même enseigné M. de Margerie, reprenant ses esprits, au sujet des 11 milliards de bénéfices. Drôle de pays, drôle d'époque. C'est sûr, il n'a jamais fait bon étaler ses richesses - son « bling-bling » - en France, et ce serait tant mieux si les trop riches se sentent un peu mal à l'aise devant le fossé qui se creuse dans la société. Or, les pauvres sont de plus en plus nombreux et les riches de plus en plus « arrogants », pour employer un terme à la mode. Et l'économie, loi devant laquelle les hommes politiques semblent tous s'incliner, est de moins en moins au service de l'Homme. Or, ce devrait être son seul objectif. Quand on sait que la plupart des fortunes pétrolières se font sur les marchés financiers, virtuels, on en est loin.

Chaos  


La crise financière s’apaise, l’Europe n’est plus au bord du gouffre, nous expliquait récemmment notre Président. C’est gentil, mais un peu vite dit. Car à l’autre bout de l’Europe, en Grèce, son collègue Lucas Papademos paraît beaucoup moins apaisé. Son pays, nous dit-il, est au bord d’un «chaos incontrôlé». Toujours en crise financière, et sous la menace d’un effondrement économique et d’une explosion sociale. Evidemment, c’est loin, la Grèce. Pas moins civilisée que la France, certes, mais plus pauvre. Le malheur grec ne saurait donc gâcher le printemps électoral français... Tout de même, on compatit, et l’on s’inquiète. Car l’ennui, dans le chaos et la théorie qui l’accompagne, c’est le papillon. Vous savez, cet insecte dont un battement d’aile peut se faire sentir à l’autre bout du monde, sous forme de tornade. Tout va bien, nous dit notre Président. 
mais craignons le papillon grec.

Humaniser les prisons 


« Quand je suis arrivé à la nouvelle prison toute neuve, j'ai vu ces murs blancs, la douche en cellule, je me suis dit : c'est le paradis » (1). Il est certain que les établissements construits ces dernières années sont plus lumineux, plus spacieux, mieux équipés que les vieilles prisons. Malheureusement, de nombreux problèmes sont vite apparus : l'éloignement de l'établissement à la périphérie des villes, ou plus loin encore, complique les visites des familles. Il y a plus grave, signalé par les prisonniers, les personnels pénitentiaires et les autorités : une déshumanisation qui tend à annuler les progrès réalisés dans les constructions neuves. En effet, l'organisation, les moyens modernes de la sécurité entravent les relations. Ainsi, derrière les glaces sans tain des postes de surveillance, on ne peut croiser aucun regard ni savoir quelle personne vous observe. Certaines dispositions des grillages aux fenêtres laissent passer la lumière, mais empêchent toute vue sur l'extérieur. Le prisonnier ne verra même plus la couleur du ciel. Cet isolement renforcé de fait par la nature même de l'architecture rend la vie plus difficile pour les détenus certes, mais aussi pour les surveillants. Ne nous étonnons pas alors de voir monter cette agressivité dénoncée par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, M. Jean-Marie Delarue. « Le confort, on peut s'en passer, mais on ne peut pas se passer de contacts », disait une personne détenue à la prison nouvelle de Rennes-Vezin... « La vie sociale des personnes détenues est la grande oubliée des nouveaux chantiers pénitentiaires appelés à se poursuivre les prochaines années. » (1). Diminuer les misesen détention Tout cela risque de rendre plus difficiles les réinsertions. C'est pourquoi il faut saluer tous les efforts conduits en ce domaine, souvent par des bénévoles, comme ceux que nous évoquions, dans Ouest-France du 7 février 2012, à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc. Là, des formateurs convaincus et des patrons retraités s'emploient à la réinsertion et de jeunes détenus s'évertuent à en profiter. Les associations Préface et ECTI (2) travaillent avec le soutien de la maison d'arrêt et le service pénitentiaire d'insertion. Sur 63 détenus pris en charge, 64 % d'entre eux ont un travail ou une solide formation, avec zéro récidive. « Vous m'avez donné confiance en des choses que je n'imaginais pas avoir en moi », déclare un détenu. Ouest-France, qui distribue des journaux dans les 3 000 cellules des prisons de l'Ouest, se réjouit aussi de l'accueil qui lui est réservé et du service ainsi rendu. Un prisonnier au centre de détention de Nantes nous écrit : « Merci pour le journal que vous nous donnez. Il nous permet de rester en lien avec la société. J'y trouve beaucoup d'informations utiles pour mes cours par correspondance à l'Université. Je garde tous les commentaires et les éditoriaux. Grâce à l'information locale, je peux demander à assister à des réunions et débats extérieurs avec des permissions d'une demi-journée. Ceci me permet de bien préparer ma demande de libération conditionnelle. » Tout cela démontre que la réinsertion doit être le premier objectif. C'est indispensable. Par ailleurs, plutôt que d'augmenter le nombre des détenus, mieux vaudrait suivre l'exemple de la Finlande qui a multiplié les alternatives à l'incarcération et raccourci la durée des peines. Soulignons que la criminalité n'a nullement explosé. Voilà un important sujet de société qu'on aimerait voir traiter par les candidats à la présidence de la République française. (1) Revue Esprit, février 2012.

Manif de policiers contre le tribunal d’Evry : une mère de flic en colère nous parle 

Fait rarissime, témoignant des extrêmes tensions entre policiers et magistrats dans ce tribunal, plusieurs centaines de gardiens de la paix en civil venus de différents départements ont manifesté jeudi devant le tribunal d’Evry pour dénoncer le laxisme du parquet. Comme pour le tribunal de Bobigny en Seine-saint-Denis, les policiers dénoncent la politique du parquet contre eux et en faveur des voyous : agressions et violences contre des policiers classées « sans suite », fonctionnaires de police mis en cause par les procureurs lors d’audience du tribunal ou placés en garde à vue après des altercations malgré l’absence de plaintes contre eux… La parole des policiers assermentés est systématiquement mise en doute face à celle des délinquants. Visages fermés, emmitouflés dans de grosses parkas sous le blizzard mordant de l’Ile-de-France, sous l’étroite surveillance des CRS, les gardiens de la paix de l’Essonne n’en peuvent plus. « Chaque fois qu’il y a des interpellations et que l’individu dit qu’il a été victime de violences, notre parole est mise en doute même quand il y a un certificat médical négatif qui indique le contraire », témoigne Loïc, un jeune gardien qui dénonce clairement « un acharnement du parquet ». « On ne peut pas travailler sereinement parce que l’on a un sentiment d’impunité des individus qu’on interpelle. » Le représentant syndical d’Unité SGP-FO cite comme exemple un récent contrôle d’identité qui s’était soldé par des « outrages, des propos racistes et des menaces » : « le substitut a décidé que dans un but d’apaisement, elle s’en remettait au président du tribunal pour décider d’une éventuelle condamnation, s’abstenant de toute réquisition ». Tandis que le procureur de la république accusé de zèle anti-flic, Marie-Suzanne Le Quéau, « demande des confrontations systématiques pour les outrages », confirme le syndicat : « Notre parole est mise en doute par des délinquants. » Pour soutenir son fils et ses collègues, une mère de policier en colère, Catherine L., manifestait elle aussi devant le tribunal d’Evry. Nous l’avons interviewée pour Présent. Elle n’est pas tenue au devoir de réserve et nous a dit tout haut ce que les policiers pensent de moins en moins bas. – C.P. — Pourquoi soutenez-vous votre fils aujourd’hui devant le tribunal d’Evry ? — Je suis mère de policier, je connais bien et je reçois régulièrement les collègues et amis de mon fils, j’entends leur désarroi. Ce sont des hommes et des femmes qui croient à leur métier mais qui sont en train de perdre la foi dans ce qu’ils font. C’est quelque chose de très grave. Ces jeunes policiers prennent de plus en plus de risques sur le terrain, ils sont confrontés à des agressions de plus en plus violentes. Physiques, verbales, morales. Avez-vous idée de ce qu’est leur quotidien ? D’un côté les voyous de cité, les délinquants, les dealers qui les harcèlent : « Fils de pute, va niquer ta mère. » De l’autre, les citoyens qui en ont marre d’être agressés, volés, de subir la loi des bandes et des trafiquants. Ils demandent à la police d’intervenir. Mais chaque fois qu’elle intervient, elle est désavouée, les policiers ne sont pas soutenus. — Par qui ne sont-ils pas soutenus ? — Par leur hiérarchie d’abord, qui s’en lave les mains au moindre problème. Une radio cassée ou perdue lors d’une intervention dangereuse et c’est un avertissement ou un blâme pour le policier. Le cas est arrivé récemment. Et surtout ne pas faire de vague sinon on se fait taper sur les doigts. Comment ne pas faire de vague dans une situation comme celle de nos banlieues et de certains quartiers ? Moralement c’est très dur. Je ne m’étonne pas du nombre de suicides parmi les policiers. C’est dur matériellement aussi. On envoie nos fils au casse-pipe avec des voitures de fonction détériorées et un matériel minable par faute de moyens. Ils sont trahis par la justice, aussi, bien sûr c’est pour cela que les policiers manifestent aujourd’hui devant le tribunal d’Evry. « On n’a même pas fini de taper les procédures, me dit mon fils, que les interpellés sont déjà dans la rue à nous faire un doigt d’honneur, relâchés par le tribunal. » — Que reprochez-vous exactement aux magistrats d’Evry ? — Leur laxisme vis-à-vis des voyous. Leur parti pris anti-flic. C’est le cas du procureur. Tout le monde vous parlera d’elle ici. Pour elle la parole d’un voyou vaut plus que celle d’un flic. Les policiers ont toujours tort et elle ne peut pas les blairer. Récemment lors d’une arrestation mouvementée, un délinquant avait été maîtrisé de façon musclée. Il n’avait pas porté plainte lui-même parce qu’il estimait qu’il s’était battu avec les policiers. C’est le procureur lui-même qui a choisi d’entamer les poursuites alors que l’interpellé ne demandait rien ! Les policiers sont démotivés, ils me le disent, ils baissent les bras et cela, ce n’est bon pour personne, sauf pour les délinquants. — Vous avez décidé de passer à l’action vous-même, je crois ? — Oui. Puisque nos enfants n’ont le droit de ne rien dire, j’ai décidé de monter une association de parents de policiers. Nous parlerons et nous dénoncerons les conditions dans lesquelles ils travaillent aujourd’hui. Nous allons faire entendre notre voix. Des parents de policiers qui défendent les policiers c’est un peu le monde à l’envers, c’est vrai, mais toute la situation elle-même marche à l’envers, croyez-moi, et pas sur le bon chemin ni dans l’intérêt et le bon droit des simples citoyens, de l’ordre et de la sécurité.

Le Figaro est "un journal de droite, rien de nouveau!"

La société des journalistes (SDJ) du Figaro a adopté jeudi un texte dénonçant la ligne éditoriale du quotidien jugée trop partisane. Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro, livre ses impressions sur cette motion au JDD.fr.
La SDJ a voté un texte à votre encontre, quelle est votre réaction?
Je le prends bien, je trouve ça normal dans la mesure où le bureau de la SDJ a été renouvelé récemment. Les membres de la SDJ du Figaro ont envie de réaffirmer leurs points de vue par rapport à la ligne éditoriale, je n'ai pas de problème avec ça, je le comprends. D'ailleurs je dois les rencontrer la semaine prochaine pour en discuter.
Qu'est-ce que vous allez leur répondre?
Bah je vais simplement leur dire ce qu'est à mon sens le Figaro. La ligne éditoriale plaît aux lecteurs comme elle est, ça fonctionne. Je ne vois pas pourquoi j'en changerai. Oui, l'information est rapportée dans la grande tradition du Figaro. Nous sommes un journal de droite et nous l'exprimons d'ailleurs de manière claire. Les lecteurs le savent, les journalistes aussi. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil!
Plusieurs journalistes du Figaro vous reprochent ces derniers temps d'avoir fait une série de Unes critiques à l'égard de François Hollande…
C'est leur point de vue mais ça n'est pas le mien. Je ne suis jamais imperméable à ce qu'expriment les journalistes, c'est toujours important de les écouter. Il y a des sensibilités diverses dans la rédaction et c'est normal qu'il y ait des sentiments différents qui s'expriment, heureusement! Mais nous ne pouvons pas échapper à la ligne générale du Figaro, un journal d'opinion de droite. Une manchette est pensée en fonction du lecteur, elle doit attirer l'attention.
Donc vous n'allez pas modifier votre ligne éditoriale…
Je n'en sais rien, ça dépendra de l'actualité. Dans les semaines qui viennent nous traiterons très largement la campagne électorale. Mais il y aura aussi des sujets internationaux. Nous savons faire aussi autre chose que de la politique… La preuve en est par la Une de ce samedi : "La Grèce au bord de l'explosion". Nous sommes aussi le seul journal à traiter la culture de cette façon, dans un grand cahier Culture, Style, Mode.
Beaucoup de gens ont interprété la Une du Figaro Magazine sur laquelle on voit Nicolas Sarkozy comme une affiche de candidat en campagne
Ça veut dire que c'est du bon travail! L'objectif n'était pas la volonté de montrer un candidat en campagne mais d'attirer l'attention des lecteurs. C'est simplement et seulement une démarche marketing comme font tous les quotidiens et tous les magazines. On espère bien que cette manchette permettra aux lecteurs de passer à l'acte et d'acheter.