TOUT EST DIT

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mardi 16 octobre 2012

Cannabis: ce n'est pas au ministre de l'Education de relancer le débat

Les grands musées s'élèvent contre l'ISF sur les oeuvres d'art

Les présidents de sept grands musées français ont adressé une lettre à Aurélie Filippetti vendredi 12 octobre pour faire part de leurs craintes quant à l'intégration des oeuvres d'art dans le patrimoine assujetti à l'ISF. La lettre est daté du vendredi 12 octobre mais l'information n'a été révélée qu'hier soir par LeFigaro.fr: sept présidents de grands musées français ont pris leur plume pour s'élever ensemble contre la taxation des oeuvres d'art au titre de l'ISF. Cette missive, adressée à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti prend la forme d'un soutien au gouvernement, lui-même hostile à cette démarche parlementaire.
Elle entend montrer qu'une éventuelle taxation ne pénaliserait pas seulement le marché de l'art, mais aussi les établissements publics, explique le site du quotidien. La lettre est signée par Bruno Racine (BNF), Henri Loyrette (le Louvre), Catherine Pégard (Versailles), Alain Seban (Pompidou), Guy Cogeval (Orsay), Stéphane Martin (Quai Branly) et Jean-Paul Cluzel (Grand Palais-RMN). Selon eux, le projet d'assujetissement des oeuvres d'une valeur de plus de 50.000 euros à l'ISF représente un "obstacle majeur à la diffusion du patrimoine" et "un frein sérieux à la politique d'enrichissement des collections publiques".
» Lire l'original de la lettre
Hollande et Ayrault contre cet impôt
Les présidents de ces sept grands musées nationaux craignent que certains propriétaires ne deviennent réticents voire opposés au prêt de certaines oeuvres "de peur de les voir exposées, et donc identifiées". "La reconnaissance internationale du travail de nos établissements serait fragilisée", écrivent-ils.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont contre la soumission des oeuvres d'art à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), a déclaré Aurélie Filippetti le 11 octobre. L'exonération actuelle des oeuvres d'art, en vigueur depuis 1982, divise la gauche comme la droite.

Ces hauts responsables qui craignent une guerre si l'euro sombrait

Pointant le risque d'un conflit armé, le ministre anglais du Commerce Vincent Cable, a évoqué ce week-end des conséquences "absolument incalculables" pour le Vieux continent en cas de faillite de la monnaie unique. Des propos qui se situent dans le sillage de ceux de Christine Lagarde, qui a jugé la semaine dernière que la dette des pays riches avoisinait les niveaux atteints "en temps de guerre".
Il tire la sonnette d'alarme. Alors que la semaine dernière, tous les dirigeants européens se sont félicités de l'attribution du Nobel de la paix à l'UE, Vincent Cable, lui, nage à contre-courant. Dans un discours au Cheltenham Literature Festival ce dimanche, le ministre britannique du commerce a jugé que les conséquences d'une faillite de l'euro seraient "absolument incalculables" pour le Vieux continent. A l'en croire, il n'y aurait aucune "garantie automatique" qu'un tel événement ne dégénère pas en conflit armé.
Le ministre n'y est pas allé de main morte. Il a renchéri : "nous avons tendance à l'oublier, mais le projet européen a été bâti pour sauver l'Europe du nationalisme extrémiste et des conflits" a-t-il rappelé, arguant que c'était un des principaux enseignements à tirer de l'attribution du Nobel de la paix à l'UE.
"L'UE n'est pas la même chose que la zone euro"
Ce n'est certes pas la première fois qu'un haut responsable tient des propos alarmistes concernant l'éventualité d'une chute de l'euro. Mais alors que les négociations pataugent toujours concernant la résolution de la crise grecque, ce type d'intervention apparaît de plus en plus fréquente. Lundi, Joseph Stiglitz, a tenu des propos en ce sens. Dans les colonnes du quotidien allemand Handelsblatt, le Nobel d'économie 2001 a estimé que "l'euro et la politique de sauvetage de l'euro" n'étaient "pas bon pour la paix". Sur ce point, l'économiste affirme que "la division entre Etats mais aussi à l'intérieur des Etats" fait notamment le miel "des courants extrémistes et nationalistes". Et s'il salue le fait que l'Union européenne a décroché le Nobel, il rappelle que "l'UE n'est pas la même chose que la zone euro".
Enfin, mercredi dernier, c'est Christine Lagarde, au nom du FMI qu'elle dirige, qui a fait part des mêmes préoccupations. Mais de manière indirecte : "le plus grand obstacle [à la croissance] sera sans doute l'immense héritage légué par la dette publique qui atteint maintenant en moyenne 110% du PIB dans les pays développés, quasiment un niveau de temps de guerre", a-t-elle déclaré à Tokyo lors de l'Assemblée FMI-Banque mondiale.
"Une guerre! Mesdames, messieurs"
Le climat actuel et ces interventions rappellent ce pavé dans la mare, jeté il y a presque un an par le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, dont le pays assurait alors la présidente tournante de l'UE. Devant le Parlement européen de Strasbourg, il avait alors jugé que l'Europe était "en danger". "Si la zone euro se fissure, l'Union européenne ne sera pas capable de survivre, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer", a-t-il déclaré. Devant les députés, il a alors raconté s'être entretenu avec un ami banquier, qui lui a fait part de sa peur d'une "guerre au cours des dix prochaines années". Puis de s'exclamer : "Une guerre! Mesdames, messieurs, ce sont les termes qu'il a employés."

Un nouveau couac 

En se prononçant pour l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis, Vincent Peillon a semé le trouble dans l’équipe gouvernementale. Mis en application dans plusieurs pays européens, le raisonnement qui amène à préconiser l’impunité pour le consommateur n’est pas dénué de force : rendons licites l’achat de certaines drogues dites « douces » ; ainsi l’argent en provenance de ce marché n’alimentera plus un trafic qui enrichit des bandes mafieuses. Une façon d’admettre que la politique répressive est insuffisante, voire synonyme d’échec.
C’est faire peu de cas, cependant, de beaucoup d’autres aspects du problème, à la fois moraux ou liés à la santé… Et si un ministre n’a pas à se faire le chantre d’une approche aussi tolérante, c’est bien celui de l’Éducation nationale : il se doit avant tout de protéger la jeunesse. Sous aucune forme, il ne peut donc avaliser l’usage d’une substance toxique. Vincent Peillon invoque la prise de position « personnelle », mais cette manière de se défendre est tout de même assez fumeuse, si l’on peut dire.
Accompagné des excuses du mauvais élève, le rappel à l’ordre a été immédiat de la part du professeur Ayrault, qui a sèchement voulu refermer la parenthèse. Même bref, c’est pourtant un nouveau couac qui vient d’avoir lieu dans la majorité.
Europe Écologie avait semé le trouble en disant son opposition au traité européen. Volontiers défenseurs de l’herbe, les Verts partagent le point de vue de Vincent Peillon sur la dépénalisation, mais cette fois, pour l’instant du moins, ils n’ont pas ajouté à la polémique. C’est plutôt au sein même de la famille socialiste que le Premier ministre doit aujourd’hui éviter les prises de position embarrassantes, notamment sur les sujets aussi délicats que le vote des immigrés ou l’adoption d’un enfant par un couple homosexuel.
Alors que le chef de l’État plaide pour une France apaisée, ces thèmes « sociétaux » divisent fortement l’opinion et sont donc redoutables pour un Premier ministre qui peine à imposer la discipline à son propre camp. La querelle autour du shit s’est vite consumée, mais pour lui, d’autres boulettes sont à craindre…

Encadrer le cannabis ou recadrer un ministre


La crise, de la roupie de sansonnet pour les Français ? On dirait. Il suffit d'un fait divers - la mise en examen d'une élue écologiste pour blanchiment d'argent lié à un réseau de drogue - pour se distraire, mettre la classe politique en transe et la gauche dans tous ses états. Celle-ci vient de réussir une belle prouesse : en relançant le débat, vieux comme le shit, sur la dépénalisation du cannabis, non seulement elle ébranle la cohésion gouvernementale mais elle déroule le tapis à une droite trop contente de brocarder la gauche « pétard ». Vincent Peillon a choisi son moment. La question d'assouplir la législation des drogues douces, de longue date embarrasse son camp. Il n'est pas le premier socialiste à s'interroger sur les limites du tout répressif. Les lois passent, s'empilent, force est de constater que le phénomène d'addiction aux drogues chez les jeunes est problématique au regard des autres pays européens. Il n'est donc pas interdit de regarder les expériences hors les murs, ni de réfléchir au-delà des schémas manichéens qui opposeraient les tenants d'une prohibition inefficace aux partisans d'un encadrement irresponsable. À peine nommée, Cécile Duflot avait déclenché un cafouillage. Vincent Peillon a quant à lui commis une… boulette. Avant d'être militant du PS, il est ministre de l'Éducation nationale, astreint à un discours d'exemplarité dénué d'ambiguïté. Sa copie improvisée montre que le brillant intellectuel doit s'affranchir d'un certain amateurisme. Surtout quand il émet une doctrine en contradiction avec le Président et oblige le Premier ministre, déjà en déficit d'autorité, à le recadrer.

Le sujet des devoirs à la maison pose la question du rôle de l'école

Un sondage IFOP vient de donner une précieuse information : plus de deux tiers des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison. Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre de l’Éducation nationale d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ?
Alors que Vincent Peillon s’est exprimé la semaine passée sur la modification des rythmes scolaires et sur l’organisation du temps scolaire hebdomadaire, un sondage Ifop pour Radio Alouette publié le 9 octobre indique que 68% des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison pour les élèves du primaire. Ils sont 78% parmi les professions libérales et cadres supérieurs et 63% chez les employés et ouvriers.
Pourtant, faire faire leurs devoirs aux enfants n’est une sinécure pour personne, surtout quand les deux parents exercent une profession, comme c’est le cas la plupart du temps aujourd’hui. Si les Français sont si massivement favorables aux devoirs à la maison, c’est qu’ils sont vivement attachés à une certaine conception de l’école qui justifie pleinement le travail personnel à domicile : la conception qui veut que l’école ait pour finalité première de transmettre les connaissances, c’est-à-dire d’instruire, ce qui suppose de répéter chez soi ce que l’on a vu en classe, de faire un effort de mémorisation et d’effectuer des exercices d’entrainement pour parfaire la maîtrise de ces nouvelles connaissances et les ancrer durablement dans la mémoire.
Pourtant la FCPE, principale association de parents d’élèves, a demandé officiellement au ministre la suppression des devoirs à la maison au primaire. On peut lire sur son site « La FCPE et l’ICEM-Pédagogie Freinet dénoncent la persistance des devoirs à la maison. Personne n'en a jamais prouvé l'utilité ». Constat qui ne manque pas de sel au regard des résultats du sondage IFOP. Pourquoi cette position de la FCPE à rebours de celle des parents ? Parce que la FCPE est historiquement acquise à l’idée que le but premier de l’école est un but social et politique : transformer la société par l’école, en faisant de cette dernière un moyen d’annihiler les différences sociales. En clair, l’école nouvelle manière doit être telle que le fils de notaire ne soit pas avantagé à l’école par rapport au fils d’ouvrier. LA FCPE le reconnaît sans s’en cacher sur son site internet : « [Les devoirs à la maison] ne font qu’accentuer les inégalités entre les enfants selon qu’ils peuvent ou non bénéficier d’aide à la maison. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont proscrits en primaire par une circulaire de 1956. »
Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire (transmettre les connaissances) ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ? C’est une question qui mériterait d’être posée au peuple dans le cadre d’un référendum. Rester dans le flou sur cette question, c’est prendre la responsabilité de refonder l’école sur les sables mouvants d’un malentendu majeur. C’est travailler sur les moyens pédagogiques sans avoir précisé préalablement au service de quelles finalités on en devait juger l’efficacité. Il est clair que cette ambiguïté n’est pas étrangère à la baisse de niveau de l’école française, depuis que cette dernière a fait passer les objectifs politiques (changer la société par l’école) au détriment d’objectifs scientifiques (transmettre les savoirs).

"Quasi panique des patrons" : la compétitivité de nos entreprises passe-t-elle uniquement par la baisse des charges ?

Dans une interview accordée au Figaro, Laurence Parisot, la présidente du Medef, estime que le gouvernement doit adopter d'urgence des mesures en faveur de la compétitivité. Elle précise que « certains patrons sont en état de quasi-panique » et appelle en faveur d'un choc de compétitivité. Pour cela, elle propose d'abaisser les charges patronales et salariales par une hausse de la CSG et de la TVA. Les charges qui pèsent sur le coût du travail sont-elles le principal frein à la compétitivité française ?

Marc Ivaldi : Le déficit de compétitivité vis-à-vis de l'Allemagne à plusieurs sources. Lorsqu'un consommateur se décide à acheter une voiture par exemple, il choisit le meilleur rapport prix-qualité. La qualité renvoie à tout ce qui fait la spécificité d'un produit. Ainsi, pour deux voitures de même qualité, il choisira celle qui présente le prix le moins élevés. La compétitivité prix renvoie alors à cette question : le prix le plus faible pour une qualité donnée. Inversement, pour deux voitures de même prix, le consommateur sélectionnera celle qui lui apporte la meilleure qualité. La compétitivité hors-prix se fixe alors sur ce second arbitrage : fournir la qualité la plus élevée pour un prix donné.
Pour vendre de meilleurs produits, une entreprise a besoin de meilleurs ingénieurs, mieux formés. Le coût du développement et de la qualité d'un produit est donc une longue chaîne de décision et il s'agit de processus sur lesquels il est possible d'agir principalement sur le long terme. Les coûts de production sont en revanche plus faciles à modifier sur le court terme alors que les coûts liés au développement requièrent davantage de temps.
Laurence Parisot estime très probablement qu'il y a un différentiel de productivité entre la France et d'autres pays et que, pour le rattraper, la baisse des coûts salariaux est le levier d'action le plus rapide et efficace à court terme car les taxes auxquelles sont sujettes les entreprises se répercutent directement sur les prix payés par les consommateurs.
La compétitivité hors-coût est également importante : innovation, formation... Mais si l'on mise tout sur cette dernière, cela risque de prendre du temps avant de produire ses effets. Il faut un choc de compétitivité car la Banque publique d'investissement voulue par le gouvernement, qui sera créée dans un an et qui ne commencera pas à financer avant cette dare, sera insuffisante.

Dans le même temps, Jean-Marc Ayrault a précisé qu'une politique de compétitivité ne se résume pas uniquement à un allègement des charges. Quels sont les autres facteurs, hors coût, qui pénalisent la compétitivité des entreprises françaises, et qui sont souvent oubliés du débat ?

La compétitivité hors-coût peut passer par une meilleure formation des ingénieurs ou encore des processus de production plus efficients. Pour cela, il faut améliorer l'apprentissage, mieux former et créer les conditions de l'innovation ce qui se traduit par des centres de recherches plus efficaces et plus en concurrence ou des universités mieux gérées. Cet éco-système favorisera l'innovation de produits et de production. Mais ces mesures prennent du temps.
Mais cela nécessite des réformes profondes et structurelles qui, contrairement à une baisse des charges sociales, prennent du temps avant de produire leurs effets.

La France est souvent pointée du doigt pour son coût du travail. Mais comment se positionne t-elle par rapport aux autres Etats européens en termes de compétitivité structurelle ?

La France accuse du retard. En termes d'innovations, beaucoup de mesures ont déjà été adoptées comme les investissements d'avenir ou le crédit impôt recherche. Mais beaucoup de choses restent à faire.
La France et l'Europe sont toutes deux en retard par rapport aux Etats-Unis et au Japon.

L'Allemagne est une fois de plus au cœur du débat. Le compétitivité allemande s'explique t-elle que par une compétitivité coût ou d'autres facteurs la construisent-elle aussi ?

Les Allemands sont très axés sur la qualité des produits. Leur compétitivité provient également d'une très bonne organisation ou d'un bon suivi des produits... Mais l'exemple allemand montre bien que cette qualité hors-coût nécessite du temps pour être atteinte.
Dans ce contexte, Louis Gallois doit rendre son rapport sur la compétitivité  Il est très probable qu'avec la crise actuelle, il appelle à prendre des mesures favorisant une baisse du coût du travail pour les entreprises en plus des mesures de compétitivité hors-coût.

Le budget 2013 d’ores et déjà invalidé par la réalité

La France va devoir abaisser son déficit à 3% de son PIB, c'est du moins la promesse du gouvernement Hollande. Et pour y arriver, quoi de mieux qu'une batterie de mesures fiscales et économiques, toutes contenues dans un budget 2013 qui ne correspond en rien aux aléas de la vie réelle et qui ne ressemble dès lors qu'à une chimère
Alors que la législation sur l’euthanasie sera peut-être modifiée lors du présent quinquennat, il rentre désormais hélas dans le champ des obligations intellectuelles de dire que le budget 2013, le premier de la mandature, est mort-né.
Le Gouvernement n’est en rien fautif quant à l’effondrement programmé de la croissance qui fait que l’hypothèse de +0,8% en 2013 est une chimère et une insulte à l’intelligence. La France peut tabler sur 0,2% de croissance de son PIB l’an prochain dans le meilleur des cas et il est probable que ce soit l’année du rendez-vous redouté avec la récession. (voir analyses en creux de la Banque de France).
Cette répudiation de la prévision de croissance aura un impact majeur sur le futur solde d’exécution de la Loi de finances. Moins de croissance, c’est d’évidence moins de rentrées fiscales tous azimuts : TVA, IRPP et IS notamment. Avec cette unique mauvaise nouvelle, le Gouvernement sait fort bien à ce jour qu’il ne parviendra pas à « rentrer dans les clous », autrement dit à limiter notre déficit à 3% du PIB. Au demeurant, certains membres éminents de la majorité le disent ouvertement comme le Président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (Grand jury RTL / LCI de dimanche dernier).
Ce sont des dizaines de milliards qui risquent de manquer à l’appel : entre 15 et 30 selon les différentes prévisions.
Là où le Gouvernement a été plus hardi, c’est sur le poids de la ponction fiscale : plus de 20 milliards sur les entreprises et les ménages vont induire un effet pro-cyclique. Autrement dit, alourdir la morosité du climat des affaires (atteintes aux volumes de l’investissement) et amoindrir la demande (atteintes au pouvoir d’achat).
Le multiplicateur keynésien nous enseigne qu’un euro bien investi permet d’obtenir plus qu’un euro en revenus d’activité. En 2013, ce budget proclamé de « redressement juste » par le Premier ministre risque fort d’enclencher des phénomènes anti-multiplicateur et ainsi de voir son architecture fortement bousculée par la courbe de Laffer qui démontre que « trop d’impôt tue l’impôt ». Ainsi, il est raisonnable et non polémique d’affirmer qu’un tel choc fiscal n’aura pas le rendement escompté.
L’histoire budgétaire de notre pays retiendra très vraisemblablement qu’il a été trop demandé à la société civile et pas assez à l’Etat qui ne s’est engagé à effectuer que 10 milliards d’économies.
Sur un plan stratégique, on peut s’interroger sur certains choix de créations de postes là où une note de Monsieur Jean Choussat, ancien éminent Directeur du Budget (1982-1986) disparu trop tôt, émise en octobre 1997 indiquait : « Dans ce contexte, la décision du gouvernement de créer 350.000 nouveaux emplois publics laisse perplexe, moins dans son principe même que par la formidable ignorance dont elle témoigne sur l’état actuel de sous productivité de « l’entreprise administrative ». (Libération, 22 octobre 1997).
Il faut se souvenir des options discrètes de Monsieur Choussat nommé en 1982 par Monsieur Delors après accord du Président Mitterrand qui pressentait donc l'imminence du tournant de la rigueur (1983). Dans son rapport émis au nom de l’Inspection des Finances, Jean Choussat avait ajouté que le sureffectif de 500.000 agents détectés dans la Fonction publique coûtait "au minimum 150 milliards de francs par an à l’Etat" soit près de 23 milliards d'Euros hors intégration de l’inflation (1997-2012) qui nous conduirait à un peu moins de 30 milliards actualisés.
A la même période, l’ancienne collaboratrice du Premier ministre devenue Secrétaire d’Etat au budget, Madame Florence Parly, avait aussi émis des propos relatifs aux économies que l’Etat devait se demander à lui-même. Où est cette volonté chez le tonique Monsieur Cahuzac ? Où se traduit-elle alors qu’il sait déjà que l’Etat ne parviendra pas à réaliser ses 10 milliards d’économies ?  Là encore, le budget est mort-né par-delà la bonne volonté et la bonne foi des hommes chargés de l’élaborer.
Autre facteur préoccupant, des remontées d’information (chambres syndicales immobilières, notaires) semblent attester d’un mouvement assez prononcé de ventes pour des raisons de sortie de territoires.
A manier le gourdin, on fait heureusement filer quelques gredins qui n’honorent pas notre Nation. A user d’une matraque fiscale en temps de crise, on rend une partie de la France patraque et on perd de sa substance vive au profit de nos concurrents. L’économie ouverte impose de nouvelles règles et la gauche n’aura pas devant elle les 200 familles du temps de Léon Blum mais des dizaines de chaises vides dont les anciens occupants feront les délices des gestionnaires de patrimoine de nos pays limitrophes. Le coût de ce qui constitue un manque de patriotisme et une exacerbation des intérêts micro-économiques est difficile à évaluer mais c’est bien en milliards qu’il va se compter. Là aussi, ceci vient altérer les hypothèses budgétaires (rendement ISF, etc).
Manque à gagner du fait de la surestimation de la croissance escomptée, bridage de la croissance par pression fiscale, économie souterraine, évasion fiscale sont les paramètres qui font que le budget présenté par les Ministres est mort-né.
Que font faire les Parlementaires ? Au terme de l’article 40 de la Constitution ils ont la haute responsabilité de ne pas priver de ressources l’Etat et de ne pas aggraver ses charges. Sous l’ancien Régime, il existait un droit de remontrance par lequel les parlementaires manifestaient leur courroux au Roi.
En matière budgétaire, il serait pertinent de disposer d’un outil de procédure apparenté à la notion de vote de défiance constructive qui existe en Allemagne. Mais comme nous sommes en France et en début de mandat, l’homme du 6 mai 2012 pourra toujours formuler une lettre de jussion pour éviter toute contrariété.  A titre temporaire.

France en "faillite aggravée" : le gouvernement veut étouffer la phrase de Vallaud-Belkacem

Le gouvernement français tenterait-il d'intervenir sur le travail de journalistes, Suisses de surcroît ? On est en droit de se poser la question lorsqu'on découvre, au détour d'une dépêche, que ses services ont tout tenté pour la faire retirer.

La pose de  l'imposture
L'affaire commence comme bien souvent par l'une de ces petites phrases qui semble faire mouche : jeudi 11 octobre dernier, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a sèchement répliqué à François Fillon qui avait précédemment accusé le président Hollande "d'amateurisme", en le renvoyant au bilan de son action gouvernementale. Pour rappel, dans une interview du même jour aux Échos, l'ex-premier ministre avait en effet estimé que le projet de budget pour 2013 était "un monument d'amateurisme, d'irresponsabilité et de mauvaise foi". Pensant probablement moucher l'impétrant, la porte-parole a alors déclaré à l'AFP :
"M. Fillon est-il vraiment le mieux placé pour donner des leçons, lui qui a commencé son mandat de Premier ministre à la tête d'un État en faillite et l'a laissé en état de faillite aggravée ?"
Le mot était lâché et la nouvelle reprise : selon la porte-parole du gouvernement, la France se trouvait donc en situation de faillite aggravée. Cette nouvelle n'est pas passée inaperçue en Suisse où le site Romandie.com a fait rapidement paraître une dépêche titrée "Bien que notée AAA, la France serait en 'état de faillite aggravée'" Très manifestement, cette nouvelle n'était pas du tout du goût ni du gouvernement, ni de l’Élysée qui s'est ensuite empressé de rappeler la rédaction pour faire retirer l'article. Les coups de téléphone entre la rédaction suisse et le palais présidentiel français ont été dévoilés notamment par P. Chappaz sur son blog.
L'affaire ne s'arrête pas là puisque malgré les pressions, Romandie.com a conservé son article et maintenu sa version :
Romandie.com maintient la teneur de son article, à savoir qu'il n'est à priori pas cohérent de déclarer la France dans un "état de faillite aggravée" tout en défendant une note AAA auprès des agences de notation.
Mieux, le site d'information a confirmé avoir été contacté directement par le gouvernement français ; la rédaction a même posté une capture d'écran du mail reçu à ce sujet :

"Pigeons": les entreprises vont payer le recul du gouvernement

Selon les Echos du 16 octobre, le gouvernement va prolonger la surtaxe de 5% sur les grandes sociétés pour financer les aménagements sur la fiscalité des plus-values des créateurs d'entreprises. Mise à jour le 16 octobre à 8heures

"Les nouvelles recettes doivent être trouvées du côté des entreprises". Pour Christian Eckert, le rapporteur général PS du budget à l'Assemblée nationale, les choses sont claires: l'éventuel recul du gouvernement sur la fiscalité des plus-values de cession réalisées par les créateurs d'entreprise devra être compensé par l'alourdissement de certaines taxations touchant les sociétés, avait-il lancé, mardi 9.

Le gouvernement l'a, semble-t-il, entendu. Selon Les Echos du 16 octobre, il envisage de prolonger d'un an la contribution exceptionnelle de 5% sur l'impôt sur les sociétés (IS) mise en place par le gouvernement Fillon fin 2011 dans son plan de rigueur.

Cette contribution ne s'applique qu'aux entreprises réalisant plus de 250 millions d' euros de chiffres d'affaires. Soit environ 20 000 groupes. Ces derniers pourraient donc être amené à acquitter en 2013 une surtaxe de 5% de la valeur de leur IS sur leur exercice 2011.

Les pigeons des pigeons

Lundi 8 octobre, Jérôme Cahuzac, le ministre délégué au Budget avait reconnu que le gouvernement n'excluait pas une concession aux entrepreneurs.

Tous les actionnaires détenteurs d'une "part significative" du capital d'une entreprise (autour de 15%) pourraient ainsi conserver le bénéfice du prélèvement forfaitaire libératoire (19% + prélèvements sociaux) dès lors qu'ils vendent leurs titres après plusieurs années de détention (au moins deux ans). Le projet de loi de finances pour 2013 prévoyait dans sa version initiale l'alignement de cette fiscalité dérogatoire sur celle des revenus du travail (tous les gains soumis au barème de l'IR).

Mais dès le vendredi suivant, le ministre du Budget affirmait que ce geste, pour ne pas parler de recul, allait coûter "plusieurs centaines de millions au budget" qu'il faudrait "compenser", et "ils le seront car les finances publiques doivent être redressées". Pour Christian Eckert, "le manque à gagner peut aller de quelques centaines de millions à un milliard d'euros, selon ce qu'on décidera d'amender".

Selon les estimations du projet de budget, "l'imposition au barème progressif de l'IR des gains de cession de valeurs mobilières et de droits sociaux des particuliers" devait, en effet, rapporter un milliard d'euros par an à partir de 2013. Quelques 73 400 contribuables auraint vu leur impôt majoré selon Bercy quand 57 200 auraient bénéficié à l'inverse d'un allégement.

Selon les tous derniers calculs de Bercy, le manque à gagner de la mesure "pigeons" devrait atteindre 750 millions d'euros. Or, la surtaxe de 5% doit rapporter environ 800 millions. Ce qu'il fallait trouver. Comme le souhaitait François Hollande, les PME seront épargnées alors que les grandes entreprises paieront...

Le Prix Nobel de la paix à l’UE ?



Une farce provocatrice même pas drôle 
 
« Le comité Nobel norvégien a décidé d’attribuer le Prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne. » Certes, cette célèbre distinction récompense depuis 1901 une personnalité ou une communauté « ayant contribué au rapprochement des peuples ». C’était la volonté d’Alfred Nobel (1833-1896) qui après avoir inventé la dynamite (et d’autres bombes à la nitroglycérine bien plus destructrices encore) édifia une colossale fortune en commercialisant de manière industrielle ses armes de guerre. Mais en quoi, comme M. Nobel en son temps, l’UE a-t-elle contribué à la paix ces dernières années ? Elle qui n’a même pas été fichue d’empêcher les Balkans de s’embraser au moment où, suite à l’effondrement du communisme, la Yougoslavie éclatait dans une gerbe de sang ? Cette UE qui non seulement n’a rien empêché mais a dû, pour mettre fin aux conflits nés du démantèlement d’une nation multi-ethnique, appeler les Etats-Unis à la rescousse. Ces derniers ont éteint l’incendie à leur manière, peu pacifique, sous un tapis de bombes.
Mais peut-être que la distinction norvégienne s’adresse, soixante ans plus tard, aux pères fondateurs de l’UE, dont l’objectif proclamé était de mettre un terme aux guerres européennes qui depuis deux siècles déchiraient le continent et parfois (14-18 et 39-45) de façon suicidaire ? En l’occurrence ce Nobel 2012 récompense au mieux un malentendu, au pire une erreur, voire une escroquerie. L’Union européenne n’a pu exister et continuer à développer son invraisemblable machinerie technocratique que parce que l’Allemagne et la France, exténuées et exsangues, étaient enfin en paix. Et non l’inverse…La preuve par les Balkans !
Quelques remarques
Pourquoi ce Prix Nobel de la paix paraît-il si parfaitement incongru ? D’abord il intervient la semaine où l’Allemagne, pour des raisons de préséance nationale, a mis son veto au mariage pourtant souhaitable d’EADS et de BAE Systems. Une fusion susceptible de faire de ce groupe européen le numéro 1 mondial de l’aéronautique (et de la défense). L’entente cordiale entre Européens a encore quelques ratés !
Le rôle pacificateur de l’EU ? Il s’est exercé le plus efficacement au profit des spéculateurs de la finance internationale qui, effectivement, depuis trente ans, spéculent en paix sur notre continent. Une financiarisation de toutes les activités humaines qui, comme le soulignait justement Marine Le Pen, conduit les maîtres de la finance mondialisée à mener une véritable guerre sociale contre les peuples européens. Avec l’assistance juridique et le soutien logistique sans faille de l’UE. Regardez les images qui nous viennent de Grèce et d’Espagne, deux pays économiquement ravagés, où la colère des manifestants, encore sporadique, commence néanmoins à ressembler aux prémices d’une insurrection.
Et comment ne pas constater que ce Prix Nobel de la paix est attribué à une UE en plein déclin, entre paralysie et dépressions ? Une grande malade, avec plein de médecins à son chevet, dont certains se demandent si leur patiente n’est pas déjà en train de clamser ? Pour un peu il s’agirait d’une distinction à titre posthume. Avec peut-être le secret espoir que la malade soit momentanément requinquée par cette médaille faussement miraculeuse.
Autre aspect farcesque de cette nobélisation à contre-temps : elle est distribuée par un pays, la Norvège, dont le peuple, par deux fois, et contre la majorité de ses élites, a refusé d’enter dans l’Union. Là se trouve d’ailleurs en grande partie l’explication de ce Nobel de la paix un rien burlesque. « Les eurosceptiques dénoncent une décision politique de la part d’un comité dirigé par le très europhile Thorbjorn Jagland. » En quelque sorte une intrigue clanique entre politiciens norvégiens… Pour ce qui est de leurs compatriotes, un sur quatre seulement approuve ce choix contesté. Mais après tout, ce Prix Nobel 2012 n’est pas plus ridicule ni plus scandaleux que celui de 2009, décerné à Barack Obama. Toujours par le même Jagland, sorte de torche funèbre, au pays des icebergs, du conformisme idéologique et de la pensée unique pro-européenne…
Mort aux États-Nations !
Ceux qui trouvent excessif le mot « guerre », même sous une forme métaphorique, devraient lire le manifeste signé par Daniel Cohn-Bendit et l’ancien Premier ministre Belge Guy Verhofstadt, Debout l’Europe. Il s’agit bien, au nom des idéaux européens, d’une déclaration de guerre totale aux Etats-nations. Les auteurs d’ailleurs le reconnaissent : « L’offensive est la meilleure défense. » Voici quelques aperçus de cette « attaque frontale » déclenchée par les deux compères euromondialistes contre le fait national, et dont le postulat est le suivant : « Soit nous œuvrons à une Europe véritablement fédérale. Soit nous en restons aux Etats-nations, et l’émergence d’une Europe-puissance dans le monde globalisé du XXIe siècle est irrémédiablement compromise. » Une assertion que les deux auteurs vont nous canonner tout au long de leur manifeste. « Demain, seule une Europe intégrée pourra encore jouer un rôle significatif (…) Dans la mesure où la globalisation est irréversible, l’intérêt des citoyens d’Europe ne peut être garanti que par une Union européenne forte. » Celle-ci prenant racines dans les cendres encore chaudes des Etats nationaux enfin pulvérisés, dont l’existence têtue indignent nos deux lascars. « Le fait, dans ce monde, que la décision politique appartienne encore aux Etats nationaux est un paradoxe insupportable (…). Ce paradoxe ne pourra être éliminé qu’en internationalisant la décision politique. » Et pour jeter les bases de ce gouvernement mondial : « Nous pourrions commencer par convertir les différents sièges occupés par les Etats membres en un siège unique de l’Union européenne au Conseil de sécurité des nations unies, à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international et dans toutes les autres organisations internationales. » Dépouiller les nations de toutes leurs prérogatives, l’Etat-nation étant désormais « un concept stérile ».
Cette transfusion leur paraît également nécessaire pour sauver un euro qui ne pourra survivre « que si l’on établit une Union fédérale dotée d’un gouvernement européen élaborant la politique économique, budgétaire et fiscale, tout en étant capable de la faire respecter par les Etats membres… ». Un fédéralisme sous rouleau compresseur. Les contempteurs de l’UE, ces « fascistes », ne font que « recycler de vieilles rengaines nationalistes, conservatrices et populistes. Ils voudraient compartimenter les peuples derrières des frontières nationales étanches ». Un « délire nationaliste » qui est « le symptôme de leur inadaptation fondamentale au monde multiculturel contemporain ».
Déclaration de guerre civile
Foin des nations et des frontières : « Seuls existent des êtres humains qui ont les mêmes droit fondamentaux… » L’homme unidimensionnel, sans caractéristiques autres que celles de l’espace économique où il travaille. En conséquence de quoi, et au nom de l’UE, Cohn-Bendit et Verhofstadt sonnent la marche en avant : « Battons-nous contre les nationalistes, les conservateurs et les populistes. » Anéantissons-les ! Et « réjouissons-nous du multiculturalisme des sociétés (…). Le multiculturalisme de la société moderne est désormais un fait avéré ». Cohn-Bendit, du haut de son minaret mondialiste, en est le prophète tonitruant. Comme il l’est tout aussi bruyamment de l’immigration et du brassage des peuples. « C’est grâce à l’immigration que l’Europe pourra maintenir sa prospérité. » Donc, « tournons le dos aux vieilles lunes nationalistes et sécuritaires. » Vive l’immigration, son multiculturalisme apatride et l’insécurité galopante qui en découle…
Et surtout, que l’UE ne soit pas « une confédération de nations indépendantes ». Ce serait, horreur, du souverainisme camouflé. « Plutôt que des nations unies européennes, nous avons besoins des Etats-Unis d’Europe, c’est-à-dire une Union fédérale avec un pouvoir fédéral et des règles fédérales. » Foulons aux pieds toute tentation « d’identité nationale », celle-ci n’étant que « le nouveau visage du nationalisme. Le dernier habillage de la vieille idéologie nationaliste ». Jetons dans les poubelles de l’histoire « la rhétorique pathétique du patriotisme (…). L’avenir de l’Europe sera post-national ou ne sera pas ». L’Europe fédérale ou le néant…
Voilà quel genre de « paix européenne » ce jury composé de politiciens norvégiens au rancart vient de nobéliser… Une UE qui veut, pour asseoir sa toute-puissance, désintégrer « pacifiquement » les Etats-Nations.