TOUT EST DIT

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dimanche 10 février 2013

État : Faites ce que je dis, pas ce que je fais, et merci pour tout

Les hommes politiques français n'hésitent pas à dénoncer l'exil fiscal des uns et l'optimisation fiscale des autres. S'ils veulent conserver une once de crédibilité, qu'ils commencent par empêcher les entreprises publiques de se soustraire à l'impôt.


L'once de crédibilité d'un élu français est une ressource qui se raréfie au même rythme que l'once de bon sens. On pourrait dénoncer le ridicule de leurs déclarations, par exemple lorsqu'ils dénoncent l'irrationalité des marchés pour la remplacer par leur propre irrationalité, lorsqu'ils dénoncent l'égoïsme de leurs compatriotes tout en préservant d'immenses avantages, appellent les Français à faire des sacrifices tout en versant à leurs proches collaborateurs des primes colossales ou encore font un devoir pour les Français de s'acquitter de l'impôt quel qu'en soit le montant mais en protègent leurs propres rémunérations et indemnisations. Mais ils ne se contentent pas de n'épargner qu'à eux-mêmes les difficultés que leur irresponsabilité fait peser sur le pays entier ; le comportement de l’État et ses ramifications va à l'encontre de leurs recommandations.
Zozo 1 et Zozo 2 en pleine réflexion !
L'ennemi de François Hollande, c'est la finance. La finance internationale, le grand capital apatride et les spéculateurs sont responsables de la crise, n'ont que faire du sort des travailleurs français et imposent leur dictature des marchés aux États qui aimeraient continuer à dépenser pour le bien-être de la population. L’État investit pourtant sur les marchés, dans une optique de rentabilité ; un bel exemple pour tous ceux qui, par leurs impôts, lui permettent de ne pas se soucier des pertes qu'il réalise.
Les suppressions d'emploi, les difficultés de trésorerie des entreprises et le manque d'investissement seraient le fait d'actionnaires trop gourmands. L’État a en la matière un comportement exemplaire, en exigeant des dividendes colossaux sans tenir aucun compte de la conjoncture et en investissant avec assez de discernement pour que les entreprises dans lesquelles il investit perdent 15% de leur capitalisation boursière alors que le CAC 40 prenait 5% sur la même période ; un actionnaire incompétent et impitoyable.
Les entreprises publiques françaises installent désormais leurs holdings dans des pays où la fiscalité est plus avantageuse. Elles pratiquent ainsi une optimisation fiscale que les hommes d’État dénoncent régulièrement etassimilent à de la fraude. EdF, dont l’État détient 84%, investit via les Pays-Bas et la Belgique. Rien qu'en Belgique, l'entreprise dispose de 7,6 milliards d'euros.
La minorité éclairée qui nous dirige ne peut pas l'ignorer ; pourtant, personne au sein de l’État ne dénonce le comportement de l’État lorsqu'il est investisseur, actionnaire et monopoliste. L’État et ses agents peuvent donc aujourd'hui se permettre de faire ce que les citoyens qui le financent et qu'il est censé servir ne peuvent plus se permettre.
Nous approchons rapidement du stade de l'inversion ultime : le stade où le gouvernement est libre de faire tout ce qu'il lui plait, alors que les citoyens ne peuvent agir qu'avec sa permission ; le stade des plus sombres périodes de l'histoire humaine, le stade du règne de la force brute. (Ayn Rand, "The Virtue of Selfishness")
Il est grand temps que les citoyens se souviennent que l’État est leur serviteur et non l'inverse. Il leur appartient de se réapproprier ses prérogatives, de l'empêcher d'imposer à tous des sacrifices qu'il refuse pour lui-même, de rappeler aux fonctionnaires et élus que leurs salaires sont financés par les salariés du privé et non l'inverse. Les Français ont perdu le contrôle de leur vie politique ; les débats se déroulent à une échelle nationale et supra-nationale qui ne leur permet plus d'échapper aux décisions prises par les prétendus représentants du peuple.
Il est grand temps que les citoyens comprennent que les décisions irresponsables prises par ceux qui les dirigent les engagent. Ce n'est pas l’État ou les hommes politiques qui devront rembourser la dette, mais les Français. Ce n'est pas l’État ou les hommes politiques qui financent les politiques de redistribution, mais les Français. Ce n'est pas l’État ou les hommes politiques qui financent les partis politiques, les syndicats, les associations et les entreprises subventionnées, mais les Français. Ce sont aussi les Français qui financent les guerres menées alors que nos frontières ne sont pas menacées, les annulations de dette offertes aux pays qui ne veulent pas rembourser et aux Français qui sont capables d'assez d'irresponsabilité pour se surendetter et pour lesquels les plus responsables paient, les subventions à une production audiovisuelle florissante mais incapable d'atteindre le seuil de rentabilité.
Les Français financent sous la contrainte les privilèges de l'État et de ses favoris, qui entendent leur dicter leur conduite. Combien de temps faudra-t-il pour qu'ils comprennent que la liberté leur est souhaitable en tous points et que le pouvoir, étant son ennemi, est le leur ?

Londres Tokyo Washington : les nouvelles armes de lutte contre la crise ouvrent-elles la voie à une guerre économique mondiale ?


Dévaluation du yen, relance de l'inflation, pression mise sur la Banque du Japon... le gouvernement japonais semble prêt à mobiliser tous les outils non conventionnels pour relancer la croissance du pays. Après avoir coopéré depuis 2008, les gouvernements vont-ils désormais jouer "seuls contre tous" ?
Depuis son élection de décembre 2012, Shinzo Abe, le nouveau Premier ministre du Japon, a amorcé une profonde refonte de la stratégie économique du pays. Après avoir presque remis en cause l'indépendance de la banque centrale du pays - ayant provoqué un départ précipité de son gouverneur qui a souhaité manifester ainsi son désaccord - afin que celle-ci assouplisse sa politique monétaire et son objectif d'inflation, quitte à dévaluer le Yen, pour relancer l'économie, il a annoncé un plan de relance gigantesque représentant 12% du PIB afin d'atteindre 2,3% de croissance entre avril 2013 et mars 2014.

Atlantico : Le gouvernement japonais semble prêt à mobiliser tous les outils non conventionnels pour relancer la croissance du pays qui a enregistré un déficit commercial record en 2012. Après avoir coopéré depuis 2008, les gouvernements sont-ils désormais prêts à jouer "seuls contre tous" pour relancer leur économie ? Politique de Shinzo Abe, montée de Silvio Berlusconi... une guerre économique mondiale est-elle envisageable ?

Simone Wapler : Une "guerre" serait une concurrence déloyale. Les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce ont encadré les règles de la concurrence économique mondiale et limité les barrières douanières. Les taxes douanières préservent un pays d’un envahisseur en pénalisant les importations dans ce pays.
Mais l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001 a bouleversé une confortable routine dans laquelle vivaient des pays qui connaissaient à peu près un même niveau de compétitivité. Cette concurrence est saine puisque de nombreux biens et services nous sont accessibles à des prix plus faibles. Par ailleurs, il ne paraît pas injuste qu’à talent égal ou production de qualité identique, ceux qui travaillent le plus gagnent cette compétition économique. Tous les consommateurs du monde y trouvent leur compte. Combien coûterait un Smartphone fabriqué aux Etats-Unis ou dans la France des 35h et des avantages ?
Maintenant que reproche-t-on au Japon ? Non pas de mettre des barrières douanières mais une concurrence déloyale consistant à faire baisser le yen. C’est absolument risible ! Le Japon fait exactement ce que font depuis 2008 les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, l’Europe, la Suisse et j’en passe. Il fait exactement ce que veut faire Mario Draghi. Il utilise sa planche à billets. Simplement, il dit, par la voix son premier ministre "premièrement, j’augmente la cadence", "deuxièmement, cette fois, avec ma fausse monnaie, j’achète la dette des autres pays". Car le livret A d’un banquier central, ce sont les obligations souveraines.
Le titre "guerre des monnaies", ça fait vendre, mais ce n’est pas autre chose qu’un réglage du débit de la planche à billets des faux-monnayeurs officiels.
Nicolas Goetzmann : Ce qui est présenté comme une guerre économique mondiale n'est rien d'autre que la sortie de crise. Ce que font le Japon, les Etats Unis, et bientôt le Royaume Uni par le voie de la relance monétaire est un soutien à leur marché intérieur. Le relance monétaire permet au Japon de s'extirper de la stagnation économique qui le frappe depuis 20 ans, non pas en "volant" une part du gâteau aux Européens, mais en agissant sur sa demande intérieure. Si les japonais consomment et investissent plus, c'est un bon signe pour tout le monde, il s'agit de la 3e économie mondiale et ce n'est pas sans effet.
Ce que nous percevons de l'extérieur n'est que la conséquence de cette relance, à savoir une baisse du Yen provoquée par le relèvement des anticipations de croissance et d'inflation de l'économie Japonaise  Mais ceci n'a qu'un effet mineur sur les exportations. Le japon produit beaucoup en Chine par exemple, et est de fait également pénalisé par la baisse de sa monnaie. Les inconvénients viennent compenser les avantages. 
La seule guerre économique mondiale que l'on pourrait craindre est de répéter les erreurs des années 30. Suite à la dévaluation anglaise de 1931, la France avait mis en place des barrières douanières importantes qui ont eu des effets désastreux. La différence est énorme entre soigner son économie intérieure via la monnaie (qui profite à tous) et pénaliser celle des autres via les barrières douanières

Quelles seraient les conséquences d'une guerre économique mondiale ? Y auraient-ils des gagnants ou uniquement des perdants à terme ?

Nicolas Goetzmann : Encore une fois, si cette soit disant guerre consiste à relancer les économies en modifiant les différentes politiques monétaires dans un objectif de croissance, nous sortirons de la crise. Encore faudrait-il que l’Europe le comprenne. Par contre, et je ne veux pas le croire, si nous entrons dans une guerre de protectionnisme généralisé, la situation empirera.
Concernant les gagnants et les perdants, les choses sont claires. Pour le moment les Etats Unis ont un taux de chômage qui est passé sous la barre des 8%, le Japon est à 4.1%, Le Royaume Uni à 7.7%, et L’Europe est à 12%. Les 3 premiers n’ont pas plus d’inflation que l’Europe alors chercher l’erreur. La politique menée en Europe est-elle la meilleure ? Cela devient grotesque.
Simone Wapler : Après la Grande dépression de 1929, la guerre économique avait consisté à dresser des barrières douanières, ce qui a gelé le commerce mondial et aggravé la crise. Nous "avons tiré les leçons de 1929", nous vantent nos grands planificateurs omniscients qui s’occupent de notre sort durant cette Grande récession entamée en 2008. Évidemment, cette politique de guerre des changes ne résoudra rien. Une dévaluation procure un avantage concurrentiel fugace qu’il faut mettre à profit rapidement, ce qui est faisable par des populations jeunes et une économie dynamique et souple. Mais si tout le monde fait la même chose en même temps, les monnaies sombrent toutes, plus ou moins rapidement. L’avantage temporaire s’évanouit. En revanche subsistent la déconsidération de l’élite, le mépris de la population bernée pour ses grands planificateurs omniscients, l’appauvrissement général…

Alors que les Américains n'hésitent pas à faire fonctionner la planche à billet, le Japon est prêt à diminuer le cours de sa monnaie pour gagner en compétitivité. Dans le même registre, la Chine est régulièrement accusée de maintenir volontairement sa monnaie sous-évaluée. Alors que le cours de l'euro s’accroît face aux autres devises, l'Europe est-elle la dernière zone économique à jouer fair play ? (Comment doit-elle se préparer face aux Etats-Unis, Japon, Chine... ?)

Simone Wapler : Je n’appartiens pas à la caste des grands planificateurs omniscients. Je n’ai donc aucune idée sur ce que devraient faire des pays et encore moins des continents ! Je constate simplement que cette élite dirigeante échoue. Je ne vois pas en quoi créer de la fausse monnaie et en inonder le monde peut améliorer la vie des citoyens. On ne trouve aucune trace dans l’Histoire qui puisse justifier cette politique. En revanche, en tant que citoyen, nous devons nous préparer à ce que ce type d’expérience se termine mal car, dans ce sens, l’Histoire est riche d’enseignements. Le cimetière des "monnaies adossées à rien" est très vaste et on dénombre pas moins de trente pierres tombales du XXème siècle. L’hyperinflation est une maladie génétique mortelle des monnaies fiduciaires. La Chine vient de battre tous ses records d’importation d’or depuis Hong-Kong. On se demande bien pourquoi…
Nicolas Goetzmann : Au contraire, la zone Euro n’a toujours pas compris qu’elle est dans l’erreur. Comment voulez-vous faire comprendre à un américain qu’il ne doit pas agir sur sa monnaie alors que leur taux d’inflation est plus faible et que leur chômage est 4 points plus bas que le nôtre ? C’est L’Europe qui fait la guerre ici, elle entraine tout le monde vers le bas et accuse le premier qui essaye de s’en sortir de ne pas être fair play.
C’est une course de voiture, l’Europe enclenche son frein à main et trouve que les autres concurrents ne sont pas fair play ? La comparaison est aussi absurde que la situation. L’Euro n’est pas surévalué, il traduit simplement la politique de rigueur menée par la BCE.