vendredi 26 septembre 2014
Nos trois nationalités
Il me semble que nous sommes devenus des citoyens de notre temps au moins autant que de notre lieu.
Chacun d’entre nous, si nous nous en tenons à nos passeports ou autres documents officiels, sommes légalement les citoyens – ou les sujets – d’un seul pays. Cette affiliation obligatoire a pour origine lointaine le Traité de Westphalie de 1648, lorsque les monarques et les prélats en Europe se répartirent les territoires et leurs habitants derrière des frontières supposées inaltérables. À aucun moment dans ce partage, il ne fut tenu compte du vœu des populations, pas plus de leur liberté religieuse que de ce qui ne s’appelait pas encore les Droits de l’homme. Nous avions l’occasion de dénoncer l’archaïsme de cet « ordre mondial » qui perdure jusqu’à nos jours quoique dépassé de l’intérieur et contesté de l’extérieur. La Chine y voit un complot occidental, les Russes une manière de contenir leurs ambitions et les Islamistes un obstacle à la restauration du Califat. Or, il se trouve par coïncidence que Henry Kissinger, qui a consacré sa carrière de diplomate à sauver cet ordre westphalien, publie cette semaine, aux États-Unis, un ouvrage intitulé Ordre Mondial déplorant l’effondrement de ce vieux système.
S’agit-il d’une coïncidence ? Plutôt un constat : ceux qui pensent l’époque à voix haute, tendent tous à penser la même chose en même temps. Cette concomitance des chroniqueurs est quelque peu déroutante et une leçon de modestie pour ceux qui se prennent pour des penseurs originaux. Mais, au contraire de ce que regrette Kissinger, il me semble que nous sommes devenus des citoyens de notre temps au moins autant que de notre lieu. Cette citoyenneté du temps fut bien expliquée et intériorisée parIsaiah Berlin, professeur de philosophie à Oxford, originaire de Riga qui fut russe avant de devenir la capitale de la Lettonie, Juif et Sioniste, tout en étant citoyen britannique. Un journaliste (moi, je crois) lui demanda un jour d’où il était vraiment ? « Question stupide », rétorqua Isaiah Berlin, « je suis de mon époque et pas d’un lieu ». À vrai dire, nous sommes tous de notre époque, beaucoup plus que nous ne l’imaginons.
À cette citoyenneté du temps, en plus de celle du territoire, j’ajouterai que, la mondialisation aidant – depuis les années 1990 – nous sommes, de surcroît, devenus des citoyens du monde : trois citoyennetés donc, au moins, car certains y ajoutent volontiers une filiation ethnique, religieuse ou linguistique. À Henry Kissinger, nostalgique emblématique de « l’ordre mondial », et à Isaiah Berlin, citoyen du temps, j’ajouterai que citoyen triple, il nous appartient, faute d’avoir vraiment le choix, d’accepter cette triple nationalité et, si possible, de bâtir sur elle un nouvel ordre collectif stable autant qu’une vie personnelle empreinte d’espérance plus que de craintes ou de regrets.
Macérer dans le bon vieux temps à la Kissinger, qui voulut être Metternich et ne l’aura pas été, me paraît aussi inutile que cynique. Car feu l’ordre mondial tel que l’invoque Dr K., sous couvert du réalisme contre l’idéalisme, ne fut jamais que le règne d’une aristocratie soucieuse de ses bénéfices et totalement indifférente aux peuples opprimés par cet ordre mondial-là. Cette Realpolitik garde ses apôtres : il est aujourd’hui significatif que ses partisans, Kissinger parmi eux, proposent, par exemple, de neutraliser l’Ukraine – la « finlandiser » comme on le dit en vocabulaire diplomatique -, sans s’interroger un instant sur les désirs des Ukrainiens. De même, pour les partisans de la Realpolitik, Poutine, Xi Jinping, Bachar El Assad, Abdel Fatah Al Sissi, voici des interlocuteurs sérieux avec qui on peut discuter plutôt que d’écouter les excités de la Place Maidan à Kiev, ceux de la Place Al Tahrir au Caire ou de Tien Anmen à Pékin. Mais, en revenir à cet ordre ancien implique d’oublier ces bavures regrettables de la Realpolitik que furent les génocides, les ravages des guerres territoriales, religieuses et idéologiques, en un temps où les puissants du monde détournaient le regard au nom de l’ordre. Comme l’avait écrit Goethe, « Mieux valait, n’est-ce pas, une injustice que le désordre ».
La triple nationalité rend cet ordre ancien caduc, n’en déplaise à tous les Dr K. et à leur clientèle, et à Goethe. Il nous faut envisager que, désormais, la justice vaut mieux que l’ordre : l’accès de tous à la parole, ne serait-ce que par les médias sociaux, confère à chacun d’entre nous la même puissance d’expression qu’aux grands de ce monde. Tant pis pour les réalistes, les idéalistes sont en voie de gagner la partie. Ces idéalistes peuvent s’avérer incompétents, mais les réalistes étaient-ils et sont-ils compétents ? Il reste à prouver que les résultats de la Realpolitik furent plus positifs et plus humains que ceux des idéalistes incompétents. Par conséquent, la triple nationalité qui est devenue la nôtre ne nous fait pas nécessairement entrer dans le meilleur des mondes possibles mais elle invite à contempler, sans regret aucun, le monde ancien. Cette triple nationalité libère parce qu’elle offre le choix entre des allégeances diverses : nous sommes de moins en moins les sujets des princes qui nous gouvernent et toujours plus des individus libres de nos choix, ces choix fussent-ils inconséquents. Mais ce sont les nôtres.
Politique française : plutôt que la guerre des chefs, la liberté !
Quand le pays a besoin de vérité et de lucidité, on lui offre la guerre des chefs, à droite comme à gauche. Et au centre comme aux extrêmes.
Six millions de chômeurs, un déficit budgétaire de plus de 4%, l’insécurité domestique et le terrorisme international, le déchaînement de la violence et de la haine au sein de la société, les menaces sur la famille et l’éducation.
Mais pendant ce temps-là, la presse nous donne les nouvelles excitantes d’une France qui vit à l’heure de ses universités d’été, où l’on spécule sur le retrait de Hollande et le retour de Sarkozy. On vit à l’heure de 2017, sans doute pour ne pas voir ce qui se passe en 2014. Et l’on établit la stratégie (ou ce que l’on tient pour telle) à partir des 37 % de Madame Le Pen contre les 25% de Monsieur Hollande (dont on suppose bien évidemment qu’il sera le candidat de la gauche unie) et les 42% de Monsieur Sarkozy (dont on suppose qu’il est obligatoirement le seul candidat possible de la droite). Des sondages se multiplient pour savoir quel candidat aura les suffrages des Français en 2017. C’est à mes yeux totalement décalé, révoltant, immoral et imbécile.
Quand le pays a besoin de vérité et de lucidité, on lui offre la guerre des chefs, à droite comme à gauche. Et au centre comme aux extrêmes. L’arithmétique électorale est le passe-temps favori de la classe politique, à croire que c’est tout ce qu’elle sait faire.
Cette hérésie n’est pas surprenante, mais elle est consternante.
Elle n’est pas surprenante avec le régime constitutionnel que s’est donné la Vème République. Dans une monarchie absolue, la classe politique passe son temps à chercher le monarque, elle est encouragée dans cette voie par la nullité du roi actuel, même s’il ne veut pas démissionner. Mais cette constitution traduit en fait l’idolâtrie séculaire que le peuple français voue au chef, à l’homme providentiel. Le peuple adore le pouvoir et celui qui incarne le pouvoir. De Charlemagne à Louis XIV, de Bonaparte à De Gaulle, c’est le chef qu’on vénère, quitte à le condamner à mort de temps en temps. Le peuple a remis son sort entre les mains du despote ; c’est dire que l’on est loin de la démocratie la plus élémentaire – ce qui n’empêche pas de tenir des discours enflammés sur la démocratie, les valeurs républicaines, les droits de l’homme et autres belles références.
Mais cette hérésie est consternante. Elle interdit tout exercice de réflexion politique en dehors de la prospective électorale. Elle dispense de tout programme : c’est le grand chef qui dira ce qui est à faire, et il fera pour le mieux. J’aimerais bien savoir sur quel critère certains Français se sont prononcés au cours des précédentes élections générales. Sortir les sortants : c’est un programme formidable. Barrer la route à la gauche (ou à la droite) : c’est un programme constructif. En finir avec la crise et le chômage : c’est un programme utopique car l’État n’offre pas de solution, lui qui est à l’origine du problème. En fin de compte, c’est l’art de paraître qui fait la différence. La communication tient lieu de convictions.
Il se trouve de plus qu’il y a souvent contradiction entre la sympathie qu’inspire le chef et la pertinence de son action. Bien sûr, pour la forme, il y aura des propositions faites aux électeurs. Mais elles ne sont que très rarement mises en application. Quel électeur de Chirac, Sarkozy ou Hollande a-t-il été comblé par la politique menée pendant leurs mandats ? Puisque Sarkozy tient aujourd’hui la vedette, peut-on se poser quelques questions au sujet de son action ? Qui a révisé le code du travail et a oublié de supprimer la durée légale du travail hebdomadaire ? Qui a mené le G 20 sur la route de la relance et du retour de l’État pour lutter contre la crise dénoncée comme crise du système capitaliste et la mondialisation ? Qui a donné à Poutine les armes tactiques pour asservir la Géorgie et reconstituer l’URSS ? Qui a développé le thème du « patriotisme économique » bien avant Montebourg ? Qui a organisé le Grenelle de l’environnement et son cortège de réglementation et de subventions bien avant Duflot ? Qui a demandé chaque année un moratoire pour honorer les engagements pris en matière de discipline budgétaire bien avant Moscovici ? Qui a fait un coup d’éclat en Libye et applaudi aux printemps arabes ? Qui a créé plus de soixante impôts nouveaux ?
Je ne veux pas faire un procès d’intention à Nicolas Sarkozy. Il n’avait pas promis grand-chose et le peu qu’il avait promis n’a pas été fait. Mais il était dans la logique du système de démocratie à la française : chèque en blanc au Président. Tous au Fouquet’s… C’est pourquoi je m’adresse aujourd’hui à lui, comme aux autres : faites-nous connaître au plus tôt votre programme. Comme le disait Jacques Rueff : « Soyez libéraux, soyez socialistes, mais dites la vérité ». Or, depuis des décennies, les politiques que vous avez menées ont été illisibles.
Je m’adresse aussi aux Français : ne jugez plus un candidat sur son apparence, n’allez pas vers lui au prétexte qu’il est le mieux placé, ou le meilleur rempart, ou le plus courageux, exigez avant tout qu’il vous fasse connaître ses convictions et son programme. Le programme traduit concrètement un choix de société : voulez-vous l’étatisme, le dirigisme, ou la liberté ? Voulez-vous le collectivisme et le « modèle social français » ou les droits individuels et la liberté ? Voulez-vous restreindre la propriété ou honorer la réussite et récompenser le mérite ? Ces questions simples, et d’autres, ne sont jamais évoquées. Elles obligeraient pourtant les candidats à faire connaître leurs convictions profondes. Beaucoup seraient gênés, faute de conviction autre que leur désir d’accéder au pouvoir.
Il appartient aux libéraux français de rompre avec la tradition et de harceler la classe politique et les candidats pour qu’ils disent enfin la vérité sur leurs projets. Il nous intéresse de savoir quel sort ils réservent à la liberté.
Sommet climatique : le Monde nous propose une petite vidéo mensongère
La France est riche et François Hollande entend bien le faire savoir au reste du monde, en lui faisant verser un milliard d’euros contre le réchauffement climatique, paf, comme ça, cash, parce qu’il est généreux, le père François. C’est au lancement du Sommet pour le Climat à New-York que le très charitable Chef de l’État a fait cette annonce fracassante (pour les finances publiques), alors que tout indique pourtant que ce sommet sera un fiasco mou. Pourtant, tout a été fait pour sensibiliser lourdement les masses bêlantes de citoyens écoconscients.
Tenez, prenez la dernière vidéo du Monde sur le sujet. C’est une de ces petites vidéos dont l’organe de presse se fend régulièrement, avec ce petit côté propagandiste léger comme un loukoum plongé dans un baril d’huile de vidange, qui donne tout son sens aux subventions versées par millions pour compenser le manque chronique de lectorat. On se rappelle en effet d’une précédente édition qui tentait de nous présenter l’économie de la Culture et qui se transformait en ouragan de facepalms dévastateurs.
Et donc cette fois-ci, la fine équipe de barbouilleurs vidéos du Monde, fièrement aidée d’un Stéphane Foucart toujours aussi consciencieusement à côté de la plaque, réalise l’exploit de renouveler leur performance consternante en se penchant sur le sujet du réchauffement climatique. Seul souci : sur les quatre minutes de vidéo, il ne s’en passe pas une sans que l’une ou l’autre affirmation péremptoire vienne heurter le crépi douloureux de la réalité de plein fouet, fesses nues en avant. C’est, véritablement, une festival de matraquage écologiste à la petite semaine, où tous les poncifs du genre sont agglutinés pour tenir dans le format indigent des quatre minutes d’une vidéo pour le web, telle une enfilade de perles anti-scientifiques formant au final un magnifique collier de nouilles réchauffiste.
Et quand je dis qu’il ne s’écoule pas une minute sans une contre-vérité navrante, il suffit d’écouter les 10 premières secondes pour s’en rendre compte, puisque la vidéo commence son voyage inter-sidérant par, je cite :
« 97% des scientifiques travaillant sur le changement climatique estiment que la Terre se réchauffe en raison des activités humaines. »
Patatras, ça commence très mal. Et pendant que retombe doucement la peau de banane sur laquelle vient de glisser l’équipe du Monde, Foucart en tête, rappelons à toutes fins utiles que ce fameux taux de 97% est une parfaite foutaise. En réalité, comme le dissèque David Friedman dans un article que ni Foucart, ni la plupart des fervents réchauffistes n’ont lu ou même étudié, le taux provient d’une analyse particulièrement large (pour ne pas dire grossière), sur un ensemble de papiers scientifiques déjà assez mal qualifié. En outre, ce 97% ne veut à peu près rien dire puisque pour rappel, la science n’est jamais une affaire ni de majorité, ni de consensus, mais de théories, réfutables, de faits et d’expériences reproductibles. Or, en face de ces prétendues pléthores de scientifiques qui seraient tous d’accords avec a/ le fait que la Terre se réchauffe et que b/ ce serait en raison des activités humaines, on trouve une autre grosse palanquée de scientifiques (plusieurs dizaines de milliers) qui n’acquiescent pas soit à a/, soit à b/, soit au deux. Tant pour le 97% que pour le consensus, on repassera donc.
Bien évidemment, le reste de la vidéo est à l’avenant. Il serait longuet de revenir sur toutes les torsions de faits qu’elle rassemble, mais on doit cependant évoquer, au moins en passant, l’effet de serre, phénomène physique qu’elle décrit avec aplomb… alors que c’est, comme beaucoup de phénomènes physiques complexes liés au climat, encore un domaine largement ouvert au débat. Il est dès lors atterrant de constater que la vidéo, comme tout le discours écologique actuel, passe toute prétention de scientificité par la fenêtre et ne se concentre plus que sur le seul CO2, oubliant par exemple la vapeur d’eau alors qu’il en serait, selon les tenants de ce fameux effet de serre, son principal contributeur.
Et c’est vers la quarantième seconde de purée vidéographique rigolote qu’on apprend, au sujet de l’effet de serre, que « c’est justement cette mécanique que l’Homme a déréglée ». Moui, bon sauf que justement, alors même que le reste est ouvert à débat, l’affirmation que l’Humanité aurait déréglé quelque chose est elle-même le point principal de la controverse. Ici, pour Foucart et sa brochette d’intermittents de la science, « Science is settled« , et il n’y a donc pas besoin d’y revenir : déforestation (mais pourquoi la Terre reverdit-elle, alors ?) et agriculture intensive sont des causes évidentes, point, n’en parlons plus.
Dès lors, le reste est du velours. Partant de la certitude que l’effet de serre fonctionne bien comme la vidéo le croit, partant du principe que le CO2 est le principal coupable, partant de l’idée affirmée avec force que l’Homme est responsable, on peut sans sourciller balancer, entre deux rots qu’on pourra faire passer pour une vérité scientifique :
« Ces gaz à effet de serre s’accumulent et atteignent des niveaux record »
Drôle de record, parce que selon les études géologiques longues, les taux observés actuellement sont franchement pépères. Pour mémoire, si nous atteignons actuellement 400 parties par millions de CO2 dans notre atmosphère, l’activité proutogène (ou industrielle, allez savoir) des dinosaures du Crétacé (1700 ppm) ou du Jurassique (1950 ppm) devrait rétrospectivement nous terrifier, ou, plus logiquement, nous rassurer : nous avons encore de la marge, et compte tenu de la santé pétulante des dinosaures de l’époque, on peut raisonnablement admettre que même en multipliant la quantité de CO2 dans l’atmosphère par deux ou trois, on resterait très sage par rapport à nos lointains ancêtres.
Au passage (vers 1:10), je note rapidement les petits dessins illustrant, dans la vidéo, l’effroyable passage de 270 ppm de CO2 au début du siècle au taux actuellement observé de 400 ppm, qui donne ceci :
La représentation, jusque là aimablement croquignolette, passe dans le domaine du farfelu, sachant que, tout bien considéré, passer de 270 à 400 devrait plutôt donner ceci :
Conséquence de cette (énhaurme) hausse pour la fière équipe de propagandiste du Monde ? Les températures ont déjà augmenté de 0.8°C depuis le début du siècle (sauf sur les dix-sept dernières années où les températures ont refusé de monter, selon le GIEC lui-même, zut alors), et les épisodes caniculaires sont plus fréquents (même si aucune preuve ne vient étayer cette affirmation). Et si l’on part de l’hypothèse tout à faitréaliste d’un doublement de la concentration de CO2 d’ici 2100 (date pratique puisque tous ceux qui ont fait la vidéo et ceux qui l’écoutent seront vraisemblablement morts ou n’en auront plus rien à faire), alors la température augmentera dans une fourchette de 1.5° à 4.5°. Admirez à la fois la précision diabolique (au demi-degré près), la minceur de la fenêtre (3 gros degrés joufflus), et la date de la prévision (plus de 80 années dans le futur). Pas de doute, la climatofumisterie a encore de beaux jours devant elle.
Ce n’est malheureusement pas la seule conséquence de tout ce méchant CO2 rejeté dans l’air : à ces températures subitement élevées, il faudra ajouter la montée irrémédiable des océans à cause de la fonte … des banquises (diable, même les banquises sont mises à contribution dans ce foutoir !), des glaciers et des calottes polaires, ce qui est évidemment une catastrophe parce que tout le monde sait que le froid et l’eau gelée, c’est bien plus agréable à la vie comme en atteste la faune et la flore luxuriante des pôles. Mais bon, d’un autre côté, rassurez-vous : si le niveau des océans monte (peut-être), en tout cas, il ne le fait pas autour des îles. Ouf. C’est déjà ça. Ça explique sans doute l’absence joyeuse de millions de réfugiés climatiques pourtant garantis sur facture par l’ONU au début du siècle.
Et puis ces catastrophes (températures élevées, hausse des océans, Noé qui n’a toujours pas fini son arche pour des raisons de paperasserie administrative, etc…), il faudra bien sûr ajouter l’inénarrable acidification des océans (dont les effets sont inconnus mais forcément néfastes avec plein de conditionnels lourds de menace) qui tue les coraux, les ours et les manchots, et l’augmentation des méchantes sécheresses que n’expliquent pas ce satané reverdissement de certaines parties du Sahara, mais baste, si on devait s’encombrer de faits et de réalité, cette vidéo n’aurait plus ni queue ni tête.
Après presque quatre minutes de navrantes affirmations du même acabit douteux, la vidéo rend les armes sur un avenir sombre dépeuplé des espèces animales, marines ou non, détruites par cette méchante humanité qui pollue à coups de CO2. Et alors que le Président vient d’engouffrer un milliard virtuel dans une lutte climatique de plus en plus absurde, Le Monde, phare moderne de la pensée francophone, continue son devoir messianique de propagande climato-alarmiste en proposant ce genre de vidéos.
Joie ! L’argent du contribuable a été bien dépensé et les subventions continueront donc à tomber.
DÉSOLÉ, MAIS PAS MOI
DÉSOLÉ, MAIS PAS MOI.
PAS MOI, JE NE METS PAS MON DRAPEAU EN BERNE, CE N'ÉTAIT QU'UN HOMME, IL A FAIT UNE CONNERIE EN ALLANT EN ALGÉRIE, IL A ÉTÉ ASSASSINÉ LÂCHEMENT, C'EST VRAI, MAIS CELA NE MÉRITE PAS QUE L'ON METTE LES DRAPEAUX FRANÇAIS EN BERNE...
FAUT PAS DÉCONNER !
Au milieu du gué
Mieux valait prévenir à l'avance : quand on commence une guerre en claironnant, il est recommandé d'en assumer toutes les conséquences et de ne pas s'arrêter au milieu du gué. L'odieuse décapitation d'Hervé Gourdel nous plonge dans l'univers d'une « vraie » guerre dont on voudrait être certain que nos dirigeants avaient pris toute la mesure. Laissons donc de côté, maintenant, les belles paroles nous donnant l'illusion d'une grandeur qui n'est plus vraiment notre apanage. Et n'imaginons pas que les appels vibrants à l'unité nationale devant les drapeaux en berne, suffiront, une fois l'émotion retombée, à faire taire les doutes de l'opinion ou à la détourner des problèmes du quotidien.
Ne pas s'arrêter au milieu du gué, pour la France, c'est nécessairement s'interroger sur les suites à donnner à son engagement. Si le conseil de sécurité d'hier à l'Élysée a surtout insisté sur le renforcement des mesures antiterroristes en France et étendu à quarante pays les consignes de vigilance pour nos ressortissants, la question des frappes aériennes sur la Syrie « est posée ».
Elle nous plonge au c'ur d'un dilemme : les ennemis de nos ennemis peuvent-ils devenir nos « amis » ? Autrement dit, pouvons-nous, en Syrie, aider Bachar al-Assad, que nous voulions éliminer, à combattre les djihadistes de l'EI et le renforcer dans son pouvoir despotique ? Avec moins de scrupules que nous, qui attendons un impossible feu vert onusien, les Américains ont franchi le pas. Hier encore, ils ont bombardé en Syrie des raffineries contrôlées par les jihadistes.
Il ne faut pas se cacher qu'une condition nécessaire (sinon suffisante) pour vaincre l'État islamique, impose de porter des coups sur ses bases arrières syriennes. Tel est le paradoxe de cette guerre que de provoquer un renversement des alliances. Après avoir refusé il y a un an de « punir » avec nous Bachar al-Assad parce qu'elle négociait avec l'Iran (soutien de Damas) un accord sur le nucléaire, l'Amérique a changé son fusil d'épaule. La France, malgré ses doctes principes, ne pourra pas rester longtemps au milieu du gué.
L’interview politique d’Emmanuel Ratier
La situation politique est tellement perturbée et la déliquescence du pouvoir si avancée que nous sommes allés consulter Emmanuel Ratier en urgence, analyste percutant, bien connu pour ses enquêtes sur le milieu de la politique et les réseaux de pouvoir, afin qu’il nous éclaire de ses codes de décryptage et de ses prédictions bien renseignées.
— Est-ce que le retour de Sarkozy change quelque chose ?
— Cela cristallise enfin les véritables enjeux : il manquait un personnage clé sur l’échiquier politique, qu’il s’agisse du roi ou du fou cela n’a pas d’importance. Le retour de Nicolas Sarkozy signifie d’abord la fin des espérances présidentielles de François Fillon et d’Alain Juppé. L’ex-président de la République, absolument convaincu de l’emporter sur Marine Le Pen avec environ 60 % des suffrages, a arrêté une stratégie précise : « Moi ou Marine. » Il va faire disparaître l’UMP au profit d’une nouvelle entité à sa botte (pour réunir ses fidèles, marginaliser ses concurrents et interdire toute primaire).
Le nouveau modèle de Nicolas Sarkozy est désormais Angela Merkel, dont le parti, la CDU, est passé de la droite conservatrice au centre droit et gouverne désormais avec le SPD, voire dans certains länder avec les Grünen. C’est donc une ligne progressiste et libérale-mondialiste qui sera retenue, l’ex-président n’ayant jamais abandonné l’idée (mise en œuvre durant la première partie de son quinquennat) de récupérer des socialistes accommodants.
Vous avez très certainement remarqué que Nicolas Sarkozy n’était pas du tout clair sur le « mariage » homosexuel lors de son passage à France 2. Dans Le Nouvel observateur du 11 septembre, on lui prêtait ces propos : « Le mariage pour tous, je m’en fous. Ce n’est pas un sujet. Moi, de toute façon, j’avais toujours défendu une union civile. » Quant à la frange « extrémiste » qui a surgi des rangs de la Manif pour tous, l’an dernier, il la qualifie de « fascisme en loden ».
Hollande et le « M’en parler plus tard »
— Comment va réagir la gauche ?
— La gauche ne va pas réagir. Elle est pieds et poings liés avec Bruxelles. Et elle est autiste. « M’en parler plus tard. » C’est la remarque qu’écrit, depuis plusieurs semaines, François Hollande sur toutes les notes concernant le retour en politique de Sarkozy. Alors que l’ancien président est dans toutes les têtes, il est quasiment interdit de converser à son sujet à l’Elysée. Le président de la République pratique désormais le déni de réalité. Il en est de même de Manuel Valls : « Dans ma fonction de chef du gouvernement, je ne dois pas être préoccupé par la vie des partis d’opposition. »
Doublement frappé par le brûlot de Valérie Trierweiler et le départ de Julie Gayet, le président, que l’on dit dépressif, vit désormais replié à l’Elysée en tout petit comité composé de quelques amis de toujours (notamment Me Jean-Pierre Mignard et Bernard Poignant), de quelques rares « visiteurs du soir » (comme Julien Dray) et d’énarques issus de la promotion Voltaire, en particulier le secrétaire général de l’Elysée Jean-Pierre Jouyet. Lequel l’accueille régulièrement le week-end en compagnie de sa femme Brigitte Taittinger.
— Envisagez-vous une démission ou une dissolution ?
— Rappelons ce que Hollande confiait à Edwy Plenel dans Devoirs de vérité en 2006 : « Je pense qu’il y a forcément un exercice de vérification démocratique au milieu [NDA : donc d’ici à la fin de l’année 2014] de la législature. (…) Si d’aventure, à l’occasion de la vérification démocratique, une crise profonde (…) intervenait, contredisant l’élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence. » Et ce qu’il promettait en 2012, durant la campagne électorale : « Deux ans et demi pour le redressement, deux ans et demi pour redistribuer. »
Le problème, c’est qu’il faudrait du courage à François Hollande pour trancher. Or le président est atteint d’aboulie et pratique la politique du rat crevé au fil de l’eau.
— Les mauvaises nouvelles vont-elles continuer à pleuvoir dru sur le président Hollande ?
— Oui. Le Sénat va repasser « à droite » fin septembre. Idem aux cantonales de mars et aux régionales de décembre 2015. Depuis le premier tour des municipales, le calendrier politique de François Hollande n’a cessé d’être subi, tout en se précipitant : vague bleue au second tour des municipales, démission du gouvernement Ayrault, imposition du gouvernement Valls, victoire du FN aux européennes, premier remaniement du gouvernement début juin, démission du gouvernement en août, nomination et démission de Matthieu Thévenoud, atteint de « phobie administrative », livre dévastateur de Valérie Trierweiler (les « sans dents »), doutes sérieux sur l’authenticité des diplômes du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, etc. Le tout, pour aboutir à une impasse aussi bien économique que politique.
Comme le titrait le 25 août le Daily Telegraph, on sent comme « un vent de pré-éviction à la Berlusconi », d’autant que François Hollande a en réalité perdu sa majorité à l’Assemblée nationale (où il ne disposait que d’une voix de majorité) à quelques semaines du vote du budget 2015. La plupart des participants à la primaire (Martine Aubry, Arnaud Montebourg) et ses alliés du second tour de la présidentielle (Eva Joly et Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou, etc.) l’ont lâché.
Comme le reconnaissait lui-même Hollande en janvier 2013 : « Montebourg, les Verts… Si je devais m’en séparer, je finirais tout seul. » Désormais c’est « Monsieur 1 % ».
— Comment calculez-vous « Monsieur 1 » alors qu’il est à 13 d’opinions favorables dans les sondages ?
— Il est à 13 % mais dans le précédent sondage, paru dans Le Figaro (institut TNS Sofres) quelques jours auparavant, il y avait un élément sidérant : il n’y a plus que 1 % de la population à faire « tout à fait confiance » au président de la République (et 17 % « plutôt confiance »). Et 2 % « tout à fait confiance » au Premier ministre (et 28 % « plutôt confiance »). A 13 , on se demande même s’il y a encore ce fameux 1 . 1 % ce doit être le nombre d’élus socialistes en France…
La seule certitude politique à moyen terme qu’on voit bien dans les sondages, c’est que Marine Le Pen sera nécessairement au second tour de la prochaine élection présidentielle, qu’elle ait lieu demain ou dans deux ans. Elle a su d’abord maintenir le score de son père Jean-Marie Le Pen, puis l’amplifier à l’élection présidentielle, l’élargir encore aux européennes et le cristalliser très rapidement. On lui prête de l’ordre de 40 , voire plus à la prochaine présidentielle. Le slogan pour attendre 51 n’est donc pas dépourvu de sens, ce qui était totalement inimaginable il y a encore deux ans.
— Pensez-vous comme Denis Tillinac que nous assistons au réveil du peuple de droite ? Je le cite : « Le succès des “marches pour tous”, l’élection d’académiciens politiquement incorrects, l’audience croissante de chroniqueurs indociles : (…) On voit émerger ici et là des postures informelles, encore brouillonnes mais d’une ferveur juvénile, qui promettent une émancipation des esprits inédite depuis un demi-siècle. »
— Chacun sait que Tillinac, en fidèle du chiraquisme, a toujours roulé en définitive pour la fausse droite ou la droite réactionnaire la plus bourgeoise (dans son plus mauvais sens, celle qui a trahi toutes les valeurs). C’est un pur conformiste. A la différence d’un Zemmour, on ne l’a jamais vu s’exprimer sur les sujets qui fâchent. Vous verrez qu’il soutiendra Nicolas Sarkozy et pas Marine Le Pen.
L’essentiel de La Manif pour tous relève de la droite authentique pour les valeurs mais elle est aussi libérale en économie, ce qui est antinomique. Ces manifestations gigantesques (auxquelles j’ai participé, d’ailleurs) n’ont abouti à rien en matière d’efficacité politique : la loi sur les paires homosexuelles a été adoptée sans encombre. Je lui reconnais la qualité d’avoir fait émerger de nouveaux militants, formés en un temps record sans être passés par un parti politique. La seule qui ait été vraiment efficace en dépit de ses moyens ridicules, c’est Farida Belghoul, une musulmane (un comble) qui aurait pu être ministre socialiste depuis longtemps si elle avait accepté de vendre son âme. C’est elle, par son charisme et son activisme, qui a obtenu le retrait des ABCD de l’égalité et ce n’est pas un hasard si Najat Vallaud-Belkacem a enclenché des poursuites disciplinaires pour la faire exclure de l’Education nationale. S’il y avait 500 Farida Belghoul, cela ferait longtemps que le gouvernement socialiste serait tombé.
La Jeanne d’Arc des sans-dents
— Quel scénario pour la future présidentielle ?
— Aussi étrange que cela puisse paraître, Nicolas Sarkozy n’a pas tort de dire que le clivage droite-gauche est largement dépassé. Mais il l’instrumentalise à son profit : c’est « votez pour moi, sinon, c’est Marine. » Le Front national de Marine Le Pen n’est pas un parti de droite, encore moins d’extrême droite. C’est l’alliance inédite (pas dans l’idée qui existe depuis le boulangisme, mais par les scores très élevés) de la gauche du travail et de la droite des valeurs. C’est pour cela qu’elle a le soutien du mouvement social. A la différence de 2002, si Marine Le Pen arrive au pouvoir, il n’y aura pas de grève ouvrière. Les « sans dents » descendront plutôt dans la rue pour défendre leur idole, véritable nouvelle Jeanne d’Arc pour eux. En revanche, les permanents CGT venus d’outre-Méditerranée, les profs bobos à la Mélenchon et les fils de bourgeois de Sciences-Po seront sans doute dans la rue.
Marine Le Pen est devenue le symbole de ce quart-monde (qui représente maintenant près de la moitié des Français) qui a peur de se faire manger par le tiers-monde avec l’aval de l’oligarchie mondialisée. Ce que Jean-Yves Le Gallou appelle « l’hyper classe mondialisée » (que j’ai décrite dans mon livre sur le club Le Siècle).
Avec la gauche libérale-libertaire à la Macron et à la Valls, je crois qu’on va assister à un scénario inédit à la future élection présidentielle : en raison de l’implosion de la gauche et de son absence au second tour de l’élection présidentielle, comme l’a parfaitement défini le sociologue François Dubet (Les Inrockuptibles, 17 septembre), face à Marine Le Pen, « le candidat de la droite sera le candidat de gauche en 2017. Il ne sera d’ailleurs pas plus à droite que Manuel Valls. »
En clair, la prochaine élection présidentielle devrait signifier la fin de la (fausse) gauche et la fin de la (pseudo) droite. C’est la supposée « extrême droite », qui deviendrait la droite. Toutes les études (voir les livres du géographe Philippe Giuily) montrent que le nouvel électeur du FN, ce n’est pas un ancien combattant d’Algérie, c’est de plus en plus un ouvrier au chômage dont la fille sort avec un Arabe.
La liberté individuelle se consume
La liberté individuelle se consume
La police étant d’une redoutable efficacité, comme on le voit ces jours-ci avec la guignolade du vol Djihad Air Istanbul-Marseille, le gouvernement a décidé de lui assigner une nouvelle et noble tâche : traquer les assassins en puissance qui fument en voiture en la présence d’enfants de moins de 12 ans. Ni l’aggravation continue de la délinquance, ni la mobilisation contre la menace terroriste intérieure ne seront suffisantes pour détourner les forces de l’ordre de cette nouvelle mission. On imagine assez bien la scène où quelques valeureux pandores sifflent un véhicule et son conducteur, cigarette au bec, pour vérifier l’âge des passagers sanglés à l’arrière. On voit comme si on y était le père ou la mère exhibant successivement permis de conduire, carte grise, attestation d’assurance et livret de famille pour tenter de justifier ses audaces tabagiques. Et l’on devine, à côté de la multiplication des radars, se déployer des brigades anti-clopes, sortes de BAC d’un nouveau genre.
Mais où s’arrêtera l’Etat ?
Où fixera-t-on les limites de la liberté individuelle face à la déresponsabilisation permanente de chacun ?
Quand la bien-pensance, mère de toutes les atteintes à la différence, sera-t-elle traquée et enfin remplacée par une société de confiance ? Que la cigarette soit un danger mortel, nul n’en disconvient plus. Qu’il faille davantage en faire prendre conscience et en restreindre la consommation en augmentant les prix ou en limitant son usage dans les lieux publics, nul ne le conteste plus. Mais entrer dans un lieu privé, la voiture, pour y mettre des détecteurs de fumée est un nouvel accroc à la liberté. Petit à petit, les espaces de libre arbitre se réduisent, grignotés par la société d’assistance. Pourtant, plus le collectif s’immisce dans nos vies, plus l’individualisme et le repli sur soi se renforcent.
Terrible équation.
Où fixera-t-on les limites de la liberté individuelle face à la déresponsabilisation permanente de chacun ?
Quand la bien-pensance, mère de toutes les atteintes à la différence, sera-t-elle traquée et enfin remplacée par une société de confiance ? Que la cigarette soit un danger mortel, nul n’en disconvient plus. Qu’il faille davantage en faire prendre conscience et en restreindre la consommation en augmentant les prix ou en limitant son usage dans les lieux publics, nul ne le conteste plus. Mais entrer dans un lieu privé, la voiture, pour y mettre des détecteurs de fumée est un nouvel accroc à la liberté. Petit à petit, les espaces de libre arbitre se réduisent, grignotés par la société d’assistance. Pourtant, plus le collectif s’immisce dans nos vies, plus l’individualisme et le repli sur soi se renforcent.
Terrible équation.
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