TOUT EST DIT

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jeudi 11 septembre 2014

En Ukraine, retour au plan Poutine

Le cessez-le-feu signé le 5 septembre entre les autorités de Kiev et les rebelles prorusses est fragile, comme le précédent de juin. Mais le rapport de force a beaucoup changé. Du côté des rebelles, le renforcement de l’aide militaire russe a porté ses fruits. Ils ont regagné du terrain. Du côté des loyalistes, c’est l’inverse. La reconquête lancée au printemps est un fiasco. Malgré quelques succès initiaux, les forces ukrainiennes ont cédé des positions, proches du point de rupture. Deux lignes s’affrontent aussi au sommet de l’État, alors que commence la campagne pour le scrutin anticipé du 26 octobre. Réunis autour du président Petro Porochenko, les modérés veulent renouer le dialogue avec la Russie, encouragés par les Européens les plus affectés par les sanctions (France, Allemagne, Hongrie, République tchèque). En face, les euroatlantistes du premier ministre Arseni Iatseniouk veulent poursuivre le combat. Ils réclament même une implication directe de l’Otan, avec l’appui des États-Unis, de la Pologne et des pays Baltes.
Ces divisions ont permis à Vladimir Poutine de reprendre l’initiative. Il a accepté la négociation parce qu’il est en position de force avec des rebelles ragaillardis et des loyalistes dans le doute. À court terme, Poutine espère obtenir la levée des sanctions, mais il sait que cela prendra du temps. À long terme en revanche, les Russes estiment déjà avoir gagné : cette crise devrait geler pour longtemps le projet d’adhésion du pays à l’Otan. L’Ukraine n’est pas près de remplir deux des critères majeurs du processus : être une démocratie stable, et surtout ne pas avoir de conflits territoriaux. Habilement maîtrisée par Poutine, l’instabilité dans le Donbass et en Crimée repousse cette perspective. Moscou joue la carte Porochenko, réputé “russo-compatible”. Son protocole de cessez-le-feu prévoit en effet un “statut spécial” pour les régions séparatistes, sous la surveillance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est exactement ce qu’avait proposé Poutine le 18 mars devant la Douma. Il aura fallu six mois, 2 600 morts et 500 000 personnes déplacées pour en arriver là.

L’équation budgétaire et le bon sens

A quoi reconnaît-on un bon élève ? Outre la rigueur de son raisonnement, à sa ponctualité dans la remise des devoirs ; chaque année, le premier de la rentrée gouvernementale est le projet de loi de finances. Bercy a prévenu que le budget 2015 sera présenté avec une semaine de retard, lors du Conseil des ministres du 1er octobre. Quant au raisonnement…
Cet exercice budgétaire ne diffère pas de celui que tout “bon père de famille” bâtit chaque mois. Si ce dernier sait qu’il ne peut pas être dans le rouge, cela fait des années que les gouvernements vivent à crédit, gonflant déficit et dette. Dans sa neuvième promesse, le candidat Hollande annonçait que l’équilibre budgétaire serait rétabli en fin de mandat, le déficit devant être de 3 % du PIB en 2013. Il a été de 4,3 % l’année dernière et dépassera 4 % en 2014. Cette année, l’exercice s’annonce périlleux : la copie sera soumise au Haut Conseil des finances publiques et à Bruxelles, sans doute échaudé par l’impossibilité qu’a la France à tenir ses engagements de réduction des déficits, tandis que les députés PS frondeurs veillent.
Dans la colonne recettes : une absence de croissance (Michel Sapin anticipe 1,3 %, quand les économistes s’attendent à 0,9 %), pas d’inflation, et le peu d’optimisme que les entreprises montrent en l’avenir entraîneront de moindres rentrées fiscales. Elles seront aussi inférieures car s’ajouteront les dispositifs d’allègement de charges (pacte de responsabilité, CICE…) et les baisses d’impôt pour les ménages les plus modestes. Après la forte hausse de la pression fiscale depuis deux ans, la marge de manoeuvre gouvernementale est donc faible… Du côté des dépenses, Michel Sapin est revenu sur l’engagement gouvernemental : les 21 milliards d’économies prévues en 2015 ne figureront pas en totalité dans le projet de loi de finances, compte tenu de l’inflation quasi nulle.
Plutôt que faire des économies et des réformes, le gouvernement va accroître le déficit. Une vieille recette socialiste. Il serait peut-être temps d’explorer d’autres pistes… Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’Économie, le sous-entendait sûrement lorsque, interrogé, il a répondu : « Il n’est pas interdit d’être de gauche et de bon sens. »

L’imposture morale

Les Français découvrent, atterrés, que la politique qui se décide au Salon doré de l’Élysée n’est pas différente de ce qui s’échange dans sa salle de bains.
C’est irrattrapable. « En moi, la confiance est morte. » Le mot est de Valérie Trierweiler, la compagne humiliée en public. Elle parle de sa relation avec François Hollande, de la personne privée. Elle écrit : « Le mensonge est ancré en lui comme un lierre se mêle à l’arbre. »Pire encore : avec lui, c’est « un trompe-l’oeil, un jeu de miroirs dans lequel il est impossible de distinguer la vérité ». Et là, comment séparer le bon grain de l’ivraie, la personne privée du personnage public ? Depuis deux ans et demi, les Français ont fini par voir leur chef de l’État comme sa “girl friend” a vu son compagnon ; ils découvrent que la politique qui se décide au Salon doré de l’Élysée n’est pas différente des propos qui s’échangent dans sa salle de bains.
Lui, l’homme de gauche dont la vie a été “vouée aux pauvres”, est ici déshumanisé, creusé par le cynisme, l’indifférence, le mépris. Ce détail, par exemple : « Il n’a jamais invité son père à l’Élysée », témoigne Valérie Trierweiler. Et pourquoi donc ? Il faut relire, sous la plume de François Hollande lui-même, les quelques lignes qu’il consacre à ce père, dans son livre de la campagne de 2012, Changer de destin« Ses idées, écrit-il, [sont] à l’opposé des miennes » « Partisan de l’Algérie française, il professait des opinions qui heurtaient celles qui naissaient dans mon esprit. »
François Hollande ajoutait : « Sans doute est-ce déjà une éducation que d’aller contre celui qu’on aime. Mais au fond je l’en remercie car cette confrontation a aussi forgé mon caractère. » Quel singulier “caractère” que celui qui conduit le fils à ne pas inviter son père à venir dans le palais de la République ! Ce n’est qu’un détail (Mitterrand, lui, invitait tous les siens), mais il rejoint le reste. On ne s’étonne pas que les Français, à leur tour, le disent : “En moi, la confiance est morte.”
Ce président a trop bien incarné la gauche des donneurs de leçons. « Moi, président… » Le voici seul, déconcerté, sidéré sans doute, par les enquêtes d’opinion qui se répètent et se confirment : la plus récente (3-5 septembre), celle de l’Ifop pour le site Atlantico, révèle que 87 % des Français jugent qu’il “ne sait pas où il va”, 84 % (98 % à droite, 61 % à gauche) qu’il “n’est pas compétent”, 83 % qu’il “n’est pas proche de leurs préoccupations”… Ce qui amène sa cote de confiance à 13 % (baromètre TNS Sofres-le Figaro Magazinepublié le 5 septembre).
La posture morale adoptée par lui pendant sa campagne et depuis son installation, relayée par ses soutiens politiques et ses médias amis, a volé en éclats sous les coups de ces mensonges que l’on appelle “affaires” dans la vie publique : le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, le cireur de chaussures d’Aquilino Morelle, conseiller spécial du président, et, la semaine dernière, les impôts impayés d’un Thomas Thévenoud, éphémère secrétaire d’État, la dernière en date des provocations à l’endroit de ces 1,3 million de “sans-dents” étranglés par l’impôt, obligés de demander la bienveillance de l’administration fiscale. De tout cela, il ne reste qu’une imposture morale qui devrait interdire à la gauche de se revendiquer de la “dignité”.
Jusqu’où descendra-t-il ? pour reprendre à l’envers la devise du surintendant Fouquet. « On tient, on tient, jusqu’au moment où on ne tient plus », disait Manuel Valls, cité par Valérie Trierweiler, au sujet de Cahuzac : ce qui valait pour cette affaire-là vaut pour l’état actuel du pays. S’il y a tant d’énervement, de crispation et aussi de violence dans le débat public (y compris, la semaine dernière, à l’égard de notre journal, voyez l’éditorial d’Yves de Kerdrel), c’est bien parce qu’un sentiment d’indignation se généralise contre un pouvoir discrédité, abandonné, blessé par sa propre faute, et qui se comporte comme un homme aux abois.
Contraste dévastateur que celui qui va opposer, mardi prochain, le vote de confiance au gouvernement à celui du pays qui lui refuse la sienne. Arrivera le moment “où on ne tient plus”. On ne sait quand. Mais depuis la crise qui a conduit Manuel Valls à expulser les frondeurs de son équipe (à l’exception de l’intouchable Christiane Taubira), les événements s’accélèrent sans que la fronde s’apaise. Gaëtan Gorce, sénateur de la Nièvre, élu sur les terres de François Mitterrand, se demande publiquement comment interrompre la spirale qui précipite par le fond un exécutif privé de légitimité. Par un référendum, mais sur quoi ? Par une dissolution, mais le principal intéressé s’y résoudrait-il ? La question centrale demeure celle de la confiance perdue : on ne peut pas gouverner sans elle. Gaëtan Gorce redoute « une longue agonie, chaque mesure [de réforme] proposée se heurtant à l’impopularité de son auteur ». Et ceci est signé par un sénateur socialiste.

Programme d’aide à la publication «Jacqueline de Romilly» de l’Institut français de Grèce

Afin de favoriser la diffusion du livre et des auteurs français en Grèce, l’Ambassade de France en Grèce (Institut français de Grèce) a mis en place le 1er janvier 2011 un Programme d’Aide à la Publication «Jacqueline de Romilly». Dans le cadre de ce programme, toute publication en grec d’un ouvrage écrit en français pourra faire l’objet d’une demande de soutien, adressée par l’éditeur grec à l’Institut français de Grèce.
Pour vous informer sur les délais, les modalités de participation, les critères d’éligibilité, les engagements des bénéficiaires et les modalités de versement du soutien accordé dans le cadre du PAP «Jacqueline de Romilly», veuillez consulter ce document, qui inclut un formulaire de demande de soutien. 

Jacqueline de Romilly a associé son nom avec l’étude de Thucydide. En 1972 elle a achevé avec Robert Weil la traduction complète de l’œuvre de l’auteur de l’histoire de la guerre de Péloponnèse. Professeur en littérature grecque à l’université de Lille, de Sorbonne et de Paris ainsi qu’au Collège de France, elle est devenue en 1988 la deuxième femme ‘immortelle’ à faire son entrée à l'Académie française, Yourcenar étant la première.

En 1995, le gouvernement grec l'honorait en lui décernant la nationalité grecque à titre exceptionnel pour ses services rendus à l’histoire de la culture grecque, car tout au long de sa vie elle n’a jamais cessé de défendre la langue grecque et son enseignement.

Depuis septembre 2013, une place au quartier de Thission, au pied de la colline de l’Acropole, à côté de l’Agora porte son nom.

Les Français, la boue et le dégoût

Comme l’injure est l’arme des faibles, la boue est devenue cette infamie dont sont recouverts aujourd’hui tous ceux qui ne se conforment pas aux canons de la bien-pensance.
Manuel Valls a résumé mercredi dernier la sensation qui gagne tous les Français à une vitesse vertigineuse. « J’ai le sentiment depuis quelques jours, a déclaré le premier ministre,qu’il y a une forme de boue qui est en train de nous gagner. Nous éprouvons, tout comme nos compatriotes, une forme de dégoût. » Le chef du gouvernement a utilisé deux mots très justes. Celui de boue et celui de dégoût. Comme l’injure est l’arme des faibles, la boue est devenue cette infamie dont l’on vous couvre aujourd’hui dès que vous ne vous conformez pas aux canons de la bien-pensance officielle. Pour avoir été banquier chez Rothschild, Emmanuel Macron ne cesse de recevoir des seaux de boue sur la figure. Et les socialistes comme la presse de gauche parlent de lui en le qualifiant de banquier et non pas de ministre. Il ne manquerait pas grand-chose pour que le journal Libération, si prompt à faire la morale, ajoute le qualificatif de “juif” à celui de banquier, de manière à mieux le stigmatiser.
Pour avoir évoqué un truisme, c’est-à-dire la nécessité de mieux contrôler la situation des chômeurs afin de lutter contre la fraude, François Rebsamen, le ministre du Travail et de l’Emploi, a eu le droit, lui aussi, à des tombereaux de boue. Et quoi qu’il dise à l’avenir, le voilà à jamais considéré comme l’ennemi des chômeurs, donc de la gauche, donc de la morale.
Et que dire du premier ministre lui-même, qui doit s’excuser chaque jour d’avoir dit qu’il aimait les entreprises. Si lui-même a tenu à exprimer son indignation à l’égard de cette « forme de boue qui est en train de nous gagner », c’est parce qu’il en a assez d’avoir affaire à une gauche sectaire, idéologue et archaïque, qui préfère foncer dans le mur en klaxonnant plutôt que d’assumer l’inéluctable virage social-libéral.
Comme Laurent Fabius en son temps, comme Pierre Bérégovoy ensuite, comme Michel Rocard enfin, tous ceux qui ont tenté de moderniser la gauche, de lui faire assumer la social-démocratie, et surtout de la mettre aux prises avec la réalité mondiale ont fini cloués au pilori et recouverts de cette boue avec laquelle se complaisent les dévots de la lutte des classes, les grands prêtres de la gauche tendance Germinal et une presse aux ordres. Manuel Valls commence d’ailleurs à comprendre que plus courte sera son expérience à Matignon, moins il risque de voir son avenir compromis, et son image de réformateur mise à mal. D’autant que le voilà désormais entraîné dans la chute de François Hollande.
Il y a cette boue qui remplit l’actualité, à un moment où les Français auraient besoin de signes de confiance collective. Il y a aussi ce sentiment de dégoût évoqué par le premier ministre. Dégoût à l’égard d’une ex-première dame qui étale dans les caniveaux ce qui devait rester privé et qui fait passer la vengeance d’une femme trompée devant le respect dû à l’autorité de la fonction présidentielle. Dégoût à l’égard d’un François Hollande qui ressort de ce déshabillage public telle une sorte de misanthrope traitant les pauvres de « sans-dents », préférant les palaces à la fréquentation de ses congénères, et par ailleurs incapable de prendre la moindre décision sans l’aide d’une armée de conseillers plus ou moins recommandables. Dégoût à l’égard de la nomination-démission d’un secrétaire d’État qui n’a pas déclaré ses revenus depuis trois ans. Ce qui ne l’empêchait pas de s’indigner contre la fraude fiscale et de faire partie de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac. Une attitude d’autant plus insupportable à l’heure où tombent les avis d’impôt, et que l’intéressé place sous le coup de la « négligence ».
Il y a ce dégoût enfin que les lecteurs de Valeurs actuelles, et au-delà toute une multitude de Français de bon sens, ont ressenti à la suite du déluge de haine et de boue dont notre journal a été la victime pour avoir dénoncé l’idéologie et le sectarisme de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale. Plus notre journal voit ses ventes progresser (lire ci-dessous), plus il est vomi par ceux-là mêmes qui s’autoproclament les hérauts de la bien-pensance. Comme disait Chateaubriand : « Il faut être économe de son mépris, tant il y a de nécessiteux. »

François Hollande et les "sans-dents": Valérie Trierweiler dit détenir une preuve

Selon la journaliste, François Hollande a bien employé cette expression à de nombreuses reprises. Valérie Trierweiler se dit même prête à dégainer sa preuve en cas de procès. 

François Hollande a-t-il oui ou non utilisé l'expression"sans-dents"? Les subtils exégètes du Président ont remarqué que s'il s'est dit profondément touché par cette attaque, à aucun moment de son interview au Nouvel Observateur il ne démentait formellement l'emploi de l'expression. Ce n'est peut-être pas un hasard. Selon nos informations, Valérie Trierweiler a confié à quelques proches qu'elle détenait la preuve de ce qu'elle avançait à propos des "sans-dents". Et qu'elle pourrait la sortir si nécessaire, tout comme les dizaines de SMS de son ex-compagnon qu'elle a évidemment conservés. Une arme nucléaire entre les mains d'une femme prête à tout pour prendre sa revanche

Le Monde et Paris Match

Fine mouche rompue aux polémiques médiatiques, Valérie Trierweiler savait que les "sans-dents" constituaient l'attaque politique la plus ravageuse de son livre. Prudents, l'ex-première dame et son éditeur des Arènes, Laurent Beccaria, avaient d'ailleurs expressément demandé au Monde, qui, parallèlement àParis Match, a publié dans son édition du 4 septembre les "bonnes feuilles" de l'ouvrage, de ne pas utiliser cette expression en titre. Elle n'apparaîtra en effet que dans un intertitre à l'intérieur de l'article. 
Pour la petite histoire, c'est d'ailleurs le quotidien du soir, avec lequel les éditions des Arènes entretiennent de bonnes relations depuis toujours, qui auraient dû avoir l'exclusivité de ces bonnes feuilles. Un choix tactique intelligent, qui aurait assuré une sortie "haut-de-gamme" pour un ouvrage éminemment polémique. Mais à quelques jours de la parution-surprise de Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler s'est soudain souvenue qu'elle travaillait depuis un quart de siècle pour Paris-Match, dont la direction aurait mal pris de voir cette bombe lui échapper. Un rendez-vous est donc organisé en urgence le vendredi 29 août entre Laurent Beccaria et Olivier Royant, le patron de Match. L'hebdomadaire publiera aussi quelques extraits du livre. 

Des offres à 500 000 euros

Encore qu'un grain de sable inattendu a failli faire "capoter" cette sortie secrète méticuleusement organisée. A deux jours de la parution du livre, alors que l'information n'avait toujours pas filtré, un employé d'Hachette (distributeur de l'ouvrage) a réussi à récupérer un exemplaire de Merci pour ce moment et a tenté de le vendre (15 000 euros!) à deux ou trois rédactions parisiennes. Avant qu'Hachette n'ait vent de cette indélicatesse et n'éteigne l'incendie à temps. 
Ironie du sort, c'est justement pour son indépendance à l'égard des grands groupes d'édition que Valérie Trierweiler avait choisi de publier son brûlot aux Editions des Arènes. Plusieurs éditeurs de Paris -Albin Michel, Stock et même, dit-on, Gallimard- lui avaient pourtant fait des offres mirifiques -allant jusqu'à 500 000 euros, selon les confidences de Valérie Trierweiler à des proches. Mais, conseillée par son agent, Anna Jarota, elle a préféré la structure légère pilotée par Laurent Beccaria. Son contrat, signé en mars, comportait une clause lui permettant de se rétracter à tout moment. Elle n'a pas demandé d'avance financière (un "à valoir", dans le jargon de l'édition), mais négocié un pourcentage intéressant sur les ventes. Calcul gagnant: le contenu de sa confession, sidérant de bout en bout et qui se lit d'une traite, garantissait des ventes pharaoniques (470 000 exemplaires imprimés à ce jour...) 

Relecture serrée

Seules quelques très rares personnes avaient été mises dans la confidence chez l'éditeur. Dans un souci de confidentialité, aucun correcteur n'a eu l'ouvrage en main avant parution, ce qui explique la présence de plusieurs fautes d'orthographe qui font la joie du web. Le contenu du manuscrit a été très légèrement adouci à la relecture, la toute première version étant encore plus dure pour François Hollande et Ségolène Royal. Le passage sur les "sans-dents", notamment, a été revu de très près. C'est à ce moment-là que Valérie Trierweiler a assuré que François Hollande avait employé cette expression à de nombreuses reprises et qu'elle détenait la "preuve" de ce qu'elle avançait. La journaliste se dit même prête à la dégainer en cas de procès. 

Budget : Michel Sapin aux fraises

La logique économique et verbale de Michel Sapin est devenue impossible à suivre sans une forte prescription de Doliprane.

Il y a quelques jours à peine, le 3 septembre, Michel Sapin le ministre dit des Finances nous annonçait qu’en raison de la faiblesse de l’inflation (sic), il ne pourrait pas tenir l’objectif de 21Md€ d’économies en 2015 (sur les 50 Md€ prévus sur 2015-2017). On « ne peut pas avoir », nous disait-il alors, « les mêmes objectifs avec une inflation qui devient très faible »… Aujourd’hui, revenant sur ses propos déjà stupéfiants, il nous assure qu’il ira désormais jusqu’au bout de l’objectif de 50 milliards d’économies prévues à commencer par les 21 milliards prévus en 2015…
La logique économique et verbale de Michel Sapin est évidemment devenue impossible à suivre sans une forte prescription de Doliprane. Et toutes ses pirouettes argumentaires prêteraient à rire si elles n’étaient pas aussi graves pour la France qui vient de se voir durement rappelée à l’ordre par Bruxelles.
Pendant qu’Angela Merkel déclarait « nous sommes fiers du budget allemand », la Commission européenne rappelait les pays européens à leur devoir de discipline budgétaire et demandait à la France de présenter des « mesures crédibles » et d‘agir concrètement pour réduire son déficit public en 2015. Le projet de budget, que Sapin doit envoyer à la Commission d’ici mi-octobre, « doit clairement spécifier des mesures crédibles pour mettre en place l’ambitieux plan de réduction des dépenses pour 2015 et après ».
On imagine la perplexité de Michel Sapin qui n’a pas dans son système mental et idéologique de quoi comprendre de quoi on lui parle exactement quand on lui demande de la rigueur. Forcément, lui et Valls sont persuadés qu’il faut dépenser davantage pour relancer la croissance ; et ils passent leur temps à dire qu’ils refusent “l’austérité” alors que ce n’est même pas ce qu’on leur demande : juste de la rigueur mais de la vraie dans le cadre d’un ambitieux plan de réduction des dépenses.
Des économies sans cesse reportées…
Je ne reviens pas sur les prétendues économies budgétaires qui ne sont évidemment qu’un leurre comptable : elles ne sont pas seulement « peu documentées » comme l’a souligné la Cour des Comptes dans son dernier rapport – mais surtout ce sont uniquement des « économies tendancielles ». Je n’y reviens pas car cela a déjà été expliqué ici en détail.
Pour justifier sa timidité face aux nécessaires économies, le ministre des Finances nous répète à l’envi : « Ma responsabilité, ce n’est pas de plonger le pays dans l’austérité »… Toujours la même formulation désuète et la même rengaine qu’il répète à la suite de Manuel Valls qui, lui aussi, affirme sans cesse son refus de l’austérité.
Pourquoi parlent-ils toujours d’austérité dès qu’on leur parle d’économies ? Le choix des mots est très important : ils savent en effet que les Français sont terrifiés par le mot « austérité » (qu’ils identifient à la Grèce), et donc ils l’agitent comme un chiffon rouge pour ne rien faire, se dispenser d’avoir du courage et reporter sans cesse le redressement à une date ultérieure : en fait après leur départ du pouvoir. Ils doivent gagner du temps coûte que coûte…
Des échéances sans cesse repoussées
Bien sûr – mais juste pour la rhétorique – Michel Sapin prend soin d’ajouter que « le cap du gouvernement, c’est celui de la réduction de nos déficits à un rythme compatible avec le retour de la croissance »… Mais là encore il joue sur les mots : « réduction des déficits »… Mais… « compatibles avec le retour de la croissance »… Or comme il n’y a pas de croissance et qu’ils s’imaginent qu’en dépensant encore davantage ils vont la relancer, ils ne peuvent donc pas réduire les déficits. C’est le serpent qui se mord la queue et le cycle infernal de la crise qu’ils amplifient : ils refusent les économies au nom de la croissance et ils pénalisent la croissance en ne faisant pas d’économies !
Curieusement, ils semblent persuadés que cette rhétorique et leurs « éléments de langage » dérisoires vont nous rassurer, mais plus un seul Français ne les croit.
Bêtabloqués par le mot « austérité »
imgscan contrepoints 2013666 austéritéSapin nous assure que « la maîtrise de la dépense publique constitue un des piliers de notre politique économique ». Il n’en est évidemment rien : les dépenses publiques continuent bel et bien d’augmenter et les déficits budgétaires continuent de se creuser. Le mot d’austérité semble curieusement agir comme un bêtabloquant cérébral dans la tête de Michel Sapin. Il ne sait plus s’il doit dire qu’il va « économiser pour réduire les déficits » ou « dépenser pour relancer la croissance »… Il est en fait complètement perdu et du coup il affirme les deux en se contredisant au fil des semaines. Ravageur pour la confiance des acteurs économiques.
Le pire évidemment est que les solutions de Valls et Sapin ne marchent évidemment pas : pas de croissance (qui a été revue fortement à la baisse à 0,4% cette année) et un déficit public qui continue de déraper (contrairement aux engagements pris au niveau européen, il atteindra 4,4% du PIB en 2014 et 4,3% en 2015). Le seuil de 3%, maximum toléré par les traités européens serait atteint, non pas en 2015 comme prévu initialement, mais seulement à l’horizon de… 2017. Facile de faire des promesses pour quand on aura quitté le pouvoir !
Pour repousser sans cesse l’échéance du redressement d’un État en faillite et au bord du dépôt de bilan, Valls et Sapin rejettent ce qu’ils appellent l’austérité. Précisons qu’on ne leur demande évidemment pas de l’austérité : juste de la rigueur (mais en actes et pas en mots) et de la discipline budgétaire (mais de la vraie, qui taille dans les dépenses).
En fait il y a deux sortes d’austérité :
  • Il y a celle qu’il faut évidemment combattre, qui est celle que l’État inflige indûment aux contribuables sous forme de matraquage fiscal parce qu’il refuse de réduire son train de vie et ses gaspillages. Cette austérité qu’ils disent maudire, ils n’ont pas hésité une seconde à l’imposer aux Français depuis deux ans : hausse des impôts, hausse des taxes, baisse des retraites, baisse des salaires, baisse des allocations, baisse des prestations, baisse du pouvoir d’achat…
  • Et celle qu’il faudrait imposer de toute urgence à l’État – appelons-la cure d’austérité – pour qu’il réduise enfin son périmètre, son emprise et ses gaspillages (ce qui réduirait d’autant les recettes nécessaires pour les financer). C’est évidemment cette grande « bureaucratie ministérielle d’État » qu’il faut en priorité tronçonner et découper à la hache pour faire des économies (dans les ministères, les préfectures et sous-préfectures, les directions départementales ou régionales en surnombre, les comités Théodule innombrables, les hauts conseils et hauts comités inutiles et coûteux… etc.)
L’austérité : bonne pour les Français, jamais pour l’État !
L’austérité c’est donc toujours bon pour les Français, mais jamais pour l’État. L’État pas touche, c’est sacré, chasse gardée. Même la Cour des Comptes s’y est cassé le nez en exigeant la fin des gaspillages. L’État c’est leur terrain de jeu et il n’est pas question d’en réduire le périmètre ou qu’il se serre la ceinture. Le mot « austérité » leur sert donc d’épouvantail et suffit à évacuer toute interrogation concernant le poids de l’État. Circulez, il n’y a pas d’économies à faire. Dans l’État tout est bon ! Pas de gaspillages et c’est la Cour des Comptes qu’il faudrait supprimer !
Il faudrait qu’ils arrêtent de dire aux Français que faire des économies budgétaires, c’est faire de l’austérité ou que ça entraînera la fermeture des services publics. C’est faux, contreproductif, et ça bloque toute possibilité de réforme. Donc qu’ils fassent les choses dans l’ordre : en commençant d’abord par réduire massivement les dépenses et les gaspillages de l’État (ce qui réduira ipso-facto et immédiatement les recettes correspondantes qui saignent les Français). Supprimons en priorité les dépenses et les gaspillages condamnés par la Cour des Comptes et supprimons tous les organismes bidon de la grande lustrine administrative. On verra ensuite comment on peut aller plus loin. Mais que le Gouvernement arrête de faire peur aux Français en leur faisant croire que la « discipline budgétaire » ou la maîtrise des dépenses de l’État c’est de « l’austérité » et qu’il faut y renoncer pour sauver la croissance. Qu’il arrête car c’est faux et cela nous a déjà fait perdre assez de temps, de croissance et d’emplois !
Tailler dans les gaspillages ce n’est pas de l’austérité !
sapin aux fraises rené le honzecL’État se croit compétent et indispensable et veut s’occuper de tout. Et, naturellement, il le fait de plus en plus mal. Il prétend gérer nos vies de A à Z et, en échange de cette servitude volontaire, les Français croulent sous les impôts, les taxes, la dette et les formulaires… C’est donc là qu’il faut en priorité faire des économies et tailler dans les dépenses.
Il y a un ministre – et un ministère – pour chaque activité. Ils prétendent s’occuper de tout : de la défense, des affaires étrangères, de l’éducation, de la justice – jusque-là, bon, je ne dis rien, encore que… – du commerce extérieur, de la santé, du logement, des sports, de l’artisanat, de l’innovation, de la famille, des transports, des droits des femmes, de l’agroalimentaire, du tourisme, de la communication, du commerce, des personnes handicapées, de la recherche, de l’économie sociale et solidaire, des personnes âgées, de la vie associative, de la jeunesse, de l’agriculture, du dialogue social, de la réussite éducative, de l’éducation populaire, de la ville, du redressement productif, de la dépendance, de la culture, de l’économie maritime, de la francophonie, des petites entreprises, des moyennes entreprises, des anciens combattants, du commerce extérieur, de la formation professionnelle, de l’économie numérique…
Vous imaginez l’empilement de fonctionnaires et de bureaux pour surveiller tout ça ? Et ils osent prétendre que réduire le périmètre de l’État ce serait de « l’austérité » ? Allons donc !
Que Sapin et Valls arrêtent d’agiter inlassablement l’épouvantail de l’austérité car c’est le meilleur moyen de ne rien changer à ce qui plombe la France. Le vrai problème c’est de réduire les gaspillages au lieu d’augmenter sans cesse les recettes pour financer la grande bureaucratie d’État.
Ne pas accepter de réduire aujourd’hui ce poids de l’État, c’est se condamner à laisser croître la courbe de la dette qui plombe l’avenir :
dette-publique
Le pire est que le jour où la dette publique atteindra 100% de la richesse nationale, ils nous diront qu’ils ne savaient pas !
Donc M. Sapin : non seulement vous devez faire les 21Md€ d’économies sur les dépenses publiques en 2015 ; non seulement vous devez faire les 50 Md€ prévus sur 2015-2017. Mais vous devez en faire davantage encore : en réduisant avant qu’il ne soit trop tard le poids et le périmètre de l’État qui coûte trop cher aux Français qui n’en peuvent plus fiscalement. Et ne nous parlez plus de vos prévisions de croissance car vous n’avez strictement aucune influence sur elles : ce sont les entreprises qui la feront, pas vous. Libérez-les en réduisant le poids de toute votre grande bureaucratie étatique qui étouffe les initiatives ! Faites des économies et la croissance reviendra. Et par pitié, arrêtez de nous dire qu’en augmentant encore vos déficits vous la ferez revenir !

Budget 2015 : et maintenant, un peu d’action virile !

Il aura fallu un peu plus de deux ans, un changement de premier ministre, un remaniement gouvernemental express, pas mal d’atermoiements et beaucoup de petites phrases sur twitter et dans la presse, mais maintenant, c’est sûr : le pays est entre de bonnes mains. Et déjà, les premiers signes positifs s’accumulent.
C’est ainsi qu’on apprend qu’enfin, la pauvreté recule en France.
C’est l’INSEE qui le dit, après avoir fait tout plein de petits calculs précis sur les grands et les petits agrégats économiques et sociaux dont il dispose, et ses conclusions sont claires : sonnez hautbois, résonnez musettes, la pauvreté a reculé en France entre 2011 et 2012, de plus de 200.000 personnes. Pas de doute : on va dans la bonne direction et on se réjouit déjà de savoir que le socialisme plus ou moins concentré que l’équipe actuelle applique avec obstination au tissu social du pays va produire des efforts encore plus mirifiques. Et en plus de la pauvreté qui diminue, les inégalités reculent et bientôt, l’égalité qui est, ne l’oublions pas, le but ultime de tous les socialistes, sera d’actualité pour les Français. Déjà, les 5% les plus favorisés de la population ont vu leur niveau de vie reculer davantage que celui du dixième le plus pauvre. N’est-ce-pas génial ?
epic win full of gloryOui, bon, je sais qu’à côté de ces chiffres joyeux, certains, chafouins, me feront remarquer qu’en réalité, ce recul de la pauvreté n’est provoqué que par une baisse du niveau de vie médian et que la pauvreté est précisément calculée à partir de ce niveau de vie médian. Mais bon, on était, tous, prévenus dès mai 2012 : Hollande n’aime pas les riches, et les deux ans qu’il a passés à l’Élysée ont amplement démontré qu’il entendait les bouter hors du pays, ce qu’il est parvenu à faire avec un succès raisonnable. Voilà au moins un objectif de campagne rempli : les riches pas aimables (et les autres) sont partis, le niveau de vie médian a donc baissé ce qui fait mécaniquement reculer la pauvreté.
Et puis ça va, à la fin. Seuls les plus pointilleux m’obligeront à dire que la baisse des inégalités s’accompagne en réalité d’une augmentation du nombre des plus pauvres (qui « progresse » de 100.000 personnes), chiffres d’autant plus agaçants que les 2,5 millions de personnes les plus pauvres doivent désormais tenir un mois avec moins de 672 euros, ce qui est très éloigné d’un salaire de ministre, de député, ou même d’un chef de cabinet de sénateur. Donc, oui, il y a moins de pauvres, mais ceux qui restent le sont bien plus, et il y a aussi nettement moins de riches et tout le monde a dégringolé. Pas de quoi en faire un drame, hein ?
De toute façon, tout le monde sait déjà exactement pourquoi on en est arrivé là.
libération tractD’abord, bien sûr, il y a ces vagues puissantes et ininterrompues d’ultra-turbolibéralisme, qui est au libéralisme ce que l’acide fluorhydrique est au jus de citron, qui se sont abattues sur la France depuis ces dix, pardon, vingt, pardon trente dernières années, au bas mot, et qui ont provoqué le lâchage sauvage de néo-renards turbo-libres dans l’ultra-poulailler français avec les dégâts que l’on sait : une presse veule et toujours plus complaisante envers le Grand Kapital, des politiciens tous les jours plus putassièrement favorables aux entreprises (à tel point que le dernier discours de Valls devant des patrons à ce sujet a laissé les médias froids devant tant de platitudes), des libéralisations et des privatisations par milliers, depuis les taxis jusqu’au rail, au ferries ou au gaz, sans arrêt et sans jamais tenir compte des plus faibles ou des syndicats… Et, bien sûr, l’annulation et l’abrogation ininterrompues de lois protectrices au point que les codes du travail, de la fiscalité, de la sécurité sociale ou de tant d’autres sont devenus de petits timbres postaux rikikis, aux rares articles se battant en duel, cachant à peine la nudité de la République vendue aux marchands du Temple, snif.
Et au delà de ce turbo-libéralisme sans freins ni lois, il faut tenir compte de l’austérité insoutenable, débridée et mortifère qui fut imposée, depuis la plus humble administration jusqu’aux plus hautes sphères de l’État, par une Europe inflexible et sans cœur, et qui n’aura que précipité la descente aux enfers de la France, en l’obligeant, quasiment l’arme sur la tempe, à contracter encore et toujours de la dette, parce qu’équilibrer un budget, dans ces conditions, c’est trop dur, quarante fois de suite. Ô rage ô désespoir, ô finance ennemie, tout s’est mal goupillé dans cette France meurtrie !
austérité pas pour l'état
Mais comme je l’ai dit, maintenant, fini de rire. Certes, il a fallu deux ans, confiés à Jean-Marc Ayrault, pour bien analyser en profondeur l’ampleur de la crise. Et les réformes qui furent mises en place, un peu à la hâte et sans cette indispensable examen approfondi de la situation, paraissent à présent un peu molles, à tel point que, tous comptes faits, il va falloir réformer les réformes. Mais allons, soyons clément pour Jean-Marc qui a eu tant de mal à lutter à la fois contre la méchante conjoncture et sa terrible dépendance au Valium.
À la suite de quoi, un gouvernement de combat fut mis en place, non pas une fois, mais bien deux, parce que si le premier gouvernement de combat coupe le poil défaitiste, le second l’empêche de repousser en se séparant des éléments les plus navrants.
Maintenant, il faut faire front. On va donc faire des économies, version grand format ! Ou non. Ou si. Et si ça ne suffit pas, pardon, et comme ça ne suffira pas, on arrêtera d’en distribuer un peu partout, quand bien même les directeurs des administrations touchées par ces terribles coupes sombres claires de printemps ? rouspèteraient.
touche pas au grisbi
Reste que le budget qui se profile va demander un doigté inégalé. Quel chiffre mettre pour les prévisions de déficits ? (Ah oui, il y aura du déficit, une quarante et unième fois, que voulez-vous, on a encore ripé). Devra-t-on mettre, comme les années précédentes, un chiffre parfaitement ridicule d’optimisme béat, au risque de passer, pour la énième année consécutive, pour des guignols ? Ne vous inquiétez pas. De toute façon, le déficit explosera, comme prévu, et le chiffre, quel qu’il soit, sera faux, comme il l’a toujours été. D’t’façon, c’est la fotapadchance, et à cette misérable inflation bien trop faible pour atténuer les malheurs du pays. Et puis, d’allers-retours en compromis, de rétro-pédalages en promesses annulées, de messages contradictoires en discours confus, qui comprendra vraiment quelque chose à la politique économique française ? Vous verrez, ça passera sans problème.
Baste donc et hauts les cœurs ! Grâce à ce gouvernement de combat, on trouvera une solution. Comme promis, la TVA n’augmentera pas de trois points (Deux suffiront). Comme promis, on va économiser plein de trucs ici, là, et là aussi, avec des petits mouvements ici et là encore. Des milliards, plein, je vous dis. Et on va faire très attention à ne pas relancer le bâtiment pour un milliard (oups, raté), éviter les gestes fiscaux à 1.25 milliard le package (oh, zut, loupé – de peu), et les allègements fiscaux seront millimétriques (aaaaattendez pas si vite oups et voilà, CICE et pacte truc machin, on y était presque, zut alors).
hollande et la tva
Non, vraiment, il n’y a aucune raison de ne pas voir un réel espoir dans les changements introduits dès le début de cette rentrée. Les frémissements sont là. Les inversions se font sentir. La virilité et le volontarisme poilu, que dis-je, violemment testostéroïné du gouvernement n’est plus à démontrer et le résultat prévisible sera grandiose.
Ce pays est foutu.

2015, l’équation budgétaire insoluble : une tutelle internationale est-elle au bout de la trajectoire ratée du redressement des comptes publics français ?

Le ministre des Finances Michel Sapin a reconnu mercredi 10 septembre que contrairement aux engagements pris au niveau européen, le déficit public de la France restera en 2014 et 2015 plus élevé qu'en 2013. La France perd à nouveau de son influence aux yeux de Bruxelles et peut s'attendre à de nouvelles sanctions financières, mais aussi à une surveillance encore plus renforcée de la commission européenne.

Le ministre du Budget Michel Sapin a admis que la France ne respecterait pas le critère européen d'un déficit public limité à 3% avant la fin du quinquennat. De plus le déficit va même s'aggraver pour 2014 (4,4% contre 4,2% en 2012). Dans quelle mesure l'équation budgétaire française est-elle effectivement insoluble, et particulièrement pour l'année 2015 à venir ?

Alain Lamassoure : La situation est tragique et aucune entreprise n'est capable d'avoir une visibilité sur la politique économique, malgré un taux d'emprunt très bas. C'est un très grave échec pour le gouvernement Valls qui faisait déjà face à une courbe du chômage qui ne se renversait pas.
Rien n'a bougé.
Ce qui est particulièrement dramatique dans les déclarations de Michel Sapin c'est que quand il a appris que le taux de croissance, mais surtout le taux d'inflation, était inférieur à ce qui était prévu il a déclaré que "dans ces conditions, les économies sont impossibles". C'est pathétique et c'est l'aveu que ce qu'il appelle "économies" ce n'est pas une réduction des dépenses mais une moindre augmentation que ce qui était prévu.
On a absolument rien fait pour que 2015 s'améliore. Cela fait huit mois que le chiffre de 50 milliards d'économies sur trois ans a été lancé, chiffre déjà inférieur à ce que la Cour des Comptes proposait. Cela a été répété toutes les semaines, rien n'a bougé. Et si on a autant de mal à boucler le budget 2015, c'est car aucune économie n'a été décidée, mais plutôt des dépenses notamment dans le domaine du logement. Il y a donc un moment où on ne peut plus travestir la vérité. On va voir maintenant les vote qui vont intervenir à l'Assemblée nationale, et notamment celui du budget, et sur certaines réformes comme l'assouplissement du droit du travail, bref ce qui a été fait dans tous les autres pays. Et pour l'instant la seule initiative prise, c'est de diminuer le nombre de régions, ce qui ne va quasiment rien changer au niveau des dépenses…
Jacques Bichot : Chaque fois que l'on peut faire des économies budgétaires, on créé en même temps des dépenses supplémentaires. Par exemple on a voulu soulager les entreprises avec le CICE. Mais, parallèlement, la loi du 4 août 2014 institue une taxe de transports supplémentaires sur les entreprises qui ne sont pas soumis sur la taxe de transport urbain afin de financer les TER via les régions… D'un côté on exonère les entreprises d'une partie de 'l'impôt sur les sociétés (augmenté au début du quinquennat), et de l'autre on s'ingénie à trouver de nouvelles charges. Et les exemples de ce type sont nombreux. C'est de là que vont venir nos difficultés futures car si l'on voulait soulager les finances publiques, il faudrait absolument cesser le financement des dépenses publiques par le déficit et par l'impôt supplémentaire. Et à l'inverse, chaque fois que l'on instaure des suppléments de fiscalité, on fait dans le même temps par ailleurs des réductions. On passe notre temps à défaire ce que l'on fait !

Ces déclarations sont aussi l'aveu d'un quinquennat Hollande qui a renoncé à respecter les exigences de Bruxelles. Comment cette annonce, maintenant assumée, peut-elle peser sur la zone euro dont la France reste un des piliers ? Quelles peuvent être les conséquences ?

Alain Lamassoure : Nos partenaires ne peuvent que le prendre très mal. La France n'a pas commencé de faire les efforts que tous les pays européens, sans exceptions, ont faits. Les Scandinaves ont commencé il y a 15 ans, les Allemands il y a 10 ans, et récemment les pays d'Europe du Sud et les pays baltes s'y sont mis récemment. Nous sommes le mauvais élève de la classe. De plus, nous sommes la deuxième économie de la zone euro, et la croissance zéro ne peut que plomber la zone euro. Et contrairement à l'Allemagne, qui traverse aussi des difficultés, nous n'avons aucune marge de manœuvre car ils ont engrangé des excédents budgétaires. Eux pourront donc faire des investissements publics de relance et s'appuyer sur leur excédent commercial pour augmenter les salaires.
Jacques Bichot : Dans l'état actuel des choses les conséquences restent légères. Quand on emprunte comme la France à des taux de 1% à 2% à 10 ans – et même des taux courts à 0% ! – ce n'est pas vraiment dramatique. Mais cette situation ne durera peut-être pas éternellement. Et si les taux désendettement publics deviennent plus "normaux" – car la situation actuelle est aberrante – la situation va devenir insoluble. Si nous augmentons de 15 ou 20 milliards le poids des intérêts de la dette, même si nous redescendons par nous-même à 3% de déficit, nous remonterons à 4% du fait de la charge de la dette. D'ailleurs les pouvoirs publics essaient de rejeter la faute sur les marchés financiers…

Quelles mesures de rétorsion Bruxelles pourrait-elle prendre face à une France qui avait déjà été placée sous "surveillance renforcée" l'hiver dernier ? Quels sont les scénarios envisageables ?

Alain Lamassoure : Ce sera à la Commission de s'y pencher. Il existe une batterie de sanctions via notamment des amendes. Mais le problème n'est pas là. Il est de faire sur la France les pressions politiques nécessaires pour qu'elle engage enfin les réformes dont on parle beaucoup sans les avoir fait, et les  réductions de  dépenses publiques dont on attend toujours le premier euro.
Jacques Bichot : Etre placé sous surveillance était une sanction financière car c'est mauvais pour les obligations… Côté européen on envisage sans doute des sanctions financières directes sous forme d'amendes, mais c'est assez maladroit car c'est rajouter une nouvelle dépense publique à un pays qui n'arrive pas à se tirer d'affaire… Inutile d'en rajouter, cela n'améliorera rien. Ce qu'il faudrait, ce sont des sanctions sur les gouvernants ! Comme par exemple démettre un dirigeant qui dépasse un certain niveau de déficit…

Les scénarios possibles

  • L'imposition par l'UE d'un gouvernement de technocrates en France
Alain Lamassoure : Imposer est quelque chose de très difficile… Mais mettre la France devant ses responsabilités de manière un peu "forte" est sans doute très envisageable. Mais en même temps cela reste délicat car il faut faire attention à une possible réaction des marchés financiers. Ils sont d'une myopie totale et regardent ailleurs. Ils continuent de prêter à la France, comme si la France était aussi bien gérée que l'Allemagne. Les taux sont invraisemblablement bas. C'est une situation très malsaine. Mais même à ces taux les seuls frais financiers de la dette représentent plus que le budget de l'Education nationale.
Jacques Bichot : Cela ne se fera jamais car il faudrait pour cela un règlement qui s'applique dans toutes les législations nationales, voté à la fois par le Parlement européen, mais surtout par le Conseil de l'Union c’est-à-dire les chefs d'Etats. IL est peu probable qu'un chef d'Etat vote sa propre démission forcée en cas de déficit…
  • Une intervention du FMI
Jacques Bichot : Le FMI n'a pas l'autorité juridique pour intervenir. Il est surtout présent quand un pays traverse un problème grave de devise. Or l'Europe est globalement excedentaire en balance extérieure et n'a pas de problèmes de ce côté-là. Donc le FMI n'a aucun moyen d'action, et comme nous avons la monnaie unique, et même si la France se conduit très mal, ils ne peuvent intervenir car il faudrait que l'ensemble de la zone euro aille mal.  

  • Une tutelle directe de l'Union européenne 
Alain Lamassoure : On dit de certaines banques "too big to fail" qu'elles sont trop grosses pour pouvoir faire faillite. C'est un peu la même chose pour des pays. Jusqu'à l'Espagne, on pouvait s'imposer très fortement et cela a eu un effet incontestable. Déjà l'Italie, c'était plus limite, les dirigeants européens n'ont jamais cherché à trop s'imposer dans sa politique intérieure, on a toujours pris des gants. Vis-à-vis de la France, ce sera encore plus dur. Et le risque est que les dirigeants français se reposent là-dessus.
Jacques Bichot : Je vous réponds, à brûle-pourpoint, que le plus efficace serait d'instaurer une règle qui supprimerait dans les instances européennes le droit de vote d'un pays qui ferait des déficits excessifs. Mais il faudra probablement, là-aussi, une décision issue des chefs d'Etat, je pense donc que cela est à peu près impossible. Jamais les hommes politiques ne se mettront le couteau sous la gorge ?

En disant clairement à Bruxelles que le France n'atteindra plus les critères de déficit public requis, le gouvernement va-t-il fragiliser diplomatiquement la position de la France au niveau européen ? Allons-nous perdre de notre influence ?

Alain Lamassoure : C'est évidemment une nouvelle perte d'influence. Et l'Europe le regrette car depuis le premier jour de l'Europe, toutes les initiatives fortes (traités, euro, politique étrangère) sont parties d'un accord franco-allemand. Depuis une dizaine d'années le prestige de la France a baissé, nous avons perdu un tiers de notre part dans la production industrielle de la zone euro. Le dynamisme personnel de Nicolas Sarkozy parvenait encore à gommer ce déclin, mais depuis deux ans la situation française n'a fait qu'empirer. De plus au Parlement européen, sur les 74 députés européens français, 24 (ceux du Front national, ndlr) ne servent à rien en s'étant volontairement mis hors-jeu. Nous n'avons plus qu'une cinquantaine de députés utiles, soit autant que la Pologne. Et je peux vous dire, de ma position que pour ce qui est de la perte d'influence, cet impact est visible et catastrophique. Et on voit très bien que Pierre Moscovici sera en fait un "commissaire adjoint" bien encadré par des commissaires de deux autres pays, la Finlande et la Lettonie, qui eux ont su mener les réformes courageuses.
Jacques Bichot : On a déjà perdu beaucoup de notre influence. On voit la difficulté avec laquelle Pierre Moscovici a décroché son poste au sein de la Commission européenne. C'est un signe évident d'une perte de vitesse, et cela va sans doute s'accentuer. Notez qu'il suffit de regarder les photos de chefs d'Etat européen à l'issue des grandes réunion pour voir que François Hollande est moins bien placé que nos chefs d'Etat précédent. C'est un signe évident que même si l'on reste un poids lourd de l'Europe, nous ne sommes plus tout à fait dans la cour des grands…