TOUT EST DIT

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dimanche 13 mai 2012

L'HUMOUR DE LA SEMAINE


LETTRE DE CHRISTOPHE BARBIER À FRANÇOIS HOLLANDE

Sa légitimité est incontestable, mais il est tout aussi incontestable que si François Hollande a été élu, c'est d'abord parce que Nicolas Sarkozy a été battu. Ce qu'il fera de sa victoire dira quel président il est. 
Monsieur le président, 
Votre nette victoire ne peut vous dissimuler une vérité en forme de lapalissade: si vous avez été élu, c'est d'abord parce que Nicolas Sarkozy a été battu. Certes, votre légitimité est incontestable, par-delà votre score, et nul ne saurait vous ôter le titre de 7e président de la Ve République. Mais les circonstances d'une élection donnent toujours la fragrance du mandat, et le vôtre commence dans un certain parfum de doute
> A suivre en direct: François Hollande est élu, le jour d'après 
>> Les résultats du second tour de l'élection présidentielle dans votre ville à découvrir sur notre carte interactive 
En vous accordant leurs suffrages, les Français ont voulu d'abord en finir avec le pouvoir sortant, en finir avec un homme, en finir avec un clan. Depuis Valéry Giscard d'Estaing en 1981, aucun président n'avait ainsi brouillé son équation personnelle et faussé son rapport au peuple. Nicolas Sarkozy a été puni dans les urnes pour son style, pour avoir été le président qu'il fut, et peut-être plus encore pour n'avoir pas été le président qu'on attendait. Si le Fouquet's et la croisière en yacht ne furent que des symboles funestes et des polémiques fumeuses, l'affaire de l'Epad, avec son népotisme présumé, a profondément choqué l'opinion, ainsi que l'étroite affiliation des services secrets au cercle intime du président.  
Après l'hyperprésidence, l'hypoprésidence?
Nicolas Sarkozy est également châtié, chassé, pour l'échec de sa politique. L'homme du "Travailler plus pour gagner plus", du chômage en baisse et du pouvoir d'achat en hausse, a été écrasé par la crise. Sa politique fiscale, destinée à injecter des richesses dans l'économie française? Une litanie de privilèges qu'il a tenté - trop peu et trop tard - de corriger. Sa lutte contre le chômage? Un cautère sur une jambe de bois. Ses réformes courageuses, vouées à préparer la France pour l'avenir? Des souffrances supplémentaires pour les travailleurs.  
Il y a une grande injustice dans ce verdict implacable de l'opinion, et les années futures rendront peut-être grâce au réformisme volontariste de Sarkozy comme les années 1980 ont vite réhabilité la rigueur giscardo-barriste. Néanmoins, la facture électorale précède toujours le jugement de l'Histoire. Vous avez, en toute logique, combattu cette politique pendant cinq ans, mais c'est son absence de résultats que les Français ont sanctionnée, pas ses fondements.
Dans la volonté de changement exprimée dimanche par le peuple, il y a aussi comme un exorcisme: liquider le président qui a été contaminé par la crise, le remplacer, avec détermination mais sans illusions, par quelque chose de neuf, quelque chose qui n'a pas encore été essayé. Vous. 
Enfin, le retour de la gauche au pouvoir a bénéficié de la sagesse démocratique des Français, attachés à l'alternance naturelle. Depuis dix ans, la droite a monopolisé l'exécutif. Depuis dix-sept ans, elle occupe l'Elysée. Et si les électeurs ont confié à la gauche la quasi-totalité des autres pouvoirs - grandes villes, départements, régions, Sénat - afin d'instaurer une sorte de cohabitation verticale, ils ont senti que le temps était venu de ne plus laisser les mêmes gérer les affaires de l'Etat.
Monsieur le président, ces réserves n'entament en rien votre mérite, tant une victoire présidentielle n'est jamais le fruit du hasard ni de la chance. Votre travail, votre constance, votre habileté forcent l'admiration. Toutes ces circonstances favorables, toutes ces hypothèses si faciles à décrire après le scrutin, vous les avez pensées, calculées, intégrées. Dans cette météo brumeuse qui baigna la fin du quinquennat Sarkozy et la longue campagne électorale, vous avez été un marin avisé, loin du "capitaine de pédalo" brocardé par Jean-Luc Mélenchon, mais loin aussi du corsaire audacieux ou du découvreur visionnaire. 
Ni Surcouf ni Magellan, vous voilà à bon port, avec dans vos voiles une brise d'espoir, mais en vos cales une cargaison de mystères. 
Le premier mystère, c'est vous. Si vous n'avez pas remporté une victoire par défaut, vous avez remporté une victoire par absence de défaut. Telle une savonnette, vous avez échappé à tous les traquenards organisés par la droite... et par la gauche. Vous n'avez pas soulevé en vos meetings de ferveur remarquable, vous avez imité François Mitterrand sans rééditer 1981, et si vous avez proclamé en slogan "le changement, c'est maintenant", vous vous êtes bien gardé de promettre de "changer la vie". Parce qu'il n'y a pas, dans votre élection, d'illusion démesurée, il n'y aura pas, dans votre mandat, de désillusion cruelle. Pas de lendemains qui chantent, pas même d'aujourd'hui qui fredonne. Vous incarnez le socialisme vacciné. 
Pourtant, les déçus du hollandisme viendront, et peut-être plus vite que prévu. Déçus par votre personne, d'abord. Nul ne vous soupçonne, homme sans démesure, de vouloir quitter l'habit du simple, du sobre et du sage pour céder aux excès de puissance: tout est possible dans cette tour d'ivoire et d'ivresse qu'est l'Elysée, mais votre parcours et votre caractère valent brevet de "normalité". Et même de "normalitude", tant vous avez inventé là une quasi-hygiène du pouvoir labellisée Hollande.  
C'est plutôt l'excès inverse qui inquiète: ne serez-vous pas trop faible, trop modeste, trop banal? On attend de vous une grande autorité sur votre famille politique, prompte aux embardées idéologiques, une sévérité implacable sur le gouvernement, attelage impétueux sous tous les régimes, et une fermeté de décision que vous n'avez guère démontrée au fil de votre carrière partisane. Votre absence de tout ministère, cette "virginité exécutive" dénoncée par la droite, fut un atout durant la campagne: vous n'avez pas sur les mains le sang de l'échec. A partir d'aujourd'hui, elle est un handicap, et ce serait un comble pour la France, après avoir souffert d'une hyperprésidence, de se plaindre d'une hypoprésidence... 
La crise empêche désormais tout état de grâce
L'inquiétude vient enfin, Monsieur le président, de votre programme. Le renier serait périlleux, l'appliquer sera dangereux. 
Si vous trahissez vos promesses, la France qui souffre, de ses nerfs comme dans sa chair, ne vous laissera pas faire. Si vous n'avez versé ni dans l'irénisme ni dans le messianisme, vous avez pris date pour plus de justice sociale et plus d'efficacité économique, notamment contre le chômage. Si les décisions ne viennent pas de suite, si les résultats n'arrivent pas vite, la colère populaire vous cueillera à l'automne. A votre gauche, de faux amis n'attendent que ça, et le mélenchonisme douché dans les urnes brûle de trouver sa revanche dans la rue. Dans l'opposition, une droite en reconstruction, tentée d'aller très à droite, ne vous accordera pas plus de cent jours de répit. La crise a mis fin à la tradition de l'état de grâce, ces "stock-options" du politique. Prenez comme une chance de n'avoir rien à perdre, surtout pas une minute. 


Une nouvelle Europe est nécessaire
Agir, donc. Cependant, votre programme ne laisse pas d'inquiéter. L'Etat est en faillite, les spéculateurs sont en embuscade, le monde vous regarde. Il ne s'agit pas de dépenser moins, il s'agit de dépenser beaucoup moins, et vite. Des augmentations promises pour diverses allocations aux 60 000 postes prévus dans l'Education, la liste de ce qui n'est pas raisonnable est fort longue. Il vous faut faire en deux mois, vous le savez très bien, ce que la gauche mitterrandienne fit en deux ans, de 1981 à 1983. Pour réussir ce saut périlleux arrière, vous avez un trapèze - l'audit des finances publiques que vous allez commander - mais pas de filet. Faites en sorte que les Français partent en vacances lucides. Mécontents, peut-être, mais lucides... 
Monsieur le président, l'Europe est au bord de la débandade, et votre exigence de renégociation du traité en cours est, déjà, obsolète. C'est une refondation bien plus ambitieuse dont nous avons besoin, et c'est là votre ardente mission. Une nouvelle Europe est indispensable, au nom de la croissance - vous avez raison sur ce point - mais surtout par les chemins de la convergence des politiques et de l'affirmation d'une gouvernance continentale. Vous êtes le "fils" de Jacques Delors, vous êtes l'ancien collaborateur de François Mitterrand, vous êtes le disciple de Pierre Mendès France: ne décevez pas!  
C'est en étant plus grande qu'elle-même que la France est la France, c'est en inventant la nation européenne, en un fédéralisme raisonné et fervent, que l'Union peut se sauver, c'est en accomplissant cette mission que vous serez un président pour l'Histoire. Ne patientez ni ne spéculez en vue d'une victoire sociale-démocrate outre-Rhin: jetez-vous dans l'aventure du couple franco-allemand, parce que de lui dépend la prospérité de demain, et de la prospérité de demain dépend la paix d'après-demain. 
Les Français ne toléreront aucune dérobade
Le monde est en révolution: les puissants du passé s'effondrent lentement, les rois du futur poussent sans tarder. Si l'Europe survit à sa crise actuelle, qui est une crise de civilisation drapée dans les oripeaux d'une crise économique, alors la France, son fer de lance, pourra demeurer parmi les grandes nations et bâtir un nouvel ordre mondial. C'est cela, rien de moins, que la situation exige de vous. Il faudra jauger les périls, apprendre à ne pas laisser faire, être assez avisé pour éviter les mauvaises guerres et assez courageux pour engager la France dans celles qui seront justes. Ici, Nicolas Sarkozy comme Jacques Chirac ont laissé un bon bilan, meilleur peut-être que celui de François Mitterrand. Quitter l'Afghanistan le plus vite possible est une décision facile: saurez- vous prendre les plus difficiles? 
Monsieur le président, vous ne pouvez effacer le mandat précédent, vous ne pouvez faire que Nicolas Sarkozy n'a pas existé. S'il a froissé, bousculé, blessé le corps social français, par ses mots, son style et ses décisions, il a aussi incarné la modernité: celle de la réforme possible et celle du sursaut nécessaire, celle, également, de la présence au plus près des événements et des citoyens. Avec le quinquennat, le président arbitre est mort et le chef de l'Etat cumule désormais la responsabilité du long terme et la charge du quotidien, quelle que soit sa vision de l'administration ou du rôle des ministres. Si les Français n'attendent de vous aucun miracle, ils ne toléreront aucune défausse, aucune dérobade. De tout, aujourd'hui, vous êtes comptable devant nous. Et ce statut-là n'a vraiment rien de "normal". 


Qui pour diriger l'UMP ? Les Français préfèrent François Fillon

Selon un sondage Ifop - Sud Ouest Dimanche, l'ancien Premier ministre a le profil le plus rassembleur à droite. Il devance Alain Juppé et Jean-François Copé 
Nicolas Sarkozy quittant la vie politique, qui va le remplacer pour diriger le grand parti de la droite ?

Selon un sondage Ifop- Sud Ouest Dimanche,  à paraître dans son intégralité ce dimanche, François Fillon apparaît comme le mieux placé pour diriger l’UMP durant les prochaines années pour 27% des Français.
Il est suivi par le maire de Bordeaux Alain Juppé (20%) et l'actuel secrétaire général du mouvement Jean-François Copé (13%). "Néanmoins, deux Français sur cinq ne se prononcent pas pour ces personnalités : 5% citent une autre personne pour prendre la tête de l’UMP, et 35% ne souhaitent y voir aucune de ces personnalités, commente l'Ifop.  Le succès de François Fillon en tant que possible chef de l’UMP est encore plus fort chez les sympathisants du parti : ils sont 42% à souhaiter le voir à ce poste, contre 29% pour Jean-François Copé (qui passe deuxième) et 24% pour Alain Juppé."

Jean-Pierre Raffarin : « Cette élection était gagnable »

L'ancien Premier ministre revient sur quelques moments forts de l'élection présidentielle. Laissant entendre, en creux, que le principal responsable de l'échec n'est autre que Nicolas Sarkozy
 Dans un sondage pour Sud Ouest Dimanche, les Français placent en tête François Fillon et Alain Juppé loin devant Jean-François Copé pour tenir dans l'avenir les rênes de l'UMP. Cela vous étonne ?
Jean-Pierre Raffarin. Je ne suis pas surpris. C'est la hiérarchie du précédent quinquennat, laquelle va être bouleversée par la nouvelle donne politique. C'est la hiérarchie d'aujourd'hui. Pour l'avenir, la jeune génération va trouver un appui plus fort dans l'opinion.

Qui mettez-vous dans le panier de cette jeune génération ?
Toutes les personnalités ayant figuré au premier rang ces derniers mois. Jean-François Copé, naturellement, lequel me semble en être le leader, mais aussi François Baroin, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand et j'en oublie.
Dans ce sondage, 35 % des personnes interrogées ne citent ni Fillon, ni Juppé, ni Copé. Ce pourrait être un espace pour un certain Raffarin ?
Non. Avec mon ami Alain Juppé, nous veillons au respect des fondements de l'UMP, mais nous voulons aussi tracer des perspectives d'avenir.
Proche de Giscard, vous aviez vécu 1981 aux premières loges. Vous retrouvez des similitudes avec l'échec de 2012 ?
Il y a des points communs dans ces deux histoires. Dans les deux cas, nous avons de « jeunes » présidents, tous deux réformateurs, tous deux ayant eu à subir des crises majeures. Pour moi, la principale différence tient à leur élection. Élection de division pour Giscard - son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, était candidat contre lui -, tandis que Nicolas Sarkozy conduisait cette année une campagne où sa majorité était unie.
Autre point important pour l'avenir : Sarkozy semble avoir réussi sa sortie alors que Giscard a laissé le sentiment d'une blessure insurmontable.
La défaite de votre camp, dimanche dernier, tient-elle avant tout à la personnalité de Sarkozy ? Plus précisément, est-ce lui, incapable de se débarrasser de cette image de « président des riches », qui vous a fait perdre ?
Je crois en effet que les comportements ont été davantage sanctionnés que la politique. Le style hyperactif de Nicolas Sarkozy a pu heurter nombre de sensibilités plus tempérées. Il est clair que cette élection révèle par moitié, en France, un partage de la droite et de la gauche. Au total, cette élection était donc gagnable pour la majorité sortante.
En creux, vous êtes en train de dire que c'est Nicolas Sarkozy qui a perdu…
Il avait dit lui-même : « Si je gagne, c'est ma stratégie qui l'aura emporté, si je perds, ce sera de ma responsabilité. » Dimanche dernier, il a assumé. Dans le même temps, on a vu que sa politique pouvait être majoritaire en France…
Sa campagne - en particulier durant l'entre-deux-tours - a-t-elle été, selon vous, positionnée beaucoup trop à droite ?
Pour gagner, une majorité de droite doit rassembler ses deux cultures. La culture de la droite républicaine et la culture des humanistes. Dans cette campagne, la présence frontale de Marine Le Pen a en effet bousculé l'équilibre entre ces deux cultures. Quand on perd à trois points, on perd autant à droite qu'au centre. La droite gagne quand elle sait rassembler ses deux cultures.
Dans cette campagne, il y a eu le vote « à titre personnel » de François Bayrou. Comment avez-vous vécu ce choix ?
Comme une profonde déception, comme une incompréhension. Ce choix est, pour le centre, une impasse. C'est une réaction très personnelle, l'histoire entre deux hommes qui se termine par ce signe de rupture brutale. Les tensions personnelles l'ont emporté sur les choix politiques.
Quelle stratégie pour les législatives ?
Priorité à l'unité. Le délai est très court. Dans les situations de défaite, les divisions sont mortelles. Dans l'histoire politique, les défaites sont porteuses de multiples poisons.
Une fois cette échéance passée et les humeurs apaisées, il conviendra de réfléchir à la stratégie d'avenir, à maintenir une UMP forte, seule réponse possible face au FN et au PS. Une UMP fondée sur la diversité ; en fait, un mouvement de mouvements. C'est le défi de l'automne, lequel impliquera un certain sens de l'autocritique.
Franchement, voilà une semaine, vous pensiez que Nicolas Sarkozy avait encore une chance ?
J'étais sceptique. Même si, sur le terrain, on percevait une vraie mobilisation. En fait, j'étais pessimiste depuis quelques mois. Parce que Nicolas Sarkozy a pensé son quinquennat en une seule pièce les cinq ans durant. À mon avis, un quinquennat se doit d'être appréhendé en deux phases : trois ans pour mettre les choses en place, deux ans pour la perspective…

Mélenchon, le FN, le PS… et le PC 


Jean-Luc Mélenchon a fait du Front national son fonds de commerce. En allant défier Marine Le Pen à Hénin-Beaumont il prolonge sa campagne présidentielle, très largement axée sur la dénonciation de l’extrême-droite. Sans grand succès d’ailleurs, puisque Marine Le Pen a fait presque le double de son score. Le leader du Parti de gauche veut utiliser les législatives pour prendre sa revanche.
La présidente du FN feint l’indifférence devant sa candidature. Elle sera pourtant conduite à orienter différemment sa campagne. Dans cette circonscription ouvrière, où le PS est divisé et englué dans des affaires de corruption qui donnent une piètre image de la gauche, Marine Le Pen comptait se présenter en chevalier blanc. En s’en prenant, comme elle, à la « décomposition » du PS, Mélenchon transforme l’opération « coup de balai » que se proposait de mener Marine Le Pen en bataille politique, front (de gauche) contre front (national).
Pour l’ancien sénateur socialiste, c’est bien joué… à condition de sortir vainqueur de la bataille. Le plus difficile sera le premier tour. Il lui faudra arriver en tête de la gauche, car il lui sera impossible de se maintenir face à un socialiste arrivé devant lui. Il sera donc conduit, comme Marine Le Pen, à cogner fort sur les notables locaux, qu’il a longtemps côtoyés au sein du PS, et dont il dit connaître parfaitement les habitudes de « tricherie ».
Il s’apprête à faire le « sale boulot » de nettoyage en lieu et place de Martine Aubry et des pontes de la rue de Solferino, et on doute que ceux-ci lui mettent des bâtons dans les roues. En revanche, pour les communistes, le retour au premier plan de Jean-Luc Mélenchon n’est pas vraiment un cadeau car il déséquilibre, au moins sur le plan médiatique – qui est essentiel –, l’accord Parti de gauche-Parti communiste : au premier incombait la responsabilité et les honneurs de la campagne présidentielle, au second revenait l’essentiel des investitures… et des élus aux législatives. En faisant irruption dans la campagne, Mélenchon accapare micros et caméras au détriment de ses alliés. Comme François Mitterrand dans les années soixante-dix, il est pour les communistes un partenaire encombrant et dominateur, qui pourrait bien éclipser au final ses « camarades » de combat. En commençant par les reléguer dans l’ombre à l’Assemblée nationale, s’il est élu.

La crise de l'euro entraînera nécessairement une européanisation des vies politiques nationales

2012 n'est pas 1981. La mondialisation est passée par là et le nouveau gouvernement français ne dispose pas de la capacité d'agir seul : les mesures de croissance seront donc européennes. Elysée ou Parlement, la crise de la zone euro devrait amener à une véritable révolution de l'organisation politique nationale.
Les deux finalistes de la campagne présidentielle ont, l'un et l'autre, souligné les appuis dont ils disposaient dans les capitales européennes. Nicolas Sarkozy a ainsi reçu le soutien d'Angela Merkel, de David Cameron, de Mariano Rajoy et de Romano Prodi. François Hollande a rassemblé autour de lui, le 17 mars 2012  au cirque d'hiver, l'Europe progressiste des partis socialistes et sociaux démocrates italien, allemand, britannique, et belge.
Il ne s'agissait en aucun cas d'une péripétie de la campagne électorale ou d'un coup de communication.
La mondialisation ne se cantonne plus au domaine économique. Elle touche dorénavant aux vies politiques nationales. Rien de ce qui se passe dans l'équilibre politique de chacun des 27 Etats membres de l'Union européenne ne peut être ignoré des autres gouvernements.
L'actuel débat sur l'adoption d'un pacte de croissance ne se résume pas à un dialogue entre François Hollande et Angela Merkel. Les mesures de croissance seront européennes. 2012 n'est pas 1981. La mondialisation est passée par là et le nouveau gouvernement français ne dispose pas de la capacité d'agir seul. Il devra s'appuyer sur des alliés européens qui, d'ailleurs, commencent à se manifester au-delà du cercle progressiste (Mario Monti ou David Cameron).
Par ailleurs, Angela Merkel est gênée dans ses décisions par sa marche vers la probable constitution en 2013 d'une "grande coalition" (CDU+SPD) et les engagements qu'elle sera amenée à prendre envers ses futurs partenaires politiques du SPD, proches de François Hollande. Enfin Barack Obama n'a pas intérêt à voir une Europe en crise limiter le début de la reprise économique nord-américaine avant son éventuelle réélection en novembre 2012. En ce sens, les appels de la Banque mondiale ou du FMI en faveur d'un effort de croissance en Europe manifestent la solidarité économique de fait de la zone euro-atlantique. Tous ces éléments concourent à donner une réelle marge de manœuvre à la nouvelle équipe gouvernementale française, contrairement à ce qui a pu être dit à ce sujet durant la campagne. Si la France veut "emporter la mise" sur la nature et l'importance de l'effort pour la croissance en Europe, le résultat du 6 mai doit être conforté voire amplifié lors des législatives de juin prochain: une manifestation supplémentaire de l'interaction des vies politiques nationale et européenne.
Par suite, il est logique que les premiers rendez-vous du nouveau président soient européens (visite à Angela Merkel le 16 mai; Conseil européen informel du 31 mai avant le Conseil européen officiel prévu le 28 juin) ou internationaux (sommet de l'Otan du 20 mai; sommet du G8 des 18 et 19 mai; sommet du G 20 des 18 et 19 juin).
L'européanisation des politiques nationales jointe à l'accélération du calendrier européen de négociation des textes du fait de la crise de la zone euro modifie les relations entre exécutif (en charge des négociations) et législatif (en charge du contrôle démocratique et de la transposition des textes). Cet état de droit nouveau devrait conduire à une meilleure association du parlement national aux décisions, et ceci, plus en amont, dès la négociation. La technique de comités parlementaires restreints délégataires des principales commissions parlementaires compétentes (finances; lois, commission des affaires européennes), déjà utilisée en Allemagne, pourrait être adoptée en France.
C'est à une véritable révolution de l'organisation politique nationale que la crise de la zone euro devrait mener. La gestion des outils de la gouvernance économique européenne en constitue une preuve. Que pouvait faire le Parlement national après la signature par le gouvernement français du traité instituant le mécanisme européen ou du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire, à la négociation desquels il n'avait pas été associé ? Leurs rejets auraient provoqué un cataclysme politique européen ! Cette pratique issue de la négociation classique des traités internationaux, où prédomine l'Exécutif, n'a plus sa plus place dans le domaine des affaires européennes, faute de quoi la légitimité des parlementaires nationaux s'en trouverait fortement affectée.
Il  convient de tirer toutes les conséquences de l'internalisation des affaires européennes. L'association plus étroite des représentants politiques nationaux à la conduite même des dites affaires est nécessaire à une plus grande adhésion de la population française à la construction européenne.

Mais que peut faire la Grèce pour s'en sortir ?

La Grèce s'enfonce encore un peu plus dans la crise, aucun gouvernement n'a pu être formé à l'issue des législatives. Le chef de l'Etat doit maintenant convoquer les dirigeants des partis pour une réunion de la dernière chance, au plus tard ce lundi. Comment la Grèce peut-elle sortir de la crise ?

Kostas Vergopoulos : La Grèce se trouve dans une très mauvaise passe. Mais elle n'est pas le seul pays de la zone euro dans ce cas. D’autres pays sont également dans une mauvaise passe à des degrés variables : l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, l'Italie…
La raison est que l'Euro est une très mauvaise monnaie et son principal défaut est qu'il lui manque le mécanisme de sa propre sauvegarde. Il manque le transfert de fonds stabilisateurs d'un pays à l'autre, notamment des pays à surplus vers les pays en déficits.
La Grèce est donc victime de ce manque d'institutions européennes qui puissent soutenir sa monnaie. C'est un problème européen qui est posé à travers la mauvaise passe de la Grèce mais, même si la Grèce sort de l'Euro, ce problème persistera pour les autres, parce que la monnaie européenne fonctionne uniquement comme si c'était une monnaie allemande. Les autres partenaires de l'Allemagne sont lésés par ce fonctionnement et la Grèce est la première victime de cette situation.  
Pour s’en sortir, Il faut établir le mécanisme européen, comme le dit François Hollande, qui veut donner une priorité à l'établissement des institutions européennes qui conviennent. Comme pour le dollar, comme en Allemagne à l’époque du Deutsch Mark, comme au Canada : dans tous les états fédéraux où il y a une monnaie fédérale, il y a des mécanismes d'appui de cette dernière. L'absence d'institutions d'appui fait qu'il y a des victimes, des pays faibles. Et la Grèce est à la tête de ce cortège…

Comme le problème est structurel, la Grèce ne peut pas s'en sortir toute seule ?

Il y a l'austérité. François Hollande a dit "L'austérité n'a pas marché en France, elle n'a pas marché en Europe, pourquoi marcherait-elle en Grèce ?". Si on applique l'austérité seule, on sauve soit disant la caisse allemande mais on détruit l'Europe. Et l'approche qui convient est d'ajouter le volet croissance qui manque.
Pour être concret, la Grèce a prévu d'avoir une récession de 5% de son PIB, et l'année d'avant, c’était - 7%. Pendant toutes ces années, les trois ou quatre dernières années, on applique le programme d'austérité et le PIB se rétrécit, se contracte.
Mais si son PIB se contracte, comment va-t-elle payer sa dette ? La dette croît automatiquement en tant que pourcentage du PIB si le PIB diminue. C’est mathématique. On a donc mis la Grèce dans une posture absolument impossible : elle doit payer sa dette alors qu'elle a de moins en moins de revenus…

Concrètement, comment peut-elle alors s'en sortir ?

François Hollande a raison de soulever la question de la croissance. Mario Monti en Italie aussi. Il faut revenir à la croissance, c'est le seul moyen de payer ses dettes. Il faut une croissance du PIB plus rapide que le taux de dettes.
Il faut donc envisager en premier lieu la croissance européenne, avec des travaux pour l'ensemble de l'Europe. Pas dans chaque pays mais pour l'ensemble de l'Union Européenne, et financés par la Banque centrale européenne ou le FESF. C'est la première option et  je pense qu’elle a de fortes chances de marcher.
Elle pourrait même être acceptée par l'Allemagne, car n'oubliez pas que l'Allemagne a aussi une croissance de près de 0% et elle paye en ce moment les taux d'intérêts le moins élevé en Europe (pour le bond du Trésor allemand : 1,6%). Mais si elle a une croissance de 0, elle s'endette aussi à 1.6%. C'est-à-dire que la dette croît par rapport au PIB. L'Allemagne est dans le même piège que celui dans lequel elle a poussé ses partenaires. La question de la croissance est donc prioritaire.

Sur quels secteurs, quelles industries, peut s’appuyer cette croissance ?

Le secteur énergétique. Il y a pleins de ressources énergétiques en Grèce qui ne sont pas exploitées ou insuffisamment exploitées. A part le pétrole, et le gaz naturel qu'il y a sous la mer Egée, il y a l'énergie solaire.
Les transports sont tout à fait déficients et la recherche est rudimentaire. L'agriculture n'est aussi pas suffisamment exploitée. Il n'est pas nécessaire que tout le pays se spécialise dans l'industrie.
De toute façon, dans l'industrie, c’est l'Allemagne qui domine. Il n'y a aucun pays européen qui puisse concurrencer l'Allemagne en ce moment dans ce domaine. Mais il y a d'autres domaines, la Grèce peut développer ses autres atouts, comme l’agriculture, l'économie touristique et les communications.

Si la Grèce sortait de la zone Euro, quel impact ce big bang aurait-il sur la population dans sa vie quotidienne ?

Ce serait catastrophique. Mais elle n'a aucune envie de se retirer. Si vous posez la question aux Grecs, ils vous répondront à 80% qu'ils veulent rester dans la zone euro. Pour les faire sortir, il faudra les forcer…

Mais les Allemands, qui ne partagent pas l'avis des Grecs, pourraient être tentés de les forcer ?

Non, le ministre allemand Wolfgang Schäuble a dit que si un pays veut sortir, les autres membres ne vont pas l’en empêcher. Mais qu'est ce qu'on fait si ce pays ne veut pas sortir ? Et la Grèce ne veut pas sortir !
Dimanche dernier, il y a eu des élections en Grèce et neuf partis étaient en lice. Parmi ces neuf, il n'y en a que deux qui veulent sortir le pays de la zone euro. C'étaient le Parti communiste orthodoxe qui a obtenu 8% des voix, et l'extrême droite qui a obtenu 6%. 6 et 8, ça fait 14. Tous les autres, y compris la gauche radicale, veulent rester dans l'Euro.

Mais si ça arrivait, quelles conséquences pour les populations ?

Elles seraient catastrophiques. Les revenus des Grecs diminueraient de 80%. Il ne resterait que 20% de pouvoir d'achat. Ce serait un anéantissement du pays.

Et les conséquences pour la zone euro ?

Il y aura certainement un effet de contagion. Les Irlandais sont vraiment à bout, ils ne peuvent pas tenir avec cette austérité. Apres avoir payé leurs dettes, il ne leur reste que 100 euros par mois, ils ne peuvent pas vivre avec ces revenus. Eux aussi font pression pour le retour de la croissance. Tout comme les Espagnols, les Portugais, et les italiens, avec Mario Monti, qui pourtant est un conservateur.

Si la Grèce saute, on aura montré la possibilité d’une sortie de l’Euro. Donc la spéculation va s’aggraver sur la zone euro. Les « spreads » vont augmenter partout, pour l’Italie, l’Espagne : l’effet de contagion risque d’être insupportable

Les spéculateurs seraient-ils tentés de sacrifier ces pays pour sauver l’Allemagne ou la France ?

Oui, mais l’Allemagne elle-même n’est pas totalement protégée, car avec une croissance proche de 0, elle ne pourra pas payer sa dette, si cette dette est contractée à 2%. Elle est donc aussi en situation de potentiel défaut de paiement.
Il faut que Madame Merkel fasse quelque chose. D’ailleurs, elle commence à faire des choses qu’elle disait qu’elle ne ferait jamais. Elle vient d’accorder  6% d’augmentation de salaire à ses fonctionnaires. Maintenant, le secteur privé et la métallurgie se révoltent aussi et réclament la même augmentation. Lorsqu’un pays est excédentaire, comme c’est le cas de l‘Allemagne, il faut en profiter pour relancer la consommation, le contraire de l’austérité. Les commerçants et les industriels allemands protestent : « Nous avons les moyens, pourquoi rester dans l’austérité ? ».

Donc vous pensez que les choses vont dans le bon sens ?

Oui. Et maintenant il y a des propositions de l’Italie et de la France pour un changement de politique européenne dans le sens de la croissance. La Grèce devrait profiter de ce changement-là.

Poker menteur à l’athénienne 


Les tractations en Grèce soumettent à rude épreuve les nerfs des citoyens hellènes, qui ignorent encore où les mène leur classe politique. Elles crispent aussi les partenaires d’Athènes, car ces derniers voient remis en question des mois d’efforts pour organiser et grossir – mais avec des conditions harassantes en contrepartie – l’aide à la plus vieille démocratie européenne. Avec la Grèce au cœur des préoccupations, mais aussi le risque d ‘autres crises économiques à l’esprit, le Vieux Continent a mis en place un pare-feu de 800 milliards d’euros. Mais la déception voire la colère des opinions, qui a déjà renversé plusieurs pouvoirs en place, a propulsé la Grèce au-delà d’une alternance classique, jusque dans la confusion.
À ce jour, toutes les tentatives de former une coalition viable de gouvernement ont échoué. De nouvelles élections, quelques semaines après le scrutin qui vient d’avoir lieu le 6 mai, sont déjà évoquées. Or, elles ne permettront de résoudre la quadrature du cercle que si d’importants déplacements de voix modifient sensiblement le rapport des forces et clarifient la scène des partis. Car le mot fatal, aujourd’hui, est l’émiettement. Une parcellisation qui traduit, certes, la pluralité des opinions, mais qui peut devenir synonyme d’impuissance. Et qui peut sévir dans d’autres pays, quand les coups de boutoir de la crise fragmentent le socle des idées. Car si les partis « traditionnels » s’affaiblissent, ils ne disparaissent pas, tandis que les formations nouvelles enflent le catalogue partisan. En Grèce, le résultat est saisissant : seulement quatre formations, sur 32 en lice, représentent plus d’un votant sur dix, mais aucune n’atteint la représentativité d’un sur cinq (20 %) ! Et en dépit de leur poids somme toute limité, certaines affichent pour l’heure une bonne dose d’intransigeance.
Ce poker est menteur dans la mesure où l’on ne pourra sortir de l’impasse sans compromis. Ah, le vilain mot, abhorré des radicaux et des inconditionnels ! Qui savent surtout le risque de perdre de leur superbe de sauveurs providentiels, s’il faut gérer les réalités avec des partenaires qui ne pensent pas exactement comme eux, mais qui ne sont pas moins légitimes. Sauf si un nouveau scrutin voyait beaucoup de Grecs se déjuger.

Hollande et ses 1,17 million d'euros

Le patrimoine de François Hollande a été publié vendredi au Journal officiel. Le président élu dispose de biens immobiliers d'une valeur de 1,17 million d'euros et n'est pas assujetti à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Il ne possède ni valeur boursière ni collections diverses. François Hollande dispose en revanche de biens immobiliers d'une valeur de 1,17 million d'euros, selon sa "déclaration" de patrimoine parue vendredi au Journal officiel, comme la loi l'exige pour tout président élu. Ses biens immobiliers se répartissent entre une maison à Mougins (Alpes-Maritimes) d'une valeur de 800.000 euros et deux appartements à Cannes de 230.000 et 140.000 euros. Le socialiste déclare en outre posséder "divers meubles" d'une valeur de 15.000 euros.
Mon patrimoine ? Mais je vous emmerde, moi, ch'uis président de la République !!
Il possède également trois comptes courants - sur lesquels est répartie la somme de 8.000 euros - ainsi que d'un contrat d'assurance-vie. François Hollande a par ailleurs contracté cinq prêts depuis 2000, et doit rembourser plus de 255.000 euros.
Le président élu déclare ne détenir aucune valeur mobilière (actions cotées ou non, placements...) ni aucun compte à l'étranger. Il n'a en outre pas de collections d'objets d'art, de bijoux ou pierres précieuses et ne déclare pas de véhicule. François Hollande ne paye donc pas l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) puisqu'il se situe juste en dessous du seuil, fixé à 1,3 million d'euros.

Sarkozy déclare 2,7 millions d'euros

Le président sortant doit lui aussi rendre public l'état de son patrimoine à la fin de son mandat. D'après une déclaration publiée au Journal officiel fin mars, Nicolas Sarkozy a déclaré environ 2,7 millions d'euros sous forme, pour l'essentiel, d'assurance-vie.
Et pendant la campagne présidentielle, plusieurs candidats avaient aussi accepté de dévoiler leur patrimoine. François Bayrou, le chef de file du MoDem est propriétaire d'une maison dans le Béarn, d'une valeur de 450.000 euros, et d'un pied à terre à Paris, estimé à 410.000 euros. Le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, possède lui un patrimoine estimé à 760.000 euros. Ses revenus de député européen s’élève à 6.200 euros nets par mois. La présidente du FN, Marine Le Pen, bénéficie de revenus similaires, grâce à son poste au Parlement européen. 

LES SOCIALOS COMMENCENT DÉJÀ À NOUS ENTUBER

Moscovici-Thibault : l'alliance des faux-culs

On vit vraiment dans une société de faux-culs. A droite (où on critique ceux qui avouent, à juste titre et comme cela a toujours été la règle républicaine, préférer voter PS que FN en cas de duels aux législatives) comme à gauche. Un exemple nous en a été donné ce mercredi matin avec Pierre Moscovici qui était l'invité politique de Jean-Michel Aphatie sur RTL. A la question de savoir si la CGT était dans son rôle en donnant une consigne de vote pour le 2è tour, voici ce que le directeur de campagne de François Hollande a répondu : "La CGT est dans son rôle. Elle n'a pas dit d'aller voter pour tel ou tel, ce n'est donc pas une consigne de vote. Un syndicat peut expliquer que la politique suivie depuis cinq ans, d'un point de vue social, du chômage ou des inégalités, a échoué. Ils le disent et ils ont raison de le dire."

Je trouve cette réponse tout bonnement ahurissante et digne du roi des faux-culs. D'où mon coup de gueule. Soit la CGT est dans son rôle et la première des honnêtetés intellectuelles pour qui aspire à devenir premier ministre - le cas de Pierre Moscovici, dont les initiales PM veulent aussi dire Premier Ministre - est de reconnaitre que la centrale de Montreuil, en appelant depuis des mois à voter contre Nicolas Sarkozy le 6 mai, donne bel et bien une consigne de vote en faveur de François
Hollande. Soit elle ne l'est pas et la moindre des choses est alors de lui demander de ne rien dire du tout. Mais cet entre-deux, opportuniste et récupérateur, est simplement scandaleux. Surfer sur la vague (réelle) de l'anti-sarkozysme n'a rien d'honorable et promet, en cas de victoire du candidat socialiste, des lendemains qui déchantent. C'est dit.

«L'escalade grecque rappelle la crise des missiles de Cuba»

Alors que le chef de l'Etat grec se réunit avec les chefs de partis dimanche, l'économiste Alexandre Delaigue estime que l'argument d'une sortie de la zone euro risque de se retourner contre tout le monde.
Co-auteur du livre «Nos phobies économiques», Alexandre Delaigue enseigne actuellement l'économie à l'école militaire de Saint Cyr Coëtquidan.
Après le refus du chef de la gauche radicale de soutenir un gouvernement de coalition, le chef de l'État grec recevra les dirigeants des partis dimanche pour éviter la sortie du pays de la zone euro.
LE FIGARO.FR: L'impasse électorale en Grèce accroît-elle le risque d'un défaut?
Alexandre Delaigue: Après la Nouvelle démocratie (centre droit), qui soutient le programme d'austérité, l'extrême-gauche Syriza a échoué à former un gouverment et c'est au PASOK d'essayer désormais... S'il n'y parvient pas, la constitution est assez claire: les grecs seraient de nouveau appelés aux urnes, éventuellement dès juin. Mais quel que soit le gouvernement, en pratique l'abandon de souveraineté est largement effectif puisque l'aide au pays n'est pas versée directement mais sur un compte sous séquestre. L'Europe peut s'assurer que les sommes soient utilisées prioritairement pour payer les créanciers.
Beaucoup de partis menacent pourtant de dénoncer l'accord de prêt liant Athènes à ses bailleurs de fonds…
La situation s'apparente un peu à la crise des missiles de Cuba: on observe une escalade de la rhétorique et les observateurs décrivent la situation comme au bord du gouffre… Or prendre le risque d'une situation très dangereuse fait partie intégrante de la négociation. Comme en 1962 entre l'URSS et les États-Unis, nul n'a intérêt à ce que la catastrophe ne se produise, mais chaque camp utilise la menace de cette catastrophe pour essayer d'avancer ses intérêts. Le drame c'est qu'il y a un effet performatif à évoquer la sortie de la zone euro: plus les gens y croient, plus la probabilité augmente.
En fait qu'est-ce que cherchent à obtenir les Grecs et les autres européens dans ce bras de fer?
Pour l'éventuel prochain gouvernement grec, il s'agit d'obtenir des termes plus favorables, de demeurer dans la zone euro mais en diminuant les engagements que l'Europe lui réclame en échange de son aide. Dans ce bras de fer, de prime abord le rapport de forces semble en faveur de la troïka (composée de la BCE, du FMI et de l'Union européenne). Mais une sortie de la Grèce de la zone euro instituerait un précédent dont les conséquences sont difficiles à mesurer: est-ce que d'autres pays pourraient lui emboîter le pas plutôt que de se résoudre à l'austérité? Au bout du compte cela ébranlerait la crédibilité de l'euro. En outre l'Europe ne peut pas forcer le pays sortir de la zone pour éviter d'avoir à financer sans fin le budget grec, sans apparaître comme le méchant de l'histoire. D'un autre côté, les Grecs comprennent bien que le pays serait précipité dans une situation chaotique ; cela deviendrait probablement un contre-exemple pour inciter les autres à faire des efforts.
Dans quelles conditions peut-on envisager une faillite et une sortie de l'eurozone?
Même si demain vous passiez l'éponge sur la totalité de la dette, le budget grec reste en situation de déficit primaire qui n'est pas près de se résorber: c'est-à-dire que même en gommant les intérêts de sa dette, les dépenses du pays dépassent nettement ses ressources. La Grèce aurait donc toujours besoin d'aide financière. Ce serait pire si elle annulait unilatéralement sa dette actuelle, elle se couperait encore plus (si c'est possible) des marchés. Privé d'aide, le gouvernement serait contraint de mettre en route la planche à billets et on assisterait à une forte dévaluation du drachme. Pour un si petit pays, qui importe beaucoup de biens, cela renchérirait fortement les prix. Et très concrètement, on voit mal comment cela se passerait: il y aurait non seulement une fuite des capitaux à l'étranger mais une désorganisation totale du pays, avec l'armée devant chaque banque pour éviter les émeutes de gens voulant retirer leurs économie en euros avant le changement.
Citant l'exemple de l'Argentine, qui après avoir essayé l'austérité semble avoir tiré parti de sa faillite en 2001 pour rebondir, certains estiment néanmoins qu'un défaut de paiement serait à terme la meilleure solution.
Attention à ne pas surestimer la stratégie argentine. D'une part, le pays disposait de sa propre monnaie fiduciaire, elle n'a eu «qu'à» abandonner l'indexation au dollar et dévaluer son peso - ce qui n'a pourtant pas été sans heurts. D'autre part, l'Argentine a bénéficié du boom des matières premières notamment agricoles pendant la décennie suivante: cela a bien aidé sa balance commerciale, lui permettant de se financer assez aisément avec les taxes sur exportations. La Grèce, elle, exporte surtout du tourisme: or augmenter fortement les recettes touristiques n'est pas aussi facile que d'augmenter les exportations de soja ou de bœuf ; il faut pouvoir investir dans les infrastructures pour augmenter votre offre hôtelière. Si vous vous trouvez dans une situation économique difficile accompagnée de troubles sociaux, vos produits agricoles trouveront toujours preneur sur les marchés internationaux: en revanche pour attirer les touristes ce n'est pas idéal.
Bref, la situation est bloquée de part et d'autre, mais personne ne peut le dire…
Vis-à-vis de l'électorat européen c'est doublement perdant. Une frange de vos électeurs va juger insupportable de payer pour les Grecs. Une autre va accuser l'Europe de néocolonialisme vu l'impopularité des mesures d'austérité. Pourtant le plus probable est que l'Europe va devoir soutenir la Grèce pendant longtemps. Quant aux grecs il n'ont guère d'alternatives que de poursuivre des mesures rigoureuses pour améliorer la compétitivité de leur économie, ce qui prendra énormément de temps. Ce n'est pas un discours qui peut être tenu en l'état…

Le gouvernement rêvé du PS et de François Hollande (humour)

François Hollande s’atèle actuellement à la préparation de son gouvernement. L’occasion de dresser le portrait idéal du prochain gouvernement socialiste et de faire connaissance avec ces hommes et ces femmes qui vont nous gouverner pendant cinq ans. Un peu d’humour avant que ne commence le grand cirque du PS… 

Premier ministre, Jean-Marc Ayrault
  • Le maire de Nantes, qui n’a jamais été ministre, est un repris de justice (six mois de prison avec sursis pour favoritisme) comme le parti socialiste en produit occasionnellement. Aucune expérience et des casseroles pleins les tiroirs : le locataire idéal pour Matignon. Spoiler alert : ce n’est même pas une blague !
Ministre de la Condition féminine, Dominique Strauss-Kahn
  • « Who else ? » Et si le satyre du Sofitel et du Carlton revenait par la grande porte sur l’un de ses thèmes de prédilection ? Un ministère taillé sur mesure pour DSK qui choisirait sans doute Dodo la Saumure comme directeur de cabinet et le « J’ose » pour domicilier son ministère.
Ministre de l’Egalité des chances, Thomas Hollande
  • Le petit prince du PS, porté en triomphe par les militants socialistes et acteur de l’inoubliable coup de fil à « papa » le soir de l’élection, est le seul à même de redonner du sens à la méritocratie républicaine et relancer l’ascenseur social.
Ministre des Finances, Julien Dray
  • Si les bons comptes font les bons amis, le très économe Julien Dray (qui a vécu deux ans sans retirer d’argent liquide) est incontestablement l’homme de la situation pour concilier rigueur et relance. Un an après son « rappel à la loi » pour avoir oublié de rembourser un prêt, l’organisateur de la soirée du « J’ose » va apporter du sens à l’austérité.
Ministre du Logement, Delphine Batho
  • La crise du logement ne résistera pas longtemps à cette jeune ambitieuse qui réussit le tour de force d’occuper un logement social depuis plusieurs années tout en payant un loyer de 40% inférieur au marché.
Ministre de la Justice, André Vallini
  • Le président du Conseil général de l’Isère, qui a un temps espéré devenir DRH du comité Miss France, est surtout connu pour ses méthodes d’employeur autoritaire et pour la valse de ses collaboratrices. Des poursuites devant les prud’hommes ainsi que des plaintes pour concussion qui ne semblent pas effrayer François Hollande. Spoiler alert : ce n’est pas une blague !
Ministre délégué à la Laïcité, Martine Aubry
  • La maire de Lille, qui avait aménagé des horaires spéciaux pour les « femmes en surpoids » pendant le ramadan dans les piscines municipales de sa ville, est mondialement connue pour son attachement au maintien d’une saine distance entre la République et les organisations religieuses et communautaires.
Ministre de l’Intérieur, Jean-Noël Guérini
  • Cerné par les affaires de corruption et de détournements de fonds publics, le président du Conseil général des Bouches du Rhône a toujours pu compter sur le silence complice de l’appareil socialiste, notamment quand François Hollande en était Premier secrétaire. Un dernier poste de prestige avant la case prison ?
Ministre du Tourisme, Frédéric Mitterrand
  • Surprise, François Hollande pourrait faire à son tour le pari de l’ouverture en recrutant la crème du gouvernement Fillon. Un ministre plein de talent et de morale que la droite regrettera, mais que les hôteliers de Pattaya  seront ravis de retrouver.
Ministre de l’Information, Audrey Pulvar
Ministre de la Culture, Jack Lang
  • Puisqu’on vous dit que le changement c’est maintenant !
Ministre de la Famille, Ségolène Royal
  • On a le boulanger et le petit mitron… et pourquoi pas la boulangère ?
Sous-secrétaire d’Etat aux affaires norvégiennes et à la préservation du Saumon, Eva Joly
  • Pas retenue sur la première liste ministérielle, l’ex-juge humaniste aura finalement bénéficié de sa pugnacité dans la cirage de bottes et le reniement. Un poste à la hauteur du poids politique incontestable pris par la Dame aux lunettes rouges… puis vertes.

Ayrault/justice : buzz piloté par des partisans de Aubry ?

A qui profite le crime ? L’emballement médiatique autour d’une condamnation pénale de Jean-Marc Ayrault, favori pour devenir Premier ministre, ressemble fort à un exercice de déstabilisation. Une déstabilisation qui bénéficierait à Martine Aubry, choix n°2 de François Hollande pour Matignon. Si on voit mal la maire de Lille se mêler à ces coups bas, le petit monde socialiste bruisse de rumeurs sur l’origine du buzz.

Quand une affaire judiciaire, vieille de 15 ans et touchant de surcroît un responsable socialiste, fait la une de Libération, on ne peut pas totalement exclure que des règlements de compte internes à la gauche ne se cachent derrière le « buzz »… Le feu nourri des médias contre la condamnation pénale de Jean-Marc Ayrault (qu’ils avaient omis de signaler au cours de la campagne alors qu’il était déjà préssenti pour Matignon) est tout sauf un hasard.
La nomination comme Premier ministre du maire de Nantes gène au parti socialiste. Rien à voir avec le fait que Jean-Marc Ayrault soit un repris de justice… mais plutôt en raison de sa ligne politique réformatrice et modérée. Martine Aubry, qui n’a toujours pas digéré sa défaite lors des primaires, veut surtout pousser François Hollande à une cohabitation interne au PS. A lui les ors de l’Elysée, à elle la réalité du pouvoir.
Et Jean-Marc Ayrault joue le rôle du petit caillou qui menace de faire grincer la belle machinerie gouvernementale de la maire de Lille. De quoi donner des idées à certains de ses partisans afin d’évincer l’impétrant ? C’est une théorie qui circule avec pas mal d’insistance du côté de la rue de Solférino.
Les socialistes n’ont pas encore gagné les législatives qu’ils retombent déjà dans leurs travers congénitaux : guerres intestines, haines sourdes et guerre des postes éhontées… Les cinq années à venir s’annoncent riches pour la France.
RÈGLEMENT DE COMPTES À P.S CORRAL

Trierweiler : Dame de fer de Hollande et videur du PS

Non contente de faire renvoyer les journalistes qui plaisantent à son sujet, Valérie Trierweiler joue désormais aux videurs du parti socialiste. Fâchée par la sauterie du « J’ose » dans l’entre deux tours, la Dame de fer de François Hollande sélectionne les entrées auprès de son compagnon et a refoulé Julien Dray aux portes du QG de transition du président élu.

Et si c’était elle la vraie patronne ? Derrière ses lunettes fumées et ses costumes de designers, Valérie Trierweiler a le regard dur et ferme des femmes de pouvoir. Une Dame de fer qui sélectionne déjà l’entourage de François Hollande et qui pourrait jouer un rôle clé dans la formation du prochain gouvernement.
Julien Dray en sait quelque chose. Le député socialiste, proche de François Hollande, a été refoulé du QG du président élu par Valérie Trierweiler en personne. La cause ? L’invitation surprise de Dominique Strauss-Kahn à une soirée entre crèmes socialistes dans un ancien sex-shop.
Un mélange des genres de mauvais goût qui n’a pas plu à l’autoritaire Valérie Trierweiler, bien décidée à faire le ménage autour de son compagnon.
Une future Première dame qui en l’espace de quelques jours a déjà marqué son terrain après le renvoi de Pierre Salviac pour crime de lèse-majesté et les diverses interviews de star que la présentatrice de la TNT s’offre.
CETTE FEMME VA DEVENIR, SI CE N'EST DÉJÀ FAIT, LA SALOPE DE LA RÉPUBLIQUE.

«Seulement en France», Hollande, Royal, Trierweiler et la presse étrangère

Les relations compliquées entre François Hollande, son ex-compagne et mère de ses quatre enfants Ségolène Royal, et sa compagne actuelle Valérie Trierweiler font les délices de la presse anglo-saxonne. Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, l'étonnement, l'incrédulité et la moquerie sont omniprésents dans les médias bien pensants et se concluent invariablement par «Only in France» («Seulement en France»).
Le Daily Mail explique ainsi en parlant de François Hollande et Ségolène Royal: «il l'a échangé contre une femme plus jeune de 11 ans. Elle a alors cherché à l'empêcher de devenir Président de la France. Mais François Hollande devrait sans doute faire de son ancienne partenaire, Ségolène Royal, la femme politique la plus puissante du pays, en dépit de la difficulté de leur séparation après trente ans de vie commune et quatre enfants en commun…».
Le quotidien anglais souligne que l'an dernier encore lors de la campagne des primaires du parti socialiste Segolène Royal s'était interrogée publiquement: «Est-ce que quelqu'un se souvient de ce que François Hollande a fait en trente ans?» Mais maintenant Ségolène Royal qui a finalement décidé lors des primaires pour le second tour de se rallier à François Hollande a reconnu qu'elle allait sans doute devenir la Présidente de l'Assemblée Nationale, «le poste le plus prestigieux en France après celui de Président de la République et de Premier Ministre» explique le Daily Mail. «Interrogée sur une chaîne de télévision française pour savoir si elle serait à la hauteur de la fonction, elle a répondu: «je le crois» avec un sourire rayonnant, ajoutant que cela lui permettrait «d'élargir ses expériences», ajoute le quotidien.
Valérie Trierweiler aussi suscite l'intérêt des médias, notamment américains. La chaîne de télévision conservatrice américaine Fox News explique que «divorcée à deux reprises, elle sera la première première dame non mariée à entrer à l'Elysée…» Chocking! Le Chicago Tribune est encore plus choqué lui: «Imaginez si le président élu François Hollande et Valérie Trierweiler étaient américains. Regardons les faits. Ils ne sont pas mariés. Ils ont apparemment commencé à avoir une relation en 2006 quand Hollande vivait avec sa partenaire précédente Ségolène Royal. Hollande et Royal se sont séparés à cause de l'infidélité de Hollande. Mais aucune annonce de leur rupture n'a été faite avant que Royal batte Hollande pour la nomination par le parti socialiste pour l'élection présidentielle. (Royal a alors perdu l'élection contre Nicolas Sarkozy en 2007). Hollande et Royal ont eu quatre enfants. Aucune annonce de la relation entre Hollande et Trierweiler n'a été faite avant octobre 2010».
Et la radio publique américaine, NPR, de conclure: «Qui a besoin du mariage? Pas le nouveau Président français! Les Français sont connus pour être bien plus tolérants que les Américains avec la vie privée de leurs politiciens... Mais tous les Présidents ont été mariés... jusqu'à aujourd'hui».

Est-ce tellement mieux d'élever ses enfants «à la française»?

Une maman américaine et un papa français discutent du livre controversé de Pamela Druckerman sur l’éducation.

Jean-Marc,
Mes condoléances pour tes verres cassés et tes murs gribouillés, détails que l’on lit peu dans Bringing Up Bébé. Tout parent, de quelque nationalité qu’il soit, a déjà passé une soirée avec un enfant tyrannique du genre de Sébastien. J’aime bien ta remarque sur les parents français et Françoise Dolto, lorsque tu dis qu’ils parlent à leurs enfants comme à des adultes mais qu’ils oublient cependant de rester fermes. C’est quelque chose que je vois aussi beaucoup ici aux Etats-Unis –des parents qui pensent encourager l’indépendance de leurs enfants alors qu’en réalité ils les laissent tout juste se dévergonder un peu.
Je suis soulagée d’entendre que même les enfants français aiment la pizza et les frites. Cela me déculpabilise pour ce soir par semaine où nous servons aux nôtres des bâtonnets de poulet. Mais je dois porter au crédit des Français leur faculté à inculquer de bonnes habitudes alimentaires –et à celui de Pamela Druckerman de montrer que, même si ce n’est pas toujours facile, il est possible d’amener ses enfants à manger sainement tout en faisant diminuer peu à peu leurs protestations.
Le problème de l’obésité en Amérique est complexe et il n’y a pas de solution simple: une récente étude montre qu’il n’y a pas de différence de taux d’obésité entre les enfants des écoles où l’on sert de la junk food et celles où on ne trouve pas trace de la moindre frite. Cette étude risque d’ajouter à notre confusion, même si pour moi elle délivre surtout le message que c’est à la maison que s’acquièrent les bonnes habitudes alimentaires.
Si je dois retenir des idées de ce livre (mis à part un occasionnel «c’est moi qui décide» la prochaine fois que mon plus jeune fils me dira que je «dois» faire quelque chose), ce sera de mieux accommoder mes légumes. Non, je n’attends pas que mes enfants se mettent tout de suite à dîner d’une bouillabaisse ou d’une salade de betteraves, mais nous avons effectivement une bonne marge de progression.
J’ai été aussi surprise que toi par le poids que Pamela Druckerman accorde aux mères dans le tableau de l’éducation qu’elle dresse. On n’aperçoit les papas qu’à la marge, et elle mentionne que le week-end les jardins publics sont remplis de «papas, adorablement débraillés», derrière des poussettes. Mais la plupart de ses sources sont d’autres mères –des mères avec qui elle s’est liée ou qu’elle connaît comme amies d’amies. Et c’est en cela que réside un autre des problèmes que ce livre me pose.
Je sais bien que quand on écrit un livre sur un sujet aussi vaste que l’éducation, il faut forcément en restreindre le champ. Mais Pamela Druckerman ne s’en est pas simplement tenue à une comparaison des méthodes d’éducation françaises et américaines.
En gros, elle s’est bornée à étudier un groupe de parents aisés d’enfants de moins de 6 ans: des parents comme elle. Cela conduit ceux d’entre nous qui sont, comme je me plais à le décrire, débordés, à une lecture intéressante.
Pourtant, ce livre laisse sans réponse nombre de questions transversales. Et d’abord, si les différences entre les modèles éducatifs américains et français sont si grandes, leurs effets sont-ils durables? Comment sont les adolescents français comparés aux adolescents américains? Les Français ont un taux de mariage plus bas que les Américains, donc il serait difficile de comparer les taux de divorce, mais est-ce que notre modèle d’éducation prétendument étouffant conduit à un nombre plus élevé de familles brisées?
La focalisation de Pamela Druckerman sur la petite enfance me pose un autre problème. Je parie que la plupart des parents –même les Américains qui inscrivent leurs enfants à une douzaine d’activités et répondent aux sondages qu’ils sont aussi heureux de faire le ménage que d’élever leurs enfants– trouvent qu’élever des enfants devient de plus en plus facile à mesure qu’ils grandissent ou que la famille s’agrandit.
Nous nous sommes découverts nous-mêmes un peu plus français à l’arrivée de chaque nouvel enfant. Nous parlons moins bébé au cadet et au benjamin que nous ne le faisions pour l’aîné au même âge, nous favorisons un peu plus leur indépendance, et nous sommes de moins en moins paranos.
Un exemple: lorsque notre aîné avait deux ans, nous étions à une fête de Noël avec de nouveaux amis. C’est avec force hésitation que j’ai laissé notre fils descendre jouer avec les autres enfants, sans surveillance. J’ai demandé à une maman dont la fille était un peu plus jeune si elle pensait que ça irait pour les deux petits. «Evidemment, pourquoi?», répondit-elle. Sa réaction découlait directement du fait que sa fille était la plus jeune d’une fratrie de trois.
Maintenant je suis à sa place et je ne m’inquiète pas beaucoup pour le plus petit. Je me demande si l’éducation névrosée que Pamela Druckerman décrit comme étant en vigueur de ce côté de l’Atlantique ne provient pas du fait que les «bobos» américains se marient plus tard et font moins d’enfants. 
Alors que nous arrivons au terme de notre discussion, j’aimerais en savoir plus sur les pères français que tu as évoqués dans ta première note –s’ils deviennent de moins en moins autoritaires, crains-tu qu’une horde de petits Sébastien, armés de crayons et laissant dans leur sillage débris de verres et soirées gâchées, ne s’empare de la société française? Dans ce cas, les mères devront-elles faire le gendarme?
Merci de me faire partager tes expériences de parent français; après notre échange je me sens un peu plus sage.
Rachael


Chère Rachael,
Tu as raison, on va devoir attendre dix ans avant de savoir si l’éducation franco-américaine de «Bean» a été efficace. Je ne connais pas d’adolescents américains mais, d’une certaine manière, ils restent des modèles pour les adolescents français. Nos enfants sont de grands consommateurs de culture américaine. Ma plus jeune, qui a 11 ans, adore Glee par exemple. Elle et sa grande soeur s’habillent chez Abercrombie & Fitch, elles ne boivent que du coca et ne jettent qu’un regard condescendant à mes coeurs de palmier bio et équitables.
Je ne suis pas sûr de l’effet que cette éducation aura sur la vie familiale et amoureuse des enfants de Druckerman une fois qu’ils seront adultes. Comme tu le sais peut-être, le taux de divorce à Paris est le plus élevé de France. Mais je pense que cela est davantage dû à des aspirations individuelles et à la difficulté de vivre dans une grande ville qu’à notre éducation. Ce qui me fait penser que non seulement Druckerman a «oublié» les pères, mais qu’elle ignore également le phénomène grandissant des familles mono-parentales.
Devrait-on confier l’autorité aux mères puisque, désormais, les pères la négligent? Pourquoi pas? Une distribution juste des rôles permet d’avoir et de la fermeté et de la douceur. Mais je crois que les parents, spécialement quand ils ont des enfants sur le tard, n’en ont pas envie.
Ils font tout pour protéger leur enfant, pour le garder dans un cocon. Bien sûr, la crèche et l’école donnent aux enfants un peu d’autonomie et leur apprend à vivre en société. Mais à quel prix! Je me rappelle d’une femme serrant son enfant contre elle, en larmes (et il pleurait aussi, bien sûr), le jour de la rentrée. Le problème, c’est qu’ils ont pleuré ensemble comme ça pendant trois ou quatre mois! Et le père restait à côté d’eux, sans savoir que faire. Où était passé «l’air mystérieusement calme des mères françaises» que Druckerman décrit dans son livre?
Elle n’aborde pas non plus la question de l’autorité à l’école (peut-être dans son prochain livre?). Dans le passé, le professeur était une figure sacrée, mais c’est fini. Les profs sont mal payés et pris en tenaille entre des parents qui veulent absolument que leur enfant ait le cerveau d’Einstein et l’oreille de Van Gogh et des élèves qui se croient presque tout permis. A quoi s’ajoutent les enfants qui viennent de milieux difficiles (et que Druckerman ignore totalement dans son livre), en perte de repères et qui s’adressent aux adultes comme s’ils étaient leurs égaux.
Mais tout n’est pas si sombre. Comme Druckerman l’explique bien, la crèche est un outil de socialisation efficace. On voit même apparaître des «crèches parentales», où les parents s’occupent des enfants les uns après les autres. Pourquoi? Parce qu’il y a une pénurie de places. Druckerman évoque d’ailleurs ses efforts pour en obtenir une et évoque les vives félicitations des autres parents quand elle y est parvenue. Mais la crèche, c’est aussi trois ou quatre jours de grève par an et des portes te claquant au nez quand ton enfant est malade –mieux vaut avoir des plans B. Et puis, vu que Druckerman travaille de chez elle et semble avoir de bons revenus, je trouve assez scandaleux qu’elle ait réussi à trouver une place en crèche quand d’autres parents qui en ont vraiment besoin n’y parviennent pas.
C’est amusant: sans s’en rendre compte, elle a souligné un des problèmes du système soi-disant égalitaire à la française... Dans son prochain livre, quand ses enfants entreront à l’école, elle pourrait parler des bobos parisiens soi-disant attachés à l’égalitarisme républicain qui essayent par tous les moyens d’éviter les écoles ayant mauvaise réputation.
Je pense que tu as raison de dire que plus on a d’enfants, plus les choses deviennent faciles, parce qu’on «grandit» avec eux, en apprenant à être moins anxieux. Une de mes amies m’a dit que pour son premier enfant, elle et son mari faisaient bouillir puis stérilisaient de l’eau minérale pour les biberons. «Pour le deuxième, on faisait bouillir de l’eau minérale, et pour le troisième on est passé à l’eau chaude du robinet.» Leurs trois enfants sont en parfaite santé.
C’est la même chose pour le sommeil. Pour mon premier enfant, j’ai vécu des nuits angoissées, avec un babyphone sur ma table de nuit (les médias parlaient beaucoup de la mort subite du nourrisson). Pour mon dernier, je dois admettre que je n’y ai même pas pensé. Aujourd’hui, mes quatre enfants dorment bien et mangent plus volontiers des sushis et des pizzas que de la nourriture française traditionnelle. Quand je leur demande de faire quelque chose, je dois souvent me répéter deux ou trois fois avant qu’ils ne s’exécutent. Et ce sont eux qui me disent «attends», maintenant. Malgré leur éducation française, je pense qu’ils sont devenus, eh bien, normaux.
Bien à toi,
Jean-Marc

Crise Grecque: les banques se préparent au retour chaotique de la drachme

Même si le scénario semble toujours assez improbable, les banques internationales ont commencé à établir des scénarios et des plans pour faire face à un retour de la drachme et donc à un abandon de l'euro par la Grèce explique le site économique Marginal Revolution.
«Certaines banques n'ont même jamais supprimmé la drachme de leurs systèmes quand la Grèce a adopté l'euro il y a plus d'une dizaine d'années et sont prêtes avec une simple commande informatique si les problèmes de dette forcent le pays à réutiliser ses anciens billets et ses anciennes pièces», écrit Marginal Revolution. «De la disparition de l'URSS - qui a engendré la naissance de devises comme la couronne estonienne et le tenge kazakh - à l'introduction de l'euro, les banques ont de l'expérience pour préparer leurs systèmes à faire face à ces changements. Des préparatifs discrets existent depuis 2009 que la crise de la Grèce a éclaté», explique Hartmut Grossman de ICS Risk Advisors qui travaille avec les banques de Wall Street.

Mais la transition s'annonce extrêmement difficile et périlleuse pour la Grèce qui pourrait sombrer dans le chaos et voir à la fois une hyperinflation, de certains produits importés, et une hyperdéflation, de biens devenus invendables, immobiliers par exemple. La Grèce devrait de toute façon dans un tel scénario imposer un strict contrôle des changes et un contrôle des importations et des sorties de capitaux, ce qui s'annonce presque impossible pour un Etat déjà inefficace et incapable depuis des années d'empêcher la corruption massive ou même de collecter les impôts…
Pour autant, certains experts financiers n'ont pas le moindre doute sur l'issue de la crise grecque. Interrogé par Market Watch, le président de Street One Financial, Scott Freeze, affirme que «la Grèce va sortir de la zone euro. C'est une issue courue d'avance. Et cela prendra au moins 8 ans pour revenir à une économie stable avec un taux de chômage normal…».
«Si la Grèce quitte abandonne l'euro et revient à la drachme ou la nouvelle drachme, il y aura très certainement des dévaluations répétées d'au moins 50%» explique Al-Jazeera. Mais ces dévaluations ne vont pas régler les problèmes comme un coup de baguette magique. D'abord, parce que les contrôles de change et le chaos social et politique vont faire fuir les touristes, la principale source de croissance de l'économie grecque. De la même façon, les investisseurs étrangers ne profiteront pas, faute de confiance, des affaires à faire en rachetant à bon prix des entreprises et des biens en Grèce. La plupart des experts comparent la Grèce à l'Argentine. Le problème c'est que l'Argentine avait et a une meilleurs spécialisation économique, notamment ses ressources agricoles et en plus une devise propre qui fonctionne, le peso. La Grèce n'a pas de monnaie propre et cela demande quelques mois pour en créer une et la faire circuler et pendant ce temps là… il faut fermer les banques, contraindre à changer l'euro contre la nouvelle monnaie à un taux défavorable tout en sachant que la nouvelle monnaie va sans cesse ensuite dévaluer et perdre de sa valeur…
Finalement, le paradoxe, c'est que le média qui a la vision la moins pessimiste est le plus financier, le Wall Street Journal, en s'interrogeant comme cela: est-ce que les choses peuvent vraiment être pires pour les grecs?
«Les taux d'intérêts grecs à 10 ans sont à plus de 24% et la dette du pays représente plus de 160% de son Produit intérieur brut. La récession va atteindre près de 5% et le chômage devrait être en moyenne de 20% en 2012 selon la Commission européenne. Selon les termes de son dernier plan de sauvetage, le pays doit encore faire 11,5 milliards d'euros de coupes dans les dépenses publiques cette année ce qui va encore faire augmenter le chômage et l'ampleur de la récession. Tout scénario de sortie est meilleur…»
Le quotidien économique américain estime qu'une devise dévaluée comme la drachme permettra tout de même de relancer un peu la croissance et de casser la logique d'austérité perpétuelle. Et dans un scénario qui serait le pire, la Grèce ne serait pas si différente de l'Argentine ou de la Russie quand les deux pays se sont retrouvés en cessation de paiement. «Si la drachme perd 75% de sa valeur en six mois, elle se retrouvera vis-à-vis du dollar à un niveau de l'ordre de 1051 contre 263 aujourd'hui, soit le niveau qui était le sien avant son entrée dans l'euro en 2000...».

Le hollandisme, l'alchimie de synthèse

On ne sait pas ce que sera le hollandisme, ni même s'il existe. Mais ce que l'on lui reprochait, la fameuse «synthèse», pourrait être un atout, notamment pour définir ce que pourrait être un socialisme post-libéral.
Rencontrant un cacique du Parti socialiste, proche du président de la République élu, et donné pour un grand poste ministériel, je lui dis:

«Je cherche ce que sera le hollandisme…»
Réponse spontanée:
«Vous aurez du mal!»
C'est dire l'inconnu intellectuel qu'est François Hollande.
Il a une stature désormais indéniable, construite morceau par morceau ces dernières années. Il a une adhésion obtenue par l'élection, quoique modeste. Il devrait avoir un boulevard politique après les législatives avec une droite affaiblie, en morceaux, et une extrême gauche tenue à distance.
Mais quelle est sa doctrine? A-t-il une philosophie politique? Quand on a l'ambition, comme lui dans son discours de Tulle, de «redonner l'espoir» à la France, de réorienter l'Europe et, au-delà, de «porter les aspirations françaises» dans le monde, il est temps de la dire.
En 1981, la gauche est arrivée avec le «programme commun» de relance et de nationalisations. Macroéconomiquement, ce socialisme a creusé les déficits et affaibli le franc et dès 1983, s'est ouverte la période dite «de la parenthèse». Le PS ne se reniait pas mais attendait des jours meilleurs pour reprendre sa route en avant.
En réalité et concrètement, les socialistes français se sont mis en hibernation idéologique. François Mitterrand s'est voué à la doctrine du ni nationalisations ni privatisation, le fameux «ni-ni». L'objectif de «transformation sociale» a été abandonné, ses gouvernements sont devenus des gestionnaires très corrects.
Ensuite, Lionel Jospin, Premier ministre de 1997 à 2002, n'a pas fondamentalement changé cette ligne. Le socialisme français a veillé à la justice sociale par la redistribution, mais n'a rien modifié en profondeur dans le capitalisme français, ni dans les relations sociales ni dans le fonctionnement de l'Etat providence.
Tandis qu'en France le débat des idées de gauche s'était éteint, il s’ouvrait ailleurs. Tony Blair lançait une fracassante «troisième voie» que ralliait Bill Clinton et qui mettait l'économique avant le social: sans croissance, pas de redistribution sociale possible. «Quand la marée fait monter l'eau dans le port, tous les bateaux montent», selon une formule de Larry Summers... qui nous avouera quelques années après «surtout les yachts».

Comment tracer une doctrine

En Allemagne, Gerhard Schröder hésitera un mandat avant de se rallier entièrement à une économie de l'offre en faisant voter les lois Harz. Tournant majeur, aujourd'hui contesté en partie par le Parti social-démocrate mais qui porte des fruits pour l'industrie et l'emploi outre-Rhin.
Les Scandinaves dans le même temps engageaient une révision non pas de leurs objectifs sociaux-démocrates mais des méthodes. L'invention de la flexisécurité en reste l'exemple phare: dans un monde en mouvement, il ne faut plus défendre les emplois mais aider les gens à changer de métier.
Les socialistes français ont regardé toutes ces évolutions avec dédain. Il ne s'agissait que des concessions condamnables faites au libéralisme. Le «vrai» socialisme français était habillé d'oripeaux, restait aveugle devant l'évolution mondiale, la globalisation, l'individualisme montant, mais il conservait son arrogance: la vérité était en France.
La crise financière a fait beaucoup de dégâts mais elle a fait le bonheur des têtes socialistes sur le thème: «On vous l'avait bien dit!» Les compromis blairistes étaient des erreurs, il faut combattre le capitalisme. Et devant les inégalités et les misères, il faut revenir en arrière, à l'Etat puissant. Le projet du Parti socialiste présenté par Martine Aubry était de cette veine: au fond, refermons «la parenthèse» de 1983, revenons à un socialisme prélibéral.
François Hollande a-t-il tiré un autre bilan du blairisme? De 1981-1983? Des années Jospin? Du modèle allemand? Des réformes scandinaves?
La matière existe car si la cervelle du PS français est en sommeil depuis trente ans, beaucoup de think tanks sont nés à ses bordures et ailleurs. Il existe mille études et rapports qui doivent aider le futur président à tracer une ligne doctrinale.
Il pourrait être aussi l'homme de la situation: on a moqué son talent de «la synthèse» qu'il a montré comme Premier secrétaire. Mais, aujourd'hui, le défi intellectuel est précisément de faire les synthèses.
Qu'est-ce qu'un socialisme non pas pré mais postlibéral? Qu'est-ce qu'une économie de l'offre de gauche? Où est la nouvelle synthèse de Keynes et Ricardo? Qu'est-ce qu'est l'égalité au XXIe siècle?
François Hollande peut se contenter d'être gestionnaire dans la crise. Ce serait déjà bien. Le hollandisme peut aussi moderniser vraiment le socialisme français.