dimanche 13 mai 2012
LETTRE DE CHRISTOPHE BARBIER À FRANÇOIS HOLLANDE
Votre nette victoire ne peut vous dissimuler une vérité en forme de lapalissade: si vous avez été élu, c'est d'abord parce que Nicolas Sarkozy a été battu. Certes, votre légitimité est incontestable, par-delà votre score, et nul ne saurait vous ôter le titre de 7e président de la Ve République. Mais les circonstances d'une élection donnent toujours la fragrance du mandat, et le vôtre commence dans un certain parfum de doute.
> A suivre en direct: François Hollande est élu, le jour d'après
>> Les résultats du second tour de l'élection présidentielle dans votre ville à découvrir sur notre carte interactive
En vous accordant leurs suffrages, les Français ont voulu d'abord en finir avec le pouvoir sortant, en finir avec un homme, en finir avec un clan. Depuis Valéry Giscard d'Estaing en 1981, aucun président n'avait ainsi brouillé son équation personnelle et faussé son rapport au peuple. Nicolas Sarkozy a été puni dans les urnes pour son style, pour avoir été le président qu'il fut, et peut-être plus encore pour n'avoir pas été le président qu'on attendait. Si le Fouquet's et la croisière en yacht ne furent que des symboles funestes et des polémiques fumeuses, l'affaire de l'Epad, avec son népotisme présumé, a profondément choqué l'opinion, ainsi que l'étroite affiliation des services secrets au cercle intime du président.
Il y a une grande injustice dans ce verdict implacable de l'opinion, et les années futures rendront peut-être grâce au réformisme volontariste de Sarkozy comme les années 1980 ont vite réhabilité la rigueur giscardo-barriste. Néanmoins, la facture électorale précède toujours le jugement de l'Histoire. Vous avez, en toute logique, combattu cette politique pendant cinq ans, mais c'est son absence de résultats que les Français ont sanctionnée, pas ses fondements.
Dans la volonté de changement exprimée dimanche par le peuple, il y a aussi comme un exorcisme: liquider le président qui a été contaminé par la crise, le remplacer, avec détermination mais sans illusions, par quelque chose de neuf, quelque chose qui n'a pas encore été essayé. Vous.
Enfin, le retour de la gauche au pouvoir a bénéficié de la sagesse démocratique des Français, attachés à l'alternance naturelle. Depuis dix ans, la droite a monopolisé l'exécutif. Depuis dix-sept ans, elle occupe l'Elysée. Et si les électeurs ont confié à la gauche la quasi-totalité des autres pouvoirs - grandes villes, départements, régions, Sénat - afin d'instaurer une sorte de cohabitation verticale, ils ont senti que le temps était venu de ne plus laisser les mêmes gérer les affaires de l'Etat.
Monsieur le président, ces réserves n'entament en rien votre mérite, tant une victoire présidentielle n'est jamais le fruit du hasard ni de la chance. Votre travail, votre constance, votre habileté forcent l'admiration. Toutes ces circonstances favorables, toutes ces hypothèses si faciles à décrire après le scrutin, vous les avez pensées, calculées, intégrées. Dans cette météo brumeuse qui baigna la fin du quinquennat Sarkozy et la longue campagne électorale, vous avez été un marin avisé, loin du "capitaine de pédalo" brocardé par Jean-Luc Mélenchon, mais loin aussi du corsaire audacieux ou du découvreur visionnaire.
Pourtant, les déçus du hollandisme viendront, et peut-être plus vite que prévu. Déçus par votre personne, d'abord. Nul ne vous soupçonne, homme sans démesure, de vouloir quitter l'habit du simple, du sobre et du sage pour céder aux excès de puissance: tout est possible dans cette tour d'ivoire et d'ivresse qu'est l'Elysée, mais votre parcours et votre caractère valent brevet de "normalité". Et même de "normalitude", tant vous avez inventé là une quasi-hygiène du pouvoir labellisée Hollande.
C'est plutôt l'excès inverse qui inquiète: ne serez-vous pas trop faible, trop modeste, trop banal? On attend de vous une grande autorité sur votre famille politique, prompte aux embardées idéologiques, une sévérité implacable sur le gouvernement, attelage impétueux sous tous les régimes, et une fermeté de décision que vous n'avez guère démontrée au fil de votre carrière partisane. Votre absence de tout ministère, cette "virginité exécutive" dénoncée par la droite, fut un atout durant la campagne: vous n'avez pas sur les mains le sang de l'échec. A partir d'aujourd'hui, elle est un handicap, et ce serait un comble pour la France, après avoir souffert d'une hyperprésidence, de se plaindre d'une hypoprésidence...
Si vous trahissez vos promesses, la France qui souffre, de ses nerfs comme dans sa chair, ne vous laissera pas faire. Si vous n'avez versé ni dans l'irénisme ni dans le messianisme, vous avez pris date pour plus de justice sociale et plus d'efficacité économique, notamment contre le chômage. Si les décisions ne viennent pas de suite, si les résultats n'arrivent pas vite, la colère populaire vous cueillera à l'automne. A votre gauche, de faux amis n'attendent que ça, et le mélenchonisme douché dans les urnes brûle de trouver sa revanche dans la rue. Dans l'opposition, une droite en reconstruction, tentée d'aller très à droite, ne vous accordera pas plus de cent jours de répit. La crise a mis fin à la tradition de l'état de grâce, ces "stock-options" du politique. Prenez comme une chance de n'avoir rien à perdre, surtout pas une minute.
Monsieur le président, l'Europe est au bord de la débandade, et votre exigence de renégociation du traité en cours est, déjà, obsolète. C'est une refondation bien plus ambitieuse dont nous avons besoin, et c'est là votre ardente mission. Une nouvelle Europe est indispensable, au nom de la croissance - vous avez raison sur ce point - mais surtout par les chemins de la convergence des politiques et de l'affirmation d'une gouvernance continentale. Vous êtes le "fils" de Jacques Delors, vous êtes l'ancien collaborateur de François Mitterrand, vous êtes le disciple de Pierre Mendès France: ne décevez pas!
C'est en étant plus grande qu'elle-même que la France est la France, c'est en inventant la nation européenne, en un fédéralisme raisonné et fervent, que l'Union peut se sauver, c'est en accomplissant cette mission que vous serez un président pour l'Histoire. Ne patientez ni ne spéculez en vue d'une victoire sociale-démocrate outre-Rhin: jetez-vous dans l'aventure du couple franco-allemand, parce que de lui dépend la prospérité de demain, et de la prospérité de demain dépend la paix d'après-demain.
Monsieur le président, vous ne pouvez effacer le mandat précédent, vous ne pouvez faire que Nicolas Sarkozy n'a pas existé. S'il a froissé, bousculé, blessé le corps social français, par ses mots, son style et ses décisions, il a aussi incarné la modernité: celle de la réforme possible et celle du sursaut nécessaire, celle, également, de la présence au plus près des événements et des citoyens. Avec le quinquennat, le président arbitre est mort et le chef de l'Etat cumule désormais la responsabilité du long terme et la charge du quotidien, quelle que soit sa vision de l'administration ou du rôle des ministres. Si les Français n'attendent de vous aucun miracle, ils ne toléreront aucune défausse, aucune dérobade. De tout, aujourd'hui, vous êtes comptable devant nous. Et ce statut-là n'a vraiment rien de "normal".
Qui pour diriger l'UMP ? Les Français préfèrent François Fillon
Selon un sondage Ifop - Sud Ouest Dimanche, l'ancien Premier ministre a
le profil le plus rassembleur à droite. Il devance Alain Juppé et
Jean-François Copé
Nicolas Sarkozy quittant la vie politique, qui va le remplacer pour diriger le grand parti de la droite ?
Selon un sondage Ifop- Sud Ouest Dimanche, à paraître dans son intégralité ce dimanche, François Fillon apparaît comme le mieux placé pour diriger l’UMP durant les prochaines années pour 27% des Français.
Il est suivi par le maire de Bordeaux Alain Juppé (20%) et l'actuel secrétaire général du mouvement Jean-François Copé (13%).
"Néanmoins, deux Français sur cinq ne se prononcent pas pour ces
personnalités : 5% citent une autre personne pour prendre la tête de
l’UMP, et 35% ne souhaitent y voir aucune de ces personnalités, commente
l'Ifop. Le succès de François Fillon en tant que possible chef de
l’UMP est encore plus fort chez les sympathisants du parti : ils sont 42% à souhaiter le voir à ce poste, contre 29% pour Jean-François Copé (qui passe deuxième) et 24% pour Alain Juppé."
Jean-Pierre Raffarin : « Cette élection était gagnable »
L'ancien Premier ministre revient sur quelques moments forts de
l'élection présidentielle. Laissant entendre, en creux, que le principal
responsable de l'échec n'est autre que Nicolas Sarkozy
Dans un sondage pour Sud Ouest Dimanche,
les Français placent en tête François Fillon et Alain Juppé loin devant
Jean-François Copé pour tenir dans l'avenir les rênes de l'UMP. Cela
vous étonne ?
Jean-Pierre Raffarin. Je ne suis pas surpris. C'est la
hiérarchie du précédent quinquennat, laquelle va être bouleversée par la
nouvelle donne politique. C'est la hiérarchie d'aujourd'hui. Pour
l'avenir, la jeune génération va trouver un appui plus fort dans
l'opinion.
Toutes les personnalités ayant figuré au premier rang ces derniers mois. Jean-François Copé, naturellement, lequel me semble en être le leader, mais aussi François Baroin, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand et j'en oublie.
Dans ce sondage, 35 % des personnes interrogées ne citent ni Fillon, ni Juppé, ni Copé. Ce pourrait être un espace pour un certain Raffarin ?
Non. Avec mon ami Alain Juppé, nous veillons au respect des fondements de l'UMP, mais nous voulons aussi tracer des perspectives d'avenir.
Proche de Giscard, vous aviez vécu 1981 aux premières loges. Vous retrouvez des similitudes avec l'échec de 2012 ?
Il y a des points communs dans ces deux histoires. Dans les deux cas, nous avons de « jeunes » présidents, tous deux réformateurs, tous deux ayant eu à subir des crises majeures. Pour moi, la principale différence tient à leur élection. Élection de division pour Giscard - son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, était candidat contre lui -, tandis que Nicolas Sarkozy conduisait cette année une campagne où sa majorité était unie.
Autre point important pour l'avenir : Sarkozy semble avoir réussi sa sortie alors que Giscard a laissé le sentiment d'une blessure insurmontable.
La défaite de votre camp, dimanche dernier, tient-elle avant tout à la personnalité de Sarkozy ? Plus précisément, est-ce lui, incapable de se débarrasser de cette image de « président des riches », qui vous a fait perdre ?
Je crois en effet que les comportements ont été davantage sanctionnés que la politique. Le style hyperactif de Nicolas Sarkozy a pu heurter nombre de sensibilités plus tempérées. Il est clair que cette élection révèle par moitié, en France, un partage de la droite et de la gauche. Au total, cette élection était donc gagnable pour la majorité sortante.
En creux, vous êtes en train de dire que c'est Nicolas Sarkozy qui a perdu…
Il avait dit lui-même : « Si je gagne, c'est ma stratégie qui l'aura emporté, si je perds, ce sera de ma responsabilité. » Dimanche dernier, il a assumé. Dans le même temps, on a vu que sa politique pouvait être majoritaire en France…
Sa campagne - en particulier durant l'entre-deux-tours - a-t-elle été, selon vous, positionnée beaucoup trop à droite ?
Pour gagner, une majorité de droite doit rassembler ses deux cultures. La culture de la droite républicaine et la culture des humanistes. Dans cette campagne, la présence frontale de Marine Le Pen a en effet bousculé l'équilibre entre ces deux cultures. Quand on perd à trois points, on perd autant à droite qu'au centre. La droite gagne quand elle sait rassembler ses deux cultures.
Dans cette campagne, il y a eu le vote « à titre personnel » de François Bayrou. Comment avez-vous vécu ce choix ?
Comme une profonde déception, comme une incompréhension. Ce choix est, pour le centre, une impasse. C'est une réaction très personnelle, l'histoire entre deux hommes qui se termine par ce signe de rupture brutale. Les tensions personnelles l'ont emporté sur les choix politiques.
Quelle stratégie pour les législatives ?
Priorité à l'unité. Le délai est très court. Dans les situations de défaite, les divisions sont mortelles. Dans l'histoire politique, les défaites sont porteuses de multiples poisons.
Une fois cette échéance passée et les humeurs apaisées, il conviendra de réfléchir à la stratégie d'avenir, à maintenir une UMP forte, seule réponse possible face au FN et au PS. Une UMP fondée sur la diversité ; en fait, un mouvement de mouvements. C'est le défi de l'automne, lequel impliquera un certain sens de l'autocritique.
Franchement, voilà une semaine, vous pensiez que Nicolas Sarkozy avait encore une chance ?
J'étais sceptique. Même si, sur le terrain, on percevait une vraie mobilisation. En fait, j'étais pessimiste depuis quelques mois. Parce que Nicolas Sarkozy a pensé son quinquennat en une seule pièce les cinq ans durant. À mon avis, un quinquennat se doit d'être appréhendé en deux phases : trois ans pour mettre les choses en place, deux ans pour la perspective…
La crise de l'euro entraînera nécessairement une européanisation des vies politiques nationales
Mais que peut faire la Grèce pour s'en sortir ?
La Grèce s'enfonce encore un peu plus dans la crise, aucun gouvernement n'a pu être formé à l'issue des législatives. Le chef de l'Etat doit maintenant convoquer les dirigeants des partis pour une réunion de la dernière chance, au plus tard ce lundi. Comment la Grèce peut-elle sortir de la crise ?
Comme le problème est structurel, la Grèce ne peut pas s'en sortir toute seule ?
Concrètement, comment peut-elle alors s'en sortir ?
Les spéculateurs seraient-ils tentés de sacrifier ces pays pour sauver l’Allemagne ou la France ?
Donc vous pensez que les choses vont dans le bon sens ?
Hollande et ses 1,17 million d'euros
Mon patrimoine ? Mais je vous emmerde, moi, ch'uis président de la République !! |
Sarkozy déclare 2,7 millions d'euros
Moscovici-Thibault : l'alliance des faux-culs
Je trouve cette réponse tout bonnement ahurissante et digne du roi des faux-culs. D'où mon coup de gueule. Soit la CGT est dans son rôle et la première des honnêtetés intellectuelles pour qui aspire à devenir premier ministre - le cas de Pierre Moscovici, dont les initiales PM veulent aussi dire Premier Ministre - est de reconnaitre que la centrale de Montreuil, en appelant depuis des mois à voter contre Nicolas Sarkozy le 6 mai, donne bel et bien une consigne de vote en faveur de François
«L'escalade grecque rappelle la crise des missiles de Cuba»
Après le refus du chef de la gauche radicale de soutenir un gouvernement de coalition, le chef de l'État grec recevra les dirigeants des partis dimanche pour éviter la sortie du pays de la zone euro.
LE FIGARO.FR: L'impasse électorale en Grèce accroît-elle le risque d'un défaut?
Alexandre Delaigue: Après la Nouvelle démocratie (centre droit), qui soutient le programme d'austérité, l'extrême-gauche Syriza a échoué à former un gouverment et c'est au PASOK d'essayer désormais... S'il n'y parvient pas, la constitution est assez claire: les grecs seraient de nouveau appelés aux urnes, éventuellement dès juin. Mais quel que soit le gouvernement, en pratique l'abandon de souveraineté est largement effectif puisque l'aide au pays n'est pas versée directement mais sur un compte sous séquestre. L'Europe peut s'assurer que les sommes soient utilisées prioritairement pour payer les créanciers.
Beaucoup de partis menacent pourtant de dénoncer l'accord de prêt liant Athènes à ses bailleurs de fonds…
La situation s'apparente un peu à la crise des missiles de Cuba: on observe une escalade de la rhétorique et les observateurs décrivent la situation comme au bord du gouffre… Or prendre le risque d'une situation très dangereuse fait partie intégrante de la négociation. Comme en 1962 entre l'URSS et les États-Unis, nul n'a intérêt à ce que la catastrophe ne se produise, mais chaque camp utilise la menace de cette catastrophe pour essayer d'avancer ses intérêts. Le drame c'est qu'il y a un effet performatif à évoquer la sortie de la zone euro: plus les gens y croient, plus la probabilité augmente.
En fait qu'est-ce que cherchent à obtenir les Grecs et les autres européens dans ce bras de fer?
Pour l'éventuel prochain gouvernement grec, il s'agit d'obtenir des termes plus favorables, de demeurer dans la zone euro mais en diminuant les engagements que l'Europe lui réclame en échange de son aide. Dans ce bras de fer, de prime abord le rapport de forces semble en faveur de la troïka (composée de la BCE, du FMI et de l'Union européenne). Mais une sortie de la Grèce de la zone euro instituerait un précédent dont les conséquences sont difficiles à mesurer: est-ce que d'autres pays pourraient lui emboîter le pas plutôt que de se résoudre à l'austérité? Au bout du compte cela ébranlerait la crédibilité de l'euro. En outre l'Europe ne peut pas forcer le pays sortir de la zone pour éviter d'avoir à financer sans fin le budget grec, sans apparaître comme le méchant de l'histoire. D'un autre côté, les Grecs comprennent bien que le pays serait précipité dans une situation chaotique ; cela deviendrait probablement un contre-exemple pour inciter les autres à faire des efforts.
Dans quelles conditions peut-on envisager une faillite et une sortie de l'eurozone?
Même si demain vous passiez l'éponge sur la totalité de la dette, le budget grec reste en situation de déficit primaire qui n'est pas près de se résorber: c'est-à-dire que même en gommant les intérêts de sa dette, les dépenses du pays dépassent nettement ses ressources. La Grèce aurait donc toujours besoin d'aide financière. Ce serait pire si elle annulait unilatéralement sa dette actuelle, elle se couperait encore plus (si c'est possible) des marchés. Privé d'aide, le gouvernement serait contraint de mettre en route la planche à billets et on assisterait à une forte dévaluation du drachme. Pour un si petit pays, qui importe beaucoup de biens, cela renchérirait fortement les prix. Et très concrètement, on voit mal comment cela se passerait: il y aurait non seulement une fuite des capitaux à l'étranger mais une désorganisation totale du pays, avec l'armée devant chaque banque pour éviter les émeutes de gens voulant retirer leurs économie en euros avant le changement.
Citant l'exemple de l'Argentine, qui après avoir essayé l'austérité semble avoir tiré parti de sa faillite en 2001 pour rebondir, certains estiment néanmoins qu'un défaut de paiement serait à terme la meilleure solution.
Bref, la situation est bloquée de part et d'autre, mais personne ne peut le dire…
Vis-à-vis de l'électorat européen c'est doublement perdant. Une frange de vos électeurs va juger insupportable de payer pour les Grecs. Une autre va accuser l'Europe de néocolonialisme vu l'impopularité des mesures d'austérité. Pourtant le plus probable est que l'Europe va devoir soutenir la Grèce pendant longtemps. Quant aux grecs il n'ont guère d'alternatives que de poursuivre des mesures rigoureuses pour améliorer la compétitivité de leur économie, ce qui prendra énormément de temps. Ce n'est pas un discours qui peut être tenu en l'état…
Le gouvernement rêvé du PS et de François Hollande (humour)
François
Hollande s’atèle actuellement à la préparation de son gouvernement.
L’occasion de dresser le portrait idéal du prochain gouvernement
socialiste et de faire connaissance avec ces hommes et ces femmes qui
vont nous gouverner pendant cinq ans. Un peu d’humour avant que ne
commence le grand cirque du PS…
- Le maire de Nantes, qui n’a jamais été ministre, est un repris de justice (six mois de prison avec sursis pour favoritisme) comme le parti socialiste en produit occasionnellement. Aucune expérience et des casseroles pleins les tiroirs : le locataire idéal pour Matignon. Spoiler alert : ce n’est même pas une blague !
- « Who else ? » Et si le satyre du Sofitel et du Carlton revenait par la grande porte sur l’un de ses thèmes de prédilection ? Un ministère taillé sur mesure pour DSK qui choisirait sans doute Dodo la Saumure comme directeur de cabinet et le « J’ose » pour domicilier son ministère.
- Le petit prince du PS, porté en triomphe par les militants socialistes et acteur de l’inoubliable coup de fil à « papa » le soir de l’élection, est le seul à même de redonner du sens à la méritocratie républicaine et relancer l’ascenseur social.
- Si les bons comptes font les bons amis, le très économe Julien Dray (qui a vécu deux ans sans retirer d’argent liquide) est incontestablement l’homme de la situation pour concilier rigueur et relance. Un an après son « rappel à la loi » pour avoir oublié de rembourser un prêt, l’organisateur de la soirée du « J’ose » va apporter du sens à l’austérité.
- La crise du logement ne résistera pas longtemps à cette jeune ambitieuse qui réussit le tour de force d’occuper un logement social depuis plusieurs années tout en payant un loyer de 40% inférieur au marché.
- Le président du Conseil général de l’Isère, qui a un temps espéré devenir DRH du comité Miss France, est surtout connu pour ses méthodes d’employeur autoritaire et pour la valse de ses collaboratrices. Des poursuites devant les prud’hommes ainsi que des plaintes pour concussion qui ne semblent pas effrayer François Hollande. Spoiler alert : ce n’est pas une blague !
- La maire de Lille, qui avait aménagé des horaires spéciaux pour les « femmes en surpoids » pendant le ramadan dans les piscines municipales de sa ville, est mondialement connue pour son attachement au maintien d’une saine distance entre la République et les organisations religieuses et communautaires.
- Cerné par les affaires de corruption et de détournements de fonds publics, le président du Conseil général des Bouches du Rhône a toujours pu compter sur le silence complice de l’appareil socialiste, notamment quand François Hollande en était Premier secrétaire. Un dernier poste de prestige avant la case prison ?
- Surprise, François Hollande pourrait faire à son tour le pari de l’ouverture en recrutant la crème du gouvernement Fillon. Un ministre plein de talent et de morale que la droite regrettera, mais que les hôteliers de Pattaya seront ravis de retrouver.
- L’inénarrable compagne d’Arnaud Montebourg a préparé le terrain depuis des mois et a fait une campagne sans faute pour le PS. Télévision publique, radio publique : Audrey Pulvar a défendu bec et ongles son candidat… avant de déguster une coupe de champagne bien méritée rue de Solférino le soir de la victoire.
- Puisqu’on vous dit que le changement c’est maintenant !
- On a le boulanger et le petit mitron… et pourquoi pas la boulangère ?
- Pas retenue sur la première liste ministérielle, l’ex-juge humaniste aura finalement bénéficié de sa pugnacité dans la cirage de bottes et le reniement. Un poste à la hauteur du poids politique incontestable pris par la Dame aux lunettes rouges… puis vertes.
Ayrault/justice : buzz piloté par des partisans de Aubry ?
A
qui profite le crime ? L’emballement médiatique autour d’une
condamnation pénale de Jean-Marc Ayrault, favori pour devenir Premier
ministre, ressemble fort à un exercice de déstabilisation. Une
déstabilisation qui bénéficierait à Martine Aubry, choix n°2 de François
Hollande pour Matignon. Si on voit mal la maire de Lille se mêler à ces
coups bas, le petit monde socialiste bruisse de rumeurs sur l’origine
du buzz.
La nomination comme Premier ministre du maire de Nantes gène au parti socialiste. Rien à voir avec le fait que Jean-Marc Ayrault soit un repris de justice… mais plutôt en raison de sa ligne politique réformatrice et modérée. Martine Aubry, qui n’a toujours pas digéré sa défaite lors des primaires, veut surtout pousser François Hollande à une cohabitation interne au PS. A lui les ors de l’Elysée, à elle la réalité du pouvoir.
Et Jean-Marc Ayrault joue le rôle du petit caillou qui menace de faire grincer la belle machinerie gouvernementale de la maire de Lille. De quoi donner des idées à certains de ses partisans afin d’évincer l’impétrant ? C’est une théorie qui circule avec pas mal d’insistance du côté de la rue de Solférino.
Les socialistes n’ont pas encore gagné les législatives qu’ils retombent déjà dans leurs travers congénitaux : guerres intestines, haines sourdes et guerre des postes éhontées… Les cinq années à venir s’annoncent riches pour la France.
Trierweiler : Dame de fer de Hollande et videur du PS
Non
contente de faire renvoyer les journalistes qui plaisantent à son
sujet, Valérie Trierweiler joue désormais aux videurs du parti
socialiste. Fâchée par la sauterie du « J’ose » dans l’entre deux tours,
la Dame de fer de François Hollande sélectionne les entrées auprès de
son compagnon et a refoulé Julien Dray aux portes du QG de transition du
président élu.
Julien Dray en sait quelque chose. Le député socialiste, proche de François Hollande, a été refoulé du QG du président élu par Valérie Trierweiler en personne. La cause ? L’invitation surprise de Dominique Strauss-Kahn à une soirée entre crèmes socialistes dans un ancien sex-shop.
Un mélange des genres de mauvais goût qui n’a pas plu à l’autoritaire Valérie Trierweiler, bien décidée à faire le ménage autour de son compagnon.
Une future Première dame qui en l’espace de quelques jours a déjà marqué son terrain après le renvoi de Pierre Salviac pour crime de lèse-majesté et les diverses interviews de star que la présentatrice de la TNT s’offre.
«Seulement en France», Hollande, Royal, Trierweiler et la presse étrangère
Les
relations compliquées entre François Hollande, son ex-compagne et mère de ses quatre
enfants Ségolène Royal, et sa compagne actuelle Valérie Trierweiler
font les délices de la presse anglo-saxonne. Aux Etats-Unis comme au
Royaume-Uni, l'étonnement, l'incrédulité et la moquerie sont
omniprésents dans les médias bien pensants et se
concluent invariablement par «Only in France» («Seulement en France»).
Le
Daily Mail explique ainsi en parlant de François
Hollande et Ségolène Royal: «il l'a échangé contre une femme plus jeune de 11 ans.
Elle a alors cherché à l'empêcher de devenir Président de la France. Mais
François Hollande devrait sans doute faire de son ancienne partenaire, Ségolène
Royal, la femme politique la plus puissante du pays, en dépit de la difficulté
de leur séparation après trente ans de vie commune et quatre enfants en
commun…».
Le quotidien anglais souligne que l'an dernier encore lors de la
campagne des primaires du parti socialiste Segolène Royal s'était interrogée
publiquement: «Est-ce que quelqu'un se souvient de ce que François Hollande a
fait en trente ans?» Mais maintenant Ségolène Royal qui a
finalement décidé
lors des primaires pour le second tour de se rallier à François Hollande
a reconnu qu'elle allait sans doute devenir la Présidente de
l'Assemblée
Nationale, «le poste le plus prestigieux en France après celui de Président de
la République et de Premier Ministre» explique le Daily Mail. «Interrogée sur une chaîne de télévision
française pour savoir si elle serait à la hauteur de la fonction, elle a répondu: «je le
crois» avec un sourire rayonnant, ajoutant que cela lui permettrait «d'élargir
ses expériences», ajoute le quotidien.
Valérie
Trierweiler aussi suscite l'intérêt des médias, notamment américains. La chaîne
de télévision conservatrice américaine Fox News explique que «divorcée à
deux reprises, elle sera la première première dame non mariée à entrer à
l'Elysée…» Chocking! Le Chicago
Tribune est encore plus choqué lui: «Imaginez si le président élu François
Hollande et Valérie Trierweiler étaient américains. Regardons les faits. Ils ne
sont pas mariés. Ils ont apparemment commencé à avoir une relation en 2006
quand Hollande vivait avec sa partenaire précédente Ségolène Royal. Hollande et
Royal se sont séparés à cause de l'infidélité de Hollande. Mais aucune annonce
de leur rupture n'a été faite avant que Royal batte Hollande pour la nomination
par le parti socialiste pour l'élection présidentielle. (Royal a alors perdu
l'élection contre Nicolas Sarkozy en 2007). Hollande et Royal ont eu quatre
enfants. Aucune annonce de la relation entre Hollande et Trierweiler n'a été
faite avant octobre 2010».
Et la radio publique américaine, NPR, de conclure: «Qui
a besoin du mariage? Pas le nouveau Président français! Les Français
sont connus pour être bien plus tolérants que les Américains avec la vie
privée de leurs politiciens... Mais tous les Présidents ont été
mariés... jusqu'à aujourd'hui».
Est-ce tellement mieux d'élever ses enfants «à la française»?
Une maman américaine et un papa français discutent du livre controversé de Pamela Druckerman sur l’éducation.
Jean-Marc,Mes condoléances pour tes verres cassés et tes murs gribouillés, détails que l’on lit peu dans Bringing Up Bébé. Tout parent, de quelque nationalité qu’il soit, a déjà passé une soirée avec un enfant tyrannique du genre de Sébastien. J’aime bien ta remarque sur les parents français et Françoise Dolto, lorsque tu dis qu’ils parlent à leurs enfants comme à des adultes mais qu’ils oublient cependant de rester fermes. C’est quelque chose que je vois aussi beaucoup ici aux Etats-Unis –des parents qui pensent encourager l’indépendance de leurs enfants alors qu’en réalité ils les laissent tout juste se dévergonder un peu.
Je suis soulagée d’entendre que même les enfants français aiment la pizza et les frites. Cela me déculpabilise pour ce soir par semaine où nous servons aux nôtres des bâtonnets de poulet. Mais je dois porter au crédit des Français leur faculté à inculquer de bonnes habitudes alimentaires –et à celui de Pamela Druckerman de montrer que, même si ce n’est pas toujours facile, il est possible d’amener ses enfants à manger sainement tout en faisant diminuer peu à peu leurs protestations.
Le problème de l’obésité en Amérique est complexe et il n’y a pas de solution simple: une récente étude montre qu’il n’y a pas de différence de taux d’obésité entre les enfants des écoles où l’on sert de la junk food et celles où on ne trouve pas trace de la moindre frite. Cette étude risque d’ajouter à notre confusion, même si pour moi elle délivre surtout le message que c’est à la maison que s’acquièrent les bonnes habitudes alimentaires.
Si je dois retenir des idées de ce livre (mis à part un occasionnel «c’est moi qui décide» la prochaine fois que mon plus jeune fils me dira que je «dois» faire quelque chose), ce sera de mieux accommoder mes légumes. Non, je n’attends pas que mes enfants se mettent tout de suite à dîner d’une bouillabaisse ou d’une salade de betteraves, mais nous avons effectivement une bonne marge de progression.
J’ai été aussi surprise que toi par le poids que Pamela Druckerman accorde aux mères dans le tableau de l’éducation qu’elle dresse. On n’aperçoit les papas qu’à la marge, et elle mentionne que le week-end les jardins publics sont remplis de «papas, adorablement débraillés», derrière des poussettes. Mais la plupart de ses sources sont d’autres mères –des mères avec qui elle s’est liée ou qu’elle connaît comme amies d’amies. Et c’est en cela que réside un autre des problèmes que ce livre me pose.
Je sais bien que quand on écrit un livre sur un sujet aussi vaste que l’éducation, il faut forcément en restreindre le champ. Mais Pamela Druckerman ne s’en est pas simplement tenue à une comparaison des méthodes d’éducation françaises et américaines.
En gros, elle s’est bornée à étudier un groupe de parents aisés d’enfants de moins de 6 ans: des parents comme elle. Cela conduit ceux d’entre nous qui sont, comme je me plais à le décrire, débordés, à une lecture intéressante.
Pourtant, ce livre laisse sans réponse nombre de questions transversales. Et d’abord, si les différences entre les modèles éducatifs américains et français sont si grandes, leurs effets sont-ils durables? Comment sont les adolescents français comparés aux adolescents américains? Les Français ont un taux de mariage plus bas que les Américains, donc il serait difficile de comparer les taux de divorce, mais est-ce que notre modèle d’éducation prétendument étouffant conduit à un nombre plus élevé de familles brisées?
La focalisation de Pamela Druckerman sur la petite enfance me pose un autre problème. Je parie que la plupart des parents –même les Américains qui inscrivent leurs enfants à une douzaine d’activités et répondent aux sondages qu’ils sont aussi heureux de faire le ménage que d’élever leurs enfants– trouvent qu’élever des enfants devient de plus en plus facile à mesure qu’ils grandissent ou que la famille s’agrandit.
Nous nous sommes découverts nous-mêmes un peu plus français à l’arrivée de chaque nouvel enfant. Nous parlons moins bébé au cadet et au benjamin que nous ne le faisions pour l’aîné au même âge, nous favorisons un peu plus leur indépendance, et nous sommes de moins en moins paranos.
Un exemple: lorsque notre aîné avait deux ans, nous étions à une fête de Noël avec de nouveaux amis. C’est avec force hésitation que j’ai laissé notre fils descendre jouer avec les autres enfants, sans surveillance. J’ai demandé à une maman dont la fille était un peu plus jeune si elle pensait que ça irait pour les deux petits. «Evidemment, pourquoi?», répondit-elle. Sa réaction découlait directement du fait que sa fille était la plus jeune d’une fratrie de trois.
Maintenant je suis à sa place et je ne m’inquiète pas beaucoup pour le plus petit. Je me demande si l’éducation névrosée que Pamela Druckerman décrit comme étant en vigueur de ce côté de l’Atlantique ne provient pas du fait que les «bobos» américains se marient plus tard et font moins d’enfants.
Alors que nous arrivons au terme de notre discussion, j’aimerais en savoir plus sur les pères français que tu as évoqués dans ta première note –s’ils deviennent de moins en moins autoritaires, crains-tu qu’une horde de petits Sébastien, armés de crayons et laissant dans leur sillage débris de verres et soirées gâchées, ne s’empare de la société française? Dans ce cas, les mères devront-elles faire le gendarme?
Merci de me faire partager tes expériences de parent français; après notre échange je me sens un peu plus sage.
Rachael
Chère Rachael,
Tu as raison, on va devoir attendre dix ans avant de savoir si l’éducation franco-américaine de «Bean» a été efficace. Je ne connais pas d’adolescents américains mais, d’une certaine manière, ils restent des modèles pour les adolescents français. Nos enfants sont de grands consommateurs de culture américaine. Ma plus jeune, qui a 11 ans, adore Glee par exemple. Elle et sa grande soeur s’habillent chez Abercrombie & Fitch, elles ne boivent que du coca et ne jettent qu’un regard condescendant à mes coeurs de palmier bio et équitables.
Je ne suis pas sûr de l’effet que cette éducation aura sur la vie familiale et amoureuse des enfants de Druckerman une fois qu’ils seront adultes. Comme tu le sais peut-être, le taux de divorce à Paris est le plus élevé de France. Mais je pense que cela est davantage dû à des aspirations individuelles et à la difficulté de vivre dans une grande ville qu’à notre éducation. Ce qui me fait penser que non seulement Druckerman a «oublié» les pères, mais qu’elle ignore également le phénomène grandissant des familles mono-parentales.
Devrait-on confier l’autorité aux mères puisque, désormais, les pères la négligent? Pourquoi pas? Une distribution juste des rôles permet d’avoir et de la fermeté et de la douceur. Mais je crois que les parents, spécialement quand ils ont des enfants sur le tard, n’en ont pas envie.
Ils font tout pour protéger leur enfant, pour le garder dans un cocon. Bien sûr, la crèche et l’école donnent aux enfants un peu d’autonomie et leur apprend à vivre en société. Mais à quel prix! Je me rappelle d’une femme serrant son enfant contre elle, en larmes (et il pleurait aussi, bien sûr), le jour de la rentrée. Le problème, c’est qu’ils ont pleuré ensemble comme ça pendant trois ou quatre mois! Et le père restait à côté d’eux, sans savoir que faire. Où était passé «l’air mystérieusement calme des mères françaises» que Druckerman décrit dans son livre?
Elle n’aborde pas non plus la question de l’autorité à l’école (peut-être dans son prochain livre?). Dans le passé, le professeur était une figure sacrée, mais c’est fini. Les profs sont mal payés et pris en tenaille entre des parents qui veulent absolument que leur enfant ait le cerveau d’Einstein et l’oreille de Van Gogh et des élèves qui se croient presque tout permis. A quoi s’ajoutent les enfants qui viennent de milieux difficiles (et que Druckerman ignore totalement dans son livre), en perte de repères et qui s’adressent aux adultes comme s’ils étaient leurs égaux.
Mais tout n’est pas si sombre. Comme Druckerman l’explique bien, la crèche est un outil de socialisation efficace. On voit même apparaître des «crèches parentales», où les parents s’occupent des enfants les uns après les autres. Pourquoi? Parce qu’il y a une pénurie de places. Druckerman évoque d’ailleurs ses efforts pour en obtenir une et évoque les vives félicitations des autres parents quand elle y est parvenue. Mais la crèche, c’est aussi trois ou quatre jours de grève par an et des portes te claquant au nez quand ton enfant est malade –mieux vaut avoir des plans B. Et puis, vu que Druckerman travaille de chez elle et semble avoir de bons revenus, je trouve assez scandaleux qu’elle ait réussi à trouver une place en crèche quand d’autres parents qui en ont vraiment besoin n’y parviennent pas.
C’est amusant: sans s’en rendre compte, elle a souligné un des problèmes du système soi-disant égalitaire à la française... Dans son prochain livre, quand ses enfants entreront à l’école, elle pourrait parler des bobos parisiens soi-disant attachés à l’égalitarisme républicain qui essayent par tous les moyens d’éviter les écoles ayant mauvaise réputation.
Je pense que tu as raison de dire que plus on a d’enfants, plus les choses deviennent faciles, parce qu’on «grandit» avec eux, en apprenant à être moins anxieux. Une de mes amies m’a dit que pour son premier enfant, elle et son mari faisaient bouillir puis stérilisaient de l’eau minérale pour les biberons. «Pour le deuxième, on faisait bouillir de l’eau minérale, et pour le troisième on est passé à l’eau chaude du robinet.» Leurs trois enfants sont en parfaite santé.
C’est la même chose pour le sommeil. Pour mon premier enfant, j’ai vécu des nuits angoissées, avec un babyphone sur ma table de nuit (les médias parlaient beaucoup de la mort subite du nourrisson). Pour mon dernier, je dois admettre que je n’y ai même pas pensé. Aujourd’hui, mes quatre enfants dorment bien et mangent plus volontiers des sushis et des pizzas que de la nourriture française traditionnelle. Quand je leur demande de faire quelque chose, je dois souvent me répéter deux ou trois fois avant qu’ils ne s’exécutent. Et ce sont eux qui me disent «attends», maintenant. Malgré leur éducation française, je pense qu’ils sont devenus, eh bien, normaux.
Bien à toi,
Jean-Marc
Crise Grecque: les banques se préparent au retour chaotique de la drachme
Même
si le scénario semble toujours assez improbable, les banques internationales
ont commencé à établir des scénarios et des plans pour faire face à un retour
de la drachme et donc à un abandon de l'euro par la Grèce explique le site économique
Marginal Revolution.
«Certaines
banques n'ont même jamais supprimmé la drachme de leurs systèmes quand la Grèce
a adopté l'euro il y a plus d'une dizaine d'années et sont prêtes avec une
simple commande informatique si les problèmes de dette forcent le pays à
réutiliser ses anciens billets et ses anciennes pièces», écrit Marginal
Revolution. «De la disparition de l'URSS - qui a engendré la naissance de
devises comme la couronne estonienne et le tenge kazakh - à l'introduction de l'euro,
les banques ont de l'expérience pour préparer leurs systèmes à faire face à ces
changements. Des préparatifs discrets existent depuis 2009 que la crise de la
Grèce a éclaté», explique Hartmut Grossman de ICS Risk Advisors qui travaille
avec les banques de Wall Street.
Pour autant, certains experts financiers n'ont pas le moindre doute sur l'issue de la crise grecque. Interrogé par Market Watch, le président de Street One Financial, Scott Freeze, affirme que «la Grèce va sortir de la zone euro. C'est une issue courue d'avance. Et cela prendra au moins 8 ans pour revenir à une économie stable avec un taux de chômage normal…».
«Si la Grèce quitte abandonne l'euro et revient à la drachme ou la nouvelle drachme, il y aura très certainement des dévaluations répétées d'au moins 50%» explique Al-Jazeera. Mais ces dévaluations ne vont pas régler les problèmes comme un coup de baguette magique. D'abord, parce que les contrôles de change et le chaos social et politique vont faire fuir les touristes, la principale source de croissance de l'économie grecque. De la même façon, les investisseurs étrangers ne profiteront pas, faute de confiance, des affaires à faire en rachetant à bon prix des entreprises et des biens en Grèce. La plupart des experts comparent la Grèce à l'Argentine. Le problème c'est que l'Argentine avait et a une meilleurs spécialisation économique, notamment ses ressources agricoles et en plus une devise propre qui fonctionne, le peso. La Grèce n'a pas de monnaie propre et cela demande quelques mois pour en créer une et la faire circuler et pendant ce temps là… il faut fermer les banques, contraindre à changer l'euro contre la nouvelle monnaie à un taux défavorable tout en sachant que la nouvelle monnaie va sans cesse ensuite dévaluer et perdre de sa valeur…
Finalement, le paradoxe, c'est que le média qui a la vision la moins pessimiste est le plus financier, le Wall Street Journal, en s'interrogeant comme cela: est-ce que les choses peuvent vraiment être pires pour les grecs?
«Les taux d'intérêts grecs à 10 ans sont à plus de 24% et la dette du pays représente plus de 160% de son Produit intérieur brut. La récession va atteindre près de 5% et le chômage devrait être en moyenne de 20% en 2012 selon la Commission européenne. Selon les termes de son dernier plan de sauvetage, le pays doit encore faire 11,5 milliards d'euros de coupes dans les dépenses publiques cette année ce qui va encore faire augmenter le chômage et l'ampleur de la récession. Tout scénario de sortie est meilleur…»
Le quotidien économique américain estime qu'une devise dévaluée comme la drachme permettra tout de même de relancer un peu la croissance et de casser la logique d'austérité perpétuelle. Et dans un scénario qui serait le pire, la Grèce ne serait pas si différente de l'Argentine ou de la Russie quand les deux pays se sont retrouvés en cessation de paiement. «Si la drachme perd 75% de sa valeur en six mois, elle se retrouvera vis-à-vis du dollar à un niveau de l'ordre de 1051 contre 263 aujourd'hui, soit le niveau qui était le sien avant son entrée dans l'euro en 2000...».
Le hollandisme, l'alchimie de synthèse
On ne sait pas ce que sera le hollandisme, ni même s'il existe. Mais
ce que l'on lui reprochait, la fameuse «synthèse», pourrait être un
atout, notamment pour définir ce que pourrait être un socialisme
post-libéral.
Rencontrant un cacique du Parti socialiste, proche du président de la
République élu, et donné pour un grand poste ministériel, je lui dis:
«Je cherche ce que sera le hollandisme…»Réponse spontanée:
«Vous aurez du mal!»C'est dire l'inconnu intellectuel qu'est François Hollande.
Il a une stature désormais indéniable, construite morceau par morceau ces dernières années. Il a une adhésion obtenue par l'élection, quoique modeste. Il devrait avoir un boulevard politique après les législatives avec une droite affaiblie, en morceaux, et une extrême gauche tenue à distance.
Mais quelle est sa doctrine? A-t-il une philosophie politique? Quand on a l'ambition, comme lui dans son discours de Tulle, de «redonner l'espoir» à la France, de réorienter l'Europe et, au-delà, de «porter les aspirations françaises» dans le monde, il est temps de la dire.
En 1981, la gauche est arrivée avec le «programme commun» de relance et de nationalisations. Macroéconomiquement, ce socialisme a creusé les déficits et affaibli le franc et dès 1983, s'est ouverte la période dite «de la parenthèse». Le PS ne se reniait pas mais attendait des jours meilleurs pour reprendre sa route en avant.
En réalité et concrètement, les socialistes français se sont mis en hibernation idéologique. François Mitterrand s'est voué à la doctrine du ni nationalisations ni privatisation, le fameux «ni-ni». L'objectif de «transformation sociale» a été abandonné, ses gouvernements sont devenus des gestionnaires très corrects.
Ensuite, Lionel Jospin, Premier ministre de 1997 à 2002, n'a pas fondamentalement changé cette ligne. Le socialisme français a veillé à la justice sociale par la redistribution, mais n'a rien modifié en profondeur dans le capitalisme français, ni dans les relations sociales ni dans le fonctionnement de l'Etat providence.
Tandis qu'en France le débat des idées de gauche s'était éteint, il s’ouvrait ailleurs. Tony Blair lançait une fracassante «troisième voie» que ralliait Bill Clinton et qui mettait l'économique avant le social: sans croissance, pas de redistribution sociale possible. «Quand la marée fait monter l'eau dans le port, tous les bateaux montent», selon une formule de Larry Summers... qui nous avouera quelques années après «surtout les yachts».
Comment tracer une doctrine
En Allemagne, Gerhard Schröder hésitera un mandat avant de se rallier
entièrement à une économie de l'offre en faisant voter les lois Harz. Tournant
majeur, aujourd'hui contesté en partie par le Parti social-démocrate mais qui
porte des fruits pour l'industrie et l'emploi outre-Rhin. Les Scandinaves dans le même temps engageaient une révision non pas de leurs objectifs sociaux-démocrates mais des méthodes. L'invention de la flexisécurité en reste l'exemple phare: dans un monde en mouvement, il ne faut plus défendre les emplois mais aider les gens à changer de métier.
Les socialistes français ont regardé toutes ces évolutions avec dédain. Il ne s'agissait que des concessions condamnables faites au libéralisme. Le «vrai» socialisme français était habillé d'oripeaux, restait aveugle devant l'évolution mondiale, la globalisation, l'individualisme montant, mais il conservait son arrogance: la vérité était en France.
La crise financière a fait beaucoup de dégâts mais elle a fait le bonheur des têtes socialistes sur le thème: «On vous l'avait bien dit!» Les compromis blairistes étaient des erreurs, il faut combattre le capitalisme. Et devant les inégalités et les misères, il faut revenir en arrière, à l'Etat puissant. Le projet du Parti socialiste présenté par Martine Aubry était de cette veine: au fond, refermons «la parenthèse» de 1983, revenons à un socialisme prélibéral.
François Hollande a-t-il tiré un autre bilan du blairisme? De 1981-1983? Des années Jospin? Du modèle allemand? Des réformes scandinaves?
La matière existe car si la cervelle du PS français est en sommeil depuis trente ans, beaucoup de think tanks sont nés à ses bordures et ailleurs. Il existe mille études et rapports qui doivent aider le futur président à tracer une ligne doctrinale.
Il pourrait être aussi l'homme de la situation: on a moqué son talent de «la synthèse» qu'il a montré comme Premier secrétaire. Mais, aujourd'hui, le défi intellectuel est précisément de faire les synthèses.
Qu'est-ce qu'un socialisme non pas pré mais postlibéral? Qu'est-ce qu'une économie de l'offre de gauche? Où est la nouvelle synthèse de Keynes et Ricardo? Qu'est-ce qu'est l'égalité au XXIe siècle?
François Hollande peut se contenter d'être gestionnaire dans la crise. Ce serait déjà bien. Le hollandisme peut aussi moderniser vraiment le socialisme français.