lundi 13 octobre 2014
qui gouverne ce pays ?
Philippe Tesson dénonce "l'incohérence cafouilleuse" au plus haut sommet de l'État qui dure depuis deux ans et demi et dont les effets sont dramatiques.
Qui gouverne ce pays ? Il n'y a déjà plus de président, ou presque plus. Voilà que désormais il n'y a plus de Premier ministre, ou presque plus. Depuis hier, le chef, c'est le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. Dans une retentissante interview au JDD, il se désigne comme le patron, celui qui est chargé de partir à l'offensive, de relancer l'activité économique d'ici à la fin de l'année, d'intensifier les réformes, de recréer la confiance chez les entrepreneurs et dans les ménages, de créer avant six mois une nouvelle donne en Franceet en Europe, de libérer l'économie, de moderniser les conditions de travail, de s'attaquer aux professions réglementées, de trancher la question du travail de nuit et celle du travail du dimanche, d'en finir avec les réglementations obsolètes, de revoir l'assurance chômage... Tout cela est dans le texte, excusez du peu ! Un véritable programme de gouvernement. Vite fait, bien fait ! Avant six mois, la France aura retrouvé son crédit, la croissance, la prospérité, l'emploi, et en mai 2017, elle reconduira François Hollande. Que ce dernier n'a-t-il eu plus tôt l'idée géniale de confier à ce phénix des hôtes de ces bois les intérêts du pays ? Tant de temps perdu ! Valls, c'était donc un leurre !...
Mais soyons sérieux, à défaut qu'ils le soient. Que signifie ce nouvel épisode intempestif de la déjà longue histoire ubuesque du mandat de François Hollande, jalonné de bourdes ? Une gaffe délibérée ? Une provocation ? Une manoeuvre ? En tout cas, un désordre de plus. Était-ce le moment, alors que les témoignages d'un affaiblissement de notre économie se multiplient, alors que le crédit du président de la République est au plus bas, alors que la majorité est au bord de la fracture, alors que la confiance du peuple dans l'avenir est mise à mal par les sinuosités, les louvoiements, les contradictions du pouvoir de gauche, était-ce le moment de laisser un jeune ministre inexpérimenté jeter dans le marécage français un pavé aussi inopportun ?
Est-il destiné à donner un gage aux dirigeants de la Commission européenne à la veille de la mise en surveillance à laquelle ils vont soumettre la France ? Il faut vraiment les considérer comme des imbéciles pour croire qu'ils vont prendre pour argent comptant l'extravagant catalogue de projets, d'ambitions et d'engagements que décline M. Macron, quand on sait l'absence de crédit politique et de moyens financiers dont ils disposent, lui et son gouvernement. Est-ce pour envoyer un signe ? Et à qui ? Au Medef, qui a tout compris depuis qu'ils le couvrent d'hommages indécents après l'avoir si longtemps stigmatisé ? Au pays, qui ne croit plus en rien qui vienne d'eux ? Aux pauvres, qu'ils ont bernés ? En fait de signes, c'est un nouveau défi insultant qu'ils lancent à la gauche radicale en en rajoutant sur l'inflexion libérale qu'ils impriment à leur politique. Ils ajoutent à la maladresse le cynisme. Ou bien alors cherchent-ils la rupture définitive avec cette partie de leur électorat, hypothèse inconcevable lorsqu'on évalue les risques politiques qu'elle induirait.
Mais le comble est dans le mépris que les propos du ministre de l'Économie traduisent vis-à-vis de l'autorité du président de la République. Ce comportement frise l'inconscience, l'irresponsabilité. M. Macron porte à son sommet le désordre qui règne dans l'exercice du pouvoir depuis l'élection de François Hollande. Tenons-nous-en au dossier de l'assurance chômage. La semaine dernière, Manuel Valls évoque en plusieurs occasions et avec insistance la nécessité de réformer le système de l'indemnisation, idée qui lui est chère depuis longtemps. Aussitôt, Hollande le recadre : la réforme attendra 2016.
Mercredi, à Milan, il déclare : "Il y a suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés. On ne fait pas des réformes pour des réformes." Le lendemain, jeudi, à Lille, Valls répond au président : "La seule chose que je peux vous dire, et c'est ce que le président de la République a dit, il faut des réformes... et, croyez-moi, je suis très déterminé à les poursuivre." Et hier, Macron enfonce le clou de la discorde : "Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture... Il y a eu une réforme, elle est insuffisante... Comme l'État garantit financièrement le régime, il peut aussi reprendre la main si les blocages sont trop lourds." C'est ce que l'Élysée appelle "une totale harmonie". C'est ce que nous appelons une incohérence cafouilleuse, qui dure depuis deux ans et demi et dont les effets sont dramatiques. Qu'elle cache des intérêts politiques et des jeux d'ambition personnelle ne grandit pas ceux qui l'entretiennent.
Au point dangereux où en est aujourd'hui la France, le président de la République, qui est toujours là, comme il le dit avec un humour d'un goût douteux, ne terminera son mandat que s'il met désormais un minimum de clarté dans ses intentions, ses actes et ses paroles, et un minimum d'autorité dans la conduite de son personnel. Quelques mois ont suffi pour que s'installe l'ambiguïté dans sa relation avec le Premier ministre. Quelques jours ont suffi pour qu'un jeune ministre s'arroge le pouvoir de parler comme un Premier ministre et ajoute sa voix, avec une immodestie ou une naïveté infantiles, au concert d'illusions qui berce la France depuis mai 2012.
Car qui peut croire un instant qu'il relancera avant six mois l'activité du pays, ce qui suppose qu'il maîtrise un contexte économique plus que jamais défavorable, qu'il convainque Bruxelles de la faisabilité de son projet, qu'il muselle la fraction rétive de sa majorité et qu'il vienne à bout des corporatismes auxquels il entend s'attaquer. Ce n'est pas que ses intentions soient mauvaises, et pas davantage celles de Manuel Valls, authentique réformateur. C'est que trop de pesanteurs les hypothèquent, budgétaires, sociales, politiques et culturelles, à commencer par le complexe de gauche qui les amènera à céder, par habitude, par faiblesse et par démagogie, aux oppositions qu'ils rencontreront dans leur action réformatrice.
Ils ont trop dit qu'ils étaient socialistes et qu'ils continuent de l'être pour avoir le courage de mener jusqu'au bout une politique réputée de droite, fût-elle conforme à l'intérêt de la France et à leur propre conviction. Cette équivoque ne se dissipera qu'avec le temps. Pas dans six mois, n'en déplaise à M. Macron.
Impuissance mondiale face à la barbarie
Impuissance mondiale face à la barbarie
« L’Etat islamique » en Irak et en Syrie poursuit ses atrocités dans une indifférence croissante : le monde s’habitue vite à la barbarie. Ainsi, 4 femmes ont été récemment décapitées, dont deux médecins restés sur place pour s’occuper des enfants et une juriste. Ce qui est étrange, c’est l’impuissance de la communauté internationale. Lesjihadistes sont 30 000 combattants au maximum. Ils ont contre eux les armées des pays arabes, l’Iran, la Turquie juste à côté, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, Israël, bref, quasiment la terre entière. Il n’est pas question de parler de « guerre des civilisations » puisque justement le monde occidental et la plupart des pays musulmans – les communautés musulmanes en général – sont en plein accord pour combattre le fléau. Ce conflit est celui de l’humanité contre la Terreur. Mais on ne parvient pas à s’entendre pour mettre fin aux massacres. L’humanité est en échec contre la Terreur. La situation rappelle un peu – éternel recommencement – ce que le monde a vécu dans les années 1970 avec le Cambodge de Pol Pot, ou le Rwanda 20 ans après. Une poignée de tueurs, un groupuscule, tient tête à l’humanité, à une communauté internationale dominée par l’indécision, la faiblesse, l’incapacité à agir. Il est incompréhensible, consternant, que les armées internationales ne parviennent pas – mais l’essayent-elles vraiment – de faire lever le siège de Kobané, localité voisine de la Turquie. Cette impuissance incroyable, non seulement de l’ONU, de l’Europe, de la Ligue arabe, mais aussi des géants politiques et militaires de la planète est une autre grande leçon de notre époque, montrant une communauté internationale telle un colosse aux « pieds d’argile »et soulignant à quel point la paix mondiale est fragile.
Une loi injuste
Une loi injuste
Aussi parfaite que soit la loi, elle ne va jamais au fond des choses. A l’occasion de la transition énergétique, les députés ont adopté une disposition qui va susciter une nouvelle fois l’admiration du monde : ceux qui iront travailler à vélo pourront recevoir une indemnité kilométrique. Certes les entreprises verront leurs charges augmentées mais ne chipotons pas, elles ont l’habitude. Que les mollets soient payés pour que les poumons respirent mieux est une excellente initiative. Encore faut-il que la justice règne et que l’égalité soit respectée. Voilà le scandale : aucun défraiement n’est prévu pour les piétons. Pourtant marcher est encore plus écologique que pédaler. Il convient de réparer au plus vite cette iniquité. Et je ne parle même pas de tous ceux qui rament.
Totem et tabou
Totem et tabou
Oui, la lutte contre le chômage de masse, fléau numéro un de la France, passe, aussi, par une réforme de l’assurance-chômage. Manuel Valls et Emmanuel Macron ont mille fois raison de renverser le totem et de briser le tabou. La durée des indemnités, leur montant, leur dégressivité doivent être mis sur la table. Le système français d’indemnisation est à la fois trop coûteux et pas assez incitatif à la reprise d’activité.
Le fait que le sujet relève, en France, des partenaires sociaux ne peut pas être un prétexte à ne rien faire. La nouvelle convention Unedic entrée en vigueur le 1er juillet introduit certes quelques nouvelles mesures astucieuses comme les droits rechargeables pour les chômeurs. Mais elle n’empêchera pas le régime assurantiel d’être en déficit de près de 4 milliards d’euros cette année et la dette de l’Unedic d’atteindre, si rien n’est fait, 25 milliards l’an prochain.
Patronat et syndicats doivent être encouragés à plus d’audace. Mais pour une vraie réforme, le gouvernement aussi devra faire preuve de courage. D’abord, en s’attaquant aux abus comme celui du régime des intermittents : il serait scandaleux que l’Etat continue à prendre à sa charge pour ces derniers, au delà de décembre 2014, le différé d’indemnisation décidé par les partenaires sociaux. Ensuite, en luttant efficacement contre le chômage, ce qui suppose une plus grande flexibilité du marché du travail et une profonde réforme de la formation. Et enfin, en cessant d’alourdir d’un côté ce qu’il allège de l’autre : le choc de complexité qui découle de l’instauration d’un compte pénibilité, ou la loi Hamon qui fait peser une instabilité juridique sur les cessions d’entreprises, pèsent sur l’emploi et entravent, in fine, la lutte contre le chômage. Autant de tabous et de totems qui restent à briser.
Grève des pilotes d'Air France : "Nous avons perdu un an"
Pour le président d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, la grève et les 500 millions d’euros de manque à gagner mènent vers une sixième année de pertes.
Le sens des responsabilités l'a emporté. Nos propositions restent sur la table. Elles sont équilibrées et répondent, j'en suis convaincu, aux aspirations des pilotes.
Alexandre de Juniac revient pour la première fois sur la grève qui a paralysé pendant quatorze jours la compagnie. Le dialogue se poursuit avec les pilotes et pourrait aboutir rapidement à un accord. Le patron de la compagnie va aussi lancer un nouveau chantier : l'amélioration d'une demi-douzaine d'activités.
Aviez-vous anticipé un conflit des pilotes de cette ampleur?
Non. Un tel blocage était d'autant moins prévisible que nous avions négocié, ces trois dernières années, des mesures de restructuration beaucoup plus douloureuses. Là, il s'agissait de mesures de croissance avec à la clé 1.000 emplois nouveaux. Il faut maintenant tourner la page et avancer.
Non. Un tel blocage était d'autant moins prévisible que nous avions négocié, ces trois dernières années, des mesures de restructuration beaucoup plus douloureuses. Là, il s'agissait de mesures de croissance avec à la clé 1.000 emplois nouveaux. Il faut maintenant tourner la page et avancer.
Pourquoi les pilotes ont-ils suspendu la grève puisque aucun accord n'a été trouvé?
Le sens des responsabilités l'a emporté. Nos propositions restent sur la table. Elles sont équilibrées et répondent, j'en suis convaincu, aux aspirations des pilotes.
«Si les pilotes ne signent pas notre accord, nous créerons une nouvelle compagnie.»
Et s'ils refusent de signer?
Dans ce cas, nous créerons une compagnie sœur de Transavia, Transavia Développement, en France, pour nous développer dans l'activité à petits prix, avec les nouveaux avions qui arrivent dans les mois qui viennent. Mais que les pilotes signent serait plus simple et plus logique. Avec Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, nous espérons vivement que nous nous mettrons vite d'accord sur les meilleures conditions pour développer ensemble Transavia en France.
Dans ce cas, nous créerons une compagnie sœur de Transavia, Transavia Développement, en France, pour nous développer dans l'activité à petits prix, avec les nouveaux avions qui arrivent dans les mois qui viennent. Mais que les pilotes signent serait plus simple et plus logique. Avec Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, nous espérons vivement que nous nous mettrons vite d'accord sur les meilleures conditions pour développer ensemble Transavia en France.
Pourquoi le low cost est-il si stratégique?
C'est le seul marché en croissance de notre secteur : il est donc capital que nous nous mettions en position de le conquérir! En Europe, le low cost représente aujourd'hui près de 50 % du trafic. Sur le segment des prix bas avec un service de qualité, Transavia peut devenir un des grands en Europe. La compagnie a d'ailleurs très bien marché cet été, avec des taux de satisfaction et de remplissage exceptionnels. Son programme hiver, qui débute le 31 octobre, propose d'ailleurs une augmentation de 56 % des sièges proposés.
C'est le seul marché en croissance de notre secteur : il est donc capital que nous nous mettions en position de le conquérir! En Europe, le low cost représente aujourd'hui près de 50 % du trafic. Sur le segment des prix bas avec un service de qualité, Transavia peut devenir un des grands en Europe. La compagnie a d'ailleurs très bien marché cet été, avec des taux de satisfaction et de remplissage exceptionnels. Son programme hiver, qui débute le 31 octobre, propose d'ailleurs une augmentation de 56 % des sièges proposés.
Vous avez dû renoncer à créer Transavia Europe, par quoi passe maintenant votre développement?
Par l'accélération du développement de Transavia en France dans des conditions économiques compétitives. Il faut aller vite pour ne pas courir le risque d'offrir ce marché à nos concurrents, notamment à Orly, où des créneaux pourraient se libérer.
Par l'accélération du développement de Transavia en France dans des conditions économiques compétitives. Il faut aller vite pour ne pas courir le risque d'offrir ce marché à nos concurrents, notamment à Orly, où des créneaux pourraient se libérer.
Comment arrivez-vous à chiffrer le coût de la grève à 500 millions d'euros?
La grève nous a coûté 20 millions d'euros par jour, auxquels s'ajoutent les dédommagements, les achats de billets parfois au prix fort auprès d'autres compagnies pour acheminer nos passagers, ainsi que l'impact sur les réservations des semaines à venir. C'est un immense gâchis. Mais nous avons mis sur pied un plan de riposte commerciale sans précédent pour faire revenir les clients dans nos avions.
La grève nous a coûté 20 millions d'euros par jour, auxquels s'ajoutent les dédommagements, les achats de billets parfois au prix fort auprès d'autres compagnies pour acheminer nos passagers, ainsi que l'impact sur les réservations des semaines à venir. C'est un immense gâchis. Mais nous avons mis sur pied un plan de riposte commerciale sans précédent pour faire revenir les clients dans nos avions.
«Nous subissons le marasme de l'économie de la zone euro.»
Air France s'achemine donc vers une sixième année consécutive de pertes?
Cette grève nous a fait perdre un an. Air France aurait dû être dans le vert cette année et ne le sera pas. Le groupe Air France-KLM avait, lui, un résultat d'exploitation positif l'an dernier.
Cette grève nous a fait perdre un an. Air France aurait dû être dans le vert cette année et ne le sera pas. Le groupe Air France-KLM avait, lui, un résultat d'exploitation positif l'an dernier.
Vos investissements de plus de 6 milliards sur trois ans seront-ils maintenus?
Nous allons continuer à investir massivement, mais il faudra prendre en compte le coût de la grève.
Nous allons continuer à investir massivement, mais il faudra prendre en compte le coût de la grève.
Un risque de crise avec d'autres catégories de personnel est-il à craindre?
Cela aurait pu être le cas si nous avions accordé aux pilotes des avantages que les autres auraient jugés indus ou qu'ils auraient exigés pour eux. Les rivalités qui existent chez nous entre les catégories de personnels nous affaiblissent. Ce n'est pas ma conception de ce que doit être une entreprise compétitive, efficace, solidaire. Pour faire voler des avions, il faut des pilotes, des hôtesses et stewards, des mécanos, des commerciaux… Il est impératif que nous nous entendions tous face aux défis de la concurrence des géants mondiaux.
Cela aurait pu être le cas si nous avions accordé aux pilotes des avantages que les autres auraient jugés indus ou qu'ils auraient exigés pour eux. Les rivalités qui existent chez nous entre les catégories de personnels nous affaiblissent. Ce n'est pas ma conception de ce que doit être une entreprise compétitive, efficace, solidaire. Pour faire voler des avions, il faut des pilotes, des hôtesses et stewards, des mécanos, des commerciaux… Il est impératif que nous nous entendions tous face aux défis de la concurrence des géants mondiaux.
Avec le recul, auriez-vous fait différemment?
J'aurais sans doute différé l'introduction du volet européen du projet Transavia, que j'évoquais pourtant depuis des mois. Il a été pris en otage par ce conflit. Nous aurions dû faire plus de pédagogie, car les inquiétudes autour d'un prétendu dumping social ou de prétendues délocalisations étaient complètement infondées.
J'aurais sans doute différé l'introduction du volet européen du projet Transavia, que j'évoquais pourtant depuis des mois. Il a été pris en otage par ce conflit. Nous aurions dû faire plus de pédagogie, car les inquiétudes autour d'un prétendu dumping social ou de prétendues délocalisations étaient complètement infondées.
Le groupe a supprimé 10.000 postes en cinq ans. De nouvelles mesures d'économies sont-elles à attendre?
D'ici quinze jours, nous allons commencer les discussions autour de notre nouveau plan, Perform 2020. L'idée est de trouver pour chaque activité le moyen de combler le fossé de compétitivité qui peut exister avec nos concurrents. C'est une démarche qui impliquera beaucoup la base. Nous allons demander des idées et injecter les nôtres, pendant quatre à cinq mois, à partir donc du mois de novembre. Il nous faudra être prêt au premier semestre 2015.
D'ici quinze jours, nous allons commencer les discussions autour de notre nouveau plan, Perform 2020. L'idée est de trouver pour chaque activité le moyen de combler le fossé de compétitivité qui peut exister avec nos concurrents. C'est une démarche qui impliquera beaucoup la base. Nous allons demander des idées et injecter les nôtres, pendant quatre à cinq mois, à partir donc du mois de novembre. Il nous faudra être prêt au premier semestre 2015.
Quel est l'objectif de ce nouveau plan?
Rester l'un des premiers opérateurs mondiaux à racines européennes. Pouvoir garder notre place dans la cour des grands. Dans un secteur aussi capitalistique que le transport aérien, la taille est primordiale. Il faut une flotte et un réseau le plus larges possible. C'est ça que nos clients achètent. C'est pour ça que nous allons continuer à ouvrir des lignes, comme Brasilia ou Panama l'an dernier. Et resserrer les partenariats comme avec Delta aux États-Unis ou Etihad dans le Golfe. C'est la clé de notre survie, surtout face au marasme de l'économie de la zone euro que nous subissons. Et puis nous allons investir dans la maintenance, où nous sommes déjà un leader mondial, et dans le low cost. Je reste optimiste : la croissance est à notre portée.
Rester l'un des premiers opérateurs mondiaux à racines européennes. Pouvoir garder notre place dans la cour des grands. Dans un secteur aussi capitalistique que le transport aérien, la taille est primordiale. Il faut une flotte et un réseau le plus larges possible. C'est ça que nos clients achètent. C'est pour ça que nous allons continuer à ouvrir des lignes, comme Brasilia ou Panama l'an dernier. Et resserrer les partenariats comme avec Delta aux États-Unis ou Etihad dans le Golfe. C'est la clé de notre survie, surtout face au marasme de l'économie de la zone euro que nous subissons. Et puis nous allons investir dans la maintenance, où nous sommes déjà un leader mondial, et dans le low cost. Je reste optimiste : la croissance est à notre portée.
"L’écologie n’est pas compatible avec l’économie de marché"
Du feu rouge au feu vert, en passant par le rose. Arthur Nazaret, journaliste au service politique du JDD, s'intéresse à ce qui agite la gauche. Des livres politiques aux cuisines internes. Cette semaine, il revient sur l'ouvrage de Joan Martinez-Alier, professeur en économie et en histoire de l’économie à l'Université autonome de Barcelone, qui a publié, en espagnol, L’écologisme des pauvres en 2005. Son livre vient de sortir en France aux éditions Les Petits Matins.
Il y a actuellement, en France, un débat sur la transition énergétique. Avez-vous pu le suivre et qu'en pensez-vous?
Nous devons avoir une transition énergétique dans le monde. La question est de savoir comment aller à un système énergétique qui ne produit pas de gaz carbonique. Il est de plus en plus difficile d'avoir du pétrole donc il est recherché partout ce qui a des coûts très lourd pour l'environnement. Il y a une rareté de l'énergie, il faut donc changer de système énergétique car il n'y a pas de rareté pour l'énergie solaire par exemple.
Nous devons avoir une transition énergétique dans le monde. La question est de savoir comment aller à un système énergétique qui ne produit pas de gaz carbonique. Il est de plus en plus difficile d'avoir du pétrole donc il est recherché partout ce qui a des coûts très lourd pour l'environnement. Il y a une rareté de l'énergie, il faut donc changer de système énergétique car il n'y a pas de rareté pour l'énergie solaire par exemple.
Dans votre livre, vous parlez de trois types d'écologie. Pouvez-vous nous les décrire?
Le premier type d'écologie est une écologie qui sacralise la nature et qui vise à la conserver. C'est le culte de la nature sauvage. C’est l'écologie de Henry David Thoreau ou de John Muir aux Etats-Unis. Le deuxième type d’écologie est un courant qui nous vient des ingénieurs et des économistes qui pensent que l'on peut avoir une compatibilité entre l'économie de marché et l'écologie. C'est ce qu'on retrouve sous le vocable de développement durable ou même de croissance verte. Mais pour moi, "croissance verte", c'est un oxymore. Une des figures centrales et un des précurseurs de ce mouvement est Gifford Pinchot. Quand on regarde l'histoire, nous voyons que si l'économie croît les dépenses énergétiques et les matériaux croissent aussi.
Le premier type d'écologie est une écologie qui sacralise la nature et qui vise à la conserver. C'est le culte de la nature sauvage. C’est l'écologie de Henry David Thoreau ou de John Muir aux Etats-Unis. Le deuxième type d’écologie est un courant qui nous vient des ingénieurs et des économistes qui pensent que l'on peut avoir une compatibilité entre l'économie de marché et l'écologie. C'est ce qu'on retrouve sous le vocable de développement durable ou même de croissance verte. Mais pour moi, "croissance verte", c'est un oxymore. Une des figures centrales et un des précurseurs de ce mouvement est Gifford Pinchot. Quand on regarde l'histoire, nous voyons que si l'économie croît les dépenses énergétiques et les matériaux croissent aussi.
Pour vous l'économie de marché est par nature incompatible avec l’écologie?
Par nature, c'est incompatible car le marché est myope en ce qui concerne le futur. Le marché est aussi myope en ce qui concerne les besoins des gens pauvres. Et, enfin, le marché est myope en ce qui concerne les besoins des autres espèces. Le marché n'est pas bon pour la soutenabilité écologique.
Vous, vous défendez ce que vous appelez l'écologisme des pauvres aussi appelée "mouvement pour la justice environnementale" ?Par nature, c'est incompatible car le marché est myope en ce qui concerne le futur. Le marché est aussi myope en ce qui concerne les besoins des gens pauvres. Et, enfin, le marché est myope en ce qui concerne les besoins des autres espèces. Le marché n'est pas bon pour la soutenabilité écologique.
A cause de la raréfaction des matériaux et des ressources naturelles, il y a partout dans le monde des protestations qui montent. Ces protestations sont surtout dans le Sud du monde : en Nouvelle Calédonie à cause du nickel ou au Niger à cause de l'uranium. Mais il y en a même en Europe, à cause du gaz de schiste. Il y a aussi eu des investissements complètement inutiles pour lesquels on voit des manifestations en Europe, comme Notre-Dame-des-Landes ou le TGV Lyon-Turin.
Dans les pays du Sud, cela ne se fait pas toujours avec comme mot d'ordre la protection de la nature...
Il y a dans les pays du Sud des monsieur Jourdain de l'écologie, qui font de l'écologie sans le savoir. En Équateur, il y a des gens qui protestent contre l'extraction de pétrole parce que son exploitation détruit leur lieu de vie. Ces populations ne connaissent pas le mot "écologiste" mais ils commencent à l'apprendre. Quand on leur demande s'ils protestent parce qu'ils sont communistes ou écologistes, ils répondent que non, qu'ils protestent parce qu'ils sont des indigènes et que la terre et l'eau sont sacrés ou parce qu'ils ont des droits mémoriels. C'est cela l'écologisme des pauvres, des gens qui protestent pour des raisons de subsistance.
Il y a dans les pays du Sud des monsieur Jourdain de l'écologie, qui font de l'écologie sans le savoir. En Équateur, il y a des gens qui protestent contre l'extraction de pétrole parce que son exploitation détruit leur lieu de vie. Ces populations ne connaissent pas le mot "écologiste" mais ils commencent à l'apprendre. Quand on leur demande s'ils protestent parce qu'ils sont communistes ou écologistes, ils répondent que non, qu'ils protestent parce qu'ils sont des indigènes et que la terre et l'eau sont sacrés ou parce qu'ils ont des droits mémoriels. C'est cela l'écologisme des pauvres, des gens qui protestent pour des raisons de subsistance.
Mais s'ils font de l’écologie sans le savoir et que cela ne débouche pas sur un mouvement politique, n’est-ce pas une limite, un problème?
La question n’est pas celle du vote mais celles des alliances avec d'autres groupes écologistes. Par exemple dans le nouveau livre de Naomi Klein (This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate – pas encore traduit en France, Ndlr), elle raconte l'histoire de tous ces gens qui au Canada ou aux Etats-Unis s'opposent aux nouveaux pipelines. Elle appelle cela "blocage". Il y a un pays qui s'appelle "blocage" partout dans le monde et c'est le pays de ces gens qui s'opposent ici au gaz de schistes, là aux pipelines, etc. Tous ces mouvements de blocage sont en train de faire des réseaux et c'est cela l'écologie populaire. Nous verrons cela l'an prochain en France pour la conférence climat. Des milliers de personnes viendront contester et demander la justice climatique.
La question n’est pas celle du vote mais celles des alliances avec d'autres groupes écologistes. Par exemple dans le nouveau livre de Naomi Klein (This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate – pas encore traduit en France, Ndlr), elle raconte l'histoire de tous ces gens qui au Canada ou aux Etats-Unis s'opposent aux nouveaux pipelines. Elle appelle cela "blocage". Il y a un pays qui s'appelle "blocage" partout dans le monde et c'est le pays de ces gens qui s'opposent ici au gaz de schistes, là aux pipelines, etc. Tous ces mouvements de blocage sont en train de faire des réseaux et c'est cela l'écologie populaire. Nous verrons cela l'an prochain en France pour la conférence climat. Des milliers de personnes viendront contester et demander la justice climatique.
«C'est difficile pour la gauche de devenir écologiste»
On en est selon vous la bataille d’idées?
Dans les années 1970, les idées écologistes se sont fait connaître. Cela commence avec Rachel Carson, puis avec le rapport du club de Rome en 1972 puis Sicco Mansholt qui était le président de la Commission européenne et qui est devenu écologiste. Après avoir lu le rapport de Rome, il a dit qu'il fallait une croissance en dessous de zéro. Ensuite, André Gorz a parlé "décroissance". La candidature de René Dumont en 1974 vient de cette histoire. Les idées écologistes se sont développées dans ces années 1970. Ensuite il y a l'époque néolibérale durant laquelle les idées écologistes ont reculées. Aujourd'hui, ces idées reviennent à cause du changement climatique dont les gens prennent conscience.
Dans les années 1970, les idées écologistes se sont fait connaître. Cela commence avec Rachel Carson, puis avec le rapport du club de Rome en 1972 puis Sicco Mansholt qui était le président de la Commission européenne et qui est devenu écologiste. Après avoir lu le rapport de Rome, il a dit qu'il fallait une croissance en dessous de zéro. Ensuite, André Gorz a parlé "décroissance". La candidature de René Dumont en 1974 vient de cette histoire. Les idées écologistes se sont développées dans ces années 1970. Ensuite il y a l'époque néolibérale durant laquelle les idées écologistes ont reculées. Aujourd'hui, ces idées reviennent à cause du changement climatique dont les gens prennent conscience.
Vous parlez d’écologisme des pauvres mais comment expliquer-vous que dans les pays occidentaux, en tout cas en France, le vote écolo reste un vote marginal, de gens souvent instruits et vivant dans un milieu souvent urbain. C’est plus un écologisme des riches?
En France, en Espagne et en Italie, la gauche post-communiste et même socialiste a eu des difficultés à comprendre les thèmes écologistes. Non parce qu'ils sont des adorateurs du marché mais parce qu'ils sont productivistes. Les marxistes étaient productivistes et les keynésianistes aussi. Donc c'est difficile pour la gauche de devenir écologiste. Quant aux libéraux, ils sont pour le marché et donc contre l'écologie même si d'un point de vue rhétorique, ils sont pour.
En France, en Espagne et en Italie, la gauche post-communiste et même socialiste a eu des difficultés à comprendre les thèmes écologistes. Non parce qu'ils sont des adorateurs du marché mais parce qu'ils sont productivistes. Les marxistes étaient productivistes et les keynésianistes aussi. Donc c'est difficile pour la gauche de devenir écologiste. Quant aux libéraux, ils sont pour le marché et donc contre l'écologie même si d'un point de vue rhétorique, ils sont pour.
Pour vous, la taille des villes et le nombre de naissance sont des questions politiques? Il faut dans un cas comme dans l'autre les limiter?
Je ne sais pas si l'on peut les limiter par la loi mais les grandes villes ne sont pas soutenables d'un point de vue écologique. Quant aux naissances, on voit l'émergence d'un néo-malthusianisme féministe. Néo-malthusianisme, car ce mouvement n'est pas réactionnaire comme l'était Malthus. C'est un mouvement progressiste qui pense qu'il vaut mieux avoir moins d'enfants, c'est une idée de la procréation consciente. Cela s'est développé contre l'Etat et contre l'Eglise.
Je ne sais pas si l'on peut les limiter par la loi mais les grandes villes ne sont pas soutenables d'un point de vue écologique. Quant aux naissances, on voit l'émergence d'un néo-malthusianisme féministe. Néo-malthusianisme, car ce mouvement n'est pas réactionnaire comme l'était Malthus. C'est un mouvement progressiste qui pense qu'il vaut mieux avoir moins d'enfants, c'est une idée de la procréation consciente. Cela s'est développé contre l'Etat et contre l'Eglise.
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