Oui, la lutte contre le chômage de masse, fléau numéro un de la France, passe, aussi, par une réforme de l’assurance-chômage. Manuel Valls et Emmanuel Macron ont mille fois raison de renverser le totem et de briser le tabou. La durée des indemnités, leur montant, leur dégressivité doivent être mis sur la table. Le système français d’indemnisation est à la fois trop coûteux et pas assez incitatif à la reprise d’activité.
Le fait que le sujet relève, en France, des partenaires sociaux ne peut pas être un prétexte à ne rien faire. La nouvelle convention Unedic entrée en vigueur le 1er juillet introduit certes quelques nouvelles mesures astucieuses comme les droits rechargeables pour les chômeurs. Mais elle n’empêchera pas le régime assurantiel d’être en déficit de près de 4 milliards d’euros cette année et la dette de l’Unedic d’atteindre, si rien n’est fait, 25 milliards l’an prochain.
Patronat et syndicats doivent être encouragés à plus d’audace. Mais pour une vraie réforme, le gouvernement aussi devra faire preuve de courage. D’abord, en s’attaquant aux abus comme celui du régime des intermittents : il serait scandaleux que l’Etat continue à prendre à sa charge pour ces derniers, au delà de décembre 2014, le différé d’indemnisation décidé par les partenaires sociaux. Ensuite, en luttant efficacement contre le chômage, ce qui suppose une plus grande flexibilité du marché du travail et une profonde réforme de la formation. Et enfin, en cessant d’alourdir d’un côté ce qu’il allège de l’autre : le choc de complexité qui découle de l’instauration d’un compte pénibilité, ou la loi Hamon qui fait peser une instabilité juridique sur les cessions d’entreprises, pèsent sur l’emploi et entravent, in fine, la lutte contre le chômage. Autant de tabous et de totems qui restent à briser.