TOUT EST DIT

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lundi 8 novembre 2010

Les syndicats en quête d'un difficile compromis

Les divergences stratégiques s'amplifient entre syndicats, qui doivent décider ce lundi soir des suites à donner au mouvement contre la réforme des retraites après une huitième journée de mobilisation en net reflux.
Deux thèses s'affrontent : la CGT, FSU et Solidaires entendent prolonger la contestation quand la CFDT, la CFE-CGC, l'Unsa et, dans une moindre mesure, la CFTC jugent qu'il est délicat de s'opposer à une loi votée et sur le point d'être promulguée sauf censure du Conseil constitutionnel.
L'intersyndicale, qui se réunit à partir de 18h00 au siège de la CGT à Montreuil, a adopté jeudi dernier le principe d'une nouvelle journée d'action pour la semaine du 22 au 26 novembre et doit en décider les modalités précises dans la soirée.

Samedi, les manifestations contre le report de l'âge légal de la retraite à 62 ans, clé de voûte de la loi, ont marqué le pas, rassemblant entre 375.000 et 1,2 million de personnes selon les sources, soit trois fois moins qu'au plus fort du mouvement cet automne.
Si la réunion de l'intersyndicale de lundi promet d'être "sportive", selon les mots d'un dirigeant syndical, toutes les confédérations, à l'exception de Force ouvrière, se disent à la recherche du bon compromis pour ne pas briser l'unité qui prévaut depuis le printemps.
La CGT estime qu'il faut battre le fer tant que la loi n'entre pas en vigueur, en juillet 2011, mais beaucoup sont entrés dans la séquence d'après, évoquant le retour à des grandes manifestations pour la défense de l'emploi et du pouvoir d'achat, sur le modèle de ce qui avait été fait à l'hiver 2009.
Après une mobilisation citoyenne inégalée depuis des années, même si les syndicats n'ont pas obtenu gain de cause sur le fond de la réforme, "on ne doit pas faire au gouvernement le cadeau de se désunir", prévient Alain Olive, secrétaire général de l'Unsa.
"VOIES DE PASSAGE"
"L'enjeu, c'est de montrer que sur un des éléments essentiels du pacte social français, les organisations syndicales sont capables de se retrouver: cela vaut pour les retraites et pour l'avenir", ajoute-t-il.
Cette volonté de faire durer le front commun coûte que coûte, notamment son duo de tête CGT-CFDT, pourrait déboucher sur une feuille de route la plus souple possible.
Tout en appelant à la poursuite de la mobilisation et en fixant la date exacte de la journée d'action, probablement le mardi 23, l'intersyndicale renverrait à des actions locales telles que des rassemblements devant les préfectures ou des manifestations décentralisées.
"Multiplier les formes d'action différentes, c'est ce qui a fait la force du mouvement", rappelle Bernadette Groison, qui dirige la FSU.
Son syndicat défendait l'idée d'une manifestation nationale le samedi 26 novembre mais il regardera lundi soir "ce qu'il est possible de faire ensemble", a-t-elle dit.
"Des débats vifs et sincères, il y en a toujours eu entre nous depuis le début. Notre force a été de trouver à chaque fois des voies de passage", ajoute la dirigeante syndicale qui n'a "pas le sentiment que l'intersyndicale soit au bord de l'implosion".
Les critiques de Force ouvrière, qui parle désormais ouvertement de "gâchis" dans la gestion du conflit, viennent alourdir l'ambiance.
Formellement, le syndicat de Jean-Claude Mailly ne fait pas partie de l'intersyndicale et prône une journée de grève générale depuis le printemps mais il s'est joint à toutes journées d'action de ces six derniers mois.
Le bureau confédéral de FO doit se réunir dans l'après-midi pour décider de sa participation, ou non, à l'intersyndicale de lundi soir.
"Il n'est pas question de tourner la page des retraites", souligne son secrétaire confédéral Jacques Valladon, pour qui la mobilisation de samedi était "encore tout à fait respectable".
Quant à passer à des manifestations aux mots d'ordre plus généraux, le dirigeant syndical est plus que sceptique. "En 2009, on a fait des manifs en janvier, en mars, en mai et en juin pour des clopinettes, dit-il. "Pas sûr qu'on en sera à nouveau ce coup-là".

Le projet "l'égalité réelle" ravive les tensions internes au PS

Le projet du Parti socialiste pour "l'égalité réelle", dernière pierre programmatique de son futur projet présidentiel, ravive les divisions internes que le conflit des retraites avait permis de mettre en sourdine.
Fruit de six mois de travail piloté par le porte-parole et représentant de l'aile gauche du parti, Benoît Hamon, le texte arrive en débat après celui sur le modèle de développement, la rénovation politique et les relations internationales.
Ce document, qui a l'aval du premier secrétaire du PS, Martine Aubry, contient sur 40 pages près de 200 propositions sur l'éducation, la santé, la lutte contre les discriminations ou encore le logement et la gestion de l'eau.
Le texte devait être discuté lundi soir au sein de la "commission des résolutions", où les différents courants internes peuvent déposer des amendements, avant un vote du Conseil national du PS, le "parlement" du parti, mardi soir.
De nombreuses mesures figuraient déjà dans le projet présidentiel du PS en 2007, comme l'allocation autonomie pour les jeunes mais d'autres sont de nature à faire des remous, comme l'idée d'un "récépissé de contrôle d'identité" délivré par les policiers aux jeunes, expérimenté à New York.
"C'est une bonne mesure pour les jeunes, qui se sentent harcelés, et pour les policiers", que l'on ne pourra plus accuser, défend la secrétaire nationale Pascale Boistard.
Mais les critiques, qui vont crescendo depuis une semaine, portent surtout sur le côté "catalogue" du projet, sans hiérarchie ni chiffrage budgétaire et les candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2012 s'en donnent à coeur joie.
Les proches de Dominique Strauss-Kahn ironisent sur des propositions "totalement irréalistes" et l'entourage de l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande a raillé par presse interposée la "hotte du père Noël" de Benoît Hamon.
François Hollande, dont la cote de "présidentiable" a grimpé au fil de l'automne, souhaitait repousser le débat pour "rendre le dispositif crédible" aux yeux des Français. Devant le refus de Martine Aubry, les "Hollandais" réservent leur vote de mardi.
FEUILLE BLANCHE TROP ROUGE ?
Le député-maire d'Evry, Manuel Valls, qui a, lui, déjà annoncé qu'il serait candidat en 2012, a aussi prévenu qu'il ne voterait pas le texte "en l'état". "Pour être audible, il est plus sage de procéder à une évaluation financière de chaque mesure", a-t-il déclaré dans Le Parisien dimanche.
Des voix discordantes que Martine Aubry fait mine de ne pas entendre. "Il y a ceux qui bossent et ceux qui bavassent", dit la première secrétaire, dont l'entourage tire à boulets rouges contre François Hollande.
"Il est de plus en plus candidat et de plus en plus organisé mais on attend toujours ses propositions alternatives", commente un proche. Ce qui compte aux yeux de la maire de Lille c'est que "99% des socialistes sont dans le train".
La direction balaie également les critiques sur le coût budgétaire de ces mesures. Pour Martine Aubry, crédibilité budgétaire et crédibilité démocratique vont de pair.
"Les Français sont très conscients des contraintes et ils ne croiraient pas quelqu'un qui dit: 'demain on rase gratis'", estime l'ancienne ministre.
Avant la "convention des conventions", où le PS présentera son projet présidentiel en avril 2011, une commission a donc été chargée du chiffrage des mesures, qui seront hiérarchisées autour de trois axes: ce qu'il faut faire au cours des 100 premiers jours, ce qui relève de la législature et ce qui a besoin d'un temps politique plus long, entre 10 et 15 ans.
A ses détracteurs, qui l'accusent de profiter de son statut de porte-parole pour faire avancer des idées trop ancrées à gauche, Benoît Hamon rappelle qu'il a travaillé sur le projet avec douze secrétaires nationaux venus de tous horizons.
"De toutes façons, j'ai le sentiment que si j'avais rendu une feuille blanche, ils l'auraient trouvée encore trop rouge", plaisante le porte-parole.

La situation se complique en Grèce pour le Crédit Agricole

Les pertes d'Emporiki au 30 septembre atteignent déjà le montant prévu pour l'année entière. La banque verte publie ses comptes mercredi soir
  Emporiki continue de donner du fil à retordre à sa maison mère, le Crédit Agricole, qui publie ses comptes trimestriels mercredi après Bourse. Selon ses comptes publiés la semaine dernière, elle accuse déjà un déficit de 745 millions d’euros au 30 septembre. Un montant quasiment identique à celui anticipé pour l’ensemble de l’exercice 2010 (750 millions), dans le plan de redressement présenté en juin. La faute à un bond de 59% des provisions pour créances douteuses au troisième trimestre (à 826 millions), qui ont accru les pertes de 62% en 12 mois.
Cette dégradation n'est pas surprenante à l'aune des résultats de Geniki, la filiale grecque de la Société Générale (L'Agefi du 3 novembre). «En raison de l’environnement économique, les estimations et les prévisions présentées dans le plan de restructuration sont minutieusement examinées afin de protéger davantage la banque et ses clients», a indiqué Emporiki dans son communiqué. Cela dit, le retour à l’équilibre financier de la banque en 2012, échéance déjà repoussée d’un an par rapport aux prévisions antérieures pour des raisons similaires, n’est pas remis en cause. Le plan présenté en juin semblait cependant optimiste aux yeux des analystes, en tablant sur un redressement spectaculaire dès 2011.
Crédit Agricole SA, qui devrait annoncer un résultat net de 669 millions d'euros au troisième trimestre selon le consensus Reuters, n’a pas souhaité faire de commentaire. Mais l'aggravation de la situation d’Emporiki ne semble pas impliquer pour autant la mise en place d'un nouveau plan. Le groupe avait déjà déclaré que les mesures actuelles seraient adaptées en fonction de la conjoncture, à travers la fermeture de succursales ou une diminution de l’octroi de nouveaux crédits par exemple.
Emporiki ne présente pas une menace vitale pour la banque verte: son bilan pèse moins de 2% de celui de CASA. Mais à part provoquer une crise de confiance avec les investisseurs, «ses déboires apportent de l’eau au moulin de certains cadres des caisses régionales, qui remettent en cause le développement international du groupe», estime un analyste. Le 15 décembre, la banque présentera en interne un plan stratégique à 10 ans. Mais elle devra déjà apporter des réponses au marché mercredi prochain.

L'OCDE s'inquiète de divergences dans les rythmes de croissance

Selon des indicateurs avancés publiés lundi 8 novembre par l'OCDE, qui regroupe les pays les plus riches de la planète, certaines grandes puissances, comme la Chine, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, devraient connaître un ralentissement de leur croissance économique.

Ces "indicateurs composites avancés" pour le mois de septembre montrent des divergences dans le rythme de croissance économique entre les pays, souligne l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un communiqué.
"Les indicateurs composites avancés de l'Allemagne, du Japon, des Etats-Unis et de la Fédération de Russie sont toujours en phase d'expansion, tandis que ceux du Canada, de la France, de l'Inde, de l'Italie et du Royaume-Uni continuent de pointer vers un infléchissement modéré du cycle," indique l'organisation.
UN RYTHME JUGÉ STABLE

Pis, les indicateurs avancés pour le Brésil et la Chine "continuent de pointer vers un fort infléchissement", ce qui signifie, selon l'OCDE, que le niveau de la production industrielle dans ces deux pays "pourrait tomber en dessous de sa tendance de long terme". Dans l'ensemble, le rythme de l'expansion économique est jugé stable pour la zone OCDE et pour la zone euro.
L'OCDE avait évoqué en octobre, sur la base de ces indicateurs, un renforcement des signes de ralentissement de l'expansion économique au sein de sa zone.

Les opérateurs télécom face au "paradoxe" Apple

Depuis la fin du mois de juin, l'opérateur Orange aurait vendu 800 000 exemplaires de l' iPhone 4. Le groupe français "pèse pour 5,6 % des 14,1 millions de téléphones qui ont trouvé preneur sur le dernier trimestre d'activité d'Apple", assurait L'Express fin octobre. Orange, qui vient d'annoncer un chiffre d'affaires de 11,6 milliards d'euros au troisième trimestre, avait auparavant vendu près de 2 millions d'iPhone en France, tous modèles confondus, quand ses concurrents, SFR et Bouygues Telecom, ont annoncé 700 000 et 615 000 ventes. Ces chiffres sont-ils le signe que les opérateurs et la firme américaine sont parvenus à trouver un modèle économique qui bénéficie aux deux parties ?

"La situation est en réalité paradoxale", souligne Sébastien Crozier, représentant syndical chez France-Télécom. "Le succès des terminaux d'Apple a permis aux opérateurs d'enrayer la baisse du chiffre d'affaires. Mais il a plombé leurs comptes parce qu'ils subventionnent les terminaux [NDLR : prennent en charge une partie des coûts de l'appareil, en échange de la souscription d'un abonnement téléphonique]. Cela créé un état de dépendance", conclut-il.
APPLE, "OPÉRATEUR VIRTUEL"
Cette interdépendance est telle qu'Apple pourrait choisir de s'affranchir des opérateurs. Selon le site spécialisé américain Giga Om, le fabricant de l'iPhone travaille avec le spécialiste français de la carte à puce Gemalto sur un composant intégré dans le téléphone permettant de changer d'opérateur sans carte SIM, selon des modalités pratiques encore inconnues.
En réalité, un tel système est déjà répandu en Afrique. Dans le modèle économique qui prévaut sur le continent africain, fondé sur le prépayé et non les abonnements, le client peut choisir, grâce à des terminaux multicartes, l'opérateur le plus efficace, par exemple à une heure donnée. En reprenant ce système, Apple se muerait en "opérateur virtuel".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le groupe de Steve Jobs veut imposer ses conditions aux opérateurs de téléphonie mobile. Pour le lancement de l'iPhone en France, en novembre 2007, le PDG d'Apple avait demandé un pourcentage des recettes sur l'iPhone, en contrepartie de l'exclusivité chez Orange. Cette mesure ensuite été cassée par le Conseil de la concurrence.
“L'objectif, pour Apple, est de déplacer la valeur de l'opérateur vers le terminal”, analyse Sébastien Crozier. En vendant des terminaux, Apple réalise des bénéfices, mais durant une période bien définie. Pour éviter un essoufflement à plus long terme, le groupe américain évolue vers les services, principalement avec son magasin d'applications en ligne. Malgré des problèmes techniques et des coûts d'exploitation élevés, l'App store maintient durablement attractive la base de terminaux.
Avec son projet d'alternative à la carte SIM, Apple vise particulièrement le marché européen. En Europe, les technologies utilisées sur les réseaux mobiles sont relativement semblables et il existe une certaine concurrence entre opérateurs. C'est moins le cas des Etats-Unis, où les réseaux des opérateurs emploient des technologies différentes.
UN FRONT UNI CONTRE APPLE ?
Pour envisager une riposte contre Apple, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a réuni au mois d'octobre tous les grands opérateurs d'Europe. La première manière de s'affranchir du groupe américain est de miser sur d'autres fabricants et d'autres systèmes d'exploitation, comme Windows 7 mobile, Android de Google, et Nokia.
A la fin du mois d'août, le quotidien Les Echos rapportait également qu'Orange voulait lancer des tablettes tactiles sous sa propre marque, afin de concurrencer le groupe américain sur un nouveau secteur porteur. “Ces projets sont en fait assez anciens et pas très crédibles”, estime toutefois une autre source au sein du groupe, sous couvert de l'anonymat.
En se livrant à une "bataille des kiosques", les opérateurs voudraient enfin éviter que l'ensemble des contenus ne bascule dans le modèle App Store. Le problème est que chez Orange par exemple, plusieurs kiosques coexistent en fonction des plate-formes (Internet, vidéo à la demande, SMS...). "Il n'y a pas de cohérence globale. C'est un casse-tête pour les éditeurs", relève la même source.
Mais la contre-attaque est d'autant plus difficile qu'Apple, grâce à ses 50 milliards de dollars (35 milliards d'euros) de trésorerie, a potentiellement les moyens de racheter les principaux opérateurs européens que sont Telefonica, France Telecom ou Deutsche Telecom.
Les opérateurs doivent aussi composer avec l'hétérogénéité du marché européen. Certes, la plupart des groupes ont des filiales communes, permettant une coordination, scrutée par la Commission européenne. Mais aucun pays européen ne dispose de la même structure de marché. En France, les fournisseurs d'accès à Internet sont aussi opérateurs de téléphonie mobile, ce qui n'est pas le cas en Grande-Bretagne par exemple. "Un front commun des opérateurs européens historiques demeure envisageable", note Sébastien Crozier. "L'alliance avec Vodafone, plus tourné vers la mobilité, serait quant à elle plus complexe", précise-t-il.
Car les enjeux de ce bras de fer dépassent le simple secteur de la téléphonie. Alors que les opérateurs se demandent sur quelles technologies d'avenir ils doivent miser, comme la fibre ou les réseaux mobiles de type LTE ("Long Term Evolution"), Apple pourrait s'immiscer dans l'équation.

François Baroin confirme que le gouvernement "va faire sauter" le bouclier fiscal

Invité sur France Inter, le ministre du Budget a admis ce mercredi que le bouclier fiscal était devenu un "symbole d'injustice". Pas question pour autant de le faire sauter dans la précipitation. 
 Le bouclier fiscal est devenu un "symbole d'injustice" mais le gouvernement n'entend pas, pour autant, "faire sauter (...) dans la précipitation", a déclaré sur France Inter, ce mercredi, le ministre du Budget, François Baroin. Et de préciser que cette suppression "irait de pair avec une éventuelle suppression de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune).
"Je suis pour la pédagogie pour expliquer que s'il y a un ISF, il faut un bouclier et s'il n'y a plus de bouclier, alors il faut avoir le courage d'affronter l'ISF", a-t-il dit. Ce virage est justifié, a expliqué François Baroin, par la nécessité d'une convergence avec l'Allemagne.

En insistant à nouveau sur le calendrier prévu pour cette nouvelle réforme, François Baroin n'a pas convaincu tous les membres de la majorité. Ce mercredi la commission des finances de l'Assemblée nationale a certes rejeté l'amendement signé par une centaine de députés UMP proposant de supprimer l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et le bouclier fiscal. Mais les élus du groupe du Nouveau centre (NC) et quelques députés UMP ont tout de même voté en faveur de cet amendement.
De son côté, les élus de gauche, favorables à la suppression du "bouclier fiscal", ont voté contre cet amendement qui prévoyait de supprimer en même temps l'ISF.
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a accusé la majorité de ne pas "oser passer à l'acte" parce que, a-t-il dit, "elle cherche désespérément le moyen de continuer de protéger ses riches en échangeant la suppression du bouclier fiscal contre la suppression de l'ISF".
"Ce troc est un marché de dupes qui remplacerait le symbole de l'injustice par une injustice plus grande encore", a-t-il ajouté. "On continuerait de favoriser la rente, c'est-à-dire l'argent qui dort, au détriment du travail et de l'investissement productif", a-t-il dit dans un communiqué.

Apparu: "Villepin s'exclut lui-même de la majorité"


Après ses déclarations fracassantes à l'encontre de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin a suscité de vives critiques au sein de la majorité, y compris chez ses proches. Le zapping des matinales.


Bruxelles entend mettre les agences de notation au pas

Parmi les mesures que la Commission européenne souhaite mettre en place figure notamment l'obligation pour les agences de notation de prévenir trois jours à l'avance les pays dont elles envisagent d'abaisser la notation
Les agences de notation devraient prévenir avec trois jours d'avance les pays dont elles envisagent d'abaisser la notation.Voilà sans doute la proposition la plus décapante que vient de faire  la Commission européenne dans un document relatif à une consultation lancée vendredi. La Banque centrale européenne (BCE) ou les banques centrales nationales devraient également être en mesure d'émettre des notes pour accroître la concurrence, ajoute le document de cette consultation.
Une autre piste évoquée consiste à obliger les agences de notation à attendre la clôture pour annoncer les changements de notation afin d'amortir les chocs boursiers. La Commission cherche en effet à réduire l'influence des agences de notation sur les marchés financiers afin d'éviter un épisode similaire à celui observé lors de l'abaissement de la note de la Grèce en catégorie spéculative par Standard & Poor's en début d'année. Cette décision avait lourdement pesé sur les efforts de soutien à la Grèce et sur l'euro.
Les agences pourraient également être contraintes à publier gratuitement la totalité de leurs recherches sur la dette publique et les Etats européens pourraient même s'entendre pour ne pas payer les agences, dit le document. Une autre approche proposée par le document est de contraindre les banques à se procurer des notes émises par deux agences différentes afin d'obtenir les informations les plus justes possibles.
Cette consultation intervient alors que le G20 s'efforce de réduire l'influence des agences et de leurs notes. Cette question sera d'ailleurs au menu du sommet à Séoul la semaine prochaine. La création d'une agence de notation européenne est envisagée pour accroître la concurrence, mais une telle initiative impose de veiller à ne pas fausser le marché ou abaisser la qualité de la notation, souligne le document. La question des conflits d'intérêt entre agence et établissement noté a également été évoquée lors de cette consultation.
Le Parlement européen ébauchera son projet de modification du secteur la semaine prochaine à partir de ces pistes de réflexion.

Pour Michel Barnier, les lobbys bancaires ont trop d'influence à Bruxelles

Le commissaire européen en charge des services financiers veut renforcer la présence de la société civile dans les groupes d'experts que consultent la Commission européenne pour concevoir ses directives.
Michel Barnier souhaite contrebalancer l'influence des banquiers au sein des "groupes d'experts" officiels composés de lobbyistes qui conseillent la Commission et préformatent les projets de directive. Le commissaire européen en charge des services financiers vient d'écrire à l'ONG Alter-EU, qui milite pour la transparence du lobbying, pour l'informer qu'il avait lancé "une réflexion interne afin d'identifier les mesures pour assurer une représentation appropriée et directe des consommateurs, investisseurs, PME et syndicats".
Les douze groupes de lobbyistes spécialisés dans les services financiers comptent 53 % de représentants de l'industrie financière contre à peine 22 % de représentants des consommateurs ou des syndicats. Certains groupes sont très déséquilibrés, comme celui sur les systèmes de paiement, qui réunit deux fonctionnaires, un universitaire, un syndicaliste et... 43 représentants de l'industrie. Ces écarts ne s'expliquent pas tant par la volonté de la Commission de s'entourer de conseillers à la solde du « grand capital » que par la faiblesse des moyens d'expertise technique de la société civile. L'influence coûte cher : 23 entreprises du Cac 40 déclarent dépenser au total 8 millions d'euros par an pour être présentes et peser à Bruxelles.
"Malgré les efforts consentis jusqu'ici, la situation concernant le niveau d'implication de la société civile et des organisations de consommateurs n'est pas satisfaisante", confie Michel Barnier, à La Tribune. Elle n'est pas satisfaisante "à la fois pour une question de perception de la part de l'opinion publique et pour une question de pluralité des points de vue dans le processus législatif". Alter-EU recommande que "les acteurs ayant des intérêts commerciaux soient toujours minoritaires » et demande « une compensation financière conséquente pour permettre aux experts n'émanant pas de l'industrie de participer aux groupes d'experts".
L'eurodéputé Pascal Canfin a d'ores et déjà entrepris avec d'autres élus de créer une sorte de "Greenpeace de la finance", pour agir sur la finance comme l'ONG écologique peut le faire sur le nucléaire. "Il faut que la Commission entende des sons de cloche de façon symétrique », martèle le député Europe Écologie. Ce nouveau contre-lobby financier doit recruter son premier expert dès mardi prochain.
Michel Barnier, soucieux de rétablir la confiance des consommateurs dans les services financiers, souhaite rééquilibrer progressivement les groupes d'experts. Le commissaire va également "lancer une étude sur la création d'un centre d'expertise indépendant".

Jean-Claude Gaudin: «Le président a pris tous les embruns»

Retraites, remaniement, couverture du Stade-Vélodrome... Le maire de Marseille est revenu pour «20 Minutes» sur les principaux sujets d'actualité...

Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille, fait le point sur les principaux dossiers de la politique nationale et de sa ville.

Des élections sénatoriales doivent avoir lieu en 2011. Pensez-vous que la gauche peut emporter la Haute Assemblée?

La situation est fragile. En septembre, nous allons renouveler quasiment la moitié des sièges, et enregistrer les pertes dues aux dernières municipales. Notre marge de manœuvre est réduite, nous pouvons être à plus ou moins dix sièges. Mais selon les derniers calculs, nous devrions l'emporter.

Le Président envisage depuis plusieurs semaines un remaniement du gouvernement. Pensez-vous que François Fillon doit rester?

Il est très populaire au Parlement: il est calme, déterminé, il a gravi un à un tous les échelons de la vie politique. Et depuis trois ans et demi, il a été assez épargné car c'est le président de la République qui a pris tous les embruns. Mais le remaniement, ça n'est pas notre préoccupation première. Il faut d'abord que le Conseil constitutionnel valide la loi sur les retraites. Après, le Président va au G20 [à Séoul, les 11 et 12 novembre], c'est peut-être après cette réunion que le remaniement pourrait se produire.

Ne risque-t-il pas d'entraîner des dissensions dans la majorité?

Il n'y aura pas de divisions dans la majorité, pas après ce que nous venons de vivre. Nous pensions que nous avions mieux expliqué notre réforme des retraites. Rajouter deux ans de travail, échelonnés jusqu'en 2018, pour sauver le régime des répartitions, nous pensions que les Français seraient à même de comprendre pourquoi, même si nous sommes impopulaires. Nous le serions encore plus si demain il n'y avait plus de système de retraite par répartition.

Aidez-vous François Fillon à préparer sa candidature aux municipales de Paris?

Pour Fillon, il est clair qu'à un moment donné, au gouvernement, cela s'arrêtera, et que nos amis parisiens seraient très heureux de le voir participer au combat des municipales de 2014. Si tel est le cas, il faut qu'en 2012 François Fillon soit député de Paris. Dans un parti, il est normal que celui qui préside la commission des investitures songe à cela, c'est un peu mon boulot.

Marseille a été particulièrement en pointe dans le mouvement contre le projet de réforme des retraites. Cela vous a surpris?

A Marseille, il y a 11.500 employés municipaux à la ville, 4.000 à la communauté urbaine et 17.000 agents dans les hôpitaux. Il y a toujours du monde dans les manifestations. Mais vous avez toujours Gaudin à la mairie.

Vous signez ce matin une convention de partenariat avec Martin Bouygues pour l'agrandissement et la couverture du Stade-Vélodrome, qui devrait coûter 270 millions d'euros. Où en est la discussion sur le financement?

Nous avons négocié pour faire descendre ce coût à 267 millions. La ville y met 40 millions d'euros, le conseil général participe à hauteur de 30 millions, la communauté urbaine, 20 millions. Et j'ai obtenu de l'Etat qu'il augmente sa contribution à 30 millions. Il ne reste que le conseil régional. M. Vauzelle [président PS de la région] se fait tirer l'oreille pour donner le montant de sa participation. Il se fiche du monde. A Lille, le conseil régional a donné 45 millions à Martine Aubry pour le nouveau stade. Vauzelle devra répondre de ses choix.
La ville devra payer au groupement privé un loyer durant trente-cinq ans. Quel sera le coût final du chantier pour la municipalité?

Nous espérons que cela ne sera pas plus de 3,5 millions par an. Mais il y aura des recettes supplémentaires pour compenser: les loyers payés par l'OM pour le Vélodrome vont augmenter significativement. Nous allons accueillir plus d'événements dans le stade. Et le groupement constitué par Bouygues va aussi donner 30 millions d'euros pour les droits à bâtir que nous leur accordons autour du stade.

La possibilité d'un financement par «naming» –en donnant au Vélodrome le nom d'une marque– est-elle toujours d'actualité?

Cela rapporterait 2 millions par an. Cela reste une option, mais le stade continuera de s'appeler Vélodrome, et il restera municipal.

Marseille se prépare à être capitale européenne de la culture en 2013, mais plusieurs villes membres de la candidature, comme Aix ou Toulon,semblent désormais traîner les pieds…

Nous n'aurions pas pu l'emporter devant le jury de 2013 s'il n'y avait pas eu la potentialité culturelle de Marseille, avec son opéra, ses quarante-cinq théâtres, ses musées, son ballet… La ville n'a pas tenté de tiré la couverture à elle, elle n'a qu'une seule voix dans le conseil d'administration de Marseille-Provence 2013. Après, à Toulon et Aix, les maires peuvent avoir une tentation de repli sur soi, demander tant de concerts ou d'expositions. Ça, c'est Bernard Latarjet [directeur général de Marseille-Provence 2013] qui décidera. Moi, je ne fais pas de troc.

La ville de Marseille a, de son côté, beaucoup de chantiers en cours pour 2013. Où en est-on?

Nous allons refaire totalement le musée d'Histoire de Marseille au centre Bourse. Nous allons également créer une grande salle d'exposition au palais Longchamp, comme nous le demandent Frédéric Mitterrand et Bernard Latarjet. La salle de concert du Silo est presque terminée, et nous devrions inaugurer en début d'année prochaine le mémorial de la Marseillaise, rue Thubaneau, auquel je tiens beaucoup.

L'année de la capitale européenne de la culture tombe juste avant les municipales. Avez-vous déjà décidé si vous vous représenterez?

Ce qui compte avant tout, c'est la réélection du président de la République et des mes amis députés. Pour les municipales, je dirai dans l'année 2013 ce que je veux faire et quand je veux le faire. Je ne m'interdis rien.

PERP et retraite : sortie en rente ou en capital ?


Vous avez peut être souscrit un plan d’épargne retraite populaire proposé par votre banque ou votre compagnie d’assurance avec pour principal argument qu’il vous était possible de défiscaliser « sans risques » une bonne partie de vos revenus. Seulement voilà : de faibles versements donneront une faible somme quelle que soit la magie des intérêts composés. Car populaire signifie étrangement que ce sont surtout les plus imposés qui ont intérêt à souscrire.


Rappelons d’abord l’avantage fiscal : les déductions des cotisations versées dans un Perp sont déductibles du revenu global dans une certaine limite. Selon deux possibilités


- Soit 10 % des revenus nets professionnels plafonnés à 8 fois le plafond de la Sécurité sociale de l’année précédente. Ce qui fait un maximum de 27.446 €.


- Soit 10 % du plafond de la Sécurité sociale de l’année précédente ce qui fait 3.431 €.


Quelle option choisir ?


Le contribuable retiendra l’option qui lui est la plus favorable. Parlons maintenant de la sortie à l’âge de la retraite…


Sortie en rente ou en capital ?


La sortie de fait obligatoirement en rente, une rente viagère (donc servi toute la vie durant et réversible au profit par exemple de son conjoint), une rente imposable selon la fiscalité des pensions de retraite plus défavorable que l’imposition des rentes provenant d’un contrat d’assurance vie puisque schématiquement elle est quasiment identique à celle des revenus.


Il existe une exception qui permet de sortir en capital. Une exception consignée dans l’article A 160-2 du Code des assurances. Et que dit cet article ? Que le versement peut être fait en capital, donc payé en une seule fois si et seulement les arrérages, donc la rente sont inférieurs à 40 € par mois. Les montants de la rente dépendent aussi de l’âge de sortie quand on prend sa retraite, il est donc difficile de chiffrer quel est le montant du capital concerné. Mais c’est un montant inférieur à 15.000 €


Il existe aussi d’autres possibilités de sortir en capital. Deux exceptions. S’il s’agit d’une première accession à la propriété d’une résidence principale peu importe qu’il s’agisse d’une acquisition dans l’ancien ou le neuf. Mais ce qu’il faut retenir c’est que le déblocage en capital, capital soumis à l’impôt lui aussi n’est possible que pour une première acquisition. Si on a été propriétaire à une autre période de sa vie, l’exception n’est pas applicable et seulement pour une résidence principale. Et une autre exception. C’est quand il survient un accident de la vie. Invalidité, perte du droit aux allocations chômage et cessation d’activité pour ceux qui ne sont pas salariés mais seulement après une liquidation judiciaire.


Revenons sur la déduction du revenu global des cotisations évoqué en début de chronique pour préciser un point important que l’on oublie trop souvent. La limite des déductions du revenu global est une enveloppe qui concerne bien évidemment le Perp mais aussi ce que l’on appelle les articles 83 qui concernent les contrats retraite d’entreprise, la Préfon des fonctionnaires, la loi Madelin pour les travailleurs non salariés ou encore les cotisations versées dans un PERCO


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Améliorer sa retraite : les systèmes Madelin et Préfon


Les TNS (travailleurs non salariés, c’est-à-dire commerçants, artisans, gérants majoritaires de SARL, professions libérales) peuvent se constituer une retraite complémentaire par capitalisation, mais aussi s’assurer contre les risques maladies, d’invalidité, de décès ou encore d’incapacité de travail au moyen de « la loi Madelin ».


Ces mini-fonds de pension offre un avantage fiscal important à l’entrée : la possibilité de déduire de son revenu imposable (bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices non commerciaux) les cotisations versées dans la limite de 10 % du bénéfice imposable dans la limite de huit fois le plafond de la sécurité sociale. Il faut être à jour de ces cotisations obligatoires pour pouvoir souscrire à une loi Madelin et on ne peut sortir qu’en rente et non en capital. Ces « retraites » versées sont soumises à l’impôt sur le revenu. La loi a prévu un droit de transfert d’une compagnie à une autre, à la discrétion du souscripteur si ce dernier juge que son épargne est mal gérée. Ce transfert est rendu difficile puisqu’un contrat Madelin est dépourvu de valeur de rachat. C’est l’estimation de la provision mathématique qui est alors appréciée. Un tel transfert peut être gratuit ou supporter des frais pouvant aller jusqu’à 5 % du montant transféré. Par rapport à la cotisation de base définie, le montant des versements peut varier dans une fourchette de 1 à 10. Le souscripteur s’engage à effectuer ses versements jusqu’à l’âge de la retraite. Plus le TNS dispose de revenus élevés, plus il pourra défiscaliser, c’est-à-dire financer une retraite complémentaire conséquente avec ses cotisations d’impôts.


Pour les fonctionnaires


Le système Préfon est un fonds de pension de retraite facultatif, fonctionnant sur le principe de la capitalisation, réservé aux fonctionnaires qui peuvent souscrire chaque année en choisissant une des onze classes de cotisations proposées, avec la possibilité de changer de catégorie à loisir ou d’interrompre les versements. Les fonctionnaires, en exercice, verseront leurs cotisations, chaque mois par un prélèvement sur leurs fiches de salaire. Les anciens fonctionnaires doivent apporter la preuve qu’ils ont travaillée dans un service public ou assimilé pour effectuer directement leurs versements.


Les cotisations versées sont déductibles du revenu imposable du souscripteur. Ceux qui sont imposés dans les tranches élevées ont ainsi la possibilité de défiscaliser leurs versements. C’est un avantage fiscal à l’entrée. Il est impossible de sortir en capital, seulement en rente avec la possibilité de réversion au décès du souscripteur. La réversion peut être faite au profit de son concubin. A condition de la demander avant la liquidation de la retraite. La rente versée est soumise à l’impôt sur le revenu. Il est aussi possible de racheter les cotisations antérieures à l’adhésion, rétroactivement depuis l’âge de 16 ans, sous la forme d’une cotisation exceptionnelle.

PS - Plus Strauss-Kahn se tait, plus sa cote monte

Pour les sympathisants socialistes comme pour les Français en général, DSK apparaît aujourd’hui, et de loin, comme le meilleur candidat du PS pour 2012.
Un plébiscite. Plus que jamais, Dominique Strauss-Kahn « écrase » – sur le papier – ses rivaux potentiels aux primaires socialistes, selon le sondage Ifop réalisé pour France-Soir. Pour 52 % des Français, face à Martine Aubry, Ségolène Royal ou François Hollande, c’est lui qui a le plus « l’étoffe » d’un président de la République : Martine Aubry, qui arrive en seconde position, est citée par… 8 % seulement des sondés. Même chez les sympathisants du PS, l’avance de DSK est, en l’état, sans appel : il distance Aubry de 50 points ! Des résultats qui seront sans nul doute analysés de près lors du conseil national du parti qui se réunit demain à l’Assemblée nationale pour valider le volet « lutte contre les inégalités » du projet présidentiel de celui ou de celle qui sera « le » candidat de la gauche en 2012.
Selon notre sondage, 62 % des socialistes considèrent Dominique Strauss-Kahn comme le plus capable de faire gagner la gauche en 2012, contre 22 % pour la première secrétaire du PS, 8 % pour Ségolène Royal et 5 % pour François Hollande. C’est sûrement là, d’ailleurs, la clé du succès du patron du FMI, analyse Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop.
« Le peuple de gauche sort amer de la réforme des retraites. Il y a un rejet très fort de Sarkozy. Dès lors, celui qui a le plus de chances de le battre est plébiscité », explique-t-il. Dans une sorte de réflexe de « vote utile » avant l’heure, ils font donc bloc autour de celui qui apparaît comme le meilleur champion face au président sortant. Et tant pis si, pourtant, beaucoup le jugent « moins fidèle » aux idées et valeurs de gauche qu’une Martine Aubry – considérée comme la meilleure sur ce plan-là – et même, fait nouveau, qu’un François Hollande.

Comme Delors, en 1994…

Un vrai phénomène, qui rappelle furieusement le cas de Jacques Delors fin 1994. Le peuple de gauche, déboussolé, plébiscitait alors, puisque François Mitterrand n’allait pas se représenter, celui qui apparaissait comme un recours, le seul capable, disait-on déjà, de gagner la présidentielle. Finalement, on s’en souvient, l’ancien président de la Commission européenne avait jeté l’éponge in extremis, et renoncé à se présenter. Aujourd’hui encore, le suspens est réel : Dominique Strauss-Kahn prendra-t-il le risque d’être candidat, ou préférera-t-il rester à la tête du FMI ? S’il renonçait finalement à s’élancer, alors tous les espoirs seraient permis pour ses concurrents, tant le jeu paraît ouvert derrière lui. Certes, Martine Aubry a un léger avantage sur ses concurrents. Mais l’ancien Premier secrétaire du PS François Hollande, à qui personne ne croyait, talonne désormais l’ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal.
Vendredi, DSK retrouvera Nicolas Sarkozy au sommet du G20 à Séoul. Les deux hommes vont beaucoup se fréquenter dans les mois qui viennent, le président français s’apprêtant à prendre (pour un an) les rênes du G8 et du G20. L’image ne manquera pas de renforcer la stature de présidentiable du patron du FMI. En attendant qu’il se décide à dévoiler ses intentions, donc à dire franchement ce qu’il veut et ne veut pas.

Les villepinistes lâchent Villepin

Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de l'ex-Premier ministre, s'est dit désolé sur Europe 1.
Dominique de Villepin est-il allé trop loin dimanche ? En affirmant sur Europe 1 que "Nicolas Sarkozy est l'un des problèmes de la France", l'ancien Premier ministre s'est démarqué de son camp. Critiqué par l'UMP, Dominique de Villepin est aussi abandonné par ses proches.
Lundi matin, son ancien directeur de cabinet, l'actuel ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, a jugé sur Europe 1 ses propos "outrageants". Le ministre, qui n'avait fait aucun commentaire vis-à-vis de Dominique de Villepin depuis son entrée au gouvernement, est sorti de sa réserve. "Ce sont aussi des propos qui sont violents à l'égard de l'ensemble du gouvernement et à l'égard de toute la majorité. (...) Cela me désole", a-t-il ajouté.

"Je ne suis pas dans la tête de Dominique de Villepin"

"Les attaques personnelles, en particulier les attaques contre le président de la République, c'est à l'opposé de l'idée que je me fais d'un engagement politique. On ne progresse pas dans la critique personnelle", a dit l'ancienne plume de Dominique de Villepin. "Je ne suis pas dans la tête de Dominique de Villepin", a-t-il ajouté.
Georges Tron, secrétaire d'Etat à la Fonction publique, est lui ausi sorti de sa réserve. Il a regretté lundi sur Europe 1 l'attitude de Dominique de Villepin. "Nous l'avons soutenu, aidé, accompagné ces dernières années dans les moments difficiles et on s'aperçoit qu'en réalité aujourd'hui, il coupe les ponts avec tout le monde, et avec les plus proches d'entre nous", a-t-il dit. "Dominique de Villepin, que je considérais et que je considère toujours comme un ami, est en train de s'éloigner de nous", a ajouté Georges Tron.

"Villepin s'éloigne de nous"
envoyé par Europe1fr. - L'actualité du moment en vidéo.
Même son de cloche du côté de République solidaire, le mouvement de Dominique de Villepin. Sa porte-parole, Marie-Anne Montchamp, s'est désolidarisée du président du groupe. "J'appelle de mes voeux une phase d'apaisement et de responsabilité", a-t-elle dit.

"Ce qu'il dit, c'est ce que les Français nous disent"

Dominique de Villepin peut tout de même compter sur Jean-Pierre Grand. Fidèle parmi les fidèles, il se dit "totalement solidaire" de son mentor. "Ce qu'il dit, c'est ce que les Français nous disent", a-t-il commenté.



Forcément Fillon


Fillon, acte II ! C'est une presque certitude que pour la première fois sous la Ve République un Premier ministre nommé va réussir à imposer son maintien à Matignon. Car nul ne doute que Nicolas Sarkozy, agacé par la popularité de ce provincial bien campé sur ses valeurs et respecté pour ses comportements, voulait s'en défaire. Il le lui avait signifié et François Fillon avait alors choisi de faire entendre publiquement sa différence. Le Premier ministre était partant il y a huit jours. Mais sous la pression de la majorité qui n'a confiance qu'en lui et ne veut pas boire la coupe jusqu'au bout de l'amertume, il va rester comme le lui a proposé Nicolas Sarkozy malgré les tensions entre les deux hommes. Ce nouveau bail ne pourra pas ressembler au précédent marqué par une omni-présidence parfois humiliante pour le collaborateur.


Un glissement de pouvoir vers Matignon est inévitable, François Fillon imposant, c'est sûr, quelques exigences dont il a posé les jalons dans ses récents discours. Et sa réaction était dure contre la gestion du remaniement par Nicolas Sarkozy lorsqu'elle soulignait que le temps n'est plus aux visées tacticiennes. Elle démontrait aussi que l'arrivée de Jean-Louis Borloo n'est plus guère possible. Le risque d'être isolé aura donc été plus fort chez François Fillon que le possible dévissage de sa relation avec Nicolas Sarkozy. Le calcul est bien lisible : en restant il s'évite le trou noir de l'après-Matignon.


Le paradoxe du tourbillon déclenché par le chef de l'État avec son annonce prématurée, c'est qu'il a fait prendre du poids à son Premier ministre. Il l'a rendu encore plus rassurant pour la majorité piétinée par le rappel de François Baroin, le chiraquien, l'apparition du villepiniste Bruno Le Maire et par le numéro avec l'imprévisible Borloo, assimilable à l'ex-UDF.


Le cap maintenu et la rigueur sans faux nez, François Fillon devra aussi tenter d'obtenir un remaniement à l'Élysée et relancer ses équipes à Matignon. S'il ne parvient pas à corriger la suractivité de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre se condamne à terme dans son rôle de recours. Mais il condamne aussi le président de la République qui n'aura pas réussi à donner l'impulsion qu'il souhaitait à sa fin de quinquennat.

Les chrétiens d'Orient pris pour cible

Du sang sur l'autel. Des morts dans la nef. Une cathédrale transformée en champ de bataille. C'était, il y a huit jours, le tableau d'un massacre, au coeur de Bagdad. En pleine célébration de la Toussaint, une cinquantaine de fidèles de l'église syriaque catholique succombaient à une attaque terroriste. En signe de solidarité, un message des évêques irakiens a été lu, hier, dans toutes les églises de France, et une cérémonie à l'intention des victimes célébrée à Notre-Dame de Paris.

Ce n'est pas la première fois que la communauté chrétienne d'Irak est visée. Depuis l'invasion américaine de 2003, les enlèvements de prêtres ou d'évêques, les attentats contre les lieux de culte ont été nombreux. Cette fois, cependant, par l'ampleur du carnage et le dessein politique qui l'a guidé, un palier vient d'être franchi. Car, dans sa revendication, la branche irakienne d'Al-Qaida a parlé clair. « Les centres, organisations, institutions, dirigeants et fidèles chrétiens sont des cibles légitimes pour les moudjahidines. » Dans le vide de pouvoir que connaît actuellement l'Irak, la stratégie de la tension intercommunautaire épouse parfaitement les objectifs des extrémistes islamistes.

Il y a encore trois ans, les chrétiens d'Irak, en témoignant de leurs souffrances, soulignaient volontiers que leur sort n'était pas unique ; que ce n'était pas tant une question de religion que de politique, de chaos provoqué par la guerre ; que le terrorisme faisait autant de victimes chez leurs voisins chiites ou sunnites. Davantage, même, par le nombre. Si l'on se limite au critère religieux pour dénombrer les victimes des attentats islamistes à travers le monde, ce terrorisme frappe souvent - et même d'abord - des musulmans innocents.

Aujourd'hui, pour les chrétiens d'Irak qui se sentent une cible désignée, la lecture purement politique ne permet plus de résister à la dureté du quotidien. C'est là une terrible victoire du fondamentalisme. Chaque attaque relance l'exode, inexorable depuis 2003. La communauté chrétienne d'Irak est passée de 800 000 âmes à moins de 500 000. Celle de Bagdad a été divisée par trois. C'est le bilan amer de sept ans de conflit, allumé par le président « très chrétien » George Bush.

La communautarisation des conflits, en acte dans tout le Proche-Orient, menace jusqu'à l'existence même de certaines communautés chrétiennes. Au point que les statistiques offrent un tableau surprenant. Il y a désormais, dans la région, autant de chrétiens qui ont émigré d'Inde ou des Philippines, en quête d'un emploi dans les riches monarchies pétrolières du Golfe, que de paroissiens autochtones, chez eux sur ces terres, entre l'Euphrate et la Méditerranée, depuis l'aube du christianisme.

Pour sensibiliser la communauté internationale au sort des chrétiens d'Orient, Paris a un rôle historique à faire valoir. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a annoncé que la France allait demander un débat au Conseil de sécurité de l'Onu sur les violences en Irak. Parallèlement, une quarantaine de blessés dans cet attentat sont attendus, aujourd'hui, à Paris. Ils seront rejoints, dans les prochains jours, par une autre centaine de blessés.

Ce sont deux façons d'exprimer une solidarité nécessaire et délicate à la fois. Car il s'agit de faire valoir un droit et dénoncer les tentatives de « nettoyage communautaire », tout en ne tombant pas dans le redoutable piège des terroristes : la guerre de religion.

De Gaulle : 40 ans déjà

Personnalité à multiples facettes, il restera d'abord et avant tout dans l'Histoire comme l'homme du 18 juin
 Tout le monde a été, est ou sera gaulliste : ce quasi-axiome a longtemps couru dans les milieux gaullistes.
S'il réconfortait ceux qui l'énonçaient, il ne s'est jamais avéré mais l'engouement pour les manifestations et commémorations qui marquèrent les 10 ans, puis les 20, et même les 30 ans de la mort du Général pouvaient faire illusion. Quatre décennies après que le chêne a été déraciné, personne ou presque n'oserait plus avancer une telle prophétie. Pour la simple raison peut-être que peu à peu, l'Histoire et les historiens se substituent au mythe et aux laudateurs rendant moins lisse et probablement plus humaine la statue du commandeur. Sans oublier non plus que le temps - qui ne respecte rien ni personne - fait son œuvre, même si on n'en est heureusement pas encore au « De Gaulle qui ? »
C'est donc une autre question qui se pose : « Que reste-t-il, quarante après sa disparition, de Charles de Gaulle, chef de la France Libre, dernier président du Conseil de la IVe République, président de la République durant dix ans ?
D'abord et avant tout demeurera à jamais dans l'Histoire « l'homme du 18 juin ». Parce qu'il présente une image sans tâche, une image que la France s'approprie en croyant contempler son propre reflet dans le miroir. Pour ce qui est de son passage à la tête de l'État, il est plus hypothétique de savoir ce qui survivra dans notre mémoire collective : à son actif peut-être la création de la Ve République qui, bien que contestée par certains, aura prouvé qu'elle pouvait durer après lui avoir survécu.
Quant à sa gestion de mai 1968 ou le référendum perdu de 1969, les approches, les jugements resteront très divergents.
Mais surtout quid de la question de la guerre d'Algérie à laquelle il a mis fin ? Ces dernières années, les chercheurs en sciences humaines, qui avaient longtemps évité ce terrain sensible et sanglant, l'ont investi avec rigueur révélant ou affirmant des vérités moins univoques.
Comme celles de bien d'autres acteurs, les positions et les actions de Charles de Gaulle n'échappent pas au filtre critique.
Charles de Gaulle ou l'itinéraire de celui qui dirigea la France à la sortie de la période la plus douloureuse de notre histoire contemporaine avant de la conduire dans les très fastes années soixante.

Le président Sarkozy demain dans les pas du Général

Nicolas Sarkozy se rendra demain à Colombey-les-deux-Eglises, en Haute-Marne, pour commémorer le 40e anniversaire de la mort du général de Gaulle.
Après avoir fleuri sa tombe, le chef de l'Etat doit visiter La Boisserie, la propriété où le Général résidait depuis sa démission de la présidence en 1969. Puis le président Sarkozy déposera une seconde gerbe au pied de la Croix de Lorraine érigée à proximité. Il conclura son déplacement par un discours.
Le président s'était déjà rendu en octobre 2008 à Colombey pour y inaugurer, avec la chancelière allemande Angela Merkel, le MémorialColombey-les-deux-Eglises Charles de Gaulle, dont Jacques Chirac avait posé la première pierre deux ans plus tôt.

A la télévision

La télévision va célébrer les 40 ans de la mort du général de Gaulle, survenue le 9 novembre 1970.
> A partir d'aujourd'hui sur la chaîne Histoire
A 20h35, début d'un cycle de six documents « La légende de de Gaulle ». Deuxième partie du cycle mardi 8, toujours à 20h35, avec un de Gaulle intime, et la voix de Jean Rochefort.
> Lundi 8 novembre sur France 3
En première partie de soirée, Patrick Poivre d'Arvor reviendra, avec le réalisateur René-Jean Bouyer, sur les derniers mois du général dans sa maison de La Boisserie à Colombey-les-deux-Eglises, après son échec au référendum de 1969. À l'issue du documentaire « De Gaulle: la dernière bataille », le journaliste animera un débat sur le thème « Que reste-t-il du gaullisme ? ».
> Mardi 9 sur France 5
A 20h35, Marie Drucker et l'historien Fabrice d'Almeida proposeront un nouveau magazine « C'est notre histoire ». Il fait appel aux témoignages des internautes, via le site de France 5, qui ont croisé, vu ou connu le Général pendant sa présidence.
> Mercredi 10 sur Arte
La chaîne franco-allemande diffusera à 21h35 un portrait original du Général vu par les Allemands : «Charles de Gaulle, le devoir de combattre ».



Malaise nucléaire

Ce sont des images surgies des années 70. Des images d'un passé que l'on croyait révolu. Des images troublantes parce qu'elles montrent une révolte que l'on croyait dépassée. Un refus que l'on avait fini par oublier.
Ce qui est déroutant, c'est que, de ce côté-ci du Rhin, l'opposition au nucléaire a peu à peu disparu de l'arsenal idéologique de l'écologie politique. La participation des Verts aux gouvernements Jospin de 1997 à 2002 avait décontaminé l'embarrassante question que les amis de Cécile Duflot s'abstiennent aujourd'hui de poser clairement. Au-delà, faut-il tolérer l'atome, faute de mieux, parce qu'il fournit 80% de notre électricité ? Ou rester sceptiques, comme la société allemande, mécontente du report de la fermeture de ses centrales nucléaires ?
En France, la crise énergétique, en effet, a achevé de décomplexer les réalistes, brouillant, parfois, les plus vieilles certitudes contestataires. La montée de l'anxiété devant les conséquences prévisibles du réchauffement climatique a achevé de dédiaboliser une source énergétique considérée, à tort ou à raison, comme un moindre mal. Certains la verraient même presque « propre », alors qu'elle ne l'est toujours pas, évidemment. Alors, les manifestants de Dannenberg et Gorleben forment-ils le dernier carré des idéalistes anachroniques ou des visionnaires lucides quand ils rappellent que la toxicité de tels déchets est, à l'échelle humaine, pratiquement éternelle tant leur durée de vie active est longue ?
Faut-il que le danger reste à ce point élevé pour que le train aux 123 tonnes radioactives soit obligé de circuler dans le mystère ? Pour que deux gouvernements prennent le risque de le faire passer en pleine nuit dans la gare de Strasbourg pour éviter les manifestants qui l'attendaient ailleurs ?
Cette tension est malsaine. Elle révèle les ravages d'une communication du secret qui, au nom, pourtant, de la sécurité, ne peut qu'attiser peurs, fantasmes et brutalités. Nous voilà revenus - en tout petit - dans l'atmosphère saturée de Plogoff où l'intérêt supérieur de l'État pouvait justifier le passage en force de la puissance publique au mépris de toutes les règles préventives contre une pollution des sols et des paysages. Ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui encore, ce sont les populations proches des sites d'enfouissement qui sont les plus rétives... Parce qu'elles ont une perception instinctive des périls et qu'elles savent qu'une société moderne ne peut ensevelir les résidus mortels de notre avenir économique.
Le manque de transparence et l'enjeu que représente une telle cargaison souligne d'un trait noir les limites d'une solution énergétique que l'on croyait pérenne. Une chose est sûre : elle ne pourra cesser d'inquiéter qu'en avançant dans la clarté.

Le commentaire politique de Christophe Barbier


OCCASION MANQUÉE

Quand il n'y avait plus de carburant dans les pompes, nous avons raté l'occasion de passer à la 
VÉRITABLE ÉCOLOGIE

Casino boursier

Qui a dit que les particuliers avaient déserté la Bourse ? En Asie, la plupart des introductions déchaînent l'enthousiasme des foules. L'engouement des épargnants est tel que la demande excède parfois plus de 100 fois les montants levés ! Un phénomène dont Hong Kong et Shanghai n'ont plus le monopole depuis peu. Le succès remporté auprès du grand public par la toute récente mise en Bourse du géant minier indien Coal India en témoigne. On pourrait bien sûr considérer qu'il s'agit là d'un phénomène réservé à des économies en pleine expansion, dans lesquelles la souscription à des IPO s'apparente à une loterie dans laquelle on gagne à tous les coups. Et l'on aurait tort. Car, en Europe aussi, l'appétit des particuliers reste grand. Deux des plus grosses introductions de l'année leur doivent même de n'être pas passées à la trappe. Sur l'une d'entre elles, celle de l'italien Enel Green Power, ils ont au final hérité de 78 % des titres mis sur le marché.

Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, les soubresauts des marchés durant la « décennie perdue », celle des années 2000, au cours de laquelle deux bulles ont explosé, n'auront donc pas suffi à détourner les petits porteurs de la Bourse. Le mythe du « coup boursier » fait toujours recette. Une telle constance a de quoi surprendre. D'autant que, dans le même temps, les investisseurs institutionnels, eux, ont déserté les parquets. Que ce soit la conséquence des évolutions réglementaires en cours ou d'une prudence accrue à l'égard d'un actif jugé trop volatil, le résultat est là, les « zinzins » sont de plus en plus réticents à miser sur le placement action.

Du coup, on aboutit à une situation paradoxale dans laquelle l'animation du marché boursier repose désormais pour l'essentiel sur un attelage des plus dépareillés, mais qui partage un même goût du risque. Avec, d'un côté, des épargnants en quête d'une bonne affaire et, de l'autre, des professionnels de l'arbitrage déroulant des stratégies à court terme de plus en plus sophistiquées - au moins technologiquement. Pas sûr que les premiers doivent s'en réjouir. En cas de nouvelle secousse, ils pourraient bien se retrouver « coller » avec leurs titres, une fois de plus. Pas sûr non plus que les entreprises cotées aient beaucoup à y gagner.

L'Argentine, du péronisme au kirchnérisme

Chaque fois qu'elle parle de Nestor Kirchner, président de centre-gauche de l'Argentine de 2003 à 2007 décédé mercredi 27 octobre, son épouse, Cristina Kirchner, actuelle chef de l'Etat, revendique son héritage et s'inscrit dans sa continuité. Lundi soir, en larmes à la télévision argentine, elle a juré « d'honorer sa mémoire ». Mardi, à l'occasion du lancement d'une nouvelle Renault, visiblement émue, elle a défendu le modèle économique mis en place par son compagnon. Lors de l'inauguration d'une usine pharmaceutique, mercredi, elle a salué « celui qui a cru que ce modèle de pays allait apporter le bonheur à tous les Argentins ». En quelques jours, la présidente a ainsi douché les espoirs de ceux qui pensaient que, après la disparition de son principal conseiller, avec qui elle gouvernait l'Argentine en tandem depuis sept ans, quelque chose allait changer dans le pays, en tout cas sur le plan économique. Tirant notamment des conclusions de l'absence à la veillée funèbre de certains hommes politiques, des analystes spéculaient sur un assouplissement du style présidentiel. Au lendemain du décès de l'ancien dirigeant, la Bourse de Buenos Aires et les bons du Trésor argentins avaient même fini en hausse.

Las, sur ordre de Cristina Kirchner, les ministres ont eux aussi multiplié les déclarations prouvant qu'il n'y aura guère d'infléchissement de la stratégie gouvernementale. Le ministre de l'Economie, Amado Boudou, a écarté la possibilité d'un ralentissement volontaire de la croissance, jugeant que « l'inflation n'est pas un problème pour la majeure partie des Argentins ». Selon lui, elle ne toucherait que les classes moyennes et hautes. Officiellement, la hausse des prix est de l'ordre de 10 %. Mais des études privées avancent un chiffre deux ou trois fois plus important.

Le même ministre a réitéré le refus de l'Argentine de laisser le Fonds monétaire international auditer ses comptes. Jugé responsable de la débâcle économique de 2001, le FMI a été bouté hors du pays par Nestor Kirchner, qui a remboursé toutes les dettes de l'Argentine envers l'organisme de Washington, fin 2005. Buenos Aires n'est donc pas près de renégocier sa dette avec le Club de Paris (7,5 milliards de dollars en défaut depuis 2001), ni de faire son grand retour sur les marchés financiers internationaux, alors même que le pays est parvenu à un accord de restructuration de sa dette avec plus de 90 % de ses créanciers privés. Il faut espérer que cela ne privera pas l'Argentine d'investissements importants, plus essentiels en tout cas que le TGV Buenos Aires-Rosario-Cordoba. Un projet remporté par Alstom en 2008, mais qui n'a jamais vu le jour faute de financements internationaux.

Une autre conjecture à laquelle se livraient les analystes depuis la mort de Nestor Kirchner a été balayée d'un revers de la main par les fidèles de la présidente : elle concerne le controversé secrétaire général de la CGT, Hugo Moyano, qui contrôle notamment le syndicat des camionneurs, et qui est, à l'heure actuelle, l'un des hommes les plus influents en Argentine. La centrale ouvrière est « la colonne vertébrale » de l'administration de Cristina Kirchner, a tranché Aníbal Fernández, le chef du cabinet de la présidente.

Le message est donc clair : Cristina Kirchner ne va pas changer de cap ni de manière de faire, persuadée que c'est précisément ce qu'attendent d'elle les milliers d'Argentins venus lui présenter leurs condoléances lors de la veillée funèbre de Nestor Kirchner. « Cette mort a ressuscité le kirchnérisme », commente-t-on dans son entourage. La politique dessinée par son défunt mari, que beaucoup considéraient d'ailleurs comme son véritable ministre de l'Economie, a porté ses fruits puisqu'elle a permis à l'Argentine de sortir de la crise remarquablement vite et de croître d'environ 9 % entre 2003 et 2007. L'essor de l'agriculture, du tourisme, du secteur automobile et de la construction, notamment, ont contribué à faire reculer la pauvreté et le chômage. La stratégie des Kirchner repose sur une forte demande intérieure, un excédent budgétaire non négligeable, d'importantes réserves et un taux de change peso-dollar relativement stable, grâce au concours quasi quotidien de la banque centrale.

Mais le modèle kirchnériste, qui est aussi interventionniste, autoritaire et frontal, effraie les investisseurs. L'insécurité juridique et les manières de certains fonctionnaires, comme le secrétaire d'Etat au Commerce, Guillermo Moreno, qui n'hésite pas à prendre son téléphone pour tancer les chefs d'entreprise, ne contribuent pas à améliorer l'image du pays. Selon un rapport de la Cepal, avec 3,9 milliards de dollars reçus en 2009, l'Argentine, pourtant la troisième économie de la région, est descendue au sixième rang des pays d'Amérique latine pour l'investissement étranger direct. Par ailleurs, cette manière de gouverner commence à lasser certaines couches de la population fatiguées des conflits à répétition.

Cependant, avec la mort de son mari, Cristina Kirchner va bénéficier provisoirement d'un regain de sympathie. De plus, on voit mal l'opposition, qui dispose de la majorité au Parlement depuis les législatives de juin 2009, mais qui n'a jamais réussi à en tirer véritablement profit, s'unir enfin. Sauf surprise, la présidente devrait réussir à faire voter le budget 2011. Ensuite, fin novembre, les parlementaires seront en vacances d'été. La fin de l'année s'annonce donc relativement tranquille pour Cristina Kirchner. La véritable bataille devrait débuter à la rentrée, en mars. Le parti de la chef de l'Etat, le Parti péroniste, devra alors se choisir un candidat pour la présidentielle d'octobre. En l'absence de Nestor Kirchner, le seul qui parvenait à faire taire toutes les divisions, la guerre des chefs pourrait avoir lieu et rien ne dit que sa veuve l'emportera. Les choses pourraient alors commencer à changer.

LES LIMITES DE LA DESINVOLTURE

En récidivant par le rachat de 600 milliards supplémentaires de bons du Trésor et en faisant une fois de plus marcher la planche à billets, la Fed confirme qu'elle compte avant tout répondre aux problèmes économiques par des procédés monétaires. Clin d'oeil de l'étymologie : si les moyens de paiement portent le nom de « monnaie », c'est en souvenir de Juno Moneta (Junon l'avertisseuse) dans le temple de laquelle étaient frappées les pièces romaines. On précise qu'elle avait mérité ce surnom parce qu'elle avait prévenu la ville d'un… tremblement de terre. En quoi l'expédient monétaire évoque plus que jamais la technique des « warnings ». Pour une société, c'est un avertissement de mauvais résultats ; pour un automobiliste, c'est un signal de détresse. Il n'est pas rare qu'on en abuse avec quelque désinvolture. La Bourse, apparemment, s'en régale. Mais, à la veille du G20, les partenaires des Etats-Unis, et notamment les émergents, méditent de la punir par de sévères mesures de rétorsion. L'éventail en est large. Cela va du contrôle des capitaux et de la suppression des avantages fiscaux aux achats d'obligations d'Etat (Corée du Sud) à diverses taxes sur les investissements étrangers (Brésil, Thaïlande, Indonésie) ou à un programme en cours d'étude en Turquie pour enrayer l'appréciation dangereuse de sa livre. Dans tous les cas, ces pays entendent combattre l'afflux incontrôlé de capitaux spéculatifs et la surévaluation de leurs monnaies (nuisibles à leurs exportations) engendrés par le comportement de l'Amérique. Il faut dire que, faute de savoir résoudre ses problèmes économiques, elle n'a d'autre choix que de les exporter. Au cours du G20 qui se profile, la désinvolture américaine sera sans doute mise en accusation, mais il sera plus opportun de lui faire comprendre qu'elle a atteint ses limites. Avec la compassion due à sa détresse, mais avec la fermeté que ses interlocuteurs, désormais plus puissants, peuvent se permettre avec elle.

Retraites, leçons d'une bataille

La réunion hésitante de jeudi dernier et la mobilisation en net retrait de samedi ont confirmé ce que chacun savait déjà : la bataille des retraites est terminée et elle se conclue sur la victoire du gouvernement et de Nicolas Sarkozy. Sans reculer sur l'essentiel, ce dernier a fait passer une réforme dont l'ampleur -symbolique, financière, politique -est profonde. Et qui aura de surcroît une incidence concrète et rapide sur la vie des Français. Naturellement, personne ne sait si cette issue servira ou non le candidat Sarkozy en 2012. Mais quatre premiers enseignements peuvent d'ores et déjà être tirés de ces six mois de conflit.

Un : de même que les manifestations ont remplacé les grèves comme mesure de la mobilisation, le blocage des transports publics ne constitue plus le principal levier d'action pour paralyser ou ralentir le pays comme en 1995 ou même en 2003. Cette fois-ci, ils ont été remplacés par les raffineries. Le service minimum est passé par là.

Deux : dans les rangs syndicaux, il y a désormais le puissant tandem CGT-CFDT, qui estime avoir gagné la bataille de l'opinion malgré sa défaite, et les autres. Force ouvrière, notamment, se retrouve affaiblie. Reste à vérifier ce diagnostic lors des prochaines élections professionnelles.

Trois : la longue habitude de couper la poire en deux entre les chiffres de la police et ceux des syndicats pour avoir une idée du nombre de manifestants a au minimum du plomb dans l'aile. Aussi surprenant que cela puisse paraître, des expertises concordantes laissent penser que les premiers s'approchent le plus de la vérité ! Un ou trois millions de personnes, ce n'est pas la même chose…

Quatre : une empathie a priori de beaucoup de médias pour les mouvements sociaux conduit parfois à sur-interpréter les faits. Quelques lycées sont bloqués ? On y voit le malaise de toute une génération alors qu'une partie de ces jeunes de 16 ans, osons le dire, ont été tout simplement ravis de ces heures gagnées sur les cours.

Sur le fond -les retraites -, une question et une certitude restent. La question est simple : si les opposants n'avaient pas exclu d'emblée et par principe toute évolution de l'âge légal, Nicolas Sarkozy aurait-il été contraint d'être plus souple sur le calendrier ou le point le plus contesté, le travail jusqu'à 62 ans des salariés ayant commencé à 18 ? C'est probable. La certitude, enfin. Ces six mois ont une nouvelle fois confirmé la lourde interrogation sur le rapport au travail en France mais aussi, si on veut donner un sens au soutien apporté aux manifestants par l'opinion, sur le malaise profond des classes moyennes quant à leur avenir. C'était vrai avant la crise, cela l'est encore plus après.

REGIS MAILHOT 
 LE TALENT N'EST PAS HÉRÉDITAIRE
MALHEUREUSEMENT.