TOUT EST DIT

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mercredi 20 juillet 2011

Si l’Italie chute, l’euro et l’Europe aussi

La crainte d’une contagion de la crise liée à la dette italienne inquiète les responsables européens. L’avenir de l’Europe est en jeu.
La faiblesse politique de l’Italie combinée à celle de l’Europe risque de provoquer un cataclysme d’envergure historique. La nouvelle dépréciation qui s’est abattue hier sur nos emprunts d’Etat et sur notre Bourse ne reflète pas tant un avis négatif sur la réforme économique à peine adoptée qu’un pari sur l’association néfaste de ces deux crises. Si les marchés financiers déchaînent leur toute-puissance inquiétante sur l’Italie, c’est parce qu’il apparaît qu’un affaiblissement trop important de notre pays peut mener l’euro à sa perte. Certes, le programme d’austérité aurait pu être mieux pensé, moins fondé sur l’augmentation des taxes et on aurait pu ne pas le renvoyer aux gouvernements futurs. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit pour le moment. Si même le vote précipité du Parlement, le 15 juillet, n’a pas eu l’effet escompté, c’est parce qu’on se sert de l’Italie pour miser sur la crise générale de l’euro.

Ce chaos a été déclenché par l’impression que le gouvernement italien n’était pas en mesure de réagir efficacement aux événements et que l’instabilité politique pouvait durer même après son éventuelle chute. Dans un premier temps, la vente de titres italiens ne pouvait pas être qualifiée de spéculative : c’était une réaction normale d’investisseurs normaux à la perte de confiance envers l’Italie. Mais, à partir du moment où les taux d’intérêt sur nos emprunts ont commencé à grimper, la spéculation a pris le pas. La crise de l’euro y est pour quelque chose : en raison de la fragilité affichée de l’union monétaire, il est rare que les taux retrouvent leur niveau initial après une augmentation. Et si la différence de taux d’intérêt avec l’Allemagne devait se poursuivre pendant plusieurs années, la dette publique italienne ne parviendrait jamais à diminuer. De même, le fait que l’Italie puisse être touchée a modifié tous les scénarios de la crise de l’euro. La Grèce, l’Irlande et le Portugal ne représentent à eux trois que 6 % du produit intérieur brut de la zone euro, mais, avec l’Italie et l’Espagne, on atteint un tiers du PIB.

C’est bel et bien l’avenir de l’Europe qui se joue actuellement. L’Italie n’est pas encore sortie de l’impasse, elle a besoin de solutions solides et de calme. Pour cela, il faut du temps, que seule une solution à la crise européenne pourra lui apporter. La zone euro doit trouver des instruments qui lui permettent de garantir que la situation des pays faibles pourra être améliorée. Au-delà des solutions techniques – et notamment du renforcement du Fonds européen de stabilité financière, entravé depuis des mois par ­l’Allemagne alors qu’il est lui-même dirigé par un Allemand –, il est nécessaire de faire preuve de solidarité. Les interdépendances dans la zone euro ne sont plus à prouver. Si les citoyens européens se sentent affectés par la politique des autres pays, la volonté de couper tout lien deviendra inévitable. Ces dernières années, on a préféré confier l’avenir de l’Europe aux gouvernements plutôt qu’à des organisations communes (telles que la BCE, seule institution fédérale) : le résultat est désolant, mais seuls les gouvernements peuvent désormais y remédier. Espérons qu’ils le fassent, et vite.

Zone euro : vers un consensus à l'arraché

Une forme panachée de mise à contribution des banques au plan d'aide à la Grèce sera sur la table des chefs d'État européens jeudi.

À 48 heures du sommet européen exceptionnel qui sera consacré jeudi à «la stabilité financière dans la zone euro» et au «programme d'aide à la Grèce», la tension restait extrêmement forte mardi dans les chancelleries, les salles de marchés et les quartiers généraux des institutions financières. D'autant qu'Angela Merkel a encore une fois entretenu le doute mardi: «Il n'y aura pas de grande avancée spectaculaire d'un coup, pas demain, pas jeudi »,a-t-elle mis en garde. Une façon de dire que l'Europe ne s'engagera pas dans un grand saut fédéraliste demain, mais qu'elle se cantonnera au traitement du cas grec. Nicolas Sarkozy et la chancelière, qui s'est entretenue mardi matin avec Barack Obama, se rencontreront ce mercredi après-midi pour préparer cette réunion. Ils dîneront ensuite et le président français quittera Berlin, jeudi matin, pour se rendre à Bruxelles.
 Pour le seul sauvetage de la Grèce en tout cas, vu des investisseurs et des banquiers, le report d'une décision n'est pas envisageable, pas plus que la conclusion d'un accord a minima qui attiserait le feu sur les marchés. Le FMI a exhorté mardi la zone à produire «un plan d'action cohérent». Mais, du côté des politiques cependant, la recherche du consensus reste ardue. À preuve, selon nos informations, une discrète réunion des ministres des Finances de la zone euro a failli se tenir mardi avant d'être annulée.
Depuis dimanche, les termes de la discussion qui aura lieu jeudi sont fixés. Les négociations menées à un rythme inédit entre financiers privés et autorités publiques en Europe ont débouché sur un document intitulé «proposition pour une initiative de long terme». Ce texte formule une réponse technique à l'exigence politique de Berlin: faire participer le secteur privé à l'effort européen en faveur de la Grèce, dans le cadre du second plan de sauvetage qui doit lui allouer 90 milliards d'euros supplémentaires sur la période 2011-2014. Concrètement, il propose que tous les créanciers privés d'Athènes puissent choisir entre trois options: échanger leurs créances contre de nouvelles obligations à 5 ans, participer au «plan français» initial qui prévoit de nouveaux crédits à Athènes à 30 ans, ou vendre leurs créances sur la Grèce à 60% de leur valeur faciale lors d'une opération de rachat que financerait le Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Cette solution panachée signifie que l'Europe prendra le risque d'un «défaut sélectif» de la Grèce. En tablant sur le fait que son consensus politique permettra de fléchir la position de la BCE et convaincra les marchés que le défaut de la Grèce sera cantonné dans le temps.

Une taxe bancaire

Plusieurs capitales, dont Paris, mettent aussi sur la table une proposition de taxe bancaire, assise sur les revenus de chaque banque européenne (produit net bancaire). Une idée «étrange», ironisait mardi François Pérol, le patron du groupe BPCE et président de la Fédération bancaire française (FBF). La Fédération allemande des banques s'y est opposée elle aussi: si taxe il y a, elle devra «s'appliquer à tous les concitoyens», argumente-t-elle. De fait, il n'est pas impossible qu'outre-Rhin, une taxe bancaire dédiée au renflouement grec pose un problème constitutionnel.
Selon François Pérol, la solution des problèmes grec, irlandais et portugais est à la portée de l'Europe: les trois pays pèsent moins de 10% du PIB de l'Union, première économie mondiale! Ce qui manque, c'est la cohésion politique. Jeudi, les dirigeants de la zone euro devront «parler d'une seule voix, une seule fois, pour dire clairement quelle est leur stratégie», plaidait mardi le banquier français.
Un de ses confrères, en privé, ne décolère pas: «On est en train de saccager la monnaie européenne, alors que nous avions l'opportunité d'en faire une grande devise, face au dollar dont l'hégémonie commençait justement à être battue en brèche! Entre la baisse des actions européennes et la hausse des taux d'emprunts, cette crise a déjà eu un coût astronomique. Dans le meilleur des cas, celui où les États trouvent bien un accord jeudi, il nous faudra dix ans, vingt ans peut-être pour reconstruire la crédibilité de l'Europe».
Derrière la Grèce, c'est la situation des «grands» pays d'Europe du Sud qui inquiète: le bond enregistré par les taux italiens et espagnols - Madrid a emprunté mardi 3,8 milliards d'euros à un an au taux de 3,76%, un point de plus qu'il y a un mois - devient insupportable. Et la fermeture du marché obligataire pour leurs banques ne peut pas durer. Nul n'est à l'abri: l'écart de taux entre la France et l'Allemagne a atteint mardi son niveau le plus élevé depuis 1995.


Grèce: troisième jour de grève des taxis

La Grèce était privée de taxis mercredi, pour la troisième journée d'affilée, après la décision de leur syndicat de poursuivre leur mouvement "sine die" pour protester contre la "dérégulation" du métier.
"La grève se poursuit sine die car il n'y a aucune évolution" sur les discussions avec les autorités, a indiqué un communiqué de la Fédération des propriétaires de taxis du pays.
Publié mardi soir à l'issue d'une réunion du syndicat, ce communiqué précise que la décision de poursuivre la grève a été prise car "aucune rencontre n'a pu être effectuée jusqu'ici avec les responsables" du ministère des Transports.
Observée en pleine saison touristique, cette grève entamée lundi a provoqué d'énormes embouteillages, surtout à Athènes, en raison des rassemblements des milliers de taxis jaunes sur les autoroutes reliant la capitale aux villes du nord et du sud du pays.
L'union grecque des opérateurs de tourisme (Hatta) avait déploré lundi le fait "que le tourisme soit de nouveau victime des intérêts corporatistes".
Après une première grève observée le 5 juillet et des discussions infructueuses la semaine dernière avec le ministre des Transports, Yannis Ragoussis, la Fédération s'est dit déterminée à poursuivre son mouvement.
Le porte-parole du gouvernement Ilias Mossialos a qualifié d'"irresponsable" la position du syndicat tandis que le secrétaire d'Etat au tourisme Georges Nikitiades a appelé les grévistes à la retenue pour "ne pas porter un coup au tourisme", moteur de l'économie du pays en grave crise depuis plus d'un an.
Le syndicat proteste contre la décision du ministère publiée début juillet, indiquant qu'il allait "procéder à la dérégulation totale du secteur sans qu'il existe un cadre législatif adéquat en la matière".
La décision sur la dérégulation des taxis s'inscrit dans le cadre de l'ouverture à la concurrence de plusieurs métiers protégés en Grèce, comme les camionneurs, les avocats ou les ingénieurs, entamée en 2010 sous pression de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), créanciers du pays, tentant de relancer l'économie.

Sans plan d’aide à la Grèce, la France risque la contagion

A la veille des négociations sur un plan d’aide à la Grèce, une ex-ministre hellène prévient les chefs d’états de la zone euro sur les risques de leurs hésitations. 

Les ministres européens des finances ne sont pas parvenus à s’entendre sur un plan de sauvetage nécessaire à votre pays. Croyez-vous encore à la zone euro?

La zone euro a besoin d’avancer et pour cela il lui faut des leaders. Il est très important que des décisions soient prises ce mois-ci, sinon, les effets de contagion pourront se répercuter sur d’autres pays. La Belgique, la France ou l’Allemagne peuvent être menacées, car elles détiennent des bonds du trésor des membres périphériques. Les modalités techniques peuvent être résolues, il ne reste qu’à régler les aspects politiques. Ces mesures devront permettre de gérer la dette des membres en difficulté. Tout retard s’avérera extrêmement coûteux.
L’annulation d’une part appréciable de la dette grecque vous paraît-elle un choix pertinent?
Non, la solution ne passe pas par l’annulation mais par une gestion efficace de la dette publique. L’issue dépend de taux d’intérêt négociés pour maintenir des possibilités de paiement et de croissance. Pour cela, un danger majeur doit être écarté: le manque de liquidités.
Pensez-vous que la Grèce puisse être expulsée de la zone euro?
Non, c’est impossible.
Son retrait ne serait-il pourtant pas une manière de sauver le pays?
Non, pas du tout. Au contraire, cela aurait des effets opposés, il faudrait s’attendre, entre autres, à une dépréciation énorme de la monnaie et au blocage de l’économie grecque.
Craignez-vous que les mesures d’austérité imposées aux Grecs provoquent un développement massif de la pauvreté et de l’insécurité dans votre pays?
L’insécurité est déjà présente. C’est pourquoi, il faut mettre l’accent sur une distribution plus équitable des ressources du pays, mais aussi avoir une attention particulière pour les jeunes et les chômeurs.
Justement, avec près de 40% de chômeurs chez les 15-24 ans, que va faire la Grèce pour ses jeunes?
Pour créer des emplois, nous mettons en place des programmes spéciaux financés avec l’aide des fonds sociaux européens et internationaux. Nous nous focalisons sur la formation et encourageons les entreprises à embaucher des jeunes. Pour cela, nous avons proposé au Parlement une mesure qui rendrait possible une première embauche en entreprise pour deux ans avec un salaire réduit, dans le but de stimuler l’insertion sur le marché du travail.
Le thème des privatisations est un point de discorde important avec les citoyens…
Les privatisations ne doivent pas inquiéter si elles sont effectuées prudemment. Je redoute beaucoup plus une aggravation du chômage. La croissance et le retour à la stabilité du pays sont possibles, pour cela des capacités d’investissement doivent être assurées.
Les Grecs vont-ils sanctionner le gouvernement actuel aux prochaines élections?
Le gouvernement de Papandréou a été élu dans le but de changer et restructurer le pays, le pousser à la compétitivité. Je pense que les politiques ne devraient donc pas être pénalisés mais c’est compréhensible que les électeurs, confrontés à des problèmes économiques majeurs, puissent se désolidariser.
Afin de se protéger du fisc, des Grecs auraient placé 280 milliards d’euros (344 milliards de francs) ces dernières années en Suisse. En voulez-vous à ce pays?
Nous sommes favorables à un accord bilatéral avec la Suisse afin d’y mettre un terme. Il s’agirait de nous entendre sur les mécanismes à mettre en place pour identifier les fraudeurs. Le but étant de les contraindre à participer aux plans d’ajustement en cours actuellement.
Comment encourager le tourisme en Grèce afin de relancer l’économie?
La chute des prix proposée par les voyagistes devrait aider. Plus concrètement, le pays mise sur l’ouverture de nouvelles destinations. Par exemple, la mise en place de vols directs entre Athènes et Pékin ou Shanghai. Et nous continuons en outre de développer notre offre de croisières.
Quelles activités touristiques seront développées?
Le tourisme culturel d’une part. Des investisseurs privés travaillent pour la réalisation de parcs thématiques, jusque-là inexistants. Nous parions aussi sur le tourisme médical, notamment la construction de centres pour personnes âgées.
 Photo : Loukia Katseli, ministre grècque du travail et de la sécurité sociale

Le commentaire politique de Christophe Barbier




L'Allemagne doute des résultats du sommet de la zone euro

Pour la chancelière allemande, il s'agira d'un "processus en plusieurs étapes".

  L'Allemagne a douché les espoirs d'une grande réforme de la zone euro lors du sommet de jeudi, alors que le FMI s'impatiente face aux tergiversations de l'Europe pour accoucher d'un second plan d'aide à la Grèce et éviter une contagion de la crise de la dette. Habituée à souffler le chaud et le froid, la chancelière Angela Merkel a prévenu mardi qu'il n'y aurait pas de "grande avancée spectaculaire d'un coup" au sommet des dirigeants des pays de l'Union monétaire à Bruxelles. Si la finalisation d'un nouveau plan d'aide grec semble bien sur les rails, la réunion de jeudi ne devrait donc pas être l'occasion d'un "grand soir" vers plus de fédéralisme dans la zone euro, comme le souhaitent certains pays telle la Belgique.
Faisant preuve de la même prudence, le ministre français des Affaires européennes Jean Leonetti a prévenu lundi soir que le sommet ne déboucherait peut-être pas sur une solution "totalement définitive qui règle définitivement les problèmes des dettes souveraines des pays de l'euro". Face à cette approche au compte-gouttes, le Fonds monétaire international (FMI) a donné de la voix mardi. Il a ouvertement reproché à la zone euro de ne pas avoir de "plan d'action cohérent" face à la crise de la dette publique, qui pourrait connaître une "issue tout à fait imprévisible".
"Clarté"
Les États membres du conseil d'administration du FMI, dirigé depuis début juillet par la Française Christine Lagarde, ont par ailleurs appelé les Européens à une plus grande "clarté" sur les demandes faites aux créanciers privés de la Grèce. L'Allemagne veut à tout prix les impliquer dans le sauvetage de la Grèce, pour des raisons politiques, mais la Banque centrale européenne redoute un engrenage dangereux pour le secteur bancaire. Les discussions tous azimuts se sont poursuivies mardi avec une réunion de hauts responsables de la zone euro à Bruxelles, dont le secrétaire général de la présidence française Xavier Musca, homme-clé des négociations à Paris sur la crise de la dette.
La question d'un défaut de paiement ou non de la Grèce reste au centre des débats. La France a rappelé lundi, par la voix de son ministre des Finances François Baroin, qu'elle ne voulait pas entendre parler d'"événement de crédit" d'Athènes. Or, la plupart des options envisagées mettant à contribution les créanciers privés de la Grèce entraîneraient de facto un tel "événement de crédit" ou un défaut partiel de la Grèce. Le rachat de la dette grecque, une option qui monte en puissance, pourrait ne pas déboucher sur un défaut si la Grèce elle-même réalisait l'opération grâce à des prêts européens. Avantage : le coût de la dette grecque sur les marchés est très bas actuellement et cela permettrait de réduire le volume global de l'endettement du pays. Mais si le fonds européen de secours (FESF) rachetait lui-même les obligations grecques, il y aurait un risque de défaut partiel.
Mécontentement
Autre option envisagée par la France en particulier : la création d'une taxe bancaire spéciale dans la zone euro. Cette solution "aurait l'avantage de ne pas faire intervenir directement les banques et donc de ne pas potentiellement créer de défaut" de paiement de la Grèce, a expliqué Leonetti. Les banques françaises et allemandes ont exprimé leur mécontentement. "Si les responsables politiques réfléchissent à un impôt exceptionnel, alors il devrait s'appliquer à tous les citoyens de la zone euro", a estimé mardi le président de la fédération allemande des banques privées, Michael Kemmer.
Pendant ce temps, la Banque centrale européenne envoie des signaux contradictoires. Son président, Jean-Claude Trichet, a refusé mardi de nouveau tout défaut de paiement de la Grèce. Mais un autre responsable de l'institut, l'Autrichien Ewald Nowotny, a jugé : "Certaines propositions qui causeraient un défaut partiel de très courte durée pourraient ne pas avoir des conséquences désastreuses."

Une étude scientifique démontre que les mâles dominants babouins, pourtant privilégiés par leur statut, sont bien plus stressés que les autres. Le pouvoir ne fait pas le bonheur ? 
 Pourtant plus à même de trouver de la nourriture et d'avoir des rapports sexuels, le chef de clan babouin n'est pas plus heureux que ses sujets. Au contraire. Une recherche menée pendant neuf ans par une équipe internationale et publiée dans la revue Science démontre que les mâles alpha ou mâles dominants présentent les taux de stress les plus élevés. Le stress accompagnant la préservation du statut social dans le groupe par les batailles physiques et comportementales, prévaut donc sur le bien-être provoqué par les privilèges obtenus.

Si cette étude concerne des primates, elle n'en serait pas moins significative pour les êtres humains car comme le rappelle Laurence Gesquiere, du Département d’Ecologie et de biologie évolutive de l'université de Princeton "les babouins sont non seulement génétiquement proches des humains, mais comme les humains, ils vivent dans des sociétés très complexes". Il ne faut d'ailleurs pas chercher bien loin pour trouver des ressemblances avec quelques "mâles dominants" célèbres.

Herman Van Rompuy, pressions et tensions
Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy ne devait pas se douter que sa fonction serait aussi stressante. Après tout, président du Conseil européen, en voilà un titre des plus symboliques dans une Union où les Etats les plus importants font la loi. Mais les alliances d'antan non plus lieu d'être, France, Allemagne et Royaume-Uni ne sont plus toujours sur la même longueur d'ondes et il faut bien quelqu'un pour calmer les ardeurs de ces messieurs et mesdames les diplomates. D'un naturel discret, l'homme à la tête de l'U.E a été jeté en place publique pour expliquer les décisions (ou l'absence de décisions) des pays de l'Union suite aux crises grecques, espagnoles ou encore portugaises. Alors que la crise de la dette hellène est encore loin d'être résolue, Herman Van Rompuy a trouvé son arme anti-stress : l'écriture d'haïkus.  Voici comment le président de l'UE a su transcender sa calvitie : "Cheveux dans le vent, le vent rattrape les années, partis les cheveux…"
François Hollande, campagne et compétition
Autre homme, autre fonction et même stress : François Hollande, ancien premier secrétaire du Parti socialiste et candidat favori aux primaires du PS. Le député de Corrèze entame la course aux élections de 2012 avec une bonne avance sur Martine Aubry et encore davantage sur Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet. La maire de Lille, bien que victime de rumeurs, n'est pourtant pas si loin dans les sondages et grappille même du terrain. L'heure est donc au duel entre les deux éléphants. Première guerre de tranchée : la dette, encore elle. Si tous les deux souhaitent plus de rigueur économique sur toute la zone euro, à commencer par l'Hexagone, les deux candidats ont passé leur week-end à renchérir par médias interposés sur leurs propositions respectives. Ainsi quand François Hollande souhaite que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel s'élèvent "à la hauteur de l'enjeu", Martine Aubry invite la zone euro à "sauver la Grèce". Enervant, non ?

Mais François Hollande aura-t-il la tête à la bataille ? Impliqué indirectement dans l'affaire qui oppose Tristane Banon à Dominique Strauss-Kahn, il devrait être entendu par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, vraisemblablement en septembre prochain. La présumée victime d'une tentative de viol et sa mère accusent François Hollande d'avoir été au courant de la tragédie mais de n'avoir voulu taire l'affaire.
Espérons que tous ces tracas ne ruineront pas le régime qui lui a récemment fait perdre plus de 20 kilos.

Nicolas Sarkozy, présidence et naissance
Si le mâle alpha est stressé, Nicolas Sarkozy, président de tous les Français, doit donc être, par pure logique aristotélicienne, le plus stressé des Français. Entre un bébé en route avec Carla, une croissance française encore timide, des guéguerres au sein du parti majoritaire, et une crise européenne sans précédent, le chef de l'Etat ne manque pas en effet de facteurs de stress. Il faut ajouter à cela une campagne présidentielle à préparer alors que les sondages d'opinion vous placent au ras des pâquerettes, et le malaise vagal est à portée du chef de l'Etat. L'été permettra-t-il au président de se reposer ? Avec une épouse enceinte alitée, pas sûr que Nicolas Sarkozy retrouve paix et harmonie dans les prochaines semaines. Seule solution en plein tour de France : une bonne promenade en vélo. Etre sain de corps ET d'esprit est loin d'être aisé lorsque l'on acquiert un poste à responsabilités, autant alors commencer par l'entraînement physique.
 En savoir plus : Article de Sciences et Avenir, La vie stressante des mâles alpha

Quel rôle la France peut-elle jouer dans la crise de l’euro?

Dans la crise de la dette de l’euro, les critiques ne cessent de pointer du doigt le manque apparent de leadership politique. Ces critiques visent en premier lieu le moteur d’intégration européen franco-allemand. Mais ce moteur est en panne. L’une des raisons, c’est que la France est incapable de jouer son rôle de garant de la stabilité. Le pays a ses propres problèmes; sa situation économique actuelle est pire qu’avant la prise de fonction de Nicolas Sarkozy en 2007. Il se dit même q’un plan d’aide pourrait être accordé prochainement aux banques françaises, qui sont très engagées dans les pays en crise comme la Grèce, le Portugal et l’Italie. C’est pourquoi la marge de manoeuvre de la France dans cette crise semble limitée.

La France dans la crise de la dette : une position qui présente des faiblesses
La France va-t-elle être la prochaine cible des marchés obligataires, les marchés oú les Etats et les entreprises viennent se financer ou se refinancer ? La question mérite d‘être posée. En effet si l’Italie est en difficulté sur les marchés de la dette en raison de maigres perspectives de croissance et d’une dette cumulée colossale, la France n’est pas en reste.
Le gouvernement Fillon prévoit une croissance de 2,2% en 2011 mais l’OCDE, l’organisation pour la coopération et le développement économique table sur 2%. 1,8% même pour la prévision de l’exécutif européen. Enfin la dette de l’Etat français devrait encore augmenter en 2012.
Le gouvernement Fillon qui s’est engagé à réduire le déficit budgétaire de 7,1% fin 2010 à 5,7% dès la fin de l’année doit faire face à un déficit
structurel bien plus élevé que les Pays-Bas ou l’Allemagne et doit donc procéder à des réformes dont la majorité n’a pas été engagée selon certains analystes.
Le marché du travail est en premier lieu concerné. Le taux de chômage est toujours relativement élevé en France et ce taux agit directement sur la consommation qui elle-même agit sur la croissance économique; déterminante pour les recettes de l’Etat français via la fiscalité des sociétés.

L’inquiétude des investisseurs vient aussi de l’exposition importante des banques françaises à la dette grecque mais aussi à la dette espagnole, publique et privée. Ceci dit, l’exposition française au système bancaire des pays de la zone euro en difficultés financières n’atteint pas loin s’en faut celle des banques allemandes. Tout est relatif donc et un défaut de l’italie ou de l’Espagne causerait le naufrage de la zone euro. Si on ajoute le manque de crédibilité des stress tests qu’ont passés les banques européennes, la nouvelle réglementation bancaire et la participation probable des banques au sauvetage des pays en détresse : une période difficile semble s’annoncer pour les établissements financiers français.
Selon les chiffres de Bruxelles, en France l’action des pouvoirs publics pour sortir de la crise est restée limitée. Sur les anéées 2008-2009-2010, l’argent public supplémentaire injecté dans l‘économie représente un peu plus de 5 points du PIB : c’est logiquement beaucoup moins que ce qui a été dépensé dans les pays les plus affectés comme l’Irlande et l’Espagne : 12 points de PIB ou encore le Royaume Uni : 9 points. Mais c’est aussi moins que la moyenne de la zone euro qui affiche 6 points de PIB.
“L’Europe ne survivra pas sans un budget fédéral plus consistant”, Jacques Attali, président de PlaNet Finance

Laura Davidescu, Euronews : Les Fédéralistes, comme vous, disent que l’euro ne peut pas survivre sans une intégration économique et politique accrue de l’Union. Le président Sarkozy l’entend-il, selon vous, de cette oreille?

Jacques Attali, président de PlaNet Finance : Si nous ne faisons pas un pas de plus vers le fédéralisme, l’Euro disparaîtra. La question n’est pas d‘être ou de ne pas être Fédéraliste, c’est un fait. L’Europe ne survivra pas sans un budget fédéral un peu plus consistant.

Euronews : Cette position est-elle entendue aujourd’hui par le gouvernement français?

Jacques Attali : La France a toujours été à l’avant-garde de la construction européenne. Aujourd’hui, vous entendez en France des points de vue extrêmement contraires. L’opposition socialiste est favorable à l’émission d’eurobonds et d’un pas beaucoup plus fort vers l’Union Européenne. Dans la majorité, vous avez des gens qui sont hostiles à la poursuite même de l’Euro. Et puis, vous avez une sorte d’alliance réaliste entre une partie du gouvernement et le système bancaire français qui sont extrêmement liés les uns aux autres. Ils échangent des informations, des idées, des projets. Ils mettent ouvertement sur la table des projets qu’ils ont réalisés en commun ce qui est quand même une première dans l’histoire de la diplomatie internationale. Et l’on voit que ces propositions visent à la fois à résoudre la quadrature du cercle, c’est à dire à la fois à protéger les banques, tout en permettant à la Grèce de survivre. Mais ces propositions vont manquer à un moment de vision à long terme.

Euronews : Justement, à quel niveau faut-il trouver cette vision à long terme? Il fut un temps où la France était le pilote politique de l’Europe et l’Allemagne son moteur économique. Aujourd’hui, le tandem franco-allemand est très déséquilibré en faveur de l’Allemagne?

Jacques Attali : La France reste de loin la première puissance militaire d’Europe et la première puissance économique dans un grand nombre de secteurs. L’Allemagne a énormément de chômage et beaucoup de difficultés. La France demeure aussi la première puissance démographique…

Euronews : Mais vous contredisez l’opinion dominante qui dit que l’Allemagne est la puissance économique dominante en Europe?

Jacques Attali : Je vous répète que l’Allemagne est l’homme malade de l’Europe de demain car la faiblesse d’une nation se mesure essentiellement à sa démographie et à sa capacité à penser une stratégie longue. Or, l’Allemagne n’a pas de stratégie longue. Les Français regardent cela avec une certaine prudence. Ils ne veulent pas, et c’est fondamental du point de vue Français, antagoniser les Allemands. Il s’agit à la fois d’avancer vers plus de fédéralisme européen, sans mettre les Allemands en situation d’opposition. Il faut plutôt essayer de faire comprendre à nos amis Allemands, que c’est dans leur intérêt d’aller vers plus de fédéralisme européen.
Si la crise explosait, si la Grèce, par malheur, devait sortir de l’euro; si l’Espagne ou l’Italie avaient à faire de même, l’euro monterait très haut. Il est déjà beaucoup trop fort. L’Allemagne, qui a fondé son modèle de développement entièrement sur les exportations et pas du tout sur le marché intérieur, serait en situation tragique.

Papandréou contre sa gauche

Dans le cadre des mesures d’austérité votées en juin, le Premier ministre grec prévoit de vendre des entreprises publiques comme la compagnie nationale d’électricité. Mais, révélateur des liens inextricables qui unissent les diverses forces du pays, il se heurte à l’hostilité d’un syndicat que son propre parti a contribué à créer. 

Assis dans son bureau sous des portraits de Marx, Lénine et Che Guevara, Nikos Fotopoulos, un barbu trapu de 49 ans à la poigne de fer, et dirigeant du syndicat le plus puissant de Grèce, prend un tract sur une pile fraichement imprimée. "Prêts pour de nouveaux combats", dit le texte.
"Et c’est vrai, ajoute Fotopoulos, sirotant une boisson énergisante qu’il fait passer avec un café. Nous allons continuer à manifester dans les rues parce que nous n’en avons pas fini avec le gouvernement et la troïka." C’est en ces termes qu'il fait référence aux trois bailleurs de fonds étrangers de la Grèce : le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne.
Le mois dernier, alors que la contestation basculait dans la violence, le Premier ministre Georges Papandréou est parvenu de justesse à faire passer au Parlement un nouveau train de mesures d'austérité, qui prévoient entre autres la vente d’actifs publics pour un montant de 50 milliards d’euros, une décision cruciale pour la refonte du secteur public pléthorique de la Grèce, assurent les économistes et la troïka.
Mais la capacité de Papandréou à mettre son plan à exécution dépend essentiellement de gens comme Fotopoulos. Son syndicat, Genop, représente les salariés de l'Entreprise publique d'électricité (DEI), détenue à la fois par le gouvernement et par des investisseurs privés. Le syndicat s’oppose fermement à la privatisation des services publics et est connu pour ses méthodes agressives. Les débrayages à la DEI ont entraîné des pannes d’électricité à répétition et auraient coûté entre 30 et 40 millions à la Grèce ces dernières semaines, d'après la société.

Le Genop a été créé par le parti socialiste au pouvoir

Genop est l’incarnation d’un problème particulièrement épineux pour Papandréou. Le syndicat a en effet été créé par le parti socialiste au pouvoir, lequel a contribué au fil des années à mettre en place ce système d’emplois contre des voix, favorable à la main d’œuvre, que le Premier ministre est aujourd’hui contraint de démanteler. Pour lancer les réformes, Papandréou va devoir frapper au cœur même de son propre parti. Or, reste à savoir s’il a les moyens, pour ne rien dire de la volonté de le faire.
Le bras de fer avec les salariés de la compagnie de l’électricité et leur syndicat a un côté encore plus personnel pour lui. En 2007, Fotopoulos a soutenu Papandréou lors de son accession aux commandes du parti socialiste. Derrière son bureau, Fotopoulos montre des clichés où l’on voit Papandréou visitant les locaux de la DEI avec des syndicalistes. A côté se trouve une photo de Georges Papaconstantinou, actuel ministre grec de l’Energie et de l’Environnement, chargé, entre autres, de vendre un peu plus de la part du gouvernement dans l’entreprise.
Le gouvernement détient 51 % de la DEI et contrôle son conseil d’administration. L’Etat a vendu les 49 % restants lors d’une privatisation partielle en 2000. Fotopoulos explique que le syndicat avait soutenu la désignation de Papandréou à la tête du parti socialiste en 2007 parce qu’il avait l’air "plus abordable, plus chaleureux, plus proche et plus soucieux de nos problèmes." "Nous le respectons toujours, en tant qu’homme politique et en tant que personne, poursuit-il, mais nous pensons que cette politique est barbare et qu’elle est contraire aux intérêts du peuple grec."
Pour bon nombre d’analystes, la proximité du parti socialiste avec le syndicat est un signe annonciateur des difficultés auxquelles le gouvernement devrait se préparer avec la privatisation de l’entreprise prévue en 2012.
Contrairement à d’autres entreprises publiques grecques, l’opérateur d’électricité est rentable et a rapporté 557 millions d’euros à l’Etat sur ses 5,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2010. Les analystes redoutent toutefois une baisse de la profitabilité en raison d’incertitudes réglementaires et surtout du poids des syndicats.
Nombreux sont ceux pour qui la question n’est pas seulement de se séparer d’une entreprise d’Etat, mais surtout de transformer le secteur public grec. "Il ne s’agit pas de gagner de l’argent mais de changer de culture", explique Panagis Vourloumis, ancien responsable d’OTE qui détenait un monopole sur les télécommunications grecques sous le précédent gouvernement de centre droite.

Une "caste" protégée et surpayée

Les privatisations sont particulièrement mal perçues par une opinion publique qui craint une liquidation des biens de l’Etat et applaudit les initiatives de Genop et d’autres syndicats. Mais alors que l'écart se creuse entre employés du secteur privé et du secteur public, de plus en plus de Grecs considèrent les salariés de l’opérateur d’électricité comme une caste particulièrement protégée et surpayée. D’après Fotopoulos, les 21 000 membres du Genop gagnent en moyenne 1 396 euros par mois et ses 35 000 membres retraités touchent une pension de 1 497 euros, soit bien plus que la moyenne nationale.
"Les syndicats sont pires que les politiques, déplore Theodoros Yiannopoulos, vendeur ambulant dans le centre d’Athènes. Ils vont dans des hôtels cinq étoiles en Europe et ils envoient la facture ici."
Il fait allusion à un rapport communiqué il y a peu par l’inspecteur de l’administration publique grecque, qui conclut que depuis les années 80, la PPC a versé à Genop plus de 22 millions d’euros, essentiellement pour du "tourisme social" ou des vacances subventionnées — mais aussi pour financer des manifestations contre la société elle-même, une évolution surréaliste qui symbolise parfaitement les intérêts croisés indémêlables dont Papandréou peine tant à se dépêtrer.
Pour Fotopoulos, ce rapport s’inscrit dans une "campagne de calomnie". Il affirme que les subventions faisaient partie des accords négociés entre l’entreprise et le syndicat. D’autres estiment que l’affrontement est autant politique qu’économique. "Pour les politiciens, le plus grand défi est de croire qu’il y a quand même un avenir sans les syndicats", déclare Takis Athanasopoulos, qui a vécu de rudes affrontements avec Genop quand il occupait les fonctions de président de la DEI sous le gouvernement précédent.
Alors qu’il répond à nos questions au téléphone, brutalement, la ligne est coupée — suite à un débrayage orchestré par Genop.

Quel scénario pour aider la Grèce ? (1/3) La création d'euro-obligations

Les dirigeants des 17 pays membres de la zone euro se réunissent, jeudi 21 juillet, pour tenter de mettre au point un deuxième plan de sauvetage de la Grèce. Alors que la crise de la dette grecque affole l'Union européenne (UE), plusieurs pistes ont été avancées pour l'enrayer, sans qu'aucune ne fasse l'unanimité. Avant le sommet de jeudi, Le Monde.fr les passe au crible. Première solution étudiée : la proposition des socialistes européens, présentée samedi 16 juillet, de créer des euro-obligations.


Emettre des euro-obligations, l'idée n'est pas nouvelle, mais a été remise sur la table par les socialistes européens. Il s'agirait de créer des bons européens qui seraient garantis par l'ensemble des Etats membres de la zone euro, au contraire des obligations grecques qui ne sont garanties que par Athènes.
  • Une idée proche du fédéralisme budgétaire
"Le premier avantage des euro-obligations est de permettre à la Grèce d'emprunter à des taux plus avantageux, explique Céline Antonin, économiste spécialiste de la zone euro à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Actuellement, elle n'emprunte plus à long terme car les taux sont devenus prohibitifs. Or, avec des euro-obligations, elle pourrait à nouveau le faire."
Cette solution aurait donc l'avantage de soulager le gouvernement grec, qui serait soutenu par toute la zone euro, tout en évitant un défaut de paiement, rédhibitoire aux yeux de la Banque centrale européenne (BCE). Les agences de notation ont en effet prévenu que les autres solutions envisagées jusqu'ici pour aider la Grèce, notamment celle qui consiste à impliquer le secteur privé, seraient assimilées à un rééchelonnement de la dette. Et donc à un défaut de paiement partiel, susceptible de provoquer une nouvelle dégradation de la note grecque.
"Les euro-obligations permettraient aux Etats membres de fournir des garanties collectives aux créanciers, confirme Iain Begg, professeur spécialiste de la zone euro à la London School of Economics (LSE). Les Etats de la zone euro bénéficieraient en fait de la crédibilité allemande et les euro-obligations rendraient beaucoup plus compliquée la mise en danger d'un pays par les marchés." De plus, "la création d'euro-obligations faciliterait les investissements de la Chine ou des Etats du Golfe au sein de l'Union européenne".
"C'est l'idée qui s'approche le plus du fédéralisme, abonde Céline Antonin. À partir du moment où il y a des obligations communes, ça veut dire qu'il y a une dette commune. C'est une mutualisation de la dette."
  • Une solution défavorable à l'Allemagne
La création d'obligations européennes est soutenue par le premier ministre grec, Georges Papandréou. Elle est en revanche farouchement combattue par l'Allemagne. "L'inconvénient, c'est que les pays qui se financent à des taux plus faibles ne sont pas forcément partants pour se retrouver avec des taux plus élevés", note Mme Antonin.
Les Allemands peuvent actuellement emprunter à 2,65 % lorsqu'ils émettent des obligations à 10 ans. Les obligations grecques, quant à elles, s'échangent, pour une durée similaire, à un taux supérieur à 15 %. Le taux des euro-obligations devrait tenir compte de ces disparités et serait "une sorte de moyenne des différents taux au sein de la zone euro", explique Céline Antonin. Ce système "bénéficierait aux pays qui ont du mal à emprunter sur les marchés", mais "léserait les pays qui se financent très facilement".
L'économiste ajoute qu'une mutualisation "pourrait avoir comme inconvénient d'encourager un certain laxisme budgétaire". "Car si vous savez qu'il y a une supra-instance européenne qui émet des obligations, cela peut conduire à se montrer moins strict sur ses propres comptes publics", prévient-elle.
  • Une "construction politique qui prend du temps"
Autre obstacle souligné par Radu Vranceanu, directeur de recherches spécialiste de l'Union européenne à l'ESSEC : le temps qu'il faudrait pour mettre en place un tel système. "Il faudra d'abord créer l'entité capable d'émettre ces euro-obligations avec des règles de gestion qui sont claires et respectées. C'est une construction politique qui prend du temps. On ne peut pas dire du jour au lendemain que l'on donne le droit à la Commission d'émettre des obligations européennes", souligne-t-il.
D'autant plus que "le même problème se posera tôt ou tard : qui paie pour l'insolvabilité des Grecs ?", interroge M. Vranceanu. "Créer des euro-obligations pourrait fonctionner si la Grèce avait un problème de liquidité, c'est-à-dire s'il s'agissait d'un problème temporaire. Mais aujourd'hui, tout le monde pense que les Grecs ont un problème d'insolvabilité. C'est-à-dire que les ressources dont ils disposent ne leur permettront jamais de rembourser l'ensemble des obligations de l'Etat grec."
Romain Brunet