TOUT EST DIT

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lundi 12 novembre 2012

Cahuzac sur le pacte Ayrault : "une politique intelligente que la droite n'a jamais faite"

Dans un entretien à Libération, le ministre délégué au Budget apporte de nouveau son soutien et sa confiance dans le pacte de compétitivité présenté la semaine dernière par le gouvernement Ayrault, dans le sillage du rapport Gallois. En outre, il a annoncé des mesures pour lutter contre la fraude fiscale.
"Lutter contre le chômage, c’est une politique de gauche." Jérôme Cahuzac n’en démord pas. Et enfonce le clou. Dans un long entretien à Libération ce lundi, le ministre délégué au Budget est monté au créneau contre les critiques de son propre camps, accusant le gouvernement d’avoir mener une politique de droite avec le pacte Ayrault et son crédit d’impôt de 20 milliards d’euros aux entreprises, couplé à une hausse de la TVA. Lorsque le quotidien ironise, lui demandant s'il "mène une politique de droite au service d’un objectif de gauche", l’intéressé assène : "je ne vois pas en quoi permettre aux entreprises d’investir davantage serait une politique de droite. Ce pacte est en tout cas une politique intelligente que la droite n’a jamais faite".
Pour le ministre du Budget, il s’agit-là du seul moyen efficace d'endiguer contre le chômage. "Lutter contre cette menace oblige à restaurer les marges des entreprises afin que celle-ci puissent investir et gagner en compétitivité. Et donc embaucher", argumente-t-il.
Lutte contre "la fraude ou les manœuvres abusives"
Concernant la hausse de la TVA en 2014, Jérôme Cahuzac assure que "la solution retenue n’est pas du tout de même nature que la TVA sociale de Nicolas Sarkozy". "Il ne s’agit pas d’une augmentation générale de TVA, car le taux sur les produits de première nécessité baisse avec un coût pour les finances publiques de l’ordre de 1 milliard d’euros", se défend-t-il notamment.
En outre, alors qu’un grand nombre de Français va devoir essuyer des hausses d’impôts, Jérôme Cahuzac a annoncé des mesures pour lutter contre "la fraude ou [les] manœuvres abusives" dans le cadre de la dernière loi de finances pour 2013. D’après Libération, ces mesures concernent les ménages et les entreprises, et doivent permettre au fisc de dégager au moins 1 milliard d’euros supplémentaires.
QUE VA-T-IL ENCORE NOUS PONDRE ?

Recordmen d'impopularité : les déçus de François Hollande sont-ils les mêmes que ceux de Nicolas Sarkozy ?

Selon un sondage Ifop pour Paris Match, le chef de l'Etat est crédité de 42% d'opinions favorables en novembre. A la même période en 2007, 59% des sondés faisaient confiance à Nicolas Sarkozy.

Six mois après son élection, François Hollande est déjà passé sous la barre des 50% d'opinions positives. Comme Nicolas Sarkozy, il est donc confronté à une forte impopularité. Celle-ci est-elle de même nature ?

Jérôme Fourquet : Il faut d'abord préciser qu'à la même époque de son quinquennat, Nicolas Sarkozy était encore à 59 % d'approbation. Le décrochage de Nicolas Sarkozy est intervenu plus tard, près d'un an avant son élection, entre décembre et janvier 2008. Durant la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy avait su créer de vraies espoirs et un engouement. Cela n'a pas été le cas pour François Hollande qui a gagné grâce à son projet, mais aussi grâce au rejet de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, François Hollande est élu sur un programme relativement modeste et dénué de promesses. Cela explique l'absence d'état de grâce après son élection. Les préalables au moment de la campagne ne sont pas les mêmes. Enfin, le contexte économique et social impose à François Hollande des choix très douloureux qui expliquent son dévissage très précoce.
Aujourd'hui, lorsque François Hollande récolte 42% d'approbation, il est approuvé par 82% de ses électeurs du premier tour. Il récolte également 64 % d'approbation chez les électeurs de Jean Luc Mélenchon. En revanche, il ne récolte que 40% d'approbation dans l'électorat de François Bayrou, 6% d'approbation dans l'électorat de Nicolas Sarkozy et 15% dans celui du FN. François Hollande garde le soutien de son électorat naturel, mais souffre d'une opposition virulente et massive des électeurs de droite et d'extrême droite. On est dans la prolongation du combat de la présidentielle. François Hollande n'a aucune clémence à attendre du camp d'en face contrairement à Nicolas Sarkozy qui bénéficiait d'une certaine bienveillance dans une partie de l'électorat de gauche.

Qui sont les déçus de François Hollande ? A  quelles catégories socio-économiques appartiennent-ils ?

Jérôme Fourquet :  La chute de François Hollande a été assez générale. Il chute de 21 point sur l'ensemble des Français : 22 % chez les cadres supérieurs, 20 % chez les professions intermédiaires, 29% chez les employés et 15% chez les ouvriers. Sa cote de popularité s'élève à 40% chez les ouvriers, 47% chez les professions intermédiaires, 54 % chez les cadres supérieurs. Les chiffres ne sont élevés nulle part, même si François Hollande est plus haut dans les catégories aisés qui résistent à la crise que dans les catégories populaires. Mais, il n'y a pas de mouvement spectaculaire qui s'est dessiné. La baisse est étal dans pratiquement tous les milieux professionnels.

Durant la campagne présidentielle, François Hollande avait réussi a récupérer une partie des classes populaires qui ces dernières années échappaient à la gauche. Est-il en train de perdre de nouveau ces catégories qui au premier tour s'étaient parfois tournées vers les extrêmes ?

Plus con on ne sait pas faire....
Jérôme Fourquet : François Hollande conserve une cote de popularité de 40% chez les ouvrier ce qui correspond quasiment à la moyenne. Par ailleurs, il ne chute que de 15 points ce qui est moins que la moyenne. Chez les employés sa cote de popularité n'est que de 35% et sa baisse a été beaucoup plus forte. Mais l'essentiel de la baisse n'est pas le résultat de l'abandon de classes populaires qui avaient rejoint François Hollande. Encore une fois, il s'agit d'une baisse générale. Les classes populaires avaient décroché plus rapidement au début du mandat de Nicolas Sarkozy car elles avaient beaucoup cru au discours du "travailler plus, pour gagner plus..." 

La chute de popularité de François Hollande est-elle homogène dans toutes les catégories d'âge ?  

Jérôme Fourquet : Non, il se passe clairement quelque chose en terme de génération. François Hollande baisse de 13 points chez les 18-24 ans, 19 points sur les 25-34 ans, 26 point sur les 36-49 ans, 27 point sur les 50-64 ans et 18 points sur les 65 ans et plus. C'est sur les tranches d'âge du milieu, cet à dire la France active, que la baisse est particulièrement forte. C'est aussi la population qui est en âge d'avoir des enfants et sur laquelle les charges financières sont les plus importantes : scolarité des enfants, emprunts immobiliers, difficultés à payer les impôts... C'est cette tranche d'âge là qui est la plus fragilisée par la crise. La baisse est générale, mais encore plus accentuée sur les maillons de la population les plus exposés à la crise.

L'érosion de Nicolas Sarkozy a-t-elle été, elle aussi, homogène dans toute les catégories de la population ou a-t-elle été plus marquée dans certaines catégories ?

Jérôme Fourquet : L'érosion de Nicolas Sarkozy a été assez similaire, même si les personnes âgées l'ont soutenu plus longtemps. Le socle électoral de Nicolas Sarkozy était majoritairement composé de 65 ans et plus tandis que François Hollande était le candidat le populaire chez les jeunes. Mais dans les deux cas, le maillon faible est les 35-49 ans.

Si l'on compare l'effondrement des cotes de popularité de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, on s'aperçoit que les déçus de l'ancien président de la République comme ceux du nouveau locataire de l’Élysée appartiennent à toutes les catégories socio-économiques. Cela signifie-t-il qu'il n' y a plus de "vote de classe" en France ? Comment analysez-vous cette évolution ?

André Bercoff : Cela signifie surtout que la méfiance envers les représentations politiques, qu’elles soient de droite ou de gauche, ne fait qu’augmenter à chaque élection, et ce n’est pas fini. A tort ou à raison, les citoyens pensent de moins en moins que la politique peut faire quelque chose pour eux. La mondialisation - ses bonheurs et ses béances, la formidable poussée des pays émergents correspondant à une Europe méridionale en peau de chagrin - constitue désormais, n’en déplaise à Le Pen et Mélenchon, l’horizon apparemment indépassable de notre temps. Jusqu’à preuve (pas évidente) du contraire… Par ailleurs, le fait que François Hollande, de façon relativement courageuse, détricote en six mois une bonne moitié de ses promesses électorales, achève un tableau dans lequel l’économie et la finance jouent de plus en plus les marionnettistes vedettes. Qui peut en vouloir aux précaires comme aux protégés, dans ces conditions, de carburer au pessimisme plus ou moins résigné ?
Thomas Guénolé : Pas exactement. Il existe en temps normal, non pas un vote de classe mais un vote de catégories socio-professionnelles. Cependant,  en situation de crise, les déceptions s'accumulent, et la défiance par rapport aux hommes politiques s'accélère. La fidélité de l'électorat-socle s'érode.
Circonstance aggravante, les remèdes utilisés pour l'instant par la droite puis par la gauche sont fondamentalement les mêmes: politique d'austérité et augmentation des prélèvements obligatoires. Des options par définition impopulaire pour les personnes qui sont touchées. Or si la droite touchait quasiment toutes les catégories sociales dans son augmentation des prélèvement obligatoires,  la gauche a d'abord mis en place une première vague de prélèvements obligatoires qui touchait plutôt les tranches supérieures mais est en train de mettre en place une seconde vague qui touchera également les catégories  "inférieures" en terme de revenus.
Autre élément qui génère de l'anxiété et de la frustration : la société française dans son ensemble est beaucoup mieux informée et éduquée qu'autrefois sur les ressorts et les rouages de la crise qui nous frappe, ainsi que sur les raisons de notre déclin économique et géopolitique. Les Français comprennent de plus en plus clairement que les hommes politiques ont de moins de pouvoir et de marges de manœuvre, principalement du fait de l'internationalisation des finances, des flux économiques en général et des flux de main d'œuvre. Il y a une frustration des électeurs face à l'impuissance croissante du pouvoir politique. Dans ce contexte, il y a une crise de confiance vis-à-vis des hommes politiques et des partis politiques en général, qu'on observe à travers le baromètre fin 2011-début 2012 de la confiance du CEVIPOF.
Comme Nicolas Sarkozy, François Hollande est touché de plein fouet par la crise économique qui se transforme en crise du politique. Avec une circonstance aggravante : un sentiment de flottement et d'amateurisme dans le pilotage du gouvernement. C'est humain car la plupart des membres du gouvernement sont des débutants en tant que ministre, y compris le premier d'entre eux ainsi que le président lui-même. Mais dans des circonstances de crise qui s'aggrave, cette impression de flou aliment encore plus la machine à impopularité.
Dans ce contexte, deux éléments sont très dangereux. On observe des porosités croissante entre la droite et l'extrême droite d'une part et entre la gauche et l'extrême gauche d'autre part. Dans la dernière semaine avant le premier tour, OpinionWay avait souligné que 10 points de l'électorat avait hésité entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande. A la dernière minutes, ils ont voté François Hollande par vote utile et non par adhésion. Si ces électeurs étaient restés sur leur choix initial, Jean-Luc Mélenchon faisait 21% au premier tour. On a assisté au même phénomène de monter des extrêmes dans les années 30. Il y a donc un vrai danger de tectonique des plaques électorales. D'autant plus qu'il y a une conjonction de crises qui frappent la France en même temps. Nous traversons une crise économique et financière, mais aussi une crise démographique. On s'est endetté et sur-endetté pour maintenir le niveau de vie collectif au fur et à mesure que nos gains de productivité des trente glorieuses étaient déclinants, puis absent. Dans le même temps, on n' a pas investi dans la modernisation de notre appareil productif, dans la modernisation de nos ressources humaines par la formation, et on n'a de moins en moins investi dans l'innovation. La facture c'est maintenant !

A la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy était impopulaire dans toutes les catégories socio-économiques, mais résistait chez les personnes âgées (65 ans et plus). A l'inverse, François Hollande était le candidat le plus populaire chez les jeunes et s'effondre désormais plus rapidement chez les 50-64 ans. Le véritable clivage politique en France aujourd'hui est-il générationnel ?

André Bercoff : Non, il est fiscal. A partir du moment où il a été démontré au peuple l’immensité de la dette, le brouillard sur les retraites et la sécurité sociale, comme la panne de l’ascenseur social, ne restait plus, aux gouvernants de droite et de gauche qui pratiquèrent pendant plus de trente ans le « courage, fuyons », qu’à tendre l’addition. En continuant la fable des riches qui vont payer - alors qu’ils s’exilent -  et de tous les autres qui seraient épargnés – alors qu’ils reçoivent leur première feuille de paye déjà amputée, le malaise ne peut que s’aggraver.  Si nos gouvernants – à l’échelle nationale et locale – ne  donnent pas immédiatement l’exemple en taillant hardiment dans les dépenses publiques, qu’ils ne s’étonnent pas des prochains retours de bâton.
Thomas Guénolé : C'est un non-dit total du débat politique, mais il existe une guerre de génération dans ce pays. La génération des baby-boomers et la génération qui est quinquagénaire et sexagénaire aujourd'hui, ont sacrifié purement et simplement les quadragénaire, les trentenaires et bien sûr " les vingtenaires". Olivier Ferrand avait développé une analyse très constante sur ce thème qui montrait que notre système économique, politique et social est construit entièrement au bénéfice de l'âge croissant. Un exemple : nous sommes l'un des rares pays où pour toucher les minimas sociaux, il y a une condition d'âge. On est un pays où la promotion se fait à l'ancienneté et où les différentes réformes qui sont faites frappent beaucoup plus les durement les jeunes et beaucoup moins durement "les vieux". Il n'est pas exclu que le clivage générationnel devienne de plus en plus explicite et c'est un vrai danger pour la cohésion de notre société.
En situation de crise, le réflexe rationnel serait de poser le diagnostic et de régler le problème calmement par la concertation. Mais la réaction humaine est de chercher un coupable qui ne soit pas "moi" et d'exiger qu'il paie : l'immigré, le riche, le vieux ou le jeune selon le camp où vous vous trouvez. En situation de crise, le gâteau qu'on a à se partager rétrécit. Il s'agit maintenant de réajuster les parts. La question fondamentale du débat politique contemporain est de savoir : "qui va avoir moins et à quel point ?". Il n' y a malheureusement aucune chance que la facture soit répartie équitablement.




Les blogs libéraux deviennent plus influents

Selon le classement Ebuzzing, les blogs libéraux gagnent en influence. L'éditorialiste de Contrepoints talonne désormais Mélenchon !
Le classement Ebuzzing [1] des blogs politiques les plus influents de novembre est sorti. Le blog le plus influent est celui de Mélenchon, le leader du Front de gauche ne ménage pas sa peine avec un rythme de publication soutenu et de longs billets. Il a beaucoup d'amis qui répercutent ses propos.

L'élément nouveau, c'est l'arrivée de Hashtable, le blog de l'éditorialiste de Contrepoints, certainement le meilleur éditorialiste libéral, en deuxième position du classement ! H16, qui publie tous les jours des billets à l'humour caustique, est très apprécié par ses lecteurs et largement relayé sur Twitter et Facebook.
Mon blog politique Libertarien est 7e, je publie beaucoup en ce moment, et certains de mes articles ont eu un fort écho dans les réseaux sociaux (image ci-dessous).
Dans le classement Ebuzzing vous pouvez voir pour chaque blog quels sont les articles qui ont été le plus partagés sur Facebook, Twitter, et les autres blogs (billets remarquables).
Les blogueurs libéraux, même peu nombreux, se font mieux entendre depuis l'élection de Hollande, qui a privé les blogueurs socialistes de leur sujet favori : l'anti-sarkozysme. Les idées libérales redeviennent audibles, car le nouveau gouvernement, encore plus étatiste que le précédent, fait tous les jours la démonstration que le collectivisme, cela ne marche pas.
L'Hérétique, blogueur centriste très prolifique, est 15e. Objectif Liberté, le blog de Vincent Bénard, 41e, progresse fortement. Le très dynamique Parisien Libéral est malheureusement pénalisé parce que la plateforme blogspot qu'il utilise change d'url à tout bout de champ, entre le .com, le .fr , le .ch, etc. ce qui rend la mesure d'influence (basée sur le nombre de liens entrants, de tweets et de likes) problématique. Il faudrait que les développeurs d'Ebuzzing arrivent à fixer ce problème.
L'excellent économiste Jean-Louis Caccomo (3986e) mériterait d'être beaucoup mieux connu, mais Jean-Louis publie ses articles sur toutes sortes de médias et ne reprend malheureusement pas tout sur son blog Chroniques en liberté. Thierry Falissard publie peu mais bien, son récent plaidoyer pour la fin du monopole de la sécurité sociale s'attaque courageusement à un tabou français (tabou qui n'existe ni en Suisse, ni en Allemagne). Je vous conseille aussi Analyse Libérale de Vladimir Vodarevski, lisez donc son billet dans lequel il propose de faire du 9 Novembre une journée européenne de la chute du mur de Berlin : une sacrée bonne idée !

Le vrai Obama, c’est maintenant

Le vrai Obama, c’est maintenant


Barack Obama n’a pas été porté, mardi, par le souffle d’audace, l’élan d’enthousiasme, l’envie d’aventure. En 2008, ces traits du caractère américain ont fait entrer un Noir à la maison Blanche et dans l’histoire en même temps que l’espoir et le rêve américain renaissaient partout dans le monde. La crise a éteint la lueur de Washington. Le répit économique, le dépit à l’encontre d’un parti républicain trop cynique envers les laborieux, ont permis à Barack Obama d’échapper au sort réservé depuis 2009 à tous dirigeants des grandes démocraties, emportés par la dépression de l’industrie et la déprime des peuples.
Le monde approuve depuis hier le choix des Américains – sans applaudir à tout rompre comme il y a quatre ans. Et pourtant, Obama est davantage en mesure aujourd’hui de ramener le monde vers la croissance, de ressouder les pays occidentaux face à l’impérialisme chinois, d’œuvrer pour la paix au Proche-Orient. Débarrassé du challenge de la réélection, du coût des guerres de Bush, de Ben Laden, de la dérive bancaire des années 2000 et avec un peu de chance de la rage des Républicains, le président peut s’attacher à laisser une autre trace dans l’histoire du monde que celle du premier Noir de la Maison Blanche. En a-t-il l’énergie ? Ce n’est pas gagné aussi aisément que sa réélection.

Match Fillon-Copé, vainqueur Sarkozy

Match Fillon-Copé, vainqueur Sarkozy 


Plus qu’une semaine et l’UMP aura un nouveau patron, Fillon ou Copé. Depuis ce week-end, les esprits s’échauffent, les petites phrases tournent en boucle. Oubliés le débat télévisé très urbain d’il y a quinze jours, les amabilités de façade et les sourires de connivence. Les dagues sortent des fourreaux, la dernière ligne droite s’annonce sans merci.
Pour les fillonistes, Copé est clivant, il tient un double discours et ne cherche qu’à faire le buzz. En fin de compte, ses histoires de viennoiseries pendant le ramadan seraient des plus indigestes…
Pour les copéistes, Fillon n’est qu’un Hollande de droite, l’injure suprême à l’UMP. Sur internet, l’ancien Premier ministre aux ennuis de santé à répétition est qualifié de petite nature, alors que la droite a besoin de chefs solides et vigoureux. Bref, les vacheries volent en escadrille.
Avant même le vote, Copé doute déjà de la sincérité des résultats dans les fédérations tenues par les amis de Fillon. Celle des Alpes-Maritimes est sur la liste noire et les huissiers niçois sont priés d’ouvrir l’œil. Comme si la Côte d’Azur était à l’UMP ce que les Bouches-du-Rhône sont au PS…
Sous le manteau, les sondages mettent les deux prétendants dans un mouchoir de poche. Le seul à tirer son épingle du jeu est Nicolas Sarkozy : 64 % des sympathisants UMP souhaitent son retour. De quoi rafraîchir les ardeurs de Fillon et Copé. Ou les faire douter…

Davantage d'Europe... c'est urgent !

Davantage d'Europe... c'est urgent ! 


La construction européenne a garanti à notre continent plus de soixante ans de paix et de prospérité. L'attribution du prix Nobel de la Paix à l'Union européenne le récompense. Pour la majorité d'entre nous, nés après la fin du second conflit mondial, la guerre en Europe n'est plus possible. Et pourtant, l'histoire de 2000 ans d'Europe est une succession de conflits, de guerres et d'horreurs. Pourquoi en serait-il autrement à l'avenir ?
Pour les pères fondateurs de l'Europe (MM. Schuman, Adenauer, de Gaspéri, Churchill, Monet, Spaak...), rendre la paix pérenne reposait sur la création de « solidarités fonctionnelles » entre les États européens. À cette fin, leurs économies devaient être de plus en plus interdépendantes. L'Europe devait se bâtir, étape par étape, à partir d'un accord franco-allemand, condition nécessaire mais non suffisante. L'économie est le fil d'Ariane de l'Europe. Depuis plus de soixante ans, elle a été édifiée pierre par pierre : le charbon, l'acier, l'atome, le marché commun, le marché unique, la monnaie unique.
Ce formidable acquis a permis aux États européens de ne pas exploser en 2008-2009, à cause de la crise la plus violente que l'Europe ait connue depuis sa naissance et qui n'est pas finie : nos États sont vieillissants et en perte de compétitivité dans un monde où les rapports de force changent et les relations se globalisent. L'Europe -avec l'euro au premier chef - a joué un rôle de bouclier.
Un ministre des Finances pour la zone euro
Depuis quatre ans, l'Europe n'est pas aux abonnés absents : action déterminée de la Banque centrale européenne, mise en place d'un mécanisme de solidarité aboutissant à une certaine mutualisation des dettes publiques, nouveau traité de stabilisation budgétaire, lancement des travaux pour la création d'une union bancaire. Tout ceci va dans le bon sens, mais la charge de travail pour aboutir à des mécanismes opérationnels est considérable et complexe.
Pourtant, l'Europe ne peut plus attendre. Elle doit agir vite. À vingt-sept États membres, ce sera impossible. Les États qui partagent la même monnaie partagent les mêmes problèmes. L'Europe doit en tirer les conséquences. La visibilité mondiale de l'euro (seconde monnaie de réserve derrière le dollar) est telle, que la zone euro doit prendre ses responsabilités pour stabiliser la situation économique et financière mondiale.
L'heure est arrivée de franchir une nouvelle étape. De prendre une initiative forte et de doter la zone euro d'une véritable gouvernance économique avec des institutions qui décident et un contrôle démocratique. Celle-ci devra s'attacher à assurer la saine gestion de nos finances publiques, grâce à une politique budgétaire plus intégrée, à mettre en place un véritable mécanisme de solidarité, à instaurer une union bancaire et à assurer un contrôle des différences de compétitivité entre États de la zone euro. La monnaie unique doit aussi avoir un visage : un ministre des Finances de la zone euro est, aujourd'hui, nécessaire.
Cette avancée rendra confiance et nous aidera à retrouver le chemin de la croissance et de l'emploi. Telle était la méthode des pères fondateurs. Certes nos gouvernants doivent faire preuve de courage politique. Notre destin collectif en dépend.

Retour de Chine

Retour de Chine


Je rentre tout juste d’une semaine à Pékin et dans ses environs. La Chine, de ce que j’en ai vu et de multiples témoignages entendus, ne figure plus parmi les « pays émergents » mais se présente comme une grande puissance planétaire. La capitale offre un contraste saisissant entre la modernité poussée à son paroxysme avec un réseau autoroutier intense, un parc automobile quasi neuf, la prolifération de gratte-ciels, une cité ruisselante de lumières, et le respect de la tradition qui s’exprime dans la richesse du patrimoine historique – le Palais d’été, oasis de paix est une pure merveille – la sérénité, la tranquillité, la simplicité populaires. Le soir en centre ville, les Pékinois de tous les âges et toutes conditions descendent sur la voie publique, se groupent  spontanément par milliers et se livrent à des ballets improvisés au son d’une radio.  Des poches de pauvreté subsistent dans les quartiers déshérités de banlieue mais ni la misère ni le désœuvrement n’apparaissent.  Un haut fonctionnaire du régime m’ayant invité à dîner avec ses amis chinois m’explique : « Les droits de l’homme? Songez qu’il y a un demi-siècle, la famine causait dix millions de morts chaque année au point qu’on mangeait de la chair humaine… » Aujourd’hui, il est vrai, le taux d’alphabétisation de ce pays d’un milliard et demi d’habitants est de presque 100%. L’électricité et l’eau courante parviennent quasiment partout, jusque dans les campagnes les plus reculées. Une majorité de jeunes suit des études supérieures. Les Chinois adorent discuter, échanger sur tous les sujets. Les blogs et sites d’échange prolifèrent sur Internet, où  s’expriment les difficultés de la vie quotidienne, le chômage, la corruption, le crime organisé, les archaïsmes persistants comme ce passeport intérieur qui condamne une partie de la population déracinée à l’exclusion. L’autorité du parti unique – à l’heure de son 18e Congrès qui bat son plein - et le culte du « grand Timonier », son créateur, conservent cependant un caractère absolument tabou, intouchable. Un silence assourdissant pèse sur les crimes de Mao, les soixante millions de morts du grand bond en avant, les atrocités de la révolution culturelle et plus récemment, Tian An Men.  Les dirigeants chinois vivent en effet dans la hantise d’une déstabilisation et d’un éclatement du pays sur le modèle de l’URSS. Cependant, toute forme d’idéologie est morte dans ce peuple de commerçants, obnubilé par l’attrait de la richesse, immensément fier, à juste titre, de son identité quatre fois millénaire et de son formidable essor économique. Le parti est un outil, un instrument de pouvoir n’ayant de « communiste » que le nom, destiné à préserver la cohésion sociale. Et cela, nul ne s’en cache. Naïf, j’interroge à la fin du dîner mon interlocuteur : « Mais comment pouvez-vous vous considérer comme « communistes » avec une société aussi inégalitaire que la vôtre ? » Le haut responsable écoute attentivement la jeune femme qui traduit, reformulant lentement ma question. Je vois peu à peu son visage s’illuminer, un sourire se former sur ses lèvres, qui se transforme en hilarité. Il échange quelques mots avec ses voisins, un rire profond secoue la table et mon nouvel ami me répond :  
« Nous en Chine, nous pensons que plus il y a de  riches, moins il y a de pauvres… C’est vous les Français qui êtes communistes, pas nous! »