Que, « Hors-la-loi », le film de Rachid Bouchareb qui a suscité plusieurs polémiques tant sur les massacres de Sétif que sur le rôle du FLN, n’ait pas été consacré par le palmarès du festival de Cannes ne devrait pas trop surprendre les cinéphiles. En revanche, le bruit qu’il a fait sur la Croisette et ailleurs illustre, comme les lois mémorielles, le malaise que la France entretient avec son histoire. Un paradoxe pour une nation qui peut légitimement se targuer d’être au firmament de cette discipline depuis près d’un siècle mais qui est incapable de regarder en arrière sans s’enflammer. Le problème c’est que les Français se réfèrent à Michelet lorsqu’ils parlent d’eux. Du coup, ils se voient comme ils aimeraient être et ignorent que le passé les montre souvent bien différents.
Ainsi, notre mémoire collective attribue aux Sarrasins la déroute de Roncevaux alors que Roland a été défait par les Vascons autrement dit les Basques mais, a priori, rien à voir avec l’ETA. En revanche, Charles Martel a bien arrêté les Arabes à Poitiers mais le 25 octobre de cette année-là correspondait au premier jour du ramadan. Pas très fair-play.
Et que penser de la colaphisation qui voyait un Juif être souffleté le jour de Pâques pour venger la gifle du Christ durant sa Passion ? Sans oublier la rouelle, une étoffe à porter sur ses vêtements lorsqu’on était Juif pour symboliser le prix de la traîtrise de Judas. Une décision de Saint-Louis qui ce jour-là devait s’ennuyer sous son chêne.
Hors la loi ou hors du temps ?
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