Les auteurs estiment que leurs résultats apportent les premiers éléments biologiques permettant d'expliquer les corrélations observées entre régimes pauvres en oméga 3, très répandus dans le monde industrialisé, et les troubles de l'humeur comme la dépression. Un régime déséquilibré, pauvre en oméga 3, diminue les fonctions des neurones impliqués dans le contrôle des comportements émotionnels (dépression, anxiété...), ont-ils observé sur des souris. Les acides gras essentiels sont des lipides (corps gras) que le corps ne peut fabriquer lui-même et qui lui sont fournis par l'alimentation. Leur équilibre (oméga 3/oméga 6) doit être préservé au niveau du cerveau.
"La carence en oméga 3 a un impact pendant la période de développement du cerveau, c'est-à-dire dès la vie in utero, la petite enfance et même jusqu'à l'adolescence pour le cortex préfrontal", explique Sophie Layé qui préconise de varier l'alimentation plutôt que de recourir à des compléments en gélules. Les perturbations chez les souris soumises au régime alimentaire déficient en oméga 3 interviennent dans au moins deux structures du cerveau - le cortex préfrontal et le noyau accumbens - impliquées dans la récompense, la motivation et la régulation émotionnelle. Ces parties du cerveau contiennent de nombreux récepteurs cannabinoïdes "CB1R", stratégiques pour la transmission nerveuse. Or chez les souris malnutries, ces récepteurs ne fonctionnent plus. Et ce dysfonctionnement s'accompagne de comportements dépressifs.
Ces récepteurs dépendent d'un système régulateur neuronal - le système cannabinoïde endogène, dit "endocannabinoïde" - qui joue un rôle fondamental dans la douleur, l'apprentissage et la mémoire, la prise alimentaire et les comportements émotionnels. "Ce système est complètement déréglé dans l'obésité", ajoute Sophie Layé. Les récepteurs ne répondant plus, ce système régulateur qui contrôle l'influx électrique passant entre les neurones, pour éviter les "surcharges", devient inopérant.
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