TOUT EST DIT

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mardi 1 février 2011

DSK, le chômage, l'inflation et les insurrections

Le directeur du FMI craint une montée du protectionnisme susceptible de générer instabilité sociale et politique.

L'économie mondiale commence à se redresser, mais le niveau élevé du chômage et la hausse des prix pourraient alimenter le protectionnisme, voire déboucher sur des insurrections, a estimé mardi le directeur général du Fonds monétaire international. La hausse des prix alimentaires, qui a atteint un record le mois dernier, et l'augmentation des prix de l'énergie sont l'un des facteurs derrière les manifestations contre le pouvoir en place en Égypte. En Tunisie, elles ont débouché sur le départ du président Ben Ali le mois dernier.
"Le schéma des déséquilibres mondiaux d'avant la crise est en train de ressurgir", a déclaré Dominique Strauss-Kahn lors d'un discours à Singapour. "La croissance des économies ayant d'importants déficits extérieurs, comme les États-Unis, reste menée par la demande intérieure. Et la croissance des économies ayant de larges excédents extérieurs, comme la Chine et l'Allemagne, reste alimentée par les exportations", a constaté le directeur général du FMI. "Alors que les tensions entre pays s'accroissent, on pourrait voir une montée du protectionnisme, en matière de commerce et de finance (...) et nous pourrions assister à une instabilité sociale et politique croissante au sein des pays, voire à la guerre", a-t-il ajouté.
Génération perdue
Un des défis à relever par les gouvernements sera sans doute le gonflement de la population active mondiale, a-t-il estimé. Elle pourrait augmenter de 400 millions de personnes lors de la prochaine décennie. "Nous sommes face à la perspective d'une génération perdue de jeunes, destinés à souffrir toute leur vie d'une détérioration des conditions sociales et du chômage. La création d'emplois doit être une priorité non seulement dans les économies avancées, mais aussi dans les pays plus pauvres." Le taux de chômage s'élève à 9,4 % de la population active aux États-Unis, tandis que de nombreux pays européens ne parviennent pas à sortir d'un chômage chronique à une époque où l'essentiel de la croissance provient des pays émergents. "Sans l'emploi et la sécurité des revenus, il ne peut y avoir rebond de la demande intérieure et, au final, pas de reprise durable", a déclaré l'ancien ministre français de l'Économie.
La croissance des pays développés ne devrait pas dépasser 2,5 % cette année, selon les estimations du FMI, a-t-il rappelé, alors que celle des pays en développement devrait atteindre 6,5 %, voire 8,5 % pour les pays asiatiques hors Japon. Dominique Strauss-Kahn a également souligné que les ajustements de taux de change avaient un rôle important à jouer pour résorber les déséquilibres mondiaux. Il a estimé que la Chine était dans la bonne direction en prenant des mesures pour soutenir la demande intérieure.

 

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