Les bonnes âmes s’interrogeraient-elles avec tant de compassion sur la santé de Jacques Chirac si celui-ci ne devait pas comparaître à partir du 7 mars dans l’affaire des emplois fictifs présumés de la mairie de Paris ? Poser la question revient à y répondre : ce n’est pas la bonne ou mauvaise forme de l’ancien président qui préoccupe les commentateurs, c’est son sort judiciaire et, à travers lui, la sanction (ou le blanchiment) de pratiques qui ont marqué une génération de politiciens dont il est le symbole.
Les faits ne sont pas anodins. Jacques Chirac est mis en examen pour avoir fait payer, pendant des années, plusieurs collaborateurs du RPR, son parti, sur les fonds de la mairie de Paris, qu’il a dirigée entre 1977 et 1995. Le même dossier a valu en 2004 à Alain Juppé, son ancien adjoint aux finances, 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité. La carrière de l’ancien Premier ministre en a été mise à mal.
Faut-il solder enfin cette affaire qui remonte à 1998, date de la plainte déposée par un habitant de Paris ? Sans aucun doute, la réponse est oui. Il serait anormal de ne pas juger le chef, alors que son lieutenant a été condamné. Jacques Chirac aurait déjà comparu, d’ailleurs, s’il n’avait pas obtenu l’immunité du Conseil constitutionnel en tant que président de la République.
C’est aujourd’hui un vieux monsieur de 78 ans, et il ne s’agit pas d’en faire un bouc émissaire, ni de le comparer avec le sinistre Pinochet, comme a osé le faire l’ancienne juge Eva Joly. Ce qu’on lui reproche n’a rien de commun avec les crimes du dictateur chilien. On ne saurait lui imputer, en outre, tous les péchés des politiciens de droite et de gauche qui ont mélangé les comptes publics avec les besoins de financement de leurs partis respectifs. Parmi les bénéficiaires des largesses de la mairie de Paris figure le syndicaliste Marc Blondel, ancien patron de FO, qui a disposé d’un chauffeur payé par les contribuables…
Jacques Chirac affirme être en bonne santé et se dit résolu à assister au procès. Il n’y a aucune raison d’être plus… chiraquien que lui et de réclamer l’arrêt de la procédure. Le mot Alzheimer est prononcé avec insistance, malgré tous les démentis. Il ne faudrait pas que cette maladie, qui n’affecte pas l’ancien chef de l’État, selon son entourage, devienne celle d’une justice qui oublie de faire son travail.
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