TOUT EST DIT

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mardi 1 février 2011

La fin de Moubarak


Le régime de Hosni Moubarak est fini. La marée humaine qui a déferlé dans les rues du Caire, d’Alexandrie et de Suez a proclamé sa délégitimation définitive.
La question est maintenant de savoir si l’Égypte suivra le scénario iranien, avec les islamistes –en Égypte, les Frères Musulmans– héritant du pouvoir, immédiatement ou après une suppression progressive de ses rivaux laïques, ou si, avec l’aide des Américains, une alternative laïque soutenue par l’armée prendra la relève du président.
Les Américains ont marqué leur préférence et leur orientation en réprimandant le régime pour l’emploi de la violence, quoique non-létale, contre les manifestants et en annonçant ensuite la suspension effective de l’aide militaire, d’un montant de 1,5 milliard de dollars par an. Le message à l’armée égyptienne ne pouvait pas être plus clair : « Virez Moubarak ! » (Cela est arrivé trois jours après que celle qui sert de secrétaire d’État, Hillary Clinton, ait considérée le régime de Moubarak comme “stable”).

La démarche américaine a été guidée par une prompte estimation du décès de l’ancien régime et par le désir de parer les Frères Musulmans qui ont rejoint ce vendredi la rébellion de la rue. Ce sera probablement l’armée qui dirigera l’Égypte dans les prochains mois. Avec, qui sait, à sa tête, le bon Général Souleiman (chef des renseignements).
Mais l’avenir réel du pays sera très probablement déterminé d’ici quatre, six ou huit mois, quand l’Égypte ira aux urnes. Un gouvernement intérimaire soutenu par l’armée, certainement d’union nationale, comprenant des partis laïques et islamiques, ou d’une étroite coalition laïque, ouvrira la voie à ces élections, la première expérience démocratique de ce pays.
Et c’est dans cette élection que le destin de l’Égypte et peut-être du Moyen-Orient sera déterminé.
En effet, si les Frères musulmans, le plus grand et le mieux organisé des partis du pays, gagnent -tout comme le Hamas, sa petite sœur, le fit lors des élections de 2006-, la géopolitique du Moyen-Orient sera révolutionnée et radicalisée, peut-être au point de déclencher une guerre majeure. La région tomberait rapidement sous la domination d’une coalition irano-égyptienne et le traité de paix israélo-égyptien de 1979 serait mis au rebut.
Si les partis laïques gagnent et réussissent à s’unir pour conjurer le défi de l’Islam, les Égyptiens pourront bénéficier d’un avenir meilleur, d’une société plus libre et le Moyen-Orient pourrait aspirer à une paix continue et à un équilibre permanent entre la laïcité et l’islam. Ces élections pourraient bien être les plus importantes dans le tout Proche-Orient depuis 40 ans !

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