TOUT EST DIT

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mardi 1 février 2011

La santé d'un président,
la pudeur et le tabou

La transparence est le meilleur rempart contre la rumeur. Bernadette Chirac en a fait la démonstration à propos de la santé de son mari. « Il a 78 ans, il n'est plus exactement ce qu'il a été », a-t-elle sobrement reconnu dans un entretien diffusé hier matin sur Europe 1.

Elle seule pouvait évoquer sans fantasmagorie, mais sans déni. Car, il faut le reconnaître, la santé de Jacques Chirac est un sujet qui embarrasse. La presse autant que les responsables politiques. Depuis de nombreuses semaines, la question occupe les conversations de ce que l'on appelle, depuis Raymond Barre, le « microcosme ». Sans être portée, jusqu'à présent, sur la place publique.

Encore faut-il distinguer ce qui relève du respect dû à la personne de l'ancien président de ce qui relève plus prosaïquement de la crainte d'être le premier à briser un tabou. Le « Journal du dimanche » a osé. Provoquant une polémique par sa référence à la maladie d'Alzheimer. « Un mensonge », selon Bernadette Chirac qui a assuré : « Si mon mari souffrait de cette maladie, je n'hésiterais pas à le dire ». Mais après celle du JDD, d'autres enquêtes sont d'ores et déjà prévues.

Les responsables politiques ont raison de faire preuve de pudeur et de décence. Mais faut-il prétendre, comme Alain Juppé, que l'ancien maire de Paris est « en grande forme » ? Ou, comme Benoît Hamon ou Luc Chatel, que la santé de Jacques Chirac « relève de la vie privée ». Un ancien président de la République reste une personnalité publique ne serait-ce que par sa présence au Conseil constitutionnel.

Aux rumeurs, Bernardette Chirac a opposé un diagnostic franc et précis : difficultés à marcher, troubles de l'audition ou de la mémoire, liés soit au vieillissement soit à son AVC de 2005, et se traduisant par « une forme d'impatience ».

Précise, l'information sur la santé de Jacques Chirac peut être triste ou cruelle ; mais pas illégitime. Autre chose serait de noircir à dessein le tableau, soit pour ternir son image, soit pour l'exempter de son procès.

Mais plus qu'une curiosité douteuse, c'est la sympathie des Français et la bienveillance de ses anciens adversaires qui domine aujourd'hui. De l'Elysée, c'est au silence que s'astreint Nicolas Sarkozy, rappelant que c'est lorsque Jacques Chirac était à son zénith qu'il s'était opposé à lui. Les voilà complices dans la pudeur.

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