Le candidat proposé pour la direction du quotidien prône le passage du « Monde » à une parution le matin et la fusion des rédactions papier et Web.
mardi 1 février 2011
Le projet d'Eric Izraelewicz pour « Le Monde »
« Faire entrer « Le Monde » dans l'ère du numérique », « redonner au journal le statut qui était le sien dans l'avant numérique » et « rajeunir le titre, son lectorat et sa rédaction » : c'est le projet qu'Eric Izraelewicz a présenté le 20 janvier dernier au comité de sélection chargé de faire le tri entre les treize candidats à la direction du quotidien du soir. L'ancien directeur de la rédaction des « Echos » et de « La Tribune » a apparemment convaincu puisque sa candidature a été retenue et sera proposée au conseil de surveillance du groupe Le Monde le 7 février, puis soumise au vote de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) le 10 février (qui doit l'approuver à 60 %). D'ores et déjà adoubé par les nouveaux propriétaires du « Monde » (Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse), Eric Izraelewicz doit présenter son projet demain à 15 heures à l'ensemble des personnels du « Monde ». Et convaincre avant l'échéance cruciale du vote de la SRM.
Selon ce projet de plusieurs pages que « Les Echos » se sont procurés, Eric Izraelewicz propose notamment de « créer une nouvelle cohérence entre Print et Web » qui passera obligatoirement par une fusion des rédactions : «Avoir deux équipes différentes pour produire une même marque, ce n'est ni économiquement, ni éditorialement tenable. Dans tous les grands quotidiens étrangers de qualité, print et web sont considérés comme des médias complémentaires alimentés par une même équipe (...). Il faut aller à terme vers une fusion des deux rédactions, vers la constitution d'une rédaction bimédia », écrit-il.
Ce point s'annonce d'ores et déjà central, car jusqu'à présent les synergies entre journalistes du papier et ceux du Monde.fr sont jugées trop limitées par les nouveaux actionnaires du journal. Le candidat à la direction du « Monde » estime que Lemonde.fr « est un site excellent » qui « se situe en France au tout premier rang des sites de journaux d'information »...mais « il n'apparaît pas néanmoins suffisamment comme le site du journal « Le Monde » ». Pour lui, «les liens entre le site et le quotidien sont encore trop marginaux ». Il faudra donc créer « de nouvelles passerelles » entre print et web, adopter « un code graphique commun », et « affirmer les signatures Le Monde » en mettant notamment en avant des blogs spécialisés. « Il faut plus de print dans le web mais aussi plus de web dans le print », assène-t-il, citant en exemple la vidéo sur le site et la reprise de commentaires d'internautes dans le journal papier avec la création d'une page « Vie numérique ».
Convaincu que « le papier n'est pas mort », Eric Izraelewicz estime que « le quotidien-papier reste et restera encore pour quelque temps le navire-amiral de la flotte » et « la principale source de recettes ». Déterminé à renforcer « l'investigation, l'économie et l'offre du week-end » conformément aux voeux des nouveaux actionnaires, il propose aussi « une augmentation de la pagination du quotidien » citant en exemple l'offre exhaustive des grand journaux étrangers que sont « El Pais », le « New-York Times » ou encore le « Guardian », qui passera par une nouvelle formule. Mais le principal changement qu'il préconise c'est « la parution le matin » et non plus l'après-midi à laquelle il se dit « plutôt favorable » même si la décision relève de l'actionnaire : « si sur le plan industriel et commercial, la publication le matin s'avère économiquement plus pertinente, il ne faut pas hésiter », dit-il. Ce serpent de mer dans l'histoire du quotidien pourrait cette fois déboucher sur du concret car «Le Monde », qui doit supporter des coûts de distribution spécifiques l'après-midi, cherche des économies à tout va.
Enfin, concernant le management, Eric Izraelewicz indique qu'il souhaite constituer «un ticket » avec un directeur délégué dont le profil est très précis : « Quadra, geek, culture web et terrain ». Et dit avoir « quelques idées »... Concernant son calendrier d'action il prévoit trois phases. Février-mars : « constitution de l'équipe de direction et mise en place de groupes de travail »; mai-juin-juillet : « définition d'un plan stratégique collectif » ; septembre-octobre : « lancement des nouvelles formules quotidien et week-end » et mise en branle du « rapprochement des rédactions print-web ».
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