TOUT EST DIT

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vendredi 24 septembre 2010


Femmes fatales ?


La journée d'hier n'a rien tranché. Dérisoire, la bataille des statistiques sur le comptage des manifestants ne livrera pas, de toute façon, la clé qui permettrait de mesurer l'adhésion ou le rejet du projet de réforme des retraites.
La fébrilité avec laquelle le ministère de l'Intérieur a voulu minorer la participation au mouvement et l'insistance des syndicats à démontrer qu'elle avait été plus importante que le 7 septembre ne mettent en évidence que les doutes des uns et des autres. Dans cette inévitable confrontation sociale, un point d'équilibre a sans doute été atteint sans que la principale contradiction du dossier ait été levée. Une majorité équivalente de Français (70 %) estime nécessaire une réforme et la juge injuste. On n'a guère avancé depuis le printemps et les chances d'aboutir à une forme de compromis dont la société française aurait besoin s'amenuisent.
La rue n'empêchera vraisemblablement pas le gouvernement de faire voter son projet par le Parlement, mais elle va le priver de sa substance politique. La contestation n'arrêtera pas la majorité mais elle ouvre la voie à une remise en question du dispositif pendant la prochaine présidentielle. Autrement dit, la France s'expose à un nouveau retard quand elle n'avait plus une seule année à perdre.
Les aménagements susceptibles d'être apportés par le Sénat ne pourront apparaître, désormais, que comme des petits bricolages insuffisants pour susciter un changement de regard sur un mécanisme forcément impopulaire. La question des femmes sera sans doute fatale à une réforme qu'elle aurait pu tirer vers le haut. On s'aperçoit aujourd'hui que le pouvoir avait entre ses mains les moyens de donner une vraie dynamique à ce qu'il présente comme la grande entreprise du quinquennat. S'il avait profité de ce rendez-vous du pays avec son avenir pour corriger les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes, il aurait donné un sens positif à un changement vécu, inévitablement, comme une pénitence. Il a préféré s'en tenir à un argumentaire démographique et comptable désincarné qui n'a pas réussi à convaincre que la réforme touchait en priorité les salariés les plus vulnérables. Cette image-là collera durablement à la peau de cette future loi. Bien plus que les péripéties de l'affaire Woerth qui, au bout du compte, n'aura pas pesé si lourd que ça dans la balance. C'est moins la parole sans surprise du ministre du Travail qui est en cause que son apparente surdité aux appels insistants d'un pays qui attendait plus d'imagination sur un tel dossier.


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