TOUT EST DIT

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mardi 1 février 2011

Haut débit : quels vantards, ces opérateurs !

Dans la rue comme à la maison, les connexions Internet rament. La faute à l’explosion de la demande, mais aussi aux fournisseurs d’accès, qui n’investissent pas assez.

Est-ce possible ? Même chez Dorcel, le roi du X, on manque de mégabits ! Alors qu’il avait enregistré des saynètes coquines en 3D à un débit Full HD de 50 mégabits par seconde (Mbits/s), le spécialiste du cinéma rose a dû dégrader leur qualité afin de pouvoir les diffuser, depuis novembre, sur le canal 171 de la Freebox. «Nous sommes tributaires de la taille des réseaux», regrette Ghislain Faribeault, le responsable des nouveaux médias chez l’éditeur. A 5,5 Mbits/s, l’image reste certes très potable. Mais elle ne rend pas toute la profondeur de jeu des soubrettes et des infirmières…

Dorcel n’est pas le seul à se sentir à l’étroit dans les tuyaux télécoms. Notre enquête le prouve : un peu partout en France, qu’il s’agisse des réseaux de l’Internet mobile 3G ou de ceux du fixe – ADSL et fibre – les opérateurs sont incapables de répondre à la demande et servent aux abonnés des débits très éloignés de leurs promesses commerciales.
Et comment la situation pourrait-elle s’arranger ? Les sapins de Noël seront envahis cet hiver de tablettes type iPad, de téléviseurs Full HD connectés, de boîtiers GPS affichant le trafic et même, on ne rit pas, de colliers à carte SIM pour localiser son chien en temps réel. Autant d’objets qui embouteilleront encore plus les autoroutes du World Wide Web. «Si la croissance du trafic continue de dépasser celle des investissements des opérateurs, le modèle économique explosera en 2014», prédit Ahmed Guetari, directeur technique chez l’équipementier Juniper Networks.
Les réseaux sont-ils à ce point congestionnés ? La réponse est malheureusement oui. Pardonnez l’avalanche de chiffres, mais il faut entrer dans le détail pour l’affirmer. Commençons par l’ADSL. D’après l’étude semestrielle du site DegroupTest, issue des tests des internautes, les 19,5 millions de foyers français connectés à l’Internet par ce biais doivent se contenter de 5 à 6 Mbits/s, alors qu’on leur en fait miroiter 20 à 28. La fibre offre évidemment des cadences plus élevées mais, là encore, très au-dessous des «100 méga» vantés dans les réclames, puisque Free, le meilleur, atteint seulement 52 Mbits/s, toujours selon DegroupTest.

Est-ce possible ? Même chez Dorcel, le roi du X, on manque de mégabits ! Alors qu’il avait enregistré des saynètes coquines en 3D à un débit Full HD de 50 mégabits par seconde (Mbits/s), le spécialiste du cinéma rose a dû dégrader leur qualité afin de pouvoir les diffuser, depuis novembre, sur le canal 171 de la Freebox. «Nous sommes tributaires de la taille des réseaux», regrette Ghislain Faribeault, le responsable des nouveaux médias chez l’éditeur. A 5,5 Mbits/s, l’image reste certes très potable. Mais elle ne rend pas toute la profondeur de jeu des soubrettes et des infirmières…
Dorcel n’est pas le seul à se sentir à l’étroit dans les tuyaux télécoms. Notre enquête le prouve : un peu partout en France, qu’il s’agisse des réseaux de l’Internet mobile 3G ou de ceux du fixe – ADSL et fibre – les opérateurs sont incapables de répondre à la demande et servent aux abonnés des débits très éloignés de leurs promesses commerciales.
Et comment la situation pourrait-elle s’arranger ? Les sapins de Noël seront envahis cet hiver de tablettes type iPad, de téléviseurs Full HD connectés, de boîtiers GPS affichant le trafic et même, on ne rit pas, de colliers à carte SIM pour localiser son chien en temps réel. Autant d’objets qui embouteilleront encore plus les autoroutes du World Wide Web. «Si la croissance du trafic continue de dépasser celle des investissements des opérateurs, le modèle économique explosera en 2014», prédit Ahmed Guetari, directeur technique chez l’équipementier Juniper Networks.
Les réseaux sont-ils à ce point congestionnés ? La réponse est malheureusement oui. Pardonnez l’avalanche de chiffres, mais il faut entrer dans le détail pour l’affirmer. Commençons par l’ADSL. D’après l’étude semestrielle du site DegroupTest, issue des tests des internautes, les 19,5 millions de foyers français connectés à l’Internet par ce biais doivent se contenter de 5 à 6 Mbits/s, alors qu’on leur en fait miroiter 20 à 28. La fibre offre évidemment des cadences plus élevées mais, là encore, très au-dessous des «100 méga» vantés dans les réclames, puisque Free, le meilleur, atteint seulement 52 Mbits/s, toujours selon DegroupTest.

Et que dire du mobile ! 41% des abonnés questionnés au printemps par l’UFC-Que choisir trouvent leur connexion insuffisante. Et pour cause : alors que la norme actuellement commercialisée, la 3G +, prévoit une vitesse de 3,6 Mbits/s et que certaines publicités osent évoquer du 7,2 Mbits/s, les habitants des douze plus grandes villes de France qui surfent sur leur smartphone naviguent entre 1,9 et 3,2 Mbits/s selon les mesures de l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms. Et encore, il ne s’agit que d’une moyenne. Fin novembre, la connexion de notre iPhone 4, testé au cœur du quartier d’affaires de la Défense, ne dépassait pas 0,4 Mbit/s. Nous étions pourtant au pied de la tour SFR, siège du second opérateur mobile du pays.
A ce train de sénateur, découvrir les photos de ses amis Facebook ou la dernière vidéo à succès de YouTube relève de l’exploit. «Les opérateurs télécoms ne devraient pas vendre de forfaits Internet lorsque les débits ne dépassent pas 0,5 Mbit/s dans les faits», s’agace Edouard Barreiro, responsable du numérique à l’UFC-Que choisir. Mais l’association de consommateurs n’a aucune arme juridique à sa disposition : tatillonnes sur la couverture du territoire, les licences 3G des opérateurs sont par contre très lacunaires sur le débit, puisqu’elles n’imposent que 0,14 Mbit/s. «Elles datent de 2001, se défend-on à l’Arcep, qui les a attribuées. C’était beaucoup pour l’époque.»
Devant cet Internet à faux débit, les opérateurs sont pointés du doigt. Tout n’est pourtant pas de leur faute. D’abord ils doivent composer avec des contraintes techniques indépendantes de leur volonté, comme dit la formule. Dans le mobile, ils ne peuvent ainsi garantir le débit que jusqu’à l’antenne 3G, qui les disperse alors vers les abonnés connectés à un instant t. C’est pour cela que votre connexion rame à la sortie des bureaux ou des lycées des zones très denses. Construire plus d’antennes pour augmenter la part de chacun, les opérateurs aimeraient bien. «Mais, avec toutes les autorisations nécessaires, il faut parfois attendre deux ans pour ouvrir un site», soupire Jean-Marie Culpin, le directeur du marketing mobile d’Orange.
Dans l’ADSL, les fournisseurs d’accès sont, cette fois, tributaires du vieux réseau de France Télécom. Le débit d’un abonné diminue en effet au fur à mesure qu’il s’éloigne du nœud de raccordement d’abonné (NRA), ces locaux techniques aménagés par l’opérateur historique un peu partout et d’où partent les lignes gérées par les différents opérateurs. Les Parisiens sont en moyenne à 1 500 mètres d’un NRA, les Marseillais à plus de 2 500. «Or, les 25 Mbits/s que l’on promet ne sont effectifs qu’à moins de 150 mètres du nœud», admet, mezza voce, un des acteurs du secteur. Augmenter le nombre de NRA pour les rapprocher du client serait très compliqué. Cela entraînerait des chantiers urbains colossaux, alors que l’avenir est à la fibre optique, qui ne passe pas par ces centres. Seul Numericable échappe à cette contrainte, grâce à son réseau propre. Il peut ainsi servir des débits en moyenne deux fois supérieurs. «Et, chez nous, le débit reste le même où que vous habitiez», insiste Jérôme Yomtov, le secrétaire général de l’ancien Noos.

Et ce n’est pas tout : la connexion est aussi ralentie par la mauvaise qualité de la ligne de cuivre où passe l’ADSL, par quelques navigateurs Internet – Internet Explorer (notamment sa version 7) est réputé moins rapide que Firefox et Chrome – ou par les capacités de diffusion limitées des éditeurs de sites. Certaines adresses sont inaccessibles aux heures de pointe, parce que leur créateur n’a pas acheté suffisamment de bande passante.
Nos géants des télécoms seraient-ils donc les victimes dans cette affaire ? Evidemment non. D’abord, à défaut de pouvoir atteindre la lune, ils pourraient au moins arrêter de la promettre. «Il faut de la transparence sur la qualité de la connexion», insiste Joëlle Toledano, membre du collège de l’Arcep. L’autorité a publié en novembre un modèle de contrat dans lequel le fournisseur d’accès annonce à son futur client le débit réel qu’il peut espérer. Déjà, les opérateurs mobiles ont accepté d’avouer que leurs offres 3G + illimité n’en sont pas vraiment, car ils brident le réseau pour que tout le monde soit servi. Ils précisent désormais dans leurs brochures à partir de quel seuil de mégabits téléchargés dans le mois ils diminuent le débit de la connexion. C’est encore écrit en tout petit, mais c’est déjà mieux.
Au-delà de cet effort de transparence, les opérateurs pourraient surtout investir beaucoup plus pour élargir leurs tuyaux. Ils en ont largement les moyens puisque leur marge opérationnelle moyenne, de 17,4%, est comparable à celle des géants du luxe Hermès et Dior. Malgré cela, Orange, le leader du secteur, a encore diminué ses investissements dans les réseaux de 6% en 2009. L’ancien France Télécom manque-t-il d’idées ?
Aidons-le un peu : dans le fixe, de petites astuces existent pour améliorer l’ordinaire de l’ADSL, en attendant la généralisation de la fibre optique, qui se déploie à la vitesse d’un escargot – elle n’a gagné que 11 000 clients au troisième trimestre 2010. Grâce à des ré­émetteurs de paquets de données, Free a accru le débit de ses clients de 7%. Quant à SFR, il a installé un outil de diagnostic très pointu sur 800 000 de ses 4,8 millions de lignes ADSL. Développé par la société californienne Assia, celui-ci ajuste la connexion aux besoins de chaque individu. «On peut gagner jusqu’à 30% de débit», assure Guillaume de Lavallade, directeur de la couverture et des solutions réseaux au sein de la filiale de Vivendi. Vivement que les autres s’y mettent !
Pour peu qu’ils s’en donnent les moyens, les opérateurs ont aussi largement de quoi booster nos connexions 3G. Les écolos bloquent les antennes sur les toits ? Pourquoi ne pas en installer des miniatures directement chez l’abonné ? C’est le principe des femtocells, des petits boîtiers malins qui, une fois branchés à votre box ADSL, émettent un champ 3G sur quelques dizaines de mètres. «Ils améliorent la couverture 3G à l’intérieur de votre résidence et, en plus, soulagent le réseau», explique André Méchaly, le responsable de la stratégie des réseaux mobiles chez Alcaltel-Lucent, qui en fabrique pour le compte de quatorze clients dans le monde. Malheureusement, les opérateurs français n’y croient pas : quand Vodafone les vend entre 30 et 60 euros au Royaume-Uni, SFR les commercialise au prix prohibitif de 199 euros. Quant à Orange et Bouygues, ils ne les proposent même pas.

Pour faciliter le surf mobile, les opérateurs pourraient aussi moderniser leurs antennes 3G actuelles. «Avec les cellules que nous proposons aujourd’hui, le débit maximal grimpe de 7,2 à 14,4 Mbits/s et, demain, il ira jusqu’à 42 Mbits/s», explique Alain Ferrasse-Pale, patron de Nokia Siemens Networks en France. Bien sûr, il s’agit de vitesses théoriques, atteignables par beau temps et seul sur son antenne… Un peu comme quand Peugeot ou BMW promettent une consommation de 5 litres aux 100, que l’on n’obtient en réalité que sur un circuit auto. Mais l’équipementier l’assure : «Le doublement du débit crête multiplie aussi par deux environ le débit réel de l’abonné.» Malheureusement, les opérateurs français traînent les pieds. Alors, n’allez même pas leur parler de 4G ! Plusieurs grands pays ont pourtant déjà adopté cette nouvelle norme, dite aussi LTE. Depuis un an, les abonnés de TeliaSonera, à Stockholm, surfent sur leur mobile à la cadence record de 33,4 Mbits/s, dix fois nos vitesses actuelles ! Et, aux Etats-Unis, Verizon propose depuis quelques jours des forfaits 4G à près de 110 millions d’Américains.
Pendant ce temps-là, les opérateurs français comptent leurs euros. «La 4G nécessite de très gros chantiers et de nouveaux équipements radio», prévient Cyrille Guetin, le directeur technique de Bouygues Telecom. Tout doux ! Ils n’auront pas tout à refaire. «Dès lors qu’on est dans la même bande de fréquence, les équipements 3G que l’on vend aujourd’hui ne nécessitent qu’une évolution logicielle pour passer au LTE», assure Alain Ferrasse-Pale, chez Nokia Siemens Networks. Au final, le surcoût de la 4G avoisine 500 millions d’euros par opérateur, selon les experts. Une somme en apparence élevée, mais qui ne représente jamais que six semaines de profits pour Orange ou huit pour SFR…
C’est encore trop pour Stéphane Richard, le patron de France Télécom, qui a annoncé en novembre vouloir faire payer Apple, Google et Facebook à proportion de leur usage du réseau. Son homologue chez Free, Xavier Niel, était sur la même ligne au printemps. On leur souhaite bien du courage !

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